• UN " SUPER EXCELLENT " ARTICLE SUR LE BLOG DE CHE 4 (Papy Mouzeot ) MERCI A LUI =

    Sarkozy vs HollandeSarközy K.O. debout...
    Hollande vainqueur aux "poings"

     

    C'est presque devant 18 millions de téléspectateurs que s'est déroulé hier soir le pugilat tant attendu . Le "champion" en titre avait annoncé la couleur à ses proches : « Hollande, je vais me le faire exploser, le défoncer.  C'est un nul ! Je vais sortir la sulfateuse ! ». On attendait un François Hollande fébrile, certes en tête des sondages, mais qui ne possède pas les qualités oratoires de son adversaire de l'UMPFN. A la droite de la droite on pronostiquait même une boucherie.

    Dès son arrivée François Hollande s'est prêté au jeu des questions posées par quelques journalistes qui s'étaient pressés devant les studios quand a Nicolas Sarközy, fidèle à lui-même, il a clairement affiché son dédain pour la presse sans adresser une parole aimable aux nombreux journalistes venus l'accueillir.

     

    Mais avant de poursuivre votre lecture je sollicite votre avis sur celui qui vous a paru le plus convaincant.

     

     

     

     

     

    Une stratégie simple déjà rodée en 2007, face à une femme

    Ce devait être une simple formalité pour le candidat de l'UMPFN qui avait longuement répété ce combat avec son équipe. Objectif : être pugnace, offensif, tout en gardant une hauteur de vues, une posture, un ton quasiment élyséens. Il devait attaquer son adversaire, le "débusquer", le faire sortir de sa réserve, sans perdre de sa stature. Ce fût une réussite incontestable... Sauf que là on ne parle pas là du président sortant, mais de son challenger François Hollande !

    Sarközy aurait dû bénéficier de son auréole de chef de l'Etat et dont on sait qu'il est d'ordinaire animé par une énergie d'autant plus inépuisable qu'il n'est pas favori et doit combler son retard ; c'est son concurrent, François Hollande qui est parvenu à retourner la situation à son avantage.

    Le monarque sortant s'était promis "d'exploser" ce "nul" de Hollande (voir ici). Ici à l'hospice, devant notre écran, on croyait voir un remake de Rocky, où le champion en titre était convaincu de mettre K.O son adversaire en moins de trois minutes. Non seulement le candidat soicaliste n'a pas mis un genou à terre mais il a tenu la distance pendant 2h50 pour ce qui fût le plus long débat de toute l'histoire pour un second tour des présidentielles. A la surprise générale, le challenger s'est même offert le luxe d'envoyer Sarközy plusieurs fois au tapis !


    Déroulé du combat

    21 heures, les arbitres du match, David Pujadas et Laurence Ferrari, font retentir le gong.

    Il s'agit là d'un round d'observation où les deux combattants sont conviés à exprimer leur état d'esprit sur le match qui les attends. Hollande débute l'échange par quelques passes sur le rassemblement tout en glissant quelques uppercuts sur la division orchestrée par le candidat de l'UMPFN. Face à lui le président sortant, qui a l'avantage de la contre-attaque décoche un : « Il y a ceux qui parlent de rassemblement et ceux qui les font vivre » sans grande conviction puis enchaîne un : « Parler à tous, y compris, ceux qui n'ont pas vos idées, c'est peut-être ce qui fait notre différence ». En guise de réponse, François Hollande asséne un contre dévastateur : « Si vous avez le sentiment que pendant 5 ans vous avez rassemblé les Français, vous ne les avez pas divisés, pas opposés alors je vous donnerais quitus mais je sais que les Français ont eu ce sentiment d'avoir toujours été soumis à des séparations, à des clivages ». Celle-là, Sarközy ne l'a pas vu venir ! Dès lors le président sortant est destabilisé, quasiment groggy. D'entrée de jeu Hollande l'a attiré sur un terrain miné qu'il lui faut éviter à tout prix : le raccolage effreiné effectué auprès des électeurs du FN depuis dix jours. S'en suit un surprenant changement de stratégie de la part de Sarközy, il maintient sa garde en pratiquant sa défense favorite : le déni. C'est parti pour une série de "Calomnie", "Mensonge", le président sortant semble avoir oublié son texte et se répète inlassablement tel un vieux vinyle rayé.

     

     

    A partir de ce moment le combat est quasiment terminé, Hollande a pris l'ascendant et frappera de plus en plus fort sur le point faible de son adversaire : son bilan !

    Sarközy est piégé, il tente quelques esquives en revenant à plusieurs reprises sur la politique menée par l'Espagne et celle de l'Allemagne évitant de défendre un programme que bien entendu il n'a pas. Il ira même jusqu'à adresser des éloges par trois fois à Didier Migaud, le socialiste qui est à la tête de la Cour des comptes. N'ayant aucun nom à citer en exemple dans ses propres rangs Sarközy se laissera aller à dénigrer plusieurs noms de socialistes (Manuel Valls, Martine Aubry, Laurent Fabius) allant jusqu'à se ridiculiser en déclarant : « je ne suis pas votre élève », une réplique empruntée à... François Mitterrand ! Ça sent presque l'improvisation.

     

    « Monsieur Sarközy, vous aurez du mal à passer pour une victime »

    Le candidat adopte encore une nouvelle stratégie, cette fois la victimisation : « Quand on m'a comparé à Franco, à Pétain, à Laval, pourquoi pas à Hitler, vous n'avez pas dit un mot. Quand Martine Aubry me compare à Bernard Madoff et que le leader de la famille ne dit rien, c'est qu'il cautionne ».

     

     

    « C’est terrible d’avoir toujours dans votre esprit le mot “mensonge” »

    Le débat a alors viré à la bataille de chiffres. Sarközy adoptant un ton de maître d’école « Je vais me permettre de vous apprendre quelque chose », Hollande ne se départissant pas de son ironie :

    « Quoi qu’il arrive, quoi qu’il se passe, vous êtes toujours content.
    – C’est un mensonge.
    – Ah ? Alors je vous présente mes excuses : vous êtes très mécontent de vous. »

    Régulièrement accusé ces dernières semaines de mentir, Sarközy s’est évertué à démontrer de façon un peu obsessionnelle que le menteur n’est pas celui qu’on croit. « C’est terrible d’avoir toujours dans votre esprit le mot “mensonge” », a fini par glisser Hollande, l’air de dire que son adversaire avait peut-être quelque chose à se reprocher.

     

    Les rounds s'enchaînent alors dans le même rythme, François Hollande, imperturbable, ne laisse rien passer des approximations de Sarközy. Le candidat socialiste s'installe confortablement dans son profil "rassembleur", celui d'un futur Président de "tous les Français". A chaque sujets abordés, François Hollande renvoie Sarközy à son bilan. Le candidat de l'UMPFN a bien tenté d'agiter son épouvantail sur la crise et là aussi le candidat socialiste l'a renvoyé au bilan de son quinquennat, chiffres à l'appui. Sur le dossier de l'Europe où Sarközy ne s'est pas privé de rappeler à François Hollande qu'il n'avait jamais occupé de responsabilité gouvernementale, le candidat socialiste ne s'en est pas laissé compter : « on a une banque centrale européenne qui prête dans limite aux banques à un taux de 1%. Et quand elle prête aux Etats comme l'Espagne, c'est à un taux de 6%. Je sens les lignes bouger. Il faudra renégocier pour obtenir ce soutien indispensable à la croissance ».

     

    Enfin le thème fétiche de Sarközy : l'immigration... Hollande est moins à l'aise sur ce sujet et propose une limitation de l'immigration économique : « L'immigration légale doit être maîtrisée, mais on ne peut pas fixer des objectifs irréalisables ». Aussitôt le candidat de l'UMPFN lui rétorque : « la France est un pays ouvert et je sais d'où je viens. Mais le problème est que nous avons accueilli trop de monde. J'ai proposé sur les cinq années qui viennent que nous divisions le flux migratoire par deux ». Le président sortant chercherait-il à nous faire oublier qui à gérer notre pays au cours des cinq dernières années et les 150 000 expulsions qui ont été éxécutées sous son mandat ?

    Nous arrivons à la question du droit de vote des étrangers, par laquelle le candidat socialiste est favorable : « sur le droit de vote des étrangers, c'est une position que je soutiens pour les élections municipales pour les personnes qui sont sur le territoire depuis 5 ans. Pour faire passer cette réforme, il nous faudra une majorité des 3/5e puisque c'est une réforme de la Constitution ».

    Voilà un sujet que le candidat de l'UMPFN a bien potassé : « j'ai beaucoup réfléchi à cette question, je pense qu'il ne faut pas céder à un vote communautaire, à la pression d'un Islam en France alors que nous voulons un Islam de France ». François Hollande s'étonne de la relation faite entre l'immigration et la religion.

    Réponse immédiate de Sarközy : « vous savez très bien que le droit de vote pour les immigrés ne s’adresse pas aux Canadiens, aux Norvégiens, il s'adresse aux Africains, aux Maghrébins. Si vous prenez les pays d'Afrique du Nord, ce sont des pays de confession musulmane. Je ne vous l'apprends pas ? »

    Le candidat de l'UMPFN confirme donc que les étrangers ne sont pas tous égaux sur le sol français, malgré tout , faute de mieux, j'accorderais cet échange à l'avantage du président sortant.

     

    Puis vint le tour du nucléaire pour lequel je retiendrais simplement cette sarkonade : « Le problème de Fukushima était un problème de tsunami et je ne pense qu'aux frontières du Rhin, il n'y a pas de problème de tsunami ». Enfin un peu d'humour, il était temps à presque 23 heures ! Visiblement le président sortant a manqué deux événement importants concernant la sécurité et la surveillance de nos centrales nucléaires qui se sont pourtant déroulés dans la même journée.

     

    Finalement le candidat de l'UMPFN craque et glisse sur le terrain de la calomnie... « je ne prendrai pas de leçons d'un parti qui voulait placer Dominique Strauss-Kahn à la tête de la France ».

     

     

    Mauvaise pioche car François Hollande contre-attaque aussitôt sur les collectes de fonds récueillies par un certain Éric Wœrth dans le grand hôtel du Bristol...

     

     

     

    Le président candidat a nié catégoriquement avoir participé à une rencontre au Bristol pour collecter des fonds. Le Parisien a pourtant publié, le 7 décembre 2009, une photo montrant Sarközy en compagnie d'Eric Wœrth, alors trésorier de l'UMP, devant le Bristol, à la sortie d'une réunion des plus gros donateurs du parti présidentiel.

     

    http://img11.hostingpics.net/pics/391320sarkozybristol.jpg(photo non truquée)

     

     

    Parti sur sa lancée François Hollande achève son adversaire avec une litanie en guise de profession de foi. Le futur président s'adresse aux français par sept fois :

     

     

    La conclusion de ce débat musclé s'achèvera sur ces dernières paroles du président sortant :

    « Je veux m'adresser à tous les Français qui n'ont pas voté pour moi, remerciant les autres. Ceux qui ont voté Le Pen, je ne leur fait pas de leçon de morale, je veux leur parler que leur choix, qui n'est pas le mien, je le respecte, je le considère et je l'ai entendu. Ceux qui ont voté Bayrou : le cœur de sa campagne est la règle d'or, je la ferai adopter, s'il le faut, par référendum. Nous sommes dans un monde où il faut savoir tenir un cap et assumer ses responsabilités. J'ai beaucoup réfléchi avant d'être candidat, si je le suis, c'est que j'ai la passion de la France ».

     

    François Bayrou a bien reçu le message en annonçant son soutien à François Hollande dès aujourd'hui...

     

    La réaction de Jean-Luc Mélenchon à ne pas manquer

     



    « François Hollande a plié en quatre Nicolas Sarközy, qui était fébrile, peu sûr de lui, se prenant les pieds dans le tapis des chiffres, déclamant des absurdités du genre "il y a plus d'immigration illégale que légale", chiffrant à 10% l'augmentation du pouvoir d'achat des fonctionnaires ».

     

     


     

     

    L'analyse du Papy Mouzeot :

     

    http://img11.hostingpics.net/pics/530177Papy2012.jpgDeux candidats avec deux objectifs diamétralement opposés. Nous avons pu voir un président sortant aux abois, qui avait pour unique but "d'exploser" son adversaire en le faisant tomber dans le piège qui avait coûté la victoire à Ségolène Royal en 2007. Face à lui, le candidat du PS, avait la nécessité de prouver aux français qu'il possède une stature présidentielle, incarnée par la justice et la franchise. La grande force de François Hollande a été de ne jamais se laisser dominer par le président bientôt sorti.

    Le débat fût très technique et nombre de profanes en politique n'ont pu en saisir tous les ficelles ce qui a résulté sur un affrontement difficilement compréhensible. Il en ressort d'une manière générale que François Hollande a quasiment réussi à déjouer tous les pièges qui lui étaient tendus excepté le sujet sur l'immigration où le candidat socialiste a peiné sur le fait qu'il voulait maintenir les centres de rétention ou en faire une exception. Sur le reste des sujets "imposés" je pense que François Hollande s'en est tiré brillament mettant à mal plusieurs fois son adversaire face à son médiocre quiquennat remontant même jusqu'aux dix dernières années où le président sortant n'était encore que ministre de l'Intérieur.

    Je crois que tout s'est joué lors du sprint final lorsque le candidat socialiste s'est jeté dans sa litanie du "Moi Président de la République". A ce moment même Sarközy a dû réalisé qu'il était inutile de résister, la passation de pouvoir venait d'être effectuée. Le candidat de l'UMPFN a tout misé sur l'extrême-droitisation de sa campagne, croyant peut-être que le rôle qu'il s'est inventé en se proclamant sauveur de la crise le rendrait invincible. Sarközy a perdu les élections par pêché d'orgueil, ce ne peut être plus limpide. Son médiocre quiquennat lui est revenu dans la figure tel un boomerang, sur ce point il n'aura pu tromper les français.

    Il paie sa campagne dirigée par l'obscur Patrick Buisson, qui au final faisait probablement plus le jeu de la candidate FN que celui qui l'a grassement payé. La question sera certainement disséquée au sein de l'UMP après cette défaite maintenant plus que prévisible. Il est peu probable que ce parti survive même à sa défaite, la chasse aux sorcières est déjà programmée. Qui entre Fillon, Juppé ou Copé sauvera cette future-ex majorité présidentielle ?

     

    A moins que la candidate du FN s'interpose comme la première force d'opposition comme elle l'avait annoncée à la suite du premer tour ou qu'un François Bayrou ne parvienne à fédérer autour de lui une grande partie de la droité modérée qui ne se reconnait plus dans les propos d'un président sortant à la dérive.

     

    Un autre point très important concerne les affaires qui ne quittent plus le président prochainement sorti qui malgré sa plainte inutile contre Mediapart vient d'être confondu par Baghdadi Ali al-Mahmoudi, l'ancien premier ministre libyen, qui vient de confirmer aujourd'hui au site Internet Mediapart que le président sortant a bien reçu 50 millions d'euros à l'époque où il était candidat : « Nous avons participé à la réussite de Nicolas Sarközy et au financement de sa campagne présidentielle de 2007. Le montant de 50 millions d’euros est juste ».

    Visiblement il reste encore quelques témoins qui ont la langue bien pendue...

     

    A moins d'une énorme tricherie, comme par exemple l'usage non démocratique des machines à voter, je vois mal comment le président sortant arriverait à se sortir d'une telle logique de looser.

     

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    N'étant qu'un modeste amateur de la vie politique de notre pays, avec mes seuls dix doigts comme moyens techniques, la rédaction de ce sujet ma pris beaucoup de temps. Entre temps nous avez pu lire beaucoup d'autres informations et interprétations du débat qui s'est déroulé hier soir. Afin de lever toute ambiguïté sur les résulats obtenus juste après cette confrontation télévisée, j'ai effectué quelques captures d'écran se rapportant aux sondages issus directement de ce duel.

     

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    Source : NouvelsObs

     

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    Source : Europe1

     

    http://img11.hostingpics.net/pics/419838Europe1.gifSource : toujours Europe1 un peu plus tard


     
     

     

     
    Par Papy Mouzeot - Publié dans : Politique générale -

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