• Un excellent article , Publié sur : http://cnsjs.fr/?p=576

    Les souverainistes sont-ils de droite ou de gauche ?

    À la veille de la réunion du 12 janvier 2019 d’où est sorti le Collectif National pour la Souveraineté et la Justice Sociale (CNSJS), un journal présentait notre initiative comme une tentative de rassembler les « souverainistes de gauche ». À ces souverainistes de gauche, il faudrait opposer des souverainistes de droite. Cette dichotomie, disons-le clairement est à peu près dénuée de sens et vouloir rassembler d’abord les souverainistes de gauche pour ensuite rassembler le peuple tout entier, est une stratégie à peu près aussi subtile que celle de Mélenchon, après son virage de juin 2018, voulant rassembler la gauche et ensuite le peuple.

    En premier lieu, cette distinction droite/gauche est aujourd’hui à peu près dénuée de sens, comme j’ai encore eu l’occasion de le montrer dans mon livre Après la gauche. Pense-t-on vraiment qu’il y a quoi que ce soit de commun entre les partisans de la république sociale souveraine et M. Faure ou M. Glucksmann. S’il n’y a rien de commun, alors l’étiquette gauche est, dans le moins mauvais des cas, confusionniste. L’UPR d’Asselineau, nonobstant son sectarisme invétéré, est plutôt classée à droite alors qu’elle défend les services publics et l’héritage du « modèle 1945 » en matière sociale. Même les Patriotes de Philippot sont moins subordonnés au grand capital que le PS. Même Gilles Carrez (LR) défendant contre la privatisation d’ADP la notion de monopole naturel devant revenir à l’État apparaîtrait sur ce point comme un « homme de gauche » face aux hollando-macroniens qui forment la colonne vertébrale du gouvernement.

    En second lieu, si on est souverainiste, on ne peut pas être pour le libéralisme économique. Un « souverainiste de droite » qui veut protéger l’industrie et l’agriculture du pays contre les ravages de la libre concurrence va se heurter aux classes dominantes et aux « élites mondialisées » (Chevènement).  Et si on est de gauche, dans l’acceptation ancienne (troisième république), alors on ne peut qu’être souverainiste, c’est-à-dire que défendre la souveraineté de la nation, seul moyen d’organiser la justice sociale et l’intervention de l’État républicain comme défendant la liberté des individus contre toute domination.

    En troisième lieu, il y a sans doute des divergences au sein de la galaxie souverainiste, divergences sur le rôle de la propriété privée des moyens de production, sur les institutions à mettre en place, etc., mais toutes ces divergences n’ont aujourd’hui aucune portée pratique puisque ni le collectivisme socialiste, ni le capitalisme keynésien régulé ne peuvent exister tant que notre pays est prisonnier des accords de l’UE et de la discipline monétaire de l’euro. Le prérequis pour nous puissions mener ces débats politiques, c’est de recouvrer notre souveraineté.

    Chacun garde ses attaches partisanes, peut construire si cela lui chante le énième parti pour la république sociale ou tout ce que l’on veut, notre collectif se donne quant à lui un objectif pratique : rassembler toutes les forces, par-delà leurs divergences, qui veulent défendre la souveraineté de la nation et l’esprit du conseil national de la résistance en matière de droits sociaux des citoyens.