• 27/03/16

    Selon le conseiller de Hollande,le président français avait proposé aux Etats-Unis de préparer une guerre contre la Russie

    Stupéfiant!!!! sa dernière trouvaille pour "rebondir" en 2017? On dit que les pouvoirs chancelants, lorsqu'ils sont en danger, lancent une guerre, pour rassembler les foules éparses (par la peur évidemment)

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    Selon le conseiller de Hollande,le président français avait proposé aux Etats-Unis de préparer une guerre contre la Russie

    A LIRE AUSSI: Le plan secret de Hollande pour rebondir http://documentinterdit.com/downloads/revelation-de-135-documents-secrets/

    Selon Fabien Penone,le conseiller de Hollande à la cellule Russie, Balkans, Europe orientale hors UE,le président français avait proposé aux Etats-Unis de préparer une guerre contre la Russie.
    Lors d'une conférence de presse à Séoul sur l'escalade de tension entre les deux corées,Fabien Penone,le nouvel ambassadeur de la France,a souligné le soutien de la France envers les initiatives de Séoul pour la paix et la dénucléarisation de la péninsule coréenne : «Je confirme notre soutien aux autorités de la Corée du Sud dans les épreuves qu’elles peuvent rencontrer.»
    "personnellement,je n'ai aucun désir de voir une escalade de la tension,et la France appuie une solution pacifique pour les deux Corées, je ferait à mon tour tout mon possible pour atténuer les tensions comme je l'ai déja fait en 2014 où le président Hollande voudrait proposer un plan d'urgence aux Etats-Unis pour entrer en guerre contre la Russie,ce qui pourrait aboutir à une catastrophe mondiale"

    " La Corée est de longue date pour la France un partenaire de tout premier plan en Asie. Nos relations sont excellentes, soudées par un Partenariat global. Notre concertation est étroite dans les enceintes internationales, notamment dans le cadre du G20, sur les enjeux globaux et les grandes questions internationales.La France a toujours été à vos côtés" a-til ajouté.

    Déja,Hollande avait menacé la Russie d'une guerre:
    "Si nous ne parvenons pas à trouver non pas un compromis mais un accord durable de paix, eh bien nous connaissons parfaitement le scénario: il a un nom, il s'appelle la guerre,Je suis donc dans le processus. Je ne veux pas donner de pronostic, je suis aujourd'hui dans la recherche, qui prendra encore quelques jours, pour aboutir à une conclusion".

     

    A LIRE AUSSI:
    Le plan secret de Hollande pour rebondir


    http://documentinterdit.com/downloads/revelation-de-135-documents-secrets/

     

     

    SOURCE   http://fr.awdnews.com/politique/selon-le-conseiller-de-hollande,le-pr%C3%A9sident-fran%C3%A7ais-avait-propos%C3%A9-aux-etats-unis-de-pr%C3%A9parer-une-guerre-contre-la-russie

     
    Posté par Jocegaly à

  • lundi 28 mars 2016

    Le lien entre "violence terroriste" et essence de l’islam est une idée fausse et dangereuse.

     

     
    Depuis les attentats de 2015, sous couvert de lutte contre le terrorisme, diverses institutions françaises ont mis en place une islamophobie d’État. Les attaques de Bruxelles risquent de ne pas enrayer ce dispositif dangereux.
     
     
     
    De Matignon à l’Académie française en passant par Sciences-Po, le nouveau sport à la mode consiste à soutenir l’existence d’un lien entre la "violence terroriste" et l’essence de l’islam. Daech serait le résultat d’un vice interne de l’islam – et non, par exemple, de l’invasion désastreuse de l’Irak par les États-Unis et leurs alliés en 2003.

     
     
     
    Initiée depuis une décennie par quelques intellectuels médiatiques, renforcée récemment par une poignée d’intellectuels musulmans, l’idée s’est imposée : le djihadiste serait dans le musulman comme le papillon dans la chrysalide.
     
     
     

    Une pensée totalisante

     
     
     
    Cette idée naguère isolée s’est répandue au point de devenir officielle. Politiciens et intellectuels s’affairent à décomplexer l’islamophobie et à retoquer ceux qui invitent au respect des musulmans.
     
     
     
    Vouloir défendre l’islam des accusations qui sont proférées à l’encontre d’un milliard et demi de musulmans, c’est aujourd’hui s’exposer en France à l’accusation d’"islamo-gauchisme", d’allégeances islamistes, c’est-à-dire djihadistes – bref, de trahison.
     
     
    Ce nouvel antidreyfusisme, énième forme d’un racisme institutionnel au moins aussi ancien que l’entreprise coloniale, repose sur un pataquès d’idées reçues, qui forment un système clos, nourri d’ignorance, de peur et de haine. Cette pensée totalisante devenue doctrine d’État a vocation à masquer la violence exercée par notre pays et ses alliés au Moyen-Orient.
     
     
     
    Il y a selon nous urgence à désamorcer cette bombe, à démonter ses rouages.
     
     
     
    1. "On a le droit de critiquer l’islam !"
     
     
     
    C'est ce qu'affirment les libéraux bien-pensants, avant de s’acharner, non sur une religion qu’ils ne connaissent pas, mais sur les musulmans.
     

     
     
    Même lorsqu’ils admettent que l’islam, pas plus que le judaïsme ou le christianisme, n’est une religion de haine, ils affirment que les musulmans sont plus violents que les autres. Même lorsqu’ils confessent que l’islam n’est pas incompatible avec la démocratie, ils exigent des musulmans qu’ils soient rééduqués.
     
     
     
    2. "L’islam fait régresser la condition des femmes"

     
     
     
    Quelle société dénuée d’industrie pornographique et de violence faite aux femmes peut donner avec une telle bonne conscience des leçons de mœurs à un milliard et demi d’êtres humains ?
     
     
     
    Aux États-Unis, une femme sur quatre est victime de violence conjugale durant sa vie, une femme sur cinq en Europe. Au cours des douze derniers mois, plus d’une Européenne sur deux a été victime de harcèlement sexuel. Au nom de quelle mission civilisatrice la cause féministe peut-elle être instrumentalisée, violentée, tournée en oripeau du racisme structurel ?
     
     
     
    3. "L’islamophobie est une invention des islamistes : la dénoncer c’est s’incliner"
     
     
     
    Cette thèse fantaisiste (puisque le terme d’islamophobie est une invention française de l’ère coloniale) est également dangereuse, parce qu’elle nous enferme dans une alternative : devenir soit islamophobe, soit islamiste (c’est-à-dire, pour qui ne s’embarrasse d’aucune nuance, djihadiste).
     
     
     
    L’islamophobie est une politique d’État, qui se manifeste, depuis le début de l’état d’urgence, par le ciblage systématique de la communauté musulmane par la police. C’est cette politique, pas sa dénonciation, qui fait le lit du djihadisme.
     
     
     
    4. "Mais enfin, le principal danger aujourd’hui, c’est le péril vert"
     
     
     
    Ah oui ? Eh bien, comptons nos morts. Depuis 2001, la guerre euro-américaine contre le terrorisme a fait entre 1,3 et 2 millions de victimes en Afghanistan, au Pakistan et en Irak, dans leur immense majorité des civils musulmans (selon l’Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire, IPPNW, Prix Nobel de la Paix).
     

     
     
    C’est au nom de la sécurité des Occidentaux et de la démocratisation des musulmans que ces massacres ont eu lieu.
     
     
     

    Cultivons nos jardins communs

     
     
     
    La plus grande violence aujourd’hui ne vient pas "du monde d’Allah", mais bien de l’Occident. Elle n’émane pas du djihad, mais de nos guerres de civilisation. Alors, plutôt que de vouloir réformer l’islam, la culture européenne pourrait avoir l’élégance d’examiner ses failles.
     
     
     
    Elle pourrait devenir plus respectueuse, plus pacifique, moins fermée à l’apport arabe et musulman. Nous pourrions revendiquer ces identités euro-musulmanes et arabo-françaises qui font la fierté de millions de nos compatriotes.
     
     
     
    Il faut mettre un terme à l’état d’urgence, aux ventes d’armes massives, à l’aventurisme militaire. Cesser la "chasse aux sales musulmans" qui flatte le goût autoritaire des élites et déshonore notre époque. Nous retirer d’une énième guerre injuste et destructrice, combattre l’islamophobie et la militarisation des esprits.
     
     
     
    Il nous faut, de toute urgence, cultiver ces jardins communs, euro-arabes et franco-méditerranéens, que notre pays recèle et qui sont l’une de ses plus grandes richesses.
     
     
    Universitaire / éditeur
     
     
     

  • Pourquoi l’indignation occidentale suite aux attentats de Bruxelles est-elle inutile ?


    «Il est hypocrite et irresponsable de faire des déclarations sur la menace terroriste et dans le même temps de fermer les yeux sur les réseaux de financement et de soutien aux terroristes, dont les recettes du trafic de drogue, le commerce de pétrole illégal et le commerce d’armes.» Vladimir Poutine.

     

    Par Alexander Mercouris – Le 22 mars 2016 – Sputnik News.

    Le bilan des attaques terroristes à Bruxelles laisse un goût amer.

    En Europe, les attaques terroristes ont maintenant lieu avec la régularité d’une pendule. Paris en a été témoin à deux reprises en 2015. Maintenant c’est au tour de Bruxelles. Le type de réponse à chacune de ces attaques est toujours le même : les gouvernements occidentaux expriment leur choc et leur indignation. La sécurité est renforcée. Les semaines passent et tout redevient comme avant.

     

    Jamais un débat n’est admis sur le rôle qu’aurait pu jouer la politique occidentale dans la création de conditions favorables aux attaques terroristes.

    Les politiques sont celles que les pouvoirs occidentaux ont suivies au Moyen Orient pendant des décennies.

    La première est l’échec à promouvoir une solution viable au conflit israélo-palestinien.

    La seconde est la désastreuse politique de changement de régimes que les gouvernements occidentaux ont suivi au Moyen-Orient depuis 2000.

    La troisième est l’habitude qu’a l’Occident de manipuler des terroristes djihadistes locaux afin de parvenir à leurs fins géopolitiques.

    Le pays occidental clé est les États-Unis et, bien que ses alliés principaux — La Grande-Bretagne, la France, l’Arabie saoudite, l’Allemagne et la Turquie — aient tous joué leur rôle, ce sont les USA qui doivent d’abord être reconsidérés.

    Le conflit israélo-palestinien est en effet difficile. Cependant la raison pour laquelle il s’est envenimé depuis si longtemps — infectant tout le Moyen-Orient avec lui — est que les États-Unis n’en ont jamais vraiment cherché la solution.

    Au lieu d’être sincèrement équitables, ils se sont inclinés en faveur d’Israël, ce qui renforce les extrémistes au sein d’Israël, tout en sapant l’autorité de ces nombreux israéliens qui sont en faveur d’un compromis.

    Pendant ce temps, la politique du changement de régime implique le renversement des quelques gouvernements du Moyen-Orient qui étaient des forces majeures de stabilité dans la région. En dépit du fait que la plupart d’entre eux étaient ou voulaient être amis avec les États-Unis.

    Le président Poutine en a exposé les conséquences dans son récent discours à l’Assemblée Générale de l’ONU :

    «Au lieu d’apporter des réformes, l’intervention agressive a précipitamment détruit les institutions gouvernementales et le mode de vie local. Au lieu de la démocratie et du progrès, il y a maintenant la violence, la pauvreté, des désastres sociaux ainsi qu’un total mépris des droits humains, y compris le droit à la vie.»

    Le chaos a créé un vide de pouvoir que les djihadistes ont comblé.

    Alors qu’ils n’étaient en 2000 qu’une frange marginale, les djihadistes contrôlent aujourd’hui des territoires de la taille de pays et sont présents dans chaque État du Moyen-Orient, et au-delà.

    Pire encore, malgré toutes les preuves de leur violence anti-occidentale, les pouvoirs occidentaux semblent incapables d’abandonner leur manie de vouloir les manipuler.

    Nous voyons maintenant cela plus concrètement en Syrie et au Yémen, où l’Occident s’est effectivement allié avec des affiliés d’al-Qaïda  dans sa lutte pour renverser les gouvernements laïques locaux, dans le cadre de leur politique de changement de régime.

    C’est un schéma qui remonte à la politique catastrophique de soutien à des djihadistes violents pour renverser le gouvernement afghan laïc soutenu par l’URSS dans les années 1980.

    Comme le président Poutine l’a également dit à l’ONU :

    «Il est hypocrite et irresponsable de faire des déclarations sur la menace terroriste et dans le même temps fermer les yeux sur les réseaux de financement et de soutien aux terroristes, dont les recettes du trafic de drogue, le commerce de pétrole illégal et le commerce d’armes.»

    Il est également irresponsable de manipuler des groupes extrémistes et de les utiliser pour accomplir vos buts politiques, espérant que vous trouverez plus tard un moyen de vous en débarrasser ou de les éliminer d’une quelconque manière.

    J’aimerais dire à ceux qui participent à cela : Messieurs, les gens à qui vous avez affaire sont cruels mais pas bêtes. Ils sont aussi intelligents que vous. Donc, la grande question est de savoir : qui se joue de qui ?

    C’est le genre de raisonnement lucide qui est nécessaire si on veut vaincre la très réelle menace des terroristes jihadistes.

    C’est une vérité amère qu’on ne trouve nulle part en Occident. Tant que ce sera le cas, la menace terroriste ne partira pas, et toutes les manifestations d’outrage dont on entendra bientôt parler de la part des gouvernements occidentaux à la suite des dernières attaques terroristes à Bruxelles n’aboutiront à rien.

    Alexander Mercouris

    Article original publié sur Sputnik News

    Traduit par Ismael, vérifié par Wayan, relu par Diane pour le Saker Francophone.


  • 26/02/16

    La vision de Kissinger sur les relations américano-russes

     

    Source : The National Interest, le 04/02/2016

    traduit et repris par LES CRISES

    Henry_Kissinger_-_World_Economic_Forum_Annual_Meeting_Davos_2008_numb2

    La Russie devrait être perçue comme un élément essentiel de tout nouvel équilibre global.

    Henry A. Kissinger

    Le 4 février 2016

    Entre 2007 et 2009, Evgueni Primakov et moi-même avons présidé un groupe composé de ministres d’État à la retraite, de hauts fonctionnaires et de chefs militaires de Russie et des États-Unis, incluant certains d’entre vous présents aujourd’hui. Son objectif était d’atténuer les aspects antagonistes des relations États-Unis-Russie et d’étudier les opportunités d’approches coopératives.

    En Amérique, il était décrit comme un “Track II group”, ce qui signifie qu’il était bipartite et encouragé par la Maison-Blanche à explorer mais non à négocier en son nom. Nous avions alterné des réunions dans chacun des pays. Le président Poutine a reçu le groupe à Moscou en 2007, et le président Medvedev en 2009. En 2008, le président George W. Bush a rassemblé une grande partie de son équipe pour la sécurité nationale dans la salle du Cabinet pour un dialogue avec nos invités.

    Tous les participants avaient occupé des postes à responsabilité durant la Guerre Froide. Pendant les périodes de tension, ils avaient fait valoir l’intérêt national de leur pays comme ils le comprenaient. Mais ils avaient aussi appris par l’expérience des périls d’une technologie menaçant la vie civilisée et évoluant dans une direction qui, en période de crise, pourrait perturber toute activité humaine organisée. Des soulèvements surgissaient tout autour du globe, amplifiés en partie par différentes identités culturelles et la confrontation d’idéologies. Le but de l’initiative Track II était de surmonter les crises et d’explorer des principes communs à l’ordre mondial.

    Evgueni Primakov était un partenaire indispensable dans cette initiative. Son esprit analytique aiguisé combiné à une large compréhension des tendances mondiales acquise au cours des années qu’il a passées à proximité et finalement au centre du pouvoir, et sa grande dévotion à son pays ont amélioré notre réflexion et aidé à la quête d’une vision commune. Nous n’étions pas toujours d’accord, mais nous nous respections toujours. Nous le regrettons tous et moi personnellement en tant que collègue et ami.

    Je n’ai pas besoin de vous dire que nos relations aujourd’hui sont bien pires que ce qu’elles étaient il y a une décennie. En effet, elles sont certainement le pire de ce qu’elles ont été avant que ne se termine la guerre froide. La confiance mutuelle s’est dissipée de part et d’autre. La confrontation a remplacé la coopération. Je sais que ces derniers mois, Evgueni Primakov cherchait des moyens de surmonter cette inquiétante situation. Nous honorerions sa mémoire en faisant nôtre cette démarche.

    A la fin de la guerre froide, les Russes et les Américains avaient une vision d’un partenariat stratégique modelé par leurs récentes expériences. Les Américains espéraient qu’une période de réduction des tensions conduirait à une coopération productive sur les enjeux planétaires. La fierté russe dans leur rôle de modernisation de leur société fut tempérée par leur malaise face à la transformation de leurs frontières et par la constatation des tâches monumentales à venir en termes de reconstruction et redéfinition. Des deux côtés, beaucoup comprenaient que les destins de la Russie et des États-Unis restaient étroitement entrelacés. Maintenir une stabilité stratégique et empêcher la prolifération des armes de destruction massive devenaient une nécessité grandissante, tout comme l’était la construction d’un système de sécurité pour l’Eurasie, spécialement le long des contours étirés de la Russie. De nouvelles perspectives s’ouvraient en matière de commerce et d’investissement ; la coopération en matière d’énergie était en haut de la liste.

    Malheureusement, le rythme du bouleversement mondial a dépassé les capacités de la diplomatie. La décision d’Evgueni Primakov en tant que Premier ministre, durant un vol au-dessus de l’Atlantique en direction de Washington, d’ordonner à son avion de faire demi-tour et de retourner à Moscou pour protester contre le début des opérations de l’OTAN en Yougoslavie était symbolique. Les espoirs initiaux qu’une étroite coopération dans les premières phases de la campagne contre al-Qaïda et les Talibans en Afghanistan pourraient mener à un partenariat sur un éventail plus large de problèmes s’affaiblissaient dans le tourbillon des disputes sur la politique au Moyen-Orient, puis se sont effondrés avec les manœuvres militaires russes dans le Caucase en 2008 et en Ukraine en 2014. Les efforts les plus récents pour trouver un terrain d’entente sur le conflit en Syrie et pour réduire les tensions en Ukraine ont peu changé l’accroissement du sentiment d’éloignement.

    Le récit prévalant dans chaque pays rejette la totalité du blâme sur l’autre, et dans chaque pays il y a une tendance à la diabolisation, si ce n’est de l’autre pays, du moins de ses dirigeants. Comme les problèmes de sécurité nationale dominent le dialogue, une partie de la méfiance et des suspicions provenant de la lutte acharnée durant la guerre froide a resurgi. Ces sentiments ont été exacerbés en Russie par la mémoire de la première décennie post-soviétique lorsque la Russie souffrait d’une vertigineuse crise politique et socio-économique, alors que les États-Unis bénéficiaient de leur plus longue période ininterrompue de développement économique. Tout cela causa des divergences politiques sur les Balkans, l’ancien territoire soviétique, le Moyen-Orient, l’expansion de l’OTAN, les ventes d’armes et de défense anti-missile au point de submerger les perspectives de coopération.

    Peut-être plus important encore a été le fossé fondamental entre les conceptions historiques. Pour les États-Unis, la fin de la guerre froide représentait une justification de sa foi traditionnelle en une inévitable révolution démocratique. Ils visualisaient l’expansion d’un système international gouverné essentiellement par des règles juridiques. Mais l’expérience passée de la Russie est plus compliquée.

    Pour un pays sur lequel avaient marché des armées étrangères depuis des siècles venant aussi bien de l’Est que de l’Ouest, la sécurité nécessitera toujours d’avoir une fondation géopolitique aussi bien que légale. Lorsque sa frontière de sécurité se déplace de 1 000 miles de l’Elbe vers Moscou, à l’est, la perception par la Russie de l’ordre mondial renfermera une inévitable composante stratégique. Le défi de notre époque est de fusionner deux points de vue – le juridique et le géopolitique – dans une conception cohérente.

    De cette manière, paradoxalement, nous nous trouvons confrontés à nouveau à un problème essentiellement philosophique. Comment pour les États-Unis travailler avec la Russie, un pays qui ne partage pas l’ensemble de ses valeurs mais est une indispensable composante de l’ordre international ?

    Comment pour la Russie mettre en pratique ses intérêts en matière de sécurité sans déclencher des alarmes dans sa périphérie et accumuler les adversaires. La Russie peut-elle gagner une place respectée dans les affaires mondiales avec lesquelles les États-Unis sont à l’aise ? Les États-Unis peuvent-ils poursuivre leurs valeurs sans être perçus comme menaçant de vouloir les imposer ? Je n’essaierai pas de proposer des réponses à toutes ces questions. Mon objectif est d’encourager une initiative pour les explorer.

    Beaucoup de commentateurs, russes et américains, ont rejeté la possibilité que les É-U et la Russie collaborent à un nouvel ordre mondial. Selon eux, les États-Unis et la Russie sont entrés dans une nouvelle guerre froide.

    Le danger aujourd’hui est moins le retour à une confrontation militaire que la consolidation dans les deux pays d’une prophétie en cours de réalisation. Les intérêts à long terme des deux pays appellent à un monde qui transforme les actuelles turbulences et fluctuations en un nouvel équilibre de plus en plus multipolaire et globalisé.

    La nature de la tourmente est en soi sans précédent. Jusque récemment, les menaces internationales mondiales étaient identifiées grâce à l’accumulation de pouvoir par un État dominant. Aujourd’hui les menaces proviennent plus fréquemment de la désintégration de pouvoir étatique et du nombre grandissant de territoires non gouvernés. Cette propagation du vide de pouvoir ne peut être gérée par aucun État, peu importe sa puissance, sur une échelle exclusivement nationale. Cela requiert une coopération durable entre les États-Unis et la Russie, et d’autres grandes puissances. Par conséquent, les éléments de compétition, dans le cadre des conflits traditionnels du système interétatique, doivent être contenus afin que la compétition soit maintenue dans certaines limites et crée les conditions qui empêchent que cela ne se reproduise.

    Il y a, comme nous le savons, de nombreux problèmes décisifs devant nous, l’Ukraine et la Syrie sont les plus immédiats. Durant ces dernières années, nos pays ont engagé des discussions épisodiques sur ces questions sans progrès notable. Ce n’est pas surprenant, car les discussions se sont déroulées en dehors du cadre d’un accord stratégique. Chacun de ces problèmes spécifiques est l’expression d’un autre problème stratégique plus large. L’Ukraine a besoin d’être incorporée à la structure de l’architecture internationale et européenne de sécurité de telle façon qu’elle serve de pont entre la Russie et l’Occident, plutôt que de poste avancé de chaque côté. Concernant la Syrie, il est clair que les factions locales et régionales ne peuvent trouver une solution par elles-mêmes. Des initiatives russo-américaines compatibles coordonnées avec d’autres grandes puissances pourraient créer un modèle de solutions pacifiques au Moyen-Orient et peut-être ailleurs.

    Toute initiative pour améliorer les relations doit inclure un dialogue sur l’ordre mondial émergent. Quelles sont les tendances qui érodent l’ancien ordre et formatent le nouveau ? Quels défis les changements posent aux intérêts nationaux et russes et américains ? Quel rôle chaque pays veut-il jouer dans la mise en forme de cet ordre, et quelle position peut-il raisonnablement et finalement espérer occuper dans ce nouvel ordre ? Comment concilions-nous les conceptions très différentes de l’ordre mondial qui se sont développées en Russie et aux États-Unis – et chez d’autres grandes puissances – en fonction de l’expérience historique ? Le but devrait être de développer une conception stratégique des relations russo-américaines dans laquelle les points de discorde pourraient être gérés.

    Dans les années 60 et 70, je percevais les relations internationales comme une relation essentiellement antagoniste entre les États-Unis et l’Union soviétique. Avec l’évolution de la technologie, une conception de stabilité stratégique que les deux pays pouvaient mettre en œuvre s’est développée, même lorsque leur rivalité continuait dans d’autres domaines. Le monde a considérablement changé depuis. En particulier, dans l’émergence de l’ordre multipolaire, la Russie devrait être perçue comme un élément essentiel de tout nouvel équilibre mondial, non en premier chef comme une menace pour les États-Unis.

    J’ai passé la majeure partie des soixante-dix dernières années engagé d’une façon ou d’une autre dans les relations américano-russes. J’étais dans les centres de décision lorsque les niveaux d’alerte ont été relevés, et aux célébrations conjointes de succès diplomatiques. Nos pays et les peuples de par le monde ont besoin de perspectives qui soient plus dans la durée.

    Je suis ici pour débattre de la possibilité d’un dialogue qui cherche à fusionner nos avenirs plutôt que de discourir sur nos désaccords. Cela requiert respect des deux côtés pour les valeurs vitales et de l’intérêt pour l’autre. Ces objectifs ne peuvent être atteints dans le temps qu’il reste à l’administration actuelle. Mais leur poursuite ne devrait pas pour autant être différée en raison de politiques intérieures américaines.

    Cela résultera seulement d’une volonté commune de Washington et de Moscou, au sein de la Maison-Blanche et du Kremlin, de dépasser les griefs et le sentiment de persécution pour affronter les défis majeurs qui attendent nos deux pays dans les années à venir.
    Henry A. Kissinger a servi en tant que conseiller en sécurité nationale et Secrétaire d’État sous les présidents Nixon et Ford. Ce discours a été prononcé à la Fondation Gorchakov de Moscou durant la conférence Primakov.

    Image: Wikimedia Commons/World Economic Forum.

    Source : The National Interest, le 04/02/2016

    Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

     
    Posté par Jocegaly à -

  • 16/03/16

    Bernie Sanders : Vers un mouvement de masse sans précédent aux Etats-Unis ?

    Sur CATDM.COM

    15 mars par Yorgos Mitralias

    CC - Flickr - Alex Hanson

    Une interrogation plane désormais au-dessus des Etats-Unis d’Amérique, et par conséquent au-dessus du monde entier : le sursaut populaire sans précédent provoqué par la campagne de Bernie Sanders pourra-t-il se transformer en un mouvement populaire organisé qui va ébranler le cœur de la superpuissance impérialiste et changer le cours de l’histoire ?

    Il n’y a pas de doute que cette interrogation va surprendre le lecteur : Un mouvement populaire aux Etats-Unis ? Et de surcroit « organisé » ? Qui va ébranler le cœur de la superpuissance impérialiste ? Mais est-il possible que de tels événements historiques se produisent aux EU et que personne n’en dit mot en Europe ? Il est tout à fait normal que le lecteur en soit incrédule. Ce n’est pas à lui la faute s’il manque si cruellement d’information : il est victime d’une véritable campagne de désinformation très bien organisée au niveau planétaire. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard que même les plus avertis, ceux qui fouillent profond dans les quelques informations, n’ont pu apprendre qu’un sénateur américain un peu « excentrique », qui se présente comme « socialiste », du nom de Bernie Sanders, crée des surprises l’ une après l’autre et rende un peu difficile la marche de Hillary Clinton vers la « nomination » du Parti Démocrate et vers… la Maison Blanche. Un point c’est tout…

    Que diriez-vous alors si on vous disait que depuis des mois, ce même Bernie Sanders n’arrête pas de proclamer que « Cette campagne n’est pas pour que Bernie Sanders soit élu président. Elle est pour que soit créée dans ce pays un mouvement politique populaire » . Et comme il l’explique lui-même chaque jour, l’objectif principal – sinon exclusif - de sa campagne est d’extraire de la marginalité de la vie politique et sociale les travailleurs et les travailleuses, les jeunes, les minorités nationales et sexuelles opprimées, les femmes, et les paysans pauvres et moyens, afin que tous et toutes ensemble prennent conscience de leur énorme force pour prendre en main leur destin en entrant dans « le processus politique », et en créant un « mouvement de masse » lequel rendra possible la « révolution politique » prêchée par le Sénateur du Vermont !

    Il est évident que tout ca n’a rien a voir avec l’image simpliste même des plus informés parmi nous, qui limitent le « phénomène Sanders » à ses successives victoires électorales toujours « imprévisibles » et à la progression géométrique de sa popularité, laquelle il y a un an ne dépassait pas le 3%, tandis qu’aujourd’hui elle atteint 40%-47% ! Il faut donc être clair : Il n’est pas question de voir Bernie Sanders à la Maison Blanche, une éventualité totalement irréaliste (car suffirait une de ces… balles assassines qui jalonnent les traditions politiques américaines pour qu’un tel « miracle » soit évité même in extremis), mais de la perspective de voir se réveiller la société nord-américaine et que devienne réalité le mouvement de masse de ses citoyens opprimés et jusqu’à maintenant muets et atomisés.

    Evidemment, la création d’un tel mouvement populaire organisé constitue une entreprise gigantesque et terriblement difficile. D’ailleurs, son succès ne dépend pas seulement de la bonne volonté et disposition de Bernie Sanders, comme il n’arrête pas lui-même de le déclarer quand il prévient quotidiennement ses supporters à ne pas croire aux divers « sauveurs » mais seulement à leurs propres forces : « Ces élections ne sont pas pour Bernie Sanders. Vous pouvez avoir le meilleur président de l’histoire du monde –quelqu’un de courageux, d’intelligent et d’audacieux. Cette personne ne sera pas en mesure de traiter avec succès les grandes crises que nous affrontons que s’il y a un mouvement politique de masse -une révolution politique- dans ce pays » .

    Ce qui est très encourageant c’est qu’il y a déjà des milliers de ses supporters qui ressentent l’urgence d’un tel mouvement indépendant et s’en occupent non seulement en théorie mais aussi en pratique. C’est ainsi qu’on assiste depuis des mois à la radicalisation spectaculaire de ses partisans et à l’augmentation continue du nombre de ceux qui déclarent être décidés à abandonner le Parti Démocrate (la presse fait état des plusieurs dizaines des milliers) ou qu’ils ne vont pas voter en faveur de Hillary Clinton ou d’un autre candidat de l’« établissement » au cas où Bernie Sanders sera absent de la confrontation finale des élections présidentielles. Selon un récent sondage, ils représentent actuellement le tiers (33%) des partisans de Sanders, tandis qu’ils ne dépassaient pas 14% il y a trois mois !

    Ce qui est encore plus important c’est que se multiplient actuellement les réseaux et les structures organisationnelles de toute espèce des partisans de Sanders qui veulent continuer à exister, à se coordonner et à agir de façon indépendante même après les élections présidentielles. C’est ainsi qu’en dehors des structures organisationnelles (plus ou moins « classiques » dans les campagnes électorales, mais qui dans ce cas tiennent souvent des congres nationaux avec élection des délégués de base !) - regroupant tous ceux qui sont « pour Bernie » comme les « Femmes », les « Jeunes », les « travailleurs », les « vétérans », les « Africains », les « Latinos », les « Socialistes » ou les « Juifs pour Bernie », les partisans de Sanders se retrouvent aussi dans plusieurs organisations radicales comme par exemple « Revolt against Plutocracy » ou « Movement4Bernie ». Celles-ci comme d’ailleurs des organisations préexistantes d’extrême gauche ou écosocialistes, des syndicats ouvriers, des mouvements sociaux comme par exemple le puissant « Fight for$15 » (Lutter pour le salaire minimum de 15 dollars) et des réseaux locaux des citoyens, déclarent ouvertement qu’elles ambitionnent de donner une suite organisationnelle et movimentiste à la campagne de Bernie Sanders !

    Selon tous les sondages et autres enquêtes concernant sa campagne (et il y en a des dizaines), Bernie Sanders est soutenu par une grande majorité des citoyens de moins de 50 ans, et ce soutien se rapproche ou même dépasse 80% dans la tranche d’âge 18-35 ans ! Il est à noter que ce soutien n’est pas passif, mais enthousiaste et actif. Sans ces jeunes activistes, la campagne de Bernie Sanders aurait été pratiquement impossible vue qu’elle a démarrée sans un sou et qu’elle était presque totalement ignorée par les medias américains…

    Après les jeunes, le deuxième grand pylône de la campagne de Bernie Sanders concerne les travailleurs. Il s’agit principalement des « travailleurs blancs » qui, dans la majorité des cas, défient leurs bureaucraties syndicales lesquelles ont opté soit pour soutenir Hillary Clinton soit pour rester neutres. Il est cependant à souligner que tout récemment, on voit s’accroître spectaculairement la part des travailleurs « Latinos » qui passent du côté de Sanders, tandis qu’on assiste à un début - très encourageant - d’émancipation des travailleurs afro-américains de « l’établissement » du Parti Démocrate au nord industriel du pays.

    Comme l’affirme la prestigieuse revue américaine de gauche The Nation (fondée en 1865 !) dans une longue et très détaillée enquête centrée sur l’Etat de Floride, la campagne de Bernie Sanders a trois pylônes : le mouvement Occupy Wall Street, l’aile gauche du mouvement syndical et les « Progressive Democrats » . Ce n’est pas donc un hasard que ces « trois pylônes » et leurs activistes œuvrent déjà pour la transformation de la campagne électorale en un mouvement radical de masse indépendant du Parti Démocrate ! Selon le reportage de The Nation (au titre et au sous-titre évocateurs « Vainqueur ou vaincue, la campagne de Sanders est en train de construire un mouvement en Floride – Quand Sanders dit qu’il ne s’agit pas de l’élection d’un président, il le pense vraiment, comme d’ailleurs ses partisans »), ce mouvement est même en train de se préparer pour présenter ses propres candidats aux diverses élections locales à venir !...

    En général, ce qui impressionne le citoyen de gauche européen habitué depuis belle lurette aux meetings – électoraux et autres - routiniers, squelettiques, indolores et incolores de sa propre Gauche, est l’extraordinaire enthousiasme des participants aux meetings de Bernie Sanders, qui se comptent souvent par dizaines des milliers ! Et il faut avoir en tête que ce Sanders de 74 ans (!) en a fait des centaines, jusqu’à 4-5 par jour, sillonnant d’un bout à l’autre les Etats-Unis ! Il s’agit, sans doute, d’une véritable explosion populaire qui combine la combativité avec une émotion due au fait que la foule des gens ait le sentiment de participer à un événement attendu depuis fort longtemps des dimensions « historiques ». Et tout ça sans démagogie et mots d’ordre faciles, mais avec un Bernie Sanders s’adressant à l’instinct de classe et à l’intelligence des participants tout en martelant qu’il ne faut pas croire aux « sauveurs » mais seulement à la force collective de « ceux d’en bas » |1|.

     

    Notes

    |1| Comme il est toujours préférable de juger sur pièces, voici deux links des discours de Bernie Sanders. Le premier est la vidéo d’une durée de 5,5 mn, de sa conférence de presse tenue dans le Senat américain, fin Juillet 2015, et consacrée entièrement à la crise de dette grecque, à la tragédie du peuple grec, et à ses bourreaux dont le FMI (voir aussi notre article de novembre passé http://cadtm.org/Bernie-Sanders-M-Voutsis-et-la). La deuxième video d’une durée de 15 mn est celle d’un discours électorale, pareil à tant d’autres, qui éclaire le contenu et la forme de la campagne de Bernie Sanders. Les deux vidéos sont en anglais avec des sous-titres grecs :

    https://www.youtube.com/watch?v=-FH_CVBIa_A

    https://youtu.be/hnaZ3F6C5Go

    Auteur.e

    Yorgos Mitralias

    Journaliste, Giorgos Mitralias est l’un des fondateurs et animateurs du Comité grec contre la dette, membre du réseau international CADTM et de la Campagne Grecque pour l’Audit de la Dette. Membre de la Commission pour la vérité sur la dette grecque et initiateur de l’appel de soutien à cette Commission.


    http://www.contra-xreos.gr

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    Posté par Jocegaly à - -