• Nouveaux sur notre site  http://cubasifranceprovence.over-blog.com
    En page d’accueil:
    1)Venezuela: Maduro DEPLORE LES DECLARATIONS DU PRESIDENT DU PARLEMENT EUROPEEN A LA VEILLE DU SOMMET UE/CELAC, un article du site du MINCI du 28 mai 2015 traduit par Françoise Lopez.
    2)Cuba: Obama DECHAINE LES PASSIONS EN RETIRANT Cuba DE LA LISTE DES PAYS TERRORISTES,  un article du Courrier de l'Orénoque du 30 mai 2015 traduit par Françoise Lopez.
    Bien sûr, il y avait énormément d’articles sur ce sujet. Nous en avons sélectionné 2 : celui-ci, qui met l’accent sur les réactions à cette information et celui de l’agence Reuters pour avoir une vision européenne. Un 3° article est en cours de traduction qui met aussi l’accent sur un point particulier que les autres n’évoquent pas.
    Hier soir, nous l’avons annoncé immédiatement par un très court article, juste après que je vous ai envoyé le mail de mise à jour du site. Comme c’était prévu, je n’ai pas voulu envahir vos boîtes de réception et je n’ai pas envoyé de nouvelle mise à jour.
    Après cela, nous aurons fait le tour du sujet…
    3)Cuba RETIREE DE LA LISTE DES ETATS SOUTENANT LE TERRORISME, un article de l’agence Reuters du 29 mai 2015.
    Bonne lecture à tous,
    Françoise Lopez


  • UJFP

    Lettre d’information de l’UJFP

    Nouveautés hebdomadaires et agenda

    Bonjour, voici notre nouvelle newsletter, regroupant les nouveaux articles publiés sur notre site ainsi que les évènements à venir auxquels notre association appelle et/ou participe.


    Nouveaux articles publiés sur notre site du 24 mai au 31 mai

    LA MAISON D’IZIEU : LA MÉMOIRE ET LES BLANCHISSEURS

    Publié le : 31 mai 2015

    Dans ces temps où la mémoire et la lutte contre l’antisémitisme sont le credo de nos dirigeants politiques au plus haut niveau de l’Etat.
    Dans ces temps où il ne se passe pas une occasion officielle pour qu’il ne soit martelé la nécessité de faire connaître aux jeunes générations l’histoire de la destruction des Juifs d’Europe par les nazis et leurs complices français.
    Dans ces temps où, plus qu’en d’autres, la réécriture de notre Histoire est à l’œuvre, il ne nous est pas possible de rester indifférents à (...)

    Lire l’article entier

    Vidéo de la conférence de Farid Esack " L’Apartheid de l’Afrique du Sud à Israël"

    Publié le : 31 mai 2015

    Filmée le 31-03-2015 à l’Université de Toulouse Mirail- Jean Jaurès (amphi 9)
    Farid Esack est président de BDS Afrique du Sud et professeur à l’Université de Johannesburg

    Lire l’article entier

    Résolution finale du forum contre les politiques de racialisation du 9 mai 2015

    Publié le : 31 mai 2015

    Le forum national « reprenons l’initiative contre les politiques de racialisation s’est tenu le 9 mai 2015 à Gennevilliers. Après avoir analysé les enjeux auxquels sont confrontés les mouvements antiracistes dans un contexte en mutation profonde, les participants ont adopté la résolution suivante :
    Considérant : 1) Le développement depuis plusieurs années d’une offensive idéologique visant à racialiser les grilles de lecture touchant aux immigrations et aux classes et quartiers populaires, 2) La (...)

    Lire l’article entier

    À Besançon : conférence débat BDS avec Jean-Guy Greilsamer

    Publié le : 30 mai 2015

    Conférence débat BDS
    Une conférence débat B.D.S aura lieu le 10 juin. Elle sera annimée par le co-président de l’U.J.F.P Jean-Guy Greilsamer.
    Organisée par le Collectif Palestine de Besançon
    Mercredi 10 juin à 20h
    Salle Prudhon
    (à coté du Kursaal)

    Lire l’article entier

    ORANGE : LA MOBILISATION CONTINUE ! .

    Publié le : 30 mai 2015

    Le mercredi 27 mai dernier, des militant-e-s de la Campagne BDS France ont participé à un rassemblement à l’appel de plusieurs syndicats devant le palais des congrès de Paris ou se tenait l’assemblée générale d’Orange.
    La Campagne BDS France y a pris la parole, déployé divers visuels et même des perruques oranges flashantes attirant l’attention du public, et distribué un tract aux actionnaires*.
    PHOTOS : https://plus.google.com/photos/108163405884704879310/albums/6153621604279778929
    La veille, des (...)

    Lire l’article entier

    48H pour que la FIFA suspende Israël

    Publié le : 27 mai 2015

    Dans 48h, le Congrès de la FIFA pourrait suspendre Israël pour son attitude raciste envers les athlètes palestiniens. Mais 75% des membres de leur Congrès doivent voter pour cette décision afin qu’elle soit adoptée. Appelons-les de toute urgence à suspendre Israël, tant que les discriminations n’ont pas cessé.
    Les règles internes de la FIFA interdisent le racisme et établissent qu’il est illégal de violer le territoire d’une autre nation pour y jouer des matchs, mais la violence et le racisme d’Israël (...)

    Lire l’article entier

    "A droite", vous avez dit "à droite"

    Publié le : 27 mai 2015

    Par Rudolf Bkouche
    Le gouvernement israélien est un gouvernement de droite, voire d’extrême-droite. Il suffit de lire les déclarations des ministres israéliens sur les Palestiniens pour le comprendre , il suffit d’entendre le premier ministre israélien proclamer son refus d’un Etat palestinien, déclarer que les constructions de maisons continuent à Jérusalem-est et en Cisjordanie, pour comprendre la volonté politique de ce gouvernement "de droite" d’achever la conquête de la Palestine. On peut alors, (...)

    Lire l’article entier

    PAS DE ZONE « PALESTINIAN-FREI » EN FRANCE ! QUEERS 4 PALESTINE FRANCE CONDAMNE L’AGRESSION D’UN DE SES MEMBRES POUR « DÉLIT DE PORT DE KEFFIEH »

    Publié le : 27 mai 2015

    Jeudi 21 mai vers 22 h 30, un membre du collectif Q4P-F // Queers for Palestine - France / LGBT (lesbiennes, gais, bi & trans) pour la Palestine - France // a subi une agression homophobe et antisémite alors qu’il marchait dans la rue, boulevard Voltaire à Paris, XIème, devant un restaurant kasher (non loin de la place de la Nation).
    Un client de ce restaurant, qui prenait un verre en terrasse, l’a invectivé aux cris de « pédé ! » et d’« enculé ! » (sic) avant de le frapper, stigmatisant le port (...)

    Lire l’article entier

    L’aviation israélienne bombarde Gaza

    Publié le : 27 mai 2015

    Par Ziad Medoukh
    Dix raids israéliens sur la bande de Gaza
    Les avions militaires israéliens ont mené dix raids sur différents lieux dans la bande de Gaza tôt ce mercredi 27 mai 2015. C’était dans les villes de Rafah et de Khan-Younis au sud de la bande de Gaza, et dans la ville de Beit Lahya au nord de la bande de Gaza.
    Aucun blessé n’a été signalé lors de ce bombardement israélien. L’aviation israélienne a bombardé de nouveau la bande de Gaza, une région toujours sous blocus israélien inhumain. (...)

    Lire l’article entier

    L’amour au temps de l’apartheid

    Publié le : 27 mai 2015

    Le ministère israélien de la défense vient de décider d’interdire aux 92 000 Palestiniens de Cisjordanie se rendant chaque jour en Israël pour y travailler, de façon légale ou illégale, d’utiliser les mêmes autobus que les Israéliens pour revenir chez eux. Sans doute gêné par les réactions à cette décision qui ne constitue qu’une étape supplémentaire dans l’instauration de l’apartheid, Benyamin Nétanyahou en a suspendu provisoirement l’application, mais celle-ci va désormais planer comme une menace sur la (...)

    Lire l’article entier

    Seront-ils condamnés pour avoir défendu les droits des Roms ?

    Publié le : 27 mai 2015

    C’était le 27 janvier 2015. Ce jour-là, plus de 300 personnes s’étaient retrouvées à la rue après avoir été expulsées des bidonvilles où elles étaient installées depuis quelques semaines.
    Ce jour-là, passant outre les principes humanitaires élémentaires, il est 7 heures du matin quand, à la demande des municipalités de Noisiel et de Champs-sur-Marne (77), la police déloge de leurs installations de fortune quelques centaines de familles roms, installées dans les bois, faute de pouvoir accéder à un autre (...)

    Lire l’article entier

    Premier festival de cinéma palestinien du 29 mai au 7 juin à Paris, Aubervilliers et Saint Denis !

    Publié le : 25 mai 2015

    Présentation du Festival Ciné-Palestine
    La première édition du Festival Ciné-Palestine (FCP) est prévue du 29 mai au 7 juin 2015, à Paris et Aubervilliers. Il s’agit du premier festival entièrement dédié au cinéma palestinien. En proposant une programmation de qualité ce Festival entend promouvoir la richesse de l’œuvre cinématographique palestinienne et soutenir une nouvelle génération d’artistes qui fait preuve d’une créativité foisonnante. Le Festival Ciné-Palestine est piloté par le comité (...)

    Lire l’article entier

    Un tapis rouge dans les ruines de Gaza, l’autre festival de cinéma

    Publié le : 25 mai 2015

    19 mai 2015
    La première édition du festival du film des droits de l’Homme de Gaza s’est déroulée du 12 au 14 mai. Le tapis rouge a été déroulé entre les immeubles en ruine d’un quartier de l’est de Gaza. Un lieu presque entièrement détruit sous les roquettes lancées par Israël durant l’été 2014. Et c’est tout un symbole : le festival dénonce le retard pris dans la reconstruction de Gaza.
    Organisé par un collectif de producteurs de télévision et de journalistes palestiniens, cette première édition présente une (...)

    Lire l’article entier

    Un bateau pour Gaza. La MARIANNE à BREST le 26 mai

    Publié le : 25 mai 2015

    Par l’AFPS 29N-Brest
    MARDI 26 mai à 18h, quai la Pérouse au Port du Château à Brest, venez accueillir cet équipage valeureux qui va essayer de briser le blocus de Gaza.
    La MARIANNE, bateau affrété par les campagnes norvégienne et suédoise, approche des côtes de Bretagne ! Parti de Suède, après un tour en mer baltique et des ennuis techniques qui l’ont retardé de plusieurs jours, il va faire escale ici où nous lui préparons un accueil solidaire.
    MOBILISATION, TOUS SUR LE PONT !
    MARDI à 18h, quai la (...)

    Lire l’article entier

    La France lance à l’ONU une nouvelle tentative en vue de saper les droits des Palestiniens .

    Publié le : 25 mai 2015

    Par Ali Abunimah, le mercredi 20 mai 2015
    Le gouvernement du président français François Hollande renouvelle ses efforts pour saper de façon irréparable les droits fondamentaux des Palestiniens, en particulier ceux des réfugiés.
    Le journal ’Le Figaro’ s’est procuré le texte d’un projet de résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU que l’administration Hollande a l’intention de présenter avant le mois de septembre.
    .
    Cette résolution peut être vue comme l’équivalent au niveau international des mesures (...)

    Lire l’article entier

    "Les juifs algériens dans la lutte anticoloniale. Trajectoires dissidentes (1934-1965)" de Pierre-Jean Le Foll-Luciani.

    Publié le : 24 mai 2015

    Ouvrage paru aux Presses universitaires de Rennes en mai 2015.
    Présentation : « Pour nous qui venions à peine d’avoir l’âge de raison en ces jours d’humiliation, ces années de jeunesse ont à jamais marqué notre vie et c’est pourquoi nous sommes fiers de l’injure qu’on nous lançait comme un opprobre : Oui, nous sommes des juifs indigènes algériens… Et après ? Vous n’aurez pas notre cœur contre un certificat de nationalité dont vous vous servez comme d’un couperet de guillotine. »
    Diffusées clandestinement (...)

    Lire l’article entier

    Prochains évènements

    Du mardi 28 avril 2015 à partir de 19h30 au dimanche 7 juin 2015 jusqu'à 19h30
    À Paris (13ème) : La Carte du temps - trois visions du Moyen-Orient", de Naomi Wallace, au Théâtre 13
    Théâtre 13 / Seine
    30 rue du Chevaleret - 75013 Paris

    Du vendredi 29 mai 2015 au lundi 1er juin 2015
    À Paris (6ème) : premier festival de cinéma palestinien
    Cinéma Les 3 Luxembourg
    67 rue Monsieur Le Prince 75006 Paris

    Du mardi 2 juin 2015 au vendredi 5 juin 2015
    À Saint-Denis (93) : premier festival de cinéma palestinien
    Université Paris 8
    2 rue de la Liberté 93200 Saint-Denis

    Du mercredi 3 juin 2015 au mardi 16 juin 2015
    À Paris (14ème) : "Filmer la pensée en marche"
    Cinéma L’Entrepôt
    7-9 rue Francis de Pressensé 75014 PARIS

    Le jeudi 4 juin 2015 de 19h00 à 22h30
    À Paris (2ème) : soirée pour les droits humains - Projection-débat autour du film "Gens de Gaza"
    Espace Jean Dame
    17, rue de Leopold Bellan 75002 PARIS (Métro Sentier)

    Du samedi 6 juin 2015 au dimanche 7 juin 2015
    À Aubervilliers (93) : premier festival de cinéma palestinien
    Cinéma le studio
    2 rue Édouard Poisson 93300 Aubervilliers

    Le mardi 9 juin 2015 à 20h30
    À Toulouse, conférence de Pierre Stambul : "ANTISIONISME/ANTISÉMITISME : À qui profite l’amalgame ?"
    Salle Barcelone
    22, allée de Barcelone - Toulouse

    Le mercredi 10 juin 2015 à 19h30
    À Lyon (5ème), présentation du livre :"Les juifs algériens dans la lutte anticoloniale" de Pierre-Jean Le Foll-Luciani.
    Maison des passages
    44 rue Saint Georges 69005 LYON

    Le mercredi 10 juin 2015 à 20h00
    À Besançon : conférence débat BDS avec Jean-Guy Greilsamer
    Salle Prudhon (à coté du Kursaal)
    Besançon

    Le jeudi 11 juin 2015 à 20h00
    À Clermont-Ferrand , conférence de Pierre Stambul "Le sionisme en question"
    Amphi 2 U.F.R. Lettres, Langues et Sciences Humaines
    29 Boulevard Gergovia 63000 Clermont-Ferrand

    Le samedi 13 juin 2015 de 12h00 à 19h00
    Ivry en Fête
    Parvis de la mairie (M° Mairie d’Ivry)
    Ivry sur Seine

    Le samedi 13 juin 2015 à 16h00
    À Ors (59), Conférence de Richard Wagman
    Lieu dit « Le Bois l’Évêque »
    Ors (59)

    Le dimanche 14 juin 2015 de 12h00 à 19h00
    Ivry en Fête
    Parvis de la mairie (M° Mairie d’Ivry)
    Ivry sur Seine

    Le dimanche 14 juin 2015 à 15h00
    À Ors (59), table ronde avec Richard Wagman
    Lieu dit « Le Bois l’Évêque »
    Ors (59)

    Le lundi 15 juin 2015 à 20h00
    À Paris (16ème), présentation du livre : "Les juifs algériens dans la lutte anticoloniale" de Pierre-Jean Le Foll-Luciani.
    Médiathèque de l’Alliance Israélite Universelle
    Centre Alliance Edmond J.Safra 6 bis rue Michel Ange 75016 (...)

     


  • Alleluia : le divin Rafale est né

    Par Philippe Grasset – Le 27 mai 2015 – Source dedefensa

    Imaginez-vous l’USAF envisageant d’acheter le Rafale?

     

    Commençons par remuer nos archives… Il y a un peu plus de huit ans, une crise menaçait de toucher le contingent des F-15 de l’US Air Force et des conversations diverses animaient les milieux de l’USAF, du Pentagone, des lobbies autour de ce beau monde, etc., pour le cas où cette crise ne pourraient être réduite d’une façon satisfaisante. La crise était d’autant plus aiguë que le F-22 était lui-même en crise et que le JSF/F-35 commençait de plus en plus à prendre son temps… Qu’allait-on faire si la crise des F-15 se confirmait, en attendant que la crise du F-22 soit évidemment résolue puisque l’avion est US et que tout ce qui est US résout ses crises, et que le JSF surmonte évidemment ses difficultés, entre en service triomphalement et domine les airs tout au long du XXIe siècle puisque l’avion est US. Voici que nous écrivions alors (le16 février 2008)…

    «La situation est si peu ordinaire que la chronique de “Air Force Magazine” mentionne, sans sourire semble-t-il, que les planificateurs de l’USAF ont même envisagé l’achat de chasseurs étrangers, – y compris le Rafale français. (D’où notre titre, où nous nous permettons d’omettre le Typhoon, pour rattraper un tout petit peu des innombrables fois où la presse anglo-saxonne omet de mentionner le Rafale français parmi les chasseurs “de 5ème génération” disponibles sur le marché des avions de combat.)

    « Des officiels de la Force aérienne ont dit qu’il serait presque impossible d’acheter un avion de combat tel que le Rafale français ou l’Eurofighter Typhoon, et en tout cas, le service se voudrait le meilleur disponible. a déclaré le Major General. Paul J. Selva, planificateur stratégique de la Force aérienne, lors d’un séminaire sur le transport aérien au Capitole. Pensez à l’émotion dans cette salle lorsque [les dirigeants de l’USAF] parlent d’avoir à louer [aux russes et en ukrainiens] des avions Antonov pour transporter nos blindés parce que nos C-5 ne fonctionnent pas. Maintenant, pensez à l’émotion dans cette même salle si nous devions dire, ‘Nous allons acheter des Sukhoi [ou des Rafales] comme avions de chasse.« »

    »Tout cela est-il sérieux? Il nous semble bien que oui. (La remarque sur l’USAF utilisant des Antonov russes parce que ses C-5 ont des problèmes n’est pas fabriquée, le cas s’est effectivement présenté.) Les spéculations dramatisent évidemment la situation mais cette évocation de l’hypothèse extraordinaire d’un achat de chasseur non-US de première ligne mesure la gravité de la situation. L’USAF (comme les autres services armés US) est écartelée entre des exigences de missions très contraignantes (les problèmes survenus aux F-15 ont été aggravés par l’usage intensif des avions de combat sur divers théâtres depuis 1990) ; des coûts très élevés ; des difficultés considérables de développement ; l’encombrement des chaînes de production pour l’exportation… C’est une nouvelle sorte de “désarmement structurel” que risque l’USAF (comme les autres services), par épuisement des matériels, des ressources et des capacités industrielles, à cause d’une politique extérieure presque uniquement fondée sur l’utilisation de l’outil militaire.»

    … Nous avouons avoir nous-même ajouté, dans la dernière phrase de la citation en anglais, le “[or Rafale]”, ce qui est justifié par la remarque de Air Force Magazine où le Rafale était effectivement cité parallèlement au Soukhoi Su-35… Mais pour en finir avec la situation évoquée à cette époque : la crise du F-15 a été finalement résorbée tant bien que mal, mais l’appareil vole avec de très sévères limitations de vol, ce qui réduit ses capacités en combat aérien à des normes effarantes, réduction de près de 50% de sa valeur dans ce domaine ; quant à la crise du F-22, elle ne fut jamais résolue et l’avion est limité à 180 exemplaires qui opèrent, eux aussi, avec des limitations de vol draconiennes ; quant au JSF/F-35, hein, vous savez ce qu’il faut en penser au milieu des fous-rires inextinguibles (voyez par exemple le 13 mars 2015) puisque l’avion est devenu une crise en soi et promis à rester l’archétype de la folie autodestructrice du système du technologisme. Cela signifie que, fort logiquement puisque rien n’a contenu ni arrêté la crise, la situation évoquée en 2008 est bien pire aujourd’hui.

    C’est tout l’objet implicite d’une déclaration faite par le général Mark Welsh, chef d’état-major de l’USAF, faite à Fox News (le 26 mai 2015). De cette déclaration composée d’une façon assez incohérente, ou volontairement incohérente, il ressort que la crise générale de l’USAF, dont l’article de 2008 cité est un élément, existe toujours, qu’elle est irrésolue, qu’elle s’est aggravée, qu’elle devient extrêmement pressante et ainsi de suite… (Nous analysons d’une façon plus générale, ce même 27 mai 2015, les déclarations de Welch, en les décryptant assez aisément, pour pouvoir dresser un état des lieux catastrophiques de l’USAF, et envisager l’avenir …)

    Dans le cours de l’interview, haché comme toutes cette sorte d’intervention à la télévision, Welsh parle beaucoup du fait que l’inventaire de l’USAF va être ou est en train d’être rejoint sinon dépassé par les avions russes et chinois, – sauf, dit-il d’une façon assez humoristique pour nous, pour le F-22 et le F-35 qui restent indépassables. Puis vient une dernière phrase citée par Fox News et dite par le général, où il est à nouveau question de ces avions non-US qui sont en train de supplanter ceux de l’actuel inventaire de l’USAF, et il dit ceci, – avec un mot en plus, un mot rarissime, un mot qui en dit si long… (Nous le soulignons de gras puisqu’il en dit si long, pour qu’il en dise encore plus long.)

    «Et il n’y a pas que ça qui est cuit. La flotte vieillissante d’avions de chasse – autres que le F-22 furtif – pourrait bientôt être dépassée par les avions de guerre russes, chinois et français. L’écart, entre eux a été comblé »

    … Quand un officiel du Pentagone ou alentour est branché en mode-autopilote-JSF (quand il parle spécifiquement du JSF, et non accessoirement comme Welsh le fait ici), les petites cases du cerveau s’ouvrent et se ferment parallèlement selon le programme prévu et la narrative excluant absolument l’existence du Rafale est la seule autorisée. A ce moment, le Rafale est, selon le titre que nous donnions à notre F&C du 7 mai 2015, un “non-être”. La déclaration de Welsh, elle, ne dépend pas exactement de cette narrative, mais de celle qui est intitulée “l’USAF est en pleine crise face aux ennemis russes et chinois, il nous faut des centaines de $milliards supplémentaires”. Là non plus, en général, le Rafale n’existe pas, de façon plus logique pensera-t-on, et il reste un “non-être” ; mais au contraire, voilà que, brusquement, le Rafale est cité. (Puisque, bien entendu, il faut entendre Rafale pour “French warplanes”.)

    Dans notre connaissance mémorielle des activités communicationnelle du personnel-robot du Pentagone et de l’USAF, une telle citation est tout simplement extraordinaire, car la condition de “non-être” du Rafale que nous avons signalée plus en détails pour la narrative-JSF est en fait une constante de toutes les narratives au niveau officiel. Dans cette intervention qui portait sur les “ennemis” et leurs productions, le discours aurait dû s’en tenir aux avions russes et chinois ; la citation du Rafale est un lapsus du type révélateur marquant sans doute la connaissance des derniers (et premiers) succès à l’exportation du Rafale, qui pourrait nous dire que la France est toujours considérée comme “ennemie” (il y a un peu de cela, à notre sens, mais pas seulement), ou qui pourrait bien nous dire autre chose. Dans le cas de cette seconde hypothèse, il s’agit de la conscience extrêmement dissimulée, à la limite de l’inconscience, du général Welsh qu’en fonction de toutes les données disponibles la crise de l’USAF est vraiment très profonde et que dans le cas du pire (l’évidence de la situation du JSF), il faudrait bien envisager des solutions jusqu’alors impensables, absolument extraordinaires, d’un achat d’un avion d’armes non-US puisque dans l’esprit de l’USAF vient de s’imposer l’évidence que la vieille génération (F-15 et F-16) est dépassée justement par des avions non-US. On en reviendrait à notre titre du texte référencé de 2008 («Imaginez-vous l’USAF devant choisir entre le Rafale et le Soukhoi Su-35?»), en excluant plus que jamais les Soukhoi pour cause d’excommunication de la Russie et de l’ensemble Russie-Chine, et en observant que Welsh n’a même pas daigné citer le Typhoon parmi les avions qui s’affirment aujourd’hui, – ce qui n’est pas mal vu et indique dans quelle estime les généraux US tiennent ce fer à repasser anglo-européen. Reste le Rafale, ce qui ouvre des perspectives où l’ironie autant que le surréalisme trouveraient leur place.

    Si non è vero, è ben trovato, – cela dit, en italien dans le texte, en observant que “la vérité” est aujourd’hui une matière bien insaisissable, et que le ben trovato pourrait bien en tenir lieu pour nous annoncer une vérité qu’on pourrait croire bien incroyable mais qui pourrait s’avérer après tout faisable.

    Philippe Grasset

    Partie anglaise traduite par jj pour le Saker Francophone


  • 31 Mai 2015

    Publié par Michel El Diablo

    Le jour ou nous avons défié les dieux... et les dieux n'ont rien pu faire (le blog de Descartes)

    Il y a exactement dix ans aujourd’hui, les français disaient « non » à une large majorité au traité constitutionnel européen. Si, comme l’a dit un politicien anglais, une semaine c’est très long en politique, dix ans sont une éternité. Il n’est donc pas trop tôt pour avoir une vision distanciée de l’évènement et d’en tirer quelques conséquences.

    D’abord, le cadre. Quoi que puissent dire ses thuriféraires, la construction européenne est dès le départ une construction anti-démocratique. Non par accident, non par un défaut de conception accidentel, mais par la volonté parfaitement assumée de ses fondateurs. Monnet, Schuman et les autres avaient tous un point commun : ils se méfiaient du peuple, cette masse à leurs yeux moutonnière toujours disposée à se laisser guider par de mauvais bergers et à faire la guerre. Pour sauvegarder la paix et le « bon gouvernement », il fallait enlever le pouvoir aux peuples pour le confier à des gens comme il faut, de bonne famille et impeccable éducation, une élite de techniciens détachés de toute loyauté nationale.

    Mais Monnet et les siens savaient qu’un tel projet était politiquement indéfendable. Après les affres de la deuxième guerre mondiale, il était hors de question de revenir à un despotisme fut-il éclairé. Les nations européennes se devaient d’être des démocraties, mais des démocraties « limitées », ou le peuple peut choisir de manière totalement démocratique la couleur du papier peint, mais certainement pas se prononcer sur les questions sérieuses telles que la politique économique ou sociale. Lorsque J-P Juncker déclare « qu’il ne peut y avoir de décision démocratique contre les traités », il ne fait qu’énoncer tout haut ce qui a été toujours le credo discret de la construction européenne. Mais il fallait maintenir tout de même l’illusion démocratique. C’est pourquoi on inventa la stratégie dite « des petits pas ». Il fallait réussir à pousser les peuples à mettre « démocratiquement » le doigt dans l’engrenage européen en lui soumettant des décisions en apparence bénignes – et en les accompagnant de force discours rassurants – mais qui par construction rendaient nécessaires des abandons de souveraineté de plus en plus grands.

    Cette logique a relativement bien marché lorsqu’il s’agissait de faire des règles sur l’étiquetage des concombres, et encore : on se souvient que les gouvernements du temps n’hésitaient pas à tracer des lignes rouges et à s’y tenir, comme ce fut le cas lors du Compromis de Luxembourg. Cela s’est déjà moins bien passé lorsqu’au nom des équilibres européens et dans un contexte de crise le plan Davignon – du nom d’un célèbre commissaire européen – a sacrifié la sidérurgie française pour sauver la sidérurgie allemande avec la complicité plus ou moins forcée des élites politico-médiatiques. Mais les choses se sont vraiment gâtées lorsque la logique des « petits pas » a conduit à toucher aux fondements de la souveraineté, et cela alors même que les politiques néolibérales creusaient la fracture sociale entre les « gagnants » et les « perdants » de la construction européenne. Le problème apparut dans toute sa splendeur en 1992, lors de la ratification du traité de Maastricht, qui transférait à l’Union européenne le droit de battre monnaie. On avait pu alors constater le fossé entre les élites qui avaient fait de la construction européenne un dogme indépassable – tout simplement parce que la construction néolibérale qu’est l’UE allait dans le sens de leurs intérêts – et les couches populaires de plus en plus malmenées par cette même construction. La ratification de ce que Mélenchon – vous savez, cet ancien trotskyste alors passé au service inconditionnel de Mitterrand et qui refera parler de lui en pourfendant ses héritiers, mais pas son héritage, quelques années plus tard – avait alors appelé « un compromis de gauche » avait finalement été acquise de justesse, en partie grâce à une utilisation massive de la machine à faire peur – genre « si le non passe, on sera obligé de fermer les cantines scolaires » - et en partie du fait de l’aveuglement d’une partie de la « gauche radicale » qui avait appelé à voter « oui » - comme les écologistes – ou à s’abstenir – comme LO.

    Mais les dieux aveuglent ceux qu’ils veulent perdre. Après leur victoire de 1992, les élites politico-médiatiques largement acquises au courant eurolâtre et soutenues solidement par la bourgeoisie et par les « classes moyennes » se sont auto-persuadées que la dernière digue venait de tomber, que la construction européenne était devenue une évidence indiscutable. Que les français ayant dit « oui » à l’abandon de leur monnaie, ne diraient pas « non » aux transferts de souveraineté suivants censés être nécessaires pour faire fonctionner leur nouveau jouet. Un jour, peut-être, un historien fera une analyse complète de cette auto-intoxication qui a conduit nos élites à imaginer que leurs opinions étaient de l’ordre de l’évidence, au point de croire – et de le dire – qu’aucun homme intelligent et de bonne foi pouvait penser autrement. En d’autres termes, ces élites ont perdu le contact avec la réalité. Elles ont totalement oublié qu’il existe des gens dans ce pays – et dans d’autres – pour qui la construction européenne n’est pas symbole de paix, de voyages à l’étranger, de consommation bon marché mais au contraire symbole de guerre économique, de chômage, de relégation. Elles on fait l’erreur que font partout et toujours les « classes moyennes », celui de croire qu’elles sont seules au monde. Et une fois la forteresse de la souveraineté monétaire tombée, l’élite eurolâtre s’est attaquée à la forteresse suivante : celle de la constitution.

    En effet, l’ambition des pères fondateurs d’enlever la souveraineté aux peuples s’est trouvé freinée par une contrainte juridique. La plupart des pays européens, pour ne pas dire tous, considèrent que leurs constitutions nationales sont placées en haut de la hiérarchie des normes, et soumettent logiquement les traités à la constitution. Cela implique nécessairement – et quoi que dise une cour de justice européenne acquise aux thèses eurolâtres – que le droit européen se place au dessus de toutes lois et décrets, mais ne peut s’imposer contre les textes constitutionnels, puisque le droit européen est issu des traités internationaux. En particulier, cela empêche l’Union européenne d’imposer aux nations des règles qui sont du domaine constitutionnel, telle que l’organisation des pouvoirs publics ou l’appartenance même à l’Union européenne, que n’importe quelle nation peut à tout moment décider de quitter l’Union européenne sans avoir pour cela à respecter d’autre procédure que celle que fixe sa constitution. Pour faire tomber cette difficulté, pour donner aux « lois » européennes prééminence décisive sur les constitutions nationales, il fallait donner une constitution à l’Europe elle-même, ratifiée par les peuples suivant une procédure suffisamment solennelle pour donner au texte une crédibilité qui la place au dessus des constitutions nationales.

    C’est donc dans la joie et l’allégresse du lancement des billets en Euro que les élites eurolâtres se lancèrent en 2001 à l’assaut de leur nouveau projet, en réunissant une « convention pour l’avenir de l’Europe ». Cette convention produisit un projet de « traité établissant une constitution pour l’Europe », texte de 448 articles (record toutes catégories pour une constitution) prétendant graver dans le marbre – de manière à empêcher tout retour en arrière – l’ensemble des dogmes néo-libéraux qui sont l’épine dorsale de la construction européenne. Bien entendu, fidèles à la tactique des « petits pas » on expliqua que ce traité était tout à fait innocent, qu’il ne faisait que codifier dans un texte unique les traités antérieurs, que non, pas du tout, il ne s’agissait pas vraiment d’une « constitution » au sens juridique, mais toujours d’un traité même si le titre disait le contraire… bref, les poncifs habituels destinés à endormir la vigilance quand au véritable sens du traité. Il y a fort à parier que si la ratification avait été acquises, on aurait tombé les masques le jour suivant le référendum pour proclamer que l’Europe avait finalement une constitution et que le principe de « concurrence libre et non faussée » inscrit dans celle-ci devenait un principe constitutionnel s’imposant au droit interne des états jusqu’au plus haut niveau.

    Mais les organisateurs de la « convention » sont ont été victimes de cette illusion si pernicieuse et si fréquente chez les élites endogamiques qui ont perdu contact avec les autres couches de la société : celle de confondre le consensus de ceux qui vous ressemblent avec le consensus de la société dans son ensemble. Si les organisateurs de la « convention » avaient pris la peine d’inviter à participer à celle-ci quelques eurosceptiques, ils auraient peut-être compris que le projet n’allait pas de soi. Mais les « classes moyennes » qui composent l’essentiel de notre oligarchie politique et médiatique a perdu depuis longtemps l’habitude – et la curiosité – d’écouter les autres. Erreur fatale qui fit de la « convention » une sorte de conférence d’eurolâtres convaincus d’où toute opinion dissidente était exclue. Le texte fut donc proposé aux dirigeants des états membres comme si sa ratification n’était qu’une formalité, comme si elle allait de soi. Au point que lorsque Jacques Chirac, alors président de la République, décida de soumettre le texte à référendum, notre classe politique jugea qu’il s’agissait d’une manœuvre tactique habile pour mettre le Parti Socialiste en difficulté en l’obligeant à mêler ses voix à celles de la majorité de droite pour ratifier le traité. Presque personne, dans le monde politico-médiatique, n’avait pointé les risques de l’option prise par Chirac, tant la victoire du « non » paraissait impossible.

    Ce n’est qu’au fur et à mesure de l’avancement de la campagne que les élites eurolâtres ont commencé à prendre peur. D’abord, parce qu’elles ont découvert avec horreur et surprise que loin de faire l’unanimité, la proposition provoquait des fractures profondes y compris dans les grands partis de gouvernement. Ensuite, parce que le débat a mis en évidence une deuxième fracture non pas idéologique celle-là mais économique et sociale. Une fracture que le candidat Chirac – qui, il faut le reconnaître, était un homme à l’écoute des opinions des autres – avait reconnu à l’instance de Philippe Séguin et de son collaborateur Henri Guaino lors de sa campagne présidentielle de 2002. Celle entre qui sépare les couches sociales enrichies, cosmopolites, protégées par leur capital matériel ou immatériel des affres de la mondialisation et qui ont bénéficié à plein de l’ouverture des frontières et de la « concurrence libre et non faussée », et des couches populaires qui sont les grandes perdantes du processus, que ce soit en termes sociaux, économiques ou politiques. Enfin, parce que contrairement à ce qui s’était passé en 1992, le président de la République n’était nullement prêt à lancer tout le poids de son autorité dans la balance, n’étant pas lui-même un eurolâtre convaincu (1).

    L’establishment européen aurait peut-être pu encore gagner la partie s’il avait été plus habile. Mais sa réponse aux doutes fut particulièrement maladroite. Comme en 1992 mais en bien pire on eut droit à une campagne de bourrage de crâne, ou l’ensemble des médias – et on sait qui sont les gens qui écrivent dans les médias, n’est ce pas ? – fit preuve d’un unanimisme digne qui n’aurait pas étonné chez Kim Il Sung, mêlant des appels pathétiques quotidiens d’un Bernard Guetta et les vaticinations menaçantes de Rocard ou de BHL. Ce fut tellement grossier, tellement stupide, les cajoleries et les menaces dépassèrent tant de fois le niveau du ridicule… Jusqu’au bout, la caste politico-médiatique a cherché à persuader – en s’auto-persuadant au passage – qu’elle allait l’emporter. Et alors que la plupart des sondages « sérieux » - les guillemets sont à savourer – donnaient toujours le « oui » gagnant, le soir du 29 mai ce fut la surprise. Avec 55% des voix et une participation de 70%, les français ont dit « non » à la « constitution de l’Europe ».

    Une légende bien établie veut que tout le monde se souvienne ce qu’il faisait quand Kennedy est mort ou quand les tours du World Trade Center ont été détruites. En tout cas, je me souviendrai toute ma vie ce que je faisais ce 29 mai lorsque le camp du « non » a emporté la victoire à laquelle, je l’avoue humblement, je n’osais croire. Inutile de dire que chez moi le Champagne a coulé à flots, entre deux appels de copains qui travaillent dans les services de la Commission et qui voulaient savoir s’il était vrai que les hordes de Le Pen et du PCF réunies marchaient sur l’Elysée (2). Et qui m’expliquaient combien c’était la panique à Bruxelles, ou l’on avait du mal à croire les nouvelles venues de France, ou les hypothèses les plus folles étaient examinées, comme celle de refaire un référendum – on l’avait fait au Danemark pour la ratification de Maastricht – ou de passer outre au référendum avec une ratification par le Congrès. Mais le plus surprenant pour moi était leur surprise même. Même si le « non » n’avait pas partie gagnée au départ, on voyait bien et depuis des années les fractures s’ouvrir. Tôt ou tard, l’accident devait arriver. Or, ils ne s’y étaient pas du tout préparés. Les élites eurolâtres vivent dans une bulle où ce genre d’accident n’arrive pas. Elles sont incapables de comprendre que leur dogme ne soit pas partagé. Que dans le monde réel, celui qui n’est pas celui des salles de rédaction, des cabinets ministériels ou des services de la Commission il y a des gens qui pensent autrement et qu’il faut tenir compte de leur avis si on ne veut pas se planter. Pour elles, la construction européenne est un « bien » si évident, que celui qui ne le reconnaît pas doit être un fou et/ou un suppôt des forces obscures.

    Bien sur, une fois la surprise passée, la machine de propagande s’est remise en route. Il s’agissait de démontrer que non, les français n’avaient pas dit « non » à la construction européenne ni même à une certaine forme de construction européenne, mais que leur vote avait été guidé par des basses considérations de politique intérieure, quand il n’avait pas été guidé par des basses considérations tout court. Avec l’aveuglement qui caractérise nos pontes médiatiques, on nous expliqua que le peuple avait tort. Mais ces discours sonnaient creux. Loin d’être un accident conjoncturel, le vote français – suivi du rejet par les néerlandais – a fait prendre conscience aux élites bruxelloises qu’on rentrait dans une nouvelle ère.

    Que reste-t-il aujourd’hui de cette victoire du « non » ? Il est de bon ton dans la « gauche radicale » de dénoncer le traité de Lisbonne comme ayant passé outre le vote des français et réduit à néant l’effet du référendum. Ce n’est pas mon avis. D’abord, l’échec du traité marque la disparition du projet constitutionnel pour l’Europe. Même si le traité de Lisbonne a repris une partie – mais seulement une partie – des dispositions du projet, personne ne songe plus à donner à l’Europe une « constitution » qui disputerait la portée des constitutions nationales. Même la modification des traités est approchée aujourd’hui avec d’infinies précautions par des élites qui ont compris que le projet européen n’a rien de consensuel. La victoire du « non » a ouvert aussi la voie à une remise en cause du dogme de l’irréversibilité de la construction européenne. Le traité de Lisbonne, pour la première fois dans la longue liste des traités européens, inclut parmi ses dispositions la procédure permettant à un état membre de quitter l’Union Européenne, chose qui relevait auparavant de l’impensable. Et on peut aujourd’hui évoquer la sortie de tel ou tel pays de l’Euro ou de l’Union sans que cela apparaisse comme irréaliste.

    Mais surtout, la victoire du « non » a marqué symboliquement un tournant du projet européen. Disparus des discours les projets d’une Europe-nation fédérale, d’une « citoyenneté européenne » et autres balivernes. Le voile bisounoursien de cette Union idéale a été déchiré et nous laisse voir l’Union telle qu’elle est : un rassemblement d’états défendant farouchement leurs intérêts et refusant non moins farouchement de « payer pour les autres » face à une bureaucratie européenne pléthorique, inefficace et corrompue. Les autocollants « Europe, mon pays », les films de commande style « l’Auberge Espagnole », la vision Disney de l’Europe sont tombés ce 29 mai 2005 pour être ensuite achevés par la crise économique qui s’en suivit. Aujourd’hui, si l’on trouve une majorité des français pour dire qu’il faut rester dans l’UE et dans l’Euro, ce n’est pas une majorité d’adhésion mais une majorité de peur. Ce n’est pas une mobilisation pour le meilleur, c’est la résignation au moins pire.

    Sur le plan politique, le bilan est moins ragoûtant. On aurait pu un instant imaginer que le combat commun pour le « non » pouvait permettre aux jacobins de gauche et de droite de reconstruire l’équivalent du « gaullo-communisme » et de constituer un courant trans-partisan traversant la frontière gauche/droite. Malheureusement, la tranchée mentale qui sépare la droite de la gauche s’est révélée trop difficile à franchir, d’autant plus qu’il n’y a pas dans le paysage une figure charismatique capable de fédérer autour d’elle. Le « non de gauche » et le « non de droite » n’ont pas réussi à se parler, et c’est regrettable. A partir de là, chacun est rentré chez lui. Le « non de gauche » s’est atomisé presque immédiatement. Au parti socialiste, les « nonistes » sont rentrés dans les rangs pour se consacrer à leur sport préféré : l’élection présidentielle. Dans la « gauche radicale », les réflexes anticommunistes des groupuscules « alternatifs » ont fait rapidement exploser le front commun en une nébuleuse de groupuscules gauchistes plus intéressés par la poursuite des querelles d’un autre âge et de la construction de châteaux en Espagne que par un véritable combat politique. Par ailleurs, si les couches populaires ont voté majoritairement pour le « non », la « gauche radicale » n’avait ni le discours ni le projet pour garder durablement cet électorat. Le PCF achevait sa « mutation » - a moins que ce soit la « mutation » qui ait achevé le PCF. Pour séduire les « classes moyennes », il avait depuis dix ans renié systématiquement l’ensemble des références, des pratiques et des usages qui avaient fait de lui « le parti de la classe ouvrière ». Couronnant ce processus, le PCF commençait alors son virage « eurolâtre » en rejoignant le PGE, et n’allait pas ruiner ses espoirs d’en prendre la tête en tenant un discours souverainiste. Le PCF était donc particulièrement mal outillé en 2005 pour proposer un discours et un projet crédibles et susceptibles de séduire les couches populaires.

    Dans les recompositions de la politique intérieure, la principale conséquence de la victoire du « non » aura été d’accélérer la mutation du Front National. En montrant qu’il existait, en face des classes moyennes converties à l’eurolâtrie, un électorat populaire orphelin et prêt à se donner à celui qui serait à l’écoute de ses problèmes, la victoire du « non » a ouvert un espace politique aux secteurs les plus « populaires » du FN et donné à des personnalités souverainistes comme Florian Philippot de prendre pied dans l’appareil du FN. Rétrospectivement, c’est le Front National qui se sera donné les meilleurs outils pour récupérer l’héritage électoral du « non », en se posant radicalement en parti anti-UE et anti-Euro pendant que les « nonistes de gauche » tergiversent toujours sur le thème de « l’autre Europe » et n’arrivent pas à décider s’il faut ou non sortir de l’Euro.

    Bilan contrasté donc que celui de ce référendum gagné il y a dix ans. Mais ne boudons pas notre plaisir. Débouchons une bonne bouteille avec des amis en nous disant qu’un jour il y a dix ans le peuple français a fait mentir les pisse-vinaigre pleurnichards qui nous expliquent qu’il faut se résigner à l’inévitable et renoncer à peser sur l’histoire. Ceux-là même qui nous expliquent que si demain nous choisissions de sortir de l’Euro ou de l’UE – ou pourquoi pas des deux – le ciel nous tomberait sur la tête. N’ayons pas peur, chers amis : la France a fort bien vécu avec sa propre monnaie et sans Union européenne pendant des siècles. Et elle pourrait le faire demain si elle le décidait ainsi. Alors… a la santé de la République !

    Descartes

    (1) On ne remerciera jamais assez Chirac de son rôle dans cette affaire. Sa décision de soumettre le texte à référendum puis son soutien « a minima » du texte a permis le rejet du texte.

    (2) J’ai eu, je l’avoue, la tentation de leur répondre par l’affirmative…

     

    SOURCE:


  • 31 Mai 2015

    Publié par Michel El Diablo

    VENEZ débattre avec Grover FURR, auteur du livre: "Khrouchtchev a menti ": vendredi 5 juin 2015 à Paris

    VENEZ débattre avec Grover FURR,

    auteur du livre: "Khrouchtchev a menti "

    Vendredi 5 juin 2015 à 19h30 - Librairie Tropiques ,

    63 rue Raymond Losserand 75014 Paris

    Dans son « rapport secret » de février 1956, Nikita Khrouchtchev a accusé Joseph Staline de crimes immenses. Le rapport a porté un coup terrible au mouvement communiste international, il a changé le cours de l’histoire. Grover Furr a passé une décennie à étudier le flot de documents provenant des anciennes archives soviétiques et publiés depuis la fin de l’URSS. Dans cette étude approfondie du rapport Khrouchtchev, il révèle les résultats étonnants de son enquête : pas une seule des « révélations » de Khrouchtchev n’est exacte ! Le discours le plus influent du axe siècle – sinon de tous les temps – s’avère une escroquerie. Les implications pour notre compréhension de l’histoire de la gauche sont immenses.  Lire la suite…

    Une conférence organisée par la librairie Tropiques

     

    SOURCE: