• 11 Août 2019

    Publié par El Diablo

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    Contrairement à ce que l’on pourrait penser spontanément, les quelques milliardaires qui accaparent les moyens d’information de masse n’agissent pas tout à fait à leur fantaisie : la concentration des médias est réglementée, et cette réglementation est généralement respectée. Elle date de la « loi du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication », dite loi Léotard, inchangée pour l’essentiel depuis 33 ans, à part quelques nécessaires actualisations. Au vu du paysage actuel des médias, il est toutefois permis de douter de l’efficacité de cette loi contre les concentrations ! On serait même tenté de penser qu’elle les a plutôt permises qu’empêchées. Le simple fait qu’elle n’ait pas été révisée (ou si peu) pendant 33 ans interroge, tant le secteur des médias a été bouleversé depuis son adoption.

     

    NB : Comme notre précédent article intitulé « La mise au pas des médias par Patrick Drahi et Vincent Bolloré », cet article est tiré du Médiacritique(s) n°32, « Médias français, le grand Monopoly », disponible dans quelques librairies et sur notre boutique en ligne.

     

    En 1986, les ondes radiophoniques viennent d’être libéralisées, les chaines de télévision privatisées. Après les longues années du monopole d’État sur l’audiovisuel, le pluralisme est la nouvelle règle.

     

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  • L’inquiétude domine la vie politique et sociale : les journalistes sont inquiets

     

    Il fut un temps, heureux bon vieux temps, où on reprochait aux journalistes de ne diffuser que des bonnes nouvelles et de minimiser les mauvaises. Ce n’est plus le cas. Les journalistes à défaut d’être capables d’analyser quoi que ce soit se montrent « inquiets ». Ils sont inquiets de tout, c’est leur état permanent maintenant. Mais s’ils s’inquiètent autant et quotidiennement, c’est d’abord parce qu’ils sont le reflet de l’incompétence des institutions. Parmi les institutions qui sont le plus inquiètes, il y à l’Union européenne. Celle-ci s’inquiète de ce qui se passe en Italie parce que le gouvernement Salvini-Conte-Di Maio n’en fait qu’à sa tête en ce qui concerne l’usage du budget, autrement dit elle est inquiète parce que les Italiens considèrent que les experts de la Commission européenne ne sont pas plus compétents que leur gouvernement. Mais Il y a une autre inquiétude. En effet, l’Italie n’écoutant pas, la Commission européenne est obligée d’ouvrir un dossier pour sanctionner cette attitude capricieuse. Cependant, elle découvre en même temps que de monter un dossier contre l’Italie, c’est long, difficile et en plus il se pourrait que l’Italie refuse de payer des sanctions. Il y a donc une double inquiétude, celle qui consiste à constater les écarts de l’Italie par rapport aux traités – elle désobéit – et l’inquiétude qui est mlanifestée nait de découvrir sa propre impuissance à agir.

     

    Sur le plan de la politique étrangère, donc pour ce qui concerne les en-dehors des limites de l’Union européenne, c’est la même inquiétude qui domine. L’Europe assiste à une guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis. Ça l’inquiète, non seulement parce qu’elle est incapable de comprendre de quoi il s’agit – elle ne comprend pas que les nations se révoltent contre les traités de libre-échange parce que c’est mauvais – mais aussi parce qu’elle est impuissante. L’Union européenne a déjà perdu la guerre commerciale contre les Etats-Unis quand elle s’est révélée incapable de prendre des mesures de rétorsions contre les Etats-Unis en présentant un front uni, mais sans doute ce qu’il y a de plus inquiétant encore c’est qu’elle en est à compter les coups entre la Chine et les Etats-Unis. Elle constate son impuissance parce qu’elle est dépendante en amont comme en aval de ces deux marchés. Mais soyons juste, elle ne s’inquiète pas que pour le commerce. Elle s’inquiète aussi pour la possible guerre qui vient avec l’Iran. Depuis quelques mois les inquiétudes s’accumulent, ce sont les menaces des Etats-Unis, ou encore le fait que l’Iran arraisonne des pétroliers qui ne lui plaisent pas dans le Golfe afin de démontrer que ce pays a une armée performante[1]. C’est inquiétant parce dans une partie de billard à trois bandes, les Etats-Unis menacent l’Iran du feu nucléaire, mais les Iraniens menacent à leur tour, si les Etats-Unis les attaquent, de détruire Israël[2].

      

    Parmi les personnages politiques qui inquiètent, là on en a toute une galerie, Trump, Boris Johnson, mais aussi depuis plusieurs mois on s’inquiète de Macron et de son comportement. Il n’inquiète pas seulement les gilets jaunes qu’il fait tabasser et éborgner, déférer devant ses tribunaux d’exceptions. Il inquiète les journalistes qui se posent des questions sur sa santé. Bien entendu on parle de sa santé physique, il perd des forces. Mais ce qui inquiète le plus c’est qu’un homme fatigué et seul n’a peut-être plus la lucidité nécessaire de gouverner le pays. On l’avait vu en effet, le teint grisâtre, amaigri, bafouillant au mois de décembre quand il essayait de reprendre la situation en mains. C’est une manière détournée de donner raison aux gilets jaunes qui depuis des mois réclament sa démission. Car Macron n’inquiète pas seulement les Français qui commencent à comprendre qu’ils ont mis – enfin pour ceux qui ont malencontreusement voté pour lui- un psychopathe à la tête de l’Etat – il y a aussi les Allemands qui sont inquiets. Leur motif d’inquiétude est comme à l’ordinaire depuis au moins la Guerre de Trente ans, la puissance militaire de la France. On aurait pu croire que la signature tout à leur avantage du Traité d’Aix-la-Chapelle les aurait rassurés[3]. Ils sont inquiets parce que la Franc e poursuit seule un programme d’armement spatial, sans demander l’autorisation à l’Europe et donc à l’Allemagne. Que craignent-ils, que Macron poursuive sa « politique de la brute » au-delà du Rhin ? Ce qui les inquiète c’est d’abord semble-t-il que ces dépenses éloignent leur vieux rêve d’une défense européenne que l’Allemagne dominerait bien entendu. L’Europe étant la paix, comme on dit dans les cercles progressistes, il est pourtant inconcevable que soit réactivé un conflit militaire avec l’Allemagne. Mais alors pourquoi s’inquiéter ?  

     

    Evidemment, histoire d’ajouter de l’inquiétude à l’inquiétude, on ressort le vieux serpent de la dette publique. Dans le rôle de l’inquiète de profession s’est positionnée Christine Lagarde. Elle nous transmet doublement son inquiétude à la fois parce que la dette est, dans l’imaginaire courant, une sorte de monstre qui hante nos nuits et l’avenir de nos enfants depuis au moins trente années, mais aussi parce qu’elle annonce qu’il va falloir retourner encore et encore à la case austérité. Cette ineffable porte-voix du grand capital financier oublie pourtant de dire que c’est à l’époque où elle était ministre de l’économie du gouvernement Fillon que la dette publique a le plus augmenté[4]. Mais ce qui est sans doute le plus inquiétant, c’est que ce que promet cette « inquiète » c’est une purge à la manière de celle que subit la Grèce depuis 2011 pour le monde entier. Que ce soit avec la droite ou avec la gauche façon Tsípras, les mesures qui ont été prises n’ont jamais relevé la situation, ni en ce qui concerne une diminution de la dette, ni un redémarrage de la croissance et encore moins une baisse du chômage, Par contre Tsípras ou pas, austérité ou pas, les services publics ont été démantelés et les retraites sont devenues étiques. Cette fois Christine Lagarde que tout un chacun s’accorde à reconnaitre comme très incompétente – son passage au ministère de l’économie a aggravé la situation, mais au FMI elle a été partie prenante de la mise à mort de la Grèce – parle en tant que présidente de la BCE, une des institutions les plus puissantes de l’Union européenne. Mais Christine Lagarde, si elle ne fait que répéter le mantra libéral : déréglementer, baisser les dépenses publiques et les salaires, est aussi une grande spécialiste de l’inquiétude. Inquiète de la montée des populismes – on remarque que maintenant les populismes sont plusieurs – elle proposait pour les combattre encore plus de mondialisation, plus d’ouverture ! mais la politique, ce n’est pas son truc, son obsession c’est la dette. Elle s’inquiète pour toutes les dettes possibles et imaginables, elle s’inquiète pour la dette de la Chine, pour la dette des pays arabes, pour celles des pays d’Afrique, sans nous donner pour autant des solutions qui seraient autres que la baisse des dépenses publiques et de la qualité des services publics qu’elles financent[5]. C’est plus de l’inquiétude, ça en devient de la maniaquerie. Mais dans son analyse qui frise la stupidité et qui est supportée par l’ignorance, elle oublie deux éléments décisifs : sans endettement le capitalisme n’existe pas, c’est ce que démontrait Joseph Schumpeter : l’innovation exige un excédent de monnaie, que ce soit par la dette ou par l’inflation. Mais Lagarde si elle ne s’est guère inquiétée des suicides en Grèce, de l’appauvrissement de la population, ni même du réchauffement climatique, sans parler de l’épuisement des ressources naturelles, elle est très inquiète par rapport à cette abstraction qu’est la dette publique qui telle la fonte des glaces grimpent menace de nous submerger. Les journalistes comprennent cette inquiétude et nous la font partager. Dans un autre registre, militante de la mondialisation financière, elle s’inquiète des « populismes ». C’est d’autant plus inquiétant que le mot est maintenant employé au pluriel : le populisme, c’est comme la dette, ça s’étend et ça se multiplie malgré toutes les bonnes politiques que le FMI, l’OMC ou l’Union européenne développent pour le bien commun. On se demande bien pourquoi. A croire que les populistes sont ceux qui entravent sciemment la marche en avant du progrès  

     

    Evidemment si Lagarde ne s’inquiète guère du réchauffement climatique, d’autres le font pour elle. C’est le petit travail de Greta Thunberg. Celle-ci nous a expliqué, des fois qu’on serait un peu con, que le rapport du GIEC est très inquiétant, elle est peut-être autiste, mais elle est capable d’en réciter des pleines pages, comme autrefois on citait la Bible, qui, on le sait est aussi un autre livre inquiétant et fait pour cela puisqu’il nous incite à craindre quelque chose qu’on n’a jamais vu, Dieu. L’inquiétude de Greta Thunberg est d’autant plus inquiétante que les politiciens ne font strictement rien pour enrayer un peu le réchauffement climatique. En grande prêtresse de l’Apocalypse, elle nous promet l’enfer. D’ailleurs l’enfer c’est maintenant : la Sibérie brûle, les Russes sont naturellement les premiers punis, mais ça brûle aussi ailleurs. Et pire encore Greta Thunberg qui est sûrement une Cassandre, nous inquiète parce qu’elle-même ne sait pas ce qu’il faudrait faire. Peut-être que la bonne thérapie pour faire diminuer notre inquiétude serait de mieux trier notre poubelle, ou d’éteindre notre ordinateur, ou même, soyons fous, ne nous laver plus qu’une fois par semaine. Ces actions grandioses nous restitueraient l’estime de soi et tout de suite nous serions un peu moins inquiets. Greta Thunberg a réussi l’impensable, ôter toute insouciance aux écoliers à qui elle a intimé l’ordre de s’inquiéter en faisant l’école buissonnière.  Je suis inquiet cependant qu’on me comprenne mal, car je ne nie pas le fait que le réchauffement climatique existe, et j’ai même des idées sur ce qu’il faudrait faire urgemment : changer de système économique et oublier la marchandise et le profit. Je ne développerais pas cet aspect des choses ici, parce que mon sujet du jour c’est l’inquiétude.

      

    Le Brexit inquiète aussi, évidemment, même si on ne sait pas trop pourquoi – c’est d’ailleurs ça qui inquiète le plus, ne pas savoir pourquoi on s’inquiète. Ça fait trois ans qu’on nous prédit purement et simplement l’effondrement du Royaume Uni. Mais le Brexit va toucher un certain nombre d’activités. Ainsi, on apprend que les pêcheurs bretons sont moins inquiets du fait qu’il n’y ait plus de poissons dans la mer et les océans, que du fait qu’il leur sera plus difficile d’aller pêcher ce qu’il reste dans les fonds marins au large de l’Angleterre. Et pourtant, au risque de nous inquiéter, le gouvernement nous aura prévenu : si rien n’est fait en 2050, il y aura bien plus de pastique que de poissons dans les océans[6]. Mais cela n’empêche pas que le gouvernement de Macron-Philippe ne fait strictement rien pour changer cette évolution. Il préfère discuter des conséquences forcément négatives du Brexit sur la croissance et l’emploi, et sans doute que les pêcheurs se prépare à négocier une aide substantielle pour compenser les malheurs économiques engendré par des ennemis du monde sans frontière, des ennemis du progrès.

      

    Le Brexit inquiète particulièrement l’Irlande. C’est très curieux parce que les Irlandais ont été à la fois envahis et génocidés par les Anglais, et donc on pourrait se dire qu’ils les craignent et qu’une frontière les protégerait mieux que cinquante mille discours et préserverait leur identité d’irlandais dont ils sont si fiers par ailleurs. Si on suit bien le raisonnement, c’est le retour d’une frontière qui serait inquiétant. C’est que le discours mondialiste dominant nous a appris que la frontière menait au nationalisme et que le nationalisme c’était forcément la guerre. Evidemment, les frontières ce n’est pas bon pour le commerce qui est regardé comme une chose bonne en soi et pour soi. Ce qui est inquiétant dans ce discours, c’est qu’on suppose sans le dire qu’un monde sans frontière est possible, sans même comprendre pourquoi l’histoire a toujours été marquée par la mise en place de frontières : parfois pour protéger l’agriculture, parfois pour protéger la culture d’une nation, généralement pour être moins inquiets des intentions prédatrices de nos voisins. Et donc bien sûr si le Brexit aboutit finalement, il est assez clair que cela ralentira le commerce entre le Royaume Uni et l’Union européenne, et peut-être même entre l’Irlande et le Royaume Uni. Mais ralentir le commerce alors que nous sommes dans une position qui devrait, selon Greta Thunberg, nous conduire à la décroissance, est-ce une mauvaise chose ?

     

    Le gouvernement français est très inquiet et le claironne, parce que le monde agricole lui est ouvertement hostile. Les élus LREM qui ont voté le CETA sont inquiets de devoir raser les murs, de voir leurs permanences attaquées à coups de tomates ou murées. Mais qu’est-ce que cette inquiétude ? Une prise de conscience d’avoir fait un mauvais coup en votant un accord de libre-échange complétement pourri ? Cette inquiétude est partagée par les journalistes du Monde qui ont enfin compris que ce qui était en question à travers la contre-révolution macronienne, c’était tout simplement l’existence d’une paysannerie française appuyée sur des petits producteurs relativement nombreux. Mais si le gouvernement est inquiet c’est qu’en réalité, en appliquant bêtement les directives européennes qui imposent le CETA et qui démantèlent la   PAC, il n’a pas de plan B. Cette question va servir de ciment pour les luttes de la rentrée. Les paysans sont plus que furieux parce que déjà ils n’arrivent pas à vendre correctement les animaux qu’ils élèvent, mais les consommateurs ne sont pas contents non plus parce qu’on leur impose d’une manière indirecte, par le biais des prix bas de « bouffer de la merde ».

     

    La conclusion de tout cela est que l’inquiétude ça ne fait pas une politique, bien au contraire. Car si la peur n’évite pas le danger, ressasser son angoisse à longueur de colonnes ça tétanise et semble signifier qu’il n’y a pas d’issue. La rhétorique de l’inquiétude est une forme de politique par défaut qui ne dit pas son nom.




  • Italie : à qui profite la crise politique ?

    Italie : à qui profite la crise politique ?© Remo Casilli/File Photo Source: Reuters
    Matteo Salvini le 5 août, au Sénat (image d'illustration).
     

    Après l'appel à la tenue d'élections anticipées lancé par le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini, l'Italie est de nouveau plongée dans une crise politique, mettant fin à l'alliance nouée il y a 14 mois entre la Ligue et le Mouvement 5 étoiles.

    «Allons tout de suite au Parlement pour prendre acte qu'il n'y a plus de majorité [...] et restituons rapidement la parole aux électeurs» : par cette simple phrase, Matteo Salvini a déclenché, le 8 août, une nouvelle crise politique en Italie. Avant de lancer sa campagne électorale dans la foulée en affirmant, dans la soirée, à Pescara : «Je suis candidat au poste de Premier ministre.»

    Amer, le Premier ministre italien Giuseppe Conte a sèchement répliqué au chef de la Ligue : «Il n’appartient pas au ministre de l’Intérieur de décider du calendrier d’une crise politique.» La réalité l'aura contredit.

    Les raisons du déclenchement de cette crise en plein mois d'août ? Le vote du projet de ligne à grande vitesse Lyon-Turin, connu en Italie sous le nom de «TAV» - qui déchire la coalition au pouvoir. D'un côté, la Ligue, fervent défenseur du projet, de l'autre le Mouvement 5 étoiles (M5S), opposé depuis toujours à ce TGV franco-italien.

    Lors de la discussion du texte au Sénat, le 7 août, le parti de Luigi Di Maio dépose une motion pour tenter de bloquer la construction de la ligne, jugeant le projet «inutile, coûteux et vieux». Le chef des sénateurs de la Ligue, Massimiliano Romeo, prévient alors : «Il est clair qu’avoir deux partis de la majorité gouvernementale qui votent de manière diverse pose une question politique évidente que l’on ne peut pas nier, et ceux qui votent contre le projet devront assumer la responsabilité politique des conséquences.» La motion du M5S est rejetée par 181 voix contre et 110 pour.

    Le M5S de Luigi Di Maio désavoué, la Ligue de Salvini publie le lendemain les quelques lignes actant le début de la crise : «Il faut prendre conscience et acter que des visions différentes séparent la Ligue et le Mouvement 5 étoiles. Le vote d'hier [le 7 août] en est seulement la confirmation ultime, évidente, irrémédiable.»

    Pourquoi maintenant ? 

    A en juger par les médias italiens, le bras de fer autour du TAV ne serait qu'un prétexte tombé au moment opportun. Si Matteo Salvini n'avait pas précipité la fin du gouvernement de coalition maintenant, l'opportunité ne se serait pas représentée avant plusieurs mois, selon des journaux italiens. Le quotidien Il Sole-24 Ore estime en effet qu'«en septembre, il serait trop tard» pour initier un tel chamboulement.

    Parmi les raisons évoquées : l'examen de la réforme constitutionnelle, prévu pour l'heure le 9 septembre, dont le but est de réduire de manière conséquente le nombre de parlementaires italiens (de 630 à 400 députés et de 315 à 200 sénateurs). L'adoption d'une telle loi - du fait de son caractère constitutionnel - pourrait avoir une série de conséquences qui retarderaient de potentielles élections anticipées (possibilité d'un référendum confirmatif notamment). La version italienne du Huffpost avance même une date : si la réforme devait passer en septembre, d'éventuelles élections anticipées ne pourraient pas être organisées avant juin 2020.

    Matteo Salvini l'a parfaitement compris. A la question d'un journaliste, qui lui demandait le 8 août dans la soirée s'il envisageait d'approuver avant les élections anticipées la réforme en question comme le demande Di Maio, il Capitano répond : «Si on le fait, on ne votera plus.» Le chef du M5S a vu clair dans le jeu de son ancien allié. En guise de réaction à l'exigence de la tenue de nouvelles élections, Luigi Di Maio a simplement rétorqué : «Nous sommes prêts». Avant de déclarer : «Mais d'abord la réduction du nombre de parlementaires», devenu son leitmotiv depuis le début de la crise.

    Le coup de sang du chef de la Ligue a donc une explication des plus rationnelles. Après la nette victoireaux européennes de son parti, qui a raflé 34% des suffrages, et des sondages encore aujourd'hui très avantageux, nul doute que repousser les élections de plusieurs mois représenterait un risque de voir sa popularité baisser.

    Reste une inconnue de taille : la réaction du président de la République Sergio Mattarella, qui seul a le pouvoir de dissoudre le Parlement après consultation des présidents des deux chambres et des principaux responsables politiques avant de convoquer un scrutin. Le chef de l'Etat prendra-t-il le risque d'organiser des élections à l'automne, période où le gouvernement italien doit préparer son budget avant de le remettre à Bruxelles ? 

    Lire aussi : Italie : Salvini réclame des élections anticipées et fait éclater la coalition au pouvoir


  • Nouveaux sur notre site http://bolivarinfos.over-blog.com

     
    En page d’accueil:
     
    1)Venezuela : Journée mondiale de protestation contre le pillage du Venezuela., une lettre de l’Ambassade de la République Bolivarienne du Venezuela en France qui explique les modalités de participation à cette journée de solidarité. A lire absolument. Le Venezuela a besoin de tout notre soutien. Vous pouvez choisir le moyen de participer à cette action (il y en a plusieurs) ne vous en privez pas...
     
    2)Venezuela : Communiqué de l'ALBA-TCP du 8 août 2019 traduit par Françoise Lopez. Les pays de l’ALBA-TCP, solidaires de la République Bolivarienne du Venezuela, font entendre leur voix. Faites entendre la vôtre...
     
    3)Pérou : Suspension temporaire du projet minier Tía María, un article de Telesur du 9 août 2019 traduit par Françoise Lopez. Espérons que cette décision sera définitive. Les transnationales minières ont déjà fait assez de mal…
     
    4)Colombie : Les peuples indigènes dénoncent une urgence humanitaire, un article de Telesur du 9 août 2019 traduit par Françoise Lopez. Et c’est Ivan Duque, le président de la Colombie, qui parle de « crise humanitaire » au Venezuela! si ce n’était pas tragique, ce serait drôle. Et en plus, il a décidé d’accorder la nationalité colombienne « aux milliers » d’enfants de migrants vénézuéliens nés en Colombie. On se demande bien quels droit cette nationalité va leur donner…
     
    5) Cuba : Prévenir la dégradation des routes,  un article de Granma en français du 9 août 2019. Des travaux certainement très utiles, à ce qu’on peut voir quand on va à Cuba mais on peut se demander s’il s’agit encore de « prévention »… 

    Bonne lecture à tous,
     
    Françoise Lopez

  • Acte XXXIX, les gilets jaunes sur les péages et à Paris

     

    Gilets jaunes à Toulouse

    On peut lire l’activité des gilets jaunes de deux façons très différentes : soit dire que ce ne sont plus que les irréductibles qui continuent le mouvement, un combat d’arrière-garde, et donc que le mouvement s’effiloche et va bientôt disparaitre, soit au contraire se dire qu’au bout de 39 semaines c’est une sorte de miracle qu’il y ait encore des gilets jaunes mobilisés un peu dans toute la France, et que cela annonce des lendemains peu riants pour Macron et sa bande de pillards. Avec le mauvais esprit qui me caractérise, je penche pour la deuxième solution évidemment : c’est la crème de la crème des gilets jaunes qui porte haut les couleurs de la révolte. Mais il n’y a pas que les gilets jaunes qui restent mobiliser pendant les vacances. La grève s’étend et se durcit dans les urgences. Même le très macronien Le monde, soulignait avec quel mépris Buzyn avait traité la question, avant de se faire courser dans les couloirs de l’hôpital[1]. Il n’y a pas que les députés qui se font bouger par le peuple, les ministres aussi, et bientôt ils ne pourront plus sortir de chez eux. Evidemment si je pense que le mouvement va repartir c’est parce que de plus en plus de monde demande une « convergence des luttes » et critique les syndicats pour leur incapacité à coordonner le mouvement social.

      

    Gilets jaunes à Paris, des heurts ont eu lieu avec la milice 

    En tous les cas, ce samedi 10 aout, nous en étions à l’acte XXXIX – ou 39 pour ceux qui n’aiment pas les chiffres romains et qui préfèrent les chiffres arabes. Cela indique que le mouvement atteindra forcément au moins l’acte 52 ou LII, et donc qu’il se sera prolongé sur une année complète. Les médias mettent l’éteignoir sur tout ce qui peut être désagréable pour le pouvoir. Il y a au moins trois maintenant qu’ils ne parlent plus des gilets jaunes, ils ne relaient pas non plus les campagnes de signatures pour le référendum contre la privatisation d’ADP. Ils font aussi les sourds en ce qui concerne la grève des urgences qui s’étend tous les jours. Ils passent aussi sous silence que les attaques contre les permanences des députés LREM continuent de plus belles, ce qui confirme que nous sommes en guerre, et d’abord en guerre contre ceux qui sont censés représenter le peuple. Par contre ils donnent de la voix sur les vacances de Macron à Brégançon, et ils continuent à nous terroriser avec l’effondrement de l’écosystème.  Si vous voulez une preuve que ce sont des clowns qui nous gouvernent, reporter vous à ce que vient de dire Bolsonaro, l’ubuesque président du Brésil : pour lui la solution pour sauver la planète c’est de manger moins et de faire caca un jour sur deux[2]. Il parait que c’est de l’humour. Un gilet jaune de base n’oserait pas dire de telles stupidités, même pour rigoler après boire.

      

     A Toul, les gilets jaunes étaient sur les péages 

    Il est impossible de dire combien il y avait de gilets jaunes actifs ce samedi. Ils étaient plusieurs milliers cependant. Leur action était très diversifiée. A Montpellier et à Paris c’était une manifestation traditionnelle, avec dans la première ville nommée une attaque contre la permanence de Patrick Vignal, le député LREM qui a voté le CETA. Il y a eu des échauffourées, à Toulouse également. Ailleurs les jaunes s’en sont pris aux péages et développé l’idée de gratuité. C’est en quelque sorte mettre en pratique ce que les politiciens de profession ne veulent pas faire : renationaliser de fait le patrimoine national. Ce type d’action est toujours très apprécié des automobilistes qui en ne s’arrêtant pas pour payer, gagnent en fluidité à une époque de l’année où les difficultés de circulation sont importantes. On commence aussi à voir les gilets jaunes s’impliquer pour recueillir les signatures pour le référendum contre la privatisation d’ADP. Le gouvernement fait le canard et espère qu’en n’en parlant pas les signatures ne seront pas réunies en temps et heure et qu’il pourra ainsi faire des affaires pour le compte des prédateurs pour qui il travaille. Il est vrai que depuis quelques semaines le recueil des signatures marque le pas. Certes il est naturel qu’en été la mobilisation soit moindre, mais on sait aussi que la canaille gouvernementale qui n’en est pas à une bassesse près, tente de faire peur aux signataires en laissant entendre que tous ceux qui signeront seront fichés.

      

    A Carcassonne les gilets jaunes ont distribué des tracts pour le référendum contre la privatisation d’AP 

    Quoi qu’on puisse en penser, la mobilisation sociale au cœur de l’été est inédite. C’est tellement inédit queLe Figaro s’est fendu dans la soirée d’un article sur la manifestation du 10 aout[3]. C’est le seul média national qui a parlé de cette nouvelle journée d’action. Libération sortait un article sur Louise Michel, sans même comprendre qu’aujourd’hui les Louise Michel de notre temps sont sur les ronds-points et affrontent la police. Incapables de parler de la situation ici et maintenant, ils préfèrent se taire et jouer les humanistes en parlant de Richard Gere qui demande que l’Europe accueille un peu mieux les migrants. C’est dans le traitement de l’information que se dévoile le rôle de « chiens de garde » des médias. Comme on le voit il y a une hiérarchie dans l’information, les médias ne parlent des mouvements sociaux que si ceux-ci les font paniquer. Mais dès qu’ils n’en ont plus peur, ils les ignorent, ou leur crachent dessus. Si les milliardaires tiennent d’une poigne de fer les journaux et les médias qu’ils ont achetés ainsi que l’analysait ACRIMED[4], ils n’ont même plus besoin de sévir pour être obéis, c’est comme pour les magistrats, les journalistes se sentent responsables de la survie du système, et comme tous les domestiques ils se sentent proches dans leurs valeurs de la classe qui les paie, alors qu’ils n’en sont que les employés. Les journalistes haïssent les gilets jaunes, et quand ils se montrent compatissants, c’est seulement pour laisser croire qu’eux aussi ils ont un cœur. Derrière un paternalisme de façade, on sent une haine recuite parce que les gilets jaunes sont très différents des journalistes : ils sont libres !

     

    A Bandol les gilets jaunes s’en sont pris aux péages 

    Les gilets jaunes agissent comme la conscience sociale de tout un peuple. Ils sont là aussi bien pour tancer les députés corrompus qui ont voté le CETA, mais aussi pour défendre le droit de manifester et protester contre les abus de toutes sortes auxquels s’habitue la milice. Ce samedi 10 aout, ils défilaient encore pour Steve et contre la façon dont ce malheureux garçon avait perdu la vie, consécutivement à une charge policière inutile et mortelle. 

     

    A Toulouse les gilets jaunes étaient peu nombreux mais ce sont affrontés à la milice 

    Certes on trouve toujours des râleurs parmi les gilets jaunes qui aimeraient que la mobilisation soit plus importante et que les choses aillent plus vite et plus fort. Mais la plupart des gilets jaunes ont compris que la révolte était partie pour durer, et donc plutôt que de se désoler de la maigreur des troupes qui défilent encore, félicitons-nous au contraire que le mouvement se continue et soutenons-le avec enthousiasme ! Il est à peu près certain qu’ils seront encore là au G7 de Biarritz qui aura lieu à la fin du mois. Ceux qui se croient les maîtres du monde aiment bien se réunir à l’abri des boucliers de la police, le peuple apprécie un peu moins, et même de moins en moins. Les sujets de mésentente entre les 7 ne manquent pas, on a convoqué les  Etats-Unis, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Royaume Uni, le Japon et le Canada, avec les experts du FMI, de l’ONU et de l’OCDE. Ça va coûter très cher et polluer énormément. Mais là il risque d’y avoir beaucoup de monde, des écolos, aux black-blocs. Ce sera sans doute le coup d’envoi d’une rentrée sociale qui promet d’être très agitée.            

     

    A Paris les gilets jaunes restent mobilisés