• Bio&écolo: où faire ses courses comme à la ferme, sans quitter Moscou?

     

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    Pain tout juste sorti du four, fromage de chèvre et concombre croustillant, mettre la main sur ces produits dans la capitale russe est étonnement plus difficile qu’il n’y paraît. Heureusement, Russia Beyond est là pour vous livrer ses meilleures adresses!

    Saviez-vous que 60% des Russes font attention à leur régime alimentaire et que 40% font de leur mieux pour manger sainement ? C’est en tous cas ce qu’a avancé en mars dernier le centre d’analyse russe de l’opinion publique VTsIOM.

    Il n’est par conséquent par surprenant que Moscou compte de nombreuses enseignes proposant de la nourriture biologique provenant tout droit de fermes locales. Voici donc différents lieux qui devraient vous combler de bonheur si votre crédo est « Un esprit sain dans un corps sain » !

    Djagannat

    Cette enseigne est le lieu fétiche de tout passionné de cuisine saine et respectueuse de l’environnement. Si elle ne propose pas de fruits et de légumes, vous y trouverez une vaste diversité de produits bio, éthiques et sains, et notamment des articles rares que vous ne verrez nulle-part ailleurs à Moscou. Saucisses végétales, épices et baies séchées en tous genres, lait frais de noisette ou encore riz cultivé dans le Sud de la Russie vous y attendent en effet.

    Lire aussi : De la ville à la campagne: сomment la jeunesse russe réinvente-t-elle la vie à la ferme?

    Disposant de plusieurs points de vente, cette chaîne s’impose également comme un savoureux lieu de restauration, le magasin n’apparaissant souvent que comme une annexe du site.

    « En tant que végétarien, je suis ravi d’avoir découvert cet endroit, puisqu’il me permet de me procurer certains produits, que je ne retrouve nulle-part ailleurs, explique Erwann, un expatrié breton. L’ambiance est également très spéciale, et combinée à l’aspect un peu désordonné des étagères, on se croirait dans un marché asiatique ».

    LavkaLavka

    Lorsque l’on pense aux produits fermiers à Moscou, le premier magasin venant à l’esprit est celui de la coopérative LavkaLavka, qui possède son propre service de contrôle qualité afin d’assurer que chacun de ses articles soit d’une qualité optimale. Fromage de chèvre, œufs, légumes, … le site propose une large gamme de produits, dont il est possible de vérifier la provenance. Les différents agriculteurs y sont même présentés !

    « Tous les produits alimentaires ont un autocollant portant le logo LavkaLavka et une description, affirme Marina, faisant régulièrement des achats sur la boutique en ligne de l’enseigne. Il y a des informations à propos du producteur, de la date de production et de celle de péremption, ainsi que des conditions de conservation. J’ai vraiment aimé cela car la majorité des magasins fermiers ne l’indiquent pas ».

    Lire aussi : Curry, fromage et pizza à la mangue: les sept meilleurs marchés de produits frais à Moscou

    LavkaLavka dispose également de six boutiques réelles, principalement situées dans le centre-ville, où vous aurez tout le loisir de goûter n’importe quel produit avant de l’acheter.

    Le marché Danilovski

    Ce célèbre marché, situé près de la station de métro Toulskaïa, est un autre lieu populaire pour dénicher de la nourriture on ne peut plus saine. En plus de proposer l’une des plus larges gammes de produits de la ville, tout ce qui y est vendu est soumis à un contrôle qualité très strict.

    « Ici, vous pouvez goûter à une variété de cuisines du monde entier sans quitter Moscou, affirme l’un des clients, nommé Alexandre. Une ambiance singulière et des produits fermiers naturels ».

    Vous y trouverez du poulet de la région de Tver pour 199 roubles le kilo (2,70€), ou du lait au taux naturel de matière grasse pour 100 roubles le litre (1,36€). Tout peut être commandé en ligne, ou via l’application de service de livraison Ginza.

    Le marché Dorogomilovski

    Situé non loin de la station de métro Kievskaïa, le marché Dorogomilovski est l’un des plus grands de la capitale, particulièrement populaire auprès des restaurateurs et gourmets locaux. Prisé pour son extraordinaire gamme alimentaire, on peut y trouver des fruits exotiques, mais également la production d’agriculteurs du coin. « Les prix sont élevés, mais le délicieux pain et le mouton frais en valent la peine », témoigne une habituée.

    Lire aussi : Plaisirs lactés: petit guide des produits laitiers de Russie

    Biostoria

    Biostoria, sur la perspective Lénine, propose une vaste gamme de produits, allant du pain et du lait aux produits cosmétiques et détergents. Cette enseigne gère ses propres fermes, répondant aux normes biologiques européennes. L’enseigne coopère également avec des producteurs locaux fréquemment contrôlés pour leur respect de l’environnement.

    « Il existe une impressionnante variété de pains sans levure et de produits sans gluten, vous ne trouverez cela nulle-part ailleurs. Toutes les pâtisseries et desserts contiennent uniquement des ingrédients naturels », s’enthousiasme Anna, une heureuse cliente.

    Ekomarket à Konkovo

    Autre lieu fertile en matière d’alimentation saine, Ekomarket, sur la rue Profsoiouznaïa (station de métro Konkovo), est un véritable paradis des saveurs, qui plaira à toutes les papilles. Y sont proposés à l’achat fromages fermiers, viandes et volailles fraiches, produits laitiers, bières artisanales, et bien plus encore.

    « Un incroyable éventail de produits biologiques », « de la nourriture pour tous les goûts », et « un lieu agréable pour faire ses courses et dîner », voici ce qu’en disent ses fidèles clients.

    Lire aussi : Des cocktails aux soupes: quels plats sont considérés comme «russes» à travers le monde?

    Sferm.ru

    Cette boutique en ligne peut se targuer de disposer l’une des sélections les plus larges de produits fermiers (plus de 5 000 références) et d’être en partenariat avec des dizaines de fermes à travers le pays. Chaque produit est accompagné d’informations au sujet de son établissement d’origine et Sferm.ru promet de livrer vos achats sous 24-36 heures une fois les produits prêts. Le site propose également un service de livraison express (2-3 heures), et si quelque chose tourne mal, il s’engage à vous rembourser.

    « Je commande des produits ici depuis plusieurs années déjà, confie Vera. Une qualité toujours excellente, même les légumes et les fruits de mi-saison sont bons. Le poisson est délicieux, le bar, la dorade, avec des épices ».

    VkousVill

    Les points de vente VkousVill renferment des produits d’une qualité remarquable, garantis sans agents chimiques. Chaque producteur local est soumis à un contrôle méticuleux par le biais de nombreux laboratoires, permettant de garantir la qualité et l’authenticité de leurs articles. Ici aussi il est possible de passer commande en ligne, mais les magasins de cette chaîne étant nombreux dans la capitale russe, vous devriez en trouver à proximité !

    Légumes, fruits, produits laitiers en tous genres (fromages, spécialités des peuples nomades d’Asie centrale et de Sibérie…), tofu, lait de soja (cultivé en Russie) frais, œufs de poules élevées en plein air… De quoi combler tout amateur de bonne pitance. La chaîne propose même un système de fidélité permettant de choisir votre produit favori (modifiable) et d’obtenir une réduction systématique dessus.

    « Le riz est génial ici, assure Olga, une cliente régulière. Il a un parfum incroyable quand vous le cuisez et il est complètement différent de ce que vous trouvez dans les autres magasins ».

    Vous souhaitez surveiller votre ligne ? Voici quelques conseils issus de la tradition culinaire russe pour y parvenir !

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  • 06/07/18

    #Nyssen à #Arles : petits arrangements entre #PremiersDeCordée

    2 juillet 2018 // actualutte

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    La ministre de la Culture, Françoise Nyssen, est compromise dans un scandale culturel, législatif, éthique et bénéficie d’un soutient sous forme de silence assourdissant des diverses autorités légales en charge des dossiers qui la concernent. Avec son mari, Jean Paul Capitani, bâtisseur émérite à Arles, elle règne sur tout un pâté de maison, le « Méjan ».

    Ensemble, ils y ont installé le siège d’Acte Sud – dont Mr Capitani est président, et Mme Nyssen éditrice – une librairie, trois salles de cinéma, un restaurant, un bar, une salle d’exposition et un hammam.
    En mai 2011, Mme Nyssen a été épinglée par les pompiers, les représentants de la préfecture et des agents municipaux venus inspecter les travaux d’agrandissement et de rénovation de cet ensemble immobilier, l’un des plus protégés et sauvegardés de la ville, car elle faisait fi des règles de base de l’urbanisme, de la sécurité, de la protection du patrimoine et des autorisations légales…

     

    Chronologie arlésienne d’un contournement de la légalité.

    On ne peut pas dire que les époux soient pris par surprise par cette affaire, tant l’histoire est un feuilleton à rebondissements divers et répétés, sur lesquels ils sont passés comme la bise traverse un feuillage.

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    - 17 mai 2011 : Visite de la commission de sécurité qui constate l’illégalité des travaux ainsi que leur dangerosité dans la mesure où ils sont effectués en présence du public. Conclusion : avis défavorable …. mais les travaux continuent.
    - 5 octobre 2011 : Le maire d’Arles, M. Schiavetti, convoque M. Capitani à une réunion sur la mise en sécurité des travaux. Conclusion : Rien … et les travaux se poursuivent.
    - 11 octobre 2011 : Courrier de la mairie qui déplore la destruction sans autorisation d’une porte de cinéma. Conclusion : Rien… et les travaux vont de plus belle.
    - 7 novembre 2012 : Nouvelle lettre du maire qui alerte M. Capitani sur la dangerosité des travaux dans le quartier du Méjan. Conclusion : Rien … et les travaux suivent leur cours.
    - 2 mai 2013 : En toute illégalité, des travaux sont effectués rue du Docteur Fanton. En outre, les prescriptions de l’architecte des Bâtiements de France (ABF) ne sont pas suivies d’effet. La librairie passe donc de 180m² à 636m². Conclusion : Rien … et les travaux s’agrandissent.
    - 27 novembre 2014 : Nouveau courrier de l’ABF Olivier Blanc à M. Capitani pour dénoncer cinq effractions sur cinq chantiers (un auvent, un groupe de climatisation, la modification de plusieurs façades, une cheminée d’extraction, des menuiseries, une rampe d’accès…). Ces travaux ont été effectués, mais « aucun de ces ouvrages n’a fait l’objet d’une déclaration en régularisation » (sic). Conclusion : « Je ne pourrai émettre un avis favorable à la conformité de plusieurs travaux que vous avez faits réaliser sur vos immeubles… » (sic ABF) … et les travaux se prolongent.
    - 10 janvier 2015 : Un projet de lettre est abandonné par le maire ; celle-ci devait dénoncer des travaux illégaux effectués sur l’église Saint-Martin. L’objectif était la saisie du Procureur. Conclusion : projet de lettre municipale non envoyée et saisie du procureur abandonnée … et les travaux se maintiennent.
    - Mai 2017 : Mme Nyssen devient Ministre. Branle bas de combat, il faut régulariser tout ce qui peut l’être ! Le 9 novembre, le maire reçoit une demande d’autorisation de travaux déposée à postériori par M. Capitani, au nom d’une société civile immobilière.
    - 19 janvier 2018 : Des travaux de remise aux normes sont entrepris en nombre et à grande vitesse. La mise en sécurité devrait être sous peu entreprise… Mais les atteintes au patrimoine, eux, seront-elles réparées ?Madame Nyssen et son époux Monsieur Capitani ont agrandi, transformé, aménagé pendant sept ans leurs immeubles sans tenir compte des règles les plus élémentaires de la légalité, de respect du patrimoine, des contraintes de sécurité et des prescription de l’ABF, dans un secteur des plus sauvegardés d’Arles.

     

    Des élus et responsables officiels invisibles et silencieux

    Qui a réagi ? Qui est intervenu ? Quelqu’un a-t-il essayé de faire respecter la loi et la sécurité ?

    Pierre Dartout, le préfet, s’est fait remarquer par son silence. La direction régionale des affaires culturelles, la Drac Provence-Alpes-Côte d’Azur a détourné le regard, les responsables du patrimoine des Bouches-du-Rhône avaient sans doute d’autres chats à fouetter, le maire d’Arles, Hervé Schiavetti a fait le dos rond. Quand au procureur de la République de Tarascon, le préfet de l’époque Michel Cadot, ne l’a pas prévenu.

    Ils auraient évidemment pu soumettre le problème, pour la plupart, à leur Ministre de tutelle : une certaine Mme Nyssen Françoise …

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    Mise aux normes impossibles.

    La demande de régularisation, déposée le 19 janvier 2018 pour la mise aux normes et en conformité, va être difficile à appliquer car « le projet concerne des travaux d’amélioration de la sécurité incendie de l’établissement actuellement sous avis défavorable » (sic) depuis sept ans. De plus, « ces travaux concernent également une extension de l’établissement et une régularisation de travaux effectués sans autorisation » (sic).
    Il leur faudra donc installer des portes coupe-feu, des systèmes de désenfumage, des alarmes … et former des personnels aux secours et à l’évacuation. Mais, comme le fait remarquer le maire légèrement mal à l’aise, comment peut-on régulariser des travaux effectués sur des constructions sans permis ?  Sans doute en faisant appel à l’arbitrage de la Ministre de la Culture, car ces bâtiments protégés sont sous sa responsabilité.
    Ou alors est-on face à la vision de la Culture mise en place par le Président Macron dans sa politique du Nouveau Monde ?

     

    Epilogue

    Petite remarque : Arles est inscrite au patrimoine mondial de l’humanité ….

    Allez, il ne reste qu’à ouvrir un bowling dans les grottes de Lascaux !

     

     

    Sources :

    Canard Enchaîné du 20/06/2018
    Canard Enchaîné du 27/06/2018
    http://www.lefigaro.fr/culture/2018/06/20/03004-20180620ARTFIG00065-francoise-nyssen-epinglee-pour-des-travaux-realises-sans-autorisation-a-arles.php
    https://www.latribunedelart.com/les-embarrassants-travaux-de-la-societe-de-francoise-nyssen-en-plein-secteur-sauvegarde-d-arles https://www.20minutes.fr/politique/2292883-20180619-arles-francoise-nyssen-fait-regulariser-tardivement-travaux-realises-autorisation

    photos :

    Nouvelles Publications
    La Tribune de l’Art
    Goggle Maps

     
    Posté par Jocegaly à -

  • 06/07/18

    [RussEurope-en-Exil] Union Européenne : le début de la déconstruction ? par Jacques Sapir

     

    6.juillet.2018 // Les Crises
     

    La crise qui ronge l’UE depuis plusieurs années a atteint ces derniers jours un nouveau stade. Devenant publique, s’étalant à la face de tous, elle est en train de muter, de changer de nature. Car, le fait que des choses soient dites par un certain nombre des acteurs officialise l’état de crise qui était jusqu’à maintenant en partie camouflé par les discours officiels. Mais, cette officialisation engendre à son tour une accélération, voire une radicalisation, de cette crise. De cette situations, il faut donc en dresser un rapide bilan.

    Angela Merkel aux abois?

    Victoire de l’Italie et paralysie de l’Allemagne

    La question qui a monopolisé l’attention est celle des « migrants » et, sur cette question, il est clair que Giuseppe Conte, le Président du conseil italien, a remporté une victoire lors du sommet européen du jeudi 28 juin[1]. Il a obtenu que la notion de « volontariat » remplace celle de l’obligation des réglementations européennes et surtout il a obtenu que la question du rôle exact des ONG soit explicitement mentionnée dans le communiqué final. L’Italie sort confortée de ce conseil.

     

    Giuseppe Conte

    Ce qui est aussi clair, c’est que cette crise s’est invitée en Allemagne. Dans l’affrontement entre la Chancelière, Mme Angela Merkel et son Ministre de l’intérieur M. Horst Seehofer, c’est ce dernier qui sort vainqueur du compromis laborieusement établi dans la nuit de dimanche à lundi[2]. Près de 160 parlementaires de la CSU, le parti de M. Seehofer, mais aussi de la CDU (le parti de Mme Merkel) avaient menacé de voter contre cette dernière. C’est dire l’ampleur de la crise. Un compromis a été trouvé à la toute dernière minute. Mais, si ce compromis garantit, sans doute pour quelques mois, qu’Angela Merkel va rester la Chancelière, il porte en lui la fin des accords de Schengen[3]. Le fait que l’Allemagne reconnaisse la nécessité de places d’internement des migrants à ses frontières va faire tâche d’huile. L’Autriche déjà boucle les siennes et l’Italie en fera de même. On assiste bien à un basculement global de la scène politique, tant européenne qu’allemande. Or compte tenu du poids de l’Allemagne dans l’UE, ceci aura des conséquences importantes.

    Au-delà, le conflit, même provisoirement éteint par un compromis de dernière minute, laisse les deux protagonistes en piteuse position. Le gouvernement allemand sera durablement paralysé pour les mois qui viennent. Alors, bien sur, on peut penser à de nouvelles élections. Mais, ces dernières seraient une catastrophe pour le SPD (tombé à moins de 18% des intentions de vote, un score jamais atteint depuis 1949). On peut donc penser que ce dernier parti s’accrochera désespérément au pouvoir, renforçant en fait le blocage politique : le pays est dans une situation de paralysie politique. Cela signifie que l’Allemagne sera dans l’impossibilité d’imprimer sa marque sur la politique de l’UE. La France pourrait-elle se substituer à elle ? Les échecs que vient de subir Emmanuel Macron quant à sa politique européenne indiquent bien que non[4].

     

    Une France impuissante

    De fait, sur un autre front, on voit aussi se préciser aussi la crise qui vient. L’Allemagne et les Pays-Bas viennent de rejeter le système de garantie des dépôts bancaires, c’est-à-dire la garantie effective des dépôts de 100 000€[5]. Or ce rejet frappe de caducité l’Union bancaire qui avait été, il convient de le rappeler, la SEULE avancée de l’UE depuis 2008 sur les questions bancaires et financières. La crise de l’Union bancaire touche aussi de plein fouet la position française car l’Union bancaire avait été le projet soutenu essentiellement par le gouvernement français. Bien entendu, de nombreuses critiques avaient pu être formulées sur l’Union bancaire, et mes lecteurs habituels s’en souviendront certainement[6]. Cette « union » était fragile et n’avait pas le budget suffisant pour faire face à une nouvelle crise bancaire. Ce qui s’est produit le 29 juin n’en est pas moins important. Aucun accord sur le « pot » commun destiné à aider les banques en faillite, ce que l’on appelle aussi le « backstop », et pour secourir les banques en difficulté n’a pu être trouvé. Bien sûr, la décision a été repoussée pour la fin d’année 2018, mais les divergences entre les pays membres sont désormais immenses. Il est désormais très peu probable que les pays de l’UE arrivent à s’entendre sur autre chose que le fait de ne pas s’entendre. Cela met à mal tous les projets et les rêves d’une Europe fédérale qui étaient ceux d’Emmanuel Macron.

    Le grand perdant?

    Or, c’est l’Allemagne qui va être désormais rapidement confrontée à une crise bancaire. La situation de la Deutsch Bank, incapable de passer les tests de robustesse mis sur pied par la Réserve Fédérale aux Etats-Unis[7], va exiger des actions importantes d’ici quelques mois, voire durant l’été. Il convient de se souvenir que l’Union bancaire avait été initialement conçue comme un moyen d’empêcher un pays d’agir à sa guise, en construisant un système de sécurité à l’échelle de l’UE. Mais, la faillite de fait de l’Union bancaire renvoie les pays de l’UE à la situation qui était la leur en 2008. On voit bien ici que la paralysie qui gagne l’UE va obliger l’Allemagne à « sauver » la DB (ce qu’elle fera certainement au vu de l’importance de cette banque pour son économie). Mais, ce faisant, elle donnera le signal pour que l’Italie procède à un sauvetage massif de ses propres banques en difficulté. Dès lors, au chacun pour soi qui prédomine sur la question des migrants, viendra s’ajouter un chacun pour soi sur la question bancaire, en attendant que ce chacun pour soi ne s’étende à la zone Euro[8]. Sur ce point, il convient de relire le récent article de Joseph Stiglitz qui est désormais fort pessimiste quant à l’avenir de la zone Euro[9].

     

    La deuxième phase de l’action du gouvernement italien

    La crise de l’UE ne s’arrête pas là. Le gouvernement italien a décidé de passer à une deuxième phase de son action. Après avoir fait preuve de fermeté face aux « migrants » et à certaines ONG, il est en train de prendre des mesures favorables aux travailleurs, comme la pénalisation des CDD quand ils sont utilisés systématiquement[10]. Il est possible qu’il procède dans le cours de l’été à d’autres mesures, comme un relèvement général des salaires et une annulation – partielle ou totale – de la réforme des retraites mise en place par les précédents gouvernements. Cette perspective inquiète déjà la BCE, qui a adressé au gouvernement italien une mise en garde. Mais, porté par la popularité acquise par son attitude sur la question des « migrants » et renforcé par la crise que connaît l’UE mais aussi l’Allemagne, il est peu probable que le gouvernement italien soit véritablement sensible aux avertissements de la BCE.

    Et ce d’autant plus qu’il se prépare à des mesures de fond, concernant notamment une importante relance des investissements publics, une réforme qui provoquera une forte montée de son déficit budgétaire.

    La crise interviendra donc très probablement cet hiver. Et l’on comprend la stratégie de Giuseppe Conte : affaiblir les institutions de l’UE pour être dans la meilleure position pour négocier. Nul ne sait si cette stratégie sera gagnante, mais, en « portant la discorde chez l’ennemi » comme l’écrivait il y a presque un siècle celui qui allait devenir le Général de Gaulle, il a incontestablement marqué un point important. Il s’affiche désormais comme un dirigeant avec une véritable stratégie alors que Mme Merkel et Emmanuel Macron en restent, eux, à des effets de communication…

     

    Une Union européenne discréditée ?

    Plus globalement, il convient de se demander si l’UE n’est pas aujourd’hui profondément discréditée aux yeux des électeurs des différents pays. Cela se manifeste dans des attitudes qui vont du Brexit de 2016 en Grande-Bretagne à l’élection de partis eurosceptiques ou eurocritiques en Autriche, Hongrie et Italie. De même, en France, un sondage publié le 4 juillet dans la Tribune, et réalisé par BVA, indique que la politique de l’UE n’est pas ressentie par les personnes interrogées comme favorable. Ainsi, à la question « les orientations économiques de l’Union européenne sont plutôt une bonne chose pour… » les réponses des français sont édifiantes :

     

    Les orientations économiques de l’Union européenne sont plutôt une bonne chose pour…

      Oui Non Ne se prononcent pas
    Les entreprises françaises 38% 54% 8%
    La situation économique en Europe 41% 52% 7%
    L’emploi en Europe 39% 53% 8%
    La situation économique en France 33% 60% 7%
    L’emploi en France 27% 66% 7%

    Sondage BVA-La Tribune du 4/07/2018

     

    Plus de 60% des français considèrent donc la politique de l’UE comme mauvaise, que ce soit en ce qui concerne la situation économique en France ou l’emploi. Le désaveu est aujourd’hui massif.

    Par ailleurs, dans un sondage réalisé au début du mois de juin par l’IFOP pour le site Atlantico, une majorité de personnes interrogées (58%) considéraient que dans dix ans l’UE serait plus fragile et plus faible qu’aujourd’hui[11].

     

    Ces chiffres montrent que la crise actuelle est bien plus profonde que la seule question des « migrants ». L’UE apparaît comme durablement discréditée. Ses deux pays principaux sont aujourd’hui paralysés et les opinions dites « Eurosceptiques » progressent dans l’ensemble des pays. Giuseppe Conte a révélé une crise plus qu’il ne l’a provoquée. Mais, ce processus de révélation peut très bien avoir sa dynamique propre et entraîner un mouvement toujours plus puissant de défiance généralisée. En un sens, on peut considére que le processus de déconstruction de l’UE a commencé. Pourtant, il ne deviendra irréversible que quand ses adversaires proposeront des formes institutionnelles de remplacement.

     

    Notes

     

    [1] http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2018/06/29/31002-20180629ARTFIG00327-accord-sur-les-migrants-l-italie-et-l-autriche-nouveaux-chefs-de-file-de-l-europe.php

    [2] https://www.ft.com/content/f1b50022-7e14-11e8-bc55-50daf11b720d

    [3] Voir https://www.eurointelligence.com

    [4] Voir l’excellent article d’Ambrose Evans-Pritchard, https://www.telegraph.co.uk/business/2018/06/29/macrons-euro-dream-lies-ruins-eu-summit-debacle/

    [5] https://www.euractiv.fr/section/economie/news/eu-leaders-postpone-completion-of-banking-union/

    [6] https://russeurope.hypotheses.org/5079

    [7] https://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/deutsche-bank-echoue-aux-stress-tests-de-la-fed-783505.html

    [8] http://www.telegraph.co.uk/business/2018/05/23/eurozone-slowdown-raises-fears-will-no-economic-rebound/

    [9] https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/0301881720694-le-gouffre-qui-menace-dengloutir-la-zone-euro-2188018.php#

    [10] https://www.boursedirect.fr/fr/actualites/categorie/economie/italie-le-gouvernement-adopte-des-mesures-pour-l-emploi-afp-67a15fd219e8e6eeff7151a0e4f7406124263d3f

    [11] http://www.atlantico.fr/decryptage/sondage-exclusif-58-francais-pensent-que-dans-10-ans-ue-sera-plus-fragile-et-faible-qu-aujourd-hui-ifop-jerome-fourquet-3412650.html

     

     

    Lien : https://www.les-crises.fr/russeurope-en-exil-union-europeenne-le-debut-de-la-deconstruction-par-jacques-sapir/

     

  • 7 Juillet 2018

    Publié par El Diablo

    Le Monde Diplomatique de juillet 2018

    Le Monde Diplomatique de juillet 2018

    Après avoir été confortablement élu à la présidence de la République avec le concours de la quasi-totalité des médias français, M. Emmanuel Macron exige que sa majorité parlementaire lui concocte une loi contre la diffusion de « fausses informations » en période électorale. Peut-être prépare-t-il déjà sa prochaine campagne.

     

    Le texte qui devrait être bientôt voté trahit à la fois la cécité des gouvernants quant aux contestations qu’ils affrontent et — en même temps — leur inclination à imaginer sans cesse des dispositifs coercitifs pour y remédier. Il faut en effet avoir la vue basse pour croire encore que la victoire des candidats, des partis ou des causes « antisystème » (M. Donald Trump, le Brexit, le référendum catalan, le Mouvement 5 étoiles en Italie…) serait due, même marginalement, à la dissémination de fausses nouvelles par des régimes autoritaires […]

     

    LA SUITE DE L’ARTICLE EN LIEN CI-DESSOUS :

     


  • 07/07/18

    Conflit Israélo-Palestinien, Gaza - Victimes « dignes d’intérêt » et « non dignes d’intérêt », par David William Pear

     
    7.juillet.2018 // Les Crises
     
     Victimes « dignes d’intérêt » et « non dignes d’intérêt », par David William Pear (,
     

    Source : David William Pear, Consortium News, 20-04-2018

    Alors que les manifestations de vendredi à l’intérieur de la bande de Gaza ont repris aujourd’hui pour la quatrième semaine, les forces de sécurité israéliennes ont déjà tué quatre autres palestiniens, qui sont aux yeux des États-Unis des victimes « non dignes d’intérêt », affirme David William Pear

    Dans leur livre La Fabrication du consentement, Edward Herman et Noam Chomsky faisaient la distinction entre deux types de victimes : les dignes d’intérêt et les non dignes d’intérêt. Les « victimes dignes d’intérêt » sont celles (réelles et supposées) des leaders de la liste des ennemies des États-Unis, comme Bachar al-Assad. Les « victimes non dignes d’intérêt » sont celles des USA et de leur clients, comme Israël et l’Arabie Saoudite.

    L’alliance menée par les USA qui se revendique comme « communauté internationale » est scandalisée lorsqu’il y a des victimes dignes d’intérêt. Par exemple, l’ambassadrice des USA aux Nations unies Nikki Haley a montré au Conseil de Sécurité des photos de bébés Syriens morts pour que le monde soit témoin. Les victimes dignes d’intérêt se voit garantir les droits humains, et Assad mérite notre opprobre.

    Les victimes indignes d’intérêt sont par exemple les 50 000 enfants Yémenites morts de faim à cause du blocus saoudien, qui concerne entre autre la nourriture, l’eau et les médicaments.

    On reproche aux victimes non dignes d’intérêt d’être des victimes et la communauté internationale et les médias dominants les ignorent. Les victimes indignes d’intérêt n’ont pas de droits. Le Yémen est un désastre humanitaire ignoré. l’Arabie saoudite est un ami des USA et Washington contribue à l’effort de guerre saoudien avec de l’équipement et du matériel logistique.

    Les USA ne sont donc pas scandalisés lorsque le Prince Héritier d’Arabie saoudite et ministre de la défense Mohamed Ben Salmane balance des bombes américaines depuis des avions américains, qui tuent des hommes, des femmes et des enfants Yéménites indistinctement en-dessous. Au lieu de ça MBS est en lune de miel avec les néoconservateurs. L’éditorialiste Thomas Friedman l’encense comme si être un monarque absolu est la chose à être au 21ème siècle. Robert Parry, le défunt fondateur et éditeur de ce site, décrivait Thomas Friedman et les néoconservateurs comme « déconnectés de la réalité ».

    Manifestation pour un Droit au Retour

    Depuis maintenant des semaines, des dizaines de milliers d’habitants de Gaza protestent légalement pour le droit de revenir dans leur maisons en Palestine. Aucun scandale aux USA quand Netanyahou et son régime ordonne aux soldats Israéliens de les massacrer. Des centaines de Palestiniens ont été abattu lors de la Journée de la Terre et pendant les manifestations du Droit au Retour. Quatre de plus ont été tués aujourd’hui et des centaines de plus ont été blessés pendant la quatrième semaine de manifestations. Mais Netanyahou a toute les raisons de croire que les USA le protégeront, comme de nombreuses fois par le passé. Nikki Halley ne montrera pas de photos de palestiniens morts.

    A la place elle protégera Netanyahou de toute critique,et accusera les critiques d’être antisémites. Les victimes de Netanyahou sont indignes d’intérêt. Et dans ce qui apparaît comme une modification majeure de la politique étrangère américaine envers Israël et la Palestine, le dernier rapport du département d’État des États-Unis sur les droits humains ne considère plus la Cisjordanie occupée, Jérusalem-Est inclus, et Gaza, comme des « Territoires occupés », le terme légal correct, comme il le faisait précédemment, indique l’Institut pour la Compréhension du Moyen-Orient.

    Les Palestiniens qui ont été exécutés à Gaza se trouvaient à l’intérieur de l’enceinte israélienne qui est leur prison depuis plus d’une décennie. Ils étaient en territoire Palestinien. Ils ne représentaient aucun danger pour les soldats Israéliens qui étaient du côté israélien de la barrière. Les soldats avaient une vue télescopique depuis leur postes de tir et étaient à plus de 100 yards [environ 110 mètres, NdT]. Des centaines de Palestiniens se sont fait tirer dessus avec des balles à fragmentation illégales bannies depuis la Déclaration de la Hague de 1899.

    Les ordres de Netanyahou étaient illégaux et les soldats suivaient des ordres illégaux. Les Procès de Nuremberg ont déclaré que « juste suivre les ordres » n’est pas une défense contre les crimes de guerre.

    Deux millions de réfugiés Palestiniens ont été emprisonnés à Gaza pendant plus d’une décennie. Gaza est devenu une prison inhumaine en plein air. Même l’ancien Premier Ministre Conservateur David Cameron l’a appelé ainsi.

    Gaza : une prison en plein air

    Les gens de Gaza ont été coupés du monde extérieur. Israël contrôle tout ce qui sort, peut importe ce que c’est. La nourriture qui entre à l’intérieur est à peine suffisante pour que Gaza survive. Netanyahou a une fois blagué sur le fait qu’il mettait Gaza au régime. Les malades, les blessés et les mourants ne sont pas autorisés à sortir de Gaza pour aller à l’hôpital pour soins médicaux sans permission israélienne. Netanyahou donne rarement cette permission. Les victimes de Netanyahou sont indignes d’intérêt et blâmer pour le fait d’être des victimes.

    Blocus total – un acte de guerre

    En 2006, Israël a resserré le nœud coulant autour de Gaza en imposant un blocus total par voie aérienne, terrestre et maritime. Le crime pour lequel Israël a imposé une punition collective illégale aux Gazaouis est qu’ils ont élu démocratiquement le mauvais gouvernement, contre la volonté d’Israël. Au lieu d’élire le Mouvement de libération nationale de la Palestine sous contrôle israélien, connu sous le nom de Fatah, les Gazaouis ont élu le Mouvement de résistance islamique, connu sous le nom de Hamas.

    Israël considérait le Fatah comme une organisation terroriste, mais aujourd’hui ce n’est plus le cas parce qu’ils sont des collaborateurs. Au lieu de cela, Israël, qui a secrètement soutenu la formation du Hamas dans une stratégie de division et de conquête, qualifie le Hamas de terroriste. Netanyahou désigne alors faussement les manifestants comme des terroristes.

    Israël a tué et blessé des journalistes à Gaza. Ils sont aussi des victimes indignes d’intérêt. Il n’y a donc pas de protestations de la part des médias grand public. Au lieu de cela, ils accusent à plusieurs reprises le président russe, Vladimir Poutine, d’avoir (prétendument) tué des journalistes. Ensuite, il y a un tollé énorme parce que ce sont des victimes dignes d’intérêt.

    Les États-Unis ont imposé des sanctions économiques à la Russie. Israël reçoit des milliards de dollars d’aide financière des États-Unis chaque année, peu importe ce que fait Netanyahou. Poutine est accusé d’envahir la Crimée alors que les troupes russes y étaient déjà légalement déployées et que les Criméens ont voté par référendum pour rejoindre la Russie, à laquelle ils sont attachés historiquement. Poutine est vilipendé pour sa (prétendue) ingérence dans la politique américaine. Netanyahou reçoit des ovations debout lors des sessions conjointes du Congrès.

    Le premier ministre israélien occupe illégalement la rive ouest de la Palestine, et il y construit d’autres colonies israéliennes illégales, appelées par euphémisme installations. Pendant ce temps, Netanyahou fait un pied de nez au droit international. Les États-Unis ont opposé leur veto à 43 résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU contre Israël. Haley fulmine car Poutine est un obstructionniste qui a opposé son veto à une résolution de l’ONU condamnant Assad pour une attaque présumée d’armes chimiques, avant même qu’une enquête n’ait été ouverte. Les États-Unis ont tenté de bloquer une enquête de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) sur le site présumé de l’attaque aux armes chimiques en Syrie. L’OIAC dit qu’il enquêtera de toute façon.

    La Loi Suprême du Pays

    Netanhayou : Protégé

    L’ordre du président Trump d’attaquer la Syrie sur la base de l’utilisation présumée d’armes chimiques constitue une violation du droit international. Les États-Unis ne sont pas le policier, le juge et l’exécuteur international. L’article 2, section 4 de la Charte des Nations Unies stipule :

    « Tous les Membres s’abstiennent, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l’emploi de la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État, ou de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations unies. »

    Les seuls usages légaux de la force selon la Charte de l’ONU sont l’autodéfense et lorsque la force est autorisée par le Conseil de sécurité de l’ONU. Les violations de la Charte des Nations unies constituent également une violation de la Constitution des États-Unis en vertu de l’article VI, qui stipule ce qui suit :

    « … tous les traités conclus ou qui seront conclus sous l’autorité des États-Unis seront la loi suprême du pays. »

    La Charte des Nations unies est un traité qui a été signé par le président des États-Unis et ratifié par le Sénat des États-Unis. En vertu de la Constitution des États-Unis, la Charte de l’ONU est la « loi suprême du pays » aux États-Unis, ainsi qu’à l’échelle internationale.

    En vertu de la Déclaration universelle des droits de l’homme, toute personne jouit d’une présomption d’innocence jusqu’à ce que sa culpabilité soit prouvée devant un tribunal. Les États-Unis n’ont pas le droit de déclarer une peine avant qu’il y ait un procès et un verdict. L’article 66 du Statut de Rome de 1998 de la Cour pénale internationale, auquel les États-Unis ont refusé d’adhérer, confère aux personnes accusées de crimes la « présomption d’innocence » et ajoute :

    « Il incombe au Procureur de prouver la culpabilité de l’accusé. Pour condamner l’accusé, le tribunal doit être convaincu hors de tout doute raisonnable de la culpabilité de l’accusé. »

    Nous ne savons même pas si un crime a été commis à Douma. Il y a de nombreuses raisons de douter. Le journaliste d’investigation Seymour Hersh et d’autres personnes (Robert Fisk, Ron Paul, Jeffrey Sachs, l’ancien ambassadeur du Royaume-Uni en Syrie Peter Ford, Fox News Tucker Carlson, Larry Wilkerson, etc.) ont soulevé des doutes sérieux à propos de l’allégation d’attaque à l’arme chimique par Assad.

    L’allégation non prouvée d’armes chimiques vient de terroristes soutenus par les États-Unis qui mènent une guerre contre le peuple syrien depuis plus de sept ans. Les terroristes auraient des armes chimiques dans leur arsenal. Si des armes chimiques ont été utilisées dans n’importe laquelle des attaques, elles pourraient provenir des terroristes eux-mêmes.

    Il est bien connu que les États-Unis ont été à l’origine de la guerre contre Assad et que les États-Unis soutiennent les terroristes dans le cadre d’un projet de changement de régime américain. Les morts et les blessés de l’agression américaine au cours du XXIe siècle comptent des millions de personnes dans plus d’une demi-douzaine de pays. Les médias grand public ignorent l’ampleur des guerres d’agression américaine, et le peuple américain s’occupe principalement de ses activités quotidiennes comme si rien ne se passait.

    Puisque les États-Unis sont prétendument une démocratie et jouissent de la liberté de la presse, les citoyens américains et les médias américains sont responsables des actions de leur gouvernement. L’ignorance de la loi au sujet de ce que fait leur gouvernement n’est pas une excuse.

    Les droits des Palestiniens

    En vertu du droit international, les Palestiniens ont le droit de résister à l’occupation militaire illégale de la Palestine qui se poursuit depuis 1967. Mais Israël n’a pas le droit d’imposer des punitions collectives, de refuser aux réfugiés le droit de rentrer chez eux, de confisquer des terres, d’imposer des détentions indéfinies, de torturer des prisonniers et de restreindre la libre circulation des civils, ni de les enfermer dans des conditions de vie inhumaines à Gaza. Israël a systématiquement détruit leurs maisons et leurs infrastructures civiles.

    Israël tire régulièrement pour tuer quiconque ou quoi que ce soit qui pénètre dans une zone tampon “no man’s land” à l’intérieur de Gaza. Il possède même des mitrailleuses télécommandées et d’autres instruments de mort aveugles dans la zone tampon. Lorsque des dizaines de milliers de manifestants non armés se sont approchés de la zone tampon, les tireurs d’élite militaires israéliens étaient prêts à les massacrer. Et Netanyahou dit qu’Israël a l’armée la plus morale du monde.

    Les manifestations pour commémorer la Journée de la terre et les protestations pour le droit au retour ont été annoncées à l’avance, y compris celle d’aujourd’hui. Le 3 avril, l’organisation israélienne de défense des droits de l’homme B’Tselem a appelé les soldats israéliens à refuser les ordres illégaux de tirer sur des civils non armés :

    « L’utilisation de balles réelles contre des personnes non armées qui ne présentent aucun danger pour quiconque est illégale. C’est encore plus flagrant dans le cas des soldats qui tirent à grande distance sur des manifestants situés de l’autre côté de la barrière qui sépare Israël de la bande de Gaza. En outre, il est inadmissible d’ordonner aux soldats de tirer à balles réelles sur des individus qui s’approchent de la clôture, l’endommagent ou tentent de la franchir. »

    En vertu du droit international, les commandants qui donnent l’ordre de tirer sur les civils non armés et les soldats qui le font pourraient être accusés de crimes de guerre par la Cour pénale internationale. Il est peu probable que cela se produise de sitôt parce que les États-Unis protègent Israël et permettent à Netanyahou de s’en tirer littéralement avec des meurtres. Les victimes de Netanyahou sont indignes d’intérêt.

    Cet article a d’abord été publié par le Greanville Post.

    David William Pear est un chroniqueur activiste et progressiste qui écrit sur des questions économiques, politiques et sociales. Il est membre de Veterans for Peace, de Saint Pete for Peace, de CodePink et du Mouvement de solidarité internationale. En 2016, il a passé 10 semaines en Palestine avec le principal groupe palestinien de résistance non-violente, le Mouvement international de solidarité . En novembre 2015, il a été délégué de CodePink en Palestine pour montrer sa solidarité avec les Palestiniens. David est retourné en Palestine pendant 10 jours en mars 2018. Il peut être contacté à dwpear521@gmail.com.

    Source : David William Pear, Consortium News, 20-04-2018

    Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

     

    Lien : https://www.les-crises.fr/victimes-dignes-dinteret-et-non-dignes-dinteret-par-david-william-pear/