• La guerre au gaz hilarant


    OrlovOrlov

    Par Dmitry Orlov – Le 1er aout 2017 – Source Club Orlov

    Viktor Bogorad

    Il existe de nombreuses façons de tuer ses ennemis : leur balancer la Bombe, les bombarder avec des armes classiques, les faire se battre entre eux dans une guerre civile, les affamer en utilisant un blocus et des sanctions, miner leurs économies par des manipulations du marché, etc. Ou, en l’absence de tout cela, vous pouvez essayer de les faire mourir de rire. Les tentatives précédentes des États-Unis pour détruire la Russie ont échoué. L’utilisation d’armes nucléaires contre la Russie entraînerait avec certitude l’anéantissement des États-Unis environ 30 minutes plus tard. Les armes classiques ne feraient pas une grande différence, à moins que les États-Unis ne planifient une invasion terrestre, et l’invasion de la Russie a toujours été et continue d’être une stupidité suicidaire. Les tentatives américaines d’isolement de la Russie à l’échelle internationale ont échoué. Les sanctions imposées à la Russie ont causé peu de dégâts à l’économie russe, qui continue d’être en plein boom. Sans autre option, il semblerait que les Washingtoniens aient décidé de recourir au seul coup tordu qu’ils aient encore en magasin : recourir à des bouffonneries qui risquent de faire effondrer la Russie de rire.
     
    L’acte de ces clowns de Washington consiste à prétendre, avec beaucoup de sérieux, qu’ils vont empêcher la Russie de fournir à l’Europe du gaz naturel pour prendre en charge ce marché eux-mêmes, alors qu’ils prévoient de fournir l’Europe avec des exportations de gaz naturel liquéfié obtenus par fracturation hydraulique. (Les ressources conventionnelles en gaz naturel aux États-Unis ont atteint leur Peak et les gaz de schiste obtenus par fracturation hydraulique sont tout ce qui reste.)

    L’importation de gaz liquéfié par les océans via des navires-citernes lorsque le même produit est disponible sur le même continent par pipelines est une idée stupide à tous les niveaux : coût, risque, fiabilité, complexité technologique et, en dernier ressort, efficacité énergétique car expédier du gaz est un gaspillage d’énergie. Sans se démonter, le Congrès des États-Unis vient de déclencher une guerre intercontinentale du gaz en imposant de nouvelles sanctions à la Russie et, par ailleurs, à toute entreprise européenne désireuse d’assurer la sécurité énergétique du continent en travaillant avec le secteur énergétique de la Russie. Les États-Unis vont dépenser également près de 50 milliards de dollars pour convertir leurs terminaux d’importation de gaz naturel liquéfié existants en terminaux d’exportation et ont approuvé des plans pour plus de 40 nouveaux terminaux d’exportation et des améliorations de capacité pour ceux existants.

    Les Russes, qui sont experts de l’industrie du gaz naturel, considèrent ce plan comme risible. Certes, tous les Russes ne rient pas. Tout d’abord, il y a un grand nombre de Russes, en particulier ceux dont le travail consiste à « protéger la mère patrie », qui manquent d’un sens de l’humour discernable, en particulier en ce qui concerne les menaces émanant des États-Unis. Les dernières entourloupes des Washingtoniens pourraient ajouter plus de condescendance et de dérision à leur suspicion innée et à leur méfiance, mais nous ne devrions pas nous attendre à ce qu’ils se fendent d’un seul sourire. Deuxièmement, il y a des libéraux pro-occidentaux abandonnés en Russie qui n’ont jamais réussi à obtenir beaucoup de succès politiques, mais au moins ils ont pu pomper l’argent des subventions de l’Occident en étant entraînés par des diplomates américains et des ONG sur les moyens de renverser Poutine. Ils sont maintenant en train de toucher les profondeurs du désespoir. Enfin, il y a tous les américanophobes parmi la population russe, qui parlent en permanence de la menace américaine pour la démocratie et la paix mondiale. Il est difficile pour eux de défendre leur point de vue lorsque tout le monde est autant occupé à rire des idées ridicules émanant de Washington.

    Qu’est ce qu’il y a de si drôle ? L’humour de cette situation doit être expliqué avec précaution car il est enterré sous une masse dense de détails techniques que les politiciens américains et les médias de masse occidentaux semblent ignorer avec joie. Comme d’habitude, expliquer une blague lui fait souvent perdre son côté comique, mais elle peut rester drôle dans un sens apprécié par les professionnels de la comédie qui sont capables de déclarer que quelque chose est en effet drôle tout en restant parfaitement sérieux. Si vous êtes un nerd des affaires énergétiques et si vous avez le temps et l’envie de consulter une analyse détaillée et décidément peu commune de la situation, vous devriez lire cet excellent article d’Arthur Berman. Si vous n’êtes ni un nerd d’entreprise énergétique, ni un comédien professionnel, et que vous voulez simplement comprendre la blague, lisez la suite.

    Pour récapituler, les Américains veulent vendre du gaz naturel aux Européens, avec un effet d’éviction des Russes. Alors, quelle est la blague ? C’est le fait que, ce faisant, les Américains, involontairement, se dirigent vers un tiercé gagnant absurde, dans le sens du classique écolier paresseux, aux multiples excuses mutuellement exclusives :

    1. Il a perdu ses devoirs ;
    2. Son chien les a mangé ; et,
    3. Il ne savait pas qu’il devait les faire.

    Dans le cas des ventes américaines de gaz en Europe, le tiercé gagnant se compose des éléments suivants :

    1. Les Américains ne trouveront pas d’acheteur pour leur gaz ;
    2. Les Américains ne peuvent pas se payer les coûts de production ; et,
    3. Les Américains n’ont pratiquement aucun gaz à vendre.

    Les Américains se répètent à eux-mêmes qu’ils ont un gaz naturel bon marché et abondant obtenu à partir de la fracturation hydraulique des schistes, qu’ils peuvent liquéfier dans des terminaux d’exportation et expédier en Europe dans de gigantesques navires-citernes réfrigérés, pour être transformé en gaz dans les terminaux d’importation à la destination. Une grande partie de cette infrastructure doit encore être construite. Si jamais elle l’était, elle ne sera pas sur-utilisée, car les affirmations « bon marché » et « abondant » sont fausses.

    Actuellement, le gaz naturel des États-Unis est relativement peu coûteux, en moyenne 4 $ par million de BTU, et la raison pour laquelle il est bon marché est un effet de la fracturation hydraulique. Mais ici réside notre premiere hilarité : au premier trimestre de 2017, les compagnies d’énergie américaines dans le secteur du gaz de schiste ont dépensé 2,12 $ pour chaque dollar qu’ils ont gagné. Elles ont pu rester en activité parce que les analystes de l’industrie ont constamment induit les investisseurs à croire que la grande différence entre les coûts et les revenus est un « coût irrécupérable » – un investissement dans la production future.

    Ce que ces analystes ont négligé de mentionner, c’est que la production des puits de gaz « fracturé » diminue à un rythme d’environ 30% par an. Faites les calculs : si un puits de gaz « fracturé » produit x au cours de sa première année, un taux d’appauvrissement annuel de 30% signifie qu’il ne produira finalement pas plus d’environ 1,5 fois ce flux de la première année. Même si les 50% restants de la production étaient gratuits (et ils ne le sont pas), aux prix courants, les investisseurs perdraient toujours environ 1,5 $ pour chaque dollar gagné, leur donnant un retour sur leur investissement d’environ 60% en négatif. Tout cela indiquerait qu’à l’heure actuelle, le gaz naturel produit à partir des schistes « fracturés » est un bon moyen de faire faillite.

    Même si les dollars américains devaient grimper aux arbres (ce qu’ils font, dans un sens, compte tenu des taux d’intérêt actuels ultra-bas) et même si les producteurs de gaz de schiste pouvaient continuer à produire à perte pour toujours, le transport de gaz naturel liquéfié serait une proposition plutôt coûteuse – beaucoup plus coûteuse que la livraison de gaz par pipeline. Cela augmente le prix actuel, 1,5 $ par million de BTU, à environ 5,5 $ aux prix courants. Il s’agit d’un prix 2,5 fois supérieur à celui que Gazprom, compagnie Russe, impose actuellement aux Européens – tout en réussissant à gagner de l’argent. Pourquoi les Européens voudraient-ils payer 5,5 $ par million de BTU pour le gaz américain lorsqu’ils peuvent l’acheter auprès des Russes pour environ 2,2 $ ? Nous sommes donc forcés de conclure que le gaz américain n’est pas concurrentiel avec le gaz russe et ne trouvera pas d’acheteur dans des endroits qui sont à la portée des gazoducs russes.

    Voilà pour « bon marché ». Qu’en est-il de son « abondance » ? Il y a un décalage de 10 mois dans la réponse de la production sur les changements de prix. Le prix du gaz a été élevé pendant un temps, ce qui a justifié les investissements importants dans le forage des gaz de schiste, mais le prix est retombé en dessous de 4 $ à la fin de 2014. Dix mois plus tard, les déficits de revenus ont fait leur chemin dans le système, ce qui a provoqué la réduction de l’activité de forage alors que le taux de déplétion annuel de 30% a diminué la production des puits existants, et que la croissance de la production est passée de 4% par an à 1%. À ce rythme, il faudrait aux États-Unis 70 ans pour doubler leur production – ce qu’ils devraient faire pour concurrencer Gazprom en Europe. Par ailleurs, 70 ans, cela correspond approximativement à la période pendant laquelle la Russie peut maintenir son taux de production actuel sur la base de ses réserves éprouvées. Pour que les États-Unis atteignent une augmentation significative de la production, les prix du gaz naturel devraient augmenter de manière substantielle – au moins à 6 dollars – le niveau qui a généré une poussée de croissance temporaire dans la fracturation hydraulique de puits de gaz naturel en 2014. Mais à 6$ par millions de BTU, les Européens devraient payer 7,5 $, soit près de 3,5 fois ce que les Russes facturent. Pourquoi les Européens voudraient-ils faire une telle chose ?

    Mais la quantité n’est pas qu’une question de prix. Comme mentionné, les puits de gaz de schiste ont un taux de déplétion d’environ 30% par an, et les profils de production de toutes les provinces de gaz de schiste sont composés de nombreux puits. L’exploration et la production d’un champ gazier ne sont pas celles d’une récolte de blé à partir d’un champ parce que les parties particulièrement prometteuses et productives de chaque champ gazier sont exploitées d’abord. Tout ce qui reste, généralement impossible à produire de manière rentable, à tout prix, est abandonné. En raison de cette dynamique, tous les champs gazier de schiste aux États-Unis, à l’exception de Marcellus, ont déjà atteint un plateau de production, et certains sont déjà en déclin.

    Pourtant, une période soutenue de prix élevés pourrait provoquer une autre poussée de croissance. Mais il est peu probable que les Russes restent sans rien faire et que cela se produise. Si les prix élevés sont ce qu’il faut pour que les Américains rivalisent avec la Russie au niveau du volume, qu’est-ce qui empêche les Russes d’ouvrir ses vannes en réponse à des prix plus élevés, de les faire baisser et de replonger le secteur énergétique américain dans un autre lot de résultats financiers désastreux ? Les analystes américains de l’industrie de l’énergie, qui sont essentiellement des leaders d’opinion de cette industrie et qui ont un faible recul et une longue et fière histoire de s’être continuellement trompés dans leurs prédictions, aideront involontairement les Russes à jouer à ce jeu.

    Au-delà de la quantité et du prix, il existe encore un autre ingrédient important pour être un exportateur de gaz naturel prospère : la fiabilité. Les seuls problèmes auxquels les Européens ont déjà été confronté avec l’approvisionnement en gaz russe sont dus à des problèmes politiques centrés sur l’Ukraine : les Ukrainiens pensaient qu’ils pourraient extorquer sans cesse l’argent des Russes pour avoir le privilège d’utiliser les pipelines de l’ère soviétique qui traverse leur territoire. Les Russes en ont eu assez de tels jeux et prévoient maintenant de contourner l’Ukraine en utilisant de nouveaux pipelines, en cours de construction, qui passent sous la Baltique et la mer Noire. À aucun moment, les exportations de gaz russes n’ont été limitées ou leurs prix imprévisibles. Gazprom négocie des contrats de livraison à long terme avec des prix stables, tandis que les gaz liquéfiés américains doivent être achetés sur le marché au comptant, où les prix fluctuent rapidement. Si l’Europe s’intéresse à sa sécurité énergétique, quel fournisseur préfère-t-elle ?

    En ce moment, les Américains préfèrent rester dans le déni de l’élimination à court terme de la voie de transit du gaz par l’Ukraine. Ils ont entrepris de préparer des plans pour « privatiser » (ou est-ce « coloniser » ?) ce dernier morceau d’héritage industriel soviétique, en espérant en tirer profit en s’insérant entre les fournisseurs russes et les consommateurs européens. Le rythme rapide avec lequel les nouveaux pipelines South Stream [Plutôt Turkish Stream, South Stream ayant été arrêté, bloqué par un refus de la Bulgarie et de ses parrains, NdT] et Nord Stream, qui contournent l’Ukraine, sont construits, les a clairement pris par surprise. Ils n’ont pas beaucoup aimé : c’est le dernier coup reçu pour leurs interventions financières coûteuses et ratées en Ukraine, et même elles sont sur le point de tomber en panne.

    Sans trop simplifier, il est juste de dire que les États-Unis ne sont pas un fournisseur fiable de gaz naturel. Alors que l’approvisionnement en gaz de la Russie s’est maintenu, aux États-Unis, il s’est effondré entre les surproductions et les pénuries. À chaque fois, les analystes de l’industrie américaine n’ont pas pu voir au-delà du prochain tournant et, par conséquent, l’industrie a constamment prévu des situations qui ne se sont pas produites.

    Lorsque le gaz était coûteux et avec peu d’approvisionnement, les Américains ont construit beaucoup de terminaux coûteux d’importation de gaz naturel liquéfié, ce qui n’a pas été très utile parce que dès qu’ils ont été achevés, l’approvisionnement domestique a augmenté. Et maintenant qu’il y a une surproduction temporaire due à la fracturation hydraulique, ils gaspillent de l’argent pour convertir ces terminaux d’importation en terminaux d’exportation.

    La capacité d’exportation totale prévue est d’environ 75% de la production totale de gaz naturel des États-Unis. Il n’y a aucune raison de croire qu’un excédent de production si important existera jamais et, par conséquent, ces terminaux d’exportation vont rouiller sans utilité, tout comme les terminaux d’importation. Ainsi, il est clair que les Américains sont incapables soit de planifier une production à long terme, soit de fournir leurs propres besoins sur le long terme. Pourquoi les Européens devraient-ils accrocher leur fortune à un fournisseur aussi peu fiable ?

    Que faites-vous lorsque le client refuse d’acheter un produit que vous n’avez pas à un prix que le client ne peut pas se permettre de payer ? Blâmez la Russie, bien sûr, et essayez d’imposer une nouvelle série de sanctions économiques ! La Russie doit cesser de s’immiscer dans les élections américaines, ou l’Europe sera coupée du gaz naturel russe ! Le nouveau projet de loi sur les sanctions adopté par le congrès des États-Unis tente d’y parvenir : il s’arroge une compétence des États-Unis sur la politique énergétique de l’UE et tente de forcer les entreprises européennes à cesser de faire des affaires avec la Russie.

    Il vise également à empêcher le président américain de lever ces sanctions sans l’approbation du Congrès. Contrairement à n’importe quel autre problème devant le Congrès, cette législation avait un solide soutien bipartisan. Elle vise à stimuler le secteur de l’énergie domestique et à sucer l’argent de l’Europe, en plus elle joue le triomphe perpétuellement populaire de « blâmer la Russie ». Ce plan ne fonctionnera pas pour les raisons économiques et géologiques énumérées ci-dessus. Cela ne fonctionnera pas non plus parce qu’il n’y a aucune chance que les Européens restent  impassibles et laissent les Américains détruire leur sécurité énergétique. Un changement va venir, et il se terminera par le bruit d’une main fracturée.

    Et puis il y a un autre ingrédient secret dans cette sauce législative spéciale : tout est manifestement illégal. Le seul endroit où cette loi mort-née en état de mort cérébrale est discutée, c’est dans les allées du pouvoir, aux États-Unis et dans l’UE. Dans l’UE, le caractère extraterritorial de cette législation doit être abordé parce que, en principe, les lois d’une nation ne devraient pas avoir force de loi sur le territoire de toute autre nation. L’UE sera obligée de mettre des limites sur cette question vitale de la sécurité énergétique et de réclamer sa souveraineté, en repoussant les revendications extraterritoriales américaines.

    Aux États-Unis, une législation qui impose des restrictions aux prérogatives du pouvoir exécutif pour négocier des traités internationaux est inconstitutionnelle parce qu’elle viole le principe de la séparation des pouvoirs consacré dans la constitution. Il appartient à la Cour suprême de résoudre le problème – à moins que cette branche du gouvernement des États-Unis soit à présent aussi défunte que les deux autres.

    Le nouveau projet de loi sur les sanctions n’est qu’une mesure législative, mais elle montre bien ce qu’est devenu ce grand et redoutable pays, les États-Unis, l’ancien hégémon mondial. Son gouvernement se compose désormais d’un président qui tweete pathétiquement mais ne peut rien faire, d’un Congrès qui ne peut que faire adopter une loi qui viole le droit américain et international. Ses médias nationaux sont bloqués dans une boucle de réaction hystérique blâmant la Russie en se basant sur des preuves nulles. Pendant ce temps, ses secteurs de l’énergie et de la finance sont occupés à faire pression auprès du gouvernement pour obliger les étrangers d’acheter un produit qu’ils ne peuvent produire à un prix que les clients ne peuvent pas se permettre de payer. Allons, ce pays est devenu une vaste blague !

    Les Américains se rendent-ils compte que leur pays est devenu une blague ? Il y a peu de signes que oui et c’est là que la blague cesse d’être drôle. L’Amérique est malade mentalement. Les Européens et les Russes, une fois qu’ils cesseront de rire, auront besoin d’une certaine prise de conscience : en face des États-Unis, dans leur état actuel déchiré et dément, ils ne sont pas tant face à un État-nation qu’à une maladie mentale à l’échelle nationale. Quoi qu’il en soit, il ne fait aucun doute que les Européens et les Russes continueront à travailler ensemble tout en permettant à ce patient mentalement atteint de faire une période de convalescence prolongée dans une cellule rembourrée, de l’autre côté de l’océan.

    Dmitry Orlov

    Les cinq stades de l'effondrementLe livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateur de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie », c’est à-dire l’étude de l’effondrement des sociétés ou des civilisations.

     

    Traduit par Hervé, vérifié par Wayan, relu par Catherine pour le Saker Francophone


  • La folie de l’empire rapproche l’Allemagne de la Russie


    L’Empire des pleurnichards n’en a décidément jamais fini de bomber le torse, de s’époumoner et de faire la gueule ; aujourd’hui, c’est devenu l’Empire des sanctions.


    Pipeline, Nord Stream,Photo Pixabay. Le pipeline Nord-Stream


    Pepe Escobar

    Par Pepe Escobar – Le 29 juillet 2017 – Source sputniknews

    Par une majorité orwellienne de 99% à faire pâlir d’envie la dynastie Kim de Corée du Nord, la « démocratie représentative » de Capitol Hill a imposé son dernier paquet de sanctions, principalement contre la Russie, mais aussi l’Iran et la Corée du Nord.
     

     

    L’annonce de la Maison-Blanche – vendredi, en fin d’après-midi au milieu de l’été – selon laquelle le président Trump a approuvé et signera le projet de loi a été littéralement enfoui dans le maëlstrom des nouvelles d’actualité, au milieu du déluge proverbial permanent des sornettes hystériques russophobes du Russiagate.

    Trump devra justifier devant le Congrès, par écrit, toute initiative pour alléger les sanctions contre la Russie. Et le Congrès est autorisé à lancer une révision automatique de toute tentative de cet ordre.

    Traduction : c’est le glas de toute possibilité de détente entre la Maison-Blanche et la Russie. Le Congrès, de fait, ne fait que ratifier la diabolisation de la Russie orchestrée par les néocons et les néolibérauxcons de l’État profond, le Parti de la guerre dans l’establishment des USA.

    Une guerre économique a été déclarée à la Russie depuis au moins trois ans. La différence est que ce dernier paquet de sanctions déclare la guerre économique également à l’Europe, tout particulièrement à l’Allemagne.

    Cette guerre se concentre sur le front de l’énergie, en diabolisant la construction du pipeline Nord Stream 2, et en forçant l’UE à acheter le gaz naturel américain plus cher.

    Que l’on ne s’y trompe pas ; les leaders de l’UE vont contre-attaquer. Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, l’a énoncé gentiment quand il a dit : « L’Amérique d’abord ne peut pas signifier que les intérêts européens arrivent en dernier. »

    Sur le front russe, ce que l’Empire des sanctions a gagné n’est même pas comparable à l’esquisse d’une victoire. Le quotidien russe Kommersant a rapporté que Moscou, parmi d’autres actions, va répliquer en interdisant de territoire toutes les entreprises de technologies de l’information américaines et tous les produits agricoles des USA, et en cessant son exportation de titane à Boeing (dont 30% provient de Russie).

    Sur le front du partenariat stratégique Russie-Chine, essayer de brider les accords énergétiques entre la Russie et l’UE ne fera que stimuler les échanges en roubles et en yuans, un des socles du monde multipolaire post-USA.

    Et ensuite, il y a un front possible qui pourrait changer la donne de façon spectaculaire : le front allemand.

    Les cinglés sur la colline de Washington

    Même sans tenir compte du bilan historiquement stratosphérique de Washington en matière non seulement d’ingérence, mais de bombardements et de changements de régimes sur de vastes régions de la planète – de l’Irak à la Libye jusqu’aux menaces actuelles contre l’Iran, le Venezuela et la Corée du Nord – l’hystérie du Russiagate sur l’ingérence russe dans les élections présidentielles de 2016 est un non-événement aujourd’hui minutieusement démonté.

    Le centre de l’affaire est, cette fois encore, la guerre de l’énergie.

    Selon une source basée au Moyen-Orient et indépendante du consensus de Washington, « Le message de ces sanctions est que l’UE n’a pas d’avenir si elle n’achète pas le gaz naturel des USA en éliminant la Russie. Barrer l’accès de la Russie au marché de l’UE était le but de la guerre très récemment perdue en Syrie, qui prévoyait de mettre en route un pipeline Qatar-Arabie Saoudite-Syrie-Turquie-UE, et une ouverture à l’Iran pour un pipeline Iran-Irak-Syrie-Turquie-UE. Aucun de ces deux plans n’a marché. »

    La source ajoute une pièce au dossier, la guerre des prix du pétrole de 2014 contre la Russie, provoquée par le « dumping des surplus pétroliers des États du Golfe sur le marché mondial. Puisque cela n’a pas suffi à mettre la Russie à genoux, la destruction du marché du gaz naturel russe de l’UE est devenue une priorité nationale pour les USA. »

    En ce moment, 30% de toutes les importations de gaz et de pétrole de l’UE viennent de Russie. En parallèle, le partenariat énergétique russo-chinois est progressivement consolidé. La Russie se prépare déjà à augmenter ses exportations de gaz et de pétrole vers la Chine et plus généralement l’Asie.

    Les leaders de Berlin sont aujourd’hui convaincus que Washington met en péril la sécurité et la diversification énergétique allemande à travers la guerre des sanctions. Le gaz et le pétrole russes sont acheminés par des routes terrestres et ne dépendent pas des océans qui, souligne la source, « ne sont plus sous contrôle des USA. Si, en réponse au bellicisme des USA, la Russie décidait de refaire tomber un rideau de fer sur l’Europe et redirigeait toutes ses exportations de gaz et de pétrole vers la Chine et l’Asie, l’Europe serait totalement dépendante de sources d’énergie aussi peu fiables que celles du Moyen-Orient et de l’Afrique. »

    Ce qui nous amène à l’option « nucléaire » qui se profile à l’horizon : un alignement Allemagne-Russie avec un Traité de réassurance du même type que celui mis en place par Bismarck. La nébuleuse des think tanks bichonnés par la CIA cogite maintenant intensément autour de cette éventualité.

    Une autre source du monde politico-affairiste, également habituée à penser hors de la basse-cour washingtonienne, souligne : « C’est le but du jeu. C’est le véritable dessein de la Russie, et les États-Unis sont tombés dans le panneau. Les États-Unis en ont assez de l’Allemagne et de ce qu’ils considèrent comme du dumping de produits allemands sur le marché des USA, au travers de la manipulation de la monnaie. Ils menacent aujourd’hui l’Allemagne de sanctions, et l’Allemagne ne peut rien faire, avec l’UE sur le dos, et les menaces de veto de la part de pays comme la Pologne, qui lui donnent du fil à retordre. Les cinglés du Congrès en ont vraiment après l’Allemagne, et ils jettent du même coup l’Allemagne dans les bras de la Russie. »

    Les USA en nouvelle Carthage

    Une alliance possible Allemagne-Russie, comme je l’ai déjà écrit, arrangerait une entente Chine-Russie-Allemagne capable de réorganiser le territoire eurasien dans son intégralité.

    Le partenariat stratégique Russie-Chine est une idée extrêmement attrayante pour le milieu du business allemand, parce qu’il facilite l’accès à de nouveaux marchés grâce à l’initiative Belt and Road (nouvelle Route de la soie).

    Selon la source politico-affairiste, « Les USA sont en guerre avec la Chine et la Russie (mais pas le président Trump) et l’Allemagne renâcle à l’idée de fournir de la chair à canon pour les USA. J’en ai parlé en Allemagne, et ils pensent à renouveler le Traité de réassurance avec la Russie. Personne n’a confiance dans ce Congrès des USA, qui est considéré comme un asile de fous. Ils pourraient demander à Merkel de partir prendre le poste de Secrétaire général de l’ONU et ensuite, ils signeraient le traité. Cela secouerait le monde et pulvériserait la conception des USA en tant que première puissance mondiale, ce qui de toute façon n’est plus le cas. »

    La source ajoute mi-figue mi-raisin : « Nous pensons que Brzezinski est mort à cause de sa déception, quand il a réalisé ce qui se passait et que toute sa haine de la Russie, tout le travail de sa vie pour la jeter à bas, était en totale déconfiture. »

    Ainsi, dans un sens, c’est « Bienvenue au retour des années 1930 et à la montée du nationalisme en Europe. Cette fois, l’Allemagne ne répétera pas ses erreurs de 1914 et de 1941, mais s’élèvera contre ses ennemis traditionnels anglo-saxons. Les USA sont devenus la Carthage des temps modernes, et le désordre du Congrès reflète la stupidité dont Carthage avait fait preuve face à Rome. Les législateurs avaient sapé l’autorité de leur génie Hannibal tout comme aujourd’hui, ils sont en train de saper le plus grand président des USA depuis Andrew Jackson. Comme Sophocle l’avait écrit dans Antigone, ‘Les Dieux rendent fous ceux qu’ils veulent perdre’. Ce Congrès est fou. »

    Pepe Escobar

    Traduction Entelekheia


  • Petraeus, Obama et Brennan devraient être condamnés à 5 000 années de prison


    Moon of AlabamaMoon of Alabama

    Par Moon of Alabama, le 3 août 2017

     
     
    Rasheed Al Jijakli, [le PDG d’une entreprise d’encaissement de chèques qui vit à Walnut], ainsi que trois complices, auraient acheminé des lunettes de vision nocturne et diurne, des collimateurs de réglage pour carabines Laser Bore Sighter qui permettent d’aligner instantanément le viseur ou la lunette de visée de façon précise, des torches électrique, des radios, un gilet pare-balles et d’autres équipements tactiques, vers les combattants syriens.
    (…)
    Si Jijakli est reconnu coupable, il pourrait encourir une peine de 50 ans de prison. Les procureurs en charge de l’affaire Jijakli appartiennent à la Section juridique du contre-espionnage et du terrorisme et des délits liés à l’exportation. Une enquête du FBI, en coordination avec d’autres organismes, est en cours.
     
    ***
     
     
    Le directeur de la CIA, Mike Pompeo, a recommandé au président Trump de mettre fin à une opération de quatre ans pour armer et former les rebelles syriens.
    (…)
    Des membres du Congrès critiquent ce programme depuis des années à cause de son coût […] et des rapports selon lesquels des armes fournies par la CIA finissent entre les mains d’un groupe rebelle lié à al-Qaïda(…)
    À l’été 2012, David H. Petraeus, qui était alors directeur de la CIA, a proposé ce programme secret d’armement et de formation des rebelles.
    (…)
    [M. Obama a signé] un décret présidentiel autorisant la CIA à livrer clandestinement des armes et à former de petits groupes de rebelles
    (–)
    John O. Brennan, le dernier directeur de la CIA de M. Obama, est resté un vigoureux défenseur du programme (…)
     
    Quand le FBI va-t-il enquêter sur MM. Petraeus, Obama et Brennan ? Où sont les procureurs de la section du contre-espionnage, du terrorisme et des crimes liés à l’exportation qui les poursuivent ? Ces trois hommes se sont livrés au même commerce que M. Jijakil, mais dans de bien plus grandes proportions. Ils devraient aussi être punis dans de bien plus grandes proportions.
     
    Note
     

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    1. L’article de NYT est largement du blanchiment. Il affirme que ce sont les rebelles « modérés » de l’Armée syrienne libre, payés par la CIA, qui ont lancé l’offensive dans le gouvernorat d’Idleb en  2015. En fait, ce sont al-Qaïda et Ahrar al-Sham qui menaient l’assaut. L’article dit que le programme de la CIA a coûté « plus d’un milliard de dollars en tout et pour tout » alors que les documents de la CIA montrent que ce chiffre était supérieur à un milliard de dollars par an et qu’il s’est probablement élevé à plus de 5 milliards de dollars au total. L’article dit que le programme a commencé en 2013 alors que la CIA fournit des armes aux rebelles Wahhabites au moins depuis l’automne 2011 ↩

  • Bonjour, voici la lettre d’information du site « CAPJPO - EuroPalestine » (http://www.europalestine.com)
    Si vous ne visualisez pas cet email lisez-le sur le site
    http://www.europalestine.com

    Publication CAPJPO - Europalestine
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      Fatiguées de travailler dans les colonies israéliennes, des femmes se sont mises à générer leurs propres revenus en devenant DJ dans la vallée du Jourdain : reportage de Middle East Eye.
      Ibtesam Zubeidat a travaillé dans les colonies israéliennes pendant 25 ans. Aujourd’hui, elle est l’une des... (suite)
       
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      Netanyahou n’est pas en grande forme : après les fuites dans la presse israélienne, les accusations de corruption à son encontre sont désormais du domaine public, et ses "casseroles" font un bruit tel, que l’on parle de plus en plus de sa sortie du gouvernement.
      La liste des mises en cause du... (suite)
       
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      Deux mois après l’avoir libéré, Israel vient de réarrêter Muhammad Abu Tair, membre du Conseil Législatif Palestinien (CLP). Âgé de 66 ans, ce militant a passé plus de 32 ans de sa vie dans les geôles israéliennes, de manière parfaitement arbitraire, parce qu’il fait partie du Hamas, et que tous les partis... (suite)
       
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      Tandis qu’une sénatrice américaine vient de refuser de se laisser intimider par le lobby israélien et a retiré publiquement son soutien à un projet de loi américain criminalisant le boycott d’Israel, Miko Peled, militant israélien, pour les droits des Palestiniens, qui soutient la campagne BDS, vient... (suite)
       
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      L’association israélienne Whoprofits, qui enquête sur la colonisation et documente régulièrement les violations du droit international, vient de publier un rapport accablant sur les responsabilités des firmes françaises Alstom et Systra dans l’annexion de territoires palestiniens, via le tramway qui... (suite)
       
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      Le cours du laboratoire pharmaceutique israélien Teva s’est effondré jeudi, sur les bourses de New York et Tel Aviv, l’action du génériqueur chéri de Netanyahou perdant jusqu’à 20% de sa valeur en une seule séance.
      En cause : les mauvais résultats annoncés par la firme, et sa décision de diviser par 4 le... (suite)
     
       
     

     


  • Le Blogue Noir De Brocéliande

    BERTRAND DU GAI DECLIN

     
     
     
     
     
     
     

    lundi 7 août 2017

    Selon Carla Del Ponte, "l'opposition syrienne n'est désormais composée que de terroristes". Elle démissionne.

     
    Carla Del Ponte
    L'ancien procureur spécialiste des crimes de guerre Carla Del Ponte a annoncé le 6 août qu'elle allait bientôt quitter la Commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie. Les travaux de cette dernière vont malgré tout se poursuivre.

    «Je suis frustrée, j'abandonne ! J'ai déjà écrit ma lettre de démission et vais l'envoyer dans les prochains jours», a déclaré Carla Del Ponte, membre de la Commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie, lors d'un entretien donné au journal suisse Blick depuis le festival du film de Locarno, dans le Tessin, sa région natale.

    «Je ne peux plus être dans cette Commission qui ne fait absolument rien», a dénoncé Carla Del Ponte, accusant les membres du Conseil de sécurité «de ne pas vouloir établir la justice» sur le dossier syrien.

    «Au début il y avait le bien et le mal. L'opposition du côté du bien et le gouvernement dans le rôle du mal», a-t-elle estimé.

    Néanmoins, si elle accuse le gouvernement syrien d'avoir «perpétré de terribles crimes contre l'humanité», elle estime aujourd'hui que «tous en Syrie sont du côté du mal».

    «L'opposition n'est désormais composée que d'extrémistes et de terroristes», a-t-elle affirmé au journal suisse. En 2013, Carla Del Ponte avait d'ailleurs affirmé, après avoir recueilli des témoignages concordants, que les rebelles «modérés» soutenus par l'Occident avaient utilisé du gaz sarin à plusieurs reprises en Syrie à Homs, Alep et Damas. (...)Suite : RT France
     

    dimanche 6 août 2017

    Italie : inauguration du mémorial à Prokhorenko, soldat russe qui a trouvé la mort en Syrie

     

    Ce 6 août, la bravoure d’Alexandre Prokhorenko, soldat russe mort en Syrie en héros, est passé à la postérité avec l’inauguration d’un mémorial en son honneur dans la commune italienne de Vagli Sotto, en Toscane. En mars 2016, ce jeune lieutenant de l'armée russe avait préféré ordonner à l'aviation de bombarder sa position, alors qu'il était encerclé par les djihadistes de l'Etat islamique, plutôt que de tomber entre leurs mains. (RT)