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    Bonne lecture à tous,
     
    Françoise Lopez

  • Théories de complot, théorie de la théorie du complot (à jour 2018)

    24 Octobre 2018 , Rédigé par RCPublié dans #GQ#Théorie immédiate#Front historique#Ce que dit la presse#États-Unis#Europe de l'Est#Communistes en Italie

    Théories de complot, théorie de la théorie du complot (à jour 2018)

    Le vrai problème n'est pas celui de l'existence de théories de complot, qui s'écroulent toutes seules quand elles sont fausses, mais de la "théorie de la théorie du complot" qui est utilisée pour discréditer toute critique de fond, et comme une sorte de "point de Godwin" pour hystériser toute discussion. L'un des principaux trucs de polémique étant d'anathémiser la personne de son adversaire en l'associant à quelque chose de hideux.

    Bref : la plupart des théories de complot sont fausses, mais il est parfaitement légitime d'en formuler.

    Lorsque l'on parle de "théorie de complot" on veut dire souvent une opération sous fausse bannière, c'est à dire une opération qui est effectuée par une puissance politique ou militaire de manière à être attribuée à ses adversaires.

    Les théories de complot de cet ordre ne sont pas souvent vraies : la provocation ne peut pas être utilisée pour fonder une stratégie politique, diplomatique ou militaire, même si elle fait partie des trucs tactiques les plus couramment utilisés. Par exemple par l'opposition vénézuelienne pendant l'été 2017, qui voulait utiliser les morts qu'elle causait dans ses propres rangs parmi les manifestants ou parmi les passants pour provoquer une intervention étrangère à son profit, ou un coup d'État suivant le procédé appliqué avec succès en Ukraine en 2014.

    Ne pas oublier que les médias sont un pouvoir mais nullement un contre-pouvoir dialectiquement déterminé à faire surgir la vérité comme ils aiment à le faire croire. Dans l'ensemble, ils ne sont pas intéressés par le dévoilement de la vérité. Mais déformer la réalité ou mentir sur la réalité, c'est plus praticable que de la mettre carrément en scène.

    Les apparences publiques reflètent, avec un certaine imprécision, la réalité effective, dont elle sont d'ailleurs une dimension. Par exemple, il est ridicule de considérer à la manière des situationnistes des années 1960 que les Américains et les Russes n'étaient ennemis qu'en apparence, pour le "Spectacle", et coopéraient en réalité. Pourtant on pourra toujours trouver des arguments verbaux et des apparences de preuve, puisque même les ennemis les plus acharnés "coopèrent".

    Le monde est marxiste et il n'est décidément pas orwellien.

    Un exemple français : Sarkozy, pour se faire élire en 2007 a bénéficié des émeutes de novembre 2005 que son attitude provocatrice a contribué à aggraver. Or il lui aurait été tout à fait inutile de recourir à un complot pour les déclencher, et même inutilement risqué.

    Dans le cas du 11 septembre, les pouvoirs états-uniens savaient qu'un jour ou l'autre, face au scandale permanent du déni des droits des Palestiniens et du "deux poids deux mesures" dans le traitement du conflit israélo-arabe, un groupe hostile surgirait du monde arabe ou musulman et commettrait une action grave qui pourrait être exploitée dans des opérations impérialistes contre les pays arabes et/ou musulmans. Inutile de le faire eux-mêmes. L'interrogation porte par contre sur la question de savoir à quel point y sont associés leurs alliés saoudiens, et sur l'implication exacte de leurs services dans le groupe Ben Laden avant qu'il échappe plus ou moins à leur contrôle.

    Le terrorisme sous fausse bannière existe, mais le risque impliqué pour les manipulateurs est grand, et c'est pourquoi il se développe rarement en opérations aussi compliquées que celles qu'il faudrait imaginer pour "mettre en scène" le 11 septembre. Il suffit de voir le prix payé par Aznar après le 11 mars 2004, non pour avoir placé les bombes de Madrid dans les trains de banlieue, mais pour avoir seulement tenté d'infléchir l'enquête vers l'ETA. Et pourtant, l'ETA, en Espagne, après tente ans de diabolisation n'était pas particulièrement populaire.

    On ne peut évidement jamais affirmer avec certitude qu'il n'y a pas eu complot, même en face d'un montage rocambolesque qui défie le bon sens, mais l'expérience finit par montrer qu'il n'y a pas beaucoup d'attentats sous fausse bannière en réalité. Les services secrets préfèrent agir directement et tuer leurs ennemis déclarés. Les attentats italiens (comme celui de la gare de Bologne en 1980) de la stratégie de tension qui ont certainement eu un effet politique important, puisqu'ils ont empêché la venue au pouvoir du Parti Communiste Italien ne sont pas des complots sous fausse bannière. Ces attentats non revendiqués visaient délibérément la population civile, comme ceux du 11 septembre, ils étaient des attentats fascistes utilisant des méthodes fascistes, perpétrés par des fascistes qui ne les ont justement pas perpétrés dans la foule d'un meeting du parti néofasciste MSI ou à l'ambassade des États-Unis. Et inversement les théories qui veulent voir les Brigades Rouges comme des agents des services secrets ne tiennent pas la route et j'ajoute que, eu égard au sacrifices consentis par ces militants, quoiqu'on pense du bien-fondé de leur stratégie, elles ont quelque chose d'indécent.

    Exemple de véritable complot (d'une source pas très secrète : "Monsieur X" sur France Inter); en 1989, les services secrets tchèques, convertis à l'instar de Gorbatchev aux bienfaits de la démocratie de marché, décidèrent de faire tomber Husak, le dernier dirigeant communiste de la Tchécoslovaquie, et pour cet effet un de leurs agents joua le rôle d'un étudiant faussement tué par la police. Ou encore, conçu aux mêmes fins, le faux charnier de Timisoara, en Roumanie au même moment, utilisé pour légitimer l'exécution en direct de Ceaucescu devant les caméras de télévisions: ce qui frappe dans ces complots, c'est l'économie de moyens, le faible nombre de complices, et l'immédiateté et la simplicité des buts.

    On peut aussi penser que si un groupe de conspirateurs interne à l'administration ou à l'armée américaine s'était donné la peine d'organiser les attentats du 11 septembre, il aurait eu d'autres buts que simplement envahir l'Afghanistan et même l'Irak : attaquer immédiatement la Russie ou la Chine par exemple. Il faut supposer qu'il y a une proportionnalité des profits aux investissements et au risque, dans les complots aussi.

    L'inconvénient des théories de complot non conclusives est qu'elles décrédibilisent ceux qui les propagent, pour le reste de ce qu'ils communiquent, qui est souvent parfaitement exact. Il peut même s'agir de "hoax" délibérément mis en circulation pour cet effet par ceux qu'elles prétendent dénoncer. 

    Mais ce qui est encore pire, c'est qu'elles véhiculent une fascination contre-productive pour l'ennemi. Face à un tel adversaire, capable d'organiser des mises en scènes si spectaculaires et si précises, apte à tout contrôler de leurs effets, on se fait tout petit pour ne pas être écrasé par le plus froid des monstres froid comme Winston et Julia, les héros 1984 (ce roman anticommuniste de guerre froide qui est la Bible de tous les ultragauchistes déconnectés de la pratique).

    L'ennemi est donc tout puissant? Il n'a pas de contradictions et celles qui paraissent dans les médias ne sont jamais que des mises en scènes? C'est tragique pour nous, car n'oublions pas que "notre base arrière, ce sont les contradictions de nos adversaires" (Mao Tsé Toung).

    A la guerre (et il s'agit d'hypothétiques opérations de guerre) si on croit les ouvrages écrits par ceux qui s'y connaissaient bien, comme Clausewitz, le chef des opérations est en permanence dans l'incertitude, il avance dans le brouillard, il n'agit jamais à coup sûr. Il sait qu'il ne maîtrise pas tout. Il est donc très improbable qu'il se lance dans des complots compliqués, qui augmentent l'incertitude au delà de toute limite, qui dévorent le temps, les ressources, et le mettent à la merci de la moindre trahison.

    Les hypothèses selon lesquelles les attentats du 11 septembre ont été commandités par le gouvernement américain, ou un fraction secrète en son sein, sont donc en principe très improbables, même si les zones d'ombres demeurent et que rien ne permet de condamner a priori une contre-enquête. Il faut aussi garder à l'esprit que ceux qui formulent une hypothèse doivent apporter des preuves et des témoignages concrets s'ils veulent être pris au sérieux, et que le fait que ces pièces soient très difficile à réunir ne change rien à cette exigence logique.

    Mais si ces hypothèses étaient vraies le dévoilement de la vérité ne serait pas forcément une bonne chose, car un "Wartergate" mondial de ce genre aboutirait, tout comme le Watergate d'origine, à l'exaltation de l'Amérique et au renforcement de son mythe démocratique, en tant que pays où la liberté de critique permettrait de remédier à ses propres les abus. En dernière analyse, la révélation tardive de complots réels et leur judiciarisation se fait dans l'intérêt du système capitaliste et des forces impérialistes, lorsque le secret n'est plus utile, et que la manifestation de la vérité ne présente plus aucun danger pour eux.

    Lorsque des événements atroces sont montrés en boucle par les médias, que ces événements soient l'œuvre de ceux qui les revendiquent ou qu'ils soient perpétrés par d'autres, leur fonction est toujours la même : nous plonger dans la sidération, nous diviser, et nous ôter des mains notre propre histoire. La bonne réponse est donc de les ignorer et non de dénoncer l'implication des autorités sans preuves suffisantes. Les attentats tombent souvent à pic, mais on n'en saura pas plus. La bonne réponse à ceux qui eurent lieu en France en 2015, fut le mouvement social de 2016.

    Les théories de complots peuvent avoir aussi pour effet, voire pour fonction, de cacher le véritable complot. Ainsi, pendant qu'on s'échine à prouver que les tours jumelles n'ont pas pu s'écrouler sans dynamitage, on néglige la piste saoudienne, pourtant plus que plausible.

    Mais le plus important est tout de même ici : la théorie de complot d'emblée la plus perverse et contestable est précisément "la théorie de la théorie du complot", dont le but est d'isoler et de délégitimer la critique sociale et politique. Les glissements du signifiant "les" au signifiant "la", et de "de" à "du", permettent de réduire toutes les théories nouvelles à une seule, de taxer implicitement d'antisémitisme et donc de discréditer durablement tous ceux qui critiquent le système capitaliste et impérialiste qui domine le monde. Comment? parce que la mère des théories de complot est celle du complot juif, par exemple telle qu'elle fut formulée par les faussaires de la police du Tsar qui mirent en circulation le "Protocole des Sage de Sion" vers 1903, où une fantasmatique réunion de rabbins était censée comploter pour la domination mondiale. Par renvoi à cet archétype toute théorie alternative à la version officielle de faits d'actualité sera en définitive amalgamée dans le discours mainstream à la théorie du complot juif.

    La théorie de la théorie du complot s'étalera donc partout triomphalement, et créera une atmosphère hostile aux médias indépendants. Selon cette théorie, tous ceux qui remettront en cause les versions médiatiques dominantes des événements seront des déséquilibrés ou des pervers, relevant de ligues secrètes antisémites intéressées à la ruine de la démocratie et de la liberté. Une prophylaxie à leur encontre sera organisée dès l'école.

    Selon cette logique, chercher à dévoiler des complots ou même de simples actions concertées cachées au grand public devient illégitime et suspect, et l'historien Marc Bloch, le plus grand historien du XXème siècle, s'égarait dans le complotisme en cherchant la cause de l'étrange défaite de 1940.

    En somme, tous les complots qu'on peut imaginer n'existent pas forcément, mais il peut en exister qu'on n'a même pas imaginé, et il est parfaitement légitime de les chercher.

    GQ, 2008 - 2017

    PS : Je ne crois pas davantage qu'en 2008 à l'hypothèse selon laquelle les Américains auraient organisé eux-mêmes les attentats du 11 septembre 2001, mais je considère maintenant qu'il faut affirmer clairement, dans l'atmosphère  maccarthyste du moment, que rien n'interdit de la formuler et de chercher à la prouver, si on y croit. Car une chose est sûre : l'organisation bien réelle qu'est la CIA, pour ne parler que d'elle, est capable de tous les crimes.

     

     

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  • Théories de complot, théorie de la théorie du complot (à jour 2018)

    24 Octobre 2018 , Rédigé par RCPublié dans #GQ#Théorie immédiate#Front historique#Ce que dit la presse#États-Unis#Europe de l'Est#Communistes en Italie

    Théories de complot, théorie de la théorie du complot (à jour 2018)

    Le vrai problème n'est pas celui de l'existence de théories de complot, qui s'écroulent toutes seules quand elles sont fausses, mais de la "théorie de la théorie du complot" qui est utilisée pour discréditer toute critique de fond, et comme une sorte de "point de Godwin" pour hystériser toute discussion. L'un des principaux trucs de polémique étant d'anathémiser la personne de son adversaire en l'associant à quelque chose de hideux.

    Bref : la plupart des théories de complot sont fausses, mais il est parfaitement légitime d'en formuler.

    Lorsque l'on parle de "théorie de complot" on veut dire souvent une opération sous fausse bannière, c'est à dire une opération qui est effectuée par une puissance politique ou militaire de manière à être attribuée à ses adversaires.

    Les théories de complot de cet ordre ne sont pas souvent vraies : la provocation ne peut pas être utilisée pour fonder une stratégie politique, diplomatique ou militaire, même si elle fait partie des trucs tactiques les plus couramment utilisés. Par exemple par l'opposition vénézuelienne pendant l'été 2017, qui voulait utiliser les morts qu'elle causait dans ses propres rangs parmi les manifestants ou parmi les passants pour provoquer une intervention étrangère à son profit, ou un coup d'État suivant le procédé appliqué avec succès en Ukraine en 2014.

    Ne pas oublier que les médias sont un pouvoir mais nullement un contre-pouvoir dialectiquement déterminé à faire surgir la vérité comme ils aiment à le faire croire. Dans l'ensemble, ils ne sont pas intéressés par le dévoilement de la vérité. Mais déformer la réalité ou mentir sur la réalité, c'est plus praticable que de la mettre carrément en scène.

    Les apparences publiques reflètent, avec un certaine imprécision, la réalité effective, dont elle sont d'ailleurs une dimension. Par exemple, il est ridicule de considérer à la manière des situationnistes des années 1960 que les Américains et les Russes n'étaient ennemis qu'en apparence, pour le "Spectacle", et coopéraient en réalité. Pourtant on pourra toujours trouver des arguments verbaux et des apparences de preuve, puisque même les ennemis les plus acharnés "coopèrent".

    Le monde est marxiste et il n'est décidément pas orwellien.

    Un exemple français : Sarkozy, pour se faire élire en 2007 a bénéficié des émeutes de novembre 2005 que son attitude provocatrice a contribué à aggraver. Or il lui aurait été tout à fait inutile de recourir à un complot pour les déclencher, et même inutilement risqué.

    Dans le cas du 11 septembre, les pouvoirs états-uniens savaient qu'un jour ou l'autre, face au scandale permanent du déni des droits des Palestiniens et du "deux poids deux mesures" dans le traitement du conflit israélo-arabe, un groupe hostile surgirait du monde arabe ou musulman et commettrait une action grave qui pourrait être exploitée dans des opérations impérialistes contre les pays arabes et/ou musulmans. Inutile de le faire eux-mêmes. L'interrogation porte par contre sur la question de savoir à quel point y sont associés leurs alliés saoudiens, et sur l'implication exacte de leurs services dans le groupe Ben Laden avant qu'il échappe plus ou moins à leur contrôle.

    Le terrorisme sous fausse bannière existe, mais le risque impliqué pour les manipulateurs est grand, et c'est pourquoi il se développe rarement en opérations aussi compliquées que celles qu'il faudrait imaginer pour "mettre en scène" le 11 septembre. Il suffit de voir le prix payé par Aznar après le 11 mars 2004, non pour avoir placé les bombes de Madrid dans les trains de banlieue, mais pour avoir seulement tenté d'infléchir l'enquête vers l'ETA. Et pourtant, l'ETA, en Espagne, après tente ans de diabolisation n'était pas particulièrement populaire.

    On ne peut évidement jamais affirmer avec certitude qu'il n'y a pas eu complot, même en face d'un montage rocambolesque qui défie le bon sens, mais l'expérience finit par montrer qu'il n'y a pas beaucoup d'attentats sous fausse bannière en réalité. Les services secrets préfèrent agir directement et tuer leurs ennemis déclarés. Les attentats italiens (comme celui de la gare de Bologne en 1980) de la stratégie de tension qui ont certainement eu un effet politique important, puisqu'ils ont empêché la venue au pouvoir du Parti Communiste Italien ne sont pas des complots sous fausse bannière. Ces attentats non revendiqués visaient délibérément la population civile, comme ceux du 11 septembre, ils étaient des attentats fascistes utilisant des méthodes fascistes, perpétrés par des fascistes qui ne les ont justement pas perpétrés dans la foule d'un meeting du parti néofasciste MSI ou à l'ambassade des États-Unis. Et inversement les théories qui veulent voir les Brigades Rouges comme des agents des services secrets ne tiennent pas la route et j'ajoute que, eu égard au sacrifices consentis par ces militants, quoiqu'on pense du bien-fondé de leur stratégie, elles ont quelque chose d'indécent.

    Exemple de véritable complot (d'une source pas très secrète : "Monsieur X" sur France Inter); en 1989, les services secrets tchèques, convertis à l'instar de Gorbatchev aux bienfaits de la démocratie de marché, décidèrent de faire tomber Husak, le dernier dirigeant communiste de la Tchécoslovaquie, et pour cet effet un de leurs agents joua le rôle d'un étudiant faussement tué par la police. Ou encore, conçu aux mêmes fins, le faux charnier de Timisoara, en Roumanie au même moment, utilisé pour légitimer l'exécution en direct de Ceaucescu devant les caméras de télévisions: ce qui frappe dans ces complots, c'est l'économie de moyens, le faible nombre de complices, et l'immédiateté et la simplicité des buts.

    On peut aussi penser que si un groupe de conspirateurs interne à l'administration ou à l'armée américaine s'était donné la peine d'organiser les attentats du 11 septembre, il aurait eu d'autres buts que simplement envahir l'Afghanistan et même l'Irak : attaquer immédiatement la Russie ou la Chine par exemple. Il faut supposer qu'il y a une proportionnalité des profits aux investissements et au risque, dans les complots aussi.

    L'inconvénient des théories de complot non conclusives est qu'elles décrédibilisent ceux qui les propagent, pour le reste de ce qu'ils communiquent, qui est souvent parfaitement exact. Il peut même s'agir de "hoax" délibérément mis en circulation pour cet effet par ceux qu'elles prétendent dénoncer. 

    Mais ce qui est encore pire, c'est qu'elles véhiculent une fascination contre-productive pour l'ennemi. Face à un tel adversaire, capable d'organiser des mises en scènes si spectaculaires et si précises, apte à tout contrôler de leurs effets, on se fait tout petit pour ne pas être écrasé par le plus froid des monstres froid comme Winston et Julia, les héros 1984 (ce roman anticommuniste de guerre froide qui est la Bible de tous les ultragauchistes déconnectés de la pratique).

    L'ennemi est donc tout puissant? Il n'a pas de contradictions et celles qui paraissent dans les médias ne sont jamais que des mises en scènes? C'est tragique pour nous, car n'oublions pas que "notre base arrière, ce sont les contradictions de nos adversaires" (Mao Tsé Toung).

    A la guerre (et il s'agit d'hypothétiques opérations de guerre) si on croit les ouvrages écrits par ceux qui s'y connaissaient bien, comme Clausewitz, le chef des opérations est en permanence dans l'incertitude, il avance dans le brouillard, il n'agit jamais à coup sûr. Il sait qu'il ne maîtrise pas tout. Il est donc très improbable qu'il se lance dans des complots compliqués, qui augmentent l'incertitude au delà de toute limite, qui dévorent le temps, les ressources, et le mettent à la merci de la moindre trahison.

    Les hypothèses selon lesquelles les attentats du 11 septembre ont été commandités par le gouvernement américain, ou un fraction secrète en son sein, sont donc en principe très improbables, même si les zones d'ombres demeurent et que rien ne permet de condamner a priori une contre-enquête. Il faut aussi garder à l'esprit que ceux qui formulent une hypothèse doivent apporter des preuves et des témoignages concrets s'ils veulent être pris au sérieux, et que le fait que ces pièces soient très difficile à réunir ne change rien à cette exigence logique.

    Mais si ces hypothèses étaient vraies le dévoilement de la vérité ne serait pas forcément une bonne chose, car un "Wartergate" mondial de ce genre aboutirait, tout comme le Watergate d'origine, à l'exaltation de l'Amérique et au renforcement de son mythe démocratique, en tant que pays où la liberté de critique permettrait de remédier à ses propres les abus. En dernière analyse, la révélation tardive de complots réels et leur judiciarisation se fait dans l'intérêt du système capitaliste et des forces impérialistes, lorsque le secret n'est plus utile, et que la manifestation de la vérité ne présente plus aucun danger pour eux.

    Lorsque des événements atroces sont montrés en boucle par les médias, que ces événements soient l'œuvre de ceux qui les revendiquent ou qu'ils soient perpétrés par d'autres, leur fonction est toujours la même : nous plonger dans la sidération, nous diviser, et nous ôter des mains notre propre histoire. La bonne réponse est donc de les ignorer et non de dénoncer l'implication des autorités sans preuves suffisantes. Les attentats tombent souvent à pic, mais on n'en saura pas plus. La bonne réponse à ceux qui eurent lieu en France en 2015, fut le mouvement social de 2016.

    Les théories de complots peuvent avoir aussi pour effet, voire pour fonction, de cacher le véritable complot. Ainsi, pendant qu'on s'échine à prouver que les tours jumelles n'ont pas pu s'écrouler sans dynamitage, on néglige la piste saoudienne, pourtant plus que plausible.

    Mais le plus important est tout de même ici : la théorie de complot d'emblée la plus perverse et contestable est précisément "la théorie de la théorie du complot", dont le but est d'isoler et de délégitimer la critique sociale et politique. Les glissements du signifiant "les" au signifiant "la", et de "de" à "du", permettent de réduire toutes les théories nouvelles à une seule, de taxer implicitement d'antisémitisme et donc de discréditer durablement tous ceux qui critiquent le système capitaliste et impérialiste qui domine le monde. Comment? parce que la mère des théories de complot est celle du complot juif, par exemple telle qu'elle fut formulée par les faussaires de la police du Tsar qui mirent en circulation le "Protocole des Sage de Sion" vers 1903, où une fantasmatique réunion de rabbins était censée comploter pour la domination mondiale. Par renvoi à cet archétype toute théorie alternative à la version officielle de faits d'actualité sera en définitive amalgamée dans le discours mainstream à la théorie du complot juif.

    La théorie de la théorie du complot s'étalera donc partout triomphalement, et créera une atmosphère hostile aux médias indépendants. Selon cette théorie, tous ceux qui remettront en cause les versions médiatiques dominantes des événements seront des déséquilibrés ou des pervers, relevant de ligues secrètes antisémites intéressées à la ruine de la démocratie et de la liberté. Une prophylaxie à leur encontre sera organisée dès l'école.

    Selon cette logique, chercher à dévoiler des complots ou même de simples actions concertées cachées au grand public devient illégitime et suspect, et l'historien Marc Bloch, le plus grand historien du XXème siècle, s'égarait dans le complotisme en cherchant la cause de l'étrange défaite de 1940.

    En somme, tous les complots qu'on peut imaginer n'existent pas forcément, mais il peut en exister qu'on n'a même pas imaginé, et il est parfaitement légitime de les chercher.

    GQ, 2008 - 2017

    PS : Je ne crois pas davantage qu'en 2008 à l'hypothèse selon laquelle les Américains auraient organisé eux-mêmes les attentats du 11 septembre 2001, mais je considère maintenant qu'il faut affirmer clairement, dans l'atmosphère  maccarthyste du moment, que rien n'interdit de la formuler et de chercher à la prouver, si on y croit. Car une chose est sûre : l'organisation bien réelle qu'est la CIA, pour ne parler que d'elle, est capable de tous les crimes.

     

     

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  • 24 Octobre 2018

    Publié par El Diablo

    Bienvenue dans le NOUVEAU MONDE ! [un article de ReSPUBLICA]

    Le 21 octobre 2018

    Par Évariste 
    Tout s’accélère : la destruction du monde ancien, la lutte des classes implacable qui est menée par les gérants du capital, la suppression un à un des conquis sociaux de la période précédente.


    Mais aussi la décomposition des vielles structures du camp du travail : après la pitrerie du passage de témoin entre Thibault et Lepaon à la CGT, voici celle de l’incroyable vaudeville de la sortie de Pavageau à FO. Sans compter la pression des « indigènes de la république » dans le syndicat Sud-Education 93 dans sa complaisance avec le communautarisme voulu par l’islamisme politique. Ces trois farces sont de mauvais augure pour le camp du travail comme l’est la complaisance des syndicats au nom du « dialogue social biaisé » à accepter de ne plus négocier pour uniquement se concerter !


    Si on ajoute le manque de visibilité dans l’avenir du PCF après le premier tour du vote qui désavoue la politique de son secrétaire national et qui place en position de leader une motion devenue base commune qui rassemble une hétérogénéité telle sur tous les sujets les plus importants qu’il est difficile de voir quelle sera la ligne stratégique finale (en dehors de la volonté unanime que le PCF ne soutienne plus un candidat hors du PCF). D’autant que le texte arrivé en troisième position souhaite une alliance avec la France insoumise !


    Après la sous-estimation trop grande dans notre camp de la montée des alliances populistes d’extrême droite en Autriche, en Pologne, en Hongrie, en Ukraine, en Italie, on a pu voir la percée au Brésil d’un ancien putschiste de l’extrême droite brésilienne utilisant les « erreurs » de la gauche brésilienne. D’autant qu’en France, les droites (macronistes, LR et RN) font depuis 2017 plus de 70% des suffrages exprimés !


    En France, après l’évidence de l’existence d’une milice privée au sein de l’Élysée pour assurer la sécurité du président, voilà que ce dernier utilise l’appareil judiciaire pour déconsidérer la principale force de gauche face à lui. Que la justice soit indépendante, soit. Mais ce qui est intolérable, c’est le deux poids, deux mesures vu que de nombreux autres candidats (dont le Président de la république) sont soupçonnés d’entorse à la loi. On reste surpris de la différence de traitement, mise en scène brutale pour l’un, mansuétude pour les autres. Tout cela ne dit rien de bon pour l’avenir immédiat. Les gérants du capital prépareraient, comme dans les années 30, l’union des droites avec l’extrême droite, ils ne s’y prendraient pas différemment. Car le dispositif macroniste a en fait utilisé les 15 jours du remaniement gouvernemental pour coordonner l’arrivée du nouveau ministre de l’Intérieur en même temps que cette « grandiose perquisition ».


    Tout cela pour dire qu’il en est bien fini des règles de bienséance et de bienveillance entre hommes et femmes politiques dans cette 5ème république qui n’est plus qu’une imposture de république.

    Que faire ?

    Prendre la mesure que nos informations doivent être prise en dehors des médias qui nous aliènent. Comprendre que le pouvoir du nouveau monde n’hésitera en rien s’ il estime que son pouvoir légal mais non légitime est menacé. Comprendre donc que la lutte pour le droit à la sûreté devient un impératif catégorique. Comprendre que c’est le capital qui est à la source des politiques dominantes. Agir pour que les lignes stratégiques et le fonctionnement des organisations qui luttent pour l’émancipation et la conscientisation soient conformes aux intérêts du peuple mais sans oublier les couches populaires ouvrières et employés majoritaires en France et qui peuplent de plus en plus les zones périurbaines et rurales. Agir contre la loi tendancielle de bureaucratisation des organisations y compris celles de notre camp. Agir pour remiser au grenier les vieilles lignes stratégiques qui marchaient avant-hier mais qui sont rendues obsolètes par le « nouveau monde » ubérisé et de plus en plus violent. Agir pour changer les priorités de notre travail politique en fonction de ce « nouveau monde ». Et bien sûr, avec la volonté de créer des centaines de lieux de débat, de formation, d’initiatives d’éducation populaire refondée avec ses formes ascendantes et descendantes qui doivent être dialectiquement conduites.

    SOURCE :


  • LESAKERFRANCOPHONE <hervek@yandex.com>


     

     
    25 oct. à 14:07
     

    Bonjour ,

    Nous avons publié un nouvel article sur notre blog :  Moscou joue un rôle important dans le processus de paix coréen

    Par Alex Gorka – Le 18 octobre 2018 – Source Strategic Culture

    Enregistrer des progrès dans ses négociations avec la Corée du Nord est une question d’une grande importance pour le président américain Trump à l’approche des élections de mi-mandat de novembre. Trouver une solution à un problème international majeur est …
    Vous pouvez le voir ici : http://lesakerfrancophone.fr/moscou-joue-un-role-important-dans-le-processus-de-paix-coreen
    Vous recevez cet e-mail car vous avez demandé à être notifié de la publication de tous les nouveaux articles

    Merci

    LESAKERFRANCOPHONE





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