• 23 Juin 2016

    Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

    La manif du 23 juin à Paris est autorisée

    Forcé par la riposte syndicale, Bernard Cazeneuve a reçu en urgence, mercredi à 11h, les secrétaires généraux de la CGT et de FO. Il a autorisé la manif prévue contre la loi réactionnaire el Khomri, interdiction qu'il avait ordonné à la Préfecture de police, laquelle bon soldat avait pondu un communiqué le matin même de ce mercredi. Et autre bon soldat, Stéphane Le foll subsidiairement ministre de l'Agriculture et porte-voix officiel de François Hollande, disait pareil à la sortie du conseil des ministres.

    Et puis, une baffe monumentale contre Manu Militari Valls et François du palais de l'Elysée qui avaient décidé de rayer, d'un coup de communiqué, un droit constitutionnel. Le pouvoir socialiste est minoritaire en France et ce ne sont pas ses salades pour placer Hollande en héros de la gôche qui changeront les choses.

    A remarquer que sur cette interdiction de manifester, la droite et l'extrême droite ont campé sur la même position que le gouvernement.

    Tout comme la presse libre et non faussée, avec une mention particulière pour Christophe Barbier, journaliste multi-carte au nom de la liberté de l'information et directeur de la rédaction l'Express, qui avait servi la soupe dans son édito sur I-télé. Bon le même est le mari de la directrice de la communication chez Hermès. Cela n'a peut être rien à voir et sans doute que Christophe Barbier est à gôche. La preuve, selon Wikipédia, le camarade Barbier a encouragé François Hollande, tout juste élu, à mener une politique de rigueur.

    Comment on dit rigueur chez Hermès coté au CAC 40?

    La manif du 23 juin à Paris est autorisée


  • http://www.europalestine.com

    Publication CAPJPO - Europalestine
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      Eh non, Tair Kaminer ne veut toujours pas servir dans une armée d’occupation et elle le dit haut et fort, ce qui lui vaut de retourner pour la 6ème fois en prison où elle a déjà passé 125 jours.
      La jeune femme de 19 ans a été condamnée dimanche à 45 jours de prison supplémentaires.Et ce sera donc... (suite)
       
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      Parmi les tortures et châtiments collectifs infligés aux Palestiniens, cette pratique israélienne de plus en plus courante : ne pas restituer à leurs familles les corps de leurs proches tués par l’occupant. Mardi ils étaient nombreux à manifester devant la morgue de Jaffa pour réclamer qu’on leur rende... (suite)
     
       


     


  • Femmes africaines unies contre le microcrédit, l’exploitation des plus pauvres

     

     

     

    Tous les peuples doivent se méfier de ces institutions de microcrédit, qui sont les petites mains de la banque mondiale.  
     

    19 juin par Fátima Martín * 

     
    Être femme, pauvre et africaine. Voici les trois critères favoris des vautours du microcrédit qui, sous prétexte de lutter contre la pauvreté et avec la bénédiction d’organismes comme les Nations Unies (PNUD), USAID ou encore la Banque européenne d’investissement, les escroquent, les endettent et les ruinent. Leurs victimes font l’objet de menaces et se voient même incarcérées, comme au Mali, elles perdent leur famille, tombent dans la prostitution, se suicident, comme au Maroc, ou se sont surendettées pour ne pas mourir sans pouvoir se payer une césarienne, comme au Congo Brazzaville. Désormais, les femmes africaines de divers pays conjuguent leurs forces pour se libérer de l’asservissement de la microfinance. Nous avons eu l’opportunité de rencontrer et d’interviewer Fatima Zahra du Maroc, Amélie du Congo Brazzaville, Émilie du Bénin et Fatimata du Mali à l’occasion de l’Assemblée mondiale du réseau international du Comité pour l’abolition des dettes illégitimes (CADTM) organisée en avril dernier à Tunis. Elles nous y ont fait part de leurs expériences respectives.


    Fatimata Boundy est une enseignante retraitée malienne. Elle affirme que des dizaines de femmes sont incarcérées dans son pays faute de pouvoir faire face aux dettes découlant de microcrédits représentant environ 150.000 francs CFA (soit 228 euros). Ces femmes se consacrent généralement à une activité informelle, un petit commerce, de la vente ambulante, etc. Quand elles ne parviennent plus à payer les intérêts abusifs qui leur sont exigés, elles font l’objet de pressions et se voient confisquer leurs biens, voire même emprisonner. Aucun procès n’a encore eu lieu. « Nous avons lancé un appel à la solidarité internationale. Une rencontre de femmes se tiendra d’ailleurs au Mali en 2017 », nous assure Fatimata.

     
     
    Cet événement fera suite à la Caravane internationale des femmes contre le microcrédit organisée dans la région de Ouarzazate au Maroc en 2014. Fatimata avait pu y écouter les témoignages de victimes marocaines. « Suite à ses dettes, l’une de ces femmes a perdu son travail et son mari. Son fils unique n’a alors eu d’autre choix que celui de partir à l’aventure. Je me suis mise à sa place et sa douleur m’a envahie. Ce jour-là, j’ai pleuré. », raconte-t-elle.
     

    Fatima Zahra : « La finance internationale possède des intérêts stratégiques au Nord et au Sud. La pauvreté est son marché. »

    Fatima Zahra, étudiante marocaine de français âgée de 30 ans, nous explique que les agents des structures de microfinance font contracter des microcrédits dont les taux d’intérêt atteignent jusque 45 % à des femmes qui ne savent ni lire ni écrire. Ils n’hésitent pas à visiter leurs domiciles pour y identifier les éventuelles possessions de valeur faisant office de garantie. Une fois que ces femmes ne sont plus en mesure de payer, ils reviennent les voir chez elles et les forcent à vendre leurs biens. « Certaines se prostituent, d’autres se suicident ou fuient leur foyer en raison de l’humiliation et perdent donc leur famille. Les enfants subissent aussi de plein fouet les conséquences des microcrédits, contraints de mettre un terme à leurs études pour aider leurs mères à rembourser. Ces institutions de microcrédit vont jusqu’à proposer des emprunts à des élèves encore au lycée. Les conséquences sont à la fois psychologiques et sociales », explique-t-elle.
     

    Avec 12 institutions, plus d’un million de clients actifs et une exposition de 500 millions d’euros, le secteur de la microfinance au Maroc est le plus dynamique de la région MENA (Moyen-Orient et Nord de l’Afrique), d’après Jaïda (le Fonds de financement des organismes de micro-finance au Maroc). Son site web indique d’ailleurs sans aucune gêne que « le taux d’intérêt est libéralisé ».
     
    Les institutions locales de microfinance sont protégées par le régime dictatorial, le Majzén, financées par le secteur financier marocain (Bank-Al-Maghrib) ou la CDG (Caisse de Dépôt et de Gestion), par le secteur financier étranger et même subventionnées par des organisations internationales comme le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l’Agence des États-Unis pour le développement international de USA (USAID), la Banque européenne d’investissement (BEI) et l’Agence espagnole de coopération internationale au développement (AECID).
     

    Par exemple, parmi les actionnaires fondateurs de Jaïda figurent des entités allemandes et françaises sensées soutenir le développement comme la KfW (la banque de développement allemande), la CDC (Caisse de Dépôts et Consignations) et l’AFD (Agence française de développement). Il n’est pas rare de trouver également derrière ces institutions de microcrédit d’importantes personalités nationales ou internationales. L’association de microcrédit INMAA est liée à l’ONG AMSED et à PlanetFinance, du ’parrain’ Jacques Attali, fondateur d'Action contre la faim, alors que Al Amana a élevé au titre de président d’honneur Driss Jettu, ancien premier ministre du Maroc sous Mohamed VI.
     
    « La finance internationale possède des intérêts stratégiques au Nord et au Sud. La pauvreté est son marché », affirme Fatima Zahra. Elle estime que le mouvement des associations des victimes du microcrédit est très important pour « des femmes qui sont parvenues à se libérer de tous les dogmes patriarcaux, à sortir dans la rue pour lutter contre les politiques néolibérales et cesser de rembourser. Des femmes qui se rebellent contre l’austérité imposée par le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque mondiale (BM), les véritables responsables. Nous n’avons pas remporté toutes les batailles mais nous poursuivons la lutte. »


    « Soit les femmes s’endettent au travers de microcrédits pour bénéficier d’assistance médicale, soit elles meurent faute de pouvoir se payer une césarienne. »

    Amélie Kiyindou, représentante pharmaceutique au Congo Brazzaville, explique comment son pays a accepté l’Initiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE) du FMI et de la BM. Vu le manque d’investissements dans les programmes sanitaires, les femmes doivent y choisir entre s’endetter au travers de microcrédits pour bénéficier de l’assistance médicale ou mourir faute de pouvoir se payer une césarienne.
     
    « Les microcrédits se présentent comme une voie pour sortir de la pauvreté mais dans les faits, les intérêts obligent les femmes à rembourser plus que ce qu’elles gagnent, de sorte à ce qu’elles enchaînent les emprunts. Celles qui sont conscientes des conséquences néfastes tâchent d’informer la population sur les risques du cercle vicieux de l’endettement », ajoute-t-elle. Étonnamment, le FMI promeut des conférences intitulées « Finance pour tous : Promouvoir l’inclusion financière en Afrique centrale » qui encouragent les femmes, piliers de leurs familles, à tomber dans les griffes de la microfinance.


    « Le FMI et la BM ont surendetté mon pays. Désormais, la même austérité fait son chemin au Nord. »

    Émilie Atchaka, paysanne du Bénin, a trouvé une issue autogérée aux besoins de financement des femmes de sa communauté. Son mari s’est retrouvé sans emploi suite aux programmes d’ajustement structurel draconiens imposés par le FMI à son pays depuis 1989. Mère de quatre enfants, elle a alors dû ramener seule de quoi faire vivre toute la famille. S’inspirant d’un système de collecte traditionnel en Afrique appelé la tontine, elle a fondé le Cercle d’Autopromotion pour un Développement Durable (CADD), « notre propre banque de femmes qui se destinent à la formation », qui applique de faibles intérêts. « Nous avons mis sur pied cette alternative car le gouvernement n’assume pas sa responsabilité », déclare-t-elle.

    Émilie raconte que les entreprises de microcrédit vont jusqu’à donner publiquement à la radio les noms des femmes qui ne parviennent pas à rembourser leurs emprunts. Pour elle, « tout cela nous fait beaucoup réfléchir. Le FMI et la BM ont surendetté mon pays. Leurs programmes d’ajustement structurel ont poussé les femmes à contracter des microcrédits, financés de surcroît par la banque mondiale. Cet instrument les ruine, les mène jusqu’au surendettement et à l’appauvrissement. Il ne possède aucune dimension sociale et vise le seul profit. Désormais, la même austérité fait son chemin au Nord, une austérité qui n’entraîne aucun développement. Tous les peuples doivent se méfier de ces institutions de microcrédit, qui sont les petites mains de la banque mondiale. Il faut opérer un suivi strict de ces institutions et les éliminer. »

    Traduction : Sarah Berwez

    * Fátima Martín

    journaliste, est membre du CADTM et de la PACD, la Plateforme d’Audit Citoyen de la Dette en Espagne (http://auditoriaciudadana.net/). Elle est l’auteure, avec Jérôme Duval, du livre Construcción europea al servicio de los mercados financieros, Icaria editorial 2016. Pour rappel, voir son dernier article : Una bomba de austeridad






     
     

     


  • 22 Juin 2016

    Publié par El Diablo

    Loi Travail : la manifestation du 23 juin finalement autorisée, sur "un parcours proposé par le ministre de l'Intérieur" Quelques heures auparavant, le préfet de police de Paris avait interdit la manifestation contre la loi Travail le jeudi 23 juin à Paris.
    Loi Travail : la manifestation du 23 juin finalement autorisée, sur "un parcours proposé par le ministre de l'Intérieur" Quelques heures auparavant, le préfet de police de Paris avait interdit la manifestation contre la loi Travail le jeudi 23 juin à Paris.

    Loi Travail : la manifestation du 23 juin finalement autorisée, sur "un parcours proposé par le ministre de l'Intérieur" Quelques heures auparavant, le préfet de police de Paris avait interdit la manifestation contre la loi Travail le jeudi 23 juin à Paris.

    Selon nos informations, la manifestation partira de la place de la Bastille à 14 h. et fera le tour du bassin de l'Arsenal .

    À PARIS on manifeste jeudi 23 juin contre la LOI TRAVAIL : rendez-vous 14 h. Place de la BASTILLE


  • Pékin déplace ses pions en mer de Chine méridionale


    Les US ne toléreront pas que la Chine réduise sa vulnérabilité stratégique


    "...En vérité, les États-Unis n'ont rien à faire en mer de Chine méridionale ; en outre, il n'ont pas ratifié la Convention. Donc il est inapproprié pour eux de se mêler ou, pire encore, d'effectuer des démonstrations de sa puissance militaire là-bas. Les États-Unis doivent être plus sages et plus justes dans leur vision du conflit en cours dans la mer de Chine du Sud." Rahkundini, porte-parole de l'ASEAN

    Pepe Escobar

    Par Pepe Escobar – Le 16 juin 2016 – Source Russia Today

    Pas un jour ne passe sans une sorte d’agitation dans la mer de Chine méridionale. Allons à l’essentiel : la guerre n’est pas sur le point d’éclater.

    En un mot, le drame non-stop, comme un diplomate de l’ASEAN (Association des nations du Sud asiatique) me l’a dit, n’est que « la gestion des protocoles de l’escalade ». Traduction : comment prévenir toute éruption unilatérale passagère qui pourrait être interprétée comme guerrière.

     

    Aggravant le problème, l’ASEAN ne parvient pas à gérer ses propres protocoles internes. Mardi dernier, une réunion spéciale des ministres des Affaires étrangères de l’ASEAN avec la Chine à Yuxi, en a fourni une illustration lumineuse. Au départ, l’ASEAN a publié un communiqué. Puis s’est
    rétractée. Cela reflète autant les dissensions au sein du groupe des dix nations, que cela dégonfle aussi le mythe du Pentagone sur «l’isolement» de la Chine.

    The aircraft carrier USS John C. Stennis. © U.S. Navy / Mass Communication Specialist 3rd Class Kenneth AbbateLe porte-avions chinois suit comme son ombre le porte-avion US Stennis lors des exercices conjoints du Japon, des États-Unis et de l’Inde.

    Pendant ce temps, le jour J approche où sera connue la décision de la Cour permanente d’arbitrage de La Haye, à propos d’un différend territorial porté à la Cour par les Philippines en 2013. La décision devrait intervenir d’ici la fin juillet ou début août. Même si – comme prévu – elle va à l’encontre de Pékin, cela ne devrait toujours pas être une raison pour installer une fracture insurmontable entre l’ASEAN et la Chine.

    Connie Rahakundini, président de l’Institut indonésien d’études maritimes (IIMS), a cadré la question de Xinhua. Il existe un mécanisme «ASEAN plus» déjà en place – qui est une sorte de forum de discussion, incluant la Chine. Et l’ASEAN met également en place un code de bonne conduite pour éviter des mesures unilatérales.

    Le problème, avec la plainte portée à La Haye, est que les Philippines n’ont pas essayé de résoudre la difficulté bilatéralement ; en coulisse, les diplomates de l’ASEAN admettent que ce serait la seule solution.

    Donc, il n’est pas étonnant que Pékin ait décidé de ne pas faire partie de la procédure d’arbitrage, et rejette préemptivement la décision quelle qu’elle soit – qui est non contraignante de toute façon – en insistant sur l’incompétence du tribunal. Le litige des Philippines concerne une question de souveraineté territoriale et de délimitation maritime ; celle-ci est soumise au droit international général, et non pas à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (UNCLOS).

    Tout est affaire de positionnement

    Lors du récent dialogue à l’hôtel Shangri-La à Londres, Beijing a, une fois de plus, détaillé sa stratégie complexe dans la mer de Chine du Sud. Le major général de l’Armée Populaire de Libération (APL), Yunzhu Yao, a souligné que la liberté de navigation des navires commerciaux dans la mer de Chine du Sud n’a pas été contestée et ne le sera jamais. Et elle a frappé au cœur de la question ; les États-Unis n’ont pas ratifié la Convention, ils ne sont donc pas en mesure d’imposer leur interprétation du traité à toutes les nations, en Asie ou au-delà.

    Comparez avec ce qu’a dit Rahkundini, au nom de l’ASEAN dans son ensemble : « En vérité, les États-Unis n’ont rien à faire en mer de Chine méridionale ; en outre, il ne ratifient pas la Convention. Donc il est inapproprié pour les États-Unis de se mêler ou, pire encore, d’effectuer des démonstrations de sa puissance militaire là-bas. les États-Unis doivent être plus sages et plus justes dans leur vision du conflit en cours dans la mer de Chine du Sud. »

    Tout le monde sait que cela ne se produira pas [les US sages et justes, NdT]. Au contraire ; l’administration Obama et le Pentagone sont engagés tous azimuts dans l’ingérence et le déploiement d’opérations de «liberté de navigation». Pour sa part, le nouveau président philippin Rodrigo Duterte sait très bien que l’arbitrage, au mieux, pourrait lui donner une meilleure position de négociation. Mais encore, il devra négocier avec la Chine. Et Pékin sait exactement ce dont Manille a besoin pour adoucir la pilule : des investissements chinois massifs.

    Le Département d’État américain accuse la Chine et la Russie d’accroître les tensions mondiales 

    La Chine et les Philippines, ainsi que le Vietnam, sont signataires de la Convention. Mais aussi, profondément ancré dans l’histoire, il y a le fait que Beijing se distingue par sa cartographie de ligne discontinue des 9 points, matérialisation de ses revendications souveraines qui vont jusqu’à la côte vietnamienne et le long de Bornéo. Et pourtant, même la carte des revendications chinoises de souveraineté et sa démarche de mise en place d’une zone d’identification de défense aérienne, ne signifie pas que Pékin a l’intention de mettre en péril la liberté de navigation dans la mer de Chine du Sud – comme Washington insiste à clamer. Tout est une affaire de positionnement

    À la rencontre de la «souveraineté nationale mobile»

    Le droit international ne défend pas spécifiquement les réclamations en mer. La Chine applique une stratégie assez audacieuse, qu’elle définit comme la stratégie du « sol bleu ». Le Vietnam, la Malaisie et même les Philippines ont présenté des réclamations en mer de Chine méridionale depuis longtemps. La Chine est arrivée plus tard, mais en pleine force – construisant des pistes d’atterrissage, des phares, installant des garnisons sur les îlots négligés ou abandonnés dans les Spratleys et Paracels. Encore une fois, il est question d’énergie, mettre la main sur une fabuleuse richesse inexplorée de 10 milliards de barils de pétrole et de 30 mille milliards de mètres cubes de gaz naturel.

    Dans sa recherche d’énergie, Beijing concentre une part importante de sa stratégie sur des domaines déjà identifiés, par exemple, par PetroVietnam. Et il utilise un outil qui change la donne : le HYSY 981, une installation mobile de forage en eau profonde, que le président de la CNOOC, Wang Yilin, décrit comme une «arme stratégique» qui fait partie de la «souveraineté nationale mobile» de la Chine.

    Le Président Xi Jinping a souligné maintes et maintes fois que la Chine ne militarisera aucune des terres récupérées. Pourtant, l’insistance du Pentagone au sujet des opérations inoffensives de « liberté de navigation » couplées à des survols par l’USAF, ne peut être interprétée que comme des provocations conduisant à une militarisation accrue.

    Le Pentagone n’a jamais été accusé d’être géopolitiquement avisé. Après tout, leurs planificateurs préfèrent – ou font semblant de – ne pas voir que la construction d’îles artificielles par la Chine, dans le long terme, a pour but de trouver suffisamment de pétrole et de gaz pour « éviter Malacca », il s’agit d’un élément central de la stratégie énergétique de Pékin. Pékin aimerait plutôt avoir assez d’énergie à la maison, dans la mer de Chine du Sud, que voir sa flotte de pétroliers à la merci de la marine américaine en traversant le détroit de Malacca non-stop.

    Personne ne sait comment la suppression, par les États-Unis, de l’embargo sur les ventes d’armes au Vietnam se traduira dans la pratique. En termes de coopération dans le Sud-Est asiatique, il pourrait être utile d’observer les actions de Singapour – cette plateforme pour le commerce des biens et des services, stationnée dans le détroit de Malacca à l’instar d’un porte-avions US. Singapour arrive à réaliser un superbe jeu d’équilibre entre Washington et Pékin. La Russie, en passant, est également officiellement neutre sur toutes les questions de la mer de Chine méridionale.

     

    Le Japon proteste contre les navires de guerre de Pékin s’approchant d’îles contestées dans la mer de Chine 

    La Chine est partenaire de l’écrasante majorité des pays de l’Asie du Sud-Est et du Nord-Est pour les négociations commerciales. Elle est un membre éminent du Sommet de l’Asie de l’Est. Avec le Partenariat régional économique global (RCEP), elle façonne sa propre réponse asiatique au Trans-Pacific Partnership (TPP), le projet favori de l’administration Obama.

    Pékin sait que le «réseau de sécurité de principe», proposé à Singapour par Ash Carter – le canard boiteux à la tête du Pentagone – n’a aucune chance de devenir un clone de l’OTAN en Asie du Sud-Est.
    Tout cela signifie que la notion d’une Chine « isolée » ne peut même plus être racontée comme une mauvaise blague lors des meeting laborieux du Council on Foreign Relations [think tank US].

    Et cela nous ramène à ce qui se passera après l’arbitrage de La Haye. Quelque chose de très asiatique ; Pékin et Manille se rasseyent et essaient de parvenir à un accord, sans jamais prendre la peine de se référer à la décision de justice de La Haye. La face sera sauvée des deux côtés. La Chine continuera à s’affairer à la recherche de tout ce qu’il y a de pétrole et de gaz.

    Et comptez sur le Pentagone pour poursuivre son ingérence.

    Pepe Escobar est l’auteur de Globalistan: How the Globalized World is Dissolving into Liquid War (Nimble Books, 2007), Red Zone Blues: a snapshot of Baghdad during the surge (Nimble Books, 2007), Obama does Globalistan (Nimble Books, 2009), Empire of Chaos (Nimble Books) et le petit dernier, 2030, traduit en français.

    Traduit et édité par jj  pour le Saker Francophone