• Au bout de dix ans de siège, Gaza atteint un point de rupture humanitaire et politique


    Par Chloe Benoist – Le 18 juin 2017 – Source  Chronique de Palestine

    Gaza, juillet 2014 – Dans l’hôpital Khan Younis, une femme du village de Khousa’a tient dans ses bras un enfant blessé. Les habitants de Khousa’a ont cherché refuge dans cet hôpital après avoir fui les bombardements israéliens. Beaucoup d’habitants de Khusa’a ont été tués ou blessés alors qu’ils s’enfuyaient.

    BETHLEHEM (Ma’an) – Alors que la bande de Gaza vient de passer la barre des 10 ans du siège israélien de la petite enclave palestinienne, jeudi, la situation humanitaire continue à préoccuper les groupes de défense des droits humains, qui ne cessent de dénoncer les « conditions de vie les plus inhumaines du monde moderne. »
     

    Gaza, qui a souvent été comparée à une « prison à ciel ouvert » pour ses 1,9 million d’habitants entassés dans 365 kilomètres carrés, vient de subir une décennie d’isolement et de privations, aggravée par trois agressions militaires israéliennes dévastatrices et une persistante lutte politique entre deux factions palestiniennes.

    La décision récente de l’Autorité palestinienne (AP) de demander à Israël de réduire l’approvisionnement en électricité de la bande de Gaza a fait craindre que la situation à Gaza n’atteigne rapidement un niveau de dégradation politique et humanitaire aux conséquences imprévisibles.

    Une décennie de restrictions épouvantables

    Six mois après qu’Israël a évacué ses colonies illégales dans la bande de Gaza, le mouvement du Hamas a remporté des élections législatives palestiniennes en janvier 2006 avec une victoire écrasante : il a remporté 74 sièges au Conseil législatif palestinien (PLC), tandis que le Fatah, le parti de l’AP au pouvoir, n’en remportait que 45.

    Ce « tsunami » comme le Fatah l’a appelé, n’a pas enchanté les responsables du Fatah, et les tensions entre le Hamas et le Fatah se sont aggravées d’autant plus que les Israéliens et les Étasuniens ont décidé d’imposer des sanctions économiques à l’AP, parce qu’ils considéraient le Hamas comme un groupe terroriste.

    Les tensions ont abouti à la bataille de Gaza entre le 10 juin et le 15 juin 2007, au cours de laquelle le Hamas a pris le plein contrôle de la côte. Israël a réagi en imposant le blocus militaire total de Gaza.

    Depuis 10 ans, les autorités israéliennes restreignent sévèrement la liberté de circulation des Gazaouis, exigeant que tous les Palestiniens – y compris les malades en traitement, les hommes d’affaires et les hommes âgés qui veulent aller prier – aient un permis pour entrer ou sortir des territoires occupés à travers le checkpoint d’Erez.

    L’Égypte, le seul autre pays qui partage une frontière avec Gaza, a également intensifié le blocus depuis qu’Abd al-Fattah al-Sisi a renversé le gouvernement dirigé par les Frères musulmans en 2013 et est devenu président.

    La plupart des Gazaouis ne peuvent ni sortir de l’enclave côtière assiégée ni y entrer, parfois pendant des mois d’affilée, parce que les autorités égyptiennes n’ouvrent que sporadiquement le poste frontière de Rafah. Selon les Nations Unies, il n’a été ouvert que 44 jours en 2016, et 21 jours en 2015.

    L’Égypte a récemment tenté de faire pression sur le gouvernement de Gaza pour qu’il coopère avec ses violentes opérations de « contre-terrorisme » en échange de la fourniture d’électricité dont Gaza a un besoin impérieux.

    Israël a également maintenu des restrictions draconiennes sur l’approvisionnement de l’enclave assiégée, arguant que des matériaux de construction comme le ciment pouvaient être utilisés par le Hamas et d’autres groupes de résistance palestinienne à des fins militaires.

    Les dossiers du ministère israélien de la Défense publiés en 2012 ont également révélé que les autorités israéliennes ont aussi limité l’entrée de la nourriture dans Gaza ; selon l’ONG juridique Gisha, des produits tels que la cardamome, le chocolat et les chips étaient interdits d’importation dans Gaza en 2010. De plus, le secteur agricole de Gaza a beaucoup souffert des « zones tampons » créées par Israël à la fois sur terre et en mer ; les agriculteurs palestiniens risquent leur vie lorsqu’ils s’approchent trop près de la clôture de la frontière et les pêcheurs lorsqu’ils s’éloignent de la petite « zone de pêche délimitée » (par Israël) au large de la bande de Gaza.

    Le profond impact de trois guerres

    Israël a inlassablement tenté d’écraser la résistance palestinienne dans la bande de Gaza pendant toutes ces années, en prétendant que les roquettes sporadiquement tirées de la petite enclave palestinienne, ou que les tunnels construits entre Gaza et Israël ou l’Égypte justifiaient ses mesures punitives contre Gaza.

    Alors que les tunnels entre Gaza et Israël sont utilisés par des groupes de la résistance pour attaquer Israël, les tunnels vers l’Égypte sont utilisés par le Hamas comme une source de revenus et d’armes et aussi pour faire rentrer des produits de première nécessité pour les Gazaouis, comme de la nourriture, des médicaments et des matériaux de constructions indispensables.

    Le blocage déjà rigoureux a vu son impact multiplié par plusieurs attaques militaires israéliennes de grande envergure sur Gaza pendant ces dix ans ; des groupes de défense des droits humains ont accusé Israël d’un usage disproportionné de la force qui s’apparente à des crimes de guerre.

    Pendant l’opération « Plomb durci », une guerre de trois semaines qui a commencé à la fin de décembre 2008 et s’est terminée en janvier 2009, 1 391 Palestiniens ont été tués – dont 926 civils – et plus de 5 000 ont été blessés, selon le Centre palestinien pour les droits de l’homme (PCHR). Dans le même temps, 13 Israéliens ont été tués – quatre d’entre eux par un feu ami – et 518 ont été blessés. En novembre 2012, les frappes militaires israéliennes d’une durée d’une semaine connues sous le nom de « Opération Pilier de Défense » ont tué 160 Palestiniens tués et fait 1 000 blessés, selon le PCHR, tandis que, selon le gouvernement israélien, 6 Israéliens ont été tués et 229 blessés.

    Le conflit le plus dévastateur, toutefois, a eu lieu à l’été 2014, lorsqu’une guerre de sept semaines a coûté la vie à 2 310 Palestiniens, 70% d’entre eux des civils selon le ministère de la Santé de Gaza, et en a blessé plus de 10 500 autres. Pendant ce temps, 72 Israéliens, dont 67 soldats, ont été tués et 555 blessés.

    Le Hamas n’a pas revendiqué d’attaques de roquette depuis que le cessez-le-feu a été déclaré après la guerre de 2014 et il a même essayé d’empêcher les plus petits groupes de lancer des roquettes. Les officiels israéliens ont néanmoins accusé le Hamas de « préparer » une autre guerre avec Israël et ont mené des opérations de représailles sur toute la bande de Gaza – par des frappes aériennes en 2016 et plus tôt dans l’année notamment. Les autorités israéliennes tiennent le Hamas pour responsable de toutes les attaques contre des cibles israéliennes en provenance de la bande de Gaza.

    Une crise humanitaire qui s’aggrave toujours.

    Les trois offensives israéliennes ont causé des dégâts considérables à l’eau, à l’assainissement, à l’énergie et à l’infrastructure médicale de Gaza et ont détruit des milliers de maisons dont La reconstruction a été sérieusement bloquée par les limitations israéliennes imposées à l’importation de matériaux, ainsi que par les retards dans le règlement de l’aide internationale. En août 2016, environ 50% des bâtiments qui ont été complètement détruits pendant la guerre dévastatrice de 2014 attendaient encore d’être reconstruits, et un rapport de l’ONU d’avril 2016 estimait que 75 000 Palestiniens étaient encore sans abri presque deux ans après la dernière guerre.

    Souffrant d’un taux de chômage de 44 %, le plus élevé du monde, environ 80 % de la population de Gaza dépend de l’aide humanitaire.

    En 2015, l’ONU a averti que la bande de Gaza pourrait devenir « invivable » d’ici 2020 si rien n’est fait pour améliorer la situation, mais les développements récents font craindre que la détérioration du niveau de vie puisse se produire beaucoup plus vite que prévu.

    Alors que Gaza lutte depuis des années avec des pénuries d’électricité du fait de l’accès limité aux carburants et des infrastructures dégradées, la seule centrale électrique de Gaza a fermé en avril, parce que les responsables de l’électricité de Gaza disent qu’ils ne peuvent pas payer la taxe imposée par l’AP sur le carburant diesel, qui a doublé le coût d’exploitation de la centrale.

    En conséquence, les Gazaouis sont passés de huit heures d’électricité par jour à trois ou quatre. Et la décision d’Israël de limiter l’alimentation en électricité de Gaza à la demande de l’AP qui accuse le Hamas de ne pas lui transférer l’argent des taxes, pourrait encore réduire de moitié l’accès à l’électricité.

    Un groupe de 16 organisations de la société civile a exhorté mercredi les autorités israéliennes à reconsidérer leur décision de restreindre la fourniture d’électricité à Gaza, affirmant que la décision n’a « pas de rapport avec les besoins concrets de sécurité » et qu’elle est « de nature politique », et que, par conséquent elle viole le droit international.

    « Israël ne peut prétendre être un simple fournisseur de services répondant de manière neutre à la demande d’un client. Compte-tenu de son contrôle absolu sur la vie dans la bande de Gaza, Israël a le devoir, en tant que force d’occupation, de faire en sorte que ses habitants aient une vie normale », ont déclaré ces organisations.

    « Les dommages que causeraient aux Israéliens et aux Palestiniens de la région dans son ensemble une escalade des hostilités, sont beaucoup plus importants que le bénéfice (politique ou autre) qui peut être retiré de la mise en œuvre d’une telle décision. » L’accès aux soins de santé a été fortement affecté par le blocus, les pénuries d’électricité et les compressions budgétaires de l’AP, et la vie de centaines de malades est en danger.

    « Le secteur de la santé ne peut fournir que des soins élémentaires − les hôpitaux sont obligés d’annuler certaines opérations et de réduire l’intendance et ils dépendent des Nations Unies pour le carburant nécessaire aux générateurs de secours », a dit, jeudi, Michael Lynk, le rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés. Lynk a ajouté que, du fait que les stations de traitement de l’eau de Gaza fonctionnent à environ de 15 % de leur capacité en raison de la pénurie d’électricité, les eaux usées se déversent dans la mer Méditerranée, et l’accès à l’eau potable à Gaza devient de plus en plus rare.

    Lynk a également indiqué que le prix des denrées de première nécessité, comme la nourriture, augmentait, tandis que l’augmentation des coupures d’électricité obligeait les entreprises à fermer ou à réduire les heures de travail, entraînant encore plus de chômage.

    Les rivalités politiques palestiniennes perdurent

    Au cours de la décennie, la rivalité entre le Hamas et le Fatah a persisté sans relâche, et les récentes décisions de l’Autorité palestinienne ont encore aggravé les difficiles conditions de vie à Gaza.

    Les tensions n’ont fait que s’intensifier au cours des derniers mois à cause de la crise de l’électricité à Gaza ; dans les deux camps, en Cisjordanie et à Gaza, il y a eu des soupçons d’arrestations politiques ; l’AP a réduit les salaires des fonctionnaires de Gaza ; et des élections locales ont été tenues en Cisjordanie, malgré le boycott du Hamas et d’autres partis.

    Durant sa décennie au pouvoir à Gaza, le Hamas a été accusé de violations de droits de l’homme, notamment pour l’utilisation de la peine de mort contre les personnes accusées de « collaboration » avec Israël et sa répression des voix dissidentes.

    Le journal d’information israélien Ynet a rapporté mercredi que l’AP, dans une déclaration sur les 10 ans de blocus, avait accusé le Hamas d’être responsable de la situation à Gaza.

    « La deuxième Nakba qui a frappé notre peuple », disait la déclaration, en faisant référence au déplacement forcé de centaines de milliers de Palestiniens lors de la création de l’État d’Israël en 1948. « Le Hamas a transformé Gaza en un enfer intolérable. »

    Lynk, le rapporteur spécial de l’ONU, a dit qu’Israël, l’AP et le Hamas avaient tous « une responsabilité directe dans la crise », et il les a exhortés à agir tous pour le bien-être des résidents de Gaza.

    « Je les invite à mettre de côté leurs différends, à se montrer à la hauteur de leurs obligations juridiques et politiques, et à s’assurer que les besoins en électricité de la population soient pleinement satisfaits et que les besoins immédiats en matière d’infrastructures indispensables soient pris en compte, » a-t-il déclaré.

    « Maintenir Gaza économiquement paralysé et socialement isolé engendre obligatoirement une grande détresse humanitaire et aboutira à un autre conflit dans un proche avenir, a ajouté Lynk. Les droits de chacun à la liberté et à la sécurité doivent être respectés pour que la paix règne. »

    Alors que le coordinateur humanitaire de l’ONU dans les territoires palestiniens occupés, Robert Piper a qualifié mercredi la crise qui s’aggrave sans cesse à Gaza de « conflit palestinien interne » les associations de défense des droits humains en rendent largement responsables le siège et le blocus israéliens.

    L’ONG israélienne B’Tselem a accusé le blocus de jeter Gaza « dans les affres d’une catastrophe humanitaire, ajoutant qu’Israël contraint les résidents de Gaza à vivre dans une pauvreté extrême et dans des conditions inhumaines sans précédent dans le monde moderne.  Et B’Tselem a ajouté : Il ne s’agit pas d’une catastrophe naturelle, si cela avait été le cas, Israël aurait probablement envoyé une mission d’aide humanitaire. Au lieu de cela, la réalité à Gaza est l’œuvre d’Israël, le résultat d’une décennie de décisions politiques brutales. »

    Traduction : Dominique Muselet


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    En page d’accueil:
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    2)Venezuela : Le Venezuela fera savoir la vérité au monde sur les actes terroristes contre le Tribunal Suprême de Justice et le Ministère de l’Intérieur,un article du Resumen Latinoamericano du 29 juin 2017 traduit par Françoise Lopez.
    3)Venezuela : Pillage de laboratoires et vol d'échantillons mortels, un article de Cubadebate du 29 juin 2017 traduit par Françoise Lopez. Les Etats-Unis l’ont fait avec la dengue à Cuba!… Espérons que cette fois, ils n’y arriveront pas.
    4)  Venezuela : Comment votera-t-on pour l'Assemblée Nationale Constituante ?,un article d'Alba Ciudad du 29 juin 2017 traduit par Françoise Lopez. A lire absolument pour bien comprendre le processus de vote et pouvoir expliquer pourquoi les élections sont démocratiques et transparentes…
    5)Colombie : Message des FARC "Adieu aux armes » du 27 juin 2017 traduit par Françoise Lopez. Toutes les étapes de la mise en place des accords détaillées. Parfait pour comprendre ce conflit tellement complexe.
    6)Argentine-Chili : arrestation d'un dirigeant mapuche1,un article du Resumen Latinoamericano du 28 juin 2017 traduit par Françoise Lopez. A mettre en perspective avec les promesses de Michelle Bachelet au peuple mapuche!… Pour bien voir ce que valent les dites promesses…
    7)Venezuela : Déclaration du ministère des Relations extérieures sur les attaques terroristes perpétrées à Caracas,du 28 juin 2017 (Granma en français)
    8)Venezuela : La droite accélère le tempo du coup d’Etat,un article de Mission Vérité du 29 juin 2017 traduit et publié en français par Venezuela Infos.
    9)Venezuela : Les opposants vénézuéliens n’ont rien de pacifique,un article de Granma en français du 29 juin 2017.
    10)Venezuela : Les Vénézuéliens marchent en faveur de la Constituante et du Socialisme et contre le terrorisme,un article de RHC du 29 juin 2017.
    Bonne lecture à tous,
    Françoise Lopez


  • À la une cette semaine :

     

    Élection d'Olivier Faure président du groupe à l'Assemblée Nationale

    Déclaration de constitution du groupe Nouvelle Gauche

     

    Par  cette  déclaration,  les  députés  socialistes,  écologistes,  citoyens,  progressistes et  divers  gauche,  élus  le  18  juin  2017  pour  la  XVème  législature,  se  constituent  en groupe  Nouvelle Gauche l’Assemblée nationale. Résolument tournés vers les grands défis du 21ème siècle, … lire la suite

     

    Les Communiqués de presse de la semaine :

    Le Parti socialiste salue la mémoire de Simone Veil, fille prodige de la République


    Au-delà des clivages politiques, le décès de Simone Veil plonge toute la France dans la peine, le deuil et la mémoire. Le Parti socialiste salue en Simone Veil une noblesse politique et une droiture morale qui, avec ses combats et ses accomplissements, resteront un exemple pour les générations à venir. Lire la suite

     

     

     

    La contre-réforme Blanquer remet en cause la priorité au primaire pour tous

    Dans une interview à la Voix du Nord, ce lundi, M. Blanquer affirme vouloir réaffecter 2.500 postes, sur les 4.000 programmés par Najat Vallaud-Belkacem à l’automne 2016, pour mettre en œuvre le dédoublement des CP en Rep+ à la rentrée prochaine. Lire la suite

     

    Réaction du Parti socialiste à l’entretien du président de la République sur la Syrie

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    Marche des fiertés : 40 ans de lutte ! Les socialistes toujours mobilisés !

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    Néonicotinoïdes tueurs d’abeilles : le Gouvernement Macron doit assumer ses choix, l’Europe ne servira pas de bouc-émissaire !


    M. Travert, nouveau Ministre de l’Agriculture, a sous-entendu ce matin que la France pourrait revenir sur l’interdiction des pesticides tueurs d’abeilles : les néonicotinoïdes. Lire la suite

     


    Double Je




    C’est peu dire que M. Macron était attendu au Conseil européen. Nouveau venu sur la scène européenne et porté par un a priori bienveillant, il était au centre de l’attention des autres chefs d’État et de Gouvernement comme de la presse, jusqu’à cette conférence de presse conjointe avec Mme Merkel. Lire la suite

     
     

    A paraître : l'Hebdo - Retrouvez toutes les interventions du Conseil National du 24 juin

     
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  • Des inspecteurs du travail contre les ordonnances !

    Publié le 29 juin 2017 par FSC

    Michel Audoin, Pierre Daumas, Paul Debat Bernard Grassi, Alain Leduc, Joël Tessier,

    Annie Touranchet

    C/ Bernard Grassi 10 rue Baptiste Marcet

    44230 Saint Sébastien sur Loire

     

    à

    Mme Catherine Barbaroux

    Présidente de La « République en marche »

    BP 80049

    94801 Villejuif

     

    Madame la Présidente,

    Le nouveau Président de la République a fait connaître son intention de modifier certaines dispositions du code du travail. La motivation avancée de cette réforme est de donner plus de liberté aux entreprises pour favoriser l’emploi.

    Nous sommes un groupe d’anciens inspecteurs du travail de Loire Atlantique. Forts de notre expérience de l’application du droit du travail et de notre connaissance des relations du travail, des entreprises et du monde du travail nous voulons vous faire connaître nos sentiments sur ce projet.

    Sans nous attarder sur le fait que toutes les expériences politiques antérieures conduites dans ce domaine, expériences que nous avons personnellement vécues et mises en œuvre, n’ont eu strictement aucun effet sur l’emploi, il serait grave que le code du travail ne soit vu que comme une variable d’ajustement pour des effets escomptés aussi hautement aléatoires

    Nous voulons vous rappeler que derrière les dispositions du code du travail que l’on veut modifier il y a des outils de protection de la dignité du travailleur et par voie de conséquence de la protection de sa santé, qui méritent attention.

    Sur les dispositions relatives à la négociation collective, votre projet du primat de la négociation d’entreprise nous apparaît en contradiction avec le lent et constant travail du législateur depuis la Libération pour assurer l’indépendance des négociateurs salariés face à l’immense pouvoir de pression des employeurs. Ce n’est pas pour rien que notre constitution rappelle que c’est par l’intermédiaire de ses délégués que tout travailleur participe à la détermination des conditions de travail. Cette référence exhaustive aux délégués avait pour objet d’assurer l’indépendance des négociateurs salariés, mais il convient de se souvenir que ce n’est que dans les années 1980 que la coordination de la volonté du législateur avec la détermination de l’inspection du travail et de la justice pénale a réussi à mettre un terme à la pratique scandaleuse des « syndicats maisons » dont tout le monde savait qu’ils étaient le fait de l’employeur. Il faut cependant humblement reconnaître qu’encore aujourd’hui la négociation d’entreprise est de fait soumise à un déséquilibre inhérent à sa nature, auquel les efforts du législateur et l’action de l’inspection du travail n’ont pu remédier. Le poids de la négociation d’entreprise portée par votre projet, expose les salariés à devoir accepter sous la contrainte des conditions de travail insupportables avec toutes les conséquences sur la santé mentale qu’il est loisible d’imaginer.

    Sur les dispositions relatives à l’indemnisation du licenciement abusif. Il convient en premier lieu de rappeler que ce n’est qu’en 1973 que cette protection a été mise en place malgré de longues années de protestations des travailleurs, de leurs syndicats et de la plupart des juristes et des observateurs de la réalité sociale. Cette situation que nous avons vécue faisait naître un immense sentiment d’injustice dans le monde du travail. Rappelons que le salarié pouvait alors être licencié sans raison, voire sans motif et sans aucune forme à respecter. Cette loi de 1973 est le résultat d’un engagement pris par le gouvernement en 1968. La durée de gestation de cette loi (5 ans !) est le résultat d’une concertation étroite avec les partenaires sociaux dans laquelle les concessions de part et d’autres ont été nombreuses. C’est le cas du montant de l’indemnisation du préjudice lié au licenciement abusif pour lequel déjà, les syndicats ont accepté que le mode d’indemnisation déroge au principe général de la réparation de notre droit afin de satisfaire aux exigences du patronat et permettre de trouver un accord. Quoiqu’il en soit cette loi a eu un effet considérable sur la situation du salarié dans l’entreprise. Enfin l’exercice des libertés dans l’entreprise n’était plus automatiquement synonyme de licenciement immédiat. Cette loi a été longue à entrer en vigueur et il a fallu un engagement de plusieurs années de l’inspection du travail pour aboutir à son effectivité. Mais nous, inspecteurs du travail pouvons témoigner du souffle de liberté qu’elle a produit dans les entreprises où jusque là le pouvoir de l’employeur était omnipotent et dictatorial. Remettre en cause le montant de l’indemnisation du licenciement abusif et permettre aux entreprises d’en provisionner le montant pour le banaliser, c’est insulter cette mémoire, en revenir à une situation où la raison du plus fort est érigée en dogme et où le salarié doit ravaler sa dignité s’il ne veut pas en être victime et en outre vivre avec ce déni, facteur là aussi de troubles pour la santé mentale du travailleur.

    Pour toutes ces raisons nous vous rappelons que derrière les dispositions que l’on veut amender il y a des droits fondamentaux qui assurent la protection de la dignité et de la santé des travailleurs qu’il serait souhaitable que l’on n’oublie pas, en particulier face à des gains escomptés en matière d’emploi qui sont rien moins qu’hypothétiques.

    Souhaitant que le bon sens l’emporte, nous vous présentons nos meilleures salutations

    PO Bernard Grassi

    Copie à Ouest France, à Mediapart et à l’AFP


  • 30 Juin 2017

    Publié par El Diablo

    BONS D’ACHAT ou AIDES EN NATURE ? La Commission Européenne et Athènes débattent de la gestion courante de la pauvreté

    Alors que les créanciers d’Athènes sont parvenus à un compromis pour débloquer un nouveau « plan d’aide » tout en temporisant une fois encore sur la question de l’allègement de la dette, un autre débat de fond agite Bruxelles loin des caméras : faut-il distribuer des bons d’alimentation ou bien de la nourriture pour gérer la pauvreté grandissante en Grèce (et ailleurs) ?

    Comme le rapporte EurActiv, plusieurs États membres ont demandé à la Commission européenne l’autorisation de donner des bons d’achat aux pauvres, solution jugée moins coûteuse et plus digne que la distribution de nourriture et de vêtements. Une requête exprimée depuis 2014, notamment par la Grèce et la Roumanie.

    Le Fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD) est un programme de l’UE créé en 2014 censé assister les États membres dans le secours matériel aux perdants de la mondialisation et des politiques d’austérité (ce n’est pas ainsi que Bruxelles les considère…). En principe, les capitales sont libres de choisir les modalités de l’aide. Mais la Commission européenne s’oppose à la distribution de bons d’achat, arguant que ceux-ci s’apparentent à des « moyens financiers », alors que, selon ses statuts actuels, le FEAD ne doit fournir que des aides en nature.

    […]

    LIEN VERS LA SUITE DE L’ARTICLE CI-DESSOUS :