Du malheur d’être gouverné par des ignares
« Marianne a le sein nu parce qu’elle nourrit le peuple. Elle n’est pas voilée parce qu’elle est libre. C’est ça la République. » C’est par ces mots que Manuel Valls a apporté sa pierre, hier, au débat sur le burkini, et plus largement sur ce qui oppose la société française à ses hôtes musulmans qui tentent de nous imposer leurs principes. J’avais abordé, il y a peu, le sujet de la liberté apportée aux femmes par la république, et une historienne s’est chargée sur Twitter de faire la leçon à notre Premier ministre, qui par son inculture, son incapacité à sortir des clichés mensongers, a tendu le bâton pour se faire battre :
Marianne a le sein nu parce que c'est une allégorie crétin!#Valls
mathilde larrere
3)On prit le modèle de l’allégorie antique de la liberté, qui avait déjà été utilisée au début de la révolution (d'où le bonnet phrygien)
mathilde larrere @LarrereMathilde
1)La première allégorie féminine de la République date de 1792, quand il fallut faire des sceaux pour la république pic.twitter.com/0AjrdPEAV1
2)Choisir une femme permettait de faire contre poids aux représentations masculines des rois, loi salique oblige
4)Cette 1ère république par ailleurs ne s’appelle pas Marianne, le prénom est postérieur
mathilde larrere
5)Son sein est dénudé sur le modèle des allégories antiques, sans que ça signifie quoi que ce soit… juste un code artistique
mathilde larrere
6)En 1830, Delacroix peint sa Liberté qui n’est pas une République, mais 1 liberté (Eugène n’étant pas républicain) pic.twitter.com/pWNk2iUxBB
C’est d’autant plus comique que le gazier dans son discours semble croire liberté et république sont une seule et même chose. Or, lorsqu’on y regarde de plus près, c’est juste l’inverse. La république a, dès ses débuts, supprimé tous les corps intermédiaires qui faisaient écran, avec succès, entre l’individu et le pouvoir central, protégeant ce dernier de l’arbitraire. Elle a également supprimé les corporations, maîtrises, jurandes, qui protégeaient avec succès les ouvriers, leur garantissant un temps de travail maximum indépassable, un certain nombre de jours chômés, un salaire minimum, un parcours de formation professionnelle. Alors que la monarchie avait réglé le problème des langues parlées par ses divers peuples avec l’édit de Villers-Cotterêts, la république n’a eu de cesse que de lutter contre ces dernières en imposant le français et cette fiction qui veut qu’il n’existe qu’un seul peuple, le peuple français.
On pourrait continuer longtemps la sinistre énumération des anciennes libertés passées aux pertes et profits par cette république soi-disant émancipatrice. En tous cas, l’intervention de Manolito aura fourni une bonne une occasion de rire, chose rare en cette rentrée qui n’est pas vraiment placée sous le signe de la gaieté.