Emmanuel et les loups
Les médias nous apprennent que jeudi 28 février, Emmanuel Macron a joué dans les salons de l'Elysée le rôle du conteur, après Fernandel, Jacques Brel et Gérard Philippe, dans cette magie musicale créée par Sergueï Prokofiev, : "Pierre et le loup".
Et cela, selon Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement, pour "des enfants de milieu défavorisé - des enfants "de rien" - qui n'ont pas l'occasion d'aller voir des spectacles ou d'avoir accès à la culture de manière aussi simple que d'autres".
Jupiter en comédien, est-ce concevable ?
D'aucuns diront que oui, connaissant le goût prononcé du Président pour les histoires qu'il distille aux Français jour après jour.
Des esprits chagrins s'étonneront de cette mascarade indigne d'un chef, fut-il de l'Etat.
Que nenni, argumenteront les premiers : Louis, le quatorzième, n'aimait-il pas se déguiser, lors des soirées, à Versailles, où Molière et Lully jouaient en musique la comédie ?
Enfin, quelques autres personnes, au caractère aigri, disputeront que le choix de l'oeuvre - celle d'un Russe, par surcroît soviétique - pouvait laisser penser que la décision présidentielle aurait pu être dictée par quelque hacker moscovite...
Par de là ces bavardages, restons sur les hauteurs de la culture, si chère à Emmanuel Macron.
Le Président tient à ces "jeudis", qu'il a, dans cet esprit, instauré une fois le mois à l'Elysée.
Et posons-nous la question : sur quel thème, en mars, il nous apparaîtra ?
Le Grand Siècle ouvre à l'intelligence de multiples ouvertures.
Pensons à Charles Perrault et à son Chaperon rouge : notre Président tenant le rôle du loup, se faisant passer pour grand'mère, n'y aurait-il pas là source de réflexion ?
Ou à Jean de la Fontaine et son "Loup et l'agneau"...Personne, même parmi ses marcheurs les plus idolâtres, ne songerait que l'hôte de l'Elysée puisse jouer le rôle de ce dernier. Par contre, celui du loup, oui, car pour celui-ci "La raison du plus fort est toujours la meilleure". Cette morale n'est-elle pas un axiome de la pensée présidentielle ?
Ou bien, toujours tiré du grand fabuliste, le Président peut également jouer le rôle du Roi des animaux, car face au "Mal qui répand la terreur", la crise, le Prince serait dans son rôle de désigner comme coupable ce 'rien' de baudet "ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal", qui avait eu l'audace de mettre à mal la propriété privée en mangeant l'herbe d'autrui ! Un crime abominable !
Ainsi, loin d'être absorbé par le quotidien, Emmanuel Ier ne dédaigne pas un jeudi par mois de redescendre sur terre, loin du fracas des banques et des salles de marché, pour endosser le costume du comédien.
Ca ne le change pas d'ailleurs de l'ordinaire.