• TRES INTERESSANT PUBLIE PAR CAP 21 =

     

    index-copie-13 Il y a tromperie sur la marchandise : là où Warren Buffett demandait un rééquilibrage durable du système fiscal américain, les super-riches fançais se contentent d'une "contribution exceptionnelle", qui n'a donc aucune vocation à perdurer, explique Guillaume Duval dans sa chronique pour Radio Nova.

     

     

    Nous reproduisons ci-après un article de Guillaume Duval de la Revue Alternatives Economiques:

    La semaine dernière 16 très riches français ont signé un appel demandant une taxation des très hauts revenus pour lutter contre les déficits publics. Cette initiative vous parait cependant relever d'une opération de com pas très honnête…

    En effet. Cette initiative faisait suite à celle du grand financier américain Warren Buffett qui avait publié le 14 aout dernier un article dans le New York Times pour demander au gouvernement et aux parlementaires américains de cesser d'épargner les riches. Il dénonçait le fait que lui-même, qui avait gagné 40 millions de dollars en 2010 n'avait payé que 6,9 millions d'impôts soit 17 % de son revenu imposable, quand les 20 personnes qui travaillent avec lui au siège de sa société en avaient payé 36 % en moyenne. Et il réclamait une hausse immédiate des taux d'imposition pour tous les revenus supérieurs à 1 millions de dollars.

    Fort bien mais n'est-ce pas ce que réclamaient aussi les très riches Français dans leur appel ?

    Pas du tout. L'initiative de Warren Buffett a eu un grand retentissement dans le monde entier. Et la situation française est tout à fait similaire à celle qu'il décrit : l'Insee avait montré l'an dernier que parmi les 5 800 français les plus riches qui avaient gagné chacun en moyenne 1 270 000 euros en 2007, plus de la moitié avaient payé moins de 25 % d'impôts sur le revenu et même un sur quatre moins de 15 %. L'appel des 16 superriches français faisait suite à une initiative de Maurice Lévy, le patron de Publicis et le président de l'AFEP, le lobby des très grandes entreprises françaises. Ce grand spécialiste de la com s'est dit que, après les dégâts causés par leurs indigestions de stock options et autres parachutes dorés, l'occasion était bonne de redorer le blason de ses collègues grands patrons en surfant sur la vague de sympathie suscitée par l'appel de Warren Buffett. Simplement il y a tromperie complète sur la marchandise : là où l'original se prononçait en faveur d'un rééquilibrage durable du système fiscal américain avec un retour aux taux d'imposition très élevés des années 1960, les Français se contentaient de se prononcer en faveur d'une « contribution exceptionnelle », qui comme son nom l'indique n'a donc aucune vocation à perdurer…

    Et le gouvernement finalement, a-t-il fait du Buffett ou du Levy ?

    A votre avis ? Du Levy bien sûr… François Fillon a annoncé mercredi dernier la mise en place d'une contribution exceptionnelle de 3 % sur les revenus des plus riches. Non pas ceux qui ont touché plus de 500 000 euros de revenus comme on peut le lire souvent, mais ceux qui ont déclaré plus de 500 000 euros de revenus par part. Autrement si on considère une famille avec deux enfants, ceux qui ont touché en réalité plus de 1,5 millions d'euros dans l'année… Cette contribution exceptionnelle ne devrait rapporter au final que 200 millions d'euros sur les 11 milliards que le gouvernement espère récupérer. Et cela alors que ce même gouvernement venait encore il y a quelques mois de consentir un nouveau geste supplémentaire de 1,8 milliards d'euros en faveur des très riches en réformant l'ISF, l'Impôt de solidarité sur la fortune… Il n'y a visiblement pas que les très riches français qui nous prennent pour des imbéciles … Bref, la vraie réforme de l'impôt, celle que Warren Buffett appelle à juste titre de ses vœux, reste toujours entièrement à faire en France.


    Guillaume Duval

    http://www.alternatives-economiques.fr/le-bal-des-faux-culs_fr_art_633_55114.html


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