• La loi anti-casseurs en marche Nantes. 14 Gilets jaunes en garde à vue pour.. un atelier banderole la veille de l’acte 22 !

    15 Avril 2019 , Rédigé par lucien-ponsPublié dans #Les Gilets Jaunes#Les violences policières

    La loi anti-casseurs en marche

    Nantes. 14 Gilets jaunes en garde à vue pour.. un atelier banderole la veille de l’acte 22 !

    La veille de l'acte XXII, à Nantes, alors que des Gilets jaunes organisaient un atelier banderoles et affiches en vue de la manifestation de ce samedi, 15 d'entre eux ont été interpellés, dont 14 placés en garde à vue. Des arrestations préventives dans le but clair de les empêcher de manifester. Dans le contexte de répression ambiant, ces arrestations pourraient sembler anodines ou être banalisées. Mais celles-ci sont à prendre très au sérieux et en disent long sur le danger que représente la loi anti-casseurs promulguée cette semaine, à l'égard de l'ensemble du mouvement social.

    samedi 13 avril

     

     

     

    La loi anti-casseurs en marche Nantes. 14 Gilets jaunes en garde à vue pour.. un atelier banderole la veille de l’acte 22 !

    L’acte XXII est la première journée de mobilisation des Gilets jaunes depuis la promulgation de la loi anti-casseurs, qui s’inscrit dans l’envolée liberticide et répressive adoptée par le gouvernement ces dernières semaines. Un acte sous le signe de la répression donc, avec comme épicentre Toulouse, où les manifestants subissent une répression sans précédent, dans le but clair de les empêcher de manifester.

    Cette répression s’est accompagnée en amont d’arrestations préventives, qui ne sont pas nouvelles mais qui prennent une tournure de plus en plus importantes et inquiétantes du point de vue de notre droit à manifester. A Nantes, vendredi après-midi, vers 15heures , alors qu’un atelier banderole était organisé pour l’acte XXII, 15 Gilets jaunes y participant ont été interpellés, dont 14 placés en garde à vue – qui a duré 24h. Une personne en fauteuil roulant à quant à elle été relâchée dans la soirée.

    La justification de ces arrestations : « la participation à un groupement en vue de commettre des dégradations et des violences ». Un motif monté de toute pièce et totalement infondé. Un avant goût amer de du rôle que jouera la loi anti-casseurs dans la répression des militants et des mouvements sociaux.

    Une participante, Fleur, présente à cet atelier de fabrication de banderoles et d’affiches, témoigne dans un article de France 3 Régions : « Quand je suis arrivée, il y avait plusieurs voitures de police, , un camion cellulaire et de nombreux policiers en tenue et en civile. On aurait dit une opération anti-criminalité. Il y avait même un chien dans un des véhicules même s’ils ne l’ont pas descendu. Le dispositif était très impressionnant ». « Ils ont encerclé tout le monde. Ils ont contrôlé les identités, pris des photos individuelles. Chacun son tour. C’était très humiliant pour eux  » poursuit-elle.

    D’autres militants interrogés ont jugé le dispositif policier "totalement disproportionné" , dénonçant, légitimement, "un empêchement de participer à la manifestation de ce samedi".

    Un rassemblement de soutien devant le commissariat, pour exiger leur libération a été organisé par ces derniers.

     

    Face à ces tentatives d’intimidations et à cette politique de la terreur menée par le gouvernement à travers son bras armé, la réponse collective et l’auto organisation sont des réflexes très positifs et centraux à poursuivre. Par ailleurs, cet énième cas de répression n’a pas entaché la détermination des Gilets jaunes présents qui ont, dans leurs témoignages, affirmé que cela ne les empêchera pas de manifester ce samedi.

    Les quatorze militants qui ont été arrêté et placé en garde à vue ont quant à eux été relâché ce samedi dans l’après midi.

    Ces arrestations et mises en garde à vue peuvent paraître anecdotiques, dans un contexte où les arrestations préventives ont déjà été utilisées à plusieurs reprises depuis le début de la mobilisation des Gilets jaunes. Mais ces interpellations, qui s’inscrivent suite à la promulgation de la loi anti-casseurs, sont à prendre très au sérieux et témoignent de l’attaque sans précédent qu’il y a actuellement en cours à l’égard de l’ensemble du mouvement social, contre les droits démocratiques que l’on a acquis par le passé, contre le droit à manifester, contre le droit à exprimer son opposition à la politique menée par le gouvernement et au système actuel. Et ces arrestations, mises en place pour empêcher les Gilets jaunes d’aller manifester pour l’acte XXII, témoigne une nouvelle fois qu’en réalité, à travers la loi anti-casseurs, ce sont les militants des Black blocks qui sont visés, mais également et évidemment les Gilets jaunes ainsi que l’ensemble du mouvement social.

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  • 15 Avril 2019

    Publié par El Diablo

    Les Gilets Jaunes se sont réunis samedi 13 Avril 2019 avec pour ligne d'horizon les rendez-vous du 20 Avril et du 1er Mai.

     

     

    Entretien du 14 avril 2019 avec Kristell Fresneau, journaliste indépendante. Elle intervient sur le plateau de RT France afin de revenir sur la 22ème mobilisation des Gilets jaunes et les revendications du mouvement.


  • 15 Avril 2019

    Publié par Solidarité Internationale PCF

    Cet article est reposté depuis Solidarité Internationale PCF.

    Les résultats des élections à la 21ème Knesset, qui se sont tenues le 9 avril 2019, avec une nette victoire du bloc de droite.

     

    LA SUITE EN LIEN CI-DESSOUS


  • 15 Avril 2019

    Publié par El Diablo

    Chers tous,

     

    Le vendredi 12 avril, ni le journal de France 3 de 19 h 30, ni celui de France 2 de 20 h n'ont évoqué ce qui s'était passé (pourtant pas plus tard que la veille) à Londres, à savoir l'arrestation, dans les locaux de l'ambassade de l'Équateur, de Julian Assange, l'homme qui, par Wikileaks, avait révélé une myriade d'informations embarrassantes pour les États-Unis. Cette nouvelle, le lendemain, n'a pas laissé plus de traces qu'un trou dans la mer. Et c'est regrettable, car cette affaire est révélatrice des rapports de force dans le monde - révélatrice aussi des méthodes employées par les États pour éliminer les "gêneurs", les lanceurs d'alerte, et révélatrice, in fine, des mentalités des médias, sur ce qu'ils montrent et sur ce qu'ils taisent.

     

    1. Le premier point est l'inquiétante propension (et, surtout, l'inquiétante capacité) des États à intervenir hors de leurs frontières - y compris en temps de paix, surtout en temps de paix - pour éliminer ceux qu'ils considèrent comme des criminels, des ennemis - ou même, simplement, comme des dangers. Certes, cela au début, est apparu éminemment moral, lorsqu'il s'est agi de traquer des criminels nazis (comme Adolf Eichmann, enlevé par les services secrets israéliens en 1960), ou des mafieux, ou des trafiquants de drogue, ou des meurtriers, etc. Mais, au fil des années, les critères de définition des "ennemis" de l’État n'ont cessé de s'élargir, ainsi que les méthodes et les moyens de ces éliminations. 

     

    2. D'abord parce que le sujet à éliminer ne représente plus forcément un danger immédiat, mais parce qu’à travers cette élimination, on cherche à lui faire payer ses actions passées ou à intimider ses sympathisants ou ceux qui seraient tentés de l'imiter. Et la France, à cet égard, a été - ou n'a pas été - exemplaire (selon le point de vue où l'on se place), en enlevant le duc d'Enghien, dans le grand-duché de Bade, en 1804, et en le faisant fusiller cinq jours plus tard. Ou en faisant enlever à Munich, en 1963, le colonel Argoud, ancien de l'OAS, et en le condamnant à la perpétuité (il fut, en fait, libéré en 1968). [Ce qui confirme toutefois  que cette action n'était pas considérée comme "normale" au regard des usages internationaux de l'époque, est que, dans les deux cas, elle donna lieu à de vigoureuses protestations diplomatiques.]

     

    3. Ensuite, ce qui aggrave ces éliminations, c'est qu'elles ne mettent pas seulement en œuvre les services secrets du pays concerné (comme ceux d'Israël, qui liquida les Palestiniens responsables de l'assassinat des athlètes israéliens à Munich, en 1972), mais qu'elles recourent à la collaboration (ou à la complicité) d'autres services secrets ou de polices parallèles - ou de gangsters. Par exemple l'enlèvement et l'assassinat de Mehdi ben Barka, en 1965, pour le compte des services secrets marocains, par les services secrets français et des hommes du grand banditisme. Ou l'opération Condor qui, dans les années 1970, vit la collaboration des services secrets de plusieurs dictatures d'Amérique latine (et la bienveillance des États-Unis), pour éliminer des militants ou anciens responsables politiques de gauche. Ou, après les attentats du 11 septembre 2001, les enlèvements d'un certain nombre de sujets (dont le tort, souvent, était d'avoir un nom musulman) par la CIA, et leur remise pour détention et torture, dans des pays d'Europe centrale et orientale ou des dictatures musulmanes.

     

    4. Application à Julian Assange. C'est à  ce type de "collaboration" qu'on a assisté dans son cas. Les Américains ont poursuivi Assange (qui n'est même pas Américain, mais Australien) de leur vindicte, les Équatoriens ont commencé par lui accorder l'asile, puis, ayant changé d'orientation politique, lui ont "pourri" la vie pour l'inciter à se rendre. Enfin, les autres pays, sollicités de lui accorder l'asile, se sont prudemment défilés les uns après les autres (en particulier la France). Comme ceux qui, de 1940 à 1944, fermèrent leur porte à des gens poursuivis, par crainte de la Kommandantur, de la Gestapo ou de la police de Vichy...

     

    5. Mais les États élargissent sans cesse la définition de l'ennemi, en ne se contentant plus seulement du terroriste, de l'espion ou du comploteur. Une extension a eu lieu avec la définition de "l'ennemi" comme celui qui dévoile un secret. C'est effectivement ce dont est accusé Julian Assange. Mais ce fut déjà le cas de Mordechai Vanunu, technicien nucléaire israélien, enlevé à Rome en 1986 par les services secrets israéliens, pour avoir révélé des secrets nucléaires israéliens. Mordechai Vanunu passa pour cela 18 ans en prison, et, à l'issue de sa peine, continua à être en butte à l'hostilité de son pays (notamment en étant interdit de sortie du territoire).

     

    6. Le paradoxe - et même le scandale - de l'affaire Assange est qu'au départ, le fondateur de Wikileaks révèle des faits scandaleux, immoraux, illégaux commis par les Etats-Unis (par exemple la tuerie gratuite de plusieurs personnes, en Irak, par des pilotes d'un hélicoptère). C'est un scandale du même type que celui qui voit le dénonciateur d'une fraude fiscale être poursuivi par les banques ou les officines qui aident à dissimuler cet argent : on ne punit pas le malfaiteur mais celui qui dénonce le méfait ! Cela me rappelle le tableau qui m'avait tant frappé lorsque, adolescent, je l'avais vu pour la première fois : Les porteurs de mauvaises nouvelles, de Lecomte du Nouÿ (1871). On y voit, sous un auvent, un pharaon à l'air sombre, le regard rivé sur l'horizon, et, à ses pieds, trois corps dénudés et inertes, baignant dans leur sang. Le pharaon a châtié les messagers...

     

    7. Mais souvent, les États coupables de ces méfaits ont conscience de l'irrégularité de leur action : ils la nient ou la dissimulent. Toutefois un saut juridique a eu lieu avec le vote, par les États-Unis, de lois extra-territoriales (comme les lois Helms-Burton ou d'Amato-Kennedy, votées en 1996, sous la présidence Clinton). Ces lois permettent, entre autres, de sanctionner tous les États, toutes les entreprises ou tous les individus qui commercent avec des États-parias (Iran, Cuba, Corée du Nord, Venezuela...), et qui, dans leurs transactions, utilisent le dollar ou vendent des produits qui ne comprennent ne serait-ce qu'un boulon ou une ligne de programme issus des États-Unis.

     

    8. C'est en vertu (si l'on peut dire...) de telles lois (et d'autres de même calibre) que les Américains se permettent des intrusions dans la vie privée des ressortissants des autres pays, en exigeant, par exemple, des renseignements détaillés sur ceux qui se rendent aux États-Unis ou même survolent brièvement le territoire américain. C'est ainsi qu'en avril 2009, il y a exactement 10 ans, un avion où se trouvait le journaliste Hernando Calvo Ospina, collaborateur du Monde diplomatique, et qui se dirigeait vers Mexico (en survolant un bout de territoire américain) fut dérouté sur La Martinique, entraînant un retard et un surcoût considérable pour Air France et pour les passagers. Et tout cela parce qu'Hernando Cavo Ospina était critique de la politique d'Alvaro Uribe, président de la Colombie et protégé des Américains ! 

     

    9. Pis encore (si l'on peut dire...). On rappellera qu'en juillet 2013, l'avion qui ramenait de Moscou en Bolivie le président bolivien Evo Morales fut interdit de survol du territoire national par la France, l'Italie, l'Espagne et le Portugal parce que les Américains soupçonnaient Evo Morales de ramener de Russie en Bolivie Edward Snowden, poursuivi par les Américains. L'avion présidentiel dut atterrir à Vienne, en Autriche, et il fallut qu'Evo Morales se gendarme pour que son avion ne fût pas fouillé ! Autre violation (et grossière) de l'immunité et des usages diplomatiques. Aurait-on osé agir ainsi à l'égard du président chinois ? 

     

    10. Un trait - qui a d'ailleurs été noté par les journalistes - était l'abondante barbe de Julian Assange au moment de son arrestation. Barbe si fournie qu'elle lui conférait, de loin, une allure de vieillard. Or, une telle barbe a été courante chez nombre de sujets ayant soit subi une longue captivité - soit des épreuves particulièrement dures, comme Bobby Sands en 1981, soit ayant été obligés de se cacher dans des conditions précaires : que ce fût Saddam Hussein lors de sa capture, en décembre 2003, ou Radovan Karadzic, en juillet 2008. On peut se demander si la vision d'une telle barbe ne serait pas de nature à suggérer (peut-être lointainement, peut-être inconsciemment, car peu de gens se souviennent des photos de Bobby Sands, de Saddam Hussein ou de Radovan Karadzic dans ces circonstances) une identification des uns aux autres. Peut-être, plus récemment, y aurait-il aussi eu une identification avec Cesare Battisti, capturé en juillet de cette année ? Manière de suggérer : tous, autant qu'ils sont, sont des gibiers de potence car qui se ressemble s'assemble...

     

    Remarques d'ensemble. Les médias ont passé bien vite (trop vite) sur cette affaire, qui apparaît comme la partie émergée d'un inquiétant iceberg :

     

    1. Aujourd'hui, sauf lorsqu'on est dans un pays hors de portée des Américains (Russie, Chine, Corée du Nord...), il est difficile d'échapper à leur vindicte.

     

    2. Les Américains ignorent totalement la souveraineté nationale ou l'immunité diplomatique lorsqu'ils ont quelqu'un dans le viseur : que l'on songe à la capture du président Manuel Noriega, pourtant réfugié à la nonciature de Panama, et qui dut se rendre début janvier 1990, son pays ayant été envahi par l'armée américaine. Ou au bombardement de l'ambassade de Chine à Belgrade, en mai 1999. Et les Américains n'ont pas élevé non plus beaucoup de protestations lorsque, en 1992, les talibans sont allés chercher, dans un bâtiment de l'ONU, le dernier président communiste d'Afghanistan, Mohammed Najibullah, qu'ils l'en ont sorti avec son frère, qu'ils les ont torturés puis tués tous les deux.

     

    3. Non seulement, par leurs lois extra-territoriales, les Américains s'arrogent le droit de punir n'importe qui dans le monde, mais aussi, en ne reconnaissant pas la compétence de la Cour Pénale Internationale pour juger leurs ressortissants. [Ils ne sont d'ailleurs pas les seuls].

     

    4. La plupart des pays appartenant à leur aire (notamment les pays européens) n'osent rien faire contre eux. Qu'ont fait les Européens après la dénonciation de l'accord sur le nucléaire iranien par Donald Trump ? Rien. Qu'ont-ils fait après la reconnaissance, par le même Donald Trump, de la souveraineté d'Israël sur le plateau du Golan ? Toujours rien. Qu'ont-ils fait lorsqu'il a reconnu illégalement, comme président du Venezuela, l'autoproclamé Juan Guaido ? 28 d'entre eux, et non des moindres, l'ont servilement suivi...

     

    Certes, les Américains ne sont pas seuls à opérer ainsi à l'étranger. Mais ils sont les seuls à le faire à cette échelle et avec cette ampleur et, surtout, à donner un fondement juridique à leurs malversations. Cela n'est-il pas lourd de menaces si, à l'avenir, d'autres pays s'avisent de les imiter ? 

     

    Je vous saurais gré de vos remarques, précisions, rectifications et critiques.

    Bien à vous,

     

    Philippe ArnaudAMD Tours

     


  • Algérie : « La constitution n’est pas le Coran »

    Publié par Gilles Munier sur 15 Avril 2019, 06:42am

    Catégories : #Algérie#bouteflika#Gaïd Salah

    Par Farida Larbi (revue de presse : El Moudjahid - 15/4/19)*

    Le professeur Chems Eddine Chitour au Forum d’El Moudjahid :

     «Pour assurer la continuité de l’État, il faut aller vers la création d’un conseil de sages composé de personnes propres et non impliquées dans le système, et qui auront pour seule mission de servir le pays», a déclaré, hier, le professeur Chems Eddine Chitour, professeur émérite à l'École Polytechnique d'Alger, lors de son passage à notre Forum.

    Tout en se disant optimiste pour la mobilisation pacifique du peuple algérien, Pr Chitour dit que l’impératif aujourd’hui, c’est que l’Algérie doive rester debout. «Toute l'intelligence consistera à être en éveil et à déjouer les complots, à faire de cette Révolution un réel nouveau départ d'une République démocratique où compte la seule valeur ajoutée de chacun à l'édification de l'État de droit», dit-il.

    Pour notre invité, la solution à la crise ne doit pas rester confinée dans la seule application constitution. «Pourquoi rester bloqué  sur la mise en œuvre de l’article 102, au moment où des solutions politiques existent et pourraient nous sortir de cette impasse ?» s’interroge Pr Chitour.

    L’expert estime que l’impératif aujourd’hui est de maintenir l’Algérie debout, et, pour cela, il faut écouter le peuple et répondre - ses revendications. «C’est ce peuple qui vaincu le colonisateur, c’est ce peuple qui a résisté au terrorisme et c’est aujourd’hui à ce peuple de changer la donne», affirme Pr  Chitour, qui trouve qu’«il n’est pas normal que ce système reste entêté pour se maintenir au pouvoir, et rater cette opportunité d’aller vers une alternance du pouvoir, comme il n’est pas normal que les institutions de l’État arrêtent de travailler, parce que les citoyens protestent par des grèves, faisons comme les Japonais, protestons avec des brassards, mais continuons à travailler!»

    L’invité de notre Forum estime que «nous n'avons pas encore évalué à sa juste dimension, l'immensité de la tâche qui nous attend. Nous sommes une économie de rente. Nos finances sont dans le rouge et nous n’arrivons pas à mettre en place une transition énergétique. Nous n'avons pas de temps à perdre concernant la mise en place d'une stratégie énergétique qui nous permette d'éviter de brûler ce qui reste de gaz et de pétrole. Il faut savoir qu'un rapide calcul nous révèle qu’on a fait perdre au pays depuis 20 ans au moins 100 milliards de m3 de gaz, faute de ne pas avoir mis en place un plan énergie renouvelable».

     « La Constitution n’est pas le Coran »

    Quelles solutions préconise Pr Chitour, pour sortir de cette crise? «La lecture littérale de la Constitution nous conduit vers une impasse, nous répond notre invité. Cette constitution a été malmenée plusieurs fois. La situation actuelle me paraît dangereuse si elle venait à perdurer ! Mon sentiment est qu'il faille sortir de ce dilemme : ou on respecte la Constitution et le peuple se voit imposer des personnalités, avec tout ce que cela comporte comme perpétuation de l'ordre ancien qui a tant fait mal au pays ou, par contre, on sort du cadre constitutionnel et on respecte le peuple et son choix de tourner le dos au passé. Le choix est clair ! Si cette constitution risque de plonger notre pays dans le chaos, je démolirai cette constitution ! Nous devons alors trouver rapidement les voies et moyens de pallier l'apesanteur des institutions en plébiscitant des personnalités, car il ne suffit pas de dire non au système, il faut, et c'est le moment, faire en sorte qu'on ne perde plus de temps, tout mettre en œuvre pour aller vers une solution, quand bien même elle ne serait pas optimale, mais elle permettrait de sauver cette belle révolution. Le futur président aura la charge d'ouvrir le chantier de l'élaboration d'une nouvelle Constitution.»

    Pr Chitour cite le nom de plusieurs personnalités nationales qui pourraient gérer cette transition, à l’exemple de Messieurs Benbitour, Hamrouche, Sifi et Zeroual. Pour notre invité, «il est impossible d’organiser des élections propres dans les conditions actuelles, comme il est impossible de préparer ces élections en seulement trois mois. Pourquoi ne pas organiser ces élections le 1er novembre, quelle symbolique ce sera !»

    Notre invité estime que «le monde nous regarde, il ne nous attendra pas. Il faut faire vite et bien. il faut aller vers le XXIe siècle dans le calme, la sérénité et la non-violence, pour donner une utopie à cette jeunesse»«Cette belle révolution doit montrer à la face du monde que les Algériennes et Algériens ont décidé d'être acteurs de leur destin. Veillons à éviter les provocations et les récupérations malsaines. Les Algériennes et les Algériens seraient reconnaissants à tous ceux qui leur indiqueraient le chemin de l'effort», ajoute Pr Chitour, qui considère que l’Armée nationale populaire a les moyens d’accompagner la population de manière raisonnable et sereine. «L’ANP , aujourd’hui, a des universitaires et intellectuels en son sein. En plus de la protection du pays, notre armée ne doit pas inférer, mais approcher les points de vue, car plus vite on sort de cette situation, plus vite on évitera l’ingérence étrangère. On a aujourd’hui besoin de nous réconcilier les uns avec les autres, essayons, aussi bien du côté de l’ANP, de la population et de l’opposition, de faire l’effort pour avoir une solution de convergence et ne pas pousser les gens à l’extrême et pourrir cette belle révolution !» dit notre invité, qui considère qu’on ne peut pas continuer a travailler contre le peuple.

    Sur un autre chapitre, l’expert a estimé que la légitimité, aujourd’hui, est celle du savoir. «Malheureusement, chez nous, l'école a été un échec, car les ministres qui se sont succédé ont procédé à des réformettes sans s'attaquer au problème de fond qui est celui de la modernité, de la rationalité. Le combat est celui de mettre du rationnel dans les enseignements en développant à marche forcée les mathématiques, les sciences, l'ouverture sur l'universel. Le bac math et la technologie, c'est 2% des effectifs en Algérie. Voilà le constat. Il faut bien l'avouer, le système éducatif a été pour ces jeunes un échec. L’Éducation nationale est une machine à fabriquer des perdants de la vie, elle n'a pas été un ascenseur social. L'enseignement supérieur souffre des mêmes travers, là aussi il est important de le réhabiliter. Le vrai combat, c'est celui qui consiste à aller vers le savoir rationnel. Cette économie de la connaissance qui double tous les deux ans. C'est le seul combat qui vaut la peine d'être mené», a enfin estimé l’invité du Forum d’El Moudjahid.

    *Source : El Moudjahid