Ségolène Royal en campagne à Belfort
Les suppressions de postes dans l’Éducation, le maintien de l’emploi industriel, le dynamisme des quartiers : autant de thèmes abordés hier par Ségolène Royal, en visite dans le Territoire de Belfort.
Après l’Université d’été du PS à La Rochelle, après la sortie de Martine Aubry à Marseille sur l’insécurité, la campagne pour les primaires au sein du PS est bel et bien lancée.
Dans ce cadre, hier, Ségolène Royal a été accueillie par Anne-Marie Forcinal à Fontaine, où une cinquantaine de personnes sont venues à sa rencontre.
La candidate à la candidature à l’élection présidentielle s’est intéressée au sort du regroupement pédagogique intercommunal de Fontaine, qui risque de perdre une classe à la prochaine rentrée.
« Pour quatre élèves seulement, précise Miltiade Constantakatos, maire de Frais. Le dernier bastion de la République dans nos communes va tomber pour un demi-élève par classe. »
Un sujet repris au vol par Ségolène Royal, qui a décidé de faire de l’éducation, un de ses thèmes de campagne. « La première mesure que je prendrai dans ce domaine si je suis élue, c’est rétablir l’année de formation des enseignants, lance-t-elle.
Il faut aussi lutter contre toutes les formes de violence à l’école et remettre la dignité du métier d’enseignant, au cœur de la société française. »
Deuxième étape de la visite, le Techn’Hom à Belfort, avec Christian Proust. Là, Ségolène Royal s’est réjouie de l’initiative des créateurs de L’Usine, un espace de travail coopératif qui regroupe « une nouvelle génération d’entrepreneurs ».
Pendant ce temps, devant le siège de Territoire Habitat, Yves Ackermann n’était pas le seul à attendre la candidate à la primaire du PS. Une délégation de la CGT s’est invitée dans l’emploi du temps déjà bien rempli de Ségolène Royal.
« On aurait aimé que vous veniez à la rencontre des salariés qui risquent de perdre leur emploi, lui a lancé Jacques Rambur, secrétaire de la CGT d’Alstom Power Systems.
L’entreprise a profité de 66 millions d’euros d’exonérations de charges, mais s’était engagée en échange à maintenir son activité pendant trois ans. Six mois plus tard, elle annonçait un plan de suppression d’emplois dans lequel Belfort perdrait une centaine de postes. »
Ségolène Royal saisit la perche qui lui est tendue : « Je suis pour la politique du donnant donnant. Les aides aux entreprises doivent être conditionnées au maintien de l’emploi, sans délocalisation. Sinon, les entreprises doivent rembourser. »
La candidate au sein du PS signe la pétition remise par la CGT, la fait passer aux élus locaux présents. Et elle s’engage : « Je vais parler de votre situation. Ce mercredi, je suis au Grand Journal de Canal +. Venez avec moi ! »
Venue « rencontrer les Français », et non pas se prêter « au jeu des petites phrases » malgré les sollicitations des médias, Ségolène Royal a achevé sa visite par un petit tour dans le quartier des Glacis.
Tout sourire, disponible pour les enfants qui la sollicitaient, elle en a profité pour évoquer un autre thème qui lui est cher : le « potentiel et le dynamisme » des jeunes des quartiers.
« S’ils se prennent en main, ils représentent une chance pour le développement de la France », estime la candidate. « Mais il faut bien travailler à l’école, c’est important », a-t-elle glissé à Bilel, Ryan et leurs copains, qui venaient de lui offrir des fleurs. Des roses, bien sûr.
Ségolène Royal rencontre des salariés CGT d'Alstom à Belfort
Une vingtaine de militants CGT se sont invités mardi à la visite de terrain de Ségolène Royal dans le Territoire-de-Belfort pour alerter la candidate à la primaire socialiste et son parti sur la réduction des activités d'Alstom à Belfort.
Le secrétaire général CGT d'Alstom Belfort, Jacques Rambur, a affirmé que l'agrément fiscal obtenu lors de la fusion d'Alstom Power Turbomachines (APT) et d'Alstom Power Systems (APS) était subordonné au maintien de l'activité du groupe.
"Or Alstom réduit ses activités sur le site de Belfort", a déclaré M. Rambur devant la presse. Il demande à l'opposition PS d'intervenir à l'assemblée pour "obliger l'Etat et Alstom à tenir leurs engagements".
"C'est donnant-donnant, si les entreprises reçoivent des aides de l'Etat, elles doivent rendre des comptes, s'engager à maintenir l'emploi et à ne pas délocaliser. Sinon, elles remboursent", a répondu Mme Royal, qui n'avait pas prévu de rencontrer les salariés de l'entreprise.
Ségolène Royal a expliqué aux salariés qu'elle avait demandé à visiter l'usine, sans obtenir de réponse positive. Elle a toutefois invité deux représentants de la CGT à assister à son intervention programmée mercredi soir sur Canal +, a fait savoir l'entourage de la candidate socialiste.
La branche énergie du groupe a programmé d'arrêter la production à Belfort de deux composants de centrales nucléaires, dont l'un (ailettes de rotors de turbines), serait délocalisé. La fabrication de turbines vapeur occupait 439 personnes et la production d'alternateurs 387 personnes, selon le syndicat.
La candidate à la primaire socialiste était dans le Territoire-de-Belfort pour évoquer les questions d'éducation.
Pauvreté et précarité : c'est l'heure du bilan!
Rayées du site web de l'UMP, les promesses du candidat Sarkozy sont restées en mémoire de Juan. Il dresse le bilan calamiteux du quinquennat dans ce domaine essentiel au moral du pays profond.
Il s'abritera derrière les effets de la crise, qui l'aurait empêché de ramener le pays vers le plein emploi. Il se félicitera quand même d'avoir su protéger les Français pendant cette période tourmentée. Bref, Nicolas Sarkozy nous mentira.
La précarité, sous son quinquennat, a fortement progressé, et ses efforts pour contrer cette dégradation de la situation du plus grand nombre ont été incroyablement modestes eu égard à la gravité de la situation.
Les belles promesses...
En 2007, pendant sa première campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy promettait de « vraiment réduire la pauvreté, l’exclusion et la précarité» grâce au retour du «plein emploi ».
Il ajoutait, dans son catalogue de promesses (retirés du Web par l'UMP l'an dernier): «Comme souvent en France, en matière de chômage ou en matière de minima sociaux, on indemnise chichement, mais longtemps. Alors qu’il faudrait indemniser fortement, mais brièvement pour que chacun soit incité à reprendre rapidement un emploi.»
Autre promesse, liée à la précédente, la réduction d'un tiers en cinq ans le nombre de personnes en situation de pauvreté. L'horizon des cinq ans sera franchi sous peu, dans quelques mois. Et le bilan est détestable.
1. Radier plus vite
En mars 2008, le Président des Riches présentait le dispositif de l'offre raisonnable d'emploi, une mesure promulguée en août 2008 et qui entra en vigueur 6 mois plus tard, en octobre, au plus fort de la crise. Après deux refus d'offre d'emploi dit « raisonnable», le chômeur perdait pendant deux mois son indemnisation.
En 2007, le candidat avait aussi promis que «que l’allocation chômage ne puisse pas être inférieure au salaire minimum, mais que nul ne puisse refuser plus de trois offres d’emploi correspondant à ses compétences».
2. Radier plus fort
Quatre ans plus tard, la seule promesse tenue fut la radiation temporaire des demandeurs d'emplois en cas de refus d'offre.
Et encore, le gouvernement avait quand même durci le dispositif par rapport à la proposition initiale du candidat (qui ne parlait que de trois offres « refusables », et non deux comme finalement retenu par son équipe). A l'automne 2007, on s'inquiétait déjà.
Début juillet, le site Actuchômage avait révélé que Pôle Emploi avait dans ses projets de faciliter la radiation par courrier électronique. L'organisme incitait quelque 1,5 million d'allocataires de recourir exclusivementaux services proposés dans l'« espace personnel » de pole-emploi.frafin de «contribuer au développement durable en limitant les envois de courriers papier».
Chaque mois, entre 200 et 300.000 inscrits sont radiés des statistiques de pôle emploi pour « défaut d'actualisation» ou « radiations administratives» (227.000 en juillet dernier).
Un chargé de communication de Pôle Emploi a expliqué à Rue89 que «les demandeurs (...) peuvent revenir sur cette décision d'un simple coup de fil » et «par courrier, non seulement ça prend plus de temps, mais en plus, on entend très souvent les demandeurs nous expliquer qu'ils n'ont pas reçu le pli. »
3. Indemniser au minimum
Côté indemnité minimum, on est bien loin du SMIC (qui par ailleurs n'a pas été augmenté l'été dernier): le montant minimum de l'Allocation d'aide au retour à l'Emploi est de à 27,66 € (juillet 2011), voire de 19,82 € par jour pour les demandeurs d'emploi qui suivent une formation.
4. Surcharger Pôle emploi
Fin 2008, le gouvernement précipitait la fusion de l'ANPE et des ASSEDIC, décidée en février, sans prévoir de renforts supplémentaires. En un semestre, le nombre d'inscrits à Pôle Emploi progressait pourtant de plus de 500.000 personnes.
Un rapport sénatorial de juillet dernier a déjà dénoncé la faiblesse des moyens accordés à l'organisme à sa création: «pendant les deux années qui ont suivi sa création, Pôle emploi a dû faire face à une augmentation d'environ 730 000 du nombre de demandeurs d'emploi inscrits en catégorie A, B et C soit une augmentation de plus de 20 % par rapport au nombre de demandeurs d'emploi recensés en janvier 2009.
Les effectifs de Pôle emploi ont augmenté en 2009 mais de manière modeste au regard de la hausse du nombre de demandeurs d'emploi. A partir de l'été, 1 840 agents supplémentaires ont été recrutés, 1 000 en CDI et 840 en CDD. »
5. L'unique initiative de Sarkozy
Cessons de réécrire l'histoire. Au plus fort de la crise, la seule mesure protectrice dont Nicolas Sarkozy a eu l'initiative vis-à-vis des centaines de milliers de chômeurs supplémentaires fut de reporter d'un an la suppression de la dispense de recherche d'emploi des seniors de plus de 58 ans, une mesure qu'il avait lui-même décidée pour janvier 2009.
Quel effort !
6. Libéralisme contrarié
La crise avait bloqué la tentative de « réforme », c'est-à-dire de casse sociale, promise par le candidat Sarkozy. La rupture tant attendue par quelques libéraux n'a pu avoir lieu.
Il fallu attendrele printemps 2009, et d'immenses manifestations, pour Sarkozy lâche quelques abandons d'impôts et deux primes ponctuelles et symboliques (l'une de 150 euros au titre de l’allocation de rentrée scolaire (ARS) et l'autre de 200 euros, dite « prime de solidarité active », au titre du revenu minimum d’insertion (RMI), de l’allocation parent isolé (API) ou d’une aide au logement).
Figé par la crise dès l'automne 2008, Sarkozy n'a pu que s'accrocher à préserver les plus fortunés des efforts les plus rudes.
Malgré tout, l'Elysée maintient sa défense. Sarkozy aurait « protéger ceux qui sont les plus fragilisés par la crise» et permis de «bâtir une France plus juste». L'INSEE explique sobrement que « des mesures ponctuelles et la montée en charge progressive du revenu de solidarité active ont permis de limiter les effets de la crise ».
Et le bilan ? Funeste !
Un an de crise plus tard, les effets de la crise et de l'inaction gouvernementale se faisaient sentir. L'INSEE vient de publier sa dernière évaluation des «Niveaux de vie», qui porte effectivement sur l'année 2009. Les résultats sont, sans surprise, mauvais.
1. La pauvreté s'est aggravée
En 2009, elle a battu tous les records depuis 2006 : le nombre de personnes pauvres en France a bondi de 337.000 en un an, pour atteindre 8,173 millions en 2009, contre 7,836 millions l'année précédente (et 8,0 millions en 2007). Leur proportion est également en hausse: 13,4% de la population en 2007; 13,0% en 2008; 13,5% en 2009.
Le seuil de pauvreté est défini, pour 2009, à moins 954 euros par mois. Rappelons que le RSA est plafonné à 455 euros par mois pour une personne seule.
2. Le niveau de vie médian a quasiment stagné en 2009: à 19 080 euros annuels, il a cru de +0,4% par rapport à 2008, après une hausse de 1,4% l'année précédente.
3. Davantage d'actifs (chômeurs inclus) sont devenus pauvres. Triste constat pour le chantre du Travailler plus pour gagner plus ! 10,1% des actifs de plus de 18 ans, soit 2,8 millions de personnes, contre 9,5% en 2007. En particulier, les travailleurs pauvres non-salariés ont davantage été touchés par la hausse de la pauvreté : «leur taux de pauvreté passe de 15,3 % à 16,9 % entre 2008 et 2009».
4. Davantage d'étudiants ont été précarisés. Parmi les inactifs de plus de 18 ans, la proportions d'étudiants pauvres a bondi de 18,1% à 20,3% en 2009 (soit une augmentation de 12%)
5. Le « Président protecteur » a été inefficace pour les ménages les plus modestes. Ils se sont appauvris: « le niveau de vie des 10 % des personnes les plus modestes est inférieur à 10 410 euros annuels (D1), en baisse de 1,1 % par rapport à 2008». Pour ce dernier décile, les allocations chômage représentent 7,5 % de leur revenu disponible en 2009 contre 6,2 % en 2008.
6. Les inégalités se sont accrues. L'écart entre seuils de pauvreté et de richesse s'est accru. Présidence pour Riches ?
7. L'inflation reste mal mesurée.Pour preuve, alors que le prix des matières premières (et donc des biens de premières nécessité) ou de l'énergie (vitale) ont flambé, l'inflation officielle, qui sert de baromètre honteux à la non-indexation des minima sociaux ou du SMIC reste excessivement modeste.
Le directeur des études de la fondation Abbé Pierre s'est encore récemment énervé, à juste titre : « Ces dernières années, les dépenses obligatoires n'arrêtent pourtant pas d'augmenter. Regardez la flambée des loyers (+ 50% en dix ans). Sans parler des factures de gaz, d'électricité, d'eau... Les dégâts sociaux sont considérables. »
Président inefficace, précarité accrue, qui dit mieux ?
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