• Garder la cadence avec Poutine


    Par Dmitry Orlov – Le 8 juin 2018 – Source Club Orlov

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    Hier, j’ai passé quatre heures à regarder la télévision. Ce n’est pas quelque chose que je fais normalement parce que je trouve l’ensemble du médium télévisuel fastidieux, ennuyeux. C’est globalement une perte de temps. Pour moi, tous les programmes de télévision sont une mauvaise idée, parce que je n’aime pas être programmé. En fait, je ne possède même pas de télévision. Quand j’ai besoin de regarder quelque chose, je le fais sur l’écran de mon ordinateur portable. Mais c’était une occasion spéciale.

     
    Ce que j’ai regardé, c’est le marathon de Questions/Réponses de près de quatre heures de Poutine. Des gens de toute la Russie ont soumis des questions – plus de 2,3 millions d’entre eux – en appelant, en écrivant, en envoyant des textos, en enregistrant des vidéos, en donnant des interviews à des équipes de télévision. Une très grande équipe a ensuite organisé les questions en thèmes généraux et préparé les présentations les plus représentatives et les mieux exprimées. Un bon nombre de questions a été posé en direct, à l’écran.

    La principale raison pour laquelle j’ai regardé le tout était que j’avais posé une question à Poutine, et je voulais voir s’il allait y répondre. Il l’a fait.

    Ces séances de questions-réponses marathon sont une caractéristique très intéressante de la vie politique russe contemporaine. Elles donnent aux gens partout à travers le pays la possibilité d’exprimer leurs plaintes directement devant le président, en passant par-dessus la tête de tous les autres fonctionnaires, des gouverneurs régionaux aux ministres fédéraux. Au fil des années, c’est devenu un outil unique et efficace pour réparer et faire avancer les choses. D’un côté, il est plutôt triste que les Russes aient parfois besoin d’impliquer le président s’ils veulent qu’un nid-de-poule soit réparé, mais de l’autre, c’est prometteur comme outil de démocratie directe. En comparaison, « le droit du peuple … de demander au gouvernement de redresser les torts », garanti par le premier amendement à la Constitution américaine, n’est pas particulièrement utile à moins que la plainte ne soit accompagnée d’un chèque d’un montant important. Aux États-Unis, seuls les lobbyistes et les donateurs des campagnes politiques obtiennent une audience.

    L’innovation de cette année était que les 85 gouverneurs régionaux et tous les ministres du cabinet devaient être présents dans leurs bureaux tout au long de l’émission, prêts à être joints par vidéoconférence à tout moment, lors de cette émission nationale. Mais ils n’ont pas pu s’asseoir tranquillement devant la télé en se curant le nez ; les centaines de membres du personnel et de bénévoles de la production les ont directement contactés avec les questions qu’ils recevaient de gens de leur région ou sur des sujets pertinents concernant leurs postes. Leur implication ne sera pas limitée aux quelques heures de ce spectacle ; plus tard, ils recevront toutes les questions auxquelles ils doivent répondre. Ils rencontreront également Poutine en face à face ou par vidéo, et il remettra à chacun d’eux un dossier vert contenant les points sur lesquels ils devront travailler et présenter des résultats. « Je présume que tout cela sera fait », a déclaré Poutine. Il n’a pas dit « il vaut mieux » mais je suis sûr qu’il le pensait.

    Beaucoup de gens ont demandé pourquoi Poutine n’a pas nettoyé la maison après sa réélection mais plutôt renommé les mêmes personnes pour des postes ministériels identiques ou différents au sein du gouvernement, le Premier ministre Medvedev en particulier. L’explication de Poutine était que ce sont les personnes qui ont passé l’année précédente ou plus à planifier la rupture, le grand bond en avant russe, qui devrait avoir lieu au cours des six prochaines années – le « plan sexennal » de Poutine – et que deux années auraient été perdues s’ils avaient été remplacés par de nouvelles personnes qui n’ont pas fait partie du processus depuis le début. La tâche qui les attend est connue ; ils ont accepté le défi. « Personnification de la responsabilité » est une phrase que Poutine a répétée trois fois. « La responsabilité personnelle doit être absolue », a-t-il ajouté.

    Cela règle en grande partie la question de savoir si les tendances idéologiques de telle ou telle personne pourraient l’amener à saboter le processus. Si cela arrivait, elle subirait d’immenses dommages en terme de réputation, qui la hanteraient toute sa vie.

    En ce qui concerne la direction idéologique globale du pays, il transparaît dans un nouveau terme que Poutine a glissé dans la conversation : « shestiletka » – le « plan sexennal ». C’est une allusion évidente à « pyatiletka », les plans quinquennaux de développement économique soviétique, sauf que les plans quinquennaux fixaient des objectifs pour des tonnes d’acier, des kilomètres de rails et de routes et d’autres quantités de ce type, et que les entreprises publiques étaient responsables de leur application. Le plan sur six ans établit essentiellement les normes du bien-être social, et elles doivent être largement satisfaites par l’économie de marché, mais avec autant de participation de l’État que nécessaire pour faire le travail.

    Il y avait beaucoup de questions posées dans beaucoup de domaines différents. Pour leur rendre justice, il me faudrait des dizaines de milliers de mots, pas les 1000 ou plus que j’utilise habituellement dans un billet de blog. Je vais donc limiter mes commentaires spécifiques à quelques-unes que j’ai trouvées particulièrement intéressantes.

    Un groupe spécifiquement invité à poser des questions était des blogueurs. Ce sont des jeunes gens brillants qui se rassemblent dans un bureau huppé dans un gratte-ciel de la ville de Moscou, où ils s’asseyent sur des divans et communiquent avec leurs quelque 20 millions d’adeptes sur les réseaux sociaux. Qu’est-ce que ces « leaders d’opinion » voulaient savoir ?

    L’un d’entre eux a demandé si, après l’interdiction de l’application Telegram, la Russie pourrait également interdire YouTube ou Instagram. Poutine a dit que ce  ne serait pas le cas. Dans le cas spécifique de Telegram, il a été utilisé par les terroristes qui ont planifié l’attentat à la bombe dans le métro de Saint-Pétersbourg, et les services spéciaux russes ont été incapables de les suivre parce que le trafic était crypté. Mais, a déclaré Poutine, il est facile d’interdire les choses, sauf que ce n’est pas particulièrement efficace. Il est plus difficile mais plus efficace de trouver des solutions qui ne limitent pas la liberté.

    Un autre blogueur a voulu savoir quand les blogs deviendraient une profession légitime. Poutine a répondu que si c’est une source de revenu légitime, ils devraient être reconnus officiellement, et le gouvernement est intéressé à le formaliser. Une fois que cela se produira, je serai en mesure d’écrire « blogueur » dans les différents formulaires gouvernementaux que je dois périodiquement remplir, au lieu de « touriste », qui est un travail amusant, mais qui manque un peu de dignité.

    Un autre blogueur a voulu savoir pourquoi il n’y avait pratiquement pas de voitures électriques en Russie. M. Poutine a expliqué que les voitures électriques fonctionnaient essentiellement au charbon, qui est utilisé pour produire l’électricité qu’elles utilisent et que le charbon n’est pas un combustible respectueux de l’environnement. Le carburant le plus respectueux de l’environnement, que la Russie a en abondance, est le gaz naturel, et le défi consiste donc à convertir le plus de transport possible au gaz naturel. C’est une tâche majeure, mais la Russie y travaille. Le blogueur qui a posé cette question a été positivement choqué par cette non-information. Les Teslas brûlent du charbon, de manière très inefficace ; j’espère que vous le saviez déjà.

    Quelqu’un a demandé à Poutine de raconter une blague. Il n’a pas pu en trouver une en direct, mais un peu plus tard, en discutant de la récente ruée européenne de Washington vers Moscou, il a déclaré : « Nous avons aidé Trump à gagner et, en signe de gratitude, il nous a donné l’Europe. Ridicule ! Ça doit être une blague. »

    Lorsqu’on lui a demandé si les sanctions contre la Russie seraient abandonnées, il a dit que les gens en parlaient, mais que nous devions simplement voir ce qui se passera. Entre-temps, Trump a imposé des tarifs sur l’aluminium et l’acier au Canada et au Mexique, « Qu’est-ce que c’est, sinon des sanctions ? Qu’ont-ils fait ? Annexer la Crimée ? ». Rappelant ses propos lors de la conférence de Munich sur la sécurité en 2007, il a déclaré qu’il avait prévenu tout le monde : « L’expansion de la juridiction américaine hors de ses frontières est inacceptable ». Les gens dans le public ont alors été surpris et contrariés de se l’entendre dire ; eh bien, maintenant ils peuvent aussi être surpris et bouleversés quand Washington les sanctionne.

    Enfin, il y avait ma question. Je lui ai demandé quelle était la raison d’être des lois alambiquées et ineptes régissant le processus d’octroi de la citoyenneté russe. La Russie connaît également un sérieux problème démographique : les taux de natalité ont chuté durant l’horrible période des années 1990, après l’effondrement de l’Union soviétique, et la génération en âge de procréer est actuellement plutôt clairsemée. Cet écart démographique apparaîtra encore et encore sous la forme de jardins d’enfants et de salles de classe vides, avec une pénurie de main-d’œuvre subséquente. Mais la Russie possède une ressource démographique puissante, quoique largement inutilisée : la diaspora russe est gigantesque – entre 20 et 40 millions de personnes – et beaucoup aimeraient retourner en Russie. Beaucoup d’entre eux sont des spécialistes dans des domaines tels que la technologie numérique, et la Russie a désespérément besoin de plus de travailleurs dans ces domaines. Cependant, lorsqu’ils sont confrontés au processus ardu, coûteux et restrictif de franchissement de tous les obstacles bureaucratiques sur le chemin de l’obtention d’un passeport russe, beaucoup d’entre eux y perdent leur motivation. Au lieu de se voir déployer le tapis rouge, ils sont obligés de faire la queue avec les travailleurs invités semi-qualifiés d’Asie centrale. N’est-il pas dans l’intérêt de la Russie d’en attirer autant que possible, en rendant facile et agréable le processus de retour en Russie ?

    Ma question spécifique n’a pas été lue à l’antenne, mais il semble que ma question, ou des questions similaires, a filtré, parce que Poutine y a directement répondu. En outre, des requêtes identiques ont été présentées devant des caméras de télévision par un groupe de réfugiés de l’Est de l’Ukraine. Ils ont souligné que les lois les obligent à rentrer à la maison tous les 90 jours, mais où ? Leur maison est une zone de guerre. Ils ont des enfants qui ont déjà été traumatisés en se cachant dans des abris anti-aériens alors que leurs maisons étaient bombardées par l’armée ukrainienne. Ils ont également souligné que pour demander la permission de rester, puis la résidence, puis la citoyenneté, ils doivent dépenser de l’argent pour satisfaire aux exigences de la paperasserie leur permettant de gagner de l’argent, mais ils ne sont pas autorisés à travailler jusqu’à ce qu’ils finissent par remplir les exigences de la paperasserie : une situation sans issue.

    La réponse de Poutine a été la suivante : « Nous allons ouvrir la voie à la libéralisation de tout ce qui touche à la citoyenneté russe ». Il a mentionné qu’il existe déjà de nouvelles propositions législatives. Il a parlé de l’écho du faible taux de natalité au cours des années 1990 et a précisé que l’attraction de compatriotes est une priorité. Il a demandé le ministre de l’Intérieur en visioconférence et lui a dit : « Vous êtes tenu d’entamer ces processus ». Le vieux flic avait l’air décontenancé, mais je suis sûr qu’il sait ce qui est bon pour lui. Pour être sûr, Poutine a ajouté que le Service fédéral des migrations était placé sous la responsabilité du ministère de l’Intérieur parce qu’on pensait que ce ministère était capable de faire plus que simplement assurer la sécurité. (C’est-à-dire, faites-le ou vous le perdrez.) Il a également dit : « L’octroi de la citoyenneté russe relève de l’autorité du président de la Fédération de Russie ». Ainsi, si le processus n’est pas rapidement mis en place, Poutine pourrait commencer à distribuer lui-même des passeports. Je dois dire que je suis entièrement satisfait de sa réponse.

    Vous pourriez penser que c’est une façon très étrange de diriger un pays, jusqu’à ce que vous vous souveniez que le pays en question est la Russie : ridiculement vaste, horriblement compliqué, gelé la moitié de l’année, traumatisé mais jamais brisé. Il est au milieu d’une transformation rapide et approfondie tout en restant lié à des traditions millénaires. Vous pourriez aussi penser que cette méthode fonctionne aussi bien à cause d’une seule personne : Poutine. Il y a probablement beaucoup de vérité là-dedans. Lorsqu’on lui a demandé s’il pensait à son remplaçant dans six ans, il a dit « tout le temps ». Puis il a ajouté : « Ce sont les électeurs qui décideront ».

    Les cinq stades de l'effondrementDmitry Orlov

    Le livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateur de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie » c’est à-dire l’étude de l’effondrement des sociétés ou des civilisations.

    Traduit par Hervé, relu par Catherine pour le Saker Francophone


  • VESOUL : Quand le pouvoir et les dirigeants de PSA capitulent devant le diktat de Trump en Iran et s'en prennent aux droits des salariés !

    Publié le 16 juin 2018 par FSC

    Les dirigeants économiques et politiques français faibles devant le suzerain impérialiste et durs vis-à-vis des travailleurs.

    Alors que PSA vend 400.000 véhicules en Iran, sous la menace américaine ils se retirent du pays!

    Preuve s'il en fallait qu'ils ne représentent absolument pas l'intérêt général !

     

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    SOURCE : France Bleu

    Fin des 35 heures chez PSA Vesoul :

    "une honte" pour la CGT

    Les salariés de PSA Vesoul vont travailler plus de 35 heures par semaine à partir de septembre 2018. Direction et syndicats ont signé un accord ce jeudi soir. La CGT, qui n'a pas paraphé le document, parle de "honte" quand FO défend une décision "courageuse et intelligente pour les salariés".

    Les 35 heures chez PSA-Vesoul, c'est terminé. Trois syndicats - FO, la CFTC et la CFE-CGC - représentant près de 80% des 3.000 salariés, ont signé l'accord ce jeudi soir, après un dernier après-midi de négociations.  La durée de travail hebdomadaire sera portée à 37h45, sans compensation salariale complète, dès septembre. Seule la CGT a refusé de signer et dénonce la casse des 35 heures. Pour son délégué central, Jean-Pierre Mercier, "les salariés vont encore plus travailler gratuitement. Les salariés vont travailler 37 heures 45, payées 36 heures, soit trente-trois minutes de plus par jour, tous les jours de la semaine y compris le samedi quand il y aura des heures supplémentaires"

     

    "C'est une véritable attaque à portée nationale pour nous, poursuit le délégué syndical. C'est faire sauter le verrou des 35 heures dans un groupe industriel comme PSA qui est un groupe multimilliardaire où les actionnaires ont touché 480 millions de dividendes l'année dernière".

    Pour nous, c'est véritablement une honte d'avoir signé cet accord avec la direction", délégué central CGT groupe PSA

    Jean-Pierre Mercier ne décolère pas : "Pour nous, c'est véritablement une honte d'avoir signé cet accord avec la direction". "Les salariés ne demandent pas à travailler plus longtemps, explique-t-il. Ils demandent à être mieux payés, ils demandent à ce que les cadences diminuent, à ce que la charge de travail arrête d'exploser, ils demandent l'embauche des intérimaires et à travailler moins."


  • Détricotage des conquis et création de droits réactionnaires !

    Publié le 16 juin 2018 par FSC

    Au moment où le pouvoir macronien envisage sérieusement de s'en prendre aux prestations sociales il est nécessaire de bien percevoir ce dont il s'agit pour que le monde du travail passe à une véritable contre-offensive face au détricotage réactionnaire et à la création de nouveaux droits réactionnaires, point d'appui des syndicats jaunes pour prétendre auprès des travailleurs que leur insertion dans le "dialogue social" serait bénéfique!

    Un enjeu majeur pour à la fois résister et conquérir de nouveaux droits progressistes!

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    L’échec de l’opposition aux réformes concernant l’emploi, le code du travail, le salaire et la protection sociale menées depuis les années 1980 risque de se reproduire sous Macron si les opposants continuent à réfléchir en termes de répartition de la valeur entre travail et capital. La classe ouvrière a commencé au cours du XXe siècle non pas à mieux répartir la valeur mais à en changer la pratique. C’est, en réponse, une contre-révolution capitaliste que poursuivent les réformateurs. Dans les premières séances, à partir de son nouvel ouvrage, Vaincre Macron (La Dispute septembre 2017), Bernard Friot proposera une réévaluation des conquêtes ouvrières en matière de droit économique des travailleurs·euses pour sortir du poncif de l’analyse des réformes en termes de « néolibéralisme ». Les réformes ne se contentent pas de s’attaquer aux droits économiques conquis, elles en créent de nouveaux, très réactionnaires, comme le compte personnel d’activité ou le revenu garanti. Ce diagnostic permettra de proposer des pistes d’une offensive en vue de l’attribution à chacun·e à 18 ans de deux droits économiques fondamentaux : le droit à la qualification personnelle (et au salaire à vie qui va avec) d'une part, et le droit de propriété d’usage de l’outil de travail (et donc à la décision dans toutes les entreprises où le/la salarié·e travaillera et dans les caisses d’investissement) d'autre part.

    Animé par Bernard Friot, le séminaire fera aussi appel à d’autres chercheurs·euses, et l’atelier sera consacré à l’élaboration d’outils d’éducation populaire dans l’esprit de Réseau Salariat. Il y aura une continuité d’une séance à l’autre, la participation à toutes les séances (qui seront enregistrées) et la lecture des documents d'appui sont donc recommandés.

     


  • Ce qui coûte cher, ce sont les inégalités sociales !

    Publié le 16 juin 2018 par FSC

    Ce qui coûte cher, ce sont les inégalités sociales, les privilèges monstrueux de quelques-uns, les dégâts humains et sociaux du capitalisme, etc. Macron... piège à niais !

    Jean ORTIZ

    Salauds les pauvres !! Ils portent la responsabilité de leur situation, vu qu’ils pourraient être riches s’ils le voulaient. « ¡¡ A trabajar !! » « Au travail !! »

    Assez de vivre à nos crochets ! Assez de pique-assiettes aux minimas sociaux ! Ça coûte la peau des fesses et on maintient dans la paresse des millions de feignasses ! Allez, au boulot, tire-au-flanc, et à coups de pieds dans le postérieur. Pour « partager » les richesses, il faut le mériter... Les droits sociaux ne sauraient être éternels.

    Assez « d’assistanat », qui coûte, lui, plus que la peau des fesses ! Celle du cul des sans-culottes !! Alors que la classe sociale « macroniste » s’empiffre éhontément ; pour le « bonheur de tous », la création d’emploi, la diminution des charges et prélèvements pour les plus riches, bref, le « ruissellement », « arme » contre la paupérisation, qui frappe même les classes moyennes. Ça tombe bien, il a beaucoup plu en Béarn.

    On vient de trouver plus menteur que les arracheurs de dents ! Le monarque présidentiel...

    La pauvreté ne cesse d’être en crue, et de plus en plus perceptible. Combien de mendiants, de SDF, d’enfants, qui tendent la main, de femmes seules, sous des porches ? Cette réalité est devenue si quotidienne que parfois l’on s’en accommode, avec une tendresse spéciale pour les services sociaux et les associations qui s’occupent de ces « exclus » qui s’excluraient eux-mêmes parce qu’ils voudraient être exclus !

    De temps à autre, on leur fait la charité, mais peu la solidarité de classe. Ce gâchis social s’avère délibérément, méthodiquement, organisé par les plus riches, avec arrogance et soif incommensurable de profits et de dividendes. Pour les autres, pour la majorité, « la vie, le malheur, l’isolement, l’abandon, la pauvreté sont des champs de bataille qui ont leurs héros, héros obscurs plus grands parfois que les héros illustres » (Victor Hugo).

    Nous pourrions ironiser ici jusqu’à plus de mots sur des clichés tellement réacts qu’ils fonctionnent encore et nécessitent une permanente critique sociale. Ce nouvel esclavage est promu à nos yeux comme de la « modernité ». L’intervention de E. Macron au Congrès de la Mutualité a provoqué un tollé et un dégoût légitimes ; ce mépris du peuple, cette condescendance d’une classe qui, opulente, se croit supérieure... Cette violence de classe, la « fuite » sciemment organisée par la comm’ présidentielle contre les aides sociales (« on met un pognon de dingue dans les minima sociaux... ») prépare le terrain non pas vers un « tournant social », mais vers un « big bang » dont se félicite en « Une » le « Figaro » du 14 juin. Les classes dominantes plongent les salariés, les précaires, les sans-emplois dans une souffrance de plus en plus insupportable, reléguant des millions d’exploités, de non-invités au banquet, à l’exclusion sociale, à la survie quotidienne.

    Tout cela pour assouvir leur insatiable cupidité dans l’accumulation du capital... Nous ne rentrerons pas ici, mais cela serait nécessaire, dans l’analyse des rapports de classe, des concepts de pauvreté, d’aliénation d’exploitation... Pour changer les choses, il convient plus que jamais de dépasser l’émotionnel. Notre réflexion s’inscrit dans l’immédiate guerre des idées, et riposte à l’indécence présidentielle. Macron ment comme il respire...

    Selon le mode de définition du seuil de pauvreté (hypothèse basse : 50% du revenu médian, soit 846 euros pour une personne seule), la France compte entre 5 et 8,9 millions de pauvres au 15 octobre 2017, selon l’Observatoire des inégalités (soient 600.000 de plus entre 2005 et 2015), le plus souvent mal indemnisés, ou pas du tout, peu éduqués, condamnés au chômage destructeur, facteur d’éclatement social et de communautarisme... Cette « armée de réserve du capital » permet au système de laminer le « modèle social », les acquis, les salaires (le salaire minimum actuel relève de l’indécence : 1160 euros par mois), etc.

    Que seraient ces millions de victimes du capitalisme, si Macron et les siens parvenaient à recomposer totalement la société, à faire régresser encore davantage le niveau de vie ? Sans protection, ils seraient à la rue. Les chômeurs et inactifs représentent plus de 70% des près de neuf millions de pauvres, autant d’hommes que de femmes, plutôt jeunes, et un quart (seulement) d’immigrés. Près de deux millions d’entre eux sont des enfants et des ados... Pas à Manille, à Paris !

    Le rêve de Macron et des siens, du Medef, de la finance, c’est une société-jungle, le tout-privatisé, avec quelques miettes minimalistes, microscopiques, en guise de mutuelles, de couverture sociale, d’allocations chômage, d’assurances. Juste le minimum pour éviter l’explosion. Qu’en est-il alors de la dignité de l’être humain, hommes femmes et enfants, aliénés, piétinés ? Eux qui ne demandent pourtant qu’à travailler, à avoir la place qui leur revient dans une société plus juste et fraternelle. La pauvreté met finalement en danger ce qu’il reste de démocratie, et les désormais si vides droits de l’homme et de la femme. Ce qui coûte un pognon délirant, ce sont plutôt les sept milliards d’euros de cadeaux aux grandes fortunes, c’est la liquidation de l’indépendance et de la souveraineté nationales, c’est la mise à mort des service publics, la mise au pas des syndicats (ça pue les années 30 !), c’est la fraude et l’évasion fiscales ; bref, c’est le gavage de vos amis, Monsieur le président, avec votre morgue et votre assentiment.

    Cette situation, ce champ de ruines, sont vécus comme intolérables par la majorité. La colère, sourde, gronde. Les eaux cachées finissent toujours en résurgences, insurgées. A nous, les militants anticapitalistes -communiste en ce qui me concerne- de « rendre visibles les invisibles », de dénoncer les souffrances infinies, provoquées par la classe sociale de Macron, de mener le combat de classe, de proposer un monde aux couleurs de toutes et de tous. Relisons « l’Assommoir », « Germinal », de Zola. Alimentons la colère, et le désir d’une société libérée du fric. Soyons pleinement révolutionnaires.

    Le 9 juillet 1849, dans un grand discours à l’Assemblée, Victor Hugo s’écriait : « Je suis de ceux qui croient que l’on peut détruire la misère ». Tout ne peut être d’airain ou de fer. En avant ! Aucun pas en arrière, pas même pour prendre de l’élan, disait Che Guevara.

    Jean ORTIZ
    Jeudi, 14 Juin.


     


  • L'Italie annonce qu'elle ne ratifiera pas le CETA

    L'Italie annonce qu'elle ne ratifiera pas le CETA © Andreas Solaro Source: AFP
    Manifestation contre le CETA à Rome en juillet 2017

    L'accord de libre-échange entre l'UE et le Canada doit être ratifié par les parlements nationaux européens mais le ministre italien de l'Agriculture annonce que son pays s'opposera à un texte qu'il juge dangereux pour les AOP et IGP italiennes.

    C'est une annonce qui place encore davantage l'Italie en marge des orientations des autres Etats membres de l'Union européenne (UE) : le 14 juin, le nouveau ministre italien de l'Agriculture a annoncé, à l'occasion d'un entretien accordé au quotidien La Stampa, que son pays ne comptait pas ratifier l'accord de libre-échange entre l'UE et le Canada (CETA).

    «Nous ne ratifierons pas l'accord de libre-échange avec le Canada parce qu'il ne protège qu'une petite partie de nos AOP (appellations d'origine protégée) et de nos IGP (indications géographiques protégées)», a expliqué Gian Marco Centinaio, membre de la Ligue.

    Ce refus provoquera sans nul doute de nombreuses réactions. L'Italie est en effet, parmi les 28 Etats membres de l'UE (bientôt 27 après le départ annoncé du Royaume-Uni), le pays qui compte le plus grand nombre de produits porteurs de l’appellation IGP et AOP.

    Le CETA a été approuvé en février 2017 par le Parlement européen. Il est entré en vigueur de manière provisoire en septembre dernier mais la procédure requiert encore une ratification par chaque parlement national. Ce n'est qu'à cette condition qu'il produira ses effets. L'annonce de Gian Marco Centinaio vient donc compromettre l'avenir du texte.

    Le nouveau gouvernement italien, composé de membres de la Ligue et du Mouvement 5 étoiles, multiplie les prises de position marquant son désaccord avec le consensus, déjà fragile, des pays membres de l'UE. Le 13 juin, Rome a officialisé son mécontentement de la politique migratoire européenne en annonçant sa volonté de créer un «axe» avec l'Autriche et l'Allemagne contre l'immigration clandestine.

    Lire aussi : L'Allemagne, l'Autriche et l'Italie veulent créer un «axe» contre l'immigration illégale, selon Kurz





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