• 28 Mai 2016

    Publié par El Diablo

    La fête 2016 de ROUGE-MIDI c'est le SAMEDI 4 JUIN chez les SCOP-TI (ex Fralib) à Gémenos (13)

    Le 4 juin : une fête au coeur de la mêlée

    Le 4 juin 2016 à SCOP-TI (tout un symbole) aura lieu la fête des 11 ans de Rouge Midi. 
    Evidemment cette année cette fête s’inscrit dans un contexte particulier. 
    Non seulement elle se déroulera entre deux journées d’action nationales, mais aussi en pleine montée du mouvement de grèves qui touche tout le pays et que les syndicats, CGT en tête, s’appliquent à développer.

    Ce gouvernement qui a 75% de l’opinion publique contre lui, qui a l’assemblée nationale contre lui et qui veut passer en force ne s’y est pas trompé qui tous les jours n’a pas de mots assez durs contre la première centrale syndicale du pays qui se serait « radicalisée » (pour un peu ils vont nous traiter de talibans comme l’avait fait UNILEVER pour les fralibs), une CGT qui pratiquerait le « chantage » parce qu’elle refuse la dictature du 49 3. Une parfaite inversion des rôles pour un gouvernement qui n’a plus de légitimité.

    La fête de Rouge Midi sera donc en plein au coeur de la mêlée.

     

    Aperçu de la journée :

    A partir de 10h:

    Stands d’entreprises en luttes et d’associations de solidarité.

    Stand librairie où on pourra, entre autres, commander le livre Fralibres

    Musique

    Apéro

    Restauration

    Espace enfants avec en particulier le groupe "les Crapules" ils ne seront surtout pas les oubliés de la fête, bien au contraire.

    Georges Ibrahim Abdallah étant notre président d’honneur, il sera bien évidemment au coeur de notre fête.

    Deux débats sont au programme :

    14h Comment être solidaire aujourd’hui du peuple palestinien ? Comment amplifier la campagne BDS quand le gouvernement veut la criminaliser ? Avec la participation d’associations de solidarité internationales

    16h Convergence des luttes et perspectives politiques . Avec des interventions de syndicalistes disant ce qu’ils attendent du politique au regard des enjeux de leur profession et de leur combat et les prises de paroles de Kamel BEN AZOUZ, (PCF 62 et vice-président de l’ANC) et Charles HOAREAU (Rouge Vif 13 et président de l’ANC).

    Bien sûr pour celles et ceux qui n’auraient pas encore pu le faire une visite de l’usine est prévue ainsi que pour toutes et tous une diffusion sur grand écran du 2e film de Claude Hirsh sur la lutte des FRALIB.

    Sur le plan musical deux concerts (et quels concerts !) sont prévus et nous y reviendrons.

    A noter qu’un covoiturage sera organisé pour se rendre à Gémenos.

    Bref nous vous attendons encore plus nombreuses et nombreux que l’an passé

    Un dernier élément et ce n’est pas qu’un détail, l’entrée est à prix libre à partir de 2€ : en ces temps de lutte où nos porte-monnaie sont soumis à rude épreuve cela nous semble important

     

    En attendant continuons à pousser au coeur de la mêlée, aidons aux blocages là où nous sommes, à la généralisation de la grève, à la mobilisation pour les manifestations et actions en cours, n’en déplaise à Valls, Macron et ce gouvernement de valets du capital qui ne connaissent rien au monde du travail...

    A ces jours-ci dans la rue, sur les piquets et au 4 juin à SCOP-TI !

     

    SOURCE:


  • 28 Mai 2016

    Publié par El Diablo

    Loi Travail : un NOUVEL ÉLAN avec plus de salarié-es, jeunes, privé-es d’emploi, retraités dans l’action [communiqué intersyndical]

    Communiqué CGT, FSU, FO, SOLIDAIRES, UNEF, UNL, FIDL

    La mobilisation contre le projet de loi travail s’amplifie et s’enracine durablement pour le retrait du projet de loi et l’obtention de nouveaux droits.

    La détermination des salarié-es, jeunes, privé-es d’emploi et retraité-es est sans faille, comme le démontrent le nombre de manifestants ce jour et le nombre d’initiatives dans les entreprises, les sites industriels, les zones commerciales.

    La violence des propos tenus par le gouvernement, le mépris à l’égard du mouvement social et son entêtement à ne pas retirer le projet de loi renforce cette détermination.

    Les organisations réaffirment les termes de leur courrier commun envoyé le 20 mai au Président Hollande dans lequel elles demandaient à être reçues. Alors que celui-ci dit faire du dialogue social sa méthode de gouvernement, les organisations attendent toujours la réponse à leur courrier.

    La mobilisation des salarié-es, jeunes et privé-es d’emploi est aujourd’hui majoritaire, l’opinion publique reste massivement défavorable au texte de loi et l’unité des organisations syndicales engagées, représentant du front large et résolu, reste intacte.

    Des milliers de nouveaux salarié-es d’entreprises des plus petites au plus grandes, de tous secteurs professionnels sont entrés dans la mobilisation. De nombreux secteurs professionnels restent engagés, souvent dans un mouvement de grève reconductible, comme dans les raffineries, les centrales nucléaires, les ports, les cheminots, la RATP, les transports, etc.

    Les organisations appellent à poursuivre et amplifier les mobilisations :

    - En multipliant et en soutenant les actions décidées par les salarié-es en assemblées générales, y compris reconductibles, dès ce soir.

    - En travaillant à des temps forts de convergence de luttes interprofessionnelles par la grève et les manifestations dans les prochains jours, sur tout le territoire et dans les professions.

    Chaque jour doit être un nouvel élan dans la mobilisation.

    - En déployant dès le début de la semaine prochaine la votation citoyenne décidée en intersyndicale dans les entreprises, les administrations et les lieux d’études.

    Cette votation sera remise au président de la République lors d’un nouveau temps fort dans la deuxième quinzaine de juin.

    -En créant les conditions de la réussite d’une puissante manifestation nationale le 14 juin à Paris,

    Elles se retrouveront de nouveau pour assurer l’organisation et la réussite des mobilisations et initiatives.

    Montreuil, le 26 mai 2016

    SOURCE:

     


  • 27/05/16

    Diana Johnstone: “Clinton est vraiment dangereuse”

     

    27 Mai 2016

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    Jusqu’où ira Hillary Clinton pour accéder à la Maison-Blanche et que pourrait-on attendre de son éventuelle présidence? Nous avons posé la question à Diana Johnstone. Dans son récent ouvrage Hillary Clinton, la reine du chaos, elle analyse le lien entre les ambitions de la candidate sans scrupule et la machine qui sous-tend l’empire américain. Du coup d’Etat au Honduras à la guerre en Libye en passant par l’instrumentalisation de la cause féministe, Diana Johnstone nous dévoile la face cachée de la candidate démocrate et nous met en garde sur le “Smart Power” cher à Clinton. Enfin, elle analyse pour nous le succès de Donald Trump et ce que son alternative représente vraiment.

    La course à la Maison-Blanche se fait au coude-à-coude. Hillary Clinton a-t-elle une chance de l’emporter ? Comment analysez-vous sa campagne jusqu’ici ?

    Elle a commencé sa campagne en grande favorite, mais ne cesse de baisser dans les sondages. Avec toute la machine du Parti démocrate à son service, un énorme trésor de guerre, et la certitude de gagner les premières primaires dans les Etats du Sud, Hillary Clinton avait une longueur d’avance qui rendait le rattrapage de son challenger imprévu Bernie Sanders quasi impossible. Pourtant, ce vieux sénateur peu connu, se qualifiant de « socialiste démocratique » dans un pays où le socialisme est largement considéré comme l’œuvre du diable, a suscité un enthousiasme extraordinaire, notamment parmi les jeunes. Quoi qu’il arrive, la campagne inattendue de Bernie a réussi à attirer l’attention sur les liens quasi organiques entre les Clinton et Wall Street, liens occultés par les grands médias. Pour la première fois, ceux-ci ont été efficacement contrecarrés par Internet qui fourmille de vidéos dénonçant la cupidité, les mensonges, la bellicosité de Mme Clinton.

    Par ailleurs, Hillary Clinton court le risque d’ennuis graves à cause de son utilisation illicite de son propre serveur email en tant que secrétaire d’Etat.

    Au cours des primaires, sa popularité a baissé tellement que le Parti démocrate doit commencer à être effrayé de nommer une candidate trainant tant de casseroles. Les derniers sondages montrent que l’impopularité de Hillary Clinton commence à dépasser l’impopularité de Trump. Pour beaucoup d’électeurs, il sera difficile de choisir « le moindre mal ».

     

    La campagne de Hillary Clinton aurait déjà coûté 89,6 millions de dollars. De quels personnages influents a-t-elle le soutien ? Peut-on deviner, à partir de là, quels intérêts Clinton pourrait défendre si elle devient présidente ?

     Celui qui se met le plus en avant est un milliardaire israélo-américain, Haim Saban, qui s’est vanté de donner « autant d’argent qu’il faut » pour assurer l’élection de Hillary. En retour, elle promet de renforcer le soutien à Israël dans tous les domaines, de combattre le mouvement BDS et de poursuivre une politique vigoureuse contre les ennemis d’Israël au Moyen-Orient, notamment le régime d’Assad et l’Iran. Le soutien financier considérable qu’elle reçoit de l’Arabie saoudite va dans le même sens. D’autre part, les honoraires faramineux reçus de la part de Goldman Sachs et d’autres géants de la finance laissent peu de doute sur l’orientation de sa politique intérieure.

     

    En devenant la première femme présidente des Etats-Unis, pensez-vous que Hillary Clinton ferait avancer la cause féministe ?

    Le fait d’être femme est le seul élément concret qui permet à Hillary de prétendre que sa candidature soit progressiste. L’idée est que si elle « brise le plafond de verre » en accédant à ce poste suprême, son exemple aidera d’autres femmes dans leur ambition d’avancer dans leurs carrières. Mais pour la masse des femmes qui travaillent pour de bas salaires, cela ne promet rien.

    Il faut placer cette prétention dans le contexte de la tactique de la gauche néolibéralisée de faire oublier son abandon des travailleurs, c’est-à-dire de la majorité, en faveur de l’avancement personnel des membres des minorités ou des femmes.   Il s’agit de la « politique identitaire » qui fait oublier la lutte des classes en se focalisant sur d’autres divisions sociétales. En d’autres termes, la politique identitaire signifie le déplacement du concept de l’égalité du domaine économique à celui de la subjectivité et des attitudes psychologiques.

     

    Dans votre livre, Hillary Clinton, la reine du Chaos, vous revenez sur la guerre du Kosovo. Hillary Clinton était la première Dame des Etats-Unis à l’époque. En quoi le bombardement de la Yougoslavie en 1999 a-t-il été un épisode marquant de son parcours politique ?

    Avec son amie Madeleine Albright, l’agressive ministre des Affaires étrangères de l’époque, Hillary poussait son mari Bill Clinton à bombarder la Yougoslavie en 1999. Cette guerre pour arracher le Kosovo à la Serbie fut le début des guerres supposées « humanitaires » visant à changer des régimes qui ne plaisent pas à Washington. Depuis, Hillary s’est fait la championne des « changements de régime », notamment en Libye et en Syrie.

    Dans mon livre, La Reine du Chaos, je souligne l’alliance perverse entre le complexe militaro-industriel américain et certaines femmes ambitieuses qui veulent montrer qu’elles peuvent faire tout ce que font les hommes, notamment la guerre. Un intérêt mutuel a réuni les militaristes qui veulent la guerre et des femmes qui veulent briser les plafonds de verre. Si les militaristes ont besoin de femmes pour rendre la guerre attrayante, certaines femmes très ambitieuses ont besoin de la guerre pour faire avancer leur carrière. Les personnalités les plus visiblement agressives et va-t’en guerre de l’administration Obama sont d’ailleurs des femmes : Hillary, Susan Rice, Samantha Power, Victoria Nuland…  C’est un signal au monde : pas de tendresse de ce côté-ci !

     

    On peut ajouter le Honduras au tableau de chasse de Hillary Clinton. Elle était fraîchement élue secrétaire d’Etat lorsqu’en 2009, l’armée a renversé le président Manuel Zelaya. Un avant-goût de la méthode Clinton ?

    Son rôle en facilitant le renversement par des militaires d’un président démocratiquement élu illustre à la fois ses méthodes et ses convictions. Ses méthodes sont hypocrites et rusées : elle feint une désapprobation du procédé tout en trouvant les moyens de l’imposer, contre l’ensemble de l’opinion internationale. Ses convictions, c’est clair, l’amènent à soutenir les éléments les plus réactionnaires dans un pays qui est le prototype de la république bananière : c’est le pays le plus dominé par le capital et par la présence militaire des Etats-Unis de toute l’Amérique latine, le plus pauvre après Haïti.   Zelaya aspirait à améliorer le sort des pauvres et des indigènes. Il osait même proposer de convertir une base militaire américaine en aéroport civil. A la trappe ! Et depuis, les opposants – par exemple la courageuse Bertha Caceres – sont régulièrement assassinés.

     

    Cette méthode porte un nom, le Smart Power. Pouvez-vous nous expliquer ce que c’est ?

    Dans le discours washingtonien, on distingue depuis longtemps le « hard power » (militaire) du « soft power » (économique, politique, idéologique, etc.). Hillary Clinton, qui se vante d’être très intelligente, a pris comme slogan le « Smart Power », le pouvoir malin, habile, qui ne signifie qu’une combinaison des deux. Bref, elle compte utiliser tous les moyens pour préserver et avancer l’hégémonie mondiale des Etats-Unis.

     

    Si le Smart Power aspire à combiner la méthode douce et la manière forte, cette dernière semble avoir la préférence de Clinton malgré tout !

    Oui, en tant que chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton a souvent montré une préférence pour la force contre l’utilisation de la diplomatie. On voit les mêmes tendances chez ses consœurs Madeleine Albright, Susan Rice ou Samantha Power. Surtout dans le cas de la Libye, Clinton a saboté les efforts de médiation des pays africains et même d’officiers supérieurs américains et du membre du Congrès Kucinich qui avaient pris contact avec les représentants de Gaddafi en quête d’un compromis pacifique. Elle s’opposait aussi aux négociations avec l’Iran. Et elle est prête à risquer la guerre avec la Russie pour chasser Assad, ce qui s’accorde avec son hostilité affichée envers Poutine.

     

    Les années Bush et la brutalité des néoconservateurs ont frappé les esprits, mais le Smart Power de Clinton semble tout aussi dangereux, non ?

    Tout à fait, cette femme est très dangereuse. Alors que les Etats-Unis s’apprêtent à renouveler leur arsenal nucléaire, alors qu’ils mènent une campagne de propagande haineuse antirusse qui dépasse celle de la guerre froide, alors qu’ils obligent leurs alliés européens à acheter une quantité énorme d’avions de guerre made in USA tout en poussant l’Otan à concentrer les forces militaires le long des frontières russes, la présidence de Mme Hillary Clinton représenterait un péril sans précédent pour le monde entier.

     

    Vous pointez dans votre ouvrage tout le poids du complexe militaro-industriel dans la politique étrangère des Etats-Unis. Finalement, la personne qui occupe le bureau ovale a-t-elle une marge de manœuvre ?

    La base matérielle de la politique guerrière des Etats-Unis, c’est ce complexe militaro-industriel (MIC), né au début de la guerre froide, contre la dangerosité duquel le président Eisenhower lui-même a averti le public en 1961. Il a fini par dominer la vie économique et politique du pays. Les intellectuels organiques de ce complexe, logés dans les think tanks et les rédactions des grands journaux, ne cessent de découvrir, ou plutôt d’inventer, les « menaces » et les « missions humanitaires » pour justifier l’existence de ce monstre qui consomme les richesses du pays et menace le monde entier.   Les présidents passent, le MIC reste. Depuis l’effondrement de l’Union soviétique, le « Parti de la Guerre » se sent tout-puissant et devient plus agressif que jamais. Hillary Clinton a tout fait pour devenir leur candidate préférée.

     

    Comment construire dès lors une alternative à ce Parti de la Guerre ?

    C’est la grande question à laquelle je ne saurais répondre. Par ailleurs, il n’existe pas de formule pour de tels bouleversements, qui dépendent d’une diversité de facteurs, souvent imprévisibles. La candidature tellement décriée de Trump pourrait en être un, car le vieil isolationnisme de droite est certainement un des éléments qui pourrait contribuer à détourner Washington de son cours vers le désastre. Qu’on le veuille ou non, il faut reconnaître que « la gauche » est trop impliquée dans la farce des « guerres humanitaires » pour être la source du revirement. Il faut une prise de conscience qui dépasse les divisions de classes et d’étiquettes politiques. La situation est grave, et tout le monde est concerné.

     

    Trump se demande en effet pourquoi les Etats-Unis devraient jouer au gendarme dans le monde entier, plaide pour des relations plus constructives avec la Russie et interroge l’utilité de l’Otan. Il est même opposé au TTIP ! Mais son protectionnisme conservateur ne pourrait-il pas conduire à d’autres guerres de grande ampleur ? N’y a-t-il pas d’autre espoir ?

     Il est difficile de qualifier un personnage tel que Trump comme « espoir », mais il faut le situer dans le contexte politique américain. En Europe, et notamment en France, on persiste à prendre le spectacle des élections présidentielles américaines comme une évidence de la nature « démocratique » du pays. Mais tous ces spectacles, avec leurs conflits et leurs drames, tendent à obscurcir le fait central : la dictature de deux partis, tous les deux dominés par le complexe militaro-industriel et son idéologie d’hégémonie mondiale. Ces deux partis sont protégés de concurrence sérieuse par les règles particulières à chacun des cinquante Etats qui rendent quasiment impossible la présence d’un candidat tiers.   L’exploit de Trump est d’avoir réussi à envahir et d’accaparer l’un de ces deux partis, le Parti républicain, qui se trouvait dans un état de dégradation intellectuelle, politique et morale extrême. Il l’a accompli par une sorte de démagogie très américaine, perfectionnée pendant sa prestation en tant que vedette d’un programme de « télé-réalité ». C’est une démagogie empruntée au show-business plutôt qu’au fascisme. On ravit l’auditoire en étant choquant.

    L’invasion du jeu électoral par cet amuseur de foules est très significative de la dépolitisation du pays – tout comme la réussite plus modeste de Bernie Sanders montre le désir d’une minorité éclairée progressiste de réintroduire le politique dans le spectacle.

    Le Parti démocrate, tout corrompu qu’il soit, garde vraisemblablement assez de vigueur pour marginaliser l’intrus. Il a une ligne politique claire, représentée par Hillary Clinton : néolibéralisme et hégémonie mondiale sous couvert des droits de l’homme. Il fera tout pour bloquer Sanders.   Mais on peut toujours espérer que le mouvement inspiré par sa candidature contribuera à un renouveau durable de la gauche.

    A court terme, il reste Trump, ancien démocrate plus ou moins, malhonnête comme l’est forcément un homme d’affaires qui a réussi dans l’industrie de la construction, égoïste, comédien, dont on ne sait pas trop à quoi s’attendre. Seulement, il peut difficilement être pire que Hillary, ne serait-ce que parce qu’il casse le jeu actuel qui mène directement à la confrontation avec la Russie.   En tant que présidente, Hillary se trouverait bien chez elle à Washington entourée de néocons et d’interventionnistes de tout poil prêts à s’embarquer ensemble dans des guerres sans fin. Lui par contre se trouverait dans un Washington hostile et consterné. Ce serait une version originale du « chaos créateur » cher aux interventionnistes.

    L’idée que « le protectionnisme mène à la guerre » fait partie de la doctrine du libéralisme. En réalité, nous sommes déjà en pleine guerre, et un peu de retrait chez soi de la part des Américains pourrait calmer les choses. Que ce soit Trump ou Sanders, un certain « protectionnisme » à l’égard des produits chinois serait nécessaire pour faire redémarrer l’industrie américaine et créer des postes de travail. Mais il est impossible aujourd’hui de pratiquer le « protectionnisme » des années 1930. La peur du « protectionnisme » mène à la politique néolibérale actuelle de l’Union européenne qui détruit toutes les protections des travailleurs.

    Au lieu de craindre Trump, l’Europe ferait mieux de le regarder comme un révélateur. Face à cette Amérique, les Européens doivent retrouver la vieille habitude de formuler leurs propres objectifs, au lieu de suivre aveuglément une direction politique américaine profondément hypocrite, belliqueuse et en pleine confusion. Le bon protectionnisme serait que les Européens apprennent à se protéger de leur grand frère transatlantique.

     

    Source: Investig’Action

     

    Voir Diana Johnstone, Hillary Clinton. La reine du chaos, Editions Delga, 2015

    couv-Hillary-Clinton1-567x850 Diana Johnstone analyse le lien entre les ambitions d’une politicienne sans scrupule, Hillary Clinton, et la machine qui sous-tend “l’empire américain” : le complexe militaro-industriel, les médias, le lobby pro-israélien, et les intellectuels qui orientent le discours sur les droits de l’homme, le multiculturalisme ou les droits de minorités en faveur de la guerre perpétuelle.

    Passant en revue les conflits au Honduras, au Rwanda, en Libye, Bosnie, Kosovo, Irak, Syrie et Ukraine, Diana Johnstone illustre une caractéristique de l’empire américain qui diffère des empires passés : une volonté de destruction d’ennemis potentiels plutôt que d’occupation et d’exploitation.

    En se faisant la porte-parole de “gauche” de l’offensive actuelle contre la Russie, avec le risque de guerre nucléaire qu’elle entraîne, Hillary Clinton renforce un des principaux dangers qui menacent l’humanité aujourd’hui.

     
    Posté par Jocegaly à -

  • Nouvel article sur Gazette Debout

    La vidéo du photographe blessé à Vincennes pendant la manif du 26 mai.

    by Gazette Debout
    Porte de Vincennes. Photo DR - Eric Nuit Debout

    Porte de Vincennes. Photo DR - Eric Nuit Debout

    VIDEO - Sam Smith, un périscopeur de Nuit Debout, a filmé la manifestation du 26 mai contre la loi El Khomri, au cours de laquelle un confrère photographe a été grièvement blessé.

    Une vidéo à retrouver sur You Tube.

    Vous pouvez retrouvez le récit de l'évènement dans Le Monde. 

    GAZETTE DEBOUT

     


  • 28/05/16

    Poutine est poussé à abandonner son approche conciliante envers l’Occident et à se préparer à la guerre

     

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    Par Alastair Crooke – Le 17 mai 2016 –

    Quelque chose d’important s’est passé au cours des derniers jours d’avril, mais il semble que la seule personne à l’avoir remarqué soit Stephen Cohen, professeur émérite d’études russes à l’Université de New York et à l’Université de Princeton.

    Dans une interview enregistrée, Cohen fait remarquer qu’une partie de la direction russe montre des signes d’agitation face à certaines décisions du président Vladimir Poutine. Nous ne parlons pas des manifestants de rue. Nous ne parlons pas de coups d’État contre Poutine – sa popularité reste au-dessus de 80 % et il n’est pas sur le point d’être destitué. Mais nous parlons de pressions sérieuses exercées sur le président, pour qu’il descende de la corde d’équilibriste qu’il a prudemment arpentée jusqu’à présent.

    Poutine porte,

    • à une extrémité de son balancier, les diverses élites orientées vers l’Occident et le Consensus de Washington et,
    • à l’autre extrémité, les personnes inquiètes du fait que la Russie doit faire face à la fois à une véritable menace militaire de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord et à une guerre hybride géo-financière.

    Poutine est poussé à pencher de ce côté du balancier, et à retirer des mains des occidentalistes, le pouvoir économique qu’ils détiennent toujours étroitement.

    En bref, la question qui chiffonne le Kremlin est de savoir si la Russie est suffisamment prête à contrer les efforts des Occidentaux, pour qu’elle ne gêne ou ne menace pas l’hégémonie américaine.

    • La Russie peut elle soutenir une agression géo-financière, si celle-ci devait être lancée ?
    • Une telle menace est-elle réelle ou simplement une posture occidentale pour impressionner ?

    L’important vient du fait que si ces événements sont mal interprétés en Occident, qui a déjà tendance à voir tout acte défensif russe comme offensif et agressif, les conditions sont prêtes pour l’escalade. Nous avons déjà eu une première guerre pour repousser l’OTAN en Géorgie. La seconde guerre est en cours en Ukraine. Quelles pourraient être les conséquences d’une troisième guerre ?

    À la mi-avril, le général Alexandre Bastrykine, le chef du Comité d’enquête de la Russie (une sorte de super procureur général, comme Cohen le décrit), a écrit que

    • la Russie – malgré son rôle en Syrie – est militairement mal préparée à faire face à une nouvelle guerre, que ce soit dans le pays ou à l’étranger,
    • et qu’en plus, l’économie est dans une mauvaise passe.
    • La Russie est également mal préparée à résister à une guerre géo-financière.

    Il a poursuivi en disant que l’Occident se préparait à une guerre contre la Russie, et que les dirigeants russes ne semblent pas être au courant ou alertés du danger auquel le pays est confronté.

    Bastrykine ne dit pas expressément que Poutine est à blâmer, même si le contexte rend clair que c’est ce qu’il veut dire. Mais quelques jours plus tard, explique Cohen, l’article a suscité une discussion plus approfondie entre ceux qui approuvent Bastrykine et vont mentionner Poutine par son nom. Puis, Cohen note, un général russe à la retraite est entré dans la mêlée pour confirmer que l’Occident se prépare en effet à la guerre – il a souligné les déploiements de l’OTAN dans les pays baltes, la mer Noire et la Pologne, entre autres – et relevé à nouveau l’impréparation militaire de la Russie pour faire face à cette menace. «C’est un acte d’accusation grave contre Poutine, dit Cohen au sujet des révélations de cette analyse. Et c’est maintenant fait devant tout le monde»

    Qu’est-ce que tout cela veut dire? Depuis quelque temps, il y a des indications montrant qu’une faction clé au sein du Kremlin, qu’on pourrait très librement appeler nationaliste, est devenue profondément déçue par la tolérance de Poutine envers le Consensus de Washington et ses partisans à la Banque centrale de Russie et à d’autres postes économiques importants. Les nationalistes demandent qu’ils en soient évincés, avec le Premier ministre Dimitri Medvedev, perçu comme favorable à l’Occident. Poutine peut être très populaire, mais le gouvernement de Medvedev ne l’est pas. La politique économique du gouvernement est critiquée. La faction adverse veut voir une mobilisation immédiate de l’armée et de l’économie pour la guerre, conventionnelle ou hybride. Ils ne veulent pas évincer Poutine; ils veulent seulement le pousser à manier le couteau – et à couper en profondeur.

    Que veut cette faction en dehors du fait que la Russie doit se préparer la guerre ? Ils veulent une ligne plus dure en Ukraine et demandent à Poutine de refuser les pièges tendus par le secrétaire d’État américain John Kerry en Syrie. Car Kerry est encore en train de pousser au retrait d’Assad et continue de faire pression pour un soutien supplémentaire des États-Unis à l’opposition. Le gouvernement américain continue aussi à vouloir trouver des modérés chez les djihadistes. Le point de vue des nationalistes est que l’Amérique n’est pas sincère dans sa coopération avec la Russie pour un règlement du conflit et a surtout comme objectif de piéger Poutine en Syrie. Peut-être est ce exact, comme Gareth Porter et Elijah Magnier l’ont décrit.

    Ce que cela signifie à un niveau fondamental, est que Poutine est poussé à prendre parti pour les nationalistes et à contrer les internationalistes alignés sur le Consensus de Washington, en les retirant du pouvoir. Rappelons, cependant, que Poutine est arrivé au pouvoir précisément pour tempérer cette polarité au sein de la société russe, en se positionnant au-dessus pour guérir et reconstruire une société multiple, récupérant des profondes divisions et crises qu’elle subissait depuis la chute du l’URSS. Il lui est demandé de renoncer à cet équilibre, car, lui dit-on, la Russie est menacée par un Occident qui se prépare à la guerre.

    La perspective de inéluctabilité apparente d’un conflit n’a rien de nouveau pour Poutine, qui a souvent parlé sur ce sujet. Il a, cependant, décidé de réagir en mettant l’accent sur le gain de temps permettant à la Russie de se renforcer et en essayant de coincer l’Occident dans une sorte de coopération ou de partenariat sur un règlement politique en Syrie, par exemple, qui aurait pu dévier la dynamique de guerre pour prendre un aspect plus positif. Poutine a, en même temps, habilement amené quelques Européens à fuir l’escalade de l’OTAN.

    Mais face à ces deux objectifs, l’administration Obama fait tout pour affaiblir Poutine et Lavrov, et renforcer ainsi la main de ceux qui, en Russie, appellent à une mobilisation générale pour préparer la guerre. Ce n’est pas une coïncidence si l’article alarmiste de Bastrykine arrive maintenant, alors que le cessez-le-feu en Syrie est délibérément violé. Est-ce bien compris à la Maison Blanche? Si oui, faut-il conclure que l’escalade contre la Russie est souhaitée? Comme le fait remarquer Cohen, «le Washington Post [dans ses pages éditoriales] nous dit régulièrement que jamais, jamais, jamais […] en aucune circonstance, un criminel tel que Poutine ne peut être un partenaire stratégique des États-Unis».

    Est-ce que le sort en est déjà jeté? Est-ce que Poutine est voué à l’échec? Le conflit est il inévitable? En surface, cela peut paraître le cas. Le cadre est certainement déjà en place. J’ai écrit, il y a quelque temps, à propos du «pivot déjà en place à l’intérieur de la propre administration Obama, dans les départements de la Défense et du Renseignement» pour appliquer ce qui est souvent appelé la doctrine Wolfowitz, un ensemble de politiques élaborées par les États-Unis dans les années 1990 et au début des années 2000. L’auteur d’une de ces politiques, dans le Guide de planification pour la Défense des États-Unis de 1992, a écrit que ce guide, en substance, cherche à:

    Empêcher l’émergence de la bipolarité, d’un autre rival mondial comme au temps de la guerre froide, ou l’émergence de la multipolarité, un monde avec de nombreuses grandes puissances, comme cela existait avant les deux guerres mondiales. Pour ce faire, le truc est d’empêcher une puissance hostile de dominer une zone critique, définie comme ayant les ressources, les capacités industrielles et la population qui, une fois contrôlées par une puissance hostile, pourraient poser un défi mondial.

    Dans une interview avec Vox, le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, a confirmé que cette doctrine dirigeait encore largement le Pentagone. Et puis il y a le fait assez évident qu’au lieu du pivot militaire tant vanté des États-Unis vers l’Asie, le pivot réel est celui de l’OTAN, dirigé vers l’Europe centrale, aux frontières de la Russie. Et l’OTAN est, a la vue de tout le monde, en train de pousser aussi fort qu’elle le peut les frontières de la Russie.

    Puis il y a la rhétorique, celle de l’agression russe. Celles des ambitions russes pour récupérer l’ancien Empire soviétique. Celles des tentatives russes pour diviser et détruire l’Europe. Etc.

    Pourquoi? Il se peut que l’OTAN suppose tout simplement que ces exercices d’encerclement n’aboutiront jamais à une guerre, que la Russie ne va faire que reculer. Que piquer l’ours sans arrêt servira l’intérêt des États-Unis à garder une Europe unie et une raison de vivre à l’OTAN, avec des sanctions en place, pour isoler la Russie. L’OTAN doit se réunir à Varsovie au début de juillet. Peut-être, alors, la rhétorique occidentale à propos de l’agression Russe n’est-elle qu’une stratégie étasunienne pour contrer toute révolte européenne envers les sanctions en agitant une pseudo-menace russe ; que les Russes interprètent mal les véritables intentions américaines, qui ne franchiront pas les limites de la rhétorique.

    Ou les franchiront-ils quand même?

    L’amertume et autres réactions émotionnelles avec lesquelles l’establishment américain a réagi à la nomination probable de Donald Trump comme candidat à la présidence, suggère que l’establishment étasunien est loin d’avoir renoncé à la doctrine Wolfowitz.

    • En d’autres termes, est-il vrai que la politique de coopération a échoué et que Poutine doit maintenant aller au-delà, parce que l’Amérique ne veut pas coopérer et, au contraire, continue sa politique de harcèlement de la Russie?
    • Alors la stratégie de Poutine de tenter de coopter l’Amérique au Moyen-Orient est-elle vraiment l’échec que la faction Bastrykine estime?

    Comme le journal Texas Tribune l’a rapporté le 4 mai dernier, «Pour la première fois depuis sa présidence, George H.W. Bush envisage de rester silencieux au sujet de la course pour le Bureau ovale – et son fils, l’ancien président Bush, envisage de rester silencieux lui aussi.»

    Pour avoir une idée de la guerre au sein du Parti républicain (les démocrates ne sont pas moins en conflit), lisez les réactions à cette histoire par le candidat présidentiel républicain Pat Buchanan, deux fois candidat déçu. En voici une petite sélection:

    Le triomphe de Trump exprime un rejet radical du républicanisme bushien par le même parti qui les a nommés quatre fois à la présidence. Non seulement le fils et frère, Jeb Bush, a été humilié et chassé de la course dès le début, mais Trump a remporté sa nomination en dénonçant comme pourris jusqu’à la moelle les fruits récoltés de la politiques des Bush […] C’est une sévère mis en accusation de l’héritage Bush. Et l’électorat républicain, avec le plus grand taux de participation de l’histoire des primaires, acquiesça en disant : «Amen à tout cela, frère!»

    Buchanan continue, dans une autre déclaration :

    «L’hubris ici est étonnant. Un establishment républicain ayant été battu aussi totalement que Carthage dans la troisième guerre punique, est en train de vouloir poser ses conditions à Scipion l’Africain et aux victorieux romains»

    – une référence aux tentatives de Paul Ryan pour que Trump adhère au républicanisme des Bush. «C’est difficile à avaler.»

    Mais ici, dans cette crise, se cache une opportunité. Il se pourrait bien que l’Amérique se dirige vers une récession, les bénéfices des entreprises sont en baisse, d’énormes pans de la dette sont suspects, le commerce mondial est en train de couler et les outils de la politique américaine pour contrôler le système financier mondial ont perdu leur crédibilité. Et il n’y a pas de solution facile à un excédent global de dette de plus en plus pourries.

    Mais un Trump président – si cela devait se produire – pourrait rejeter la faute de toute tempête économique sur l’establishment. L’Amérique est complètement ligotée à l’heure actuelle, comme la bataille de la nomination aux présidentielles l’a clairement montré. Certains nœuds vont être difficile à défaire, mais d’autres pourraient être plus faciles, et il semble que Trump comprend bien cela. Il pourrait commencer par une initiative diplomatique fracassante.

    Historiquement, la plupart des projets radicaux de réforme ont commencé de cette manière: retirer un élément clé de la pensée conventionnelle, qui déboulonnera l’ensemble de la machine politique – l’élan acquis permettant au réformateur de renverser les résistances les plus ardues – dans notre cas, Wall Street et l’oligarchie financière – en faisant des réformes.

    Trump peut tout simplement dire que les intérêts de sécurité nationale de l’Amérique, et de l’Europe, passent directement par la Russie – ce qui est clairement le cas –, que la Russie ne menace pas l’Amérique – ce qui est manifestement le cas –, et que l’OTAN est, a tous points de vue, obsolète, comme il l’a déjà dit. Il est parfaitement logique de coopérer avec la Russie et ses alliés pour encercler et détruire l’État soi-disant islamique.

    Si on écoute attentivement, Trump semble être à mi-chemin d’une telle initiative. Il pourrait couper beaucoup de nœuds, peut-être même dénouer l’impasse politique. Est ce qu’il prévoit de le faire?

    Alastair Crooke

    Traduit par Wayan, relu par nadine pour le Saker Francophone

     
    Posté par Jocegaly à -