usine à gaz Avranches cyanure avril 2014Le conseil municipal qui s'est déroulé hier soir [lundi 7 avril 2014] à Avranches a apporté quelques précisions supplémentaires sur la pollution toxique sur la commune.
Le député et ancien maire Guénhaël Huet, (in)directement mis en cause, s'est défendu sans réellement convaincre.
(photo - site de l'ancienne usine à gaz)

Cette affaire a été portée à la connaissance du public après la publication d'un article du quotidien Ouest-France le 3 avril dernier (en téléchargement en fin de ce post) et la diffusion d'un reportage de France 3 Basse-Normandie en début de semaine (vidéo en consultation en fin de ce post).

Le pitch.
Un couple de jeunes gens se sont installés en colocation dans une propriété située en contre-bas d'une ancienne usine à gaz située rue des Nu-Pieds.
Ils ont été interpellés par des riverains sur la possibilité d'une pollution de leur sol par le ruissellement de produits toxiques en provenance de ladite installation chimique.
Désaffecté dans les années 1960, le site - racheté par la ville fin des années 1970 - n'a jamais fait l'objet de dépollution.
riverains usine à gaz Avranches cyanure 2014Inquiet, le jeune couple a demandé au propriétaire d'effectuer des analyses du terrain.
Les résultats ont révélé un taux de cyanure (1,4 mg / kg de terre) supérieur à la norme maximale recommandée  (1 mg / kg).
(photo - entrée de la propriété en colocation)

Un collectif de riverains s'est rendu mardi 1er avril en mairie, propriétaire du site, pour demander des explications.
La délégation a été reçue par le nouveau maire David Nicolas, élu le vendredi précédent (lire ici).

Au cours de la réunion relatée par le quotidien, l'ensemble des participants (le maire inclus) sont surpris d'apprendre de Max Hurel, responsable des services techniques, que des analyses ont été réalisées dans le sol de l'usine par la ville en 2012.
Elles ont concluent la présence de cyanure, hydrocarbure, métaux lourds, ... dans des teneurs anormales.
Les résultats de ces analyses n'ont jamais été communiqués publiquement (regarder la vidéo de France 3).
Par ailleurs, à la même époque, un devis pour sonder le sol à l'extérieur du site avait été demandé par la ville sans qu'il y ait de suite de donner.

A l'issue de la rencontre, le premier magistrat de la ville s'est engagé à effectuer de nouvelles analyses avant d'entreprendre quoi que ce soit.

Guénhaël Huet Alain Morazin usine à gaz pollution cyanure Avranches 2014Le sujet est revenu sur la table lors du conseil municipal du 7 avril 2014, alors qu'il n'était pas inscrit à l'ordre du jour.
Il est revenu, en toute fin de séance, par la voix du conseiller municipal d'opposition Alain Morazin.
A la grande surprise de la majorité municipale mais surtout de Guénhaël Huet, l'ancien maire qui était aux affaires en 2012 et visiblement non informé de l'intervention de son colistier et collègue.
(photo - de gauche : à droite Rozenn Leroy, Guénhaël Huet et Alain Morazin)

L'élu municipal, inquiet du sort des riverains, a demandé au maire «garant des biens et (surtout) des personnes» quelles «actions il comptait mener, puisque c'est un dossier sensible voire urgent puisque la santé publique est mise en cause».
David Nicolas s'est dit surpris de la question. Il dit avoir pris connaissance la semaine dernière des analyses réalisées par la ville à l'époque où le conseiller municipal était en responsabilité.
Le maire évoque qu'à cette date un devis d'un montant de 5.772€ a été demandé en vue d'analyser le sol des propriétés voisines sans qu'il soit donné suite.
Alain Morazin consent qu'il était au courant que le terrain était pollué.
David Nicolas dit s'engager à communiquer les résultats de la première analyse et à relancer le devis pour sonder les terrains environnants.
«Nous allons dépenser de l'argent public pour informer les populations des risques qu'ils encourent».
Par ailleurs, des contacts ont été pris avec la Sous-Préfecture afin de trouver des solutions pour lever tout danger pour les riverains.

David Nicolas maire Avranches pollution cyanure usine à gazL'ancien maire Guénhaël Huet tente de minimiser la situation, précisant que depuis que la ville est propriétaire du site (1977/1978) «aucune municipalité précédente ne s'est souciée de l'état du terrain même si chacun savait ou présupposait qu'il y avait de la pollution
Il précise que la municipalité précédente [celle où il était maire, NDLR] a réalisé deux séries d'analyse. L'une en 2006/2007 et l'autre en septembre 2012.
A la question du maire pourquoi la municipalité précédente n'a pas réalisé d'analyse des sols des propriétés voisines, l'ancien maire répond que deux séries d'analyses ont été faites, la troisième «à l'extérieur du terrain» reste à faire.
Et conclut que «c'est une bonne chose que votre municipalité poursuive un dossier qui a été engagé de façon très précise. Il ne reste plus grand chose à faire, on a fait 80 ou 90% de ce qui était à réaliser. Il vous reste donc à finir le travail qui a été engagé.»
David Nicolas conteste ces dires, complétant «vous avez dit aux riverains que vous refusiez d'engager une prospection beaucoup plus large concernant leur cadre de vie».
«Ce refus a mis en danger la santé des populations environnantes» poursuit le maire et mentionne le décès d'une personne habitant sous l'ancienne usine à gaz «mort d'un cancer. Elle buvait l'eau du puits, elle faisait son potager».
David Nicolas rappelle que cette affaire a pour origine l'inquiétude d'un jeune couple occupant la même propriété que la personne décédée.
«On a perdu deux ans et on a mis pendant deux ans la population en danger» déclare-il, poursuivant «Nous avons joué la transparence et nous avons le sentiment que de votre coté la transparence n'a pas été de mise» ...

Guénhaël Huet, bien à la peine, informe que «ce dossier n'a rien de secret et qu'il ne vous reste plus grand chose à faire».
«Ce ne sont pas seulement quelques investigations mais une longue investigation qui impacte la vie d'une centaine d'habitants» tacle le maire.
usine à gaz Avranches cyanure avril 2014 entréeSur de dossier, l'ancien maire se propose de s'entretenir avec l'actuel si ce dernier le souhaite.
Guénhaël Huet évoque le coût «très importante» de la dépollution du site, entre 500.000 et 550.000€. Il espère que ce ne sera pas le contribuable avranchinais qui assumera le coût de cette dépollution.
Le maire précise que plusieurs pistes sont envisagées pour que les avranchinais ne paient pas la totalité de la décontamination, rappelant que l'urgence n'est pas la dépollution mais l'information des riverains «du risque qu'ils encourent en habitant en contre-bas de l'usine à gaz».
Et répétant, en conclusion de la séquence : «ce que je déplore c'est que vous n'ayez pas pris suffisamment tôt la mesure de ce risque encouru par les habitants d'Avranches».

A suivre.

* le lieu a été successivement mis à disposition à différentes association : la Banque alimentaire puis le Moto club d'Avranches


vidéo :
conseil municipal - lundi 7 avril 2014 : la discussion

 

reportage de France 3 Basse-Normandie du 7 avril 2014 - JT 12h00

 

article de Ouest-France : cliquer ici pour télécharger le pdf


François Groualle - avranches infos
twitterfacebook google+tumblrinstagram