• Russie – US, la guerre des médias : paille et poutre


    Maintenant que la Russie applique des restrictions sur les médias étrangers, l’Ouest, soudainement, les hait.


    Finian CunninghamPar Finian Cunningham – Le 30 novembre 2017 – Source Russia Insider

    Vraiment, ils sont sans vergogne. Après que les États-Unis demandent à RT America de s’enregistrer en tant qu’agent étranger, l’UE et les États-Unis protestent quand la Russie ordonne à Radio Free Europe, de la CIA, de faire de même en Russie.

    C’est tellement effrontément hypocrite, que ça pourrait être une blague. Les États-Unis et l’Union européenne se sont empressés de condamner les nouvelles lois russes sur les médias qui restreignent les entités étrangères. Dans le même temps, ils assument unilatéralement le droit de pourchasser les médias russes accusés d’être des agents étrangers.

    Voilà la mentalité arrogante : faites ce que je dis mais pas ce que je fais.

     

    Lorsque le président russe Vladimir Poutine a signé le décret sur la nouvelle législation le week-end dernier, le Kremlin a décrit les mesures comme une « réponse symétrique » aux agissements des États-Unis, au début du mois, obligeant le radiodiffuseur public russe Russia Today à s’enregistrer en tant qu’agent étranger.

    Selon la nouvelle loi russe, tout média d’information étranger opérant en Russie peut être contraint à s’inscrire en tant qu’entité étrangère, divulguant des détails sur ses activités financières et journalistiques, de la même façon que la filiale de Russia Today en Amérique a été astreinte par le Département de la Justice à le faire.

    Aucune organisation de presse occidentale n’a encore été affectée par les nouvelles lois russes, mais il y a des informations annonçant que Radio Free Europe et la Voix de l’Amérique sont des cibles potentielles. La loi russe ne semble pas faire la distinction entre les médias privés et publics. La chaîne de télévision par câble américaine CNN, ainsi que le média public allemand Deutsche Welle, ont également été signalés comme cibles possibles en vertu de la nouvelle loi sur l’enregistrement des médias.

    Les réactions des États-Unis et de l’UE révèlent un cas stupéfiant de double standard :

    @StateDept
    La nouvelle législation russe qui permet au ministère de la Justice d'étiqueter les médias en tant qu'« agents étrangers » et de surveiller ou bloquer certaines activités dans un autre pays. #Russie. https://go.usa.gov/xn8XV
     23h03 - 28 novembre 2017
    Législation restrictive centrée sur les médias de la Russie
     state.gov
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    John Lansing, chef du Bureau US des gouverneurs de la radiodiffusion, qui contrôle Radio Free Europe et Voice of America, a déclaré que « toute caractérisation de telles mesures comme une réciprocité pour les actions américaines fausse gravement la réalité ».

    La porte-parole de l’UE, Maja Kocijancic, a dit que la « législation du Kremlin va à l’encontre des obligations et des engagements de la Russie en matière de droits de l’homme ».

    Elle a ajouté que la loi est « une menace supplémentaire pour les médias libres et indépendants et pour  l’accès à l’information » et « encore une autre tentative de réduire l’espace pour des voix indépendantes en Russie ».

    Comme l’a expliqué le Kremlin, les nouvelles lois ne s’appliquent qu’aux médias étrangers opérant en Russie. Elles ne s’appliquent pas aux organes de presse basés en Russie. Cette affirmation de l’UE semble, pour le moins, assez distraite en prétendant que cette décision « réduit l’espace pour des voix indépendantes en Russie ».

    En substance, ce que ces réactions révèlent, c’est l’hypocrisie purement moralisatrice des États-Unis et de l’Europe.

    Washington se sent le droit de dénigrer et de restreindre Russia Today en tant qu’agent étranger, mais si la Russie répond à proportion, une telle mesure est condamnée comme injustifiée et « distordue ».

    L’Union européenne a annoncé, au début du mois, le financement pour plus de 1,1 million d’euros d’un organisme de surveillance des médias, basé à Bruxelles, chargé de qualifier les médias d’information russes de « faux ». D’une certaine manière, cette forme de censure et de restriction est censée être acceptable, mais lorsque la Russie répond, Moscou est accusée de « menacer des médias libres et indépendants » et de saper « les obligations en matière de droits de l’homme ».

    Ces obligations ne s’appliquent-elles pas à Washington et à l’Europe ?

    Évidemment non.

    Lorsque le ministère américain de la Justice a forcé Russia Today à s’inscrire en tant qu’agent étranger le 13 novembre, ou à faire face à une action criminelle, Dana J Boente, sous-procureur général par intérim de la Sécurité nationale, a déclaré : « Les Américains ont le droit de savoir qui agit aux États-Unis pour influencer le gouvernement américain, ou le public, au nom de donneurs d’ordres étrangers. »

    Donc, si les citoyens américains ont le droit de connaître une telle information, pourquoi les Russes n’ont-ils pas le même droit ?

    L’avocat du gouvernement américain a ajouté : « Le ministère de la Justice s’est engagé à appliquer la loi FARA [Foreign Agents Registration Act] et s’attend à ce que toutes les parties impliquées dans des opérations pour le compte d’un donneur d’ordre étranger respectent la loi, indépendamment de sa nationalité. »

    Ici, le gouvernement américain est illogique, voire mensonger. Si sa justification publique était appliquée de manière cohérente et authentique, pourquoi la BBC, France 24, Deutsche Welle, Al Jazeera et la CGTN chinoise ne sont-elles pas obligées de s’enregistrer dans le cadre du FARA ?

    Russia Today est ciblée sélectivement parce que la décision est purement d’opportunité politique, sans tenir compte des graves implications pour la liberté de parole et les droits d’accès du public à l’information.

    Alors que les États-Unis, l’Europe, et les groupes occidentaux défenseurs des droits de l’homme, comme Amnesty International ont attaqué la Russie sur ses lois – en réponse à des mesures prises par Washington – on ne voit apparemment s’exprimer aucune préoccupation sur les dommages causés par les Américains eux-mêmes.

    Il y a aussi un silence honteux parmi les médias occidentaux aux sujet des restrictions initialement imposées à Russia Today aux États-Unis. Les supposées valeurs libérales de liberté d’expression et de médias libres ne sont évidemment pas menacées lorsqu’il s’agit de proscrire les médias russes. Cette contradiction illustre un sinistre état d’esprit russophobe répandu dans la classe politique occidentale. Il est correct de censurer les médias russes parce que les médias russes ne sont tout simplement pas valables, ainsi va le préjugé.

    Ce que ces libéraux occidentaux ne réalisent pas, c’est que le principe même de la liberté d’expression est attaqué par l’attaque répréhensible contre Russia Today, et les médias russes en général, selon l’hypothèse tendancieuse qu’ils sont des « agents de la propagande du Kremlin ».

    Derrière l’hypothèse selon laquelle les restrictions imposées par les Russes sur les médias étrangers sont illégitimes, et non réciproques, se cache l’opinion arrogante que les accusations des agences de renseignement américaines et de divers politiciens occidentaux sont précises, exactes, et indiscutables.

    À savoir que les médias russes se seraient ingérés dans les élections présidentielles américaines l’année dernière, ou, comme l’a déclaré le Premier ministre britannique Theresa May au début du mois, les médias russes essaient de « semer la discorde » dans les États occidentaux. De telles opinions ne sont rien d’autre que des préjugés d’opinion déguisés en « faits ». Autrement dit, la propagande et les fausses nouvelles prétendent être des « renseignements ».

    Aucune preuve n’a jamais été présentée pour étayer ces affirmations sensationnalistes de l’ingérence russe. Elles reposent entièrement sur les préjugés et les insinuations accusant la Russie et ses médias d’information de malveillance. C’est de la russophobie pure et simple, du genre de celle qui a alimenté l’ère McCarthy de la « haine rouge » et la paranoïa de la guerre froide, qui ont apporté au monde le spectre d’une destruction nucléaire mutuellement assurée.

    Ce que le public dans les États occidentaux doit réaliser – et il le fait, de plus en plus – c’est que la véritable menace pour les droits démocratiques n’est pas la Russie ou ses médias. Le danger vient des gouvernements occidentaux, qui adhèrent aux principes démocratiques et à la primauté du droit, mais qui censurent en réalité les médias alternatifs et la liberté de l’internet en donnant aux entreprises comme Google la liberté d’imposer le « déclassement » de sources désignées.

    Les médias russes, comme Russia Today ont en effet fourni une couverture alternative admirable des grands événements internationaux tels que la guerre en Syrie et au Yémen, qui exposent les responsabilités criminelles de Washington et de ses alliés européens.

    Voilà en quoi consiste la véritable pomme de discorde. Les médias russes ont montré que « l’empire occidental est nu ». Il est nu, irrémédiablement.

    Et donc, à cause de cette « transgression », les médias russes doivent être immédiatement bâillonnés.

    Mais, ce faisant, les États occidentaux, leurs médias et leurs défenseurs des droits de l’homme exposent leur propre hypocrisie. et leurs faux prétextes.

    Finian Cunningham

    Traduit par jj, relu par Catherine pour le Saker francophone


  • Nouveaux sur notre site http://bolivarinfos.over-blog.com


    En page d’accueil:
    1)Venezuela : La crise humanitaire est utilisée pour intervenir au Venezuela , un article du Courrier de l’Orénoque du 12 décembre 2017 traduit par Françoise Lopez. Un article extrêmement important qui rapporte des déclarations faites par l’expert indépendant de l’ONU sur la Promotion d’un Ordre International Démocratique et Equitable en visite au Venezuela  à Telesur. A lire absolument et à diffuser le plus possible.
    2) Venezuela : La plus grande victoire d'une force politique dans l'histoire du pays, un article du Resumen Latinoamericano du 11 décembre 2017 traduit par Françoise Lopez. 
    3)Venezuela : Les élections municipales ont été fiables et transparentes, un article du Resumen Latinoamericano du 11 décembre 2017 traduit par Françoise Lopez. 
    4)Venezuela : Le Venezuela condamne l'ingérence des Etats-Unis dans les élections municipales, un article de Telesur du 11 décembre 2017 traduit par Françoise Lopez. 
    5)Venezuela: 10 décembre 2017 : Election municipales au Venezuela, un document de l’Ambassade de la République Bolivarienne du Venezuela en France. Très intéressant. Sur mon ordi, le texte de présentation apparaît de façon bizarre mais l’article lui-même est lisible normalement. Donc, si c’est la même chose sur votre ordi, allez directement à l’article.
    6)Communique du Cercle Bolivarien de Paris et du Collectif ALBA – TCP France, du 11 décembre 2017.
    7)Honduras : Manifestations gigantesques contre une fraude électorale présumée, un article de RHC du 11 décembre 2017.
    8)Argentine : Des organisations sociales marchent contre le sommet de l’OMC,un article de RHC du 11 décembre 2017.
    Bonne lecture à tous,

     


  • Russie, Égypte : accord autorisant les forces aériennes respectives à utiliser l’espace aérien et les bases de l’autre


    Russia, Egypt: Agreement to Allow Respective Air Forces to Use Each Other's Airspace and Bases


    Andrei AKULOVPar Andreï Akulov – Le 4 décembre 2017 – Source Strategic Culture

    Le ministre russe de la Défense, Sergueï Shoigu, s’est rendu au Caire le 29 novembre. En offrant ses condoléances pour le massacre perpétré le 24 novembre dans une mosquée de la péninsule du Sinaï, en Égypte, qui a fait plus de 300 morts, M. Shoigu a souligné la nécessité de renforcer la coopération dans la lutte contre le terrorisme. Selon lui, les liens militaires entre les deux pays sont à un niveau élevé depuis que l’Égypte a commandé de nouvelles armes russes. 

    Il a été rapporté, le 30 novembre, que le gouvernement russe avait approuvé un projet d’accord avec l’Égypte, qui permettrait aux deux pays d’utiliser l’espace aérien et les bases aériennes de l’autre. Le projet d’accord a été établi par un décret, signé du Premier ministre Dmitri Medvedev le 28 novembre, qui a chargé le ministère russe de la Défense de négocier avec les autorités égyptiennes et signer le document une fois les deux parties parvenues à un accord.

    L’accès aux aéroports égyptiens permettrait aux avions militaires russes de se ravitailler en route vers la Syrie. L’accord concerne un centre logistique supplémentaire, qui pourrait aider les avions russes à agir librement sur le théâtre syrien, si nécessaire. Une fois en vigueur, l’accord facilitera beaucoup la formation du personnel de l’armée de l’air égyptienne. Le document ne couvre pas les relais radar aéroportés et les avions de transport militaire chargés de cargaisons dangereuses. L’accord est conclu pour cinq ans et pourrait être prolongé.

    Le New York Times écrit que cet accord est « un pied de nez manifeste à l’administration Trump », car il représente « l’extension la plus récente du pouvoir russe au Moyen-Orient, dans ce cas par la coopération avec l’un des plus proches alliés arabes de Washington ». Selon la source, s’il était mis en œuvre, l’accord proposé renforcerait la présence militaire russe dans la région à des niveaux inégalés depuis 1973. Concrètement, la présence d’avions russes en Égypte soulèverait des inquiétudes quant à la sécurité opérationnelle du personnel militaire américain et exigerait la coordination des vols militaires dans le même espace aérien.

    Le New York Times cite des analystes qui affirment que la volonté apparente du Caire d’autoriser l’accès de la puissance aérienne russe aux bases aériennes égyptiennes démontre une réduction de l’influence des États-Unis dans la région. « Le pouvoir a horreur du vide et quand les États-Unis se retirent, nous ne devons pas imaginer que le monde va s’arrêter et nous attendre », a déclaré Matthew Spence, ancien secrétaire adjoint à la Défense pour la politique du Moyen-Orient sous  l’administration Obama.

    En août, le Caire a critiqué les États-Unis pour leur décision de retirer 195 millions de dollars d’aide militaire et de réduire de 96 millions de dollars d’autres aides, en réponse aux violations présumées des droits de l’homme au Caire.

    L’Égypte est le pays le plus peuplé d’Afrique du Nord et du monde arabe, le troisième plus peuplé d’Afrique et le quinzième plus peuplé du monde. L’année dernière, la population du pays a atteint 92 millions d’âmes.

    Il y a un an, le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi a publiquement affirmé son soutien aux forces du président syrien Bachar al-Assad voulant rapprocher l’Égypte de la Russie. La possibilité pour l’armée égyptienne de prendre part à la mise en œuvre de l’initiative de zones sécurisées (désescalade) en Syrie est à l’ordre du jour. L’implication de l’Égypte augmenterait sans aucun doute le standing international du pays.

    Au cours des derniers mois, Moscou et le Caire ont signé plusieurs contrats pour des chasseurs MiG-29, des hélicoptères Ka-52 et d’autres armes, les ventes d’armes de la Russie aux pays du Moyen-Orient atteignent des niveaux record. Les deux partenaires ont signé plusieurs accords pour la rénovation des usines de production militaire sur le sol égyptien. Un protocole a été signé pour accorder à l’Égypte l’accès à GLONASS, le système GPS de la Russie. Les exercices tactiques interarmées russo-égyptiens 2017, dénommés « Défenseurs de l’amitié », ont eu lieu en septembre 2017 dans la région de Krasnodar dans la Fédération de Russie – le premier exercice d’entraînement aérien commun sur le sol russe, appelé à devenir un événement régulier dans le futur.

    Le fait d’obtenir des droits de stationnement en Égypte permettrait à la Russie de projeter son pouvoir militaire dans de nombreuses parties de la région, notamment la mer Rouge, la corne de l’Afrique et la Méditerranée. La présence militaire sera légitimée. La Russie aurait la possibilité de prendre part à des missions de maintien de la paix en Libye, si elle le souhaitait.

    La Libye est un domaine prometteur pour la coopération. Moscou a un rôle particulier à jouer là-bas. La Russie et l’Égypte peuvent contribuer ensemble à apporter la stabilité dans ce pays déchiré par la guerre. Leurs intérêts coïncident dans une large mesure, autorisant ainsi la mise en œuvre de politiques et d’actions coordonnées. Les acteurs opposés en Libye demandent à la Russie d’intervenir en tant que médiateur. Les Libyens se souviennent bien de l’intervention de l’OTAN en 2011 et ne font pas confiance à l’Occident, surtout en raison de son échec à obtenir des résultats positifs en Syrie.

    De nombreux pays arabes se tournent vers la coopération militaire avec la Russie à la suite de son succès en Syrie. Le président soudanais Omar al-Bachir vient de se rendre en Russie pour demander une protection contre les États-Unis. La possibilité de construire une base navale russe au Soudan est à l’étude.

    La Russie entretient des relations privilégiées avec l’Iran, la Turquie, l’Égypte, l’Irak, la Jordanie, Israël et les pays du Golfe. L’Arabie saoudite est l’alliée de l’Égypte. Elle finance l’achat d’armes russes. En octobre, le roi saoudien Salman bin Abdulaziz Al Saud s’est rendu à Moscou, la première visite en Russie d’un roi saoudien. Un mémorandum d’accord a été signé sur l’achat de systèmes russes de défense antiaérienne S-400 afin de marquer un tournant pour l’Arabie saoudite, qui achetait jusqu’à présent des armes aux États-Unis et à la Grande-Bretagne. Les pays ne sont pas d’accord sur de nombreuses questions internationales mais réalisent à quel point il est important de coopérer et d’échanger les points de vue.

    Avec les sanctions occidentales en place, la Russie fait des percées pour gagner de l’influence et accéder à de nouveaux marchés pour les armes, les biens et l’énergie russes. Elle jouit de bonnes relations avec tous les pays de la région. Il n’y a pas un seul État dans la région avec lequel Moscou est en conflit. Aucun autre pays n’a un tel avantage. Moscou ne prend pas parti dans le conflit sunnite-chiite, ce qui le rend apte à jouer le rôle de médiateur entre les États du Golfe, soutenus par l’Égypte, et l’Iran.

    Une Russie résurgente s’est affirmée au Moyen-Orient comme un acteur international majeur. Le projet d’accord avec l’Égypte est un exemple convaincant de son poids croissant dans la région.

    Andreï Akulov

    Traduit par jj, relu par Cat pour le Saker Francophone


  • Voici pourquoi la Russie pourrait installer au Soudan une base donnant sur la mer Rouge


    Par Andrew Korybko – Le 5 décembre 2017 – Source Oriental Review

    Map of Sudan
    Le président soudanais Omar al-Bashir, en place depuis 1996, a invité l’armée russe dans son pays lors de sa visite historique à Moscou la semaine dernière, déclarant que le Soudan avait besoin d’une protection contre un complot de type guerre hybride fomenté par les Américains voulant « balkaniser » son État en cinq mini-États à la suite de la sécession du Soudan du Sud en 2011.

    Au cours de la conversation, il a également déclaré que le Soudan demandait l’aide de la Russie pour moderniser ses forces armées et que l’État soudanais, avec sa position géostratégique avantageuse, pourrait devenir la « clé de l’Afrique » pour Moscou si les deux parties décidaient d’élever leur partenariat à un niveau stratégique. La situation géographique du Soudan est en effet cruciale car il est situé à l’intersection de l’Afrique du Nord et de l’Est. Il a également un fort potentiel de connectivité maritime et continentale en raison de son emplacement sur les rives occidentales de la mer Rouge mais aussi pour les plans de Route de la Soie de la Chine de construire une ligne de chemin de fer transsaharienne de Port-Soudan à la capitale tchadienne de N’Djamena pour éventuellement faciliter les échanges entre l’Afrique de l’Ouest et la République populaire de Chine via cette future route.
     
    Un autre point d’importance géopolitique en faveur d’une base russe potentielle au Soudan est que Khartoum est avantageusement situé entre les États rivaux d’Égypte et d’Éthiopie et pourrait donc jouer un rôle assez logique de médiation entre eux. L’inclusion de la Russie dans ce format pourrait doter Moscou d’un potentiel inégalé pour « équilibrer » la situation entre ces deux pays et leurs partenaires du CCG, vu comment la « guerre froide du Golfe » s’est récemment étendue à la Corne de l’Afrique par le déploiement de l’armée pro-égyptienne des EAU en Érythrée et dans l’État auto-proclamé du Somaliland. Dans le même temps, le Qatar a réussi à rafistoler ses relations avec l’Éthiopie. Le tout est centré sur les plans ambitieux d’Addis-Abeba visant à construire un barrage controversé sur le Nil Bleu. Grâce à un partenariat qui pourrait se renforcer avec le Soudan, la Russie pourrait donc négocier non seulement entre l’Égypte et l’Éthiopie, mais aussi entre les EAU et le Qatar, remplissant ainsi le rôle de « rééquilibrage » pensé pour le  XXIe siècle par la faction « progressiste » du ministère des Affaires étrangères de Moscou.

    Egypte-Ethiopie : Partage des eaux du Nil, Accord à Khartoum

    La mise en place d’une base au Soudan permettrait donc à la Russie de compléter son rapprochement avec l’Arabie saoudite en se donnant un rôle régional central dans ce nouveau théâtre de la « guerre froide du Golfe » entre les alliés du Royaume et le Qatar, et lui permettre de prendre pied dans le royaume des affaires africaines après sa retraite rapide [celle de l’URSS, NdT] à la fin de la guerre froide. La Russie pourrait étendre son influence post-Printemps arabe en Afrique du Nord, plongeant le long de la mer Rouge vers l’Afrique de l’Est, qui constitue une porte d’entrée stratégique pour arrimer éventuellement l’Éthiopie et établir une présence le long de la Route de la Soie sahélo-saharienne de l’Afrique de l’Ouest. Dans l’ensemble, il serait parfaitement logique que la Russie suive la proposition du président el-Bashir et construise une base au Soudan, car ce serait un mouvement à très faible coût mais à haut rendement qui incarnerait stratégiquement un résultat gagnant-gagnant pour le monde multipolaire.

    Andrew Korybko est le commentateur politique américain qui travaille actuellement pour l’agence Sputnik. Il est en troisième cycle de l’Université MGIMO et auteur de la monographie Guerres hybrides : l’approche adaptative indirecte pour un changement de régime (2015). Ce texte sera inclus dans son prochain livre sur la théorie de la guerre hybride. Le livre est disponible en PDF gratuitement et à télécharger ici.

    Traduit par Hervé, vérifié par Wayan, relu par Cat pour le Saker Francophone


  • Urgent : appel à la solidarité contre les expulsions forcées des campements des travailleurs sans terre au nord du Brésil

    Chers compagnons,

    Une attaque agressive est menée contre les paysans sans terre du MST dans l’Etat de Pará, au nord du Brésil.

    Les grands propriétaires fonciers ainsi que les autorités judiciaires locales, les grands médias et la police militaire brésilienne ciblent les campements du MST dans tout le pays.

    2.000 familles paysannes vivant dans 20 campements situés dans l’Etat du nord de Pará risquent d’être violemment expulsées d’ici à la fin de l’année

    Lundi (11), un commando  armé a attaqué le campement Hugo Chavez. Sept hommes lourdement armés – une «sécurité privée» illégale engagée par les grands propriétaires, ont fait feu sur des paysans désarmés, y compris des femmes et des enfants.

    L’ordonnance judiciaire d’expulsion des 300 familles vivant dans le campement Hugo Chavez a été confirmée pour demain par la police militaire (14). On s’attend à plus de violence, puisque les familles sont prêtes à résister.

    L’escalade récente de la violence a lieu alors que le gouvernement brésilien continue de mettre en place et d’utiliser de lois régressives sur la propriété foncière, qui ont eu des conséquences dévastatrices sur les travailleurs agricoles sans terre et les déplacés.

    Pendant l’administration du président non élu du Brésil, Michel Temer, le Mouvement des Sans Terre a été victime de niveaux accrus de violence étatique et de criminalisation contre nos membres

    Face à l’escalade de la violence et de la répression, nous lançons un appel urgent à la solidarité internationale!

    Envoyez une courte vidéo ou une déclaration de soutien et de solidarité aux familles MST du Pará à l’adresse e-mail suivante: redacao@mst.org.br et srimst@mst.org.br!

    PLUS IMPORTANT: ESSAYONS D’ARRÊTER L’EXPULSION DE DEMAIN ET CETTE MONTÉE DE LA VIOLENCE.

    Ecrivez aux autorités officielles pour condamner les expulsions au Pará et demander la révision de l’ordre d’expulsion du Camp Hugo Chavez!

    Envoyer un email aux adresses électroniques suivantes:

    Président de la Cour de justice – Ricardo Ferreira Nunes: presidencia@tjpa.jus.br

    Secrétaire d’État à la Sécurité publique – Jeannot Jansen da Silva Filho:segup.ascom@gmail.com

    Secrétaire de l’État du Pará – Jose Megale Filho: casacivil@palacio.pa.gov.br

    Bureau du médiateur agricole – Rosi Maria Gomes de Farias:ouvidoria.agraria@tjpa.jus.br

    Juge agraire de Maraba – Amarildo Mazutti: Amarildo.mazutti@tjpa.jus.br

    Ombudsman agraire national – Jorge Tadeu Jatoba: ouvidoria@incra.gov.br

    Copie: redacao@mst.org.br et srimst@mst.org.br

    Avec votre solidarité et la pression internationale, les 2 000 familles campées de l’État de Pará espèrent passer Noël dans leurs maisons et sur leurs terres.

    Conseil national du Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre du Brésil www.mst.org.br – Collectif des Relations Internationales

    Traduction : T.D.

    URL de cet article: https://wp.me/p27hZR-vO





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