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    profencampagne

     
    Lundi 13 août 2012 1 13 /08 /Août /2012 09:10

    Au moment même où l’équipe de France de Handball (championne Olympique, du Monde et d’Europe en titre) participe au championnat du Monde en Suède, il nous a semblé logique de mettre la lumière sur un monde « un peu à part » qu’est celui du Handball, où entraide, performance et solidarité vont de pair.

    Pour cela, Claude Onesta, actuellement entraineur de l’équipe de France de Handball, élu par l’IHF (la fédération internationale de handball) meilleur entraineur de l’année 2009, ancien handballeur de haut niveau et également ancien professeur d’EPS a bien voulu répondre à nos questions.

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    On parle souvent du handball comme le sport des profs de gym ! Comment percevez-vous le rôle qu’a pu avoir l’EPS, notamment l’association sportive dans le développement du handball en France ?

    Le rôle fut essentiel. La pratique en EPS a installé la demande et provoqué la structuration des clubs. Cette pratique répondait au manque d’installation de grands terrains et à la facilité d’installer un terrain de handball dans un gymnase ou plus fréquemment dans la cour de récréation.

    A l’école primaire, les instituteurs ont utilisé le handball comme entrée dans la pratique des jeux collectifs puisqu’il en est le meilleur compromis et l’on y retrouve la puissance du rugby, l’adresse du basket, la maitrise d’appui du football et la détente du volley.

    Le handball est un sport jeune qui a vu le jour en France après la 2° guerre mondiale et en quelques années, il est devenu le sport le plus pratiqué à l’Association Sportive. Je déplore le recul de cette pratique à l’Association Sportive et, de manière plus générale, le recul de la pratique sportive compétitive en milieu scolaire.

    Cependant, le handball continue son implantation dans les clubs et les résultats des Equipes de France a permis de doubler le nombre de nos licenciés en 15 ans (207.000 en 1995 et 410.000 en 2010).

    De nombreux entraineurs viennent du monde de l’éducation, vous, au niveau de l’équipe de France, Daniel Costantini votre prédécesseur, Patrice Canayer à Montpellier, etc. Est-ce une des explications de la réussite du Handball Français ?

    Le handball français est depuis toujours très marqué par les enseignants, tant parmi les dirigeants (Paillou, Lacoux, Delplanque..) que parmi les entraîneurs les plus marquants. Cet ancrage nous a permis de construire une filière de formation très performante.

    La formation du joueur ou de la joueuse est chez nous une priorité et la complémentarité est efficace entre le système fédéral (détection, pôles espoirs, sélections nationales) qui les prend en charge jusqu’à l’âge de 18 ans et les Centres de Formation des clubs professionnels qui prennent le relais.

    Nous avons également une formation de cadres très dynamique et une grande majorité de nos entraineurs de clubs sont diplômés.

    Nous sommes beaucoup moins performants dans le secteur commercial mais, peut être, est ce la conséquence de ce qui précède…

    L’évolution du Handball, notamment à travers ses succès (les barjots, les costauds, les experts) témoigne également d’une double composante, d’un côté, celle du plaisir du jeu et de l’autre, le professionnalisme mais sans, évidemment, mettre de côté la dimension humaine. N’y a-t-il pas ici, une explication de la réussite du développement de ce sport ?

    De par nos racines, nous sommes très attachés aux valeurs éducatives. Le professionnalisme s’est construit sur des principes de travail, de partage et de plaisir. Les générations se succèdent et nos joueurs restent respectueux du maillot qu’ils portent. L’exemplarité est, chez nous, une préoccupation dominante et nous sommes très attentifs aux images véhiculées par nos Equipes de France.

    La FFHB (fédération française de handball) est très attentive aux différentes formes de pratiques et, outre la pratique compétitive traditionnelle, nous développons des formes adaptées (Handensemble, minihandball, sandball, handloisirs..).

    Dans le cadre du rayonnement de notre élite et en vue de dynamiser la pratique féminine (1/3 de filles pour 2/3 de garçons parmi les licenciés), la FFHB a positionné les Equipes de France masculine et féminine sur un pied de totale égalité. Les indemnités journalières et les primes de résultat versées sont identiques pour les garçons et les filles. Cela doit faire rêver les responsables du secteur féminin dans le football, le basket ou le rugby français.

    A votre arrivée en tant qu’entraîneur de l’équipe de France, après le mondial remporté par la France en 2001, vous avez souvent parlé d’une période formatrice dans la compréhension du fonctionnement du groupe France, à l’image d’un enseignant qui tâtonnerait, essaierait, régulerait. Pouvez-vous nous en parler ?

    A mon arrivée, j’ai découvert un nouveau métier, celui de sélectionneur, qui change du tout au tout avec celui d’entraineur de club. Dans le club, vous façonnez votre équipe par les entrainements quotidiens alors qu’en sélection, vous devez trouver de l’équilibre et de l’harmonie avec de très rares moments de travail. En une saison normale, l’Equipe de France bénéficie de 50 à 60 jours de rassemblement, et lorsque vous retirez les jours de matchs et de voyages, il vous reste une dizaine de jours d’entrainement.

    Vous comprendrez qu’il est difficile d’envisager des transformations majeures avec si peu de temps de travail sauf, bien sûr, pour les entraîneurs de bistrot qui dissertent sur l’absence de fond de jeu…

    Il m’a également fallu comprendre le niveau international . Dans un championnat du Monde, vous jouez 10 matchs en 17 jours. Il faut adapter la charge de travail, le temps de récupération, la répartition des efforts sur l’ensemble de l’effectif, la capacité mentale à survivre à la difficulté et à rebondir en quelques heures.

    Vous devez vous appuyer sur des joueurs et un staff expérimentés pour espérer gagner les grandes compétitions internationales.

    On a très peu parlé du jeu, beaucoup de nations se caractérisent par un type de jeu : Quelle est pour vous l’identité de cette équipe de France ?

    Il est très difficile d’identifier le jeu de l’Equipe de France, contrairement aux germaniques ou aux scandinaves, parce que nous sommes marqués par la mixité de nos cultures. Selon que l’on apprend le handball à Paris, à Strasbourg, à Toulouse, à la Réunion ou en Martinique, on est marqué par des différences. Ces différences présentent des difficultés pour accéder à l’homogénéité et à l’équilibre mais, ensuite, elles offrent une telle diversité tactique qu’elles peuvent devenir un cauchemar pour nos adversaires.

    Le potentiel athlétique est également une marque de fabrique du handball français. La place du travail physique dans nos préparations est bien supérieure à celle de la plupart de nos adversaires. Puissance et solidité nous assurent une performance sur la durée de la compétition.

    Le jeu de l’Equipe de France est enfin original dans son organisation défensive : c’est un secteur dans lequel nous sommes dominants au plan international, nous privilégions « l’attaque de l’attaque » plutôt que la protection du but. Nous proposons du combat physique associé à des intentions de pression et de perturbation de l’attaque adverse.

    O. Reboul (philosophe de l’éducation) précise « un bon enseignant est celui qui apprend à ses élèves à se passer de lui »; est-ce là aussi votre vision dans la gestion de l’équipe de France ?

    Il est simple d’ajouter à votre citation de nombreuses autres qui visent à libérer l’élève de sa dépendance au maître :

    « L'entraîneur médiocre parle, le bon explique, le super démontre et le meilleur inspire » de John Kessel

    « Tu me dis, j'oublie. Tu m'enseignes, je me souviens. Tu m'impliques, j'apprends » de Benjamin Franklin

    Pour autant cela fait partie des principes simples que tous énoncent et que très peu mettent en pratique.

    J’ai beaucoup misé sur la participation et la responsabilisation des joueurs et de mes collègues du staff. Je ne leur propose pas de jouer le jeu de l’entraîneur mais, le jeu de l’Equipe, celui que l’on a élaboré ensemble. De fait, nous sommes collectivement responsables des victoires comme des défaites. En supprimant les protections et les issues de secours, nous avons obtenu un engagement total des joueurs. Ils proposent, régulent, innovent mais surtout ils agissent à la mise en œuvre des modes de jeu et des principes de vie que l’on a décidé ensemble.

    Le staff qui, par le passé, les entraînait et parfois avait même la sensation de les traîner, s’applique aujourd’hui à les accompagner…
    Claude Onesta, merci !

    Par antoinemaurice , le mardi 25 janvier 2011.

    http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/eps/Pages/2011/119_1.aspx

     

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