• ROGER WATERS (PINK FLOYD) ET L’EX-PRÉSIDENT RAFAEL CORREA DÉMONTENT L’EMBALLEMENT MÉDIATIQUE CONTRE LA DÉMOCRATIE VÉNÉZUÉLIENNE

    Ce 18 février Roger Waters, fondateur des Pink Floyd, a posté ce message vidéo urgent : « Richard Branson veut organiser dans quelques jours un « Concert live » à la frontière de la Colombie avec le Venezuela « pour rassembler une aide humanitaire pour le peuple du Venezuela ». Je l’ai lu dans le Daily Mail et j’ai vu un vidéoclip de Branson avec son coeur saignant et son tee-shirt de Virgin. L’important à comprendre, si vous entendez ce truc comique, c’est que tout ça n’a rien à voir avec l’aide humanitaire. Cela regarde l’adhésion de Richard Branson (ce qui ne m’étonne pas de sa part) à la décision états-unienne de s’emparer du Venezuela. Tout cela n’a rien à voir avec les besoins du peuple du Venezuela. Ce concert n’a rien à voir avec la démocratie. Rien à voir avec la liberté. Rien à voir avec une « aide ». J’ai des amis à Caracas. Il n’y a pas de guerre civile, pas de violence, pas de meurtres, pas de dictature apparente, pas d’emprisonnement massif d’opposants, pas de suppression de la presse, non, rien de tout cela n’a lieu, même si c’est le storytelling qu’on vend au reste des Etats-Unis. Il faut s’éloigner de tout ça, et en particulier de Richard Branson. Et Peter Gabriel, mon ami, appele-moi. Car il est très facile d’être emené par le bout du nez vers un « changement de régime ». Voulons-nous vraiment que le Venezuela devienne un autre Irak ? Ou Syrie ? Ou Libye ? Pas moi. Le peuple vénézuélien non plus. » 

    C’est aussi l’avis de Rafael Correa, ex-président d’Equateur qui s’exprimait hier sur les ondes de la Radio-Télévision Publique Belge. Il y a démonté la vulgate médiatique de la « crise humanitaire », comme l’a déjà fait l’expert de l’ONU envoyé sur place, Alfred de Zayas, et a pointé la guerre économique contre le Venezuela. Il a rappellé que le président Maduro a été élu démocratiquement et accusé les Etats-Unis de manipulation. « Quel plus grand attentat contre les droits de l’Homme que le blocus de la part des Etats-Unis ? Qui peut croire que Donald Trump défend les droits de l’Homme ? « .

    Notons le rôle des « questions » des journalistes dans ce type d’interviews : recycler le « sens commun » qu’ils ont eux-mêmes sédimenté depuis des années. Dans ce cas, répéter que le gouvernement élu du Venezuela est un « régime » et que celui-ci « bloque l’aide humanitaire » (1). Ce qui contribue à neutraliser l’opinion et à justifier une intervention ou un coup d’Etat contre une démocratie électorale et participative.

    Face à l’arrivée en Colombie de militaires états-uniens et du sénateur Marco Rubio dans le cadre de l' »aide humanitaire », l’ex-candidat présidentiel Gustavo Petro s’est exprimé via son compte twitter: « Bien que nos médias n’aiment pas le dire, le sénateur Rubio est l’expression des secteurs les plus rétrogrades de la politique états-unienne et a aidé à construire une politique extérieure violente. Cette politique a assassiné des millions de personnes au vingt-et-unième siècle » ajoutant dans un autre message : « Le sénateur américain Marco Rubio était également allé apporter la démocratie en Libye. Ce pays est aujourd’hui un État failli avec des dizaines de milliers de morts et est devenu un marché d’esclaves noirs ».

    Thierry Deronne, Caracas, le 18 février 2019

    Note (1) : la télévision canadienne vient d’admettre que l’image du « pont bloqué par le Venezuela » était une fake news : https://www.cbc.ca/news/world/venezuela-bridge-aid-pompeo-1.5018432

    URL de l’article : https://wp.me/p2ahp2-4vu


  • Newsletter de Révolution
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    Pas Touche au Venezuela ! - Deux réunions publiques

    Paris Marx - Réunion publique

    « Pas Touche au Venezuela ! »

    Une tentative de coup d’État est en cours au Venezuela, à l'initiative de l'impérialisme américain. Après en avoir discuté avec ses maîtres à Washington, le député de droite Juan Guaidó s’est auto-proclamé « Président en charge » du Venezuela, le 23 janvier. Immédiatement, il a été reconnu comme tel par Trump, Bolsonaro, Duque, Macri, Almagro et 19 gouvernements européens, dont celui de Macron.

    Trump a appelé l’armée vénézuélienne à déclarer sa loyauté à Guaidó. Puis il a imposé de nouvelles sanctions à la grande compagnie pétrolière du Venezuela, dont les avoirs aux États-Unis ont été saisis (7 milliards de dollars). La Banque d’Angleterre refuse de restituer au Venezuela des réserves d’or, d’une valeur de 1,2 milliard de dollars. Et ainsi de suite. L’objectif est d’asphyxier l’économie vénézuélienne – pour faire plier le régime. Dans le même temps, Trump menace d'intervenir militairement, sous couvert d'aide humanitaire.

    Le mouvement ouvrier international doit s'opposer de toutes ses forces à cette ingérence impérialiste flagrante.

    Cette réunion publique est organisée par la campagne internationale Pas touche au Venezuela !, qui est active dans une trentaine de pays et que Révolution anime en France.

    Jeudi 21 février à 19h

    CICP - 21 ter rue Voltaire - Paris

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    Cercle marxiste de Toulouse Jean Jaurès

    « Pas Touche au Venezuela ! »

    Projection-débat du documentaire La Révolution ne sera pas télévisée - Coup d’État contre Chavez, organisée par le Cercle marxiste et la campagne internationale Pas touche au Venezuela !

    En avril 2002, l’oligarchie vénézuélienne, appuyée par le gouvernement américain, tenta de renverser le gouvernement Chavez. En moins de 48 heures, la mobilisation massive et spontanée des travailleurs et de la jeunesse du pays déjoua le coup d'État.

    Ce documentaire met à nu les méthodes et les objectifs réactionnaires de l’opposition – qui prépare en ce moment même un nouveau coup d’État. Mais surtout, il constitue une très bonne illustration de ce qu’est une révolution.

    La projection aura lieu à 18h, salle AR 106, et sera suivie d'une discussion ouverte à toutes et tous.

    Jeudi 21 février à 18h

    Université Toulouse Jean Jaurès - Salle AR 106

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  • L’ONU aidera le Venezuela à acheter des médicaments

    Le président de la République Bolivarienne du Venezuela, Nicolás Maduro, a fait savoir que l’Organisation des Nations Unies (ONU) aidera le pays à acheter des médicaments et des fournitures.

     

    « Nous avons quelque chose qui s’appelle « assistance technique humanitaire » avec les Nations Unies, je leur ai demandé de nous aider spécialement à acheter les médicaments que l’Empire nord-américain nous bloque et ils ont dit oui, qu’ils vont nous aider (…) Nous cherchons de nouvelles voies avec les Nations Unies, » a-t-il déclaré pendant une cérémonie de commémoration du Bicentenaire du Congrès d’ d’Angostura dans l’état de Bolívar.
    Le chef de l’Etat a rappelé que ce 14 février est arrivé dans le pays un chargement de 933 tonnes de médicaments en provenance de Chine, de Russie et de Cuba.
    « Hier sont arrivées 933 tonnes de médicaments en provenance de Chine, de Russie et de Cuba et nous les avons payées avec notre argent parce que nous ne somme spas des mendiants. »
    Il a ajouté qu’alors que le Gouvernement des Etats-Unis gèle 30 000 000 000 de dollars, « ils offrent à la droite 20 000 000 de dollars de nourriture pourrie et contaminée. »
    Il a souligné que malgré les menaces, le Gouvernement continue à faire des efforts pour garantir les aliments à plus de 6 000 000 de familles grâce aux Comités Locaux d’Approvisionnement et de Production (CLAP).
    « Seulement par le travail, la production, nous allons garantir cette année 2019, mois après mois, que le pays améliore ses conditions économiques, pas en étant des mendiants, c’est un piège. »
    Mobilisation maximale 
    Le Président a appelé instamment le peuple vénézuélien à rester mobilisé pour défendre la paix et la souveraineté du pays.
    « Je demande aux fronts sociaux, à la classe ouvrière, aux femmes, aux jeunes du Gran Polo Patriotique, aux forces sociales, culturelles, politiques, d’améliorer leur action, de s’unir de plus en plus (…) de renforcer les CLAP, de les améliorer, d’élargir la capacité du pouvoir populaire à partir de la famille, du quartier, » a-t-il déclaré.
    Il a demandé de renforcer l’organisation, la mobilisation, la conscience, l’éducation politique et idéologique ainsi que l’éducation aux valeurs.
    Source en espagnol : RL / traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos

  • Gilets Jaunes – Le danger de l’impasse qui se précise

     
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    Que peuvent donc signifier le silence et la persistance du gouvernement macronien dans cette croyance ou dans cette foi ultra libérale indéfectible? La macronie campe résolument dans la certitude qu’elle affiche : « hors de l’ordo libéralisme pas de salut »!

    Nous pouvons, en effet, constater que les gens actuellement au pouvoir, faisant partie de cette génération des années 70/80, les Macron, Philippe, Castaner, Griveaux et Cie, sont tous nés dans l’ère du néo libéralisme devenu l’ultra libéralisme, et qu’ils n’ont pas connu autre chose que cet univers de la logique marchande, financière, capitaliste sur le mode du « renard lâché dans le poulailler »…

    La macronie provient d’un monde qui a grandi dans la richesse, dans la période des « 30 glorieuses », dans le confort, dans une vie favorisée par les facilités du développement technologique rendu possible pour les pays de l’hémisphère nord par le pillage massif de l’hémisphère sud. Ils pensent et raisonnent avec ces critères qui ont été ceux de leurs générations. Ils sont nés avec l’ultra libéralisme : c’est le libéralisme débridé qui était là au moment où ils sont nés. 

    Le petit canard qui vient au monde et qui, se mettant à voir pour la première fois, trouve devant lui un prédateur, se comportera tout naturellement comme si ce prédateur était sa mère. Le petit canard va suivre sans hésiter et résolument le prédateur qui était là à l’instant de sa naissance, jusqu’au moment où ce prédateur aura décidé de le dévorer. 

    Ces gens de la macronie actuellement au pouvoir n’ont jamais connu autre chose que la prédation marchande. Ils vont donc eux aussi persister à croire que le fascisme ultra libéral est un bien, leur mère. Ils sont sincères, ils sont nés avec cette vision du monde dans leur regard formaté ainsi malgré eux dès l’origine.  Dans leurs certitudes, celles de tous ceux qui pensent sincèrement qu’il n’y a pas d’autre logique possible à l’organisation de la vie en commun que celle de ce monde dominé par la raison marchande, la politique a été remplacée par l’expertise comptable…

    Les idéaux humanistes, un modèle social à la française, celui qui avait été conçu par le programme économique et social du Conseil National de la Résistance, le principe de l’harmonisation sociale et fiscale, celui de la complémentarité et de la solidarité entre les classes, la justice sociale en soi, tout cela constitue pour cette génération dirigeante, une incongruité, une sorte d’archaïsme d’une autre époque, un monde disparu de leur univers mental devenu étranger à ce type de préoccupation. 

    Pour eux, le monde normal est celui qui appartient à ceux qui le dominent. Ce monde-là ne peut être que celui des privilégiés, celui de ceux qui n’en tirent que du profit. Le monde qu’ils connaissent est un monde agréable, confortable, aisé, dans lequel tout est abondant, dans lequel seule la richesse est visible et fait loi.

    Tout ce qui est à côté, c’est-à-dire ce qui souffre, ce qui peine, ce qui traîne, ce qui est exploité, méprisé, dévalorisé ou déconsidéré, tout cela est sans intérêt, inutile, hors sujet, en trop, anachronique, à éliminer dès que possible… Pour ces gens-là qui n’hésitent pas à tenir un langage de mépris, les Gilets-jaunes sont une population d’attardés sortant des cavernes d’un monde disparu! Ces « élites » sont quasi estomaquées en découvrant ces « hordes haineuses », soudain apparues dans les rues de France et de Navarre en hurlant des choses dont ils ne comprennent pas un traitre mot. Leur monde à eux était si tranquille, si prospère, si merveilleux, si agréable, si idéal! 

    Qui venaient ainsi brutalement les sortir de leur nonchalance et de leurs rêves dorés?

    Que leur voulaient donc ces Gilets-jaunes surgis de nulle-part comme une pandémie soudaine, une « fièvre jaune » tombée sans que personne ne s’y attende, sur le pays tout entier? 

    La réaction de ces gens au pouvoir allait être et restera celle qui consiste à vouloir coûte que coûte éradiquer la maladie, l’exterminer, bloquer sa progression, par une mise en quarantaine, afin de l’isoler pour la tuer. Cette « fièvre jaune » est un mal qu’il faut combattre, chasser, éliminer, éradiquer. Tout sera « bon » pour justifier la violence du traitement appliqué : les perquisitions de masses, les arrestations de masses, les condamnations de masses, les massacres de masses par le fer, le gaz puis le feu… Face à une maladie, on ne fait pas de sentiments : on agit vigoureusement et on ne cherche qu’à tuer le mal avant qu’il ne devienne trop important!

    Voilà ce qui se trouve dans la tête d’un Castaner ou d’un Philippe ou d’un Griveaux, en plein accord avec des Macron et autres compères de la caste des privilégiés inquiets de voir surgir ainsi cette « fièvre jaune » qui pourrait bien remettre en cause leur nonchalance de profiteurs d’en haut. Benjamin Griveaux disait ouvertement qu’il assumait pleinement ce discours, étant certain d’être dans la « vérité » de la religion ultra libérale. Castaner lisait tranquillement le journal à l’Assemblée Nationale, démontrant à quel point il méprisait la voix de ceux qui défendaient ce peuple nié dans son existence. Il signifiait par ce comportement à quel point il approuvait le massacre des Gilets-jaunes et que ce massacre n’allait sans doute pas encore assez loin…

    Il est certain que ces « élites » au pouvoir ne peuvent pas comprendre la légitimité des revendications des Gilets-jaunes, pour la simple raison que ces revendications sont obsolètes, elle ne cadrent plus avec le modèle ultra libéral adopté comme une nouvelle foi, celle d’une conception sacrée, la nouvelle religion intouchable de la vie seulement autorisée et n’ayant de place que pour la richesse et les riches. Les revendications anachroniques des Gilets-jaunes est inaudible pour ces gens-là : c’est comme si les Gilets-jaunes parlaient le gaulois anciens à des étrangers venus des États-Unis et ne comprenant que le yankee.

    Ces gens au pouvoir sont comme des fanatiques convaincus d’être dans la vérité « révélée » de cette nouvelle religion du marché. Tous les hérétiques qui ne pensent pas comme l’orthodoxie capitaliste sauvage l’impose, seront brûlés sur les bûchers de l’inquisition médiatique, puis sur ceux de la répression policière pour compléter le tableau. Ils feront des exemples. Ils frapperont fort. Ils seront odieux. 

    Tout cela aura pour effet escompté de fomenter la révolte armée. Alors, ce jour-là ils pourront déclarer que les 5% de Français, constituant les Gilets-jaunes qui se mobilisent dans les rues, sont des « terroristes » tout comme les nazis qui occupaient la France déclarèrent que le petit pourcentage des Français, constituant les résistants du Vercors, étaient des « terroristes » qu’il était légitime d’éliminer radicalement, invitant par la même occasion tous les collabos à se joindre à eux pour exterminer la « vermine terroriste » des opposants à l’occupation.

    Nous constatons, après trois mois de mobilisations, l’impasse totale dans laquelle se trouvent les Gilets-jaunes, puisque la macronie n’ouvre aucune porte ; puisque la macronie est sourde, aveugle et muette ; puisque la macronie montre son mépris avec une arrogance insondable ; puisque la macronie se comporte comme un enfant gâté, inconscient et inconséquent. 

    Avec autant de violences judiciaires et policières, avec autant d’huile jetée sur le feu, il ne peut s’en suivre qu’un spectaculaire incendie dans les temps qui viennent. Face à autant de fermeture, d’entêtement et d’incompréhension, toutes les sorties étant verrouillées par ce Pouvoir enfermé dans sa position arrogante et intransigeante, la solution de sortie ne peut être que l’explosion d’une insurrection armée, une guerre civile, entre les 28% de macroniens et les 72% du reste du pays. 80% des Français continuent d’approuver les revendications des Gilets-jaunes. 72% des Français continuent de soutenir l’action des Gilets-jaunes. 55% des Français veulent la poursuite des mobilisations des samedis. 

    Car, la grande majorité du pays sait que l’ultra libéralisme n’est pas la seule option possible : il existe autre chose, d’autres manières de concevoir la vie en commun, même si la mondialisation nous impose son schéma ordo libéral actuel. Beaucoup de Français sont nés à une autre époque que celle des accords de la Jamaïque. Ils ont connu un autre modèle de société ; ils savent que le modèle ultra libérale est une erreur et la cause du massacre actuel des plus modestes dans les sociétés qui pratiquent la prédation marchande.

    Après un tel comportement de mépris affiché par le Pouvoir actuel, il n’est pas difficile d’imaginer la guerre civile et toutes les violences qui vont librement se déchaîner alors. La seule solution évidente qui se présentera pour mettre un terme à cette situation explosive sera celle d’un coup d’État militaire et avec lui la loi martiale. Après une telle tragédie survenue en France, il sera impossible d’envisager tout simplement la reprise normale d’élections sur le modèle ancien. La réforme de la Constitution sera en effet obligatoire et avec elle la refonte complète de l’Union Européenne.

    Tant que le modèle ultra libéral prétendra qu’il est « la seule alternative » de la vie en commun, nous serons dans une logique de guerre. Car, ceux qui sont ainsi condamnés arbitrairement à souffrir et à mourir, ont tout perdu. Celui qui a tout perdu n’a plus rien à perdre : il n’a plus que la solution du désespoir qui le conduira à entraîner avec lui dans la mort ceux qui l’ont condamné à mourir.

    Jean-Yves Jézéquel


  • Le Venezuela et le droit international. Lettre ouverte au pape François.

     
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    Cher papa Francisco,

    Je n’arrive pas à comprendre comment, vous, auteur de l’Exhortation apostolique Evangelii gaudium dans laquelle vous dénoncez avec force et vigueur le capitalisme sauvage, source des grands conflits de ce mondeait pu se laisser entrainer dans les rangs de celui qui en est le grand maitre, l’Empire étasunien. Vous n’en êtes pas à vos premières expériences de ces conflits qui mettent en confrontations les forces de l’Empire avec celles des peuples qui veulent s’en libérer. Vous avez connu de près ce qui s’est passé au Chili sous le régime de Salvador Allende et sous la dictature d’Augusto Pinochet. Vous avez également vécu en Argentine sous le régime de la dictature des trois généraux. Une expérience que peu de papes ont eue pour mieux comprendre sur le terrain les véritables intentions tant de l’Empire pour dominer que  des peuples pour s’en libérer. Les souvenirs du Plan Condor que vous avez vu en action devraient vous donner la mesure d’humanité de ceux et celles qui en furent les exécutants et devrait également vous rappeler le courage, les souffrances de ceux et celles qui en furent les victimes.

    Votre arrivée à Rome, cher papa Francisco, aura été un véritable souffle d’espérance, pour ceux et celles dont les témoignages et le vécu n’avaient, à Rome, ni oreilles pour entendre leur histoire ni yeux pour voir les atrocités dont les leurs avaient été victimes. Le message livré dans votre Exhortation apostolique Evangelii gaudiuma été reçu avec enthousiasme par ceux et celles en lutte contre ce capitalisme sauvage, si désastreux pour les humbles de la terre et néfaste pour l’ensemble de l’humanité. Le président de Bolivie, Evo Morales, s’est exclamé en disant « enfin j’ai un papa à Rome ». À l’époque, je vous avais écrit une lettre ouverte pour vous remercier du courage que vous aviez eu pour dénoncer ce capitalisme sauvage. On pouvait y lire ceci, entre autres :

    « Nous ne pouvons plus compter sur les forces aveugles et la main invisible du marché. La croissance de l’équité exige plus que la croissance économique, bien qu’elle implique des décisions, des programmes, des mécanismes et des processus visant spécifiquement une meilleure répartition des revenus, une création d’emplois, une promotion globale des plus pauvres qui dépassent la simple assistance « (204). « Jusqu’à ce que les problèmes des pauvres soient résolus de manière radicale, renonçant à l’autonomie absolue des marchés et à la spéculation financière et s’attaquant aux causes structurelles de l’inégalité [173], les problèmes du monde et, en définitive, aucun problème ne sera résolu. L’inégalité est la racine des maux sociaux »(202)

    On peut dire, sans exagération, que les gouvernements d’Hugo Chavez et de Nicolas Maduro se caractérisent particulièrement par un effort constant de redistribution de la richesse au bénéfice des classes sociales les moins bien nanties. Il m’est arrivé de faire un lien entre ces politiques du socialisme du XXIe  et la pensée sociale du pape Jean XXIII. À l’époque, j’avais écrit ce texte en espagnol.

    Avec tout ce qui précède, vous comprendrez que le tournant qu’ont pris vos propos et actions en ces dernières semaines a de quoi inquiéter ceux et celles qui ont cru, un moment, que l’Église sous le pape François allait prendre ses distances d’avec les pouvoirs de l’Empire.  Lors de votre séjour aux journées mondiales de la jeunesse, à Panama,  vous avez clairement exprimé que les problèmes du Venezuela devaient se résoudre entre Vénézuéliens et Vénézuéliennes, dans la paix et la justice. C’est suite à cette déclaration que le Président du Venezuela, Nicolas Maduro, vous a écrit une lettre dans laquelle il partageait cette idée d’une solution par le dialogue entre les partis en conflit et vous demandait, par la même occasion, votre présence comme médiateur. Votre réponse s’est fait attendre jusqu’à ce que l’épiscopat vénézuélien et votre secrétaire d’État, Pietro Parolin, vous disent que tout dialogue ne servirait à rien, que Maduro ne tenait pas ses engagements. Je suppose que vous avez vérifié ces dires auprès de l’ambassadeur du Venezuela auprès du Vatican. Il faut dire que Washington avait déjà donné l’ordre à l’opposition de ne pas s’engager dans des opérations de dialogue.

    Votre réponse est finalement arrivée avec une double surprise. La premièreest ce changement de cap dans la façon de résoudre les problèmes, le dialogue ne fait plus partie de la voie à suivre. Il faut croire que d’autres voies ont été portées à votre connaissance.  La seconde, beaucoup plus sérieuse et grave, est celle de ne plus reconnaître Maduro comme président élu,substitué en cela par  le député autoproclamé président, Juan Guaido, en disgrâce de pouvoir constitutionnel, comme président transitoire. Sans doute, une manière diplomatique de passer dans le groupe de Lima.  À ceci s’ajoute le fait, en tant que chef d’État du Vatican, vous avez dérogé à la Charte des droits des peuples en intervenant dans les affaires internes du Venezuela.

    Le 26 janvier dernier, le Conseil de Sécurité des Nations Unies  s’est prononcé majoritairement contre toute forme d’intervention au Venezuela. La Charte des Nations Unies est bien claire sur cette question et c’est en référence à cette loi fondamentale et à son respect qu’il fallait mettre un terme aux prétentions interventionnistes de Washington d’envahir le Venezuela pour en devenir le maitre. 

    Les faits nous démontrent, cher papa Francisco, que le recours aux lois n’est utile aux grands et puissants que lorsque cela leur convient. En dehors de leurs intérêts, aucune loi ne les dérange. C’est triste à dire, mais vos dernières décisions vont dans ce sens. Vous n’avez dénoncé, en aucun moment,  les ingérences des É.U. au Venezuela. Il en fut de même pour ses politiques de sanctions et de guerre économique qui font tant de mal aux peuples qui en sont les premières victimes. Ces silences à l’endroit de Washington se comprennent par la complicité que le Vatican a avec ce dernier qui vise la reconquête des pouvoirs en Amérique latine.

    Je m’excuse d’avoir été aussi long, mais le sujet l’exigeait.

    Ma prière vous accompagne et j’espère qu’il en sera de même de vous à mon endroit

    Oscar Fortin

    Québec, le 18 février 2019

     





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