• 02Jan

    BULLETIN DE PAIE SIMPLIFIE COMME LE CODE DU TRAVAIL SANS PAGES ET SANS LOI

    Publié par aragon 43  - Catégories :  #syndicalisme

    BULLETIN DE PAIE SIMPLIFIE COMME LE CODE DU TRAVAIL SANS PAGES ET SANS LOI

    LES SALARIES NE SAVENT PAS LIRE LEUR BULLETIN DE SALAIRE !!!!!!!

    Que des analphabètes…

    Ce midi, lors du journal télévisé de la 3eme chaine, l’animateur a donné la parole à une journaliste pour parler de la simplification du bulletin de paie qui intervient dés maintenant à titre expérimental.

    J’ai déjà dit ce que je pensais de ce qui se cachait derrière cette soit disante simplification.

    Mais je n’avais pas encore entendu l’argument massue de cette journaliste pour opérer cette clarification et la consœur du présentateur nous a offert la clé de cette modification souhaitée par le patronat qui n’en peut plus de devoir payer des salariés pour établir les feuilles de paie.

    La raison retenue par cette dame c’est que les salariés n’y comprennent rien aux différentes colonnes alignées sur le bulletin.

    Pour le gentille dame obsédée par le contenu de la feuille de paie, qui avait certainement aller dû faire un stage au Médef ou chez Macron, les travailleurs sont incapables de déchiffrer le contenu dans le maquis des chiffres.

    Pour sûr, il n’y a que les patrons pour saisir les chiffres et la longueur avant la virgule, surtout quand les lignes des dividendes s’amoncellent.

    Mais mon petit doigt m’a dit soudainement qu’il y avait « anguilles sous roches » dans cette affaire.

    En effet, son argumentation de simplicité m’y pousse : le bulletin serait dorénavant composé de quelques lignes : salaire brut - cotisations sociales regroupant l’ensemble des cotisations santé, retraites sécurité sociale et complémentaires, allocations familiales, chômage, mutuelle, prévoyance etc où ne resterait que le pourcentage global de toutes les cotisations puis une ligne comprenant la part dite patronale où l’on retrouverait que le chiffre global des cotisations versées par l’entreprise et l’on ne verrait plus apparaitre les cotisations de l’entreprise pour le logement, l’apprentissage, la formation professionnelle etc ; et la feuille de paie se terminerait par le net perçu.

    Une manière de rendre plus difficile la connaissance des acquis des salariés qui reflètent les différentes cotisations avec ce qu’ils payent mais surtout ce qu’ils ont arrachés comme cotisations de l’entreprise .

    Une globalité donc pour cacher ces droits sociaux et pouvoir mieux les rendre perceptibles pour mieux les supprimer car en fait il s’agit du salaire socialisé que représente la partie cotisation entreprise pris sur la plus value créée par le travail.

    La feuille de paie actuelle est un outil de lutte, elle a toujours été au centre des luttes pour connaitre et mieux revendiquer et faire payer la force de travail à son prix et à revendiquer reconnaissance des qualifications et salaires attachés à une valeur de point réel.

    En fait, le patronat et le gouvernement se sont joints par cette simplification à rendre la feuille de paie mystérieuse sur son vrai contenu, un contenu qui affiche encore des droits et qui permet d’en obtenir d’autres par la lutte.

    Derrière cette simplification se cache l’idée d’en finir avec le vrai bulletin de paie et de retourner à la paie de main à la main, qui, d’ailleurs, revient en force en ce moment à travers le travail précaire.

    Alors la simplification de le feuille de paie n’est qu’un attrape-nigaud ou plutôt c’est comme le code du travail où le gouvernement et le patronat veulent le réduire à quelques pages comme la feuille de paie à quelques lignes..

    Quand à la journaliste de FR3, si elle ne comprend pas le contenu de la feuille de paie qu’elle reçoit, il suffit qu’elle s’adresse à des salariés qui lui expliqueront en détail son contenu ou encore à un délégué du personnel de France 3.

    Bernard LAMIRAND


  • Samedi 3 janvier 2015 6 03 /01 /Jan /2015 07:30 - Communauté : les anti-capitalistes

    venezuela-obama.jpg

    En effet, le lendemain de cette soudaine révélation et de l’annonce d’un processus de rétablissement (à terme) de relations normales avec Cuba, le même Obama signait la « Loi de défense des droits de l’homme et de la société civile au Venezuela 2014 », approuvée le 8 décembre par le Sénat et le 10 décembre par la Chambre des Représentants.

     

    Il ne s’agit pas ici de bouder notre plaisir de voir le peuple cubain faire plier « l’Empire » après plus de cinquante ans d’un affrontement inégal ; Washington a dû se rendre à la raison : Cuba n’est pas un morceau de soviétisme importé, isolé, qui s’obstine à résister sous les tropiques, mais une révolution nationale souveraine (au bilan reconnu internationalement), très spécifique, très endogène, fruit d’une histoire ô combien prégnante et rebelle...

     

    « Si ton voisin t’insupporte, déménage », chantait le vieux troubadour cubain Carlos Puebla. Les Etats-Unis auront tout tenté (sauf de déménager) avant d’admettre la simple réalité géopolitique et d’accepter enfin la cohabitation avec ce minuscule voisin cubain si encombrant... tout en continuant à vouloir abattre son système, comme l’a explicité Barack Obama lors de son discours de fin d’année.

    Après Cuba : le Venezuela

     

    Malgré l’échec patent de leur « politique cubaine », les « States » s’apprêtent à récidiver, à s’engager dans une colossale et dangereuse « erreur historique », en mettant en place les prémisses d’un blocus, d’un cordon sanitaire contre le Venezuela bolivarien, infligeant des souffrances à un peuple coupable, comme le cubain, de ne pas lâcher. Après Cuba : le Venezuela ! Le scénario se précise... Cela peut faire douter des « bonnes intentions » du président Obama par rapport à Cuba et devrait nous amener à nous interroger sur la part de calcul impérialiste.

     

    La loi anti-vénézuélienne votée début décembre 2014 par le Congrès américain, s’apparente au début de l’escalade « anticastriste » de Washington, au dispositif du début des années 1960, d’ingérences, d’agressions. Cette loi inflige des sanctions (refus de visas, saisie de comptes) à une liste de vénézuéliens « chavistes » pour de prétendues violations des droits de l’homme ; elle attribue aux victimes la responsabilité du soulèvement sanglant du printemps 2014 contre le président élu, légitime, Nicolas Maduro. Terrible renversement de situation ! Ce sont les présidents américains qu’il faudrait juger pour crimes contre l’humanité en Syrie, en Irak, en Afghanistan, en Lybie, à Guantanamo, d’après notamment le rapport de la commission de renseignement du Sénat sur les méthodes de la CIA, la torture, dans des prisons clandestines et illégales, et cela au nom de la liberté du marché, donc de la défense de la liberté, de la concurrence libre et non faussée, etc.

     

    Les fidèles toutous de l’Union Européenne n’ont pas tardé à se mettre au garde-à-vous et à voter, le 18 décembre, au parlement européen une résolution condamnant non les promoteurs de la violence, les « leaders » fascisants, Leopoldo Lopez, Maria Corina Machado, poursuivis ou emprisonnés pour avoir fomenté l’opération insurrectionnelle « Salida » (« sortie ») visant le président Maduro, mais la révolution bolivarienne.

    Le scénario cubain

     

    Cuba, mono-productrice et mono-exportatrice de sucre fut privée de son « quota sucrier », de son marché naturel... L’arme sucrière d’hier devient, mutatis mutandis, l’arme pétrolière d’aujourd’hui. Les Etats-Unis et leurs satellites à l’OPEP organisent la « guerre économique » sous toutes les formes : effondrement des cours du baril, pénuries d’aliments et de produits de première nécessité... Une stratégie déjà éprouvée également contre le Chili de Salvador Allende.

     

    Peu à peu, un « blocus financier » se met en place. Il s’agit, dans un premier temps, de rendre difficile et cher l’accès du Venezuela aux financements en devises dont il a besoin, en décrétant le pays proche de l’insolvabilité, de la suspension de paiement, de la faillite. Les « agences de notation » (sic !) du marché mondial (comme l’agence Ficht, voir El Pais du 19 décembre) viennent de « baisser la qualification financière » du Venezuela de « B » à « CCC », le situant parmi les nations au « risque pays » le plus élevé au monde (7 sur 7). Ce classement, totalement subjectif, politique, suivant une méthodologie opaque, est destiné à inciter les organismes financiers à imposer des taux d’intérêt très élevés au « mauvais élève », voire même à dissuader les institutions et partenaires économiques face aux « risques du crédit ». Ces mêmes « agences » aux ordres essaient d’imposer au Venezuela le dollar « de la rue », spéculatif, comme étalon sur le marché national.

    En bref

    Si l’on résume, la guerre économique, idéologique, les tentatives de déstabilisation, d’isolement international, le « blocus financier », sont les premiers maillons d’une chaîne de plus en plus étouffante, destinée à étrangler et faire tomber une révolution bolivarienne devenue l’un des objectifs prioritaires de la politique internationale des Etats-Unis. Il semblerait que Cuba n’ait pas servi de leçon... Mais lorsque ses intérêts sont menacés, l’impérialisme ne recule devant rien. Devant rien. Comme à Cuba, la résistance sera longue, dure, douloureuse, coûteuse, et aura besoin de toute notre solidarité.

    Source : Jean Ortiz pourLe Grand Soir.

     

    Lu sur Investig'action


  • Samedi 3 janvier 2015 6 03 /01 /Jan /2015 07:31 - Communauté : les anti-capitalistes

    coree-du-nord-gardes.jpg

    Article de John Naughton, pour The Guardian



    Traduction MA pour http://www.solidarite-internationale-pcf.fr/



    Si vous deviez mesurer l'importance d'un phénomène en termes de colonnes déversées dans la presse écrite, la cyber-attaque dont a été victime Sony aurait été l'affaire du mois.



    Les cadres de l'entreprise ont du poster des notes d'information à l'entrée des bureaux pour demander au personnel de ne pas se connecter sur le réseau une fois assis à leur poste de travail. L'ensemble du réseau de l'entreprise a du être débranché alors qu'il devait faire face à une demande de rançon qui menaçait de rendre publics des documents confidentiels et des films pas encore sortis en salle, en échange de fortes sommes d'argent.



    La grande question est : qui est responsable de l'attaque ? Les spéculations se sont déchaînées, conduisant certains à pointer du doigt la Corée du nord, sur la base que l'un de ses prochains films « The Interview » se moque du leader du pays, Kim Jong-un.



    Cela semble fort improbable à ce chroniqueur que je suis : la Corée du nord peut manquer sérieusement d'humour au sujet de son leader chéri, mais en faire un sujet d'extraction de rançon serait bien maladroit, même pour cet étrange régime.



    En fait, il ne semble pas y avoir eu de transfert d'argents : certains documents confidentiels, comme des tableaux Excel révélant les salaires des cadres de Sony les mieux payés, ont commencé à fleurir sur le net et les films secrets à se diffuser sur des sites pirates.



    Excitant, non ? Mais la vraie grosse cyber histoire de ces dernières semaines est moins glamour mais bien plus inquiétante sur le long-terme. Elle concerne Regin, un malware qui vient tout juste de faire son apparition sur la scène publique, bien qu'il traînerait déjà depuis plusieurs années.



    L'entreprise de sécurité Symantec le décrit comme « un malware complexe dont la structure montre un degré de compétence technique rarement vu. Personnalisable avec un degré extensible de potentialités qui dépend de la cible, il fournit à ceux qui le maîtrisent un outil puissant pour une surveillance de masse et il a été utilisé pour des opérations d'espionnage contre les organisations gouvernementales, les opérateurs d'infrastructure, les entreprises, les chercheurs et les particuliers ».



    L'entreprise en va jusqu'à spéculer sur le fait que le développement de Regin a pris « des mois, si ce n'est des années » et il en conclut que « les moyens et le niveau de compétence mis en oeuvre derrière Regin indique que ce doit être un des principaux outils de cyber-espionnage utilisés par les Etats-nations ».



    Ah, mais quels Etats-nations ? Faisons un pas en avant, et nous voyons la Grande-Bretagne, les Etats-unis et leurs agences de renseignement respectives, GCHQ (le Government communications Headquarters) et NSA.



    Il y a quelques temps, Edward Snowden a révélé que les agences ont monté des attaques cyberpirates contre Belgacom, un fournisseur belge de services téléphoniques et internet, et contre des systèmes informatiques européens, mais il ne savait pas quels types de logiciels avaient été utilisés dans les attaques.



    Maintenant nous savons : c'était Regin, un malware qui se présente sous la forme d'un logiciel Microsoft légitime et vole des données dans les systèmes infectés, ce qui en fait un outil inestimable pour les agences de renseignement qui désirent pénétrer les réseaux informatiques étrangers.



    C'est vrai aussi, diriez-vous. Après tout, la raison pour laquelle nous avons GCHQ, c'est bien pour espionner ces vilains étrangers. L'agence était, ne l'oublions pas, à l'origine une branche de Bletchley Park, dont la mission était d'espionner les Allemands pendant la Seconde guerre mondiale.



    Donc, peut-être que la nouvelle selon laquelle les Belges, en dépit des plus grands efforts déployés par les Monty Python, sont nos amis – ou que la Grande-Bretagne fait partie de l'UE – n'a pas encore été décodé par GCHQ ?



    Espionner ses amis comme ses ennemis est un vieux principes de l'art de gouverner. On en usait habituellement pour des raisons de « sécurité nationale » ; maintenant c'est pour des raisons de « cybersécurité » et cela pose un nouveau problème. Qu'est-ce que la cybersécurité en fait ? Qu'est-ce que GCHQ et NSA essaient de garantir ? Est-ce la sécurité du cyberespace – c'est-à-dire Internet ? Ou une partie du réseau ? Et si oui, laquelle ?



    Ici, certaines lignes apparemment sans conséquences d'un des documents Snowden prennent tout leur sens. « Les faits qui sont contenus dans ce programme », peut-on lire, « constituent une combinaison d'un grand nombre de faits, hautement sensibles, liés à la mission cryptologique générale de NSA. Leur révélation non-autorisée (…) causerait des dégâts exceptionnellement graves à la sécurité nationale américaine. La perte de ces informations pourrait gravement compromette certaines relations cryptologiques hautement sensibles, américaines comme étrangères, des investissements de plusieurs années comme ceux futurs de NSA, et sa capacité à exploiter le cyberespace étranger tout en protégeant le cyberespace américain ».



    Notez bien cette dernière clause. « La cybersécurité » signifie deux choses en fait : premièrement, sécurité nationale, et deuxièmement, que le seul coin de cyberespace dont nous nous préoccupons est le nôtre. Nous pouvons exploiter le moindre centimètre dans le reste du monde virtuel à nos propres fins (nationales).



    Cela donne carte blanche, par exemple, à la sape de la sécurité en-ligne de quiconque, en affaiblissant les cryptages utilisés pour des transactions commerciales ; le recours à des « exploits zéro-jour » acquis auprès d'hackers qui puissent ensuite être utilisés contre les organisations ciblées ; et la diffusion de malware tels que Regin là où est notre bon plaisir.



    Bienvenue dans notre monde connecté.


  • Lettre d'information du samedi 03 janvier 2015

    Voici les derniers articles publiés depuis 7 jours.

    Brest en Bretagne

    Réfection du Bâtiment aux lions : la rue de ST malo en danger

    Ci dessous la lettre ouverte écrite par l’association Vivre la Rue Madame, Monsieur, Connaissez-vous la Rue SAINT MALO à BREST dans le quartier de Recouvrance, celle qui est désormais renommée comme étant un symbole de la résistance citoyenne et festive pour le bien commun ? Enclavés dans le vallon de Pontaniou, ces 94 mètres de rue pavée et ces modestes bâtisses, dont l’histoire connue remonte au XVIIème siècle, ont été miraculeusement épargnés par les bombardements alliés de la seconde guerre (...) Lire l'article ...
    vendredi 2 janvier 2015
    Communiqués mer
    Pour l’association MOR GLAZ, un navire est apte, ou pas à prendre la mer.

    L’incendie à bord du ferry « NORMAN ATLANTIC » en mer Adriatique : chacun face à ses responsabilités

    L’association MOR GLAZfélicite toutes celles et ceux qui ont permis de sauver dans des conditions certainement difficiles, des centaines de personnes lors de l’incendie du ferry « NORMAN ATLANTIC » en mer Adriatique. Nos pensées vont vers les familles endeuillées qui ont perdu des proches lors de cette catastrophe maritime. Depuis des années, l’association MOR GLAZ attire l’attention sur les maillons faibles de la sécurité maritime dans les ports Européens et Mondiaux. Depuis deux jours, nous pouvons (...) Lire l'article ...

  • Le monde selon BFM-TV

    3 Janvier 2015 , Rédigé par Le Mantois et Partout ailleurs Publié dans #politique

    Pris brut de fonderie sur Rue89, une tribune de Michaël Pichat:

    Quelle est la nature de l’« information » distillée par les grandes chaînes françaises d’information ? Quels sont les faits rapportés par ces chaînes ? Peuvent-ils être, si cela est possible, tenus pour « neutres » et « objectifs » ? Sont-ils sélectionnés ? Sont-ils bien des faits ou plutôt des opinions déguisées en faits ? Et quelle est la « densité publicitaire » de ces faits : dans quelle mesure ces faits sont-ils mélangés à des informations publicitaires, manifestes ou non. Bref, quel monde informationnel s’efforcent de reconstruire et de nous donner à voir les grandes chaînes françaises d’information ?

    Pour élaborer une première réponse à ces questions, nous nous sommes intéressés à la « première chaîne d’information de France », BFMTV.

    A cet effet, nous avons conçu une méthodologie exploratoire destinée à catégoriser les différents types d’information présentés ou « mis en scène » sur BFMTV. Méthodologie que nous avons appliquée à deux types d’horaire de forte audience de la chaîne (7 heures-9 heures et 19 heures-21 heures), répartis sur les mois de novembre et décembre 2014.

    « Info en continu » et pub non-stop

    Premier résultat marquant de notre étude exploratoire, 25% ( !) du temps d’antenne est dédié à la publicité. Ainsi, sur un laps de temps de dix minutes de « temps de cerveau disponible », deux minutes et demie sont utilisées afin de vanter les mérites d’une variété de produits de consommation. Le métier de BFMTV est donc pour un quart non pas de délivrer de l’information journalistique mais de « mélanger » cette dernière à des messages commerciaux commandités par ceux qui la financent. Le monde informationnel reconstruit par la chaîne est donc, pour partie significative, un monde de biens commerciaux ; biens commerciaux de surcroît présentés avec une proximité temporelle dont l’intensité transforme parfois la proposition mercantile en injonction.

    La publicité sur BFMTV est avant tout directe : publicités usuelles régulièrement entrecoupées de très rapides spots de « sponsors » qui donnent à penser que la « pause publicitaire » est (enfin) achevée. Ce qui provoque un rehaussement du niveau attentionnel des auditeurs.

    A cela vient s’ajouter la « publicité indirecte » : « auto-publicité » de BFM-TV sur elle-même mais également publicité « déguisée » en pseudo reportage journalistique qui donne à penser au spectateur qu’il ne s’agit pas de « réclame » (citons à, titre d’exemple, la publicité déguisée d’un organisme hôtelier haut de gamme et réputé, publicité bien réelle mais habillée comme un « vrai » reportage de la chaîne).

    Qui présente les « faits » sur BFMTV ?

    31% du temps de BFMTV est consacré à la « présentation » de « faits d’actualité » de diverses natures : politique, économie, évènements du moment, faits divers, etc. Il s’agit essentiellement des contenus des grands titres des journaux récurrents de la chaîne ; contenus qui, à la différence de la catégorie suivante que nous aborderons par la suite, sont présentés de manière « factuelle ». Avec un tiers du temps seulement dédié à ce type d’informations, BFMTV est alors loin de dispenser de l’« actualité en continu ».

    Sur la forme, cette information est alternativement présentée par :

    • les présentateurs « officiels » du moment (un couple homme-femme) ;
    • des individus, que l’on a décidé de présenter comme des « experts autorisés » du sujet impliqué, qui « décrivent plus en détail » le déroulement des faits ;
    • des « notre-envoyé-spécial-sur-place ». « Envoyé spécial » payé pour attendre en extérieur (régulièrement sous la pluie, dans le froid ou encore la nuit) qu’on lui accorde ses quelques secondes d’intervention. Intervention durant laquelle il tentera de donner à penser qu’étant sur site, il a accès, lui, aux toutes-dernières-informations-sur-place (en provenance du siège de la chaîne ?).
    • La construction de ces « faits »

      Sur le fond, les « faits » proposés sur BFMTV semblent régulièrement loin d’être aussi neutres et « factuels » que l’on pourrait l’imaginer. Cette « information » apparaît en effet de façon récurrente comme une reconstruction orientée, un « repackaging » informationnel (décidé par la « rédaction » et la ligne éditoriale de la chaîne ?).

      Mentionnons tout d’abord les commentaires personnels et partiaux dont les journalistes de la chaîne nous font régulièrement l’honneur (« ça, tout de même, on peut se demander si c’est bien normal en France en 2014 ! »). Mais surtout, relevons les nombreux « biais cognitifs » (raisonnements tronqués des intervenants de la chaîne) qui formatent la lecture des « faits » « rapportés » par BFMTV.

      Ces biais cognitifs, associés à des techniques de rhétorique bien connues, sont entre autres :

    • des « amorçages » consistant à sélectionner les seuls rares types de faits que l’on va mettre en lumière. Et, plus encore, les seuls « angles de vue » à travers lesquels ils vont être « décrits » ou leurs seules facettes sur lesquelles on va attirer l’attention de l’auditeur. Faits sélectifs en phase avec une certaine ligne éditoriale de la chaîne ? Ainsi, durant notre premier segment de deux heures, les uniques informations passées en boucle ont été les suivantes, pour le salut de la focalisation attentionnelle ainsi provoquée chez le spectateur : Ferguson (avec un temps dédié très largement supérieur aux autres informations), la visite du pape, les enfants nés sous X, les violences faites aux femmes, les musulmans à l’école de la République ;
    • des « biais émotionnels » consistant à énoncer des faits ou des commentaires dont la conséquence est de choquer, stresser, agacer ou braquer l’auditeur. Bref de produire des réactions émotionnelles significatives plutôt que d’inciter à réfléchir, analyser et comprendre les informations mises en scène. Indiquons à nouveau les trois dernières « infos » que nous venons de mentionner : les enfants nés sous X, les violences faites aux femmes, les musulmans à l’école de la République…
    • de la « désirabilité sociale » qui se traduit par des lieux communs que le téléspectateur, ami du bien et ennemi du mal, ne peut que valider tout de go : plus-aucune-femme-ne-devrait-encore-être-battue-par-son-conjoint-en-2014, être-né-sous-X-n’est-pas-aisé-à-vivre, la-religion-ne-doit-pas-entacher-la-sphère-scolaire, etc.
    • des « erreurs fondamentales d’attribution » qui font porter des jugements à l’emporte-pièce sur des « coupables », en ne mentionnant que leurs seules caractéristiques ou actions « négatives » personnelles : le « déséquilibré » de Ferguson, ces monstrueux conjoints violents avec leur femme, ces indésirables musulmans français se radicalisant, etc. Tout cela, en se gardant de prêter attention à leurs éléments de contexte qui ont pourtant également contribué au passage à l’acte incriminé…
    • Qui réalise les « analyses » sur BFMTV ?

      34% du temps d’antenne (légèrement plus que le précédent pourcentage de « présentation des faits ») est consacré à des « analyses » des faits impliqués : leurs origines, leurs conséquences, leurs enjeux, leur valeur, ce qu’il faudrait faire, etc. Analyses qui sont, dans les faits, des opinions, voire parfois des injonctions, relatives à la façon dont il convient de penser les « faits » dont il est question.

      Cette exégèse interprétative des faits est réalisée par différents types d’acteurs, que ce soit à travers des « débats », des « interviews » ou des « reportages » :

    • des personnages politiques ou des acteurs (économiques, sociaux, etc.) directement impliqués par les faits en jeu ;
    • des « experts » (toujours les mêmes…) de manière à prétendre à un « décodage » de l’information. A noter que les titres professionnels de ces derniers sont régulièrement, pour l’occasion, ajustés au contenu qu’ils doivent commenter hic et nunc. Experts supposés être neutres, mais dont les paroles questionnent fréquemment quant à la réalité de cette neutralité affichée. Leurs propos étant en effet régulièrement emprunts d’idéologies (souvent politiques) à peine masquées et qui leur sont propres, quand ils ne sont pas manifestement « en mission » et dans une situation de conflit d’intérêts… Citons, à ce titre, ce célèbre « communicant politique » dont les prises de position vis-à-vis d’un des candidats à la présidentielle conduisent à se demander s’il se cantonne à la seule analyse de sa stratégie politique. Ou bien s’il est là « sur commande » afin de vanter les mérites et la « pertinence des prises de position » de ce candidat/client, sous un habillage de prétendue objectivité ;
    • des journalistes interviewant d’autres journalistes (éventuellement de la même chaîne… notons tout de même l’invention). Les commentaires de ces derniers n’étant régulièrement pas des propos de journalistes mais de péremptoires experts-autorisés-détenteurs-du-savoir-ultime. Journalistes-experts dont la posture ressemble parfois à s’y méprendre aux propos d’hommes politiques en campagne… Ayant la chance de ne pas souffrir de la moindre problématique d’estime d’eux-mêmes, ceux-ci se livrent de façon intempestive, parfois avec un ton à la limite de celui du pire des donneurs de leçon, à une véritable « leçon de morale ». Leçon sur ce qui devrait être fait ou sur ce que nous devons impérativement penser des faits rapportés (« comment penser encore en 2014 qu’il ne faut pas que les français travaillent plus ! ? »).
    • des « ancrages » qui consistent à précisément choisir les points de comparaison qui vont dans le sens du parti pris qui est le leur. Si le but de l’« expert » est de « mettre en lumière » la médiocrité de la politique économique française actuelle, le choix de la comparaison avec l’Allemagne actuelle ou la France d’il y a dix ans sera par exemple retenu. Mais si son
    • Le formatage de l’interprétation des « faits »

      A l’aide de mots-clés issus du champ sémantique de l’évidence, de la factualité, de l’objectivité et de la naturalité du raisonnement, ces « néo-oracles » nous délivrent leurs conceptions personnelles. Leurs propos, souvent présentés comme la « vérité révélée », sont régulièrement emprunts d’une variété de biais de raisonnement destinés à formater la pensée du téléspectateur :

    • but est, au contraire, de « démontrer » la performance de la même politique française, il lui suffira de comparer la France aux pays européens les moins bien lotis ou encore à la moyenne européenne…
    • des « rétrospections » qui consistent à affirmer, après coup et sur la base des informations maintenant disponibles, qu’il était évident que telle situation allait se produire ; éventuellement en se fendant d’un « je l’avais prédit », qui ne manquera pas de renforcer la construction sociale de son statut d’expert ;
    • des « illusions de savoir » qui, sur la base d’une focalisation sur quelques éléments parcellaires et insuffisants, permettent d’affirmer la supériorité de son petit raisonnement économique personnel de douze secondes sur les positions économiques de telle mouvance politique. Le tout, en feignant sa « surprise face à la médiocrité des analyses des décideurs » contestés ;
    • des « maximalisations du négatif » assorties de « catastrophisations » qui s’attachent à « noircir » et à « dramatiser » une situation commentée. De manière à donner à penser qu-il-se-passe-quelque-chose-de-grave-et-qu-il-faut-rester-sur-la-chaîne… Ce moment étant parfois associé à une mise en scène sonore qui ne manquera pas de produire son effet ;
    • des « évaluations globales » et des « labels » qui « massacrent » en quelques secondes, et avec une profondeur d’analyse parfois digne d’un lémurien peu précoce, tel personnage public ; cela, sur la seule base limitée d’une de ses actions ou encore de son appartenance (politique, économique, etc.) ;
    • des « dichotomisations » qui forcent à penser tel acteur politique, économique ou social comme ne pouvant être que soit totalement parfait soit totalement inapte ;
    • des « cadrages » se traduisant par une façon simpliste de présenter les choses et qui oblige à choisir entre deux options mises en scènes comme étant les deux seules possibles. Régulièrement, le téléspectateur n’a ainsi que l’alternative non nuancée d’être pour ou contre les positions ou actions de tel pays, acteur politique, choix économique, mouvance religieuse, etc.
    • des « réductions de dissonance cognitive » et des « confirmations d’hypothèses » qui ne donnent du crédit qu’aux seules informations allant dans le sens de l’expert qui les utilisent. Et qui minimisent, voire dénient, toutes les données qui ne confirment pas leur parti pris. Voyons-nous régulièrement des reportages sur de paisibles musulmans français qui ne veulent pas assassiner la Terre entière ou remettre en cause la laïcité française ? Ou tel « expert » prendre réellement en considération un contre argument factuel amené par son opposant médiatique du moment ?
    • Du façonnage social de la pensée

      Au final, il semble ressortir de notre étude exploratoire que BFMTV, c’est essentiellement : un quart de publicité, un tiers d’informations (pseudo) « factuelles » et un tiers d’analyses (personnelles) biaisées mais souvent présentées comme des normes de pensée.

      Nous n’avons ici pris le cas de BFMTV qu’à titre d’exemple. Il y a, bien entendu, fort à parier que ce qui a été pointé par notre étude exploratoire n’a rien de spécifique à cette chaîne. Et que les biais de raisonnement qui président à la sélection puis à l’interprétation des « données » du monde formatent efficacement la pensée des téléspectateurs d’une variété d’autres chaînes.

      Dormons tranquille, on pense à notre place.

    Note de ma pomme: Bon, vous allez lu jusqu'au bout ce décorticage de l'info libre et non faussée? C'est bien, faites suivre, contre la pensée unique.

    Le monde selon BFM-TV