Les présidents russe et chinois ont fait part ce 11 septembre de leur volonté d'utiliser leurs devises nationales dans le cadre de leurs échanges commerciaux. En marge du Forum économique de Vladivostok, Vladimir Poutine a expliqué que les parties russes et chinoises avaient «confirmé leur intérêt pour une utilisation plus active des monnaies nationales dans les échanges commerciaux». Dans un contexte économique international perturbé, le président russe a estimé que cette perspective «renforcera[it] la stabilité des services bancaires pour les transactions d'import-export, face aux risques persistants sur les marchés mondiaux».
Cette annonce survient alors que la Russie et la Chine ont expliqué ce même jour que le volume des échanges entre les deux pays avait atteint 87 milliards de dollars (75 milliards d'euros) en 2017 et devrait probablement atteindre 100 milliards de dollars (86 milliards d'euros) en 2018. Le président chinois Xi Jinping a précisé que la Russie et la Chine devaient travailler ensemble afin de s'opposer au protectionnisme et de contrer les approches unilatérales aux problèmes internationaux.
"Cette perspective «renforcera la stabilité des services bancaires pour les transactions d'import-export, face aux risques persistants sur les marchés mondiaux"
Le contexte commercial international est en effet marqué à la fois par les mesures protectionnistes prises par le gouvernement américain sous l'impulsion de Donald Trump et par les conséquences de l'extraterritorialité du dollar américain, à savoir le principe juridique selon lequel tout lien avec le dollar, et donc les Etats-Unis via leur monnaie, est susceptible d'entraîner la compétence de la justice américaine. En d'autres termes, toute entreprise, même étrangère, commerçant en dollars peut être lourdement sanctionnée par la justice américaine si elle ne respecte pas les lois des Etats-Unis, par exemple en matière de sanctions.
Des sanctions économiques de plus en plus dures ont ainsi été imposées à la Russie par les Occidentaux depuis l'éclatement de la crise ukrainienne en 2014. De nombreux pays tentent désormais de mettre fin à l'utilisation du dollar comme devise dans leurs échanges commerciaux. La Turquie a par exemple annoncé le 2 septembre négocier avec la Russie pour s'affranchir du dollar.
Le chef de la Chambre de commerce irano-irakienne avait lui aussi annoncé renoncer à la devise américaine pour les échanges bilatéraux entre l'Iran et l'Irak. La Russie s'était également dit prête en mai dernier à choisir l’euro pour son commerce extérieur en cas de soutien européen dans le cadre des sanctions américaines qui la visent. Pour résister aux sanctions américaines qui s'imposent au monde entier, certaines personnalités politiques européennes commencent elles aussi à évoquer la possibilité d'architectures financières hors du dollar. Des intentions non suivies d'effet jusqu'à aujourd'hui.