• Grosses inquiétudes sur la croissance
             Chronique spéciale par Charles Sannat
    Charles Sannat est de retour de vacances. Il n'a pas pu s'empêcher de rédiger un édito et vous propose son analyse et sa vision du "mini-krach" boursier mondial que nous avons pu observer hier. Vous trouverez également son analyse de la situation actuelle, appelée croissance par les médias.

    Voici un extrait de son article : 

    "Ce n’est pas faute d’avoir hurlé dans le désert qu’il n’y avait pas de croissance. En tout cas, pas de croissance saine et autonome, ne reposant ni sur de nouvelles dettes, ni sur de nouvelles créations monétaires. Dans ce dernier cas, gardez présent à l’esprit que les politiques menées par nos mamamouchis ont abouties au résultat extraordinaire de dissocier la notion de croissance économique à l’idée de création de richesses. Nous vivons donc dans un monde où il y a statistiquement de la croissance (dettes plus création et injection de monnaie) mais pas de création de richesses… Et lorsqu’il n’y a pas de création de richesses nouvelles, tout cela fini par se voir.

    Du coup les « marchés » s’inquiètent… et s’il n’y avait pas de croissance ?"


    Rendez-vous sur loretlargent.info pour avoir accès à l'article complet. 
     
    > Voir l'Article Complet sur www.loretlargent.info
    Nous vous souhaitons une excellente fin de journée,
     

     


  • http://www.europalestine.com

    Publication CAPJPO - Europalestine
     
     

     


  • 25 Août 2015

    Publié par Michel El Diablo

    REMBOURSEMENTS des MÉDICAMENTS: LE PIRE est à venir !

    ACTUELLEMENT, TROIS TAUX DE REMBOURSEMENT DES MÉDICAMENTS PAR LA SÉCURITÉ SOCIALE COEXISTENT : 60%, 30% ET 15%.

    MAIS POUR COMBIEN DE TEMPS ENCORE ?

    Sans doute pas longtemps si la ministre des affaires sociales, Marisol Touraine, suit les préconisations de la présidente du "groupe de travail sur l’évaluation des produits de santé", Dominique Polton.

    Celle-ci, qui dit n’avoir pas encore finalisé ses propositions, a fait en juillet un exposé devant un auditoire très divers, composé de la Haute autorité médicale de santé, les mutuelles le ministère de la Santé, les représentants des médecins et des hôpitaux, les associations de patients.

    La communication sur cette réunion semble d'ailleurs avoir été savamment étudiée, car seul le journal "les Échos" en aurait eu communication (lire l'article des Échos). Cela fait d'autant plus craindre pour l'avenir.

    Notons au passage que les confédérations syndicales de salariés, dont la CGT, semblent avoir été écartées de cette restitution, alors que, pour ce qui est de la CGT, rappelons qu'elle est l'une organisation fondatrice de la Sécurité Sociale dont on fête les 70 ans en 2015. Écarter toujours plus les fondateurs de l'institution, qui sont aussi les principaux défenseurs des usagers et des malades, est la ligne de conduite permanente des pilotes de l'Assurance Maladie depuis que les usagers ont perdu leur droit de vote et le droit de désigner leurs représentants dans les conseils d'administration.

    L'objectif est, depuis cette époque, de répartir sur les assurés sociaux et les patients la contraction des recettes provoquée par la multiplication des exonérations de cotisations sociales patronales (appelées "charges" pour les besoins de la manoeuvre). Le "boa" des exonérations continue de serrer la Sécurité sociale dans ses anneaux, et de l'éloigner toujours plus de ses missions. L'effet de la casse de la démocratie à la Sécurité Sociale a été énorme, puisque les remboursements de médicaments, qui étaient de l'ordre de 90% à l'époque, se sont effondrés.

    INQUIÉTUDES SUR L'AVENIR DU TAUX DE REMBOURSEMENT À 15%

    L'exposé fait craindre sur les taux de remboursement de 15%. Celui-ci s’applique aux médicaments dont le service médical rendu (SMR) est prétendument faible. Cependant ce taux permet la complémentation du remboursement par les mutuelles ou les assurances. Sa disparition conduirait évidemment à faire disparaitre totalement le remboursement, y compris par les complémentaires, alors qu’ils sont prescrits par les médecins (voir notre article sur les effets du précédent déremboursement de 80 médicaments, qui étaient précédemment remboursés au moins à 15%).

    LA PRÉSIDENTE DU GROUPE DE TRAVAIL AURAIT PROPOSÉS 5 SCÉNARIOS, DONT 3 S’ATTAQUENT AUX TAUX DE REMBOURSEMENT.

    Ce sont ces 3 scénarios qui auraient suscités l’"intérêt" de l’auditoire, et qui auraient été décidés d’être creusés.

    Parmi eux, l’un prévoit donc la suppression du taux de 15%, tandis que les 2 autres révolutionneraient le dispositif vers "un taux unique de remboursement", nettement plus bas, évidemment, que le taux de remboursement moyen actuel, c'est à dire très en dessous de la moitié du taux de 60%.

    Dans ces trois scénarios, la présidente du groupe de travail propose de créer un dispositif de prise en charge forfaitaire de médicaments non-remboursés "pour des catégories de patients très limitées", sous prétexte d’ "empêcher lmes dérives". En réalité, les précédents déremboursement des médicaments font peser sur les malades des charges donsidérables de frais non-remboursés (Voir notre article précédemment cité, qui donne des exemples de reste à charge lourds pour les malades, qui sont absolument insupportables pour les bas salaires et les petites retraites).

    REVOILÀ LA "SIMPLIFICATION" AUSTÉRITAIRE !

    Lorsqu'on parle "simplification", on entend "austérité. Un autre chantier serait donc déjà acquis : dans tous ses scénarios, Dominique Polton préconise de « clarifier et simplifier les critères » de l'admission du médicament au remboursement, tâche qui incombe à la Haute Autorité de santé. Avec, évidemment, un chalenge : l'articulation avec le mécanisme de négociation du prix des médicaments, qui s'appuie sur l'amélioration du service médical rendu (ASMR), distinct du SMR qui sert de base au remboursement, et qui pourrait en être rapproché.

    L'affaire (le mauvais coup !) devrait revenir devant le groupe de travail avec des propositions arrêtées. Rendez-vous a été pris pour le 8 septembre 2015

     

    SOURCE:


  • 25 Août 2015

    Publié par Michel El Diablo

    «Ces groupes ultra-fanatiques et violents sont financés et armés par les puissances sunnites de la région.» D. R.

    «Ces groupes ultra-fanatiques et violents sont financés et armés par les puissances sunnites de la région.» D. R.

    Algeriepatriotique : Vous vous dressez contre la politique colonialiste et expansionniste d’Israël. Comment exprimez-vous cette opposition au régime raciste de Tel-Aviv ?
     

    Panthéa Kian : Nous soutenons les luttes des Palestiniens pour la libération de leurs territoires occupés et pour recouvrer leurs droits humains d'hommes et de femmes libres de la domination coloniale. Nous défendons la création d'un Etat palestinien souverain et indépendant, mais force est de constater que la continuité territoriale nécessaire à la création de cet Etat est morcelée par l'expansion sans cesse des colonies juives. Dans la troisième et dernière partie de mon article qui sera publié prochainement, je défends l'idée que considérant les réalités du terrain, seul un Etat laïque, démocratique et social, issu des deux peuples pourra restituer durablement les droits des Palestiniens sur l'ensemble de la Palestine et garantir l'égalité des droits de tous les citoyens indépendamment de leurs origines et leurs religions.


    Notre modeste contribution au mouvement de libération de la Palestine passe par la dénonciation des politiques pro-israéliennes du gouvernement de Hollande et de l'Union européenne, mais aussi par un travail d'écriture et d'analyse, par le soutien aux sanctions contre l'Israël, participation à la campagne de BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanction), par l'investissement de nos membres dans les comités locaux d'AFPS (Association France Palestine Solidarité) et d'autres organisations qui luttent pour la fin de la colonisation et pour une paix juste et durable entre les deux peuples. Notre site internet qui est l'outil principal de nos communications est visité par 4 000 à 10 000 de nos citoyens quotidiennement et notre liste de diffusion hebdomadaire de nos analyses dénombre près de 90 000 abonnés.
     

    Un enfant palestinien a été brûlé vif à Gaza. Comment avez-vous réagi à cet acte barbare ?
    Ce type d'actes criminels commis par des colons extrémistes ne sont malheureusement pas des actes isolés ni récents. Dynamiter les maisons et brûler les champs des Palestiniens était méthodiquement pratiqué par les groupes sionistes armés chargés d’expulser les autochtones et s'emparer de leurs terres depuis 1948, en préparation à la création de l’Etat d’Israël l'année suivante. Si ce dernier double crime du meurtre et de l'incendie d'une maison a enfin trouvé l'écho qu'il mérite dans les médias internationaux, c’est par le caractère sensationnel de cette tragédie où un bébé a été brûlé par les colons criminels. C’est cette couverture médiatique qui a obligé la condamnation de ces auteurs par Netanyahou, le grand boucher des enfants de Gaza il y a tout juste un an. Nous savons que ces terroristes agissent depuis bien trop longtemps dans l'impunité totale et avec la complicité des autorités militaires, politiques et juridiques, contre les vies et les biens des Palestiniens des territoires occupés.
     

    L’Occident craint un monstre appelé Etat Islamique ou Daech. Comment percevez-vous ce «phénomène» au sein de votre parti ?
    L'Occident qui craint Daech c’est le pyromane qui crie au feu ! Tout le monde sait que ce monstre est sorti du ventre d'Al-Qaïda, lui-même enfanté par les taliban qui sont une création de la CIA (l'opération Cyclone) et ses alliés saoudiens et pakistanais, dans le but de combattre l'Union soviétique en Afghanistan. Le général Wesley Clark, ancien général des Forces armées des Etats-Unis, a reconnu ce fait lors d'une interview avec la chaîne CNN dans ces termes : «L’Etat islamique a été créée grâce au financement de nos amis et de nos alliés... dans le but de combattre le Hezbollah.» C'est pour cela que Daech ne combat pas l'Occident, sauf quand c'est les forces alliées qui les attaquent, ni son protégé Israël. Même Madame Clinton l'a avoué dans ses mémoires Hard Choices. Ces groupes ultra-fanatiques et violents sont financés et armés par les puissances sunnites de la région qui les utilisent pour servir leurs objectifs politiques de contrer l'influence du shiisme, le triangle : Iran, Syrie, Hezbollah libanais. Les conquêtes de l'Etat islamique en Syrie et en Irak arrangent grandement les intérêts israéliens et les dirigeants de ce pays ne cachent pas que pour eux la menace à la sécurité d’Israël ne provient pas de Daech, mais d'Iran suivi de la Syrie et du Hezbollah.
     

    Comment interprétez-vous l’évolution de la situation dans le monde arabe ? De votre point de vue, le «printemps arabe» est-il le seul fait des peuples arabes en mal de liberté ou est-ce une action programmée ailleurs ? On parle beaucoup du projet du Grand Moyen-Orient…
    Ce qui a résulté du «printemps arabe» ressemble fortement à un coup de gel en plein avril. Pour répondre à cette question, il nous faut revisiter les révolutions qui ont balayé les régimes politiques des pays arabes les plus stratégiquement importants d'Afrique et du Proche-Orient. Commençons par la révolution libyenne qui portait initialement des revendications sociales et politiques d'un mouvement de contestation populaire, mais s'est transformée en une guerre civile où la population a payé le plus lourd tribut. Parmi les causes, d'une part la répression sanglante du régime de Kadhafi qui n'a pas hésité à bombarder sa propre population, mais aussi l'ingérence militaire occidentale qui a fait sombrer le pays dans le chaos le plus total. La responsabilité de ce désastre est à mettre sur le compte de la coalition colonialiste de Sarkozy, de Cameron et de Berlusconi (l'Italie étant l'ancienne puissance coloniale en Libye), assistés par les Etats-Unis et le Qatar. L'objectif de cette intervention armée présentée comme une opération à visées humanitaires n'était autre que le renversement de Kadhafi, un mégalomane insoumis aux puissants et régnant en maître sur l'un des pays les plus riches d'Afrique. Au carrefour du Sahara, de l'Orient et du Maghreb, la Libye possédait le tiers de toutes les réserves de change d'Afrique, ses potentielles ressources en hydrocarbure sont égales à celles de l'Algérie avec un dixième seulement de sa population. Pays aux richesses immenses et important par sa situation géostratégique. En effet, la Libye bordée par la mer Méditerranée au nord, partage des frontières avec l'Algérie, la Tunisie, l'Egypte, le Niger et le Tchad. Ces caractéristiques géographiques et politiques faisaient de la Libye de Kadhafi une puissance dérangeante et un obstacle aux intérêts impérialistes dans la région. Il fallait donc profiter de l'affaiblissement du régime confronté à la révolution, sans doute elle-même manipulée par les services secrets des Etats intéressés, pour détruire le jeune Etat-nation libyen, éclater l'entité nationale en groupes tribaux et démembrer son territoire en autant de zones tribales. Ces objectifs sont largement atteints grâce à la guerre civile provoquée et alimentée par les puissances intervenantes. En lieu et place d'un régime autoritaire, mais structuré et efficace, deux gouvernements se partagent le pays, l'un à l'est l'autre à l'ouest. Le pays est en proie au chaos et à l'affrontement armé entre factions rivales dont des groupes liés à l'Etat islamique et risque de nouveau une intervention armée de la coalition France-Italie-Angleterre. Des réseaux mondialisés de la contrebande affluent par ses multiples frontières poreuses dont le contrôle est disputé entre miliciens issus des tribus rivales. La grande quantité d'armes qui a été introduite dans le pays par la coalition impérialiste de l'Otan a surarmé ces miliciens et divers groupes djihadistes comme Daech qui utilisent ces territoires comme base arrière des actions militaires dans les pays voisins et pour la conquête de nouveaux territoires d'expansion. La branche libyenne de l'Etat islamique qui est le premier à posséder des territoires entiers sous son contrôle était née de ce chaos laissé par l'Occident impérialiste. Le printemps égyptien n'a pas donné le même désastre grâce à une armée autrement plus puissante, mais il a engendré un régime islamique autoritaire suivi d'un coup d'Etat et une junte militaire totalitaire et répressive. Je terminerai ces tristes constats par la révolution tunisienne, d'où le «printemps arabe» avait commencé. Dans un article que j'avais écrit en janvier 2011 (http://m-pep.org/Un-parfum-de-jasmin-plein-les), je soulignais le rôle des Etats-Unis dans la conclusion de la Révolution des jasmins. On sait grâce à WikiLeaks que le départ précipité de Ben Ali, poussé littéralement dans un avion sans destination précise, était décidé par l'Administration américaine et exécuté par l'ancien ministre de l'Intérieur tunisien. Avec le renvoi de Ben Ali, les Américains obtenaient à la fois affaiblissement de leur rival français qui bénéficiait jusque-là d'une position privilégiée en Tunisie et dans toute l'Afrique du Nord et l'ouverture aux capitaux américains du marché tunisien accaparé par le clan Ben Ali. Sans oublier l'importance géopolitique de la Tunisie avec 1 300 km de côtes sur la Méditerranée, le Sahara Occidental tout proche et ses ressources minières convoités, enfin les quelque 500 km de frontières communes avec la Libye, voisin stratégique du point de vue géopolitique.
     

    La France combat le terrorisme tout en continuant d’armer les rebelles en Syrie. Comment expliquez-vous l’acharnement des capitales occidentales contre le régime d’Al-Assad ? Que cache cette volonté de le chasser du pouvoir quitte à semer le désordre dans toute la région ?
    La France combat le terrorisme là où il met en danger la sécurité de ses citoyens ou menace ses intérêts économiques. Elle estime sans doute que les groupes terroristes qui combattent le régime syrien ne font pas partie de ces critères tant qu'ils n'agissent pas sur le territoire national. Selon la version officielle, la France fournit des armes à l'opposition modérée syrienne, pas aux rebelles djihadistes. Mais cette responsabilité lui incombe quand même à travers ses alliés politiques et partenaires économiques, le Qatar et l'Arabie Saoudite. Malheureusement, l'héritage gaulliste de la diplomatie française s'est transformé depuis 2007 en une diplomatie mercantile, calquée sur des intérêts financiers à court terme. Elle est devenue une diplomatie sans principe ni morale politique. La France qui, en échange de l'achat de ses avions Rafale par le Qatar et l'Arabie Saoudite, compte parmi ses amis ces monarchies qui n'hésitent pas, pour contrer l'axe Iran, Syrie, Iraq, de créer et d'alimenter les terroristes djihadistes, déclencher des conflits confessionnels des plus sanglants dans la région et semer la mort parmi les populations civiles. Ce théâtre sanglant des guerres de confessions cache dans ses coulisses des intérêts et des desseins politiques de domination régionale. Elles sont sans précédent historique du moins dans l'histoire contemporaine de la région. Les sunnites et les chiites ont vécu en paix durant de longs siècles, notamment sous la domination ottomane. Pourquoi se transformeraient-ils en ennemis mortels maintenant ? Qu'est-ce que les groupes djihadistes et l'Etat islamique sinon un pur produit des monarchies sunnites du Golfe et de leurs alliés occidentaux? A qui profitent leurs crimes contre les populations ? Quels intérêts servent-ils en détruisant les Etats souverains, laïques ou chiites de la région, sinon ceux des monarchies du Golfe et les plans impérialistes d'un Orient désintégré ?
    Interview réalisée par M. Aït Amara et Mohamed El-Ghazi

     

    Panthéa KIAN est membre du Conseil national du Parti de l'Émancipation du Peuple (ex- M'PEP)

     

    SOURCE:


  • 25 Août 2015

    Publié par Michel El Diablo

    ANTI-EURO -  sur la logique des « FRONTS » : Jacques SAPIR s’explique

    Le débat suscité par l’interview accordé à FIGAROVOX s’avère extrêmement instructif en ceci que l’on peut y lire l’état de la (non) réflexion de certains. Je précise à nouveau que les différences entre le texte publié sur FIGAROVOX[1] et le texte du carnet (largement plus développé[2]) sont de ma volonté. J’ai considéré que l’interview était déjà bien longue. Mais, ce débat ne reflète pas (seulement) l’état intellectuel d’une partie des militants et sympathisants de la gauche. On peut y lire aussi de véritables interrogations quant à la stratégie politique que devrait adopter un « front de libération nationale » pour reprendre l’expression de Stefano Fassina[3] ou ce que j’appelle quant à moi un « front anti-Euro ». L’objet de cette note sera donc d’éclaircir ou de préciser certains points. Que l’on ne s’étonne pas si le vocabulaire employé pourra apparaître daté (pour ceux qui s’en souviendraient). C’est que la question des « fronts » a une longue histoire. Mais, que l’on ne se méprenne pas non plus sur ce vocabulaire. On n’en usera que ce qui sera nécessaire.

     

    1 – Les caractéristiques de la période

    Toute réflexion sur la stratégie politique s’enracine dans une analyse de la période tant politique qu’économique. Celle que nous vivons a pris naissance dans le basculement qui s’est produit dans les années 1970 et 1980 et qui a produit la financiarisation du capitalisme. Non que la finance ait été chose nouvelle. Mais, à travers les processus d’innovations financières qui se sont développés à partir de 1971-1973, la finance s’est progressivement autonomisée des activités productives dans une première phase, puis elle s’est constituée en surplomb par rapport à ces dernières dans une deuxième phase. Aujourd’hui, la finance prélève une rente de plus en plus importante sur les activités productives, et ceci se traduit par l’ouverture impressionnante de l’écart entre le 1% le plus riche de la population et le reste de cette dernière. En découle aussi ce que l’on a appelé les « trente piteuses » par opposition aux « trente glorieuses », et qui sont caractérisées par la montée d’un chômage de masse et une faible croissance.

    Dans ce processus de financiarisation, un moment décisif en Europe a été la mise en place de l’Euro (pour l’appeler par son véritable nom : Union Economique et Monétaire ou UEM). Les institutions des économies qui ont adopté l’Euro s’en sont trouvées progressivement modifiées, que ce soit les institutions monétaires, qui furent les premières naturellement à être affectées, mais aussi les institutions productives (à cause de la distorsion importante de concurrence induite par un taux de change fixe sur le long terme) et enfin les institution sociales. Ce que l’on appelle aujourd’hui « l’austérité » n’est que le résultat de ce changement institutionnel. L’austérité est la fille légitime de l’Euro ; elle devenue depuis 2010 sa fille chérie. Après avoir tenté de ruser avec cette dernière dans les années 1999 à 2007, des pays comme la France, l’Espagne ou l’Italie, le Portugal et la Grèce ont été contraints, à des rythmes et dans des conditions qui sont à chaque fois spécifiques, à entrer dans le carcan de l’austérité. La domination de la thématique austéritaire sur la vie politique de ces pays correspond aussi avec l’enracinement de la financiarisation que permet l’Euro.

    Mais, l’Union Economique et Monétaire a induit aussi, et l’on peut aujourd’hui supposer que tel était bien l’objectif réel de ceux qui ont mis en place l’Euro, des changements importants dans la forme et les méthodes de la gouvernance politique. Le basculement vers un monde de déni systématique de la démocratie en découle. Il faut considérer que la monnaie unique n’est pas seulement un instrument de la financiarisation. Elle-même s’est progressivement autonomisée et est devenue un mode de gouvernement qui a des conséquences désormais chaque jour plus importante sur le fonctionnement politique des pays. Les parlements nationaux sont progressivement privés de leurs prérogatives souveraines, en particulier – mais pas uniquement – par le TSCG qui fut ratifié en septembre 2012. Cette dépossession de la souveraineté populaire et de la démocratie se fait au profit d’un seul pays, l’Allemagne. Elle a des conséquences politiques profondes à la fois sur les représentations des peuples et sur les mécanismes politiques tant dans les différents pays qu’entre ces derniers. C’est l’un des principaux facteurs promouvant des comportements anti-démocratiques dans les pays européens. L’une des conséquences de l’Euro est l’accentuation des effets de compétition et de concurrence entre les pays, effets qui désormais menacent directement la paix en Europe.

    Ainsi, nous sommes à nouveau confrontés à des contradictions sociales extrêmement fortes, tant à l’intérieur de chaque pays qu’entre ces derniers. Nous sommes à nouveau confrontés à une période de troubles et de révolutions.

     

    2 – Les taches de la période

    Les institutions mises en place dans le cours de la période, et plus particulièrement dans la phase actuelle de domination de la finance, constituent un ensemble qui fait système. Mais, en Europe, on perçoit la place centrale qui est occupée par l’Euro. C’est ce qui fait de la destruction de l’Euro l’objectif stratégique aujourd’hui. Toute tentative visant à sortir de la financiarisation et de l’austérité en restant dans le cadre de l’Euro est vouée à l’échec. On a pu le constater avec les événements qui se sont déroulés en Grèce cette année. A partir du moment où le gouvernement grec acceptait de faire du maintien dans l’Euro la condition de sa politique, il mettait sa tête sur le billot, comme l’a montré le diktatqui lui fut imposé le 13 juillet. En s’attaquant à l’Euro directement, on ouvre au contraire une brèche dans le système institutionnel. L’Euro aboli, une partie des institutions existantes deviennent incohérentes (y compris des institutions de l’Union européenne) et leur remplacement ou leur évolution redevient possible. Mais, dire cela implique que l’on se situe dans l’univers des possibles et non de la certitude. L’abolition de l’Euro n’entraînera pas automatiquement ce résultat. Mais, tant que l’Euro restera en place aucun changement n’apparaît possible. La destruction de l’Euro est donc une conditionnécessaire mais non suffisante.

    Il faut donc non pas se limiter à la seule destruction de l’Euro (qui est un préalable indispensable) mais aussi penser ce qui pourrait accompagner cette destruction et la reconstruction qui suivra. Cela implique un projet de reconstruction global de l’économie avec des implications dans le domaine monétaire et bancaire, dans celui de la production, des mesures sociales et environnementales, de la fiscalité, etc.… Il est aussi clair que la destruction de l’Euro impliquera de repenser les formes et les processus d’insertion de la France (ou de tout autre pays) à l’échelle internationale. La destruction de l’Euro conduira à la mise en œuvre d’une autre forme de politique étrangère ainsi qu’à une redéfinition de nos relations avec les pays européens. Ce projet est considérable. Il implique un niveau de consensus dans l’opinion, consensus qui ne pourra se construire que sur une convergence d’opinions, voire des accords précis sur un certain nombre de points. La lutte contre l’Euro impliquera une alliance quelle qu’en soit la forme (et elle pourrait se limiter à une forme implicite). Mais, cette alliance devra s’étendre aux mesures d’accompagnement immédiat de la destruction de l’Euro. C’est en cela que la meilleure analogie pourrait être avec le programme du CNR qui ne visait pas seulement à la libération du territoire mais posait aussi des objectifs de réformes importants de la société française.

     

    3 – L’hypothèse de Stefano Fassina

    En raison de sa place centrale dans le mécanisme de domination capitaliste actuel, et en raison de la sujétion dans laquelle est tenue la France (et la souveraineté populaire), cette lutte contre l’Euro peut s’apparenter à une lutte de libération nationale. Cette expression a été employée pour la première fois par Stefano Fassina. Il appelle à la constitution de « fronts de libération nationale » dans les différents pays qui ont été assujettis à la logique austéritaire et aux visées de l’Allemagne, et il est – en partie – rejoint sur ce terrain par Romano Prodi[4], l’ancien Premier-ministre italien.

    Ce type de vocabulaire, s’il possède une capacité d’appel très important, pose néanmoins le problème de ce que l’on désigne sous le vocable de « logique frontiste ». Cette logique frontiste est combattue par ceux qui pensent que le problème se réduit à un affrontementglobal entre le capitalisme et les « révolutionnaires » et qui ne sont prêts à aucun compromis au nom de la cohérence de ce combat. L’argument le plus important contre la « logique frontiste » est que les compromis nécessaires que doivent passer des forces de gauche les empêchent de construire les mobilisations populaires qui sont leurs seuls points d’appuis. Les forces de gauche se trouveraient donc désarmées par une logique soumettant la dynamique générale du combat aux obligations de la constitution d’un « front ». Elles seraient amenées à perdre que ce soit avant d’avoir atteint le premier objectif ou immédiatement après la réalisation de cet objectif lors de la phase dite « d’exploitation » de la victoire initiale [5]. Dans cette critique de la logique frontiste, on devrait passer instantanément, et avec aussi peu de médiations que possible de l’objectif d’étape à l’objectif général. Mais, cette critique repose sur en réalité sur une théorisation de la Révolution russe qui n’a que peu de rapports avec ce que fut la pratique réelle des Bolcheviks. De fait, les objectifs qui assurèrent le succès du mouvement révolutionnaire furent essentiellement des objectifs réformistes, cimentés par le consensus nationaliste une fois l’intervention étrangère déclenchée contre la révolution.

    Mais, il est aussi évident qu’une soumission trop étroite des diverses forces à l’objectif immédiat, l’incapacité (ou le manque de volonté) de penser « l’après » ont été des facteurs important d’affaiblissement de la lutte. Dans le cas des luttes menées contre la colonisation, les mouvements qui ont réussis sont ceux qui ont su associer la dynamique du combat immédiat pour l’indépendance à des perspectives de construction de la société postcoloniale. La validation d’une stratégie de « front » n’est donc pas une question de principe. Elle repose sur un certain nombre de règles que l’on peut énoncer ainsi :

    • Préparation de « l’après » dès la phase initiale de la lutte.
    • Maintien de l’autonomie tant stratégique que politique des forces cherchant à promouvoir un réel changement social.
    • Capacité de réunir autour du « front » le plus grand nombre et d’isoler l’adversaire.

     

    4 – La logique des fronts

    On discerne immédiatement qu’aucun parti ou mouvement ne pourra à lui seul porter le programme concernant « l’après ». La question des alliances se pose donc, et avec elle celle de leur forme. Les alliances peuvent être réduites au minimum dans certains cas (un pacte tacite de non-agression) comme elles peuvent être plus développées (participation commune à des structures politiques, voire à des gouvernements).

    Cette question des alliances se pose dans l’immédiat, afin d’avoir la force nécessaire pour vaincre les obstacles de toutes sortes qui s’élèveront entre les forces anti-Euro et la destruction de ce dernier. Car, il ne faut avoir aucun doute sur le fait que dans la défense de l’Euro nous aurons une bonne partie des forces politiques traditionnelles, les banques et le grand patronat, mais aussi une large partie des « prescripteurs d’opinions » de la presse. Une partie importante de ces forces est transfrontière, qu’il s’agisse des partis politiques ou des milieux d’affaires. Ces forces susciteront toutes les formes de division possible. Cela veut dire que si la bataille se déroulera nominalement dans le cadre français, elle opposera en réalité des forces internationales au « front » qui combattra l’Euro.

    Il devient évident, dans ces conditions, que l’un des points clefs de la réussite de ce front sera au contraire la capacité d’unir la population française et une partie de la petite bourgeoisie et de porter la division au sein de l’adversaire. Il faudra montrer en quoi une large majorité de la population bénéficiera de la suppression de l’Euro, qu’il s’agisse des catégories les plus défavorisées comme de certaines catégories de patrons de PME et PMI. L’absence ou la faiblesse des représentations politiques de ces dernières catégories implique que la bataille pour les gagner au « front » anti-Euro passera essentiellement par des thèmes idéologiques et par la capacité à maintenir l’activité courante à un niveau normal. Souvenons-nous de la pression très forte qu’a exercée la Banque Centrale Européenne sur la société grecque en organisant dans les faits une crise de liquidités dans ce pays. Mais, il faudra, aussi, diviser l’adversaire et le convaincre, dans ses représentations, qu’une destruction de l’Euro est inévitable afin d’engendrer en son sein des comportements de « sauve-qui-peut » qui désarticuleront rapidement sa capacité d’action et de réaction. Le phénomène des anticipations auto-réalisatrices doit pouvoir jouer au détriment de l’adversaire. Cela implique que des propositions comme celles d’un « plan A » rationnellement discuté (et qui peut avoir une certaine validité théorique), ou d’un référendum sur l’Euro devront être abandonnées très vite car de la rapidité des réactions et de l’avancement du « front » contre l’Euro dépendra largement sa victoire.

    Une deuxième condition du succès est que le « front » ait une idée claire des mesures qui accompagneront la sortie de l’Euro que ce soit dans l’immédiat ou dans le moyen terme. Rien ne serait plus destructeur pour ce « front » que d’aller à la bataille sans avoir un accord, même implicite, sur ses mesures. Car, il faut savoir qu’une fois les opérations engagées, elles se dérouleront dans la temporalité des marchés financiers (même si ces derniers sont techniquement fermés en France), et que cette temporalité s’apparente à celle des opérations militaires. On l’a clairement vu lors de la crise de Lehman Brothers en 2008. Il est donc hors de question de s’engager dans cette bataille avec pour seule idée la « reconstitution de la souveraineté monétaire ». Il faudra pouvoir être rapidement beaucoup plus précis, même s’il n’est pas utile d’entrer aujourd’hui dans les détails. En un sens, la sortie de l’Euro se planifie comme une opération militaire, que ce soit à très court terme, mais aussi à moyen terme. Un accord, je la redis même implicite, sur les mesures à prendre sera l’une des conditions de réussite, ou d’échec, du front anti-Euro.

    La troisième question qu’il faudra régler concerne à l’évidence la superficie de ce « front » et ses formes de constitution. De très nombreuses formules peuvent être imaginées, allant de la coordination implicite (pacte implicite de non agression) à des formes plus explicites de coopération. Rappelons ici que lors de l’élection présidentielle de 1981 les militants du RPR ont collé des affiches de François Mitterrand…On ne peut chérir éternellement les causes des maux dont on se lamente et, à un moment donné, la logique de la vie politique voudra que soit on sera pour la sortie de l’Euro soit on sera pour conserver l’Euro. Il n’y aura pas, alors, de troisième voie.

    Il est évident que ces diverses formes d’ailleurs ne s’opposent pas mais peuvent se compléter dans un arc-en-ciel allant de la coopération explicite à la coordination implicite. Mais on voit bien, aussi, qu’à terme sera posée la question de la présence, ou non, dans ce « front » du Front National ou du parti qui en sera issu et il ne sert à rien de se le cacher. Cette question ne peut être tranchée aujourd’hui. Mais il faut savoir qu’elle sera posée et que les adversaires de l’Euro ne pourront pas l’esquiver éternellement. Elle impliquera donc de suivre avec attention les évolutions futures que pourraient connaître ce parti et de les aborder sans concessions mais aussi sans sectarisme.

    Du point de vue des formes que pourraient prendre ce « front, la formule « marcher séparément et frapper ensemble » me semble la mieux adaptée. Ceci n’épuise pas – et de loin – la question de la superficie du « front ». Il faudra vérifier la possibilité de détacher du Parti « socialiste » certains de ses morceaux, vérifier aussi la possibilité de pouvoir compter avec des dissidents de l’UMP et des souverainistes issus des partis indépendants (et on note avec satisfaction les discussions entre Nicolas Dupont-Aignan et Jean-Pierre Chevènement). Il faudra enfin, et ce n’est pas la moindre des taches, unifier la gauche radicale. Ces diverses taches n’ont plus été à l’ordre du jour depuis 1945 dans notre pays. La perte d’expérience est ici considérable, les réflexes sectaires sont largement présents mais, surtout, la prégnance d’une idéologie moralisante se faisant passer pour de la politique constitue le principal obstacle, et la force principale de nos adversaires.

    Les raisons de potentiels désaccords seront extrêmement importantes dans ce « front », s’il se constitue. Mais, la véritable question est de savoir si les femmes et les hommes qui composeront ce « front » sauront dépasser leurs désaccords, quels qu’ils puissent être et aussi justifiés puissent-ils être, pour comprendre que l’objectif de sortie de l’Euro, avec tout ce qu’il implique (et que je ne rappelle pas) impose de mettre provisoirement ces désaccords de côté. C’est à cette aune là que nous verrons si le camp des forces anti-Euro est capable d’affronter les taches de la période.

    Jacques SAPIR

    le 23 août 2015

     

    [1] http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2015/08/21/31001-20150821ARTFIG00294-montebourgvaroufakis-sortie-de-l-euro-le-dessous-des-cartes-par-jacques-sapir.php

    [2] http://russeurope.hypotheses.org/4225

    [3] Fassina S., « For an alliance of national liberation fronts », article publié sur le blog de Yanis Varoufakis par Stefano Fassina, membre du Parlement (PD), le 27 juillet 2015,http://yanisvaroufakis.eu/2015/07/27/for-an-alliance-of-national-liberation-fronts-by-stefano-fassina-mp/

    [4] Voir son éditorial d’Il Messagero du 8 aout 2015,http://www.ilmessaggero.it/PRIMOPIANO/ESTERI/europa_fermi_inaccettabile_blitz_tedesco/notizie/1507018.shtml

    [5] On retrouve ici la critique Trotskiste du Frente Popular lors de la guerre civile espagnole, ou des fronts de libération nationale constitués durant la seconde guerre mondiale, avec en particulier la critique portée à l’encontre du PCF et du PCI pour la phase qui suivit immédiatement la Libération.

     

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