• VOILA AU MOINS DES MILITANTS HONNETES !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

    profencampagne

     
    Mercredi 25 avril 2012 3 25 /04 /Avr /2012 10:30

    http://www.melty.fr/election-presidentielle-2012-francois-bayrou-actu104104.html

    Depuis lundi matin, le téléphone de Marthe Marti, vice-présidente du MoDem Haute-Garonne, ne cesse de sonner. Au bout du fil, des électeurs centristes déboussolés s'interrogent sur la marche à suivre au second tour : voter blanc, Sarkozy, Hollande ou s'abstenir ? D'autres préviennent : « Si François (Bayrou – ndlr) appelle à voter Sarko, on rend notre carte. » Marthe Marti répond à chacun avec la même voix doucereuse : « Attendez qu'il parle. Ayez confiance. »

    « Contrairement à 2007, il dira quelque chose, mais il n'appellera pas à voter Sarko car ce serait signer sa mort et celle du parti. Vu les trois livres qu'il a écrits ces dernières années et la tournure que prend la campagne de l'entre-deux tours, il est même impossible qu'il nous demande de voter UMP », veut croire cette Toulousaine, « MoDem depuis sa création ». Auto-entrepreneur, fille de Catalans, déçue par la gauche, elle hésite « entre Hollande et blanc », et attend patiemment les consignes.

    En Haute-Garonne, à l'image de Marthe Marti, les troupes centristes se disent toutes suspendues au positionnement du “patron” qui devrait intervenir à l'issue du duel télévisé entre Hollande et Sarkozy, tous deux annoncés prochainement en meeting à Toulouse. Mais dans les rangs, des voix discordantes ont d'ores et déjà choisi leur camp, tout du moins leur candidat « par défaut », à droite ou à gauche.

    « Normal », tempère un MoDem centre-gauche qui compte voter Hollande même s'il n'est « pas encore bien fixé » car « Sarko, c'est impossible ». « Nous sommes une famille recomposée avec plusieurs sensibilités, rappelle-t-il. Entre nous, ça va débattre. Ça va même être un peu chaud mais nous n'allons pas nous disputer. Nous sommes dans une meilleure posture que l'UMP. Ceux qui voteront Sarko le feront les yeux fermés pour son programme économique, pas pour ses idées extrêmes, car celui de Hollande, c'est de la poudre aux yeux ».

    « Ce sera la règle observée au national : un tiers Sarko, un tiers Hollande, un tiers d'abstention », prédit Arnaud Lafon, le maire de Castanet-Tolosan, commune de 12 000 habitants à 15 kilomètres de Toulouse, un des rares MoDem issus de l'UDF « à ne pas être allé à la soupe », lorsque le Nouveau Centre s'est créé. Il voterait blanc « si c'était reconnu ». Pour l'heure, « déboussolé et pas très joyeux », il n'exclut « ni l'un, ni l'autre », et pour se consoler, regarde les résultats de sa circonscription où Bayrou fait 10,35 %, un point de plus que la moyenne nationale.

    Dans ce département où Mediapart s'était rendu à la rencontre des militants du MoDem en mars (lire l'article de Valentine Oberti), François Bayrou n'a pas refait 2007 où il avait dépassé les 19 % de voix, mieux que son score national. Il a divisé son score de moitié avec un petit 9,38 %, terminant cinquième quand Marine Le Pen double le résultat de son père et se hisse à la troisième place (15,46 % contre 8,45 %) après Hollande (32,83 %) et Sarkozy (26,68 %).

    À Toulouse, hormis quelques bons scores dans de rares bureaux de vote, Bayrou franchit tout juste les 9 %, soit dix points de moins qu'à la précédente présidentielle. C'est Jean-Luc Mélenchon, le leader du Front de gauche, qui coiffe la couronne de troisième homme dans la ville rose avec 15,91 % des suffrages, notamment dans les quartiers populaires, distançant Marine Le Pen (10, 34%).

    En dépit de l'affaire Merah, les Toulousains sont restés sourds aux sirènes frontistes. C'est la seule bonne nouvelle de la soirée de dimanche pour les centristes, restés sidérés devant l'écran télé à l'annonce des premières estimations et à la déroute de leur candidat que tout le monde voyait faire un score à deux chiffres. Rue de Metz, dans le local du MoDem 31, une profonde déception se lisait sur les visages. « L'anti-sarkozysme a basculé à l'extrême-droite. On va dans le mur », s'affolait une jeune femme, le regard embué.

    "Il faut changer de nom idéalement avant les législatives"

    Plutôt que de se lamenter ou de critiquer la campagne du chef, Jean-Luc Lagleize, le président, par ailleurs conseiller municipal d'opposition, qui a relevé en juin dernier cette fédération exsangue, placée sous tutelle du siège en 2010, forte aujourd'hui de plus de 350 adhérents et 1 200 sympathisants, préfère se concentrer sur l'avenir. Parler du « troisième tour » plutôt que du deuxième. Ex-UDF, Sarko-incompatible, « centriste canal historique », il a d'abord prévu de glisser le 6 mai un bulletin nul, Bayrou, dans l'urne, avant de se rattraper : « Je voterai ce que Bayrou me dit de voter ».

    À l'étage, dans le bureau qui lui sert à recevoir la presse, il ne veut surtout pas élever la moindre voix dissonante avec la ligne du parti, encore moins discuter des sujets qui fâchent. Il évoque « la grande maison commune du centre » qu'il est en train de bâtir avec l'Alliance centriste mais aussi, à contre-courant du national, avec le Nouveau Centre et le parti radical valoisien, « le boulevard qui s'ouvre au centre avec l'explosion de l'UMP imminente ». Se projette en 2014 aux municipales : « Toulouse ne pourra changer de maire que si un leader centriste émerge. »

    Ce cinglant désaveu signe-t-il la fin du MoDem, de Bayrou ? Pas de réponse claire. Ce n'est que le lendemain que ce spécialiste en gestion du patrimoine finit par lâcher : « Obligatoirement, il faut construire autre chose, changer de nom, idéalement avant les législatives, car psychologiquement c'est important, surtout si l'on réunit plusieurs forces. François reste le leader naturel, le pasteur de cette force centrale. Il faudra qu'il réapprenne à s'entourer comme il l'a fait pendant la campagne. »

    En Haute-Garonne, Jean-Luc Lagleize compte sur les déçus de l'UMP et le soutien de l'ancien ministre Philippe Douste-Blazy pour remettre en place un centre fort à l'heure où l'UMP locale, emmenée par l'ancien maire Jean-Luc Moudenc, battu en 2008 par le socialiste Pierre Cohen, « se cherche et se déguise en centriste pour ratisser large ». « Toulouse, c'est l'endroit le plus facile pour nous », poursuit-il. Pendant des décennies, la ville rose fut détenue par le centre droit, avec les Baudis père et fils, puis Douste-Blazy.

    Selon Lagleize, cette « force centrale » se vérifiera « dès le premier tour des législatives, entre un PS porté par la victoire de Hollande et un Front national renforcé et légitimé par des accords passés avec le reste de l’UMP ». Cinq hommes et cinq femmes, qui seront connues d'ici la fin de la semaine, du MoDem et des autres tendances, se lancent dans le défi où le but est de conquérir « au moins deux postes de députés », sachant qu'en 2007, le Parti socialiste avait fait le grand chelem sur les huit circonscriptions de la Haute-Garonne qui en compte désormais dix après redécoupage.

    « Ça va être difficile, mais c'est jouable. La présidentielle, c'est une bataille de perdue mais la guerre continue avec les législatives », lance Rémy Gire, le président des jeunes démocrates de Haute-Garonne, « très, très inquiet par le score du FN ». « Dégoûté de voir Bayrou faire moins de 10 % alors qu'il remporte 70 % d'opinions favorables chez les Français », il ne veut pas céder au pessimisme : « On va se relever avec Bayrou, on a vocation à exister, à rester indépendant, à grossir. »
    "L'UMP se déporte vers l'extrême droite et nous laisse une autoroute"

    « Beaucoup de parlementaires UMP, la droite la plus à droite, vont rejoindre la mère Le Pen qui s'est acheté une respectabilité médiatique pour monter une droite ultra-nationaliste. Du coup, les modérés de l'UMP vont nous revenir. Voyez Douste ! », abonde Arnaud Lafon. Le maire de Castanet-Tolosan, candidat putatif aux législatives, « gentil soldat » de son parti, garde toute sa sympathie à Bayrou : « On ne va pas jeter le bébé Bayrou avec l'eau du bain. » Il dirige sa commune avec des UMP, « des bons pères de famille, pas des furibards, dont certains enclins à rejoindre le centre ».

    Rudi Sordes est plus circonspect. MoDem pur jus, figure de la jeune garde, conseiller municipal de Colomiers, banlieue de la première couronne toulousaine où le FN a multiplié son score par deux, il voit deux hypothèses. La première ne le réjouit guère : « L'UMP explose et fait exploser le MoDem car il y a trop de tensions sur la droite, de confusions entre nous et le centre-droit, une sorte de résurrection de l'UDF qui fait fuir deux tiers des MoDem. » La seconde l'intéresse : « L'UMP se déporte sur l'extrême droite et nous laisse une autoroute. Avec des personnalités comme Jean-Luc Bennahmias, qui pèsent, qui sont appréciées, on fait quelque chose. »

    « Au départ, sceptique de voir revenir celui qui a organisé la transhumance vers Sarkozy », Rudi Sordes n'est plus contre le retour de Douste-Blazy. Il ne digère pas le premier tour, fustige « le système politique actuel de télé-réalité, de show, de com' à deux balles », « une partition conçue pour que le MoDem ne soit pas présent et qui favorise les extrêmes ». En Haute-Garonne, il pense que le report des voix des centristes penchera « en faveur de Hollande ». Lui a gardé sous le coude un bulletin Bayrou, hésite entre le vote nul, blanc ou PS. Certain d'une chose : « Il m'est impossible de voter Sarkozy ». François Besse, responsable du MoDem à Colomiers, n'a pas arrêté sa position mais « votera plus facilement Hollande que Sarkozy ».

    Malika Adjar, arrivée à l'UDF en 2004 sans s'encarter, conseillère municipale d'opposition à Toulouse, n'a pas pris de décision. Elle est « contre une France où on oppose les Français », voit aussi fonctionner « de l'intérieur les baronnies socialistes ». « À droite comme à gauche, il n'y a ni blanc, ni noir mais des nuances de gris », tranche-t-elle. Elle votera « pour la nuance de gris qui la choquera le moins » et ne s'inquiète pas pour Bayrou : « Sa voix n'a pas porté mais il reste le meilleur, le plus droit, le plus juste. »

    Laurent Cuzac a fait son choix. Le président local du Nouveau Centre, qui a publiquement appelé à voter Bayrou « pour son discours de vérité », votera Sarkozy. « Je ne crois absolument pas aux promesses de Hollande qui vont augmenter les déficits publics », explique-t-il. « L'erreur de Bayrou a été de ne pas s'appuyer sur un parti politique structuré. Les divisions multiples et variées du centre ne l'ont pas aidés», poursuit-il. Et de citer l'exemple de la Haute-Garonne : « Localement, on est en passe d'y arriver. On se parle depuis un an alors que pendant des années, nous ne nous parlions plus. C'est la seule façon de réussir les scrutins à venir si l'on ne veut pas des lendemains qui déchantent. »

    Rachida el Azzouzi

    http://www.mediapart.fr/journal/france/240412/toulouse-des-militants-modem-si-bayrou-appelle-voter-sarko-rend-notre-carte

     

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