• Les assassins des droits des travailleurs!

    Publié le 9 septembre 2015 par FSC

    Les assassins des droits des travailleurs!

    C'est aujourd'hui que "tombe" le rapport COMBREXELLE commandité par Vals.

    On en connaît la logique : voir ci-après le texte paru hier dans "les Echos" et se référer à l'excellent travail d'information réalisé par le site de la Filpac CGT depuis longtemps.

    Parallèlement au travail idéologique contre le code du travail il s'agit de contourner toutes les lois de protection par là où les salariés sont - pour l'heure en ce temps de crise - les plus vulnérables : les branches et surtout les entreprises.

    Le couteau sur la gorge, dans les déserts syndicaux des PME et dans les plus grandes entreprises au moyen des syndicats de collaboration et le cas échéant en créant des syndicats maisons à l'instar de la CFT d'antan sont dans la mire : le temps de travail (les 35 heures), les salaires, les conditions de travail ...

    Les travaux pratiques sont déjà en chantier comme on vient de le voir avec l'usine SMART d'Hambach (les 39 heures payées 35) et ce qui se passe chez Amazon à l'occasion des élections professionnelles où les outils de mise en condition sont testés.

    Pas d'autres voies que la résistance là où la force de proposition paraît bien désuette.

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    L'article des Echos sur le rapport COMBREXELLE :

    EXCLUSIF - Le rapport sur le droit du travail qui sera remis ce mercredi veut ouvrir considérablement le champ de la négociation collective.

     

    Le président de la République l’a annoncé : le fait majoritaire va devoir aussi s’imposer dans les négociations entre employeurs et syndicats. C’est, sans surprise, une des propositions du rapport que l’ancien directeur général du Travail, Jean-Denis Combrexelle, doit remettre ce mercredi au Premier ministre et dont « Les Echos » ont eu connaissance. Mais la mesure, que le conseiller d’Etat veut généraliser « à compter de 2017 », ne résume pas, loin s’en faut, son contenu.

     

    Manuel Valls, qui l’avait chargé de réfléchir sur des mesures permettant d’ « élargir la place de l’accord collectif dans notre droit du travail », ne va pas être déçu. C’est une profonde évolution du droit du travail que propose Jean-Denis Combrexelle. S’il ne donne pas toutes les clefs aux entreprises, comme l’a proposé l’Institut Montaigne , il suggère de réduire singulièrement la place de la loi dans notre édifice juridique social et de modifier en ce sens la Constitution « en inscrivant dans son préambule les principes de la négociation collective ». 

     

    La 26ème de ses propositions, au nombre de 44, est sans doute la plus osée. Le rapport forme le « projet à moyen terme, c’est-à-dire dans un délai maximal de quatre ans, d’une nouvelle architecture du Code du travail faisant le partage entre les dispositions impératives, le renvoi à la négociation collective et les dispositions supplétives en l’absence d’accord ».

     

    Un dispositif centré sur les accords d’entreprises

     

    Jean-Denis Combrexelle veut limiter le caractère impératif de la loi à quelques règles d’ordre public social (les 48 heures de durée maximale de travail par semaine en matière de temps de travail, le SMIC en matière de salaires). Une bonne partie de l’ordre public serait renvoyé au niveau des branches, dont il veut accélérer la concentration sur trois ans. Il leur reviendrait de définir l’ « ordre public conventionnel qui s’applique à l’ensemble des entreprises du secteur et qui est opposable, sous réserve de l’application du principe de faveur [d’être plus avantageux pour les salariés] , à l’ensemble des accords d’entreprises », dont la durée de validité serait limitée à 4 ans. Le dispositif préconisé serait donc centré sur ces derniers, qui s’appliqueraient en priorité, sous réserve, certes, de l’ordre public social législatif et conventionnel, mais dont le champ serait réduit.

     

    A court terme, soit dès le « courant de l’année 2016 », seraient « cibl[és] les domaines sur lesquels, du point de vue social et économique, il y a une urgence à développer la négociation collective et à adapter, en conséquence, les dispositions du code du travail ». En l’occurrence, ce que Jean-Denis Combrexelle appelle les « quatre piliers de la négociation que sont le temps de travail, les salaires, l’emploi et les conditions de travail ».

     

    Autre point clef : « Lorsque l’emploi est en cause et que l’accord vise à le protéger, le maintenir, le préserver et le développer, l’accord et l’intérêt collectif qu’il incarne priment sur l’intérêt individuel concrétisé par le contrat de travail », écrit Jean-Denis Combrexelle. Dans le cas où un salarié refuserait les conséquences de l’accord sur son contrat de travail, il ne propose pas de revenir sur le fait qu’il bénéficie d’un licenciement pour cause économique, mais prône des indemnités spécifiques de licenciement « moins attracti[ves] ». Seraient concernés les accords de mobilité, de GPEC et de maintien dans l’emploi.

     

    Parmi les autres propositions, figurent des propositions très diverses. Côté Etat, il y a notamment la « limitation du nombre de réformes législatives du droit du travail en fixant un agenda social annuel et en le respectant » ou encore l'« application du principe selon lequel toute disposition nouvelle du code du travail doit être gagée par l’abrogation d’une disposition devenue obsolète du même code ». Jean-Denis Combrexelle préconise l’« encadrement dans le temps des conditions de recours judiciaire contre les accords collectifs avec application de règles inspirées du contentieux réglementaire » mais également de reconnaître aux services déconcentrés de l’Etat la capacité de « contester les accords collectifs d’entreprise (à l’exception des accords portant sur les PSE) devant le tribunal de grande instance ». Il suggère encore une « assimilation législative de l’accord de groupe aux accords d’entreprise ». Et évoque le lancement d’une expérimentation relative aux accords collectifs concernant les filières et les sous-traitants dans le cadre de la notion d’« entreprise étendue », également évoquée par le DRH d’Orange, Bruno Mettling, dans un rapport qu’il doit remettre dans quelques jours à la nouvelle ministre du Travail, Myriam El Khomri .

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    L'article de l'Humanité d'hier sur ce qui se passe chez Amazon :

    Vote sous influence chez Amazon

     

    Le premier tour des élections professionnelles dans l'entrepôt de Saran se tient ce jour. La CGT dénonce l'arrivée d'une obscure organisation maison.

    Listes maison ?

     

    Mercredi 2 septembre, lors d'une journée de négociation du protocole d'accord préélectoral (PAP) visant le prochain scrutin de l'entrepôt de Chalon-sur- Saône (Saône-et-Loire), les quatre syndicats implantés sur le site ont eu la surprise de découvrir deux membres d'une organisation inconnue et non représentative : la Confédération autonome du travail (CAT), dont le logo est un soleil jaune. En 1947, année où la tendance réformiste de la CGT fit scission afin de créer Force ouvrière, d'autres trans- fuges cultivant une ligne farouche- ment anticommuniste créèrent la CAT. Lors des élections prud'homales de 1979, la CAT noua d'ailleurs une alliance avec la Confédération des syndicats libres (CSL), le « syndicat » d'extrême droite jadis implanté dans l'industrie automobile né sous le nom de Confédération française du travail (CFT) et qui changea son nom pour celui de la CSL suite à l'assassinat, par des militants CFT, du syndicaliste CGT Pierre Maître, en 1977. La CAT est aujourd'hui un groupuscule dont le site Internet n'a pas été mis à jour depuis 2013, implanté es- sentiellement dans l'entreprise Darty. « C'est le syndicat maison par excellence, explique Jean-Marc Miduri, de la CGT Darty. La direction l'a monté de toutes pièces à la fin des années 1970. La CAT valide tout ce que la direction met en place. Quand Darty a supprimé 500 emplois en 2013, la CGT a attaqué le plan en justice mais la CAT l'a voté sans discuter. »

     

    Hasard du calendrier, l'arrivée de la CAT dans plusieurs entrepôts Amazon correspond à celle d'un tout nou- veau juriste dans l'entreprise, Pierre- Loïc Courtel. « C'est très étrange car ce cadre porte un badge vert, celui des intérimaires. Il est présent depuis plusieurs mois mais ne nous a jamais été présenté officiellement, observe Alain Jeault. Lors des négociations du PAP, les quatre syndicats ont refusé la présence de la CAT, non représentative. Mais pendant sept heures, la direction a cherché à nous l'imposer, en demandant à trois reprises des suspensions de séance de vingt minutes, à chaque fois pour consulter ce conseiller de l'ombre. » Un conseiller dont le dernier employeur n'est autre que l'Union des industries métallurgiques et minières (UIMM), le syndicat patronal. CGT, CFDT, FO et CFE- CGC viennent d'adresser un courrier commun à la Direccte afin de dénoncer les agissements d'Amazon en fa- veur de la CAT : « Face à l'insistance de la direction à valider la présence de ce syndicat en tant que signataire du PAP, nous avons refusé d'entrer dans la négociation » et « avons quit- té la réunion », y font-ils savoir. La CAT vient également de déposer des listes dans l'entrepôt de Montélimar (Drôme), sans qu'aucun PAP n'ait été voté. La CAT assure cependant que ses nouveaux militants issus de dif- férents sites « ont découvert (l') orga nisation par Internet ».

     

    De son côté, Amazon n'a pas souhaité répondre à nos questions.

    La logistique représente en France plus de 800 000 emplois non délocalisables et concentre un très grand nombre de travailleurs pauvres, pour beaucoup intérimaires. Les conditions de travail y sont extrêmement pénibles, la moyenne d'accidents du travail est supérieure à celle du bâ- timent. Avec le déploiement continu de l'e-commerce ainsi que des points-retrait où les clients viennent toujours plus nombreux retirer au volant de leurs automobiles des courses commandées sur Internet, la logistique créera ces prochaines an- nées de nouveaux emplois précaires pour en détruire bien davantage dans le commerce de proximité et la grande distribution. « La logistique sera l'un des enjeux majeurs du com- bat syndicaliste européen », prévient Heiner Reimann, du syndicat alle mand VerDi. Amazon, et plus large- ment l'e-commerce, est une terre de mission syndicale. « En Allemagne, VerDi a beaucoup investi en y déta- chant des permanents : nous avons réussi à syndiquer des jeunes dépolitisés de plus en plus nombreux sur les piquets de grève, et qui apportent une pugnacité que nous avions per- due en Allemagne », observe Heiner Reimann. Avant d'encourager ses ca marades : « Nous sommes tous derrière la CGT Amazon pour ces élections. Dans ces entrepôts, s'écrivent de nouvelles pages d'histoire sociale. » ■

     

    par Jean-Baptiste Malet

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    Un certain nombre d'articles parus sur le site de la Filpac CGT :

     

    http://www.filpac.cgt.fr/spip.php?article10310

     

    http://www.filpac.cgt.fr/spip.php?article10309

     

    LE RAPPORT COMBREXELLE ? LA STRATÉGIE DU CHOC ! C’EST LA SUITE NATURELLE DE LA LOI MACRON - REMIS LE 9 SEPTEMBRE À MIDI À VALLS - MISSION ? TOUT LE POUVOIR AUX PATRONS !

    http://www.filpac.cgt.fr/spip.php?article10307

     

    Contre la violence libérale des relations sociales, Combattons l’austérité"

    http://www.filpac.cgt.fr/spip.php?article10279

    Ainsi que d'autres articles ...

     


  • Que faire s’il n’y a plus de guerre ? Ou le second référendum à Donetsk

    Par Rostislav Ichtchenko – Le 3 septembre 2015 – Source thesaker.is

    Un politicien sensé respecte toujours son adversaire et suppose que si quelque chose lui semble évident (à lui, le politicien sensé), son adversaire a tenu compte de cette possibilité et, si cette option n’est pas souhaitable pour lui (l’adversaire), il recherche (ou a éventuellement déjà trouvé) une solution alternative non évidente. Les Américains ont perdu plusieurs rounds géopolitiques contre la Russie pour la simple raison qu’ils ont cru avoir considéré toutes les options possibles et qu’ils forçaient Moscou à choisir entre le mauvais et le très mauvais, tandis que Poutine a réussi à trouver un troisième coup que Washington n’avait pas anticipé.

    Les dirigeants russes, comprenant que le sort du pays est en jeu, essaient de prendre en compte tous les développements possibles et agissent prudemment, en ayant préparé un contre mouvement à chaque mouvement de leurs adversaires. De plus, Moscou prépare le jeu à l’avance ce qui met Washington en zeitnot [à court de temps, NdT] et le force à improviser aveuglément lorsqu’il réagit à la stratégie bien préparée de ses adversaires.

    Les alarmistes de l’intérieur, dans leur ambition et leur inadéquation, expliquent souvent très simplement leurs griefs à l’égard des autorités : je ne comprends pas ce qu’ils font, ce qui signifie qu’ils ont tort. Cependant, même les défaitistes posent parfois des questions sensées. En voici une: «Supposons que Moscou et Donetsk croient qu’ils ont piégé Kiev dans les accords de Minsk et qu’ils attendent que la junte attaque, qu’elle se discrédite ainsi aux yeux de l’Europe et sape la capacité des États-Unis à mobiliser l’Union européenne pour soutenir leur politique ukrainienne. Kiev et Washington doivent cependant avoir anticipé ce scénario. Qu’arrive-t-il s’ils n’attaquent pas, mais restent sur leurs positions et continuent à bombarder les villes du Donbass comme ils l’ont fait depuis presque un an?»

    Les alarmistes trouvent peu convaincant l’argument selon lequel ni Kiev ni Washington n’ont le temps et les ressources (en particulier avec l’arrivée de la nouvelle vague de crise systémique mondiale, ce qui peut éliminer l’ancien ordre mondial en même temps que l’hégémon affaibli) pour prolonger indéfiniment une situation qui ne débouche sur aucun résultat positif. Le point de vue des alarmistes est sensé : empiriquement, ce modèle ne peut être vérifié que si la situation évolue, tandis qu’il n’y a pas de limite aux modèles théoriques qui peuvent être construits. Sans oublier que l’histoire démontre souvent que le décalage d’une année est habituel (certains événements, comme le coup d’État en Ukraine, étaient supposés se produire plus tard, tandis que d’autres événements étaient supposés arriver plus tôt).

    Par conséquent, si Washington décide de remettre à plus tard et révoque son ordre de marche à Kiev, il est nécessaire d’avoir un plan de rechange qui permettrait à la Russie de gagner le jeu politique dans la guerre de position.

    Je crois que nous pouvons deviner les éléments clés de ce plan. Au moins, la séquence des événements ces six derniers mois suggère que ce n’était pas une série de réponses mais une stratégie planifiée. Ou, même si les premières réponses étaient contraintes par la situation, un certain système a émergé à la fin de l’été 2014. D’une manière ou d’une autre, nous n’observons aujourd’hui pas uniquement des réactions des autorités russes aux événements, mais plutôt une création de mécanismes pour diriger ces événements.

    Qu’est-ce que je veux dire par là?

    Premièrement, en résultat du blocus ukrainien sur le Donbass, les liens économiques des Républiques populaire de Lougansk et du Donbass se sont réorientés vers la Russie (même s’ils passaient, techniquement, par l’Ossétie du Sud).

    Deuxièmement, en raison du blocus financier de l’Ukraine, les Républiques ont introduit un système à devises multiples (hryvna/rouble/dollar US), amenant les territoires non contrôlés par Kiev dans la zone du rouble russe, ce qui représente plus de 80% des transactions en argent liquide.

    Troisièmement, à cause du blocus administratif par l’Ukraine, les Républiques ont essayé d’introduire leurs propres documents d’identification. Mais comme les RPL/RPD ne sont pas reconnues internationalement, ces documents d’identité n’ont pas de statut légal, même en Russie. Après cela, le projet a émergé de donner des passeports russes aux habitants du Donbass.

    Quatrièmement, dans les derniers jours d’août, les médias russes ont commencé à discuter de la possibilité d’un référendum au Donbass dès cet automne à propos de son unification avec la Russie.

    Alors que les deux premiers points auraient pu être une réaction forcée par la situation, offrir des passeports russes est une décision politique. En reconnaissant les résidents des Républiques de Lougansk et Donetsk comme des citoyens russes, les autorités prennent une grave responsabilité. La Russie a l’obligation de protéger ses citoyens indépendamment de leur lieu de résidence, peu importe comment et quand ils ont obtenu la citoyenneté, par naissance il y a 20 ans, ou hier seulement en renonçant à leur citoyenneté ukrainienne. Il est clair que des millions de résidents du Donbass ne le quitteront pas pour la Russie. La moitié est déjà partie et certains reviennent déjà. Par conséquent, la Russie devra protéger ses citoyens là où ils vivent, dans les Républiques populaires de Lougansk et Donetsk.

    Comme pour la plupart d’entre eux, leur passeport russe sera l’unique document leur permettant de sortir du minuscule territoire contrôlé par la milice du Donbass, il est facile de deviner que la majorité des résidents du Donbass obtiendrait des passeports russes. Qui plus est, selon le Service d’immigration russe, plus d’un million de gens ont déjà émigré d’Ukraine (la plupart du Donbass) en Russie. Beaucoup d’entre eux utiliseront aussi la possibilité d’obtenir la nationalité russe au Donbass. Pendant une brève période, le Donbass pourrait avoir plus de citoyens russes que l’Abkhazie, l’Ossétie du Sud ou la Transnistrie. A ce stade, un nouveau problème surgira. Lorsque le régime de Kiev assassine ses propres citoyens, ce n’est pas bien, mais cela reste son affaire interne (du moins les États-Unis le considèrent-ils comme ça, contrairement à d’autres cas comme la Libye), mais lorsqu’ils commencent à assassiner des citoyens russes, la Constitution impose aux autorités russes de les protéger. La différence entre la bonne volonté et la loi est immense.

    Enfin, l’aspect le plus important. Même avant que les passeports russes soient délivrés en masse, les RPL/RPD ont fait fuiter l’info (sinon, comment les médias auraient-ils pu l’obtenir?), que juste après les élections d’octobre (c’est-à-dire en novembre-décembre, cette année), ils projettent un référendum sur le fait que les RPL/RPD rejoignent la Russie.

    Qu’est-ce qui est si important là dedans? L’information sur les plans est sortie et a été diffusée avant leur mise en œuvre. Par conséquent, le Kremlin voulait que nos amis et partenaires le sachent et en tiennent compte dans leurs projets. En fait, on leur a dit: «Si vous n’attaquez pas à la fin de septembre, nous donnerons des passeports russes aux gens, puis nous organiserons un référendum où les citoyens russes voteront pour rejoindre la Russie. Alors nous vous parlerons dans une situation politique très différente.»

    Surtout, aussi bien Kiev que Washington savent que les passeports seront remis et qu’un référendum aura lieu. Ensuite, comme en Abkhazie et en Crimée, la Russie citera le précédent du Kosovo et la volonté du peuple. Et personne ne serait en position de tirer, parce qu’ils devraient tirer sur le territoire qu’une puissance nucléaire a proclamé être le sien. Et tirer sur ses citoyens. Et cela aurait des conséquences désastreuses. Certains pourraient dire que les États-Unis et l’Ukraine sont prêts à céder le Donbass et seraient heureux de le faire. En fait, ce n’est pas le cas. Les États-Unis ont besoin de la guerre, pas de la paix, mais seulement d’une guerre où la Russie est l’agresseur. Donc les États-Unis ne laisseraient pas Kiev céder le Donbass par des négociations pacifiques, mais essaieront de faire en sorte que Kiev provoque la Russie. Supposons toutefois que ceux qui croient dans la possibilité que l’Ukraine cède le Donbass ont raison.

    Eh bien – elle ne pourra pas le céder.

    Premièrement, le référendum ne sera pas contraignant pour la Russie. Moscou peut penser aussi longtemps qu’il veut, utilisant le référendum pour renforcer sa position de négociation, répétant le leitmotiv officiel sur l’intégrité territoriale de l’Ukraine, mais insinuant que depuis mars 2014 la situation a considérablement changé au désavantage de Kiev, si bien que les demandes à Kiev ont augmenté (en fait, Kiev ne pouvait pas remplir ses obligations même avant ça).

    Deuxièmement, les autorités des RPL/RPD n’ont pas défini les limites territoriales de leur autorité. Dans certains cas, elles ont parlé de la totalité des régions de Donetsk et Lugansk. En même temps, le Parlement de Novorussie et les dirigeants des Républiques populaires parlent parfois de la libération de toute la Novorussie comme étant leur but. Qu’est-ce que la Novorussie? La plus grande partie inclut huit régions du sud et de l’est de l’Ukraine (Odessa, Nikolaev, Kherson, Zaporijia, Dniepropetrovsk, Kharkov, Donetsk et Lugansk). Certains y ajoutent la région de Kirovograd. Certains donnent le nom de Slobozhanschina aux régions de Kharkov et Sumy, et considèrent le Donbass comme une région séparée. Le résultat est que les limites de la Novorussie sont incertaines et peuvent être étendues ou réduites à volonté.

    Troisièmement, Zaharchenko a promis à plusieurs reprises que les combattants de la liberté atteindraient Kiev et Lvov. Par ailleurs, c’est une promesse raisonnable, car la guerre ne peut s’arrêter tant que les fascistes ne sont pas vaincus dans leur pays d’origine.

    Ainsi, la question des pouvoirs des gouvernements des RPL/RPD et du Parlement de Novorussie ne sont pas définis et peuvent aussi bien recouvrir certaines parties des régions de Lugansk et Donetsk, comme dit Kiev, que l’ensemble de l’Ukraine. De manière générale, les pouvoirs des participants dans la guerre civile seront définis par les capacités de leurs armées.

    Il s’ensuit que Kiev pourrait être incapable de déclarer les lignes de front actuelles comme frontières. La reconnaissance de l’indépendance du Donbass par Kiev ouvre sur la perspective que le Donbass rejoigne la Russie. Donc la lutte qui a duré un an et demi prend tout son sens. Résultat, la résistance à la junte pourrait croître à Kharkov, Odessa et dans d’autres villes de Novorussie. Kiev ne sera pas en mesure de former une nouvelle armée et de la lancer contre ces régions. Les troupes potentielles se rappelleraient qu’elles ont combattu pendant un an et demi contre les RPL/RPD et qu’ensuite Kiev a signé un accord de paix à des conditions pires que celles qui lui étaient offertes en mars 2014 lorsque le Donbass voulait seulement la fédéralisation de l’Ukraine.

    Ainsi, Kiev ne peut pas céder volontairement le Donbass sans mettre en péril sa propre survie.

    Au fond, Moscou démontre à Washington qu’il est prêt pour la nouvelle escalade au Donbass et a l’intention de faire quelque chose de terrible à Kiev (les menaces étaient si claires que Merkel et Hollande s’en sont alarmés et ont appelé Porochenko à Berlin pour le convaincre de ne pas prendre ce risque). La Russie démontre aussi que même dans la situation de ni guerre ni paix, elle est prête à forcer Kiev à choisir la paix avec des concessions dont l’ampleur n’est pas claire.

    Maintenant, Washington doit choisir entre deux maux. Il peut prendre des risques et, malgré les protestations de ses alliés européens, ce qui peut devenir hors contrôle, pousser à l’agression de Kiev sur le Donbass, ce qui enterrerait Minsk et priverait l’Union européenne d’arguments dans son dialogue avec Moscou. Il peut aussi rester assis et attendre pendant que Moscou, utilisant les accords de Minsk comme couverture, sans se presser, avec un plaisir visible et tout le temps qu’il juge adéquat, digère l’Ukraine (en partant du Donbass, mais ne s’arrêtant pas là). Pendant ce temps, Washington devrait payer pour le régime totalement inutile à Kiev jusqu’à ce que Moscou soit prêt à y mettre fin.

    En tout cas, même l’info sur le désir des RPL/RPD de tenir un référendum sur le ralliement à la Russie accroît la marge de manœuvre politique et diplomatique russe. Si les référendums avaient lieu, les positions russes dans la crise ukrainienne deviendraient inattaquables. En général, les mesures actuellement prises et prévues au Donbass suggèrent qu’avec quelque retard et beaucoup plus de pertes, le Donbass suivra la Crimée, tout en créant les conditions pour que plusieurs autres régions temporairement ukrainiennes lui emboîtent le pas. Pourtant, comme ce scénario serait trop bon pour la Russie, lui permettant de diviser et de configurer l’Ukraine comme elle le désire, je crois que les États-Unis miseront sur la guerre. Entre autres choses, cela pourrait conduire les États-Unis à prendre une position active et à tenter de retirer l’initiative des mains de la Russie. Il n’est pas encore clair si les États-Unis lanceront une guerre spécifiquement au Donbass. Washington peut choisir une troisième option et déclencher une guerre totale sur le territoire contrôlé par le régime de Kiev.

    Évidemment, cette option conduirait à la disparition de la junte, à la fragmentation de l’Ukraine et au rapprochement entre la Russie et l’Union européenne pour résoudre un problème commun de pacification des nazis ukrainiens. Cela permettrait à Washington, toutefois, de dégager des ressources immobilisées en Ukraine et de les utiliser ailleurs, tout en étant confiant que les ressources de Moscou et, partiellement, de Bruxelles seraient bloquées pour financer la reconstruction de l’économie ukrainienne, le contrôle des territoires et les tentatives pour parvenir à une sorte de consensus entre l’UE et la Russie à propos du destin des restes de l’Ukraine.

    Rostislav Ichtchenko est analyste politique de l’agence d’information Russia Today.

    Article original en russe publié sur cont.ws

    Traduit du russe en anglais par Seva, traduit de l’anglais par Diane, relu par jj pour le Saker francophone


  • http://www.europalestine.com

    Publication CAPJPO - Europalestine

    A vos agendas !

     
    A noter sans faute !
    FÊTE DE L’HUMA LES 11, 12 & 13 septembre, RETROUVEZ-NOUS SUR LE STAND "ENSEMBLE " :
    Grande Exposition sur les prisonniers palestiniens - Présentation de la campagne BDS - Propositions d’actions : avenue TOUSSAINT LOUVERTURE (Entrée du parc, avenue DELAUNE, avenue NIEMEYER... (suite)
     
     
    Troisième enterrement dans la même famille ce dimanche après le décès de Riham Dawabshe, 27 ans, qui a succombé à ses brûlures après avoir été brûlée vive par des colons israéliens, comme son fils Ali de 18 mois et son mari Sa’ad, 32 ans. Et toujours aucun des criminels inculpés à ce jour...
    (Photo : Thomas... (suite)

     


  • UJFP 

    RIHAM DAWABCHEH VIENT DE MOURIR, SES ASSASSINS SONT EN LIBERTE

    http://www.ujfp.org/spip.php?article4376

    Nous venons de l’apprendre : Riham Dawabcheh - 26 ans - est morte des suites de ses graves brûlures dans la nuit de dimanche à lundi.

    Riham Dawabcheh était la maman d’Ali Dawabcheh ce jeune enfant de 18 mois brûlé vif dans l’incendie criminel de la maison familiale le 31 juillet dernier dans le village de Duma, en Cisjordanie occupée.

    Riham Dawabcheh était l’épouse de Saad Dawabcheh, le père d’Ali, lui aussi décédé des suites de ses brûlures, en août dernier.

    Tous les trois, victimes de la haine des colons racistes de la colonie proche de Maaleh Ephraïm, membres du mouvement fasciste Tag Mekhir « le prix à payer » qui, rappelons le, sont à ce jour toujours en liberté.

    Aucune mesure, aucune sanction n’a été prise à ce jour contre ce mouvement.

    Fin juillet, l’émotion et la stupeur provoquées par ce crime atroce bouleversaient le monde entier, suscitant de nombreuses interrogations à propos du discours israélien officiel affirmant sans vergogne être un pays démocratique, le seul plus exactement de tout le Moyen Orient.

    Le gouvernement israélien s’était alors fendu d’un message de condoléances à la famille encore en vie d’Ali, ses agents français du CRIF avaient fait de même. Le gouvernement français s’était dit profondément ému.

    Puis les événements ont repris leur cours normal : bombardements réguliers sur Gaza et leurs lots de morts supplémentaires, de villages et de maisons palestiniens détruits - dans les villages des Bédouins palestiniens du Néguev, dans les villages de la Cisjordanie occupée, à Jérusalem-Est - et nous sommes informés par l’ONU des projets israéliens de détruire dans les prochains temps 13000 autres structures palestiniennes en Cisjordanie occupée.

    Les arrestations et l’emprisonnement des résistants palestiniens se sont poursuivis.

    Rien de quoi émouvoir outre mesure la communauté internationale complice.

    La mort de Riham Dawabcheh nous rappelle douloureusement que l’occupation, avec son cortège d’exactions est toujours en vigueur, l’infernal blocus de Gaza aussi.

    L’apartheid reste le dénominateur commun du régime colonial qui programme, organise et permet tout cela. Et comme tout régime colonial, seul le colonisé est coupable d’exister, le crime du colon reste toujours impuni parce qu’il fait partie du système.

    Notre conscience ne peut être en paix tant que les assassins de la famille Dawabcheh ne seront pas tous arrêtés, jugés, condamnés.

    Nous demandons au Ministre des Affaires Etrangères français d’interpeller officiellement le gouvernement israélien sur ces meurtres impunis.

    Bureau national de l’UJFP, le 8 septembre 2015.

     


  • 7 Septembre 2015

    Publié par Michel El Diablo

    Alexis Tsipras est prêt à une alliance avec le Pasok. (Crédits : YIANNIS KOURTOGLOU)

    Alexis Tsipras est prêt à une alliance avec le Pasok. (Crédits : YIANNIS KOURTOGLOU)

    Grèce : Alexis Tsipras prêt à s'allier avec le PASOK

    L'ancien premier ministre a affirmé être prêt à gouverner avec le parti socialiste si celui-ci se débarrasse de ses anciens ministres. Un tournant dans l'histoire de Syriza, effectué sous la pression des sondages.

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    C'est un tabou important que vient de briser Alexis Tsipras. Jeudi 3 septembre, pour la première fois, Alexis Tsipras a ouvert la possibilité à une alliance avec le Pasok, le parti social-démocrate, alliance qu'il excluait jusqu'ici. L'ancien premier ministre a cependant expliqué dans cette interview diffusée sur la chaîne de télévision Kontra TV qu'une telle alliance ne serait pas inconditionnelle. Pour s'allier avec Syriza, le Pasok devra se débarrasser de ses « poids » a indiqué Alexis Tsipras.

    « Poids » qui chargeraient le Pasok

    Quels sont ces « poids » ? Principalement l'ancien chef du parti, Evangelos Venizelos, vice-premier ministre et ministre des affaires étrangères dans le gouvernement d'Antonis Samaras de juin 2012 à janvier 2015. Un autre « poids » cité par Alexis Tsipras est Andreas Loverdos, ancien ministre du travail de George Papandréou et de Lukas Papadimos de 2010 à 2012. En réalité, Alexis Tsipras voudrait s'allier avec un Pasok débarrassé de tous les ministres qui ont appliqué l'austérité réclamée par les créanciers entre 2010 et 2015.

     

    Tournant

    Jusqu'à présent, Alexis Tsipras refusait toute alliance avec les « partis de l'establishment », tant ceux qui avaient appliqué l'austérité, le Pasok et le parti conservateur Nouvelle Démocratie (ND), ainsi que le parti centriste To Potami (« la rivière »), poulain de Bruxelles et des oligarques grecs. Mais si son ambition officielle demeure de reconduire l'alliance avec le parti de droite souverainiste des Grecs Indépendants (ANEL), il doit s'adapter à une nouvelle réalité. Les dernières enquêtes d'opinion traduisent en effet un recul net de Syriza et semble considérer qu'ANEL aura beaucoup de peine à atteindre les 3 % des suffrages exprimés nécessaires pour entrer à la Vouli.

     

    Incarner la stabilité

    La situation est donc changée. Si Syriza arrive en tête, même assez largement, il n'aura pas de capacité à former un gouvernement. Sur sa gauche, ni le parti Communiste (KKE), ni les dissidents de Syriza de l'Unité Populaire ne sont des alliés possibles. En revanche, Nouvelle Démocratie peut compter sur une coalition quasi certaine avec le Pasok et To Potami s'il arrive à glaner les 50 sièges sur 300 promis au premier parti du pays. Si la droite arrive en tête, elle a donc plus de chance de former un gouvernement et c'est un argument que le leader de ND, Evangelos Meimarakis, n'a pas hésité ces jours-ci à souligner. La droite dispose donc d'un bonus à la stabilité. Or, dans une Grèce fatiguée par six mois de négociations et cinq ans d'austérité, c'est un argument qui peut peser lourd. Alexis Tsipras doit donc rééquilibrer sa position sur ce point. D'où son ouverture au Pasok qui pourrait être le prélude à un élargissement à To Potami, parti qui, après tout, n'a pas participé non plus à l'austérité des années 2010-2015.

    Conditions de pure forme

    Car, les conditions posées par Alexis Tsipras sont de pure forme. La future coalition au pouvoir après les élections du 20 septembre sera en charge d'appliquer le troisième mémorandum signé en août dernier par Alexis Tsipras. Vouloir s'allier avec un parti « vierge » de toute austérité passée est donc une simple coquetterie. D'autant qu'Evangelos Venizelos a quitté la tête du Pasok, confiée à Fofi Yennimata, une universitaire de 50 ans. Du reste, C'est aussi considérer que la ligne politique passée du Pasok et son application depuis 2009 n'est que le fruit de certaines personnalités qui ont exercé le pouvoir. Mais Alexis Tsipras oublie que le Pasok est, comme Nouvelle Démocratie, un des piliers d'un système clientéliste qui a conduit la Grèce au bord du gouffre. Sans compter que c'est le Pasok de Konstantinos Simitis, premier ministre de 1996 à 2004, qui a poussé la Grèce à entrer dans la zone euro.

    Vers une « pasokisation » de Syriza ?

    En réalité, le Pasok n'a guère changé. Il reste un parti « pro-mémorandum » fondé sur une logique de clans. Fofi Yennimata est, d'ailleurs, la fille d'un des fondateurs du parti, Yiorgos Yennimata, cinq fois ministre sous Andreas Papandréou. Avec le Pasok, la volonté réformatrice de Syriza, qui constituait le cœur de son programme de Thessalonique d'août dernier, ne peut qu'être remise à plus tard. Plutôt que de changer réellement le fonctionnement de la société grecque pour la rendre plus égalitaire et plus juste, une telle alliance sera tentée, comme les précédentes, de s'en tenir aux objectifs comptables par le mémorandum et par la troïka. Cette ouverture d'Alexis Tsipras vers le Pasok traduit en réalité l'évolution de Syriza qui, en acceptant les conditions des créanciers, est entré dans le jeu « normal » de la politique grecque. Progressivement, les différences entre Syriza et le Pasok risquent de devenir très réduites. L'ancien parti des Papandréou a, lui aussi, tout en se proclamant de « gauche », appliqué une politique d'austérité dictée par les créanciers. Depuis le début de la campagne, le seul argument de Syriza est celui de défendre un gouvernement « de gauche » en Grèce.

    Pari risqué

    Ce mouvement d'Alexis Tsipras est donc fort risqué. Pour pouvoir prétendre à la capacité d'assurer la stabilité politique, il met en danger ce qui restait de fort dans le programme de Syriza, autrement dit sa capacité de parti « neuf », capable de rénover le pays et de le réformer réellement. Il prend donc le risque de rajouter de la déception à la déception. Or, l'électorat de Syriza est, selon une enquête de GPO, particulièrement déçu. La moitié seulement des électeurs de Syriza en janvier voteront à nouveau pour ce parti le 20 septembre. C'est le plus faible taux de mobilisation après celui d'ANEL. Il n'est pas certain que le « recentrage » de Syriza et son ouverture vers le Pasok séduisent davantage ces déçus.

    Les dangers du transformisme grec

    En Italie, il existe un mot pour désigner ce qui se passe en Grèce aujourd'hui : le transformisme. Ce phénomène traduit le recentrage de tous les partis et, une fois le débat électoral factice achevé, la réduction de la politique à la seule lutte pour l'occupation des postes de gouvernement. Ce transformisme a ruiné le parlementarisme italien du début des années 1920 et de l'après-guerre et a provoqué de forts mouvements protestataires. Sous la pression des créanciers, la métamorphose de Syriza est une dernière étape de ce transformisme. Mais la Grèce a besoin de tout sauf de cette évolution qui ne va conduite qu'à renforcer la méfiance envers l'Etat et à fragiliser la démocratie hellénique. Outre les conséquences économiques du troisième mémorandum qui s'annoncent désastreuses, ses conséquences politiques semblent également devoir être fort négatives.

     

    Romaric Godin

    Le 4 septembre 2015
     

     

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