Non, il n’est pas trop tard pour imposer une reconquête de l’emploi industriel. 

L’espace  législatif    de  la  République  possède  encore  le  pouvoir  de  promulguer  des  lois  qui  assurent  la  défense  et  la promotion de l’industrie avec ses emplois. 

Il  ne  nous  a  pas  échappé  que  le  président  se  rend  à  Florange.  Mais  faudrait-il  se  rendre  à  cette  évidence  que, décidément, cette loi n’est qu’une Arlésienne ou un ectoplasme ? 

Les  salariés  ont  besoin  d’une  loi  contraignante :  qu’un  dirigeant  patronal  de  site  industriel  veuille  soudain  vider  les lieux,  c’est  déjà  inacceptable.  Mais  alors  qu’il  laisse  la  clé  de  l’usine,  son  carnet  de  commande,  le  potentiel  et  les savoirs faire et même les aides dont il a bénéficié durant des années. 

Les salariés ont besoin d’un appui juridique avec des droits nouveaux : le comité d’entreprise doit disposer du droit de bloquer les licenciements prononcés au nom de l’abandon du site. 

Les salariés ont besoin d’une cour de justice à laquelle se référer, et non un tribunal consulaire, dit de commerce, qui ne traite que du transfert des titres de propriété. 

L’ambition  d’enchérir  le  prix  du  licenciement  dans  les  entreprises  de  plus 1000  salariés  nous  paraît  bien  modeste  en regard des besoins constatés dans nos secteurs industriels. 20 fois le Smic mensuel par emploi supprimé, voilà qui ne dissuadera aucun groupe transnational ! 

Ne cédez pas au chantage selon lequel toute autre mesure que la réduction du « coût du travail » serait condamnable au  regard  de  l’argument  érigé  en  impératif  catégorique,  la  compétitivité.  Examinez  vos  circonscriptions  et  vos communes :  elles  ne  mériteraient  que  des  friches  industrielles,  comme  à  Florange,  ou  à  Aulnay  avec  Peugeot ?  Vos électrices et vos électeurs n’attendent-ils rien d’autre que ce vaste gâchis industriel ? 

L’ambition industrielle est aussi de votre ressort. Elle ne saurait être soluble dans des opérations de communication à courte vue. 

La période qui vient s’écouler renforce l’idée qu’un secteur industriel à capitaux publics est un atout essentiel pour un pays, voire même à l’échelle de plusieurs pays.

La FTM et la Filpac CGT revendiquent un secteur industriel à capitaux publics en regard des 200 milliards d’euros distribués aux groupes qui ne sont que des aubaines pour les actionnaires et les marchés financiers 

C’est  dans  cet  objectif  qu’une  véritable loi  « Florange »  doit  permettre la   réquisition par l’Etat  -  voire  par  plusieurs Etats  -  ou  par  une  collectivité  territoriale  des  établissements  ou  entreprises  menacées  de  fermeture  sous  des  formes nouvelles de réappropriation collective et publique des choix stratégiques est nécessaire. 

L’avenir de l’industrie en France et en Europe nécessite plus de démocratie sociale et de courage politique. 

Montreuil, mardi 24 septembre 2013