• Nouveaux sur notre site ://bolivarinfos.over-blog.com


    En page d’accueil:
    1)Cuba, Venezuela Etats-Unis : Trump exige plus de sanctions contre Cuba et le Venezuela, un article de Telesur du 30 janvier 2018 traduit par Françoise Lopez.
    2)Equateur : L'Opération « Maintenant ou jamais » pour assassiner Rafael Correa, un article de Piensa Chile du 30 janvier 2018 traduit par Françoise Lopez.
    3)Honduras : Une dictature qui se construit pas à pas,un article de Radio Progreso du 30 janvier 2018 traduit par Françoise Lopez.
    4)Amérique Latine : Nouvelle guerre judiciaire,un article de Cubadebate du 30 janvier 2018 traduit par Françoise Lopez.
    5)Venezuela-Etats-Unis : Les Etats-Unis exercent des pressions pour détruire le dialogue,un article du Courrier de l’Orénoque du 30 janvier 2018 traduit par Françoise Lopez.
    6)Argentine : Le mécontentement grandit à l'égard du gouvernement,un article de RHC du 30 janvier 2018.
    Bonne lecture à tous,
    Françoise Lopez


  • Les Princes d’Arabie saoudite en grève


    Un désastre en termes de relations publiques, mais pour qui ?


    Par Andrew Korybko – Le 16 janvier 2018 – Source Oriental Review

    Mohammed bin Salman 11 princesL’Arabie saoudite a arrêté 11 princes qui protestaient contre la récente décision du gouvernement de ne plus payer leurs factures. Riyad a mis en place un plan d’austérité modéré au début de l’année qui a également éliminé d’autres subventions d’État, comme pour le gaz, et introduit d’une TVA de 5% sur la plupart des biens et services.

    Dans le même temps, les fonctionnaires et les soldats sont maintenant payés mensuellement afin d’aider à compenser l’augmentation des coûts pour ces classes. Bien que controversée, cette politique s’aligne sur l’ambitieuse stratégie « Vision 2030 » du prince héritier Mohammed Bin Salman qui vise à transformer la monarchie, dépendante de ses exportations, en une économie « normale » au cours de la prochaine décennie grâce à une restructuration complète, aidée par les investissements chinois et le projet de ville du futur, NEOM.
     
    La suppression de certaines subventions saoudiennes à la famille royale est une partie inextricable des réformes de « Vision 2030 » pour compenser la baisse des recettes gouvernementales ces dernières années en raison du prix exorbitant de la guerre au Yémen et des prix du pétrole toujours très bas. L’approche claire et réfléchie du Royaume envers toute forme de protestation prédéterminée est maintenant affirmée. Les protestations de ces 11 princes étaient ainsi vouées à l’échec pour obtenir gain de cause. Cela soulève la question de savoir pourquoi ils ont décidé de protester ? On pourrait répondre en rappelant la guerre civile au sein de l’« État profond » du pays que Mohammed Bin Salman a entamée l’année dernière après avoir emprisonné des centaines de riches princes royaux au prétexte d’accusations de corruption.

    On peut prétendre que le coup des princes était délibérément destiné à échouer pour provoquer une révolte royale contre le prince héritier, mais si tel était le cas, non seulement il a totalement raté son but à cet égard, mais il risque aussi de se retourner contre ceux qui sont derrière en diminuant encore davantage l’attrait déjà faible de la famille royale parmi la population. Beaucoup de Saoudiens admirent Mohammed Bin Salman parce qu’il n’a pas peur de s’en prendre à cette famille royale méprisée. L’emprisonnement des 11 princes protestataires prouve, comme l’a déclaré le procureur général du pays, que « personne n’est au-dessus des lois ».

    Non seulement cela, mais cela semble confirmer la perception répandue que la famille royale est arrogante et cupide au point d’être incitée à sciemment enfreindre la loi pour se retrouver en prison juste parce que le gouvernement a arrêté les paiements des factures de ces personnes scandaleusement riches. Beaucoup pensent qu’elles devraient être en mesure de payer leurs propres factures compte tenu du montant d’argent qu’elles sont déjà censées récolter aux frais du public. Loin de discréditer Mohammed Bin Salman, l’arrestation de ces 11 princes par son gouvernement le rend plus sympathique aux yeux de son peuple, sans pour autant que les alliés occidentaux de son royaume l’approuvent. Certains d’entre eux pourraient même le condamner pour violations des « droits de l’homme » à cause de cela.

    Néanmoins, tout ce qui compte pour le Prince héritier est de préserver son pouvoir et de faire en sorte qu’il devienne le prochain Roi saoudien. Alors il se fiche de ce que dit Human Rights Watch ou le Département d’État tant qu’il réussit finalement son propre Game of Thrones, ce qu’il semble visiblement prêt à faire.

    Andrew Korybko est le commentateur politique américain qui travaille actuellement pour l’agence Sputnik. Il est en troisième cycle de l’Université MGIMO et auteur de la monographie « Guerres hybrides : l’approche adaptative indirecte pour un changement de régime » (2015). Ce texte sera inclus dans son prochain livre sur la théorie de la guerre hybride. Le livre est disponible en PDF gratuitement et à télécharger ici.

    Liens

    La lutte pour le pouvoir au sein de la maison des Saoud pourrait virer au bain de sang

    Traduit par Hervé, relu par Cat pour le Saker Francophone


  • Accueil Editeur 18 ans avec Vladimir Poutine

    18 ans avec Vladimir Poutine

    Le 31 décembre 1999 à 12h, heure de Moscou, Boris Eltsine prononce une allocution surprise à la télévision et annonce qu’il démissionne de la présidence de la Fédération de Russie. Vladimir Poutine, Premier ministre depuis le mois d’août, est désigné président par intérim.

    18 ans plus tard, à l’aube du très probable dernier mandat de Vladimir Poutine, observons les changements survenus en Russie.

    Dans le domaine économique ces dernieres années ont été assez complexes compte tenu des sanctions entre l’Occident et la Russie et de la crise financière mondiale. Cependant cette crise est en grande partie surmontée puisque comme l’a annoncé fin décembre le secrétaire de presse du président Dmitri Peskov: La Russie sort de la récession économique avec une augmentation du Produit Intérieur Brut de 1,6% sur les 10 mois de 2018. On notera d’ailleurs que les sanctions ont joué et continuent de jouer un rôle positif dans ce net rebond puisqu’elles permettent de développer le secteur de production national.

    Dans les années 90, 2 aspects étaient particulièrement douloureux: Une énorme dette publique et une très forte inflation. Or au cours des 18 dernières années, ces 2 problèmes ont été quasiment résolus puisque la dette publique a diminué de plus de 22 fois (!), passant de 69,1% du PIB en 2000 à 3,1% en 2016. L’inflation également a été beaucoup mieux maitrisée passant d’un taux annuel de 20.3% en 2000 à moins de 10% en 2006, et a un taux minimal record de 2.5% en 2017 (taux annuels).

    Le taux de chômage a également considérablement évolué dans le bon sens, diminuant de moitié en passant de 10,6% à 5,2% de la population économiquement active, atteignant aujourd’hui un minimum historique en Russie. En comparaison avec l’Union européenne: Le taux de chômage y est de 7,4%; il est de 8,8% dans la zone euro, pres de 10% en France et en Autriche, plus de 11% en Italie, plus de 16% en Espagne et plus de 21% en Grèce.

    Dans le même temps, la Russie a augmenté ses réserves d’or et de devises étrangères. Au cours de la période considérée (1999-2016), les réserves internationales ont augmenté de plus de 30 fois, passant de 12 à 378 milliards de dollars. La reprise générale de l’économie a également contribué à la croissance de son attrait pour les investissements, et malgré les difficultés de ces dernières années provoquées par les sanctions, le volume global des investissements a plus que doublé.

    Ces indicateurs peuvent paraître abstraits, voici donc un point plus concret: En 18 ans la croissance industrielle de la Russie a été de plus de 55%!

    Dans le domaine agricole également, la situation s’est considérablement améliorée: La récolte de céréales a presque doublé, passant de 65,4 millions de tonnes en 2000 à 140 millions de tonnes en 2017. Ce résultat de 2017 marque un nouveau record de production annuelle de céréales, qui datait de 1978 (127,4 millions de tonnes). La Russie est de nouveau le plus grand exportateur de blé au monde, elle a retrouvé sa réputation de l’un des principaux fournisseurs sur les marchés mondiaux, qu’elle avait avant la première guerre mondiale.

    L’élevage a également montré un succès significatif. Doublement de la production de porcs (de 2,2 millions de tonnes en 2000 à 4,4 millions de tonnes en 2016), 30% d’augmentation de la production d’oeufs (de 24,2 à 34,4 milliards), et multiplication par 6 de la production de viande de volaille (de 1,1 à 6,2 millions de tonnes).

    Sur le plan militaire, la situation de la Russie a complètement changé également. Selon Dmitry Abzalov, président du Centre pour les communications stratégiques, pendant ces 18 années les succès économiques ont contribué à la modernisation des forces armées. En plus de la très forte augmentation des soldes des militaires et de l’augmentation générale des dépenses de l’armée, des réformes de fond ont pû être effectuées, et l’armement et l’equipement ont été très largement modernisés. Par exemple en 2017 le niveau de rééquipement de l’armée était de 62%. Les conséquences de tous ces changements ont été un visage radicalement nouveau des forces armées russes qui a pu être observé par la communauté internationale, par exemple, en Syrie.

    Le développement de la technologie de l’information a également été un succès, surtout ces dernières années. Le niveau des programmeurs russes est confirmé par les premières places dans les compétitions internationales, comme en 2016 où les Russes ont remporté les trois prix de l’Olympiade mondiale de programmation.

    Un autre domaine important de la vie de notre pays est la politique démographique, avec un résultat aussi performant que dans le domaine économique. Il y a quatre ans le pays pour la première fois depuis 1991 a atteint une augmentation naturelle positive (25.000 personnes) de la population. Pour 2000-2016, le taux de natalité a augmenté de 1,5 fois, passant de 8,6 pour 1000 personnes en 2000 a de 12,9 en 2016. Si en 2000 seulement 29% des familles russes avaient deux enfants, en 2016 elles étaient 41%. La part de la troisième naissance et des suivantes est passée de 11 à 19%.

    L’augmentation de la fécondité a été favorisée par des mesures de soutien à la famille prises par le gouvernement pendant toutes ces années, comme par exemple le versement d’allocations pour les naissances d’enfants.
    « Selon nos calculs, les mesures qui ont été adoptées en 2006, ainsi que les mesures prises en 2011-2012, ont donné 2 à 2,5 millions de naissances supplémentaires. Sans ces mesures, nous n’aurions probablement pas de tels résultats » (Sergey Rybalchenko, directeur général de l’Institut d’expertise scientifique et publique)

    Un rôle important dans l’augmentation du taux de natalité a été joué par le déclin de la mortalité infantile. L’ensemble des mesures dans le domaine de la santé publique, y compris l’ouverture de centres périnataux, a permis de fortement réduire les risques: En 2000, le taux de mortalité infantile était de 15,3 pour 1000 naissances, et en 2017 – 5,3, minimum historique pour la Russie. En comparaison, les taux de mortalité infantile en 2016 sont 5,8 aux États-Unis, de 6,64 en Europe, de 8 en Ukraine de 8 et de 15 en Géorgie.

    Un autre aspect important de la politique démographique a été l’augmentation de l’espérance de vie qui, incidemment, reste également un stimulant indirect important pour l’augmentation du taux de natalité. L’espérance de vie totale pour 2000-2016 a augmenté de 6,6 ans et a atteint 71,9 ans. Et en 2017, pour la première fois dans l’histoire de notre pays, il a atteint 72,6 ans.

    Il est important de noter que le taux de mortalité par maladies circulatoires de 2007 à 2016 a diminué de 1,37 fois (passant de 846 pour 100 000 personnes en 2000 à 616 en 2016). Dans le même temps, le taux de mortalité à la suite d’un accident a diminué de 1,8 fois: de 27 à 15 pour 100 000 habitants.

    L’augmentation de la croissance naturelle et de l’espérance de vie, ainsi que la réduction de la mortalité infantile, sont impossibles sans changements qualitatifs dans le domaine médical, et ce n’est pas seulement l’ouverture des centres périnatals. Le financement de la santé publique de 2000 à 2017 en termes réels a augmenté presque trois fois, et en termes nominaux – de 204,5 milliards de roubles en 2000 à près de 3000 milliards en 2017.

    Naturellement, l’augmentation du financement a contribué à améliorer la disponibilité des installations médicales. En 2011-2013, près de 390.000 unités de divers équipements médicaux ont ete installées, développant les soins médicaux de haute technologie. Le nombre de patients ayant bénéficié d’une telle assistance en 2005-2017 a augmenté de 16 fois: de 60 000 à plus de 960 000 patients.

    La mise en place de centres médicaux de haute technologie ne s’est pas faite seulement a Moscou mais également dans de nombreux districts fédéraux.

    Un bilan médical gratuit à grande échelle a été mis en place, passé par 22,5 millions de citoyens en 2015 (contre 5,8 millions en 2008).

    La flotte de véhicules sanitaires est régulièrement mise à jour (2 307 nouveaux véhicules en 2016 et 1 446 en 2017). Dans le même temps, la situation traditionnellement difficile avec les établissements de santé dans les zones rurales a commencé à s’améliorer. Depuis 2000, plus de 5000 unités médicales ont été mises en place dans les villages.

    Non seulement la santé de la population s’est améliorée au cours des 18 dernières années, mais aussi son éducation. Au cours de ces années, les files d’attente dans les jardins d’enfants ont été presque complètement éliminées. Depuis 2012, environ 800 000 places ont été créées dans les jardins d’enfants. En conséquence, la couverture des établissements d’enseignement préscolaire par les enfants est passée de 64,6% en 2014 à près de 100% en 2017.

    Les améliorations ont également affecté la qualité de l’éducation et le développement de l’esprit de compétition entre eleves avec le développement dans les écoles d' »olympiades » dans diverses matières. En 2001 les élèves des écoles primaires russes occupaient la 16ème place dans le classement mondial de l’alphabétisation, en 2016 elles étaient à la première place.

    Le budget scientifique a augmenté près de 20 fois (de 17,4 milliards de roubles en 2000 à près de 350 milliards en 2017), et le financement de la recherche fondamentale de 14 fois (de 8,2 à 117,5 milliards de roubles). Tout cela a contribué à une augmentation du nombre de jeunes scientifiques (âgés de moins de 39 ans). Depuis 2000, leur nombre a augmenté de 1,5 fois et représente maintenant 43% du nombre total de chercheurs.

    En plus de l’éducation et de la science, une attention a également été accordée à la culture. Par exemple, de nombreux nouveaux musées ont été ouverts avec une politique d’incitation (gratuite des entrees, ouverture la nuit) et le nombre de visiteurs est passé de 476 à 857 visites pour 1000 habitants! Il est très fréquent que les enfants fassent des « excursions » dans les musées les samedi ou dimanche avec leurs professeurs. Des incitations à suivre un cours artistique ont fait passer le nombre d’enfants inscrits dans les écoles d’art de 234 000 personnes en 2005 à 1,5 millions en 2015.

    L’ensemble de ces succès sont dûs à plusieurs raisons. Tout attribuer au « prix du petrole » n’a aucune signfication, comment alors expliquer que certains pays exportateurs de petrole n’ont pas eu le meme developpement (Algerie, Venezuela, etc)? Si le cours du pétrole a joué un rôle dans ces succès, la politique suivie en général en a été l’une des principales raisons. L’autre raison majeure a été la stabilité politique de ces 18 dernieres années.

    En France par exemple, le pays est en perpetuelle campagne électorale, les responsables ne pensent qu’à leur ré-élection. Combien de temps reste en place un Premier Ministre? En Russie, l’actuel Premier Ministre l’est depuis mai 2012. La campagne électorale actuelle pour l’élection au Kremlin a démarré seulement dernièrement, à moins de 2 mois de l’élection.

    Les 18 années passées sous la direction de Vladimir Poutine ont permis à la Russie des progrès comme aucun autre pays au monde n’en a jamais eu. Il reste bien entendu beaucoup de choses à améliorer, mais ce n’est pas l’aventurisme économique aux méthodes impliquant l’asservissement de la Russie au dogme occidental du « nouvel ordre mondial » qui le permettront, et il suffit de voir la situation générale des pays à nos frontières occidentales pour en être convaincu. Chacun en Russie se souvient des « années Eltsine » et de sa cohorte de « libéraux »…

    6+

  • Pourquoi la Russie développe son propre Internet


    Par Tracy Staedter – Le 17 janvier 2018 – Source Spectrum.IEEE

    Photo : Alexander Zemlianichenko/Reuters

    En novembre dernier, une information, d’abord relayée par l’agence russe RT, est sortie selon laquelle le président Poutine avait approuvé un plan visant à créer un Internet indépendant d’ici le 1er août 2018. Cet Internet alternatif serait utilisé par les pays du BRICS – Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud – et les protégerait d’une « possible influence extérieure » a déclaré à RT le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov. 

    « Nous savons tous qui est l’administrateur en chef de l’Internet mondial, a déclaré Peskov. Et en raison de sa volatilité, nous devons réfléchir à la façon d’assurer notre sécurité nationale. »

    Si l’on met de côté pour le moment l’insinuation de Peskov que l’administrateur en chef de l’Internet, l’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (ICANN) [Société pour l’attribution des noms de domaines et des IP Internet], qui se conforme aux lois de l’État de Californie, risquerait de saboter l’accès de la Russie au réseau, la question reste : la Russie pourrait-elle créer son propre Internet alternatif ?

    « La réponse à votre question est oui » affirme David Conrad, directeur de la technologie à l’ICANN. Les protocoles d’Internet sont librement accessibles et, parce que c’est un réseau de réseaux interconnectés, il est tout à fait possible de recréer un autre réseau de réseaux interconnectés, dit-il.

    Dans l’hypothèse où la Russie voudrait le faire, elle devrait dupliquer le matériel informatique et le logiciel qui gère actuellement le trafic Internet. Cela impliquerait la mise en place de serveurs informatiques, la copie des bases de données existantes, la mise à jour des paramètres de sécurité et la reconfiguration de certaines technologies existantes – fondamentalement, ils auraient besoin de leur propre système de noms de domaines (DNS), la technologie essentielle qui sous-tend l’Internet aujourd’hui et qui, entre autres choses, traduit les noms de domaines (comme <http://lesakerfrancophone.fr>) dans des nombres lisibles par ordinateur qui constituent l’adresse IP (Internet Protocol) d’un domaine.

    Pour un Internet indépendant, la Russie devrait développer trois composantes principales. Elle aurait besoin d’un nom d’espace, c’est-à-dire une structure qui organise le trafic Internet – les requêtes d’adresse IP et les réponses – selon un schéma hiérarchique qui ressemble à une arborescence. Il lui faudrait un serveur racine et sa base de données, un réseau d’ordinateurs qui serait le premier à répondre aux requêtes Internet et à les diriger vers des serveurs de nom de domaine plus bas dans la hiérarchie. Et elle devrait reconfigurer ses résolveurs DNS existants [transformant un nom de domaine en adresse IP], c’est à dire les ordinateurs généralement gérés par les fournisseurs de service Internet, qui lancent les requêtes conduisant au résultat final. Les résolveurs gardent également les réponses aux requêtes en mémoire cache pour permettre un accès plus rapide la fois suivante.

    Développer les éléments techniques pour gérer un DNS alternatif ne pose pas de problème, déclare Paul Vixie, le PDG de Farsight Security et installé dans le Panthéon d’Internet. « On pourrait le développer à partir d’un cabas de Raspberry Pis dont chacun coûte $49 » a-t-il déclaré, se référant aux ordinateurs bon marché, à carte mère unique et polyvalente.

    Le plus difficile, c’est d’obtenir l’adhésion des utilisateurs. Même si la Russie pouvait convaincre son propre pays d’utiliser son Internet alternatif, en gagner d’autres nécessiterait d’être convaincant. Tous ceux qui voudraient accéder à Internet – n’importe quelle entité, personne, entreprise ou service gouvernemental – extérieur à la Russie devrait reconfigurer ses téléphones, tablettes, ordinateurs et autres appareils, sans parler de leurs routeurs et des résolveurs DNS pour communiquer avec le nouveau réseau, affirme Conrad.

    Les appareils ne pourraient pas utiliser simultanément l’Internet de la Russie et celui géré par l’ICANN, déclare Vixie, ou basculer entre eux. Aucun logiciel aujourd’hui n’a la capacité de différencier le site <http://lesakerfrancophone.fr> de l’internet actuel géré par l’ICANN, du site <http://lesakerfrancophone.fr> dans l’Internet russe.

    Une fois sur l’Internet russe, les utilisateurs n’auraient accès qu’aux sites web reconnus par le réseau alternatif, dit Vixie. L’Internet pourrait certainement autoriser les utilisateurs à voir tous les sites que gère l’ICANN. Mais supposons [au hasard, NdT] – que la Russie ne veuille pas que ses utilisateurs consultent les sites ukrainiens,  Elle pourrait supprimer les domaines se terminant par .ua (code pour l’Ukraine), de son serveur racine et faire totalement disparaître l’Ukraine.

    Mais n’est ce pas justement le genre d’acte que la Russie pourrait craindre [de la part de l’ICANN] avec .ru (code pour la Russie) ? En 2014, selon Russia Today, le ministère russe des Communications a organisé une simulation pour voir si un Internet de sauvegarde (backup) pourrait relayer les opérations sur le web si l’accès à l’Internet mondial était coupé. Il est possible qu’ils aient craint que l’ICANN puisse tenter de supprimer .ru de l’Internet.

    Vixie pense que les enjeux sont trop élevés pour que cela arrive jamais. « Ce serait la plus grande onde de choc dans l’histoire de l’Internet, dit-il. Non seulement la Russie, mais d’autres pays seraient amenés à dire : ‘Nous ne pouvons pas faire confiance à l’ICANN’. »

    Note du Saker Francophone
    
    C'est pourtant ce qui est arrivé à l'Iran en 2012 avec le réseau bancaire SWIFT.
    
    La résolution du 18 septembre 2014 du Parlement européen, demandant à l'Union européenne d'envisager de déconnecter la Russie du réseau SWIFT, confirme l'utilisation de SWIFT à des fins politiques.
    
    Quand on voit, par ailleurs, les accointances entre la CIA, Google et Facebook, les craintes russes sont plus que justifiées.

    Et quand il s’agit d’Internet, la confiance est essentielle. Chaque opérateur de réseau et chaque développeur d’appareils pour Internet croit que lorsqu’un téléphone, un portable ou un ordinateur interroge un serveur DNS, il obtiendra une réponse fiable et précise. Sinon, l’Internet ne fonctionne pas.

    Afin de renforcer la confiance et la coopération entre les pays, l’ICANN a été ré-agréée en octobre 2016 comme organisation non gouvernementale indépendanteL’intendance est passée des États-Unis à un groupe de bénévoles et d’acteurs multiples régi par des règlements administratifs qui obligent son conseil d’administration à rendre des comptes à l’ensemble de la communauté de l’Internet.

    Les pays sont représentés au Comité consultatif gouvernemental (GAC) d’ICANN qui fournit des recommandations à son conseil d’administration. Le conseil d’administration peut décider de suivre cette recommandation ou pas. Il est important de relever qu’aucun pays [:-)), NdT] ne peut exercer d’influence sur l’ICANN pour le forcer à accomplir des actes hostiles.

    « L’idée que l’ICANN pourrait supprimer un domaine de premier niveau (domaine d’un pays, par exemple .fr) sans l’autorisation de son gestionnaire est tout simplement invraisemblable » déclare Conrad. Une violation de la confiance provoquerait une restructuration administrative qui exclurait ceux qui ont brisé la confiance, dit-il. La Russie ne devrait pas se faire de souci.

    Adam Segal, le directeur du Digital and Cyberspace Policy Program au Council on Foreign Relations et auteur de « The Hacked World Order » soutient que l’annonce de la Russie semble être une déclaration politique.

    Depuis des années, la Russie, la Chine et d’autres pays se plaignent de la manière dont Internet est gouverné. En tant que membres du GAC, ils peuvent voter sur les propositions. Mais ils ne peuvent mettre leur veto à des décisions prises par l’Internet Engineering Task Force, un groupe international indépendant de concepteurs de réseaux, d’opérateurs et de chercheurs qui supervisent l’architecture d’Internet et son fonctionnement.

    Il y a aussi la question de l’influence de la Russie et de la Chine sur les pays en développement. Au fur et à mesure qu’ils se relient au réseau, ces pays devront décider s’ils veulent modeler leur Internet sur les systèmes américain et européen, qui valorisent un modèle d’information partant de la base et libre, ou s’ils veulent copier les systèmes chinois et russe, qui ont une approche plus restrictive et autoritaire, dit Segal. « Il y a un débat sur la libre circulation de l’information dans le monde » dit-il.

    Pendant ce temps, la Russie force la main d’Internet d’une autre manière. Elle va de l’avant avec un plan qui oblige les sociétés étrangères, comme LinkedIn, à stocker les données sur ses citoyens sur des serveurs russes. Il reste à voir comment cela se répercutera sur les entreprises américaines.

    Tracy Staedter

    Traduit par Diane, vérifié par jj, relu par Cat pour le Saker francophone


  • 1 Février 2018

    Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

    Le gouvernement a l'intention de détruire la fonction publique

    En proposant un plan de départs volontaires. En ayant recours aux contractuels ne bénéficiant pas de l’emploi à vie. En proposant  une rémunération au mérite pour les fonctionnaires. En 2015, lorsqu'il était ministre de François Hollande, Emmanuel Macron s’était dit « tout à fait favorable à accroître la part de mérite » dans la rémunération des fonctionnaires.

    Bref, Macron veut virer  120 000 postes. Il compte les négocier avec lesdits partenaires sociaux jusqu'à la fin de 2018.

    Pendant ce temps, après des études payés par la nation, les très hauts fonctionnaires pantouflent dans l'administration avant de gagner le secteur privé. Pile poil comme Macron.

    Surtout, ne cherchez aucune erreur.