• 28 Août 2017

    Publié par El Diablo

    RÉSOLUTION de l’assemblée générale de l’ANC ( Association Nationale des Communistes) du 26 août 2017 à Marseille

    Résolution de l’ANC

    (Assemblée Générale du 26 août 2017 à Marseille)

     

    Nous avons regretté la dispersion dans la période récente des forces se réclamant de l’anticapitalisme et notamment des communistes, en nous efforçant de combattre les polémiques qui bien souvent entretenaient cette désunion.

     

    Nous avons déploré des volontés hégémoniques et parfois quasi monarchiques, que d’ailleurs de nombreux membres de la France Insoumise ne partagent pas. Parmi eux, nous connaissons des communistes authentiques, écœurés par les dérives opportunistes de la direction du PCF, qui se sont engagés avec fougue dans la campagne au côté de la FI dont nous n’ignorons pas par ailleurs la composition hétérogène et l’anticommunisme de certains de ces membres.

     

    Des attitudes de défense d’organisation pas toujours basées sur un contenu réel mais guidées par des choix tactiques ont conduit et conduisent encore à des sectarismes et des oppositions entre militants alors que nous avons besoin d’affronter ensemble la guerre que le capital fait au peuple.

     

    À l’issue de cette trop longue période électorale, on peut comprendre la fatigue et la déception de nombreux militants. Mais les illusions en faveur de Macron commencent à se dissiper, et on peut présager des luttes résolues à la rentrée, si les communistes fidèles à leur idéal savent se mobiliser à cet effet, et s’ils savent les animer sans sectarisme.

     

    Dans ce contexte, le rôle de l’ANC peut être important, si nous savons lui donner une orientation et des pratiques qui lui permettent de fidéliser ses adhérents actuels, et d’attirer des centaines d’autres communistes, désemparés par l’opportunisme de la direction du PCF et par le sectarisme de certains de ses critiques. Il nous faut retrouver des formes de lutte et une expression politique en phase avec le peuple et qui ouvrent de réelles perspectives de changement de société.

     

    Pour ne prendre que deux exemples récents : quelle solution progressiste en accord avec les salariés pour les chantiers de l’Atlantique et non une pseudo nationalisation qui est en fait une étatisation dont les travailleurs sont exclus et dont le seul but est une concurrence entre capitalistes ?

     

    Quelle politique pour le logement en lieu et place d’une APL qui n’a jamais cessé d’être, en fait, une atteinte au droit au logement que les opposants au capitalisme et à la spéculation immobilière ont longtemps dénoncée ?

     

    Pour que l’ANC puisse jouer ce rôle attractif, elle doit répondre à deux questions essentielles :

     

    1/ Quels principes d’organisation et quel mode de fonctionnement ?

    L’ANC de France n’est pas un parti, et n’ambitionne pas de constituer à elle seule le parti communiste de demain, fut-il rénové mais est prête à mettre toutes ses forces dans l’union avec d’autres dans ce but.

     

    C’est une association (loi de 1901) qui ambitionne de réunir tous les communistes fidèles à leurs principes, qu’ils soient affiliés à une autre organisation politique ou syndicale ou à aucune. Cela ne peut se faire que dans le respect absolu de la diversité des communistes, qui est grande actuellement.

     

    Pour autant ce respect de chacun ne doit pas prendre le pas sur la cohésion idéologique et remettre en cause la suprématie de l’intelligence et de la construction collectives. Chaque militant peut espérer en un futur parti communiste, épuré de ses dérivés opportunistes, carriéristes, électoralistes, avec des objectifs adoptés démocratiquement par ses adhérents, et mis en application par chacun d’entre eux : cet objectif n’est pas réaliste dans le contexte actuel, et ne peut être celui de l’ANC aujourd’hui.

     

    L’ANC doit évidemment être animée par un Bureau représentatif des sensibilités diverses qui la composent, et qui doit continuer à se concerter pour produire des textes au nom de l’ANC, publiés sur le site, parallèlement à ceux produits individuellement par les adhérents et signés par eux.

     

    2 / Notre association ne sera attractive pour les communistes dispersés que si elle est capable de répondre à la question “à quoi sert l’ANC” ?

     

    L’Assemblée générale propose trois réponses à ce questionnement.

     

    A / L’ANC doit se baser sur une analyse communiste ouverte, refusant fermement les dérives opportunistes, carriéristes, et électoralistes qui nous ont décrédibilisés dans le passé. Le Manifeste de l’association, rédigé il y a plus d’un an, conserve, en ce sens, toute sa pertinence, même si l’évolution de l’actualité peut nous amener à enrichir certains passages en cas de réédition.

     

    Notre idéal communiste repose sur la lutte contre l’impérialisme et pour la paix entre les nations ; nous avons pour objectif la disparition du capitalisme, grâce à la lutte de classe, et son remplacement par une société socialiste et démocratique, qui ne peut reposer que sur la propriété collective des grands moyens de production et d’échange.

     

    B / En attendant la constitution dans le futur d’une force communiste structurée et unifiée, l’ANC doit agir pour la formation des militant-e-s, par les analyses publiées sur son site, par les débats qu’elle organise, par les initiatives qu’elle prend : à ce titre, les débats prévus à Paris et Marseille pour réfléchir à l’héritage de la Révolution de 1917 doivent être des succès [1]

     

    C/ L’association doit créer un maximum de groupes locaux ou départementaux de l’ANC, seuls à même d’animer des actions concrètes, parce qu’ils connaissent les problèmes spécifiques locaux, ce que ne pourra jamais faire un Bureau composé de militants éparpillés aux quatre coins de la France. Un ancrage réel dans les entreprises comme dans les territoires nous apparait comme l’une des conditions de notre réussite.
     

    L'A.N.C. à la FÊTE DE L'HUMANITÉ 2017 :

    [1] Dans le même esprit, l’Assemblée Générale se félicite des débats projetés au stand PCF62, Fakir, et ANC à la prochaine Fête de l’Huma et invite les camarades présents à y participer et y faire participer en nombre :

    - Le vendredi 15 septembre à 18 h sur le thème à quoi sert un député ?, avec Ruffin (député FI) et d’autres élus et militants

    - Le samedi 16 à 11 h 30 sur la lutte contre l’impérialisme aujourd’hui, avec le PDP de Corée du Sud, l’Ambassadeur du Venezuela, et un membre du Collectif Communiste Polex.

    - Le samedi 16 à 14 h sur le syndicalisme international,

    - Le dimanche 17 à 11 h sur la lutte contre le FN avec des députés du PCF et de la FI.

    - Le dimanche 17 à 14 h sur le rassemblement et le rôle des communistes, avec notamment Hervé Poly, un représentant de l’ANC, etc...

     

    SOURCE :

     


  • Bonjour, voici la lettre d’information du site « CAPJPO - EuroPalestine » (http://www.europalestine.com)
    Si vous ne visualisez pas cet email lisez-le sur le site
    http://www.europalestine.com

    Publication CAPJPO - Europalestine
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      Nous vous attendons nombreux ce samedi 2 septembre après-midi Place Saint Michel pour demander la levée du blocus de Gaza, la libération de tous les prisonniers en détention dans les geôles israéliennes, dont l’avocat et militant franco-palestinien Salah Hamouri, ainsi que des sanctions contre... (suite)
       
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      Non content d’avoir détruit la maison familiale d’Omar al-Abed, lui-même assassiné après avoir tué trois colons en juillet, Israel vient de prononcer des peines de prison contre 5 membres de sa famille !
      "Une décision de justice inédite", comme disent certains médias français !
      Le père, la mère, un... (suite)
     
       
     

     


  • Manifeste pour un réveil révolutionnaire des exploités

    29 Août 2017 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #GQ, #Théorie immédiate, #classe ouvrière, #élections 17

    les exploités en octobre 1917

    les exploités en octobre 1917

    Dans le monde, et en France, qui forme la classe des exploiteurs ?

    Ils forment la classe bourgeoise, dont le régime de pouvoir économique, politique et social porte le nom usuel mais tout à fait trompeur de « démocratie ». Nous y trouvons les accapareurs de la richesse mondiale et de sa croissance fabuleuse, ceux qui confisquent à leur profit le progrès extraordinaire des sciences et des techniques. Le patronat organisé, international et national possède les grands trusts financiers, les banques, les médias qui exploitent et manipulent la crédulité publique, qui sont le noyau dur du pouvoir de cette classe, organisée au niveau mondial en nébuleuse, autour des grands groupes capitalistes anglo-saxons, et des réseaux humains, communs à l’économie, à la politique et à la culture, qui les animent. La bourgeoisie est donc composée des possesseurs de capital productif, de capital financier et des serviteurs intellectuels directs et bien payés de son pouvoir économique, de ceux qui créent et interprètent les récits de l’idéologie démocratique-libérale bourgeoise, de ceux qui sont les officiers et les cadres de l’armée idéologique du capital : hauts fonctionnaires, universitaires, cadres et animateurs des appareils d’État (Université, santé, armée), financiers et spéculateurs professionnels, organisateurs de la communication et du spectacle, stars du spectacle , du sport et des médias, artistes de renom…  La bourgeoisie exerce le pouvoir politique à travers les médias et les partis de gouvernements, tout en organisant une compétition interne entre divers clans, cliques, mafias, pour la distribution des postes et des bénéfices du pouvoir. Ce sont ses idées qui circulent partout et qui dominent l’opinion et le goût du public. Les exploiteurs ont en général une forte conscience de leur appartenance de classe, mais nient à qui veut les entendre l’existence des classes et leur lutte ; pour eux, il n’y a que des individus, ce qui bien sûr si c’était vrai faciliterait le maintien et l’aggravation de l’exploitation des masses.

    Qui sont les exploités ?

    Les hommes et les femmes toutes catégories de métier confondues et parfois les enfants qui fournissent un temps de travail gratuit au service des exploiteurs. Ou, pour le présenter autrement, qui travaillent contre une rémunération (un salaire, mais pas toujours) mais cette rémunération ne couvre qu’une partie, assez petite, de la valeur qu’ils ont produite en travaillant. Un travailleur rémunéré 12 euros de l’heure aura produit, par exemple, cinquante ou cent euros de valeur de marchandises (biens matériels ou services) et la plus value qu’il a produite gratuitement ira rémunérer les capitalistes, la classe bourgeoise en général, et reconstituer et élargir le capital. Les exploités forment le « prolétariat », qui regroupe l’ensemble des travailleurs qui ne possèdent pas le capital immobilisé dans les moyens de productions, outils, machines, matières premières, locaux, brevets, qu'ils utilisent en travaillant et qui sont indispensables à leur mise au travail, ou seulement une très faible partie de ce capital. On y trouve les travailleurs salariés de l’industrie et des services, les ouvriers et employés qui forment en réalité la même classe avec environ 50% de la population active, mais aussi ceux qui contribuent à la création de valeur indirectement, des travailleurs indépendants sans salariés, les chômeurs, les intermittents, les saisonniers, les intérimaires, les mères au foyer, une partie importante des étudiants (futurs exploités), et un grand nombre de salariés aux statuts autrefois favorables, les « cadres », dont les récents suicides ont bien montré l’aggravation de la condition. L’autre partie bien moins nombreuse des étudiants formera les "élites" de futurs exploiteurs. Les exploités composent donc l’autre classe principale, qui lutte contre la bourgeoisie parfois ouvertement, parfois sourdement, et qui polarise la société contemporaine, la société capitaliste, qui est restée inchangée de ce point de vue depuis plus d’un siècle. Mais le terme qui la désignait, « prolétariat », est rarement employé de nos jours. Emprunté à l’histoire romaine où il désignait les citoyens qui ne possédaient rien d'autre que leur progéniture, il fut adopté vers 1830 pour désigner d’un nom collectif la classe exploitée par la grande industrie naissante. L'éclipse de ce terme signifie que la réalité de l’exploitation et celle des classes sociales mêmes est niée par l’idéologie économique capitaliste, et parfois méconnue par les exploités eux-mêmes. Pourtant, s’il n’y avait pas d’exploitation il n’y aurait rien à gagner à employer des salariés, pour qu’ils produisent exactement la valeur de leur salaire !

    Les autres classes de la société

    Et la troisième classe importante est la petite bourgeoisie, très nombreuse dans les pays riches, composée souvent des mêmes professions que la bourgeoisie de plein droit, mais à plusieurs crans en dessous, parfois réduite malgré ses diplômes et sa culture à un revenu misérable. Certains secteurs (infirmiers, enseignants, techniciens spécialisés) sont en voie de prolétarisation. De même les « professions intermédiaires » qui sont en fait des employés ou des techniciens au service de la collectivité, qui sont nécessaires pour la revalorisation de la force de travail, mais qui ne sont pas non plus payés pour la totalité de ce qu’ils produisent (même si la productivité de leur travail est plus difficile à mesurer que celle, par exemple, des ouvriers de l’industrie ou des cadres commerciaux). Les indépendants pauvres (paysans, artisans, commerçants) oscillent entre prolétariat et petite bourgeoisie selon le succès de leurs affaires. Ce sont des classes en déclin, mais qui restent nombreuses dans les pays pauvres, et que le capital essaye de ressusciter artificiellement sous le nom de « auto-entrepreneurs », quand il vaudrait mieux dire « auto-exploités ».

    Le « lumpenprolétariat » des trafiquants, des délinquants et des mendiants autrefois isolés dans les bas fonds de la société a été rejoint dans la marginalité par une foule d’exploités vivant au jour la journée, rejetés par la généralisation du chômage, du sous emploi, de la précarité, de l’usage de la drogue, et de l’économie informelle. Mais il reste aussi une couche de profiteurs de l’économie criminelle qui est de l’autre coté de la barricade, et elle est nombreuse dans les métropoles du Sud. Il faut donc compter avec les exploités qui le sont directement, l’armée de réserve des chômeurs et des pauvres qui est bien utile au capital pour faire pression à la baisse sur les salaires de ceux qui ont encore un emploi, et des travailleurs pauvres quasi non consommateurs qui travaillent à leur survie physique, comme les centaines de millions de petits agriculteurs du Sud qui ne possèdent eux non plus presque rien.

    La proportion des classes de la société varie assez peu selon les pays lorsqu’ils ont achevé leur processus d’industrialisation. Il ne faut pas confondre en effet les classes avec les catégories professionnelles. Les ouvriers d’industrie nombreux en Allemagne, seront remplacés par des employés du tourisme en France, mais leur position dans la pyramide sociale sera similaire dans les deux pays. Les deux pays ont une structure économique différente et une structure sociale similaire, celle de tous les pays grands ou moyens qui ont achevé leur industrialisation depuis longtemps.

    Quelles sont l’origine et les moyens de l’exploitation ?

    L’exploitation, c’est du temps de travail non payé, et de la richesse remise gratuitement aux patrons.  Le taux d’exploitation (rapport : temps de travail gratuit/temps de travail total) est indépendant du niveau absolu du salaire. Mais les très hauts salaires vont souvent de pair avec des capacités d’épargne et des ressources non salariales qui vont permettre à leurs bénéficiaires d’échapper à l’exploitation.

    Le surtravail qui n’est pas rémunéré crée le profit des entreprises de production, puis des banques, des patrons, des médias, qui accumulent sans limite la richesse produite par les exploités de tous les secteurs d’activité, mais il est aussi responsable de l'usure au travail que subissent les hommes et les femmes de toutes les professions (souffrance au travail, salaire de misère, heures supplémentaires non payées, insécurité et précarité des postes de travail, etc.). Il est aussi le responsable direct du chômage, qui disparait automatiquement dans les sociétés qui suppriment l'exploitation. Une partie des travailleurs, à la suite d’une longue histoire de lutte sociale et syndicale, a obtenu une atténuation de l’exploitation, sous la forme de droits sociaux, et en particulier de sécurité de l’emploi. Souvent cet avantage se paye d’un salaire plus bas. Mais la différence entre travailleurs protégés ou non par un statut provoque un clivage parmi les travailleurs dont les patrons et les politiques bourgeois savent jouer pour fomenter des divisions.

    Le travail d’aujourd’hui a pris des formes variées et déguisées pour donner l’impression qu’il ne définit plus une classe, mais qu’il insère chacun, séparément et individuellement à un ordre mondialisé. Cet ordre confère au travail une forme d’indépendance non connectée de son exploitation et des profits qu’il engendre. Le travailleur n’est plus acteur de ce qu’il produit mais il est objet déshumanisé, déconscientisé, d’une chaine de production qui le rend consommateur passif de ce qu’il produit, et analogue à une simple machine de production à amortir le plus rapidement possible par le patron. L’information et le divertissement qu’il reçoit et qui dépeignent le meilleur des monde possible où il est censé vivre sont des vecteurs qui le rendent passif et en perte de repère sur sa fonction sociale, en perte de dignité car ses acquis sociaux disparaissent et ses luttes n’ont plus la même exemplarité. Elles sont devenues défensives : il s’agit de sauver l’emploi, plutôt qu’augmenter les salaires.

    La division de l’espace politique en « gauche «  et « droite » ne reflète plus comme autrefois (en 1936 par exemple) et à cause de l’inertie de la culture politique depuis très longtemps (c’était déjà le cas en 1968) la division et l’antagonisme social entre exploiteurs et exploités. De plus le champ politique tend à se couper suivant des lignes de fracture ethnico-religieuses, perpendiculaires aux divisions de la société en classes. Sociologie, journalisme, philosophie encouragent la substitution du désordre communautariste à la lutte des classes. Le fait qu’une grande partie des exploités qui vivent dans les pays riches ait immigré contribue à donner corps à cette mystification sociologique. Déjà aux XIXème et XXème siècles la bourgeoisie avait travaillé à substituer « la lutte des races » à la lutte des classes, et avait obtenu de nombreux succès dans cette grande mystification, notamment en développant l’antisémitisme, qui substituait la figure du juif à celle de l’exploiteur.

    Lutter contre l’exploitation

    Quel est le but des travailleurs, lorsqu’ils se lèvent et luttent contre l’exploitation, par la propagande, la grève, la manifestation, le soulèvement armé, le vote, ou tout autre moyen ? Améliorer leur vie quotidienne, dans un premier temps, puis supprimer l’exploitation dans un horizon plus lointain mais qui peut soudain se matérialiser comme à portée de main. L’expérience montre aussi qu’ils ne peuvent pas durablement améliorer leur vie dans la société capitaliste, s’ils abandonnent le projet de supprimer purement et simplement le capitalisme. Vouloir supprimer l’exploitation ne signifie d’ailleurs pas vouloir supprimer le travail gratuit générateur de plus-value, il signifie que la plus-value, au lieu d’enrichir le capitaliste, enrichira la collectivité.

    Cette libération économique est politique. Le but est de réaliser une véritable démocratie. La démocratie par son étymologie est le pouvoir du peuple tout entier, fondé sur des institutions qui tiennent compte de ses intérêts et sans l’exploitation des travailleurs par les détenteurs des moyens de production et financiers (les capitalistes), qui la rendent impossible en la vidant de tout contenu. Le suffrage universel sous contrôle capitaliste a cessé depuis longtemps d’exprimer, même de loin, la volonté du peuple, et est devenu un pur rituel de légitimation du pouvoir bourgeois. Le « pouvoir du peuple » est incompatible avec celui des multinationales qui annule l’effet des libertés d’information et d’association et du suffrage universel. La véritable démocratie est aussi l’outil pour mener une politique de justice sociale. Le peuple se représentera lui-même et choisira des dirigeants permanents qu’il contrôlera avec un mode d’élection adéquat qui lui donnera une direction stratégique sur l’économie ainsi que le contrôle de la richesse sociale, de l’usage de la plus-value, produite par le travail gratuit.

    Il s’agit maintenant de relancer l’offensive des exploités contre le capital, qui accapare richesse et pouvoir, en tenant compte du contexte actuel mais aussi du contexte historique des idéologies et des luttes qui ont précédé ce siècle qui a commencé sous de biens mauvais auspices au niveau international. La lutte pour la véritable démocratie populaire a subi de graves défaites au XXème siècle : défaite réelle (exemple : chute de l’URSS) et défaite symbolique, plus grave encore (exemple lié au premier: le discrédit dans laquelle est tombée cette dernière).

    Cependant dans certains pays d’Amérique Latine (pour ne citer que ce continent qui diffère des autres par la conjoncture historique), des réformes authentiquement démocratiques ont eu lieu récemment. Et l’exploitation capitaliste n’existe pas à Cuba où le peuple a fait sa révolution en la payant chèrement. Si Cuba et les Cubains sont pauvres en termes monétaires, il n’en demeure pas moins que malgré les contraintes qu’ils subissent et le blocus américain ils ne sont pas insérés dans une société reposant sur l’exploitation.

    La révolution ouvrière du XIXème siècle et de la première moitié du XXème était une négation de la politique qui prévoyait après la révolution le dépérissement anarchiste de l’État et qui voyait la démocratie comme une limite à la liberté individuelle dont l’épanouissement total était à l’horizon de la libération du travail. Pour les Communards, le paradis de la libération du travail était à portée de main. Pour tenir compte de l’expérience accumulée, la révolution des exploités se fixe aujourd’hui un projet réellement politique que l’on peut définir comme la prise de contrôle de l’économie par le politique, par l’État démocratique. Cela peut paraitre beaucoup moins ambitieux, beaucoup moins poétique, épique et millénariste. Mais c’est un acquis découlant de l’expérience du socialisme, qui a conduit à penser l’avenir dans une perspective réaliste.

    Lutter contre l’impérialisme

    Le développement capitaliste s’est heurté très tôt à une contradiction : voué totalement à la recherche du profit maximum, chaque capitaliste devait comprimer ses salaires, tout en étendant son marché pour vendre sa production;  or les salaires forment une grande part du pouvoir d’achat disponible sur ce marché. D’où le développement de politiques impérialistes, pour dérober le marché aux autres capitalistes, et l’antagonisme entre plusieurs blocs nationaux qui a abouti à la Grande Guerre de 1914. Par certains cotés nous en sommes revenus depuis les années 1980 à une situation globale assez proche de celle qui régnait il y a un siècle, où les contradictions internes du capital peuvent déboucher sur la guerre, la crise globale, mais aussi sur la révolution sociale.

    La Chine reste officiellement un pays socialiste, mais elle a réintroduit le capitalisme pour accélérer son développement, et résister au capitalisme étranger et tout fait penser qu’elle a bien fait ; tout en modernisant et enrichissant le pays, elle s’est en effet bien gardée de passer sous le contrôle du capital qu’elle a invité chez elle. La Chine est un pays où le capitalisme et le socialisme se mélangent, et par une singulière ruse de l’histoire, l’exploitation la plus aigüe du travail par le capital occidental délocalisé est mise au service du renversement du capital, ou au moins du capital occidental. En Europe pendant la guerre froide, on avait aussi mélangé le capitalisme et le socialisme, elle avait introduit de mauvais gré du socialisme chez elle pour résister au socialisme extérieur. L’Union européenne actuelle, depuis les années 1980, se donne pour mission non plus de redistribuer la richesse pour sauver le capitalisme, mais de supprimer ces éléments « socialistes » qu’il a fallu admettre à contrecœur dans la société occidentale, et aussi de privatiser les espaces publics, pour offrir une nouvelle frontière à la soif de profit. Il faut lutter contre « l’Europe » : car c’est ici, sur notre continent, nullement une nation nouvelle, mais le nom propre du capital. Et si la bourgeoisie internationale se mélange, s’homogénéise, et prêche le nomadisme généralisé, les exploités restent attachés, par des contraintes matérielles mais aussi des liens affectifs, à leur pays, le seul cadre d’existence politique qu’ils n’ont jamais eu.

    S’organiser maintenant

    Les exploités pour s’organiser adoptent la forme de parti qui convient le mieux à l’organisation sociale et au territoire dans lesquels ils vivent. Leur organisation est internationale, comme le capital, et nationale, car le langage par lequel les exploités communiquent est issu de leur culture nationale. Mais le nombre de vraies nations dans le monde, c'est-à-dire de nation ayant une réelle existence historique riche de luttes et de contradictions est sans doute beaucoup plus petit que le nombre actuel de pays formellement indépendant ; L’Afrique, par exemple, est une nation en formation, comme l’Amérique latine et le monde arabe. Le parti des exploités est forcément discipliné, et forcément démocratique, car il est l’embryon du futur État démocratique total (c'est-à-dire sans classes exploiteuses), et une masse anarchique et confuse, ou bien une armée d’automates, ne sauraient, ni l’une ni l’autre, y parvenir et le devenir. Le parti qui gouvernait l‘Union soviétique est presque parvenu à animer cette nouvelle forme d'État, il est parvenu à presque l’être pendant environ 40 ans, mais les conditions extrêmement dures qu’il a dû affronter ont forcément limité énormément les droits individuels de ses membres, et par extension les droits de tous dans l’ensemble de la société. Toute modération de la discipline sociale était impossible dans les conditions réelles de cette expérience historique pionnière et sans précédent. A l’avenir la structure du parti sera certainement moins disciplinée ; mais elle sera peut être aussi moins démocratique et moins efficace. Car la démocratie n’est pas la liberté des individus de faire tout ce qu’ils veulent s'ils ont assez d'argent pour cela, c’est la liberté de la collectivité humaine de maitriser son histoire et son développement futur dans une situation historique déterminée. Le consommateur individualiste de masse de la démocratie marchande capitaliste, qui est le contraire de la démocratie réelle, n’a aucune liberté, à part celle de se faire des illusions.

    Aujourd’hui les exploités ont des handicaps nouveaux dans leur tâche historique de libération du travail. Pour commencer ils ont tous subi un véritable lavage de cerveau au collège et au lycée, qui ne sert guère à autre chose que cela, pour leur faire accepter le caractère naturel et inéluctable du capitalisme, et pour leur dissimuler l’organisation de la société en classes ; et pour la moitié d’entre eux, cette mise en condition s’est poursuivie quelques temps à l’Université, où tout est fait pour les convaincre de l’identité du libéralisme oligarchique et de son contraire, la démocratie. Ils ont tous dû absorber le discours de diabolisation de l’histoire du socialisme, et ils ont subi la sidération devant les grandes menaces qui restent suspendues par le capitalisme sur l'avenir de l’humanité depuis les guerres mondiales, matérialisées par Hiroshima et par Auschwitz. Mais a contrario, ils disposent aussi pour s’organiser de capacités techniques sans commune mesure à celles dont disposaient leurs prédécesseurs qui lancèrent la grande révolution il y a un siècle. Une des contradictions du capitalisme est d’avoir mis entre les mains des masses des outils de communication et de gestion qui facilitent potentiellement beaucoup son organisation, et qu’elles utilisent pour le subvertir lorsqu’elles se réveillent à la lutte politique, inséparable de la lutte sociale si on veut lui donner une perspective de victoire.

    Définition de la classe révolutionnaire et sa position par rapport à la gauche petite bourgeoise

    Cette dernière peut être assez exactement définie le parti (forcément "pluriel") qui représente les intérêts des professions intermédiaires au service de l’État, des collectivités, ou des associations fonctionnant avec les subventions publiques. La gauche petite bourgeoise critique le capitalisme mais elle veut l’humaniser et l’aménager, et non seulement elle n’envisage plus de révolution, mais même plus d’atteinte à la propriété. 

    Elle a tendance à penser que tout le mal provient de la finance et de ses excès spéculatifs. Alors que ce qui caractérise l’exploitation, c’est que lorsqu’elle s’aggrave, c’est justement le moment où le capitalisme fonctionne le mieux ! Ce qui cloche dans la gauche de gauche, ce sont ses « bricolages » utopiques qui recommencent toujours depuis le temps du vieux Proudhon, afin d’obtenir une meilleure répartition des revenus du capital et du travail au sein du capitalisme, en espérant s’unir avec une fraction de la bourgeoisie contre la finance, sans avoir pour cela un rapport de force qui ne peut devenir favorable que dans la perspective d'une sortie définitive du capitalisme. Il est inutile de perdre son temps à proposer une politique keynésienne de redistribution des richesses au sein du capitalisme, comme pendant l’époque dite « des Trente Glorieuses », puisque la crainte du bloc socialiste qui expliquait alors la générosité du capital a disparu. Il faudrait plutôt résolument proposer une politique socialiste pour ici et maintenant, c'est-à-dire une politique où la puissance publique a pris le contrôle des moyens de production.

    Le mécanisme de l’exploitation a été décrit avec une précision scientifique poussée, par les maitres de la théorie révolutionnaire dès la fin du XIXème siècle. Elle est ignorée dans les universités capitalistes, ou bien elle y est présentée de manière éclectique et inutilement complexe, de manière à devenir inapplicable pour les masses. Cette élucidation des lois de l’économie justifie la révolution à faire : la prise du pouvoir par le travail et la confiscation des moyens de production des capitalistes ; puis elle esquisse une théorie de la crise et du développement capitaliste, qui annonce que le socialisme doit sortir des contradictions du capitalisme. Rien n’est véritablement venu la dépasser, depuis un siècle et demi, malgré les flots d’encre déversés depuis ce temps-là par les économistes, apologistes de la bourgeoisie.

    Mais ce ne sont pas simplement les contradictions économiques qui doivent amener à une crise décisive, ce sont aussi les conditions de la conscience : le capitalisme produit en réaction à l’exploitation une conscience critique chez les exploités; or il produit aussi chez eux, et avec surabondance dans la classe moyenne, une conscience servile. La lutte entre ces deux consciences, qui se déploie dans le champ de la culture, est primordiale, et l’une des premières tâches du parti des exploités est de former un groupe solide de cadres et d’intellectuels révolutionnaires dévoué à sa cause pour développer partout la conscience critique et révolutionnaire.

    Situation globale et nationale du capitalisme et de la classe exploitée

    L’objectif stratégique est de recréer les conditions subjectives de la révolution des exploités, à savoir l’espoir du progrès social, de la révolution, du renversement du capitalisme, et donc l’existence d’un parti (au sens historique et politique de ce mot), et de la perspective socialiste (avec le problème de communication que pose le discrédit dans le quel est tombé le terme « socialiste » à cause des  sociaux démocrates, qui ne sont plus d'ailleurs ni sociaux ni démocrates, qui ont récupéré le terme). Si ces conditions s’améliorent, le rassemblement des exploités commence. Il n’y aura dans un pays donné qu’un seul parti des exploités, car il a vocation à devenir l’État d’un type nouveau qui supprime avec détermination les résistances de la bourgeoisie contre la libération du travail. Mais cette unité est un résultat de la lutte et de la polémique, et ne peut pas être décrété en copiant les formes qu’elle a prises dans le passé.

    Le capitalisme maintenant semble extrêmement puissant, mais il est travaillé par ses contradictions internes. On peut le voir à plusieurs signes. D’abord, la motivation centrale et la source de l’énergie des individus qui animent l’activité capitaliste, la recherche du profit, est en crise ; il est devenu nécessaire de motiver de former et d’exciter par la propagande, voire par des subventions ( !) les créateurs d’entreprise, tellement la motivation leur fait défaut. Le "récit de l'entreprise" à remplacé "l'esprit d'entreprise". Il est devenu nécessaire aussi de maintenir en vie artificiellement la concurrence, et d’empêcher par la loi l’évolution vers la formation des monopoles qui anticipent dangereusement sur une organisation socialiste de l’économie (le socialisme n’est rien d’autre que la gestion de l’économie par des monopoles nationalisés). Les États libéraux se donnent beaucoup de mal pour maintenir une anarchie, un oligopole instable là où le jeu même de la concurrence finit par l’abolir. Et les grands mastodontes mondiaux de l’économie nouvelle prospèrent par la privatisation du savoir, alors même que les progrès des technologies de l’information ont mis à mal la propriété intellectuelle. Les technologies du XXème siècle ont progressé à pas de géant par la mise en commun mondiale des connaissances, et par la contribution gratuite du public au perfectionnement des produits, mais les trusts de la « nouvelle économie » y mettent le holà.

    Il s’agit là de diverses manifestations de la tendance séculaire à la baisse du taux de profit, théorisée par Marx, un effet de l’accumulation du capital qui se montre particulièrement dans le progrès technique, et dans l’augmentation du chômage qui lui est lié; et ce sont aussi les effets de la contradiction entre la propriété privée des moyens de production et le caractère socialisé de la production, qui est tellement socialisé qu’il en est devenu mondialisé. Et pour clôre ce chapitre, la soif du profit sans limite est ce qui met en péril directement l’écosystème, et la survie de l’humanité à court terme.

    Ce qui manque aujourd’hui, c’est une conscience suffisante, et suffisamment répandue dans les masses, de notions simples d’économie et de politique. Mais rien ne devrait en empêcher la diffusion, qui pourrait, avec un effort somme toute raisonnable de théorisation, de simplification, de communication, devenir foudroyante, comme l’étincelle qui met le feu à la plaine, comme cela s’est déjà produit dans l’histoire, en Angleterre, en France, en Russie, en Chine, au Viet Nam, à Cuba …

    15 mai 2014

    PS : les termes « bourgeois » et petit-bourgeois » doivent être entendus sans accent péjoratif, ils reflètent la réalité des classes sociales du monde objectif. De même l’existence du surtravail non payé ne signifie pas que de la valeur est volée au travailleur : son enlèvement  par les propriétaires du capital est parfaitement légal dans notre société, et c’est bien pour ça d’ailleurs qu’il faut en changer.

    Texte rédigé par Gilles Questiaux, élaboré en commun avec Pasquale Noizet, sur une idée de Jean Lévy. Modifications de détail le 6 décembre 2014.


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    29 août 2017 2 29 /08 /août /2017 12:50
    Le choc de la rentrée...

     


     

    La rentrée approche : et, dès que l'année scolaire est engagée, c'est pour les enseignants un véritable bouleversement qui commence, après le temps des vacances...

     

    Le travail de l'enseignant est exigeant et prenant, car l'esprit est, sans cesse, mobilisé par toutes les tâches à accomplir : en début d'année scolaire, il faut d'abord se familiariser avec un nouvel emploi du temps, de nouveaux élèves qu'il faut apprendre à connaître.

     

    Et, dès la première semaine, l'enseignant se doit non seulement d'assurer ses cours, de veiller à la discipline, mais aussi de prévoir le travail du trimestre, avec une progression, des exercices, des devoirs à préparer...

    Car le temps passé en cours n'est qu'une petite partie du travail fourni par les enseignants...

     

    La préparation des cours, la correction des copies occupent souvent les vacances, le week-end, si bien que le temps de loisirs se réduit à peau de chagrin.

     

    Dès que l'année scolaire est lancée, c'est, pour les professeurs, une course pour finir les programmes, notamment, dans les classes à examen.

     

    La surcharge des classes contribue également à un surcroît de travail, de fatigue et de stress. Les enseignants, confrontés à des classes hétérogènes, doivent s'adapter à un public très divers qui vient d'horizons différents.

    Les semaines qui s'enchaînent au cours d'un trimestre ne laissent guère de place à la détente, aux loisirs...

     

    Oui, la rentrée est un véritable choc car c'est le début d'un marathon qui s'achèvera à la fin de l'année scolaire, un marathon au cours duquel les enseignants se mettent au service des élèves, de leurs parents, de l'administration.

     

    Ainsi, il n'est pas rare que les parents demandent des rendez-vous avec le personnel éducatif.... Il faut, alors, passer du temps pour donner des conseils, des directives précises.

     

    Les tâches administratives font aussi partie du travail de l'enseignant : remplir régulièrement le cahier de textes de chaque classe, de préférence en double exemplaire, en cas de visite d'un inspecteur : sur papier et sur ordinateur.

    Il faut veiller, au début de chaque heure de cours, à faire rigoureusement l'appel, noter les absents et transmettre cet appel à l'administration.

    A la fin de chaque trimestre, il faut remplir tous les bulletins scolaires de chaque élève.

    Il faudra avoir veillé auparavant à faire le relevé de toutes les notes des élèves.

     

    Des réunions sont, parfois organisées en vue de la préparation de devoirs communs : les professeurs décident en commun des exercices qui seront proposés aux élèves.

     

    On le voit : les tâches sont multiples et diverses...

    Le travail est conséquent : il exige disponibilité, rigueur, sérieux, attention permanente.

     

    C'est certain : la rentrée bouleverse les habitudes de tout un chacun, mais plus encore pour les enseignants, c'est le début d'un long marathon qui mobilise l'esprit et exige un travail très absorbant.


     

    Le choc de la rentrée...
     
     

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  • Plus de soldats US en Afghanistan pour empêcher les Chinois d’y entrer? Le lithium et la bataille pour obtenir les richesses minérales.

    Trump préconise une escalade de la guerre en Afghanistan. Pourquoi? Parce que cela fait partie de la « guerre mondiale contre le terrorisme »? Parce qu’il faut combattre les méchants? Pour une autre raison?

    Ce que le grand public ne sait pas, c’est que l’Afghanistan possède d’importantes ressources pétrolières et gazières, des matières premières stratégiques, sans oublier l’opium, une industrie de plusieurs milliards de dollars qui alimente le marché noir de l’héroïne aux USA.

    Les réserves minérales comprennent d’énormes veines de fer, de cuivre, de cobalt, d’or et de lithium, une matière première stratégique qui entre dans la production de piles de haute technologie pour les ordinateurs portatifs, les téléphones cellulaires et les voitures électriques.

    La détermination de Trump se traduira par le pillage et le vol des richesses minérales de l’Afghanistan pour financer la « reconstruction » d’un pays détruit par les USA et leurs alliés après 16 années de guerre. Les « réparations de guerre » seront donc accordées au pays agresseur?  

    Capture d’écran : The Independent.

    Une note de service interne du Pentagone datant de 2007, citée par le New York Times, signalait que l’Afghanistan pourrait devenir « l’Arabie saoudite du lithium ». (New York Times, U.S. Identifies Vast Mineral Riches in Afghanistan – NYTimes.com, 14 juin 2010; voir aussi la BBC, 14 juin 2010; et Michel Chossudovsky, Global Research, 2010)

    Bien qu’il faudrait de nombreuses années pour développer une industrie minière, le potentiel est tellement grand que les représentants et les patrons de l’industrie croient qu’elle pourrait attirer un investissement majeur :

    « Il y a un potentiel incroyable ici, a déclaré le général David H. Petraeus, chef du commandement central des États-Unis (…). Il y a évidemment bien des si, mais je crois que le potentiel est considérable. »

    « Cela deviendra le pilier de l’économie afghane », a indiqué Jalil Jumriany, un conseiller du ministre afghan des Mines. (New York Times, op. cit.)

    Ce que le rapport de 2007 omet de mentionner, c’est que ce réservoir de ressources est connu de la Russie (l’Union soviétique de l’époque) et de la Chine depuis les années 1970.

    Pendant que le gouvernement du président Ghani invite le président Donald Trump à promouvoir les investissements étasuniens dans le secteur minier de l’Afghanistan, notamment pour l’exploitation de lithium, la Chine a déjà pris les devants en mettant en œuvre des projets miniers et énergétiques, en élaborant des projets de pipelines et en créant des couloirs de transport.

    La Chine est un partenaire majeur de l’Afghanistan du point de vue du commerce et de l’investissement (aux côtés de la Russie et de l’Iran), ce qui risque de heurter les intérêts économiques et stratégiques des USA en Asie centrale.

    La Chine compte éventuellement intégrer le transport terrestre passant par le corridor historique de Wakhan, qui relie l’Afghanistan à la région autonome ouïgoure du Xinjiang (voir la carte ci-dessous).

    Les ressources minérales inexploitées de l’Afghanistan étant estimées à trois mille milliards de dollars, des sociétés chinoises ont acquis des droits d’extraction de quantités énormes de cuivre et de charbon, en plus d’obtenir les premières concessions d’exploration pétrolière consenties à des étrangers depuis des décennies. La Chine lorgne aussi du côté des vastes dépôts de lithium, qui entrent notamment dans la fabrication de piles et de composantes nucléaires.

    Les Chinois investissent aussi dans l’hydroélectricité, l’agriculture et la construction. Une liaison routière directe menant à la Chine, qui passera par la frontière de 76 kilomètres jouxtant les deux pays, est en construction dans cette région éloignée. (New Delhi Times, 18 juillet 2015)

    L’Afghanistan possède d’énormes réserves de pétrole, dont l’exploration a été confiée à la China National Petroleum Corporation (CNPC).

    Source : Mining News, août 2010

    « La guerre, c’est bon pour les affaires »

    Les bases militaires étasuniennes sont sur place pour imposer la mainmise des USA sur les richesses minérales de l’Afghanistan. Selon le Foreign Affairs, « il y a plus de forces armées étasuniennes déployées là [en Afghanistan] que dans toute autre zone de combat active », dont le mandat officiel est de « pourchasser » les talibans, Al-Qaeda et Daech dans le cadre de la « guerre mondiale contre le terrorisme ».

    Pourquoi tant de bases étasuniennes? Pourquoi Trump y envoie-t-il d’autres forces armées?

    L’objectif non déclaré de la présence militaire étasunienne en Afghanistan est de ne pas permettre aux Chinois d’y entrer, autrement dit, d’empêcher la Chine d’établir des relations commerciales avec l’Afghanistan et d’y investir.

    De façon plus générale, l’établissement de bases militaires proches de la frontière occidentale de la Chine entre dans un processus d’encerclement militaire de la République populaire de Chine, dont font partie les déploiements navals en mer de Chine méridionale, les installations militaires à Guam, en Corée du Sud, à Okinawa, sur l’île de Jeju, etc. (voir la carte de 2011 ci-dessous)

    Pivot vers l’Asie

    Dans le cadre du pacte de sécurité liant les USA et l’Afghanistan découlant du pivot vers l’Asie d’Obama, Washington et ses partenaires de l’OTAN ont établi une présence militaire permanente en Afghanistan, qui comprend des installations militaires proches de la frontière occidentale de la Chine. Le pacte devait permettre aux USA de maintenir leurs neuf bases militaires permanentes, stratégiquement situées à la frontière avec la Chine, le Pakistan, l’Iran, le Turkménistan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan.

    La présence militaire étasunienne n’a cependant pas empêché la Chine d’accroître ses relations commerciales avec l’Afghanistan et ses investissements. Un accord de partenariat stratégique a été signé par Kaboul et Pékin en 2012. L’Afghanistan jouit aussi d’un statut d’observateur auprès de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS).

    En outre, le Pakistan voisin, qui est maintenant un membre à part entière de l’OCS, a établi des relations bilatérales étroites avec la Chine. Voilà maintenant que Donald Trump profère des menaces au Pakistan qui, pendant de nombreuses années, a été la cible de la « guerre des drones non déclarée » menée par les USA.

    Autrement dit, on assiste à un tournant sur le plan géopolitique, qui favorise l’intégration de l’Afghanistan, aux côtés du Pakistan, dans l’axe eurasiatique actif dans les secteurs du commerce, de l’investissement et de l’énergie.

    Le Pakistan, l’Afghanistan, l’Iran et la China coopèrent à la réalisation de projets d’oléoduc et de gazoducs. L’OCS, qui compte parmi ses membres à part entière le Turkménistan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan, propose une plateforme géopolitique en vue de l’intégration de l’Afghanistan dans les couloirs eurasiatiques pour le transport et l’énergie.

    La Chine pourrait bien vouloir intégrer l’Afghanistan au réseau de transport de la Chine occidentale et à son Initiative route et ceinture.

    En outre, le géant minier appartenant à l’État chinois qu’est la Metallurgical Corporation of China Limited (MCC) a déjà réussi à mettre la main sur l’immense dépôt de cuivre de Mes Aynak, qui se trouve dans un secteur contrôlé par les talibans. Déjà en 2010, Washington craignait « que la Chine, qui est gourmande en ressources, tente de dominer le processus de développement de la richesse minérale de l’Afghanistan, au grand dam des États-Unis (…). Après avoir obtenu le contrat pour l’exploitation de la mine de cuivre d’Aynak, dans la province de Logar, il est clair que la Chine en veut davantage. » (Mining.com)

    La Chine et la bataille pour le lithium

    Les conglomérats miniers chinois sont maintenant entrés dans la concurrence pour obtenir le contrôle stratégique du marché mondial de lithium, qui était jusqu’à tout récemment dominé par « trois grands » conglomérats : Rockwood Lithium de la Albermarle Corporation (Caroline du Nord), la Sociedad Quimica y Mineral de Chile, et FMC Corporation, (Philadelphie), qui exerce ses activités en Argentine. Pendant que les trois grands dominent le marché, la Chine représente maintenant une part importante de la production de lithium mondiale, qui fait d’elle le quatrième pays producteur de lithium en importance dans le monde, derrière l’Australie, le Chili et l’Argentine. Le Tianqi Group a également pris le contrôle de la plus grande mine de lithium de l’Australie, appelée Greenbushes. Tianqi détient maintenant une participation de 51 % dans Talison Lithium, en partenariat avec Albemarle, de la Caroline du Sud.

    Cet engouement pour la production de lithium est lié au développement rapide du marché des voitures électriques en Chine.

    La Chine est dorénavant « le centre de l’univers du lithium ». Elle constitue le plus grand marché pour les voitures électriques. BYD, une entreprise chinoise soutenue par Warren Buffett, est le plus grand fabricant de voitures électriques au monde et les entreprises chinoises produisent la plus grande quantité de produits chimiques à base de lithium entrant dans la composition des piles. À l’heure actuelle en Chine, 25 sociétés fabriquent 51 modèles de voitures électriques. Cette année, 500 000 voitures électriques seront vendues. GM a dû attendre sept ans avant de vendre 100 000 Chevy Volts depuis 2009. BYD vendra 100 000 voitures électriques cette année seulement! (Mining.com, rapport de novembre 2016)

    L’ampleur des réserves de lithium en Afghanistan n’est pas encore bien établie.

    Les analystes croient que ces réserves encore inexploitées n’auront pas d’incidence majeure sur le marché mondial du lithium.

    Prof. Michel Chossudovsky

     

    Article original en anglais :

    More American Troops to Afghanistan, To Keep the Chinese Out? Lithium and the Battle for Afghanistan’s Mineral Riches, publié le 24 août 2017

    Traduit par Daniel pour Mondialisation.ca