• Cacher les mensonges étasuniens à propos de l’invasion de la Libye


    En 2016, lorsqu’un rapport parlementaire britannique a démoli l’excuse des États-Unis et de leurs alliés pour avoir envahi la Libye, ç’aurait dû être une grande nouvelle, mais les médias dominants américains ont regardé ailleurs, explique Joe Lauria.


    Par Joe Lauria – Le 7 juillet 2017 – Source consortiumnews.com (qui corrige pour montrer qu’un article du Times a été publié)

    L’ancienne secrétaire d’État Hillary Clinton

    Dans 1984, le roman dystopique de George Orwell paru en 1949, le boulot du personnage principal, Winston Smith consistait à plonger dans les archives du Times de Londres et à récrire les articles qui pourraient causer des ennuis au gouvernement totalitaire qui dirigeait la Grande-Bretagne. Par exemple, si le gouvernement prédisait une production de blé ou d’automobiles dans son plan quinquennal et que cette prédiction ne se confirmait pas, Winston irait dans les archives et « corrigerait » les chiffres dans l’article archivé. 

    En écrivant l’autre jour une réponse à une critique de mon récent livre sur la défaite électorale de Hillary Clinton, je recherchais comment les médias grand public étasuniens avaient couvert un rapport parlementaire britannique de 2016 sur la Libye, qui montrait comment celle qui était alors Secrétaire d’État et d’autres dirigeants occidentaux avaient menti à propos d’un génocide imminent en Libye pour justifier leur agression de 2011 contre le pays.

    En utilisant une combinaison de différents mots clé, j’ai cherché les archives du Washington Post, mais je n’ai trouvé absolument aucune information sur le rapport parlementaire. Une recherche dans les archives du Los Angeles Times n’a pas non plus donné de résultat.

    The New York Times avait une dépêche de Londres. Mais il jetait le blâme uniquement sur les gouvernements britannique et français, comme si les États-Unis n’avaient rien à voir avec la dévastation de la Libye sous de faux prétextes. Les États-Unis ont donné la même fausse justification à la guerre que les Britanniques et les Français. Mais le New York Times n’a jamais demandé des comptes aux dirigeants américains pour cela.

    Ignorer ou minimiser une histoire est la manière dont les médias grand public étasuniens enterrent délibérément les informations critiques de la politique étrangère américaine. Ce sont souvent des informations vitales pour permettre aux Américains de comprendre les actions de leur gouvernement à l’étranger, des actions qui pourraient signifier la mort ou la vie de soldats étasuniens et d’innombrables civils d’autres pays.

    Les journaux britanniques ont largement couvert l’histoire. Comme l’a fait l’édition internationale de CNN, qui a des rédacteurs en chef séparés du site internet étasunien de la chaîne. Une recherche en ligne n’a révélé aucune information de l’édition nationale de CNN. Il n’y a pas non plus de vidéo en ligne indiquant que la chaîne nationale ou internationale de CNN ait évoqué la question.

    L’édition Asie du Wall Street Journal avait un article. Ce n’est pas clair s’il a paru dans l’édition étasunienne. Newsweek a publié un article en ligne. Mais pas une fois il ne mentionne les États-Unis.

    Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi  peu de temps avant d’être assassiné le 20 octobre 2011.

    C’est une tache sombre sur les deux commissions des Affaires étrangères du Congrès, qui n’ont jamais entrepris une enquête (bien que les membres républicains du Congrès aient été obsédés par l’attaque du 11 septembre 2012 sur le consulat américain à Benghazi, qui s’est produite environ un an après que l’administration Obama eut facilité le renversement par les armes et le meurtre brutal du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi).

    Voice of America, qui émet hors des États-Unis, a publié un article sur son site internet sur le rapport parlementaire britannique, cependant celui-ci a limité sa critique aux États-Unis au fait qu’ils ne s’étaient pas préparés aux conséquences, mais non pour l’intervention elle-même.

    Une recherche approfondie sur Internet montre que le magazine The Nation et plusieurs sites d’information alternatifs, dont ConsortiumNews et Salon, semblent être les seuls médias basés aux États-Unis à avoir couvert de manière adéquate la nouvelle d’envergure qui a sapé tout le récit américain visant à transformer la Libye en État failli.

    La raison de l’attaque

    Les États-Unis ont propagé leur fausse histoire d’un génocide à venir en Libye selon la doctrine de la « responsabilité de protéger » (R2P) pour justifier une intervention militaire. À première vue, la R2P semble être un exemple rare de moralité en politique étrangère et militaire : une coalition de pays, avec l’autorisation du Conseil de sécurité de l’ONU, entreprend une action militaire pour stopper un massacre imminent. Il aurait été difficile d’argumenter contre une telle politique en Libye si en effet son but premier était d’arrêter un massacre, après quoi l’opération militaire se retirerait.

    Le président Barack Obama à la Maison Blanche avec la conseillère à la Sécurité nationale Susan Rice et Samantha Power (à dr.), son ambassadrice à l’ONU et adepte majeure de la R2P. (Crédit photo : Pete Souza)

    Mais cela ne s’est pas terminé là. Tout en argumentant que l’intervention était nécessaire pour stopper un massacre en Libye, la véritable intention, comme le dit le rapport britannique, était un changement de régime. Ce n’est pas ce que les officiels américains ont déclaré au début et ce que les médias dominants ont rapporté.

    « Malgré la condamnation du monde, [le dirigeant libyen Mouammar] Kadhafi a choisi d’intensifier ses attaques, lançant une campagne militaire contre le peuple libyen », a déclaré le président Barack Obama à la nation le 28 mars 2011. « Des gens innocents ont été la cible d’assassinats. Des hôpitaux, des ambulances ont été attaqués. Des journalistes ont été arrêtés, abusés sexuellement et tués… Des cités et des villes ont été bombardées, des mosquées détruites et des immeubles d’habitation réduits en décombres. Des avions militaires et des hélicoptères de combat ont été lancés sur des gens qui n’avaient aucun moyen de se défendre contre des attaques aériennes. »

    Hillary Clinton, qui selon des courriels fuités était l’architecte de l’agression contre la Libye, avait déclaré quatre jours avant : « Lorsque le peuple libyen a cherché à réaliser ses aspirations démocratiques, il s’est heurté à la violence extrême de son propre gouvernement. »

    Le sénateur John Kerry, à ce moment-là président de la Commission des relations étrangères du Sénat, a opiné : « Le temps presse pour le peuple libyen. Le monde doit répondre immédiatement. »

    Mustafa Abdul Jalil, chef d’un conseil de transition que les États-Unis, le Royaume-Uni et la France ont reconnu comme le gouvernement légitime de la Libye, a plaidé en faveur d’une zone d’exclusion aérienne. Jalil, formé à l’université de Pittsburgh, a joué le même rôle qu’Ahmed Chalabi en Irak. Tous deux cherchaient à ce que l’armée étasunienne les porte au pouvoir. Il a dit que si les forces de Kadhafi atteignaient Benghazi, elles tueraient « un demi million » de gens. « Si aucune zone d’exclusion n’est imposée au régime de Kadhafi, et si ses navires ne sont pas contrôlés, nous aurons une catastrophe en Libye. »

    Le rapport raconte une histoire différente

    Et pourtant le résumé du rapport de la Commission des affaires étrangères de septembre 2016 affirme : « Nous n’avons vu aucune preuve que le gouvernement du Royaume-Uni ait effectué une analyse correcte de la nature de la rébellion en Libye. (…) La stratégie britannique était fondée sur des hypothèses erronées et une compréhension incomplète des preuves. »

    Le président Barack Obama s’entretient avec le Premier ministre britannique David Cameron au sommet du G8 en Irlande du Nord, le 17 juin 2013. (Photo officielle de la Maison Blanche, Pete Souza)

    Le rapport ajoute : « Malgré sa rhétorique, la proposition selon laquelle Mouammar Kadhafi aurait ordonné le massacre de civils à Benghazi n’était pas étayée par les preuves disponibles. Alors qu’il a certainement menacé de violence ceux qui prenaient les armes contre son régime, cela ne se traduisait pas nécessairement en une menace pour tout le monde à Benghazi. Bref, l’ampleur de la menace pour les civils a été présentée avec une assurance injustifiée. »

    La commission a souligné que les forces de Kadhafi avaient pris des villes aux rebelles sans attaquer les civils. Le 17 mars, deux jours avant le début de l’assaut de l’OTAN, Kadhafi a dit aux rebelles de Benghazi de « jeter leurs armes, exactement comme vos frères à Ajdabiya et dans d’autres endroits l’ont fait. Ils ont posé leurs armes et ils sont saufs. Nous ne les avons jamais poursuivis ». Le dirigeant libyen a « aussi tenté d’apaiser les manifestations à Benghazi avec une offre d’aide au développement avant de finalement déployer des troupes », affirme le rapport.

    Dans un autre exemple, le rapport indique qu’après des combats en février et en mars dans la ville de Misrata, seulement 1% des personnes tuées par le gouvernement libyen étaient des femmes ou des enfants. « La disparité entre les victimes masculines et féminines suggère que les forces du régime de Kadhafi visaient les combattants masculins dans une guerre civile et n’attaquaient pas les civils de manière indiscriminée », affirme le rapport.

    Comment alors The New York Times et The Washington Post, les journaux américains les plus influents, ont-ils pu refuser de couvrir de manière adéquate ou de ne pas couvrir du tout une histoire d’une telle ampleur, une histoire qui aurait dû être en première page des informations pendant des jours ? C’était une histoire qui sapait toute l’argumentation du gouvernement des États-Unis en faveur d’une attaque injustifiée qui a dévasté une nation souveraine.

    Il ne peut y avoir qu’une seule raison pour laquelle l’histoire a été ignorée : précisément parce que le rapport révélait une politique américaine qui a conduit à un crime épouvantable qui devait être camouflé.

    Articles trafiqués

    La défense de la politique des États-Unis semble être le motif sous-jacent de la couverture médiatique mondiale. L’histoire de la Libye n’est qu’un exemple. J’ai fait personnellement l’expérience de rédacteurs en chef refusant ou modifiant des articles parce qu’ils nuiraient aux buts de la politique étrangère américaine.

    Le journaliste James Foley peut avant son exécution par un agent d’État islamique en 2014.

    J’ai par deux fois proposé un article à propos d’un document déclassifié de l’Agence de renseignement de la Défense mettant en garde contre l’ascension d’une principauté salafiste soutenue par les États-Unis dans l’est de la Syrie, conçue pour faire pression sur son président Bachar al-Assad, et qui pourrait se joindre à des extrémistes irakiens pour former un « État islamique », cela deux ans avant que cela ne se produise. Mon article a été refusé deux fois. J’aurais ruiné tout le récit américain sur la guerre contre le terrorisme.

    À une autre occasion, j’ai écrit plusieurs articles sur un vote à l’ONU visant à garantir à la Palestine le statut d’État observateur. Dans chaque article j’ai mentionné que 130 pays avaient déjà reconnu la Palestine comme État et que nombre d’entre eux avaient des relations diplomatiques, y compris des ambassades palestiniennes dans leurs capitales. Ce fait essentiel a été systématiquement coupé dans l’article.

    Un autre article que j’ai écrit a été trafiqué, sur la position prise par la Russie, la Syrie et l’Iran sur qui était responsable des attaques chimiques près de Damas en août 2013. L’article comprenait aussi une interview avec un sénateur qui exigeait de voir le renseignement américain soutenir son accusation contre Assad.

    Présenter les deux côtés d’une histoire est du journalisme tel qu’on l’apprend dans les écoles de journalisme. Mais évidemment pas lorsque l’autre côté est perçu comme un ennemi des États-Unis. Il n’y a que des intérêts dans les affaires internationales, pas de morale. Un journaliste ne devrait pas prendre parti. Mais les journalistes américains le font régulièrement sur les questions internationales. Ils prennent le « parti américain » plutôt que d’expliquer de façon neutre pour le lecteur le complexe conflit d’intérêts entre pays impliqués dans un différend international.

    Minimiser ou omettre le côté de l’adversaire dans l’article est un cas classique d’Américains expliquant un peuple étranger à d’autres étrangers sans donner la parole à ces gens, qu’ils soient Russes, Palestiniens, Syriens, Serbes, Iraniens ou Coréens du Nord. Priver un peuple de parole le déshumanise, rendant plus facile de lui faire la guerre.

    On ne peut que conclure que la mission des médias dominants aux États-Unis n’est pas de parler de toutes les parties impliquées dans un affaire internationale ou de rapporter des informations critiques à l’égard de la politique étrangère américaine, mais plutôt de favoriser un programme soutenant les intérêts étasuniens à l’étranger. Ce n’est pas du journalisme. C’est plutôt le boulot que faisait Winston Smith.

    Joe Lauria est un ancien journaliste en affaires étrangères. Il a écrit pour le Boston Globe, le Sunday Times of London et The Wall Street Journal entre autres. Il est l’auteur de How I Lost By Hillary Clinton publié par OR Books, duquel une partie de cet article a été adapté. Il est atteignable à  joelauria@gmail.com et sur Twitter à @unjoe.

    Traduit par Diane, vérifié par Wayan, relu par Catherine pour le Saker francophone


  • Nouveaux sur notre site http://bolivarinfos.over-blog.comhttp://bolivarinfos.over-blog.com


    En page d’accueil:
    1)Venezuela: Le Venezuela doit être respecté en tant que membre de plein droit du MERCOSUR, un communiqué de Solidarité Bolivarienne du 6 août 2017;
    2)Venezuela : Le Venezuela suspendu illégalement du MERCOSUR, un article d’Alba Ciudad du 5 août 2017 traduit par Françoise Lopez.
    3)Venezuela : Communiqué de l'Assemblée Nationale Constituante sur la suspension illégale du Venezuela du MERCOSUR du 5 août 2017 traduit par Françoise Lopez.
    4)Venezuela : Communiqué du Gouvernement vénézuélien sur la suspension illégale du Venezuela du MERCOSUR,du 5 août 2017 traduit par Françoise Lopez.
    5)Venezuela : Luisa Ortega Díaz destituée et remplacée par Tarek William Saab,un article d’Alba Ciudad du 5 août 2017 traduit par Françoise Lopez.
    6)Venezuela : Le Congrès des Etats-Unis demande à Trump de reconsidérer les sanctions contre le Venezuela,un article d’Alba Ciudad du 5 août 2017 traduit par Françoise Lopez.
    7)Argentine : Milagro Sala pourrait être libéré prochainement,un article de RHC du 5 août 2017.
    Bonne lecture à tous,
    Françoise Lopez


  • 6 Août 2017

    Publié par El Diablo

    Il est URGENT de réindustrialiser la FRANCE !

    L’état de l’industrie en France est sans appel. L’industrie française est en déclin depuis plusieurs années, dépassant à peine 10 % du PIB en 2016, contre 16 % en moyenne dans la zone euro.

    Dans une période où nous venons de passer sous la barre des 3 millions de salariés dans l’industrie, il y a un besoin de changement radical de politique en la matière, en desserrant l’étau de la finance.

    Le cas d’Airbus est démonstratif en la matière : des carnets de commandes remplis pour 15 ans,  1 milliard d’euros de dividendes aux actionnaires, et plus de 1000 suppressions d’emplois programmées avec l’annonce de la  fermeture d’un site dans la région parisienne. La logique est la même pour Alstom qui engrange les commandes et supprime des emplois avec, là aussi, danger pour l’avenir de certains sites.

    Deux exemples pour illustrer l’enjeu de replacer l’industrie au cœur de notre démarche revendicative et bien situer les enjeux.

    Plaquette "l’urgence d’une reconquête industrielle" en PDF (lien ci-dessous)


  • 6 Août 2017

    Publié par El Diablo

     NOUS SOMMES TOUS BOLIVARIENS (par Francis Arzalier)

    Vu sur le blog CanempechepasNicolas

    Révolutions et contre-révolutions en Amérique latine

    Il y a 15 ans, la plupart des anticapitalistes de France et d'Europe, désolés de la dégénérescence des partis communistes et de Gauche dans leurs pays, ne pouvaient que se réjouir de l'exception latino-américaine: un peu partout sur ce continent, que semblait avoir épargné la contre-révolution ultra-libérale déferlant sur le monde du XXIème siècle, naissaient des régimes anti-impérialistes au service des plus pauvres, du Venezuela de Chavez au Brésil de Lula, de l'Equateur à la Bolivie, etc.

    Toutes ces expériences anti-capitalistes semblaient en plus capables d'éviter les erreurs répressives du" socialisme réel " défunt, marier la démocratie sociale et le suffrage universel.

    Certains camarades s'enflammèrent même au point de prôner la création d'une Cinquième Internationale régénérée, dont le centre eut été Caracas, et nous étions quelques uns au risque de passer pour timorés, à dire l'illusion d'un " nouveau modele " de socialisme, alors que celle cultivée au XXème siècle à l'égard de l'URSS a coûté si cher aux partis communistes.

    Car cet engouement sans réserves oubliait que ces expériences latino-américaines,si positives qu'elles soient pour les pays concernés ( éradication de la pauvreté prolétarienne, développement sanitaire et culturel, etc ) reposait presque exclusivement sur la redistribution, enfin, des bénéfices engrangés par l'état grâce à la flambée des prix du pétrole et des matières premières, lie au contexte mondial ( forte demande de la Chine, etc ).

    Car, même si les succès électoraux répétés le cachaient, des aspects négatifs persistaient: personnalisation du pouvoir, corruption parfois, et surtout, incapacité politique d'aller vers la diversification des ressources de l'état, et vers l'autosuffisance alimentaire et industrielle de la nation.

    À partir de 2010, ces difficultés sont devenues dramatiques, du fait de l'effondrement des prix du pétrole et des matières premières, dû d'abord et avant tout a la volonté de l'impérialisme des USA et de leurs alliés qui contrôlent les marchés mondiaux. C'était pour EUX le moyen de détruire les régimes d'inspiration socialiste d'Amérique, Venezuela, puis Cuba.

    Cela ne pouvait manquer de déstabiliser l'économie à Caracas, à Rio, et ailleurs, d'y provoquer des pénuries quotidiennes, avec l'aide d'une bourgeoisie locale restée très influente, grâce a ses relais bien placés dans les médias, dans les entreprises, le personnel politicien, les Universités, etc. Cette offensive de l'impérialisme et des bourgeoisies locales a réussi à basculer les régimes" de gauche " au Brésil et en Argentine. Il est presque miraculeux que cette opération de retour au Capitalisme ultra-liberal n'ait pas pour l'instant réussi au Venezuela, alors que l'opposition au régime " bolivarien " à tout essayé, de l'insurrection militaire aux émeutes de rue, en passant par l'escroquerie " démocratique " d'une consultation contrôlée par elle seule.

    Depuis plusieurs semaines, ces opposants que les médias Francais baptisent "démocrates", font tout ce qu'ils peuvent pour empêcher la consultation au suffrage universel du 30 juillet, pour désigner de façon pluraliste les représentants du peuple vénézuélien à l'Assemblée Constituante, en détruisant les bureaux de vote par la force, quitte à brûler de temps en temps un policier ou un militant pro-Maduro au cocktail Molotov.

    Ces émeutiers armes, inspirés par l'extrême-droite ukrainienne, n'ont pas réussi malgré cela à empêcher plus de huit millions d'électeurs à venir voter. L'avenir dira si la Droite pro-étatsunienne parviendra à ses fins, comme elle le fit à Kiev, avec la caution des dirigeants politiques et des télévisions occidentales et notamment françaises, ou si le peuple vénézuélien trouvera la force unitaire de sauvegarder ses acquis et de poursuivre en l'améliorant le processus révolutionnaire. Il aura besoin de l'appui sans réserve des hommes et des femmes de notre pays, qui lui a parfois manque jusqu'ici.

    La "Gauche" occidentale, y compris parfois les dirigeants du PCF, n'ont pas hésité à ergoter sur les " erreurs " supposées des dirigeants chavistes, comme si elles étaient la cause première des émeutes armées des contre-révolutionnaires locaux, soutenus par Trump et ses amis. Et comme si EUX étaient en droit de jouer les donneurs de leçons à l'issue de 30 ans de trahisons opportunistes.

    Cette bataille est aussi la notre, nous sommes tous bolivariens, résolument.

    Pour paraphraser Aragon, " quand le blé est sous la grêle, fou qui fait le délicat"...

    Francis Arzalier


    Le 4 août 2017


  • Où en sont les FRALIB de Géménos ?

    Publié le 5 août 2017 par FSC

    Nul doute - c'est un euphémisme- que les médias aux ordres et l'oligarchie ne souhaitent pas le succès économique de la Scop gérée par les ex d'Unilever et de l'Eléphant!

    Pour eux ce serait la preuve une fois de plus que les travailleurs peuvent se passer des patrons ... et que donc le capitalisme n'est pas la seule réponse aux nécessités de la vie économique.

    Ils sont donc idéologiquement intéressés à l'échec de l'entreprise!

    C'est pourquoi nos camarades doivent être entourés du soutien et de la solidarité de tous ceux qui aspirent à sortir enfin des rapports de subordination et d'exploitation.

    Cette solidarité devant prendre aussi la forme d'un soutien politique et d'une bataille de l'information faisant litière des idées visant à semer  le doute quant à la possibilité même du succès de la nouvelle SCOP.

    C'est aussi pourquoi le Front Syndical de Classe après avoir relayé :

    http://www.frontsyndical-classe.org/2017/07/fralib-soutien-populaire-a-un-financement-participatif.html

     

    l'appel à un financement participatif nous relayons cet interview paru sur le site de Rouge Midi.

     

    ________________

    SOURCE : Rouge Midi

    A en croire certaine presse, comme le Parisien par exemple, rien n’irait plus pour SCOP-TI
    Qu’en est-il exactement ? Pour le savoir nous avons interrogé Gérard et Olivier devenus cadres dirigeants de la SCOP

    Vous lancez une campagne de socio-financement pourquoi ?

    En fait on vit un paradoxe : nous avons un « taux de pénétration du marché » (comme disent les professionnels de la vente) qui est exceptionnel en si peu de temps mais en même temps cela ne suffit pas pour arriver encore à l’équilibre et assurer la pérennité de l’entreprise. A la fois nous recevons tous les jours des messages de félicitation pour la qualité et le goût de nos produits mais nous n’atteignons pas encore l’équilibre financier même si la courbe des recettes est exponentielle…Le chiffre d’affaires a quadruplé entre 2015 et 2016 et on pense qu’il va progresser encore de plus de 70% en 2017 Cette croissance est d’autant plus remarquable qu’UNILEVER n’a jamais voulu nous céder un peu de volume pour assurer notre démarrage et que donc nous devons nous implanter comme un nouveau produit alors que la marque Eléphant existe depuis plus de 120 ans ! Si UNILEVER, qui voulait se débarrasser de la marque comme il l’a fait depuis 2000 pour 2/3 des marques qu’il a achetées, [1] nous l’avait cédée, à elle seule la marque Eléphant née à Marseille et diffusée uniquement en France aurait suffi pour nous donner les moyens de la pérennisation du site.

    Nous savions bien que cela se passerait comme cela et c’est bien pour cette raison que tout le temps du conflit nous avons réclamé entre autres, les volumes.

    Donc vous aviez bien compris que les premiers mois vous seriez en déficit mais dans la presse il est question d’un besoin de 700 000€ ce qui parait énorme. Y a-t-il eu une erreur dans vos prévisions ?

    Non. En fait ce chiffre comme bien d’autres est repris dans la presse mais dans la réalité c’est bien plus complexe que cela. Tout comme le chiffre de 19,2 millions qui est annoncé comme la somme versée par UNILEVER à SCOP-TI alors qu’en fait pour plus de 10 millions l’ont été pour les salaires, 7 millions pour la valorisation de l’outillage et seulement un peu plus de 2 millions pour le redémarrage [2]. Il n’y a pas eu d’erreur de notre part mais le problème c’est que nous sommes de mauvais capitalistes…et nous n’avons pas envie de devenir des bons !
    D’abord nous avons embauché tous les camarades qui avaient occupé l’usine. Pour nous il n’était pas question qu’une ou un seul d’entre eux reste sur le carreau. Si nous avions été de « bons capitalistes » nous n’aurions embauché que la dizaine nécessaire au lancement de la production : pour nous il n’en était pas question…et nous n’avons jamais regretté ce choix !

    Ensuite il y a la question des prix d’achat des matières premières. UNILEVER s’était fait une spécialité de pressurer les producteurs afin d’obtenir les meilleurs prix. ARTE a d’ailleurs montré dans un reportage au Kenya comment la multinationale avait réinventé l’esclavage en enfermant tout un village pour que hommes, femmes et enfants produisent du thé au meilleur prix. De même le groupe avait abandonné le tilleul de Buis Les Baronnies pour aller en chercher en Argentine à un prix dérisoire. Nous, nous cherchons à relancer des circuits courts de production locale et payons la matière première au juste prix : celui qui reconnait la valeur du travail de nos fournisseurs. Donc le tilleul de Buis nous le payons à plus de 5 fois le prix imposé par UNILEVER. En ce qui concerne le thé nous sommes passés par la FSM (Fédération syndicale mondiale) pour aller chercher auprès de camarades vietnamiens un thé que nous payons à un prix juste.

    C’est du commerce équitable ?

    Si on veut mais nous on n’emploie pas le mot car en général cela signifie une hausse pour les consommateurs : ce n’est pas notre cas…puisque nous n’avons pas d’actionnaires à payer !
    Il y a aussi la question de l’immobilier qui pèse lourdement dans notre gestion. Avec le changement de majorité à la communauté de communes devenue depuis métropole nos affaires dans ce domaine ne sont pas facilitées. On voudrait d’ailleurs participer à un tour de table pour acheter les locaux afin de garantir encore davantage la pérennité de l’entreprise.

    Enfin il faut tenir compte du fait qu’il y a eu un décalage d’un an par rapport à nos prévisions à cause du retard pris dans l’application de l’accord. Il a été signé en mai 2014 mais il nous a fallu attendre juillet 2015 pour avoir officiellement les machines. Cela nous a donc mis en difficulté.
    On a pris du retard dans la production et donc dans la rentrée de recettes. Pour autant cela ne doit pas masquer le fait que nous sommes en progression constante dans le chiffre d’affaires.
    Nous progressons sur tous les segments : les marques distributeurs, nos marques 1336 et SCOP-TI et dans le réseau militant. Il nous faut poursuivre notre progression et pouvoir nous appuyer sur une rentrée de fonds assurant définitivement la pérennité et les avances de trésorerie que nous sommes obligés de faire (achat matières premières, différés de paiement des livraisons…)

    Vous avez donc lancé la campagne : comment ça répond ?

    On n’en revient pas nous-mêmes ! Ça bouge tous les jours ! Comme on l’indique dans notre lettre hebdomadaire de ce jour « Le soutien populaire dont bénéficie SCOP TI ne se dément pas puisqu’après seulement trois semaines, ce sont 57 879,06 € qui ont déjà été apportés par 477 souscripteurs particuliers et associatifs avec une souscription moyenne de 121 €. » ! [3] Et encore il faut ajouter à ce chiffre les contributions qui vont arriver par Internet ce qui sera possible fin août….A toutes et tous on envoie une lettre de remerciement et on donne à chacun et chacune la possibilité d’être d’office adhérent-e gratuitement de notre association de soutien FRALIBERTHE. D’ailleurs on profite de cet entretien sur www.rougemidi.org pour remercier celles et ceux qui ont fait un virement et dont on n’a pas l’adresse.

    Au-delà de la souscription qu’est-ce qu’on peut faire ?

    Les pistes d’action sont de plusieurs ordres :
    - agir auprès des directions de magasins chaque fois que vous ne trouvez pas nos produits. Il suffit le plus souvent de le signaler à la direction pour que nos produits apparaissent.
    - aider collectivement à la progression de la vente militante en montant des dépôts-vente par le biais d’associations, de syndicats, de comités d’entreprises ou lors d’initiatives. Cela peut se faire maintenant en passant par l’un de nos sites Internet ou notre page Facebook. C’est toute l’importance pour ce faire de notre association FRALIBERTHE présidée par Omar
    -  Nous essayons de répondre à chaque invitation pour des initiatives autour du film, de la pièce, de concert ou simplement pour tenir un stand lors d’un événement. Ainsi nous nous essayons de nous déplacer chaque fois que l’on nous sollicite. C’est ce qui se produit pratiquement chaque semaine comme par exemple le week-end dernier au festival La Belle Rouge où nous avons connu une très belle réussite. Ce sont chaque fois, comme lorsque nos camarades tournent avec la pièce sur le conflit ou avec le groupe musical Los Fralibos, de grands moments de fraternité, d’explication sur notre lutte
    - Enfin on peut aussi décider d’être ambassadeur ou ambassadrice à titre individuel dans son département. Voir la lettre en document joint et là aussi tout est expliqué sur nos sites.

    Si je comprends bien vous êtes confiants ?

    Oui même si c’est plus compliqué que pour la lutte !!! Là si bien des éléments ne dépendent pas de nous, on a objectivement des perspectives de développement qui sont très encourageantes. Nous progressons de mois en mois et en juillet dernier nous avons atteint et même dépassé notre meilleur chiffre d’affaire mensuel alors que nous sommes en période estivale, période creuse par définition…surtout pour nos produits. Donc on va y arriver…tous ensembles comme on dit dans nos manifs

    Et justement quel est le nouveau rôle du syndicat ? Vous êtes devenus tous les deux cadres selon le terme officiel : comment vous faites ?

    (Sourires) Oui là aussi c’est plus compliqué que pendant la lutte ! C’est plus facile à l’extérieur avec notre rôle dans l’UL ou pour préparer le 12 septembre contre la politique du gouvernement Macron. Mais nous sommes adaptés à la nouvelle réalité et l’assemblée des syndiqué-e-s a désigné une nouvelle déléguée syndicale, Rim Hidri et on peut compter sur elle pour ne rien lâcher…(y compris en interne !!) avec les nouveaux élus avec elle comme délégués du personnel : Yves Baroni, Jean Luc Goros, Raymonde Sasso.

     

    [1Voir articles précédents en particulier ceux du début de la lutte

    [2Pour voir le détail des sommes voir http://rougemidi.org/spip.php?article8530

    [3ça va tellement vite que le temps que cet article paraisse on a dépassé en 24h les 60 000€  !!!