Un jour peut-être les êtres humains n'auront plus peur du noir, ils seront debout face à leur ignorance, admiratifs de ce qui les dépasse, joyeux de ne pas savoir et curieux de se mettre au travail.

Un jour, ils comprendront que le divin est partout et nulle part, qu'il n'appartient à personne. Ils comprendront que cette planète est un petit vaisseau autonome et fragile que tout ce qui disparaît ne se retrouvera plus, alors et seulement alors, ils jugeront ridicules ces histoires de prophètes, de messie, ces histoires à dormir debout, ces lectures erronées de livres sans auteurs, sans notes d'éditeurs, aux noms desquels on tue, on exploite, on juge, on voile, on interdit on croit.

Croire c'est blasphémer.

Il ne faut pas croire, il faut voir, regarder, admirer ce monde, cette vie qui lutte, qui pousse, qui pique, qui vole, qui rampe, qui nage, qui s'accroche, qui se multiplie ou se divise, qui se cache, qui siffle, hurle et chante, cette nature qui est incroyable en ce sens qu'elle ne demande pas que l'on croie en elle. Elle est là, par un hallucinant enchaînement de réactions chimiques et physiques, par le truchement de forces qui nous dépassent, par des hasards qui ne sont ni heureux ni malheureux qui sont et c'est tout. Ne pas comprendre mais avoir de quoi prétendre chercher n'est pas une tare mais une chance, une incroyable chance d'être vivant et d'en avoir la preuve par la pensée comme disait un certain.

Croire c'est ne plus être.

Un jour peut être on regardera les lieux de culte comme les traces d'une barbarie de la conscience, nous serons tristes en pensant à toutes les victimes de cette folie qui poussait les uns et les autres à prier en s'isolant de la connaissance comme on calfeutre une maison contre le froid. Un jour peut être l'important sera d'être dans la réparation du tort que l'on cause à notre petite planète, il y aura là matière à vivre, à travailler, à partager, à se sentir parti prenante de cette nature vivante qui ne demande rien mais à qui l'on doit tout...