• TRES INTERESSANT =

    Jeudi 10 mai 2012 4 10 /05 /Mai /2012 17:21


    Par DESIRS D'AVENIR HERAULT

    Quand la droite avait tous les pouvoirs. Intox /  Désintox

    Libération. 20.05.2012

    NKM 

    «Ce serait inédit en France que tous les pouvoirs, tous les pouvoirs, soient aux mains d’un seul parti, en l’occurrence les socialistes.»

    Nathalie Kosciusko-Morizet, lundi, sur Europe 1

     

     

     

     


     IntoxGauche partout, droite nulle part? C'est la grande peur agitée par la majorité sortante à l'approche des législatives : si la gauche remportait la majorité à l'Assemblée en juin, elle concentrerait tous les pouvoirs ce qui serait du « jamais vu ». Mercredi matin, Canal+ demandait à Xavier Bertrand: «Faut-il une cohabitation ?» «Je ne suis pas la seul à penser que oui, répond alors le ministre du Travail sortant. Les Français ne veulent pas mettre tous leurs oeufs dans le même panier. [..] Les Français voient bien que pour la première fois depuis le Second empire, la gauche, le Parti socialiste, aurait tous les pouvoirs en France. [...] Ce serait du jamais vu. Les Français aiment bien l'équilibre et moi je demande qu'il y ait un vote d'équilibre.» Lundi sur Europe 1, Nadine Morano faisait la liste : «Vous vous rendez compte que la gauche, aujourd’hui, va détenir tous les pouvoirs : le Sénat, la quasi-totalité des régions, la grande majorité des départements, la grande majorité des grandes villes de France. Il faut, évidemment, dans une démocratie, un contre-pouvoir démocratique.» Et Nathalie Kosciusko-Morizet lundi, sur la même antenne, résumait : «La France, c’est un pays d’équilibre. […] Il y a matière à rééquilibrer à l’occasion des élections législatives. […] Ce serait inédit en France que tous les pouvoirs, tous les pouvoirs, soient aux mains d’un seul parti, en l’occurrence les socialistes.» 


     

    DesintoxXavier Bertrand a au moins raison dans sa formulation: la gauche qui aurait tous les pouvoirs en France ce serait effectivement une première. Jusqu'à l'automne dernier, la gauche n'a jamais eu la majorité au Sénat (sauf si on compte la présidence du radical socialiste Gaston Monnerville mais l'Assemblée et la présidence étaient alors à droite). Mais depuis que la gauche a accédé aux plus hautes fonctions (en 1981), le Sénat (au moins) avait toujours été à majorité de droite ou de centre-droit. 

    Il est vrai que depuis l'automne 2011, outre le Sénat, toutes les régions métropolitaines (sauf l'Alsace), la majorité des départements (61 sur 100) et plusieurs grandes villes (Paris, Lyon, Lille, Toulouse, Nantes) sont à gauche (nos confrères du monde.fr ont fait un recensement détaillée ici). Mais une situation de domination totale d'un camp ne serait pas une première. Sans remonter au XIXe siècle, ni à 1974, la droite s'est elle aussi déjà trouvée dans une situation de contrôler « tous les pouvoirs » énumérés par Nadine Morano. C'était il y a moins de vingt ans.

     

     

    En mai 1995, Jacques Chirac succède à l'Elysée à François Mitterrand. L'Assemblée nationale a elle déjà basculé à droite, et pas qu'un peu : la chambre élue en 1993 est la plus à droite de l'histoire de la Ve (RPR, UDF et divers droite dépassent 480 députés sur 577). Le Sénat, lui, est donc toujours à droite (alors présidé par le centriste René Monory).


    Au niveau local aussi la droite domine aussi largement. Aux régionales de 1992, seules deux régions (le Limousin et le Nord Pas-de-Calais) lui ont échappé. Même règne sur les départements : les cantonales de 1994 ont été marquées par une stabilité... en faveur de la droite qui préside 75 conseils généraux contre 20 à la gauche. Il n'y guère que sur les grandes villes qu'on pourrait encore trouver un semblant d'équilibre, et encore : la droite ou le centre-droit dirigent Paris, Lyon, Nice, Toulouse, Bordeaux, la gauche Lille et Nantes. Et la principale mairie d'une très grande ville qui bascule aux municipales de juin 1995 est Marseille, qui passe de gauche à droite...


    La droite ne profitera de cette domination que deux ans : jusqu'à la dissolution de 1997 et à la victoire de la gauche plurielle aux législatives qui suivent. Et les élections locales de 1998 (régionales et cantonales) verront un progrès de la gauche qui gagne plusieurs régions (elle en a huit en tout) et une dizaine de départements. Mais après la présidentielle de 2002, la réélection de Chirac et d'une majorité de droite à l'Assemblée la droite retrouve à nouveau une majorité des lieux de pouvoirs jusqu'à 2004. Où la gauche fait un quasi grand chelem sur les régionales...


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