• 22 Juin 2017

    Publié par El Diablo

    Élu député, François RUFFIN remonté à bloc contre MACRON

    François Ruffin interrogé sur RTL le 19 juin 2017


  • Les choses à venir


    Par James Howard Kunstler – Le 13 juin 2017 – Source kunstler.com

    http://sm.ign.com/ign_es/screenshot/default/la-momia-pelicula-tom-cruise-1_3k9e.jpg
    Au fur et à mesure que nos politiciens s’enfoncent toujours plus loin dans une nature sauvage légalisée, cherchant des fantômes de collusion russe, personne ne prête plus attention à la force la plus dangereuse menaçant la vie américaine : l’effilochage de la financiarisation de l’économie.

    La financiarisation est ce qui se passe lorsque les personnes responsables créent des montants colossaux d’« argent » ex-nihilo, en émettant des crédits, c’est-à-dire de la dette, puis créent des profits stupéfiants à partir de ces bulles d’actifs, des arbitrages des taux d’intérêt et d’autres opportunités pour éponger la richesse artificielle ainsi générée. C’était une sorte de tour de magie, qui a produit des monuments de richesse personnelle concentrée pour quelques-uns et laissé le reste de la population se noyer dans les obligations d’un avenir volé. L’avenir est maintenant sur nous.
     
    La financiarisation s’est exprimée aussi de manière intéressante, par exemple pour la rénovation étonnante de New York (Brooklyn surtout). Cela ne s’est pas produit simplement parce que la génération X a été révulsée par la banlieue ennuyeuse dans laquelle elle a grandi et a désiré une vie de cocktails artisanaux. Cela s’est produit parce que la financiarisation a concentré une immense richesse géographiquement dans les très rares endroits où ses activités avaient lieu – pas seulement New York, mais aussi San Francisco, Washington et Boston – et pouvaient soutenir un luxe comme les aliments et les préparations artisanales.

    Un peu de cette richesse a été extraite de la liquidation des biens du reste de l’Amérique où la financiarisation était absente, une sorte de vente de charité nationale des états oubliés et des personnes qui s’y trouvaient. Cette dynamique, bien sûr, a produit le phénomène du président Donald Trump, l’essence distillée de toute la détresse économique « là-bas » et la rage qu’elle impliquait. Les gens de l’Ohio, de l’Indiana et du Wisconsin ont été laissés avec un grand sac de rien et ils ont certainement remarqué ce qui leur avait été fait, mais ils n’avaient aucune idée de ce qu’il fallait faire à ce sujet, sauf peut-être essayer d’échapper à cette douleur permanente de leur vie ruinée avec de puissantes drogues.

    Et puis, un champion s’est présenté, et a promis de ramener les années merveilleuses de bien-être de l’après-guerre – même si le monde a complètement changé – et les pauvres gens sont tombés dans le panneau. Sans parler du fait que son adversaire – l’avare Hillary, avec ses centaines de millions de richesses mal acquises – était un avatar de la financiarisation qui avait mis leurs vies en bouillie. Cette femme les a même appelés « panier de déplorables», pour bien leur faire remarquer ce qui leur était arrivé.

    Et maintenant, les fausses promesses plutôt pathétiques du président Trump, tout le MAGA [Make America Great Again], se délitent exactement au moment même où l’économie financiarisée entre dans son moment de changement de phase catastrophique final. Les monuments de la richesse – en particulier les portefeuilles d’actions et d’obligations et la valeur présumée des placements immobiliers – se livreront à un processus que vous pourriez qualifier de découverte des prix de l’enfer, révélant leur valeur, c’est-à-dire quelque part entre peu et rien. Les dettes monstrueuses accumulées [217 000 milliards de dollars, NdT] des personnes, des compagnies et de sociétés souveraines seront brusquement, de manière choquante, absolument et évidemment impayables, et leurs titres seront absorbés par les vortex espace-temps représentés dans les films sur les momies et les astronautes. Et tout à coup, les avatars de cette richesse verront leur vie tourner en eau de boudin, juste comme les déplorables décalés, amateurs de Budweiser, accros à l’oxycodone et vivant sur des parkings plats et ennuyeux, ces terres perdues de l’utopie en ruine du tout-conduite, qui ont vu leurs vies réduites en bouillie marron-et-jaune qui s’écoule dans le sens des aiguilles d’une montre dans les toilettes de l’histoire.

    Personne au pouvoir dans ce pays ne prête attention à la proximité de ce moment épique – du moins, ils n’en parlent pas. Si la possibilité existe que tout cela occupe même un coin éloigné de leur cerveau, ils ne savent sûrement pas comment préparer la population, ni quoi faire à ce sujet. La vérité est que les sociétés réagissent en urgence à des crises majeures, comme l’éminente démolition de notre économie financiarisée, souvent de manière désordonnée et surprenante. Je suppose que nous devrons regarder ce spectacle écœurant et, en attendant, profiter du mélodrame de la collusion russe pour ce qu’il vaut, probablement plus qu’un billet pour Wonder Woman ou le nouveau film de Tom Cruise sur les momies.

    James Howard Kunstler

    Traduit par Hervé, vérifié par Wayan, relu par nadine pour le Saker Francophone


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  • Ce que nous faisons dans la vie résonne dans l’éternité


    C’est vrai aussi pour le changement climatique


    Par Ugo Bardi – Le 6 juin 2017 – Source CassandraLegacy


    « Ce que nous faisons dans la vie résonne dans l’éternité » est tiré du film Gladiator (en fait de Marcus Aurelius). Ce que nos politiciens font maintenant, et feront dans un proche avenir pour le climat, résonnera pendant longtemps dans l’avenir de notre planète.

    La décision du président Trump de quitter l’accord de Paris a été dénoncée, à juste titre, presque partout ailleurs hors des États-Unis, mais certains commentateurs ont noté que Trump aurait peut-être bien fait, quoique pour de mauvaises raisons. Il semble que pour beaucoup de politiciens et d’industriels, le traité de Paris ait été considéré comme l’outil parfait pour sembler faire quelque chose tout en noyant le poisson. Personnellement, je suis d’accord avec cette interprétation, surtout par ce que je connais des politiciens italiens.

     
    Donc, voici un lien vers un texte où la décision de Trump est analysée dans ces termes. Je suis impressionné par la déclaration de Graham Readfearn, selon laquelle le traité de Paris a été considéré par l’industrie du charbon comme un moyen d’obtenir un financement pour le « charbon propre » et d’autres technologies inutiles. Encore une fois, connaissant les personnes impliquées dans ce genre de tours de passe-passe, cela ne m’étonne pas du tout.

    En fin de compte, la tentative de Trump de revitaliser les industries mourantes, comme celle du charbon, est destinée à échouer et cela peut donner une mauvaise réputation à de mauvaises idées qui méritent vraiment leur mauvaise réputation. Et cela peut créer un élan pour faire les bonnes choses, comme le soutient par exemple Jean-Marc Jancovici.

    Ce que nous faisons maintenant résonnera sur l’avenir de notre planète et pendant longtemps.

    Voici un extrait de Graham Readfearn

    « Au moins deux compagnies de charbon, Peabody Energy et Cloud Peak, ont essayé de convaincre Trump de rester dans l’accord de Paris. Les géants du pétrole et du gaz Exxon et Conoco ont également exprimé leur soutien à l’accord de Paris.

    Ce combat interne représente deux approches différentes d’une industrie des combustibles fossiles qui tente de survivre. Une approche consiste à y aller au bulldozer contre la science du changement climatique et à attaquer le processus de l’ONU, tout en minant les principaux arguments de vos adversaires.

    Une autre approche est d’accepter la science, mais de travailler sur le système pour convaincre les gouvernements que le ‘charbon propre’ et les gains d’efficacité sont la voie à suivre.

    Ce dernier argument est exactement le raisonnement déployé par des entreprises charbonnières comme Peabody Energy et Cloud Peak.

    Selon les responsables de la Maison-Blanche cités par Reuters, ces entreprises voulaient que Trump reste dans l’accord de Paris, car cela leur donnait une meilleure chance d’obtenir un soutien pour leurs usines de charbon ‘à faibles émissions’. Ils pouvaient également obtenir une aide financière pour soutenir le développement de la technologie de capture et de stockage du carbone (CCS). »

    Ugo Bardi

    Note du Saker Francophone
    
    Ce petit texte d'Ugo Bardi, sur sa marotte du changement climatique, est intéressant à plus d'un titre. Il explique que finalement un accord, c'est du droit et que le droit, si on est riche, on peut s'en arranger. On peut même le retourner et que tout est négociable. Je continue à m'interroger sur l'axe de travail des « écolos du climat ». Pourquoi ne pas faire la chasse aux sources de pollutions mesurables et visibles ?
    
    Ils continuent à s'appuyer sur des structures étatiques, économiques et juridiques qui organisent ces inégalités à l'échelle mondiale, qui organisent toutes ces guerres le matin en déclamant leur angoisse sur le climat l'après-midi. En laissant la promotion de leur idéal à une clique de politiciens décrédibilisés, les écolos voudraient tuer l'idée de l'écologie qu'ils ne s'y prendraient pas autrement.
    
    Je vous renvoie par exemple vers un site climato-sceptique qui a publié une série argumentée et pose quelques questions gênantes.

    jacqueshenry.com : crise climatique

    Le pire c'est qu'il y urgence pour beaucoup de raisons à arrêter notre délire de croissance qui ne nous mène nulle part et à profiter du niveau d'infrastructure actuel pour nous réorganiser sur une base plus résiliente. Moins de confort peut-être mais plus de bonheur brut sûrement. Il s'agit d'aplatir la falaise de Sénèque pour pouvoir descendre en pente douce.

    Traduit par Hervé, vérifié par Wayan, relu par Catherine pour le Saker Francophone


  • Quand les généraux font de la politique


    Ils commencent par la tactique puis définissent la stratégie et enfin passent aux décisions politiques.


    Par Moon of Alabama – Le 16 juin 2017.

    13 juin 2017 – Mattis promet une nouvelle stratégie en Afghanistan, d’ici la mi-juillet.

    Le secrétaire à la Défense, James Mattis, a promis aux législateurs, ce mardi, une nouvelle stratégie militaire pour l’Afghanistan, d’ici la mi-juillet…

    15 juin 2017 – Environ 4 000 soldats américains supplémentaires pour aller en Afghanistan

    Le Pentagone enverra près de 4 000 soldats américains supplémentaires en Afghanistan, a annoncé jeudi un responsable de l’administration Trump, dans l’espoir de briser l’impasse d’une guerre qui en est à son troisième commandant en chef états-unien. […]

    La décision du secrétaire à la Défense, Jim Mattis, pourrait être annoncée dès la semaine prochaine, a déclaré le responsable. Il s’ensuit que Trump doit donner son accord à Mattis pour rassembler les troupes…

     

    Les États-Unis ont un problème avec Mattis, ancien général dans la Marine, comme secrétaire à la Défense. Mattis pense tactique, mais pas stratégie.

    Il n’est pas logique d’envoyer des troupes supplémentaires, quand on ne sait pas encore quelle stratégie elles devront servir. Il n’y a jusqu’à présent pas d’autre moyen de mettre fin à cette guerre en Afghanistan, que de simplement quitter le pays. Le racket qu’elle est devenue ne peut être arrêté que par une décision stratégique de haut niveau. Envoyer des troupes, avant même d’avoir décidé la stratégie, garantit automatiquement que le choix d’un retrait des troupes sera exclu des possibilités évaluées. C’est donc la décision tactique d’envoyer plus de troupes qui va décider de la stratégie.

    Mattis a déjà merdé, en permettant au commandement central des États-Unis de s’emparer du poste frontière d’al-Tanf, entre la Syrie et l’Irak. La petite garnison d’al-Tanf est dans une position légalement très douteuse et maintenant encerclée de trois côtés. Les seuls choix restants sont de reculer en Jordanie ou de lancer une grande guerre contre la Syrie, la Russie et l’Iran. Une guerre encore plus grande n’est probablement pas ce que l’administration Trump veut ou dont elle a besoin. Mais reculer sera reconnaître que la décision tactique du déploiement à al-Tanf était mauvaise et va être interprété comme perdre la face. Là encore, la tactique a précédé toute stratégie :

    La stratégie devrait décider des tactiques, quand il s’agit de manipuler des éléments soutenus par l’Iran en Syrie, et non l’inverse. Sinon, les États-Unis risquent d’énerver d’autres partis dans l’effort de guerre en Syrie, pour des raisons mal définies. Cela peut aussi entraîner l’expansion du rôle du Commandement des opérations spéciales, déjà surexploité, et augmenter la pression sur d’autres éléments de l’armée américaine – tout cela pour des objectifs mal définis et irréalisables. Les États-Unis ont la capacité de défendre une garnison dans le désert syrien. Cependant, les raisons de ce fait sont dépourvues de tout but à long terme…

    Certains apprécient Mattis en raison de sa position agressive contre l’Iran. Sa carrière n’est pourtant remarquable que pour les massacres auxquels il a participé (Fallujah, 2004). On prétend qu’il possède 7 000 livres. Je doute qu’il les ait compris ou même lus. Pour moi, il semble être l’un de ces dizaines d’officiers généraux plutôt médiocres, que l’armée américaine a produits. De tels officiers sont incapables de prendre de bonnes décisions stratégiques. Ils savent comment faire fonctionner la machine militaire, mais c’est la partie facile. Ils n’ont pas le sens de la diplomatie, de l’économie et des problèmes culturels. Ils sont incapables de comprendre l’autre parti. Ils n’ont jamais appris à gouverner.

    Le général McMaster, l’actuel conseiller à la sécurité nationale, semble également un homme de tactique et non de stratégie. Sinon, comment expliquer qu’il n’y ait toujours pas de cohérence visible dans aucun des grands enjeux dans lesquels les États-Unis s’engagent. La réaction à la crise du Conseil de coopération du Golfe a été chaotique. On n’a pu percevoir aucun plan stratégique pour l’Afghanistan, l’Irak ou la Syrie. Le pivot vers l’Asie semble mort. Les politiques actuelles sont réactives et ne sont pas le résultat d’une vision ou d’un schéma plus large.

    Tout plan doit passer de la décision politique à la stratégie (militaire), puis aux décisions tactiques. Ce que nous voyons maintenant, c’est la tactique qui entraîne une stratégie et la stratégie, alors, induit les politiques les plus importantes.

    On pourrait être reconnaissant, en particulier en tant qu’étranger, du fait que la politique étrangère états-unienne soit dans un état si misérable. Mais les dommages que pourrait provoquer une décision tactique mal calculée ou une réponse émotionnelle à un événement – sans même penser à la catastrophe – seront probablement plus vastes que ceux qu’une stratégie politique bien choisie pourrait causer.

    Moon of Alabama

    Traduit par Wayan, relu par nadine pour le Saker Francophone.