• L’argent saoudien en Syrie sème les graines de l’EI 2.0


    Moon of AlabamaMoon of Alabama

    Par Moon of Alabama – Le 18 octobre 2017

    Il nous arrive des nouvelles inquiétantes de Raqqa, en Syrie. Tandis que l’EI est largement défait, Il y en a qui sèment des graines pour sa résurrection.
     
    Les forces kurdes sous le label SDF et dirigées par des forces spéciales américaines ont défait État islamique à Raqqa. Les opérations de nettoyage se poursuivent. La victoire n’a été obtenue qu’après un accord conclu entre les États-Unis et leurs alliés pour laisser le libre passage aux quelques centaines de combattants étrangers et syriens de l’EI et à leurs familles. Depuis que ces autobus chargés de membres de l’EI ont quitté Raqqa samedi soir, on n’a plus entendu parler d’eux.

     

     
    Lundi, le coordinateur américain pour la lutte contre l’État islamique, Brett McGurk, a amené un visiteur indésirable en Syrie.
     
    « Brett McGurk est allé à Ayn Issa aujourd’hui avec le ministre saoudien Thamer al-Sabhan (ancien ambassadeur en Irak) et a participé à trois réunions différentes. # R24
     
    La première réunion a été avec le conseil local de #Raqqa puis avec le comité de reconstruction. Ils ont au moins rencontré les anciens de Raqqa. »

     

    Photo de la visite de Brett McGurk et Thamer al-Sgaban. Source: inconnue
     
    La visite a été confirmée par un journaliste (pro-kurde) :
     
    Wladimir @vvanwilgenburg – 17h06 – 17 oct. 2017
    Wladimir a retweeté à Raqqa24
    « J’étais là. Pas de photos autorisées. La réunion portait en effet sur la reconstruction»
     
    Thamer al-Sabhan

    Thamer al-Sabhan est le ministre saoudien des affaires du Golfe. Il est connu pour être extrêmement sectaire et anti-chiite.

     
    En 2015, Thamer al-Sabhan a été le premier ambassadeur saoudien en Irak après la prise du Koweït par l’Irak en 1990. Il ne s’est pas fait des amis  à Bagdad en fulminant contre les unités de mobilisation populaire qui avaient arrêté et combattu État islamique. Il a dénigré l’érudit religieux le plus vénéré d’Irak :
     
    « Sabhan a affirmé que ‘ceux qui écoutent les sermons du vendredi du Grand Ayatollah Ali al-Sistani et les déclarations de Muqtada al-Sadr peuvent comprendre la menace que posent les autorités religieuses chiites’. »
    Al-Sistani a la réputation d’aimer tous les Irakiens et de dénoncer toute forme de sectarisme. Les paroles de Sabhan étaient une insulte et une menace envers une très haute autorité religieuse qui a énormément de disciples.
     
    Ces propos injurieux n’ont pas été bien acceptés par la population irakienne et ses cercles politiques. Des voix se sont tout de suite élevées pour exiger son départ d’Irak. Sabhan a alors prétendu qu’un responsable irakien lui avait dit que des groupes chiites actionnés par l’Iran voulaient l’assassiner. Le gouvernement irakien a réfuté ses allégations. Comme Sabhan continuait à allumer des conflits intérieurs en Irak, le gouvernement a finalement demandé à Riyad de le rappeler. Il a été rappelé en octobre 2016 et nommé ministre. Il a récemment appelé à « éliminer le régime voyou iranien ».
     
    L’inviter en Syrie, comme l’a fait Brett McGurk (sur ordre de la Maison Blanche ?), est une provocation dangereuse.
     
    L’administration Trump n’a pas envie de dépenser de l’argent pour la reconstruction de Raqqa qui a été en grande partie détruite (vidéo) par des milliers de frappes aériennes et d’artillerie américaines. Le Département d’État a promis de « diriger » les efforts pour restaurer l’approvisionnement en eau et en électricité à Raqqa, mais il veut poser le fardeau financier sur d’autres épaules :
     
    « Nous allons apporter de l’aide et prendre essentiellement la direction des opérations pour amener l’eau, l’électricité et tout cela », a déclaré la porte-parole du département d’État, Heather Nauert, lors d’un point de presse. « Mais finalement la gouvernance de la Syrie est quelque chose qui, à mon avis, continue d’intéresser tous les pays. »
    C’est une très mauvaise approche. Les États-Unis devraient demander au gouvernement syrien de prendre tout de suite la responsabilité de Raqqa, puis ils devraient quitter le pays.
     
    À la place, ils demandent à Thamer al-Sabhan de financer la « reconstruction » et la « gouvernance ». Mais l’humanitaire n’intéresse pas l’Arabie saoudite. Il n’y a qu’à regarder le lent génocide auquel elle se livre au Yémen avec sa guerre. L’Arabie saoudite ne soutiendra que les groupes et les populations qui veulent se rallier à sa version wahhabite extrémiste de l’islam.
     
    L’État islamique a en grande partie la même doctrine que les Saoudiens. L’EI a utilisé des manuels scolaires saoudiens dans ses écoles. Beaucoup de ses principaux membres viennent d’Arabie Saoudite. On pense généralement, avec des preuves à l’appui, que les donateurs saoudiens ont financé l’État islamique – du moins à ses débuts.
     
    Où sont allés les membres de l’EI qui ont quitté Raqqa en bénéficiant du libre passage ? Les forces syriennes qui luttent contre l’État islamique le long de l’Euphrate, plus à l’est, signalent que les combattants de l’État islamique ont largement disparu de la région. Ils se sont fondus dans la population ou se sont déplacés au nord de l’Euphrate pour se rendre aux forces américaines par procuration. Qu’est-ce qui va leur arriver ? Qui paie pour nourrir leurs familles ?
     
    L’EI est née de la résistance sunnite contre l’occupation étasunienne de l’Irak. Autour de 2010/11, cette résistance a été considérée comme morte. Mais pour d’autres, elle était toujours un précieux instrument anti-chiite, et l’argent des régimes sunnites du Golfe continuait à couler. Les groupes terroristes sunnites en Irak se sont ​​lentement reformés. L’administration Obama a vu État islamique se développer mais l’a laissé intentionnellement grandir pour servir ses propres objectifs politiques. Les militaires américains l’ont même parfois soutenu dans leurs combats contre l’État syrien.
     
    État islamique n’est pas encore complètement vaincu, et les graines pour sa prochaine réincarnation sont déjà semées. Thamer al-Sabhan utilisera l’argent qu’il mettra en Syrie pour continuer à inciter à la violence anti-chiite. Il financera ceux qui lui promettent de résister à « l’axe chiite » (Iran, Irak, Syrie, Liban). Les « anciens » membres de EI seront invités à se joindre à l’œuvre de « réhabilitation ».
     
    Il reste à espérer que l’axe de la « résistance » en Syrie réussira à détruire ces mauvaises herbes avant qu’elles ne soient trop hautes.
     
    Traduction : Dominique Muselet

  • Bonjour, voici la lettre d’information du site « CAPJPO - EuroPalestine » (http://www.europalestine.com)
    Si vous ne visualisez pas cet email lisez-le sur le site
    http://www.europalestine.com

    Publication CAPJPO - Europalestine
     
       
     

     


  • La Guyane attend Macron de pied ferme !

    Publié le 26 octobre 2017 par FSC

    SOURCES : RT et l'AFP

    Routes réparées en urgence, maisons vétustes dissimulées par des panneaux, voyages en hélicoptère... La visite d'Emmanuel Macron en Guyane agite les habitants région, qui nourrissent de grandes attentes et redoute que le président ne les déçoive.

    Près de 300 personnes se sont rassemblées le 25 octobre au soir à Cayenne à l'appel du collectif Pou Lagwiyann Dekole (pour que la Guyane décolle) afin de réclamer au président Emmanuel Macron, qui arrive le 26 octobre sur l'île, le respect des accords de Guyane signés après le mouvement social qui a paralysé le territoire au printemps, a constaté l'AFP. 

    Les différents mouvements qui composent le collectif se sont succédé en tribune place des Palmistes, pour appeler la population à se mobiliser le 26 octobre lors d'une marche dans Cayenne, au moment où le président sera à Maripasoula, commune défavorisée du sud-ouest guyanais. 

    Santé, éducation, justice, sécurité, immigration : le collectif a répété les revendications qu'il portait lors du mouvement social en mars et avril dernier. «Le social se meurt, la délinquance demeure», pouvait-on lire sur une banderole.

    Le mouvement s'est conclu le 21 avril par l'Accord de Guyane, par lequel l'ancien gouvernement a acté un plan d'urgence de 1,08 milliard d'euros, signé des accords sectoriels et «pris acte» d'une demande de 2,1 milliards d'euros de mesures supplémentaires.

    Routes réparées pour la venue de Macron : «On sait le faire en une semaine, mais pas le reste de l'année ?»

    «On attend qu'il respecte ses propres paroles», a déclaré Davy Rimane, membre du collectif, au sujet d'Emmanuel Macron, rappelant que lors de la campagne présidentielle, celui-ci avait déclaré qu'il respecterait les accords de Guyane et qu'il irait «même plus loin». Le chef de l'Etat vient dire qu'il «tiendra ces engagements», a assuré l'Elysée, avec un objectif : «Prendre les problèmes à la racine».  

     

    Mais les manifestants sont loin d'être convaincus pour l'instant. Nombreux sont ceux qui ont déploré qu'Emmanuel Macron ne fasse, selon eux, «que survoler la Guyane». Il se rendra à Maripasoula puis à Kourou en hélicoptère, sans jamais utiliser les routes particulièrement détériorées du territoire. «Il va regarder les Guyanais de haut», a déploré Davy Rimane. 

    Ce dernier a aussi ironisé sur les travaux en cours pour la venue du président : «On bouche les trous, on repeint, on répare. On sait le faire en une semaine, mais on ne sait pas le faire le reste de l'année ?» Le média Guyane 1 a révélé qu'à Maripasoula, pour soustraire aux regards du chef de l'Etat une maison plutôt vétuste, des panneaux en contreplaqué avaient été installés devant l'habitation.    

    Dans un communiqué, les maires de Guyane ont annoncé qu'ils n'iraient pas accueillir le chef de l'Etat et ne participeraient pas au dîner républicain prévu, pour dénoncer «l'absence d'un temps de rencontre» entre eux et Emmanuel Macron. 

    Macron et la Guyane : une histoire difficile

    Première difficulté pour le président de la République : les accords de Guyane ont été ratifiés par le gouvernement précédent, et la promesse de les respecter, faite pendant sa campagne, pourrait être plus difficile à tenir. La grogne des élus guyanais ne devrait pas faciliter les choses.

     

    A cela s'ajoute différents couacs de communication. Les journalistes qui suivront Emmanuel Macron en Guyane du 26 au 28 octobre ont ainsi reçu une note de conseils sanitaires de la présidence qui a piqué au vif les habitants de la région. Le contenu du texte a également provoqué la colère des élus guyanais qui ont déploré une forme de «mépris». L'Elysée recommandait par exemple d'éviter de consommer de l’eau du robinet, glaçons, légumes crus, poissons, des œufs dont la provenance n'est pas connue et des viandes insuffisamment cuites ou encore d'éviter tout contact avec les animaux. 

    S'exprimant sur la vague de blocages affectant la Guyane alors qu'il n'était encore que le candidat du mouvement En Marche !, Emmanuel Macron avait qualifié en mars dernier d'«île» cette région française d'Amérique du sud... 


  • CFDT ambigüe ?

    Publié le 26 octobre 2017 par FSC

    Ambiguë la position de la CFDT?

    Que Nenni !

    Laurent Berger l'exprime en long, en large  et en travers!

    Par exemple lorsque le 31 mai 2016 il s'exclame s'agissant de la lutte contre la loi El Khomri qu'il soutient :

    "Il y a une dérive. La CGT se fait déborder par des courants gauchistes", dit-il. "Pour notre part, nous avons décidé de ne pas nous laisser embarquer. Nous assumons que le monde change, que cela nous plaise ou non."

    Accusant la CGT de traiter les salariés comme des "mineurs" !

    Attitude qu'il confirme à présent dans les contre-réformes Macron en refusant d'agir contre elles et en désignant les manifestations comme inutiles et dépassées.

    Marylise Léon, secrétaire nationale en charge de l'industrie déclarant de son côté « Se mettre dans le camp de la rue, c'est se marginaliser, renoncer à peser » relayant ainsi les déclarations de Macron selon lequel "La démocratie ce n'est pas la rue".

    La CFDT prétend peser sur les orientations du pouvoir (en fait le démantèlement de tous les conquis) par la concertation, le dialogue social sans dans les faits faire appel à la mobilisation des travailleurs, appuyée en ce sens par le patronat et l'oligarchie capitaliste.

    Rien d'ambiguë donc dans cette attitude.
    La CFDT par exemple ce 24 octobre au cours de la réunion intersyndicale nationale s'est comporté en diviseur s'efforçant de regrouper autour d'elle les syndicats réformistes (UNSA, CFTC, FAGE étudiante) pour se mettre en travers du développement de l'action et nourrir la campagne médiatique sur la division syndicale.

    Avec l'objectif notamment d'isoler la CGT.

    Il ne s'agit donc pas d'un faux pas passager, mais de divergences profondes sur les nécessités du combat contre une agression majeure contre le monde du travail.

    Divergences qui rend totalement obsolète la recherche d'un "syndicalisme rassemblé" de sommet qui ferait l'économie de la bataille auprès des travailleurs pour la recherche d'une véritable unité sans la moindre concession à un syndicalisme qui "assume que le monde change", c'est-à-dire en fait qui accepte la domination patronale et oligarchique en se contentant des miettes que les maîtres veulent bien consentir !

    REMARQUE INCIDENTE :

    A l'international la CFDT se préoccupe Oh Hasard de la situation syndicale ... à Cuba et on apprend  que :

    "La CFDT a organisé le 20 octobre à Bruxelles dans les locaux du Comité économique et social européen un séminaire sur le monde du travail à Cuba. Faire connaitre le mouvement syndical indépendant cubain, promouvoir la plainte de ce mouvement auprès de l’OIT contre le régime et préparer une transition vers une démocratique sociale, tels étaient les objectifs de ce séminaire. "

    En se donnant donc l'objectif politique d'un changement de régime à Cuba! 

    Et pour cela en collaborant avec le patronat européen posant ses conditions au peuple cubain :

    "Que peuvent faire l’Europe et le syndicalisme européen pour améliorer la situation des salariés cubains ? Pour sa part, Daniele Basso, conseiller de la Confédération européenne des syndicats (CES) sur les questions des accords commerciaux répond : « En Europe, nous devons faire en sorte que les investisseurs européens à Cuba le fassent dans de manière conforme aux droits internationaux. Et l’accord commercial qui va entrer en application début novembre offre des opportunités aux investisseurs. Nous voulons que ces opportunités soient contrebalancées par des engagements. »

    Tiens, tiens!

    Pas d'autre priorité en Amérique latine à l'heure de l'ère Trump et de la poursuite du blocus de la grande Ile des Caraïbes et de la répression sanglante de masse contre les syndicalistes colombiens pour ne prendre que ce seul exemple (Plusieurs dizaines d'assassinats de militants et d'associatifs)!

     

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    SOURCE : Boursier.com

     

    Martinez (CGT) dénonce la position "ambiguë" de la CFDT

    L'ensemble des syndicats se sont réunis mardi soir pour tenter de trouver une position commune au sujet des politiques sociales d'Emmanuel Macron et des réformes à venir sur la formation professionnelle, l'apprentissage et l'assurance chômage.

    Ils ont échoué à s'entendre sur la proposition de déclaration présentée par la CFDT. Certains syndicats comme la CGT et la CFE-CGC ont jugé que le texte, qui visait à mettre en garde le gouvernement sur les prochaines réformes, était trop complaisant à l'égard de la réforme sur le Code du travail.

    Pour Philippe Martinez, la position de la CFDT "est assez ambiguë".

    "La CFDT a l'air de critiquer le gouvernement sur un certain nombre de réformes", a dit le leader de la CGT, Philippe Martinez sur LCI. "Critiquer c'est bien, mais il faut agir". Il précise qu'avec ce texte, "on s'arrête au milieu du gué".

    La CGT, FO, solidaires et les syndicats étudiants Unl, Udef et Fidl ont décidé d'appeler à une journée de grève et de manifestations le 16 novembre prochain.

    C'est la première fois que Force ouvrière, poussée par sa base à manifester avant la ratification des ordonnances à la fin du mois de novembre, rejoindra officiellement le mouvement de contestation.

    La CFE-CGC, qui souhaitait une action unitaire sans que cela ne prenne nécessairement la forme d'une manifestation, n'a pas voulu répondre à l'appel, tout comme la FSU.

    "Nous, nous comptons sur une mobilisation unitaire mais unitaire totale", a dit mardi Alain Giffard, secrétaire général de la CFE-CGC, à l'issue de la rencontre intersyndicale. "Pour l'instant, je ne pense pas que nous irons le 16 novembre mais c'est bien nos instances qui vont le décider."

    Philippe Martinez a bon espoir de voir ces deux centrales se rallier à son mouvement.

    "On ne désespère pas que d'autres se joignent à nous très rapidement", a-t-il dit. "Plus on est nombreux dans les instances syndicales à poser des questions et à proposer d'agir ensemble, plus ça donne confiance et plus il y a des chances de réussite".

     

    (Caroline Pailliez, édité par Yves Clarisse)


  • Actualités du droit

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    Ordonnances Macron : Haro sur la santé au travail !

    27 October 2017    
     

    Denis Delcourt-Poudenx, avocat associé, Lauren Rieux et Mouna Benyoucef, avocates à la Cour, du cabinet DDP avocats, reviennent dans une quatrième tribune libre sur les ordonnances Macron. Au programme : le volet santé au travail, comportant, estiment-ils, des dispositions qui auront un impact négatif sur la santé des salariés et leur protection.

    Denis Delcourt-Poudenx, avocat associé, DDP avocats

    Bien que n’ayant pas fait l’objet des débats les plus médiatisés, "les ordonnances Macron" contiennent également des mesures importantes relatives à la thématique de la santé au travail. Pour être techniques, elles n’en auront pas moins un impact particulièrement fort à l’égard des salariés et de leur protection.
     
    I. Le compte personnel de prévention : la pénibilité en moins
     
    L’ordonnance n°2017-1389 du 22 septembre 2017 est ainsi consacrée à la transformation du « compte personnel de prévention de la pénibilité » (dit C3P) en « compte professionnel de prévention » (dit C2P). L’enjeu n’est pas uniquement sémantique (exit la très concrète « pénibilité » pour faire place à « l’exposition à des risques professionnels ») puisque le dispositif est profondément refondé.
    L’ordonnance répond ainsi aux dénonciations des organisations d’employeur qui voyaient dans l’ancien système une « usine à gaz » (sic, le terme est choisi lorsque l’on parle de risques professionnels…).
     
    Quatre facteurs de risque jusque-là identifiés (manutentions manuelles de charges, postures pénibles, vibrations mécaniques, agents chimiques dangereux) sont tout simplement exclus du nouveau compte professionnel de prévention (nouvel article L.4163-1 du Code du travail).
     
    Restent donc pris en compte les seuls 6 facteurs de risque suivants, concernant le travail :

    • de nuit,
    • répétitif,
    • en équipes successives alternantes,
    • en milieu hyperbare,
    • en environnement bruyant,
    • sous températures extrêmes.

    Ces risques supprimés, très importants dans de nombreux secteurs économiques (bâtiment, industrie et services) et dont les effets durables et irréversibles sur la santé n’ont plus à être démontrés, ne donneront ainsi plus droit à acquisition de points sur le C2P.
    Or, ces points peuvent être utilisés par les salariés concernés pour bénéficier d’actions de formation, passer à temps partiel ou encore afin de financer une majoration de durée d’assurance vieillesse et se voir octroyer un départ à la retraite anticipé.
     
    Certes, en cas de maladie professionnelle liée à l’un de ces quatre facteurs de risque donnant lieu à une incapacité permanente au moins égale à un taux qui sera déterminé par décret, le salarié pourra tout de même prétendre à un départ à la retraite anticipé (nouvel article L.351-1-4 du Code de sécurité sociale). Toutefois, les droits ne compenseront que des dégâts constatés et souvent irréversibles…
     
    En outre, le financement du C2P sera désormais assuré par la branche accidents du travail-maladies professionnelles (nouvel article L.4163-21 du Code du travail) et non plus comme aujourd’hui par les entreprises elles-mêmes (elle entrainait une sur-cotisation pour les entreprises exposant le plus ses salariés aux facteurs de pénibilité). On dilue ainsi les responsabilités de l’employeur en matière de préservation de la santé de ses salariés, en les faisant supporter sur l’ensemble de la communauté de travail.
     
    Il y a tout de même une avancée attendue, l’obligation de négocier sur la prévention de l’exposition aux risques professionnels ne s’appliquera plus seulement aux entreprises employant une proportion minimale de salariés déclarés exposés aux facteurs de pénibilité mais également aux sociétés d’au moins 50 salariés dont la sinistralité au titre des accidents du travail et maladies professionnelles est supérieure à un seuil qui sera fixé par décret (nouvel article L.4162-1 du Code du travail). Ce seuil reste à fixer et déterminera l’efficacité du dispositif qui, une fois encore, n’intervient que post-dommage.
     
    Le nouveau C2P est entré en vigueur le 1er octobre 2017. Remarquons s’il en est besoin que les droits acquis au titre de l’ancien C3P ne disparaissent heureusement pas et qu’ils sont basculés dans le nouveau C2P (article 5 de l’ordonnance).
     
    II. Des changements pour la procédure d’inaptitude au travail
     

    1. Un reclassement limité au territoire national

     
    L’ordonnance n° 2017-1387 du 22 septembre 2017 relative à la prévisibilité et la sécurisation des relations de travail assouplit considérablement, dans la lignée des mesures contenues dans la Loi El Khomri, les obligations de reclassement des salariés dont l’inaptitude a été constatée par le médecin du travail.
     
    Le périmètre géographique de cette obligation de reclassement est ainsi désormais limité au territoire national lorsque l’entreprise appartient à un groupe.
     
    Les recherches de l’employeur ne porteront donc maintenant que sur les seules entreprises du groupe situées en France « dont l’organisation, les activités ou le lieu d’exploitation assurent la permutation de tout ou partie du personnel » (nouvel article L.1226-2 du Code du travail).
     
    Les nouvelles règles renvoient par ailleurs à la définition de groupe relatives au comité de groupe (une entreprise dominante dont le siège social est situé sur le territoire français et les entreprises qu’elle contrôle au sens capitalistique : article L.2331-1 du Code du travail).
     
    Cela vise, à n’en pas douter, à contrer les jurisprudences tendant à étendre la notion de groupe à des entreprises juridiquement indépendantes (exemple récent pour les réseaux de distribution, Cass.soc, 22 septembre 2016, n°15-13849).
     
    Quant au contexte, le laxisme dont font déjà preuve beaucoup de conseils de Prud’hommes à l’égard des employeurs, on peut désormais dire que l’inaptitude devient la quasi-certitude d’un licenciement incontestable.
     

    1. La procédure de contestation de l’avis d’inaptitude encore modifiée

     
    Cette même ordonnance modifie également la procédure de contestation des avis, propositions, conclusions écrites ou indications émis par le médecin du travail.
     
    Si l’objectif affiché est de remédier aux difficultés soulevées par la nouvelle procédure de saisine du conseil des Prud’hommes issue de la loi El Khomri du 8 août 2016. Ces nouvelles dispositions génèrent des interrogations réellement alarmantes.
     
    Saisi d’une telle contestation, le Conseil des Prud’hommes ne désignera désormais plus directement  un médecin expert, dont les conseillers prud’hommes avaient dénoncé le faible nombre.
     
    Le Conseil confiera maintenant l’instruction du dossier au médecin inspecteur régional du travail qui pourra, lui-même, s’adjoindre le concours d’un tiers (nouvel article L.4624-7 du Code du travail).
     
    L’employeur, quant à lui, aura la possibilité de mandater un médecin auquel les éléments médicaux retenus par le médecin du travail seront transmis par le médecin inspecteur.
     
    Puis, la décision de la formation de référé se substituera directement aux avis, propositions, conclusions écrites ou indications contestés.
     
    On se prend à espérer que les juges prud’homaux chargés de cette besogne soient formés en la matière et puissent avoir connaissance des conditions de travail concrètes dans l’entreprise.
     
    Surtout, la question de la prise en charge du coût de la procédure, déjà soulevée lors de la suppression au 1er janvier 2017 de la procédure gratuite devant l’inspecteur du travail, est loin d’être clarifiée.
     
    L’ordonnance prévoit ainsi que, sauf décision motivée contraire du Conseil des Prud’hommes, c’est "la partie perdante" qui supportera les honoraires et frais d’instruction (saisine d’un médecin par l’employeur comprise ?) en fonction d’un tarif qui sera fixé par arrêté.
     
    Autant d’incertitudes et de risques financiers qui, à n’en pas douter, ne peuvent avoir que pour effet de limiter les velléités de contestation par les salariés des avis médicaux.
     
    Or, on se demande en quoi le salarié qui subit cette procédure alors que son employeur a décidé contester l’avis du médecin du travail (que le salarié n’a pas "gagné") peut être considéré comme "le perdant" d’un examen médical.
     
    Ces nouvelles dispositions entreront en vigueur à la date de publication des décrets d'application, et au plus tard le 1er janvier 2018.

    Par Denis Delcourt-Poudenx, avocat associé, Lauren Rieux et Mouna Benyoucef, avocates à la Cour, DDP avocats

     





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