• UN EXCELLENT ARTICLE DE CECILE HELLE , Conseillère Régionale d'Avignon (cliquez sur le titre pour aller sur son blog )

    "Alors que nous sommes encore dans la torpeur de la mi-août, et alors que je vous avais annoncé une trêve estivale jusqu'au 22 août, un article paru dans Libé de ce jour m'oblige à réagir.

    Cet article relate les faits qui se sont produits dans la nuit du 4 au 5 août dans la petite ville d'Aigues-Morte: une agression au fusil commise par un couple d'une quarantaine d'années contre un groupe de jeunes ayant l'habitude de finir leur soirée sur le parking d'un supermarché. Une chasse à l'homme dont la justice reconnaîtra quelques jours plus tard le caractère raciste aggravant: le tireur criant "c'est pas les Arabes qui vont nous donner des renseignements. On est en France!" et sa compagne en écho: "on est chez nous". Même si parmi la douzaine de jeunes gens qui ont eu à faire face à cette agression, un seul a été blessé, c'est ce racisme assumé ferment d'un acte de violence gratuit qui suscite consternation et réaction: quand cela s'arrêtera-t-il?

    Et lorsque l'on apprend que depuis sa condamnation, le couple bénéficie de soutiens qui ne se cachent plus, alors on se dit qu'il se passe dans le Sud-Est de la France des événements qui sont inacceptables, condamnables par la justice certes, mais également par des paroles publiques fortes, celles d'élus notamment pour dire que cela suffit, que de tels actes ne sont pas tolérables car contraires au principe même de fraternité, fondateur de notre République. Pendant combien de temps encore, ne réagirons nous pas en entendant des retraités sur la place d'un village regretter "qu'ils aient mal visé", ajoutant pour être encore plus explicites: "les Arabes, faut tous les massacrer". Ce faisant, il faut que chacun d'entre nous ait bien conscience que ce sont aussi cette passivité et cette non réactivité systématique qui font le lit de ce racisme ordinaire qui, lui-même, vient nourrir à chaque élection le vote FN.

    Et lorsque l'on apprend que le lendemain de cette agression, à quelques kilomètres de là, lors d'une fête de village, des jeunes ont scandé: "on n'a pas de bougnoules chez nous, on est des fachos", on ressent au fond de soi, quand on est républicain et démocrate, une révolte, un rejet absolu de cette libération de la parole et des actes racistes. Dès lors, comment ne pas regretter quand on est une élue socialiste comme je le suis, qu'aucun ministre du Gouvernement n'ait fait le déplacement jusqu'à Aigues-Morte pour venir rencontrer ces jeunes victimes aujourd'hui désemparées devant la gravité d'un acte qui n'a suscité finalement que peu de réaction et que d'aucuns voudraient traiter comme un simple fait divers.

    L'avenir de notre République se joue tout autant dans les quartiers périphériques d'Amiens que dans la petite cité d'Aigues-Morte. Il est grand temps de le comprendre car au sein de nos territoires, la peste brune, telle la bête immonde, avance dangereusement... Nous, élus, citoyens, femmes et hommes de Gauche, démocrates et républicains du Sud, avons besoin de sentir le soutien de la Nation dans l'engagement que nous avons sur le terrain car c'est une certaine idée de la France qui est de plus en plus souvent et de plus en plus ouvertement malmenée, attaquée et fragilisée."

     

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