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    Samedi 29 juin 2013 6 29 /06 /Juin /2013 00:06

    Douaisis : la CGT milite pour que le régime minier prenne toute sa place dans l’offre de santé

    Par Arnaud Déthée

    RéagirMalgré le moratoire décidé par le gouvernement Hollande sur la réforme du régime de sécurité sociale des mineurs (CARMI) voulue par la majorité précédente, la CGT peine à masquer son agacement. Pour elle, rien n’a changé. Pire, les restructurations des centres de santé se poursuivraient en catimini. Plusieurs de ses représentants ont dès lors décidé de prendre leur bâton de pèlerin pour sensibiliser l’opinion aux vertus du régime menacé et marteler qu’il est une vraie réponse à la problématique de santé dans la région. Mardi soir, une réunion publique était organisée à la mairie de Waziers.
    Pour les cégétistes Raymond Frackowiak et Henri Tobo (à g.) le régime minier a encore de l’avenir.

    Pour Raymond Frackowiak, secrétaire général CGT Mines, le compte n’y est pas : si le moratoire de la ministre de la Santé a bien été annoncé en août, et l’article 80 du décret Sarkozy abrogé(1), ces dispositions ne suffisent pas à freiner le démantèlement du réseau de soins de la CARMI qui maille la région, et notamment le Douaisis. « S’il faut continuer à dénoncer les restructurations arbitraires et les ventes du patrimoine immobilier, nous devons surtout insister sur le fait que le régime minier est complet, ouvert, et qu’il apporte une réponse appropriée à des besoins de santé criants », a martelé le syndicaliste, imité en cela par son truculent voisin du Pas-de-Calais Henri Tobo.

    Pour l’un comme pour l’autre, exiger la garantie du régime « jusqu’au dernier mineur vivant » est louable. Mais crier au loup sans proposer une autre feuille de route voue le syndicat à s’enfermer dans un combat d’arrière-garde. La priorité est désormais de montrer que la CARMI, ses équipements et ses équipes, ont toute leur place dans l’éventail de l’offre de soins de l’arrondissement de Douai, et plus largement du Nord – Pas-de-Calais. « Notre combat, c’est prouver aux gens l’importance de la proximité, de la qualité et de la gratuité des disciplines qu’offre la sécurité sociale minière. La CARMI compte dans ses rangs des professionnels en médecine générale et spécialisée, des centres de santé, des établissements médico-sociaux, un réseau d’action sociale et administrative… Bref, tout un tas de compétences qui répond aux besoins réels de la population. »

     

    Le plaidoyer cégétiste se justifierait d’autant plus que le Douaisis est encerclé de rouge sur l’atlas régional des territoires sanitaires en difficulté. « Pas mal de gens ici font l’impasse sur leurs soins dentaires et ophtalmologiques faute d’argent, rappelle Raymond Frackowiak. On doit communiquer plus pour faire savoir que tout le monde peut bénéficier du réseau de soins du régime minier. Il est ouvert à tous depuis 2005, aux ayants droit(2) comme aux assurés sociaux. » « On propose le tiers payant dans nos centres de santé et on prend la CMU sans ciller. Le patient sort de consultation avec son compte-rendu et ses radios sous le bras sans avancer d’argent. Ce qui n’est pas un luxe, surtout en fin de mois. On offre les mêmes garanties qu’ailleurs, et sans aucun dépassement d’honoraires », insiste Andrée René, retraitée du personnel CARMI qui compte créer un syndicat à la rentrée.

    La CGT aimerait rencontrer le sous-préfet Destouches pour lui signifier tout l’intérêt qu’aurait l’État à pérenniser et à développer ce réseau de soins historique dans le Nord – Pas-de-Calais. « La région est dernière en matière de santé publique et le régime libéral est clairement dans l’incapacité de subvenir à tous les besoins. Le régime minier ne va pas tout régler tout seul, mais il a un rôle à jouer. Pourquoi laisser péricliter ce qui existe ? Il faut redonner des moyens à la CARMI et remotiver ses salariés. »

    1. Le décret 80 prévoyait le transfert du régime de sécurité sociale minière vers le régime général pour la fin 2013 au plus tard.

    2. Le Nord – Pas-de-Calais compte aujourd’hui encore 57 000 ayants droit.