• 17 juin 2013

    Huit défaites électorales pour le PS, zéro remise en cause

    Huit défaites électorales pour le PS, zéro remise en cause

     

    En d’autres temps, certains parlaient de « chef-d’œuvre masochiste », avec la même morgue qui sied si bien aux tenants du cercle de la raison et de la responsabilité, face au désamour d’un peuple de gauche qu’ils ne comprennent plus. Au lendemain de la huitième législative partielle perdue depuis l’élection de François Hollande à l’Élysée, on ne peut qu’être admiratif devant le talent indéniable des socialistes à regarder ailleurs quand la maison brûle.

    Après la ritournelle rituelle de « la circonscription ancrée à droite » expliquant les déroutes précédentes, le résultat de la 3e circonscription du Lot-et-Garonne avait été anticipé par l’état-major du PS, qui avait prévenu depuis plusieurs jours de l’ampleur du « choc Cahuzac ». Un « choc » dont on est bien incapable, pourtant, de dire de quoi il est vraiment le nom, chez les socialistes. Car une fois l’élimination du candidat socialiste connue, il n’était décidément pas possible pour les hiérarques de la rue de Solférino de s’en tenir à la modestie et au dos rond (cela fait bien longtemps que plus personne n’imagine une réaction ambitieuse s’appuyant sur un mea-culpa sincère et une prise de conscience d’ampleur, après de telles déroutes). Non, pour le parti socialiste, le vrai problème de ce premier tour, c’est « la division de la gauche », ainsi que l’ont écrit le premier secrétaire du PS, Harlem Désir, et son secrétaire national aux élections, Christophe Borgel, dans leur communiqué dès dimanche soir.   

     

    Et ce lundi matin, on se serait cru un 22 avril 2002, en entendant le président du groupe PS à l’assemblée, Bruno Le Roux, qualifier de « faute politique » le fait de « ne pas se rassembler au premier tour quand on est ensemble et qu'on doit assumer ensemble le bilan de la majorité ». Ou encore Luc Carvounas, secrétaire national du PS aux relations extérieures, condamner « l'amnésie collective d'une partie de la gauche », avant d’appeler « tous les partis de gauche, à la responsabilité et donc à l'unité lors des prochaines échéances électorales de 2014 au risque de voir réitérer ce scénario catastrophique dans de nombreux territoires ».

    Ce n’est plus de la méthode Coué, mais carrément la méthode fouet : Nous socialistes qui sommes les plus forts, les plus beaux et les plus intelligents, n’en pouvons plus de vous, alliés inconséquents qui rechignez ainsi à toute encoche dans le droit du travail ou les acquis sociaux, qui faites les mauvais camarades sur les questions de transparence, alors que c'est la crise et qu'on n'a pas d'autre choix que la rigueur, mais attention hein, pas l'austérité. Et si en plus vous pouviez la mettre en veilleuse, ça nous arrangerait.

    La suite c'est là : http://www.mediapart.fr/journal/france/170613/huit-defaites-electorales-pour-le-ps-zero-remise-en-cause

     

    Posté par lino83 à 19:27 -

  • http://www.nordlittoral.fr/stories/image300x00//mediastore/VDN/A2011/M12/846730-colere-et-4ee78467.jpg.jpgLa CAF du NORD, devenue depuis novembre 2011, suite à la DEPARTEMENTALISATION (fusion des 8 caisses : Armentières, Cambrai, Douai, Dunkerque, Lille, Maubeuge, Roubaix et Valenciennes)  la plus grande CAF de France tient mensuellement son Conseil d'Administration au siège à LILLE. Parfois décentralisé, il aura lieu ce lundi 17 juin 2013 sur le site de Maubeuge. 

    A cette occasion, sera présenté aux administrateurs, le rapport d'activité 2012 par lequel, le directeur général Daniel FORAFO se targue, après une situation dégradée (catastrophique selon la CGT), d'avoir aujourd'hui « maîtrisé » le retard dans les dossiers et « stabilisé la situation ». Mais tout ceci, à quel prix: Aide de techniciens d'autres CAF, heures supplémentaires, fermetures ponctuelles et depuis janvier dernier, fermeture définitive les jeudis de tous les accueils, sauf à Roubaix. Et jusqu’à la prochaine dégradation, avec les mêmes mesures d’urgence à réactiver, faute de moyens pérennes. Le constat est là : avec la politique de réduction des coûts, c’est tout le service public qui est déliquescent, et la Sécurité Sociale dans son ensemble qui en pâtit.

    Le directeur déclare aussi dans ce rapport qu'il est fier, et son personnel avec lui, d'avoir contribué à tendre vers une harmonisation sociale et une plus juste égalité. Il nous livre son ambition de construction d'un projet d'entreprise qui intégrerait un projet « ambitieux » de mise en œuvre de la qualité de vie au travail de ses salariés, visant à leur bien-être. Mais ce n'est pas en le disant même en l'écrivant que ça en est réel pour autant. Le ressenti des agents est tout autre: mal travail et perte de sens.

    C'est encore plus vrai à Maubeuge où le personnel a l'impression d'avoir été oublié tout comme les allocataires de l'arrondissement  qu'il sert. Malgré la volonté affichée par la Direction, d'égalité de traitement, d'homogénéité des politiques et d’équité d’un bout à l’autre du Nord, les salariés se sentent moins égaux que d'autres avec des conditions de travail déplorables dans des locaux de plus en plus vétustes et considèrent indignes et honteuses les conditions d'accueil des allocataires. Les abords mêmes de l'organisme devant les guichets, le parvis laissent imaginer l'étendue des dégâts.

    Depuis plusieurs années, l'ancienne CAF de Maubeuge avait mis en chantier un projet de déménagement des locaux actuels, avec réaménagement du bâtiment du Foyer de Jeunes Travailleurs SANGHA,  les travaux ont été acceptés par le National et le financement prévu par la CNAF. Mais depuis le dossier n'a plus l'air d'avancer, tout comme les travaux qui doivent être réalisés à l'accueil du site actuel en attendant le futur déménagement.

    C'est pourquoi, à l'initiative du syndicat CGT de la CAF, une pétition signée par une très large majorité du personnel du site sera remise cet après-midi lors de la réunion de conseil d'administration.

     

    Les administrateurs et représentants du personnel CGT de la CAF du Nord. 

     

  • 17 juin 2013

    déminage d'une bombe : Avranches ville interdite dimanche 23 juin 2013

    Avranches bombe anglaise 500 kg juin 2013 centre-villeCeux qui souhaitaient se rendre à Avranches ce dimanche 23 juin 2013 pour se promener dans le jardin des Plantes ou pour visiter Scriptorial, le musée des manuscrits du Mont-Saint-Michel, devront reporter leurs projets.
    De même ceux qui souhaitaient faire la grasse-matinée ou regarder à la TV «Vivement dimanche» de Michel Drucker ou le tiercé devront le faire hors du centre d'Avranches.
    La ville sera bouclée toute la journée et vidée de toute population.

    L'explication a été donnée il y a quelques jours. Il s'agit de désamorcer une bombe anglaise de 500kg larguée en juillet 1944 et découverte lors de travaux de voiries rue des Fontaines-Couvertes le 4 juin dernier (lire ici).

    Un périmère de sécurité d'un rayon de 400 mètres autour de l'engin explosif a été tracé à l'intérieur duquel l'évacuation de la population sera totale et l'accès strictement interdit.
    Il concerne tout le centre-ville, la vieille-ville, les Trois Quartiers, la place Carnot, ...
    Des checks-points seront installés à chaque entrée du périmètre par les gendarmes et la police municipale.
    cf. plan du périmètre :

    bombe Avranches plan évacuation juin 2013

    Les habitants ont reçu en fin de semaine une enveloppe dans leurs boîtes aux lettres. Elle comprenait une lettre d'information (pdf) et copie du plan présenté ci-dessus.
    La lettre signée du Préfet Adolphe Colrat et du maire Guénhaël Huet précise les modalités de l'évacuation.
    L'opération débutera dès 9 heures. La sirène située à la mairie donnera le top départ.
    Les avranchinais auront une heure pour quitter leur domicile. A 10h00 il ne devrait plus y avoir âme qui vive sinon les chats et chiens errants.
    Les habitants devraient pouvoir regagner leurs foyers aux environs de 16h00 après l'émission d'un nouveau signal par la sirène.
    La fin de l'opération sera donnée aussi par les radios locales, la gendarmerie et la police municipale.

    Un lieu d'accueil, la salle Victor Hugo, près du jardin des plantes est proposé aux personnes qui n'auraient pas trouvé de point de chute à l'extérieur du périmètre.

    Les autorités préconisent aux évacués de laisser les fenêtres et vasistas ouverts et de fermer les volets (pour des raisons de sécurité liées à une onde de choc éventuelle et aux risques potentiels d’éclats). Ils sont invités aussi à couper le gaz et l’eau.
    Il est vivement conseillé de se «munir de tout ce qui est indispensable pour cette journée (médicaments, papiers, etc…) car aucun retour au domicile ne sera possible durant l’intervention».

    On croise les doigts pour que l'opération de déminage se déroule sans accrocs. Et que le retour aux domiciles se fasse sans incident.

    Pour toute demande d'info, contacter la mairie d'Avranches au 02.33.89.29.40


    François Groualle - avranches infos
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  • Mardi 18 juin 2013 2 18 /06 /Juin /2013 10:30

    logo la riposteLe meurtre de Clément Méric devrait attirer l’attention de tous les militants du mouvement ouvrier sur les agissements des groupements fascistes, dont l’activité a gagné en intensité au cours de la dernière période. Les agressions à l’encontre de militants de gauche, de citoyens « étrangers » ou d’homosexuels se sont multipliées, notamment à Lyon, Lille, Toulouse et Paris. La question du fascisme doit être prise très au sérieux. S’il est vrai que les différentes organisations de type fasciste ne sont pas très importantes, numériquement, elles sont actives et très agressives. Si nous leur permettons de poursuivre leur violence réactionnaire, Clément Méric ne sera pas la dernière victime de la racaille d’extrême droite. Il faut tuer ces organisations dans l’œuf.

    Le capitalisme a mené la société dans une impasse. Comme nous l’avons expliqué à maintes reprises, la crise actuelle est qualitativement différente de toutes celles que nous avons connues depuis 1945. Tant que le capitalisme existera, la régression sociale se poursuivra et s’aggravera. La débâcle économique est en train de broyer des millions de vies. La France entrera prochainement dans une période de grande instabilité sociale et politique, au cours de laquelle les esprits se radicaliseront vers la gauche, vers les idées révolutionnaires, mais aussi vers la droite et l’extrême droite, vers les idées racistes et fascistes. Le point de vue de nos paisibles réformistes, pour qui la résolution des contradictions sociales passe par des débats parlementaires, ne repose sur aucune réalité. Au contraire : les problèmes qui se posent sont d’une gravité telle qu’ils ne pourront être résolus qu’au moyen de conflits de classe se déroulant en dehors des fameuses « institutions républicaines » et en opposition à celles-ci. Aucun gouvernement de gauche ne pourra offrir une issue s’il ne se place pas à la tête d’un mouvement visant à renverser l’ordre établi.

    Hollande est un vendu. Son horizon politique est limité par le système capitaliste, qui pour lui est sacré. Il existe un lien direct entre la recrudescence des idées d’extrême droite et la mollesse lâche et capitularde de ces « socialistes » confortablement installés dans les niches fort bien rémunérées de la république capitaliste. Ils bloquent le chemin au changement, protègent l’ordre établi, tandis que la mécanique infernale du capitalisme, remuant la société jusqu’aux bas-fonds, fait remonter à la surface une certaine quantité de petit-bourgeois et autres d’éléments « déclassés » qui s’unissent dans la nostalgie du nazisme et la haine des révolutionnaires.

    Marine Le Pen veut donner l’impression de n’avoir plus de liens avec cette racaille. Le Front National aurait « fait le ménage ». Mais ce ne sont que des nuances. Le Pen alimente sciemment la haine raciale et alimente, du coup, les rangs des organisations qui veulent mettre en pratique ses idées réactionnaires et racistes. Les fascistes veulent se déchaîner contre les « immigrés », contre les homosexuels, contre des militants de gauche. Le Pen leur ouvre la voie, tout en prenant ses « distances ».

    La direction du PCF a évidemment condamné l’agression qui a causé la mort de Clément Méric [1]. Elle demande à l’Etat de dissoudre les organisations fascistes. Les différents communiqués du parti – aux niveaux national et fédéral – adoptent un ton « républicain » sentencieux. Le communiqué de la fédération parisienne, par exemple, déclare que l’agression « appelle une réponse forte et immédiate de l’État. La République ne peut tolérer le développement de ces groupuscules dont le sentiment d’impunité ne cesse de progresser. Ils doivent être dissous et les idées de haine qu’ils portent doivent être combattues ». C’est une approche qui n’est pas à la hauteur des enjeux. La République ne peut tolérer les groupes fascistes ? Et pourquoi donc ? Elle s’accommode parfaitement de l’exploitation capitaliste. Ses lois justifient et perpétue cette exploitation, ainsi que de toutes les souffrances et oppressions qui en découlent. Elle peut « tolérer » 5 millions de chômeurs. Elle peut tolérer ses propres lois discriminatoires et racistes. Elle criminalise le syndicalisme et organise la violence policière contre des manifestants. Et c’est cette même république qui nous protègerait contre les fascistes ?

    Une république capitaliste qui incarnerait l’égalité, qui serait une sorte de rempart contre l’injustice, n’est qu’une pure et simple idéalisation. Le PCF ne devrait pas se prêter à cette mystification. Il devrait au contraire s’efforcer de lever le voile sur le mythe républicain capitaliste et expliquer la brutalité des rapports de classe sur lesquels cette république repose. Même si les organisations fascistes étaient dissoutes, elles renaîtraient sous une autre forme. On ne parviendra pas à les éliminer par des mesures administratives, car leurs racines plongent dans toute la crasse matérielle et morale que la crise du capitalisme dépose dans les profondeurs de la société.

    Demander à l’Etat et à la république capitalistes d’éradiquer les organisations fascistes, ce n’est pas seulement illusoire : c’est potentiellement dangereux. Par le passé, lorsque des gouvernements bourgeois portaient un coup contre les fascistes (tout en les ménageant), ils en profitaient pour en porter dix contre les révolutionnaires ouvriers, sous couvert d’« arbitrer » le conflit entre les deux camps. Certes, la situation actuelle n’est pas comparable à l’Italie ou l’Allemagne pré-fascistes, loin de là. Mais notons que le président de l’UMP, Jean-François Copé, a demandé publiquement au gouvernement de dissoudre non seulement les organisations fascistes (avec lesquelles il manifestait récemment), mais aussi les organisations d’« extrême gauche ».

    Au lieu de s’en remettre à la bienveillance supposée de la république, le PCF et l’ensemble du mouvement ouvrier doivent adopter une politique indépendante, une politique de classe, pour en finir avec le fascisme. Pour commencer, dans les sections du PCF, du PG, du PS, de la CGT et de l’ensemble des organisations syndicales, nous devons faire comprendre à tous les militants ce qu’est le fascisme et pourquoi il faut l’éradiquer. Il faut créer des comités pour surveiller les agissements des organisations fascistes et en informer tous les militants. Chaque manifestation publique de ces organisations devrait être dispersée par une contre-manifestation. Il faut répondre à toute provocation fasciste en mobilisant la pleine puissance de la classe ouvrière organisée. Le mouvement ouvrier français est très puissant. Il doit utiliser cette force pour donner une leçon aux fascistes.

    En même temps, la réponse à la recrudescence des mouvements fascistes, au nationalisme et au racisme, ne saurait se réduire à la vigilance et aux seules « mobilisations ». C’est avant tout une lutte politique. Le Parti Socialiste se raccroche au système capitaliste. Ses dirigeants – fidèles aux « valeurs républicaines » bourgeoises – se sont complètement intégrés au système capitaliste. Ils en sont les agents conscients au sein de la gauche. Au PCF, la base militante n’est pas encore parvenue à s’affranchir de la modération réformiste des dirigeants, qui n’osent pas porter atteinte à la propriété privée des banques et des grandes entreprises. Le communisme « réinventé » dont ces derniers se réclament n’est rien d’autre que du réformisme, c’est-à-dire la recherche de solutions sur la base du capitalisme aux problèmes créés par ce même système. Or, si les travailleurs, les couches intermédiaires de la société et la masse grandissante de gens vivant dans la misère et la précarité ne trouvent pas, dans notre camp, une alternative sérieuse au capitalisme, cela favorisera l’implantation du Front National et des mouvements fascistes. La lutte contre ces derniers est donc indissociable d’un renforcement des idées et du programme des grandes organisations du mouvement ouvrier, à commencer par le PCF et la CGT.


    Source : La Riposte


    [1]  Mort de Clément Méric : « La haine et la violence fasciste doivent être combattues sans relâche » (Pierre Laurent)


     
     

  • 18 juin 2013

    Démocratie d’apparat !

    17 juin 2013       Par Les invités de Mediapart    

     

    Pour Raquel Garrido, Charlotte Girard et Clément Sénéchal du Parti de gauche, la concentration du pouvoir entraîne l'« inconstance » et l'« inconséquence » de l'exécutif, poussant les citoyens à préférer l'abstention. Afin de « restaurer de la responsabilité politique », ils souhaitent l'élection d'une Assemblée constituante pour jeter les bases d'une VIe République « démocratique, écologique et sociale ».


     

    L’esprit de la République s’est perdu. Forgé par les Lumières, affermi par les partisans de l’égalité, brandi par les Révolutions, il n’est aujourd’hui que le masque froid, duplice et pathétique du président de la Ve République. Césarisme, bonapartisme, présidentialisme… les variations sont nombreuses pour nommer l’essence monarchique d’un régime où le pouvoir exécutif est concentré dans les mains d’un seul homme. La mystique fallacieuse de l’homme providentiel, du père de la nation, des grands hommes dans l’Histoire ne doit plus faire illusion : le paternalisme de la Ve République française génère une infantilisation croissante de la cité doublée d’une dépossession politique des citoyens. 

    Une fois élu, au terme d’une campagne tronquée par la présélection sondagière et médiatique, le candidat officiel transfiguré par les ors vénérables de la République n’est plus responsable devant personne. Il nomme le Premier ministre et les membres du gouvernement et décide de leur sort. Il choisit le président du Conseil constitutionnel ainsi que ceux de nombreuses autres institutions, de l’Opéra de Paris à France Télévision : autant de sémillants commis qui forment sa cour personnelle. Il dicte les projets de loi. Il peut à sa guise dissoudre l’Assemblée, seule instance de la représentation nationale également désignée directement par le suffrage universel. L’article 5 de la Constitution dispose qu’il assure « le fonctionnement des pouvoirs publics et la continuité de l’État ». L’article 16 lui octroie les « pleins pouvoirs » en cas de crise. Il n’est cependant pas responsable devant le Parlement, qui ne peut le mettre en cause. Il n’est pas responsable non plus devant la Justice, du fait de l’immunité pénale et civile dont il jouit. Il n’est enfin pas responsable devant le peuple, qui n’a plus aucune prise sur lui hors des élections présidentielles et seulement en cas de renouvellement de son mandat.

    Le quinquennat et l’inversion du calendrier électoral ayant subordonné le sort de la majorité parlementaire à celui du président de la République, le Parlement a abdiqué dans la pratique les dernières prérogatives qui lui restaient. Il n’a plus les moyens de faire les lois, dont 90% environ émanent aujourd'hui de l’exécutif. Son droit d’amendement ? Il confine au simulacre. Quant à l'ordre du jour des assemblées, il demeure malgré la réforme de 2008 largement corseté par les choix d’un gouvernement qu’il ne contrôle ni même n'influence. L’affaiblissement dramatique du pouvoir législatif, accéléré par les transferts de souveraineté concédés aux instances européennes, explique ainsi la désertion chronique dont souffre notre hémicycle –certes largement aggravée par le cumul des mandats.

    Cette concentration délirante du pouvoir au « sommet de l’État » se traduit par deux phénomènes tragiques pour la continuité démocratique du pays. 

    Le premier : l’inconstance et l’inconséquence. A quoi bon en effet les propositions de campagne, quand, parvenu au pouvoir, il est si facile de gouverner sans la volonté populaire ? A quoi bon étudier les programmes politiques et confronter des idées, quand la fonction présidentielle exonère son titulaire de ses engagements ? A quoi bon respecter l’intérêt général, puisqu’il n’a pas les moyens de s’exprimer ? Dans la Ve République, un bulletin de vote équivaut à un chèque en blanc. D’où la confondante parenté des politiques menées malgré l’alternance. Et les désillusions qui s’accumulent en conséquence dans la société.

    Qui pourrait distinguer aujourd’hui la politique économique menée par Hollande de celle jadis mise en œuvre par Sarkozy ? L’une comme l’autre appartiennent au logiciel néolibéral. Qu’il suffise de rappeler qu’Hollande a adopté le traité européen (TSCG) paraphé par Sarkozy, malgré sa promesse de renégociation –alors que la souveraineté du peuple était pourtant directement mise en cause par ce texte. Qu’il suffise de rappeler qu’en 2007, le candidat Sarkozy avait promis de ne pas toucher au régime des retraites : il ne se gênera pourtant pas pour lui porter de funestes coups de boutoir une fois élu, malgré l’opposition massive de la rue. Rebelote cinq ans plus tard avec François Hollande, qui s’apprête à détricoter un peu plus le régime par répartition pour complaire aux ordres de la Commission européenne que personne n’a élue. Les promesses du candidat Hollande n'ont servi qu'à s'assurer les voix de ceux qui avaient combattu Sarkozy pour la défense de la retraite à 60 ans. Qu’il suffise enfin de rappeler que le candidat Hollande avait promis de préserver Florange. Comme le candidat Sarkozy avait promis de sauver Gandrange.

    Mais le mensonge n’atteint jamais le président de la Ve République. Quand l’un de ses ministres abuse la nation, les yeux dans les yeux, en bloc comme en détail, lui n’en est guère affecté. A peine concède-t-il une ou deux conférences de presse. A des degrés divers, cette irresponsabilité tend à irriguer tout le personnel politique, conglutiné en oligarchie. Quand les reniements se mêlent au mensonge, emblème d’un régime à la fois autoritaire et tristement baroque, comment s’étonner du discrédit dont souffre la parole politique ?

    On en vient ainsi au second phénomène : l’abstention grandissante à tous les scrutins, signe d’une dérive inexorable vers l’inexistence civique d’un nombre toujours grandissant de personnes, à commencer par les ouvriers. Depuis 1995, l’abstention au second tour de l’élection présidentielle oscille autour de 20% du corps électoral. Quant à l’abstention aux élections législatives, poumons de la démocratie représentative, elle progresse régulièrement depuis 1993 pour se porter en 2012 au chiffre inouï de 42,8% (!). Sans parler des élections européennes, où l’abstention a culminé en 2009 à 59,37% ! Pour sa part, le vote blanc –hélas considéré comme nul par nos institutions– atteignait 6% du corps électoral lors du second tour de la présidentielle en 2012, soit plus de 2 millions de personnes. Un record. La Ve République ne parvient plus ni à capter l’expression politique de la majorité des citoyens, ni à stimuler l’engagement du peuple dans les affaires de la cité. Les premières victimes sont les ouvriers, désormais 70% à s’abstenir de voter. Démocratie d’apparat. 

    Il est urgent de changer de régime, de retrouver une République compatible avec l’expression régulière de la volonté générale. Pour cela, il convient d’abord de restaurer de la responsabilité politique, sans quoi n’importe quel édifice humain se trouve sans fondement. Nous proposons à cet effet la possibilité pour les citoyens de convoquer un référendum révocatoire à tous les niveaux du système politique représentatif. Déjà inscrite dans de nombreuses Constitutions, cette disposition permet aux électeurs, après demande par pétition d’un nombre significatif d’entre eux, de soumettre la révocation de leurs élus à référendum. Cette possibilité pourrait être ouverte au plus tard à partir de la mi-mandat. Elle permettrait aux citoyens de rester impliqués dans la vie politique, et de garder un moyen de contrôle sur le pouvoir qu’ils ont délégué. Elle inciterait par ailleurs les élus à faire campagne à partir de programmes et d’objectifs politiques clairs, et de s’y tenir malgré les diverses pressions extra-démocratiques, notamment financières, qui s’exercent sur leur mandat. La volonté générale, formée par l’expression plurielle et contradictoire du peuple, serait ainsi remise au centre du jeu politique.

    Afin qu’advienne ce ressaisissement politique, nous appelons de nos vœux la convocation à l'élection d’une Assemblée constituante, seule légitime alors pour écrire aujourd’hui une nouvelle Constitution et jeter les bases d’une VIe République, que nous souhaitons démocratique, écologique et sociale.

    Raquel Garrido, secrétaire nationale du Parti de gauche (PG) au combat pour la Constituante et la VIe République

    Charlotte Girard et Clément Sénéchal, coprésidents de la comission nationale du PG pour la Constituante et la VIe République

     

    Posté par lino83 à 11:28 - -