Mardi 25 août 2015, Sandrine Hurel, députée PS de Seine-Maritime, a annoncé sa démission. Sa mission sur la politique vaccinale a été prolongée par décret, obligeant l’élue à quitter ses fonctions à l’Assemblée nationale. Dès qu’une mission ministérielle dure plus de six mois, le parlementaire doit démissionner et céder sa place à son suppléant. L’organisation d’élections partielles n’est pas nécessaire, dans ce cas de figure. Et chez les Hurel-Le Vern, ça reste en famille : sa belle-fille, Marie Le Vern, 32 ans, conseillère régionale, lui succède. Alain Le Vern, le père de cette dernière et compagnon de la parlementaire démissionnaire, ancien président de la Région Haute-Normandie, s’est quant à lui reclassé à la SNCF, où il officie en tant que directeur général Régions et Intercités.
Une affaire de famille
Le blog Les cuisines de l’Assemblée nationale, hébergé par L’Express, se fait l’écho de cette passation, s’interrogeant « sur cette technique de « remplacement d’un parlementaire par une mission gouvernementale » qui donne le pouvoir de remplacer sans élection partielle au gouvernement. » Dans le cas de Sandrine Hurel, le hasard fait bien les choses : sa mission correspond à cette disposition et sa belle-fille peut donc lui succéder, sans avoir besoin de passer par la case élections. Une simplification des démarches qui peut faciliter la vie, s’amuse Le Lab d’Europe 1 :
C’est là que la situation devient cocasse : Marie Le Vern, suppléante de Sandrine Hurel et donc future députée de Seine-Maritime, est la fille d’Alain Le Vern, lui-même compagnon de… Sandrine Hurel.
Si cette passation est tout à fait régulière, elle n’en demeure pas moins éloquente : « On a connu des motifs de démission moins familiaux… », souligne le blog, Les cuisines de l’Assemblée nationale.
Une tactique politicienne ?
Les cuisines de l’Assemblée nationale interroge cette disposition qui offre la possibilité à un parlementaire de céder sa place, sans passer par les urnes. Une technique, voire une stratégie, selon certains. Le 17 août 2015, François Brottes, ex-député PS de l’Isère, abandonnait son mandat parlementaire pour rejoindre RTE (Réseau de transport d’électricité). L’opposition dénonçait la pratique de la mission parlementaire.
Les cadres des Républicains y voient une triste « manœuvre », une manière d’« éviter le retour au peuple » et de céder au « copinage », rapportait Europe 1.
Tactique politicienne ou hasard des calendriers et des missions de l’État ? Europe 1 de rappeler que certains élus, dans les plus hautes sphères, privilégient les liens familiaux, citant Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale, qui, travaillant avec son épouse, se plaît à renverser la situation et botte en touche : « Je n’ai pas embauché ma femme, j’ai épousé ma collaboratrice.»
« Une vision clanique de la politique »
Dans l’équipe de campagne du candidat aux élections Régionales en Normandie, Hervé Morin (UDI), on tire à boulets rouges. Interrogé par Normandie-actu, le porte-parole de la campagne, Alexandre Rassaërt (maire de Gisors, Les Républicains), déclare :
Je trouve ça extrêmement choquant. C’est presque drôle, tant c’est ridicule, mais c’est aussi très sérieux. Honnêtement, après les articles de Mediapart (NDLR à propos du fonctionnement du PS en Seine-Maritime), on aurait pu penser que les comportements évolueraient. Mais il n’en est rien et on assiste à un véritable mépris des électeurs, et à une manière clanique de faire de la politique. Du coup, nous voulons faire passer un message : nous refusons que la Normandie soit livrée à un clan.
Tout ça sous l’œil du "parrain" qui fait les présidents de région et de départements en imposant ses assistants parlementaires et autres employés : Marie, Rouly, Mayer Rossignol, Delesque et Cie.
On ne peut que se poser la question de la démocratie au sein du PS qui se pose toujours pour en donner aux autres...