La rencontre Bolton - Poutine
La rencontre entre Bolton, conseiller pour la sécurité internationale, et le Président russe V. Poutine a été particulièrement médiatisée. Peut-être
surmédiatisée. Ce qui a conduit à quelques réactions ironiques dans la presse américaine, qui, il est vrai, aurait sinon trouvé un autre prétexte. Mais celui-ci a été servi sur un plateau. Voir
CNN, particulièrement mécontent d'un possible sommet bilatéral, qui ironise ensuite sur l'empressement de la Russie:
Russia
rushed to announce the summit before the final details were ironed out, perhaps betraying the Kremlin's excitement
Comme l'écrit le journal libéral
Kommersant, la rencontre entre Bolton et Poutine est en soi un évènement, un évènement qui selon le
Président russe redonne l'espoir d'une amélioration des relations américano-russes:
«Votre venue nous donne l'espoir que nous pouvons faire ne serait-ce que des premiers pas pour rétablir des relations complètes entre nos États», a déclaré Vladimir Poutine face à John Bolton
Le fait de la rencontre Trump / Poutine
Le dernier sommet bilatéral US / Russie remonte à 2009 entre Obama et Medvedev (dans sa période présidentielle), lorsque sous la présidence Medvedev la Russie avait entamé son virage néolibéral et renforçait son intégration dans le monde global, ce qui garantissait alors dans l'ensemble de bonnes relations avec les Etats-Unis.
La question d'une rencontre entre Trump et Poutine est plusieurs fois ressortie dans la presse, confirmée ou non de part et d'autres, rendue particulièrement difficile par le contexte politique intérieur américain et le changement de position géopolitique de la Russie. Le fait qu'elle se concrétise montre le renforcement de Trump sur la scène politique intérieure américaine et l'acceptation de la Russie dans son retour international.
Les réactions dans la presse anglo-saxonne sont, dans le meilleur des cas, retenues, voire parfois hostiles. Certains ont peur des concessions que pourrait faire Trump, comme le pense
Mc Faul, l'ancien ambassadeur américain en Russie:
“I fear his eagerness to get along with Putin might produce concessions that do not serve American national interests,” Mr. McFaul said. “If Trump heaps the kind of praise on Putin that he devoted to Kim Jong-un, that will be a giant victory for Putin. That’s all Putin needs for a successful meeting.”
D'autres estiment que le fait même de la rencontre va déplaire à ceux qui travaillent à
l'isolement de la Russie, comme la Grande-Bretagne.
En ce sens, indépendamment des résultats concrets qui en découleront, le fait même de cette rencontre est une victoire diplomatique (et géopolitique?) pour la Russie.
Le lieu de la rencontre
Le lieu de la rencontre n'est pas accessoire, surtout en ce qui concerne un évènement dont la dimension symbolique sera aussi importante, voire plus importante, que les résultats attendus. Puisque la rencontre est en soi le principal résultat attendu.
Beaucoup de bruits circulent sur Helsinki. Si l'on parle d'un lieu "neutre", dans ce cas précis nous sommes très loin de la neutralité, puisque cette ville a vu le sommet entre les Etats-Unis et l'URSS, en les personnes de Ford et Brejnev en 1975 pour signer les accords de la détente et confirmer la reddition à venir de l'Union soviétique en 1990 avec une rencontre Bush père et Gorbatchev.
En matière de symbolisme, s'il est tout à l'avantage des Etats-Unis, la Russie, sauf à en répéter la voie, n'a que peu d'intérêt à pousser plus loin le parallèle.
Les résultats de la rencontre
Il est difficile à ce jour d'envisager les résultats concrets de cette rencontre bilatérale, trop d'inconnues étant en jeu. Disons que le fait même de cette rencontre est en soi un résultat, vu l'état des relations entre ces deux pays, qui permettra de lever certaines confusions d'ordre général dans les relations bilatérales.
Pour le reste, des incompatibilités idéologiques persistent entre les deux pays, qu'une rencontre ne lèvera pas. La plus grande d'entre elles concerne le combat mené par Trump contre la globalisation, globalisation que défend la Russie, qui n'en conteste pas le principe mais y revendique sa place. Des compromis peuvent être atteints sur des sujets plus précis, comme la présence militaire américaine en Europe aux portes de la Russie, l'Ukraine ou la Syrie. Mais le poids intérieur de Trump permettra-t-il alors de leur donner vie?
Beaucoup de questions restent encore ouvertes.