• L’Argentine dans la tourmente

    Jérôme DUVAL

    Le président argentin, Mauricio Macri, a annoncé, lundi 3 septembre, un brutal plan d’austérité sous supervision du FMI. Le peuple exprime sa colère face à la hausse des prix et les coupes budgétaires.

    Dix-sept ans après la crise de 2001 en Argentine, le gouvernement Macri, arrivé au gouvernement en décembre 2015, renforce un féroce plan d’ajustement structurel envers sa population suite au prêt sollicité auprès du FMI. Le pays, qui assure en 2018 la présidence du G20, est l’un des plus affectés par la hausse des taux d’intérêts aux États-Unis, la fuite des capitaux, l’envolée du dollar et les spéculations boursières, à l’instar de la crise qui émerge en Turquie.

    Dans un contexte de guerre commerciale du président Trump pour privilégier ses exportations au détriment des autres, la hausse des taux d’intérêt aux États-Unis entraîne une ruée sur le dollar devenu plus que jamais valeur refuge. Les capitaux en dollars sont rapatriés aux États-Unis pour profiter de ladite hausse des taux, les liquidités s’assèchent soudainement, les monnaies des pays dits « émergents » chutent brutalement.

    Turbulences en Argentine

    Le peso est en chute libre, les prix explosent, la consommation se réduit au minimum, y compris pour la classe moyenne, de nombreux commerces et entreprises ferment et licencient en masse, la faim se répand dans les quartiers périphériques et les spéculateurs s’affolent sans savoir quoi inventer pour éviter le naufrage annoncé. Pourtant, on aurait pu apprendre des crises passées pour ne pas les reproduire : l’Argentine est déjà passé par là... le peuple s’en souvient, 2001, il a faim, le tintamarre des casseroles vides crépitent au milieu du martellement des cuillères sur les devantures de banques... fermées. C’est le « corralito » [1]. De l’autre côté, les capitaux s’évadent discrètement dans l’attente d’un apaisement pour un éventuel retour. Le scénario orchestré par le FMI aux quatre coins du globe se répète à l’infini, ce qui ne l’empêche pas de distiller ses mêmes recommandations nauséabondes quelle que soit la latitude du pays concerné.

    « Pauvreté zéro » répétait Macri durant sa campagne électorale. Aujourd’hui sa popularité est en chute libre, et ce slogan gît parmi ses nombreuses promesses électorales qui ne seront jamais respectées, une fois de plus la confiance du peuple est piétinée, trahie par le pouvoir de l’argent. En cause, la cure d’austérité qui ne fait qu’aggraver la situation sociale déjà laminée par plus de deux années de droite dure au gouvernement.

    La première tranche de 15 milliards de dollars du méga-prêt de 50 milliards du FMI conclu en juin ne semble pas suffire à stabiliser l’économie secouée par une inflation d’environ 30 %, elle-même stimulée par une dépréciation de sa monnaie. Le peso argentin a perdu près de 20 % de sa valeur par rapport au dollar en deux jours, les 29 et 30 août, et 98 % sur les 12 derniers mois (plus de 50 % depuis le début de l’année) atteignant un plus bas historique à plus de 40 pesos pour un dollar.

    Affolée, la Banque centrale du pays a relevé le 30 août son taux directeur de 45 à 60 %, l’un des plus élevés au monde après l’avoir augmenté de 40 à 45 % le 13 août, afin d’encourager les placements en monnaie locale [2]. Cependant, cette action, tout comme les efforts de la Banque centrale argentine, qui aurait vendu plus de 12 milliards de dollars de ses réserves de change depuis le début de l’année pour stabiliser le peso [3], ne sont pas parvenus à contenir la méfiance des investisseurs face à une possibilité de non remboursement, ni à atténuer la chute des cours. Comme par provocation, le 31 août, au lendemain de la remontée spectaculaire des taux de la Banque centrale, l’agence de notation étasunienne, Standard & Poor’s, place « sous surveillance négative » la note de la dette argentine.

    L’austérité du FMI

    Le président argentin, Mauricio Macri, a annoncé, lundi 3 septembre, un brutal plan d’austérité sous supervision du FMI. Celui-ci comprend l’introduction d’une taxe sur les exportations de produits agricoles de 4 pesos par dollar exporté [4], dont Macri a lui-même reconnu que c’étaient de « très mauvaises taxes », mais qu’il y avait « urgence » face au déficit budgétaire. Après tant d’austérité appliquée envers les plus démunis, cette mesure risque de ne pas plaire non plus aux producteurs de soja et de maïs, premiers pourvoyeurs de devises de l’État, durement ébranlés par une sécheresse record en début d’année. Par ailleurs, Macri a annoncé la suppression de 12 ministères sur 22 ! M. Macri prétend en effet éliminer les ministères de la Culture, du Travail, de Science et Technologie, de l’Énergie, de l’Agro-industrie, de la Santé, du Tourisme et de l’Environnement pour les convertir en secrétariats d’État sous la coupole d’autres ministères : la Culture et Science et Technologie passent par exemple sous mandat du ministère de l’Éducation, le Travail sous l’orbite du ministère de la Production, la Santé est absorbée par celui du Développement social et l’Agro-industrie déménage au ministère du Trésor tout en licenciant 600 travailleurs. Jusqu’ici, seul les dictateurs Pedro Eugenio Aramburu et Juan Carlos Onganía s’étaient aventurés à éliminer le Ministère de la Santé.

    Le 4 septembre, le ministre argentin de l’Économie Nicolas Dujovne et le vice-président de la Banque centrale, Gustavo Cañonero, décollent à bord d’un avion en direction de Washington. Un entretien est prévu au siège du FMI afin de négocier une révision de l’accord signé en juin et accélérer les versements. L’Argentine manque cruellement de liquidités. Au même moment, le procureur Jorge Di Lello met en accusation le président Mauricio Macri pour abus d’autorité et violation des devoirs d’un agent public pour avoir signé l’accord avec le FMI, le 7 juin dernier, sans le soumettre au Parlement, violant ainsi la Constitution. De son côté, le président Macri ne sait plus quoi dire pour calmer le mécontentement grandissant. Il déclare à la télévision et ne cesse de répéter : « Cette crise n’est pas une crise de plus, elle doit être la dernière (...) le pire est derrière nous. » [5] Pourtant, les mêmes erreurs produisent les mêmes effets et l’histoire se répète...

    Dans la rue, la flambée des prix fait resurgir le mécontentement populaire. À Buenos Aires, La Plata, Rosario, Mar del Plata, ou dans d’autres villes du pays, le peuple exprime sa colère face à la hausse des prix ou les coupes budgétaires imposées dans l’administration publique en contrepartie du prêt du FMI, comme celles appliquées aux universités publiques. En grève depuis plus d’un mois, les professeurs des cinquante-sept universités publiques réclament une revalorisation de leurs salaires. Réveillant les souvenirs tragiques de l’effondrement financier de 2001, les cantines populaires sont de nouveau débordées, non plus seulement d’enfants mais de familles entières... L’inflation galopante réduit les marges sur la consommation en chute libre et le géant américain de la grande distribution, Walmart, a vendu une douzaine d’hypermarchés. Le prix du pain a augmenté de plus de 20 % en quelques jours [6]. Comme en 2001, le peuple a faim, de justice sociale et de pain.

    Jérôme Duval

    Article publié sur le blog Un monde sans dette du journal Politis.

    Notes

    [1] Le mot espagnol corralito, diminutif de corral, est utilisé en Argentine pour se référer à l’enclos pliant réservé aux jeux du bébé. C’est également le nom donné aux mesures imposées par le gouvernement de Fernando De La Rua le 3 décembre 2001 pour lutter contre la fuite des capitaux, mesures qui provoqueront sa démission. Elles consistent à limiter les retraits d’argent à 250 pesos par semaine et interdit tout envoi de fonds à l’extérieur.

    [2] « Chute du peso argentin : pourquoi les marchés sont de nouveau effrayés », Le Courrier International, 31 août 2018.

    [3] « L’Argentine demande le déblocage anticipé des fonds du FMI », Agence Reuters, 29 août 2018.

    [4] Au cours actuel de la monnaie argentine cela correspond à environ 10 % sur le blé, le maïs, le bœuf, la graine de soja, et une augmentation de celle qui existait déjà sur les tourteaux et l’huile de soja, dont l’Argentine est le premier exportateur mondial. Claire Fages, « L’Argentine taxe le blé, la Russie y renonce », RFI, 5 septembre 2018.

    [5] Richard Partington, « Argentina launches fresh austerity measures to stem peso crisis », The Guardian, 3 septembre 2018.

    [6] « La crisis del pan », Página 12, 6 septembre 2018. « El precio del kilo de pan subió esta semana un 21 por ciento. El kilo de pan pasó de un valor de banda de precios de entre 65 y 70 pesos promedio a un precio de entre 80 y 90 pesos. »

    »» http://www.cadtm.org/L-Argentine-dans-la-tourmente
    URL de cet article 33826
    https://www.legrandsoir.info/l-argentine-dans-la-tourmente.html

  • 22 Septembre 2018

    Publié par El Diablo

    La lettre électronique Hebdo de CUBAcoopération [Les nouveautés depuis le 13 septembre 2018]

    Nous y étions et nous avons vu !

     

    Quoique, n’en disent pas les moyens d’information (!) la fête du journal l’Humanité a rassemblé des centaines de milliers de personnes, plus d’un demi-million ! Et notre stand en a accueilli plusieurs milliers. Un stand magnifique, à l’image de notre association : accueillant, chaleureux, joyeux, combatif. Avec ses militants bénévoles qui se sont dévoués sans compter. Cette année les accents pour vous accueillir s’étaient diversifiés, en raison de la venue des amies de nos nouveaux comités de province. Le chef d’orchestre de tout cela : notre secrétaire général Bernard Montagne, avant, pendant et après. Félicitations pour son organisation.

     

    Et la séquence de cette année était toute réservée à Cienfuegos et au 200e anniversaire de sa fondation par des Français… D’abord la délégation officielle qui a permis de multiples rencontres et échanges avec les visiteurs. À noter l’exceptionnelle exposition qui donnait à voir l’immense richesse de la « Perle du Sud ». Une envie pour beaucoup d’aller se rendre compte sur place ! Merci à Agnès sa conceptrice. Cerises sur le gâteau. Elles furent plurielles : d’une part notre ami Jean Querbes, Président de l’association « Bordeaux-Cienfuegos » qui présentait le livre « Une histoire méconnue » celle de ces deux villes sœurs…et André de Ubeda, ancien délégué général de l’alliance française à Cuba, qui proposait à nos amis la possible signature dans un très proche avenir d’un accord de coopération avec la ville de La Seyne-sur-Mer ! Pourquoi pas ?

     

    Et ce n’est pas tout. Profitant de la présence de nos amis cubains, accompagnés de leur Ambassadeur en France, nous organisons ce vendredi au siège de notre association, à Ivry-sur-Seine, une conférence/débat ayant pour thème « La nouvelle constitution cubaine ». Des réponses aux nombreuses questions que vous vous posez. Voir l’annonce sur notre site www.cubacoop.org . Leur séjour ne serait pas complet, s’il n’était assorti de plusieurs visites et rencontres de partenaires qui interviennent dans leur province ou qui seraient susceptibles de le faire. Une étape importante aura lieu dans la région bordelaise où Ils seront reçus, par les autorités locales, dont celles de leur ville sœur : Bordeaux. Nous vous ferons le compte rendu de tous ces importants moments.

     

    Et pendant ce temps-là !

     

    À Cuba 80.000 réunions ont eu lieu en moins de 6 semaines dans l’Île et à l’extérieur, pour débattre du projet de constitution adopté le 22 juillet par l’Assemblée Nationale. Plus de 1 million de Cubains y ont pris part ! L’âge limite proposé pour le poste de Président de la République, la structure du pouvoir, le mariage entre personnes de même sexe, les formes de propriétés, la protection de la famille, la question des salaires et de l’emploi, la citoyenneté effective, figurent parmi les thèmes les plus abordés dans les débats.

     

    Pour la première fois, après quatre mois d’exercice au plus haut sommet de l’état cubain, le Président Miguel Diaz Canel a accordé un long interview à la chaîne TELESUR. Toutes les questions d’actualité y sont abordées, sans langue de bois. Pour votre information, nous nous ferons un devoir de le publier dès que nous en aurons la traduction en français.

     

    La 73e session de l’Assemblée Générale des Nations Unies s’est ouverte le 18 septembre. Au cours de celle-ci Cuba présentera le rapport contre le blocus qui lui est imposé par les États-Unis. Nous aurons l’occasion d’y revenir, tant dans cet édito que dans les articles publiés sur le site.

     

     

    Roger Grévoul
    Président Fondateur de Cuba Coopération France
    Directeur politique du site Internet et de la Lettre Hebdomadaire

     

    PLUS D’INFOS EN LIEN CI-DESSOUS :


  • Nouveaux sur notre site http://bolivarinfos.over-blog.com


    En page d’accueil:
    1)Venezuela : Communiqué du Gouvernement sur le rapport annuel des Etats-Unis sur le terrorisme, Un rapport toujours condamné mais qui continue à exister… lamentablement, comme diraient les Latinos…!
    2)Venezuela : Le Venezuela ne coupera pas l'électricité à Roraima   Venezuela : Le Venezuela ne coupera pas l'électricité à Roraima , un article du Courrier de l’Orénoque du 20 septembre 2018 traduit par Françoise Lopez.
    3)Venezuela : Les migrants sont obligés de signer une demande d'asile politique, un article du Courrier de l’Orénoque du 20 septembre 2018 traduit par Françoise Lopez.
    4)Venezuela : Maduro demandera des fonds à l'ONU pour le Plan Retour dans la Patrie, un article de Telesur du 20 septembre 2018 traduit par Françoise Lopez.
    Bonne lecture à tous,
    Françoise Lopez.


  • Bonjour, voici la lettre d’information du site « CAPJPO - EuroPalestine » (http://www.europalestine.com)
    Si vous ne visualisez pas cet email lisez-le sur le site
    http://www.europalestine.com

    Publication CAPJPO - Europalestine
    Rappel : tous au rassemblement ce samedi a partir de 15 H  à la Fontaine des Innocents à Paris (Châtelet-Les Halles) !
     
       




     


  • Les revendications occidentales sur la Syrie

    Alors que sur le terrain, la guerre se termine et qu’il ne reste qu’Idleb à libérer des terroristes, les Occidentaux repartent en campagne. Ils viennent de présenter leurs revendications à l’envoyé spécial de l’Onu, Staffan de Mistura. Sans surprise, les États-Unis refusent le processus conduit par la Russie pour la seule raison qu’ils n’y ont pas participé, tandis que le Royaume-Uni et la France entendent imposer des institutions qui leur permettraient de contrôler le pays en sous-main.

    | Damas (Syrie) | 18 septembre 2018
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    Nommé en 2014, avant l’intervention militaire russe contre les jihadistes, Staffan de Mistura est un diplomate pro-US censé rechercher la paix en Syrie au nom de l’Onu. Quatre ans plus tard, il continue à trouver des échappatoires pour le compte des Occidentaux.

    L’envoyé spécial du secrétaire général de l’Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura, a reçu à Genève une délégation du Groupe d’Astana (Iran, Russie, Turquie), puis le 14 septembre, une autre du Petit Groupe (Arabie saoudite, Égypte, États-Unis, France, Jordanie et le Royaume-Uni).

    Côté occidental, l’ambassadeur James Jeffrey et le colonel Joel Rayburn conduisaient la délégation US, tandis que l’ambassadeur et ancien directeur du Renseignement extérieur (DGSE 2012-16), François Sénémaud, présidait la délégation française.

    Chaque délégation a remis aux Nations unies un document secret sur ses revendications, en vue de peser sur les négociations intra-syriennes en cours. Russia Today a fait fuiter le document occidental [1], comme Kommersant avait fait fuiter il y a deux semaines les directives internes de l’Onu [2].

    - Première remarque, le point 3 du document du Petit Groupe reprend la directive interne de l’Onu : « Il n’y aura pas d’assistance internationale à la reconstruction dans les zones contrôlées par le gouvernement syrien en l’absence d’un processus politique crédible conduisant inéluctablement à la réforme constitutionnelle et aux élections supervisées par l’ONU, à la satisfaction des pays donateurs potentiels. » [3].

    L’Allemagne, qui a participé à des réunions du Petit Groupe, ne semble pas avoir été représentée à celle-ci. La veille, son ministre des Affaires étrangères, Heiko Maas, s’était désolidarisé de ce point. Juste avant de rencontrer son homologue russe, Sergeï Lavrov, il avait tweeté que son pays était prêt à participer à la reconstruction « s’il existe une solution politique menant à des élections libres » [4] [5]. Pour le Petit Groupe et pour l’Onu, la reconstruction ne commencera pas tant que les pays donateurs potentiels n’auront pas atteint leurs objectifs de guerre, pour l’Allemagne, elle peut accompagner le processus de réconciliation politique.

    - Deuxième remarque : les différents interlocuteurs internationaux font référence à la résolution 2254 du 18 décembre 2015 [6]. Cependant, le Petit Groupe extrapole le sens du texte. Alors que la résolution du Conseil de sécurité pose que la rédaction de la Constitution est l’affaire des seuls Syriens entre eux, le Petit Groupe affirme qu’elle ne doit être rédigée que par un Comité placé sous les auspices et contrôlé par l’Onu.

    Il s’agit évidemment de casser les décisions de Sotchi, c’est-à-dire à la fois de détruire ce qui a été fait dans les derniers mois et de s’opposer au rôle de la Russie dans la solution de la crise [7]. Les États-Unis veulent conserver leur statut de puissance indispensable, tandis que le Royaume-Uni et la France entendent poursuivre leur projet colonial.

    - Troisième remarque : le Petit Groupe n’entend pas seulement transférer la responsabilité de la rédaction de la Constitution de Sotchi à Genève, il a déjà son idée sur ce qu’elle doit être. Il s’agirait de reproduire le modèle que Washington a imposé à l’Iraq et qui y maintient une crise permanente pour le plus grand bénéfice des Occidentaux. Les pouvoirs du président seraient exclusivement protocolaires ; ceux du Premier Ministre seraient inexistants au niveau régional ; et ceux de l’armée devraient être limités.

    Les puissances coloniales maintiennent leur pouvoir au Proche-Orient derrière des apparences de démocraties. Elles parviennent toujours à constituer des gouvernements non-représentatifs de leurs peuples. Depuis 1926 au Liban et depuis 2005 en Iraq, les institutions ont été conçues pour surtout empêcher que ces pays redeviennent des États-nations. Le Liban est divisé en communautés religieuses et l’Iraq en régions distinctes à prédominance d’une communauté religieuse. Israël, quant à lui, n’a pas plus de gouvernement représentatif, non pas à cause de sa Constitution —il n’en a pas—, mais de son système électoral.

    - Quatrième remarque : alors que la résolution 2254 édicte que les élections devront avoir lieu sous la supervision de l’Onu, le Petit Groupe considère que l’organe syrien chargé de l’organisation des élections devra travailler quotidiennement sous les ordres de l’Onu, notamment en ce qui concerne d’éventuelles plaintes pour fraude.

    Ainsi, les Occidentaux se conservent la possibilité d’annuler des résultats qui ne correspondraient pas à leurs attentes : il suffira de faire déposer une plainte pour fraude et de la déclarer fondée. Le Peuple syrien aurait le droit de voter pourvu qu’il tombe dans le piège qui lui est tendu, et encore à la condition qu’il vote pour ceux que l’on a choisis pour lui.

    En Europe, les citoyens cherchent leur souveraineté, en Syrie ils se battent pour leur indépendance.

    [1] « Déclaration de principes du Petit Groupe pour la Syrie », Réseau Voltaire, 18 septembre 2018.

    [2] « Paramètres et principes de l’assistance des Nations Unies en Syrie », par Jeffrey D. Feltman, Réseau Voltaire, 3 septembre 2018.

    [3] “There will be no international reconstruction assistance in Syrian-governement-held areas absent a credible political process that leads unalterably to constitutional reform and UN-supervised elections, to the satisfaction of potential donor countries”.

    [4] “Wenn es eine politische Lösung in #Syrien gibt, die zu freien Wahlen führt, sind wir bereit Verantwortung beim Wiederaufbau zu übernehmen”

    [5] « L’Allemagne se positionne contre la directive Feltman », Réseau Voltaire, 14 septembre 2018.

    [6] « Résolution 2254 (Plan de paix pour la Syrie) », Réseau Voltaire, 18 décembre 2015.

    [7] « Consensus entre Syriens à Sotchi », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 6 février 2018.