La nouvelle loi Travail sera l’occasion d’une première mobilisation syndicale. A cet égard, le gouvernement se félicite de l’attitude conciliante des dirigeants de la CFDT et de FO. Laurent Berger (CFDT) avait déjà avalé sans difficulté la première loi Travail ; la deuxième ne pose pas plus de problèmes à cet « agent de la bourgeoisie au sein du mouvement ouvrier », pour reprendre une formule de Lénine. De son côté, Jean-Claude Mailly (FO) refuse d’appeler à la mobilisation tant qu’il ne connaîtra pas le détail de la loi. Ses grandes lignes ne lui suffisent pas ? Cette hypocrite dérobade de Mailly vise à ménager le gouvernement et désamorcer la mobilisation. Autre méthode que Berger, même objectif.
Telle est la situation au sommet de la CFDT et de FO. C’est lamentable, c’est dommageable, mais ce n’est pas un obstacle absolu, car la CGT a la capacité de mobiliser très au-delà de ses rangs. Elle appelle – avec Sud – à « une journée d’action et de grève » pour le 12 septembre. Il faut faire en sorte que cette mobilisation soit un succès. Cependant, nous savons d’expérience que, dans le contexte actuel, les gouvernements réactionnaires restent de marbre face à de telles journées d’action, même lorsqu’elles sont massives. Seul le développement d’une grève reconductible dans un nombre croissant de secteurs économiques est susceptible de jeter le gouvernement Macron sur la défensive. Un mouvement de grève de cette nature ne se décrète pas, bien sûr, et rien ne garantit d’avance qu’il soit possible à court terme. Mais la préparation systématique d’une grève reconductible suppose, pour commencer, qu’on en reconnaisse la nécessité et qu’on l’explique aux salariés. Malheureusement, la direction confédérale de la CGT n’en dit rien. Elle ne tire aucune leçon de la défaite du mouvement contre la précédente loi Travail, en 2016. Elle semble repartie pour une stratégie de journées d’action. C’est donc aux structures locales et fédérales de la CGT – et d’autres syndicats – de prendre des initiatives. Le Front Social peut aussi jouer un rôle important.
La France insoumise
Onze jours après le 12 septembre, une manifestation à l’appel de la France insoumise aura lieu, à Paris, « contre le coup d’Etat social » de Macron. Cette mobilisation du 23 septembre aura un caractère très politique : elle visera non seulement la loi Travail, mais toute la politique anti-sociale qui se prépare. C’est indispensable. Face à l’offensive globale du gouvernement et la crise générale du capitalisme, qui frappe toutes les couches de la population (sauf les plus riches), on ne doit pas se contenter de lutter « dossier par dossier ». Il faut une réponse globale, une lutte qui fédère la jeunesse et l’ensemble des travailleurs sur un programme de rupture avec les politiques d’austérité – et le système qui les réclame.
Le mouvement syndical lui-même doit politiser son action, s’élever au niveau d’une lutte générale contre le gouvernement Macron. La participation d’un grand nombre de structures syndicales à la mobilisation de la France insoumise, le 23 septembre, serait un signe positif dans ce sens. Il faut balayer la frontière artificielle qui est parfois érigée entre lutte syndicale et lutte politique. Celle-ci est le prolongement organique de celle-là. C’est flagrant dans le contexte actuel, celui d’une crise à la fois économique, politique et institutionnelle. Ainsi, on peut anticiper que, tôt ou tard, l’opposition au gouvernement Macron et la fragilisation croissante de ce dernier feront émerger le mot d’ordre d’élections législatives anticipées. Cela signifiera : lutter pour faire tomber le gouvernement et, dans la foulée, porter la « gauche radicale » au pouvoir. Mélenchon suggère que cela pourrait advenir bien avant 2022. Nous sommes d’accord. Et de toute évidence, les syndicats auraient un rôle central à jouer dans cette lutte.
D'aprés Révolution