• Le résultat de Mélenchon aux présidentielles, analysé par GQ en mai 2012

    25 Janvier 2017 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #GQ, #élection 17, #lutte contre l'impérialisme

    Le résultat de Mélenchon aux présidentielles, analysé par GQ en mai 2012

    GQ  appelle à voter Mélenchon en 2017. Qu'écrivait-il en 2012?

    Bilan du 22 avril 2012

    Mélenchon à 11% c’est en fait un succès pour l’homme, dont la personnalité est la principale force. Il avait vraiment envie de gagner, et comment gagner sans cela ? Il se rêve en Chavez français. Pourquoi pas ? Il a revitalisé les thèmes révolutionnaires et patriotiques, et une partie du peuple l’a entendu bien au delà de ce qui était prévu, même au mois de janvier. Il n’a pas eu peur de la médiacratie, il n’a pas eu peur de déplaire aux biens pensants en attaquant ad-hominem les monopolisateurs de la communication.

    Mais il n’a pu dépasser les 14% de la « gauche de gauche » de 1995 et de 2002 parce qu’il a refusé d’affronter les questions qui fâchent les travailleurs.

    En négligeant complètement la question de la sécurité, il s’est trouvé pris à contre-pied avec le retour brutal du thème sur scène avec l’affaire Merad, qui a coupé court à sa dynamique.

    Il est monté sur les salaires, et il est redescendu sur la « sixième république » qui a occupé de plus en plus de place dans ces discours de fin de campagne, discours de plus en plus courts prononcés pourtant devant de plus en plus de monde. Il paye là le prix de sa faiblesse politique sur l’Europe, et c'est justice car il ne peut pas ne pas se rendre compte que la « sixième » existe déjà depuis longtemps : le traité de Lisbonne est notre constitution, et Maastricht (qu'il avait voté) l'était déjà.

    Au lieu de préconiser la diminution de l’immigration pour favoriser l’intégration, il est apparu comme une fois de plus le porte parole de la main gauche du capital : la main droite noie les immigrés dans la Méditerranée, tandis que la main gauche les encourage à s’embarquer en promettant la régularisation à tout le monde. Ce qui concourt à un monde parfait pour le capital où les immigrés sont utilisés à la fois pour faire baisser les salaires et pour détourner le débat politique du social et de l’économique vers les questions identitaires.

    Je ne lui reproche pas son engagement écologiste, les limites des ressources vitales de la planète et les menaces sur son habitabilité sont une réalité qu’il faut accepter en matérialiste. Mais de ne pas dire ce qu’il sait très bien, que l’écologie réelle est pro nucléaire et pro OGM.

    Après avoir surpris agréablement en n’ayant pas eu peur de chahuter les fausses icônes médiatiques de la CIA telle le Dalai Lama, il avait déçu sur la Libye, sur la Syrie en refusant de s’opposer aux ingérences impérialistes dans ces pays. Mais il a su tout de même au cours de la campagne se montrer solidaire de Cuba et préconiser la sortie unilatérale de l'OTAN.

    Le vote Mélenchon représente donc la petite bourgeoisie de gauche, historiquement forte dans ce pays depuis Proudhon, avec une petite percée en direction des jeunes prolétaires enfants d'immigrés, et fort dans le secteur public, et comme lui très homogène sur le territoire : il fait bien plus que Marchais en Alsace, bien moins que lui dans le Nord. Et il ne peut donc guère servir à des conquêtes législatives ou municipales qui supposent des points forts bien localisés.

    Cela dit Mélenchon reste meilleur c'est-à-dire plus révolutionnaire au moins dans les mots, moins compromis avec le PS, moins crypto-atlantiste et moins pro-européen que le groupe dirigeant du PCF. Ce qui est paradoxal, puisqu'il est utilisé par cette même direction pour faire disparaître toute trace de marxisme et de classe ouvrière au PCF et le transformer en coquille vide. Et c’est lui en ce moment qui peut, peut être, retenir notre parti sur la pente glissante d’une nouvelle gauche plurielle.

    GQ, 4 mai 2012

    PS, je vote Hollande dimanche. Sarkozy est un dangereux ersatz mussolinien qu'il faut éradiquer.

    PPS de mai 2014. J'ai eu tort de voter Hollande, à voir l'ignominie aggravée de la politique étrangère de la France en Syrie, Ukraine, Afrique, etc ! Quant à "retenir notre parti" sur sa pente glissante, rien n'aurait pu le faire, semble-t-il.

    PPPS 28 octobre 2016, je suis toujours membre du PCF, mais je n'inscrit plus mon action politique et celle de webmaster de Réveil Communiste dans le champ défini par la politique de ce parti. Je suis également membre de l'ANC (Association nationale des communistes), fondée à Saint Denis en janvier 2016.

    PPPS 16 janvier 2017

    Je pense que Mélenchon peut gagner car il est moins "seul" et qu'il affronte davantage les questions difficiles en 2017 qu'en 2012. J'ai donc soutenu sa candidature au sein du PCF. En 2011, où la victoire était hors de question, j'avais voté pour Chassaigne, qui aurait été un bon candidat pour le PCF, mais bien plus droitier.


  • La bataille autour de la détente Trump-Poutine a commencé


    Les événements de la semaine écoulée montrent que Trump a sérieusement l’intention de changer la politique des États-Unis à l’égard de la Russie et les ennemis de la détente le savent bien. Voici les leçons à tirer du passé.


    Par Stephen F. Cohen – Le 17 Janvier 2017 – Source The Nation  via John Batchelor Show


    Stephen Cohen est professeur honoraire en études, histoire et politique russes de l’Université de New York et de celle de Princeton. Auteur de différents ouvrages sur l’histoire de l’Union soviétique, il a conseillé Mikhaïl Gorbatchev et George H. W. Bush dans les années 1990. Il collabore à l’hebdomadaire The Nation, qui paraît à New York. Son dernier ouvrage, intitulé Du Stalinisme à la Nouvelle Guerre Froide (Columbia University Press), est paru aux Presses de l’Université de Columbia.

    John Batchelor est animateur radio et diffuse sur plus d’une vingtaine de stations américaines. Dans son « show », il débat avec différentes personnalités de questions d’actualité, de politique, d’histoire et de science.

     

    Stephen Cohen et John Batchelor poursuivent leur discussion hebdomadaire sur le thème de la nouvelle Guerre froide entre les USA et la Russie, discussion qu’ils ont entamée il y a plus de trois ans (pour télécharger la discussion qui dure 40 minutes, se brancher sur www.thenation.com/authors/stephen-f-cohen). L’historique de la détente au XXe siècle, tout comme les leçons qu’on peut en tirer et l’impérieuse nécessité d’une détente, dans le contexte très explosif de la nouvelle Guerre froide, ont été abordés à plusieurs reprises dans des émissions précédentes. Toutefois, à la lumière des récents événements, Cohen juge nécessaire de revenir brièvement sur cet historique.

    Les trois principales tentatives de détente au XXe siècle ont eu lieu sous les présidences d’Eisenhower, de Nixon et de Reagan. C’est sous Reagan, que les efforts ont été les plus conséquents et finalement couronnés de succès. Ils nous donnent des enseignements, dont les Présidents Trump et Poutine devraient s’inspirer.

    Dans les deux camps, à Washington comme à Moscou, la détente a de puissants ennemis qui ne vont pas seulement s’opposer au processus diplomatique, mais aussi tenter sournoisement de le saboter. Par conséquent, le président des États-Unis doit être prêt et déterminé à se battre pour sa politique. Pour cela, il a besoin d’une équipe capable et moralement unie, en particulier le conseiller en sécurité à la Maison Blanche, le Secrétaire d’État, ainsi que l’ambassadeur des États-Unis à Moscou. Il doit aussi trouver un appui à sa politique de détente au sein des élites et des électeurs qui n’ont pas voté pour lui, appui qu’il aura beaucoup plus de peine à obtenir que cela n’avait été le cas pour Reagan. Cela dit, le locataire de la Maison Blanche n’a pas besoin d’avoir au Kremlin un « ami », mais un partenaire fort et un partisan convaincu de la détente, ainsi que semble l’être Poutine, malgré toute la diabolisation débridée à laquelle il a été soumis par les médias politiques les plus en vue. Le cadre ainsi posé, Cohen analyse l’évolution de la situation, en commençant par Trump.

    Lorsqu’il propose de tenir à Reykjavík son premier sommet avec Poutine, Trump semble évoquer les souvenirs de la détente sous Reagan. C’est en effet en Islande que Reagan avait rencontré Gorbatchev. Comme l’avaient fait les deux présidents, il donne d’emblée la priorité à la réduction et au contrôle des armes nucléaires. De cette manière, il déplace l’accent qui avait été mis sur les sanctions et les négociations sur la crise ukrainienne (qui sont bloquées principalement par la volonté de Kiev) pour favoriser une avancée sur les armes nucléaires (sur lesquelles Kiev n’a pas voix au chapitre). En se rapprochant de la première ministre britannique Theresa May, tout comme Reagan l’avait fait avec Margaret Thatcher, Trump minimise le rôle de la chancelière allemande Merkel, qui est la principale opposante à la levée des sanctions européennes à l’égard de la Russie.

    Entre-temps, Trump a commencé de constituer une forte équipe à la Maison Blanche et au Département d’État en faveur de la détente, tout en maintenant son refus de diaboliser son futur partenaire Poutine. Il a laissé entendre que les allégations selon lesquelles Poutine aurait encouragé sa victoire aux élections, étaient dues à des fuites organisées par la CIA sans aucune preuve à l’appui, vraisemblablement dans le but de saboter la détente avant même qu’elle n’ait démarré.

    Les ennemis de la détente dans le camp américain ne sont pas moins conscients des intentions de Trump à cet égard, comme il ressort clairement de leurs récents agissements. Ils essaient par différents moyens de discréditer Trump, en tant que président, en laissant entendre qu’il poursuit une politique perfide avec la Russie. (Ainsi, sur les chaînes MSNBC et CNN, un journaliste a pu accuser Trump d’être à la tête d’une « cinquième colonne », sans s’attirer aucune protestation de ses voisins de plateau, cette accusation étant reprise quotidiennement par les éditorialistes du New York Times). Les chefs politiques du camp bipartisan opposé à la détente (parti républicain et démocrate confondus) insistent sur le fait que la Russie de Poutine constitue la menace numéro un des États-Unis et de toutes les démocraties occidentales, aussi absurde que cela puisse paraître. Les ennemis de la détente ont encore redoublé leurs efforts pour diaboliser Poutine et le discréditer en tant que partenaire des États-Unis en alléguant, comme le font les éditorialistes du Times, que la détente aurait des conséquences « calamiteuses » pour les États-Unis. Et même le président sortant Obama, dont la politique russe est en pagaille, semble vouloir semer derrière lui des obstacles supplémentaires à la détente, en imposant de nouvelles sanctions à la Russie, en tenant des propos méprisables sur Poutine et en poussant les troupes et les tanks de l’OTAN et de l’Amérique jusqu’aux frontières occidentales de la Russie.

    Il ne faut pas sous-estimer non plus, selon Cohen, les ennemis de la détente à Moscou, avec lesquels Poutine va devoir compter et qui manifestent déjà leur mécontentement. Leur opposition relève pour une part d’un parti pris anti-occidental traditionnel, mais elle se base aussi sur deux griefs très forts, dont l’origine est plus récente. Le premier tient au fait que la détente, tout d’abord sous Reagan–Gorbatchev–Bush et ensuite sous Clinton–Eltsine, a eu des effets catastrophiques pour l’Union soviétique et la Russie, autant sur le plan interne qu’externe. Pour cette raison, Poutine ne peut pas prendre le risque d’être vu dans son pays comme le continuateur de la tradition de détente de Gorbatchev et Eltsine. Deuxièmement, dans certains milieux moscovites influents, on est fermement convaincu que Washington a rompu ses promesses à plusieurs reprises depuis que Poutine a accédé au pouvoir en 2000, dans des périodes qui s’apparentaient à de la détente ou à un nouveau départ (« reset »). À leur avis, la même chose se passera sous la présidence de Trump.

    Pour terminer, Cohen et Batchelor évoquent brièvement les sujets qui sont à mettre à l’ordre du jour d’une négociation sur la nouvelle détente. Parmi ces sujets, il y a évidemment les divergences sur la question des armes nucléaires (y compris le problème crucial des installations de défense anti-missiles américaines), ainsi que l’expansion de l’OTAN, le terrorisme international, la Syrie, l’Ukraine et d’autres conflits régionaux. En rappelant que pour aboutir, la détente a toujours exigé des concessions mutuelles, Cohen soulève la question des concessions que Poutine serait amené à faire pour aider Trump à trouver aux États-Unis un soutien à une politique de détente. Cohen fait quatre suggestions : premièrement, mettre fin à l’interdiction de l’adoption d’orphelins russes par des familles américaines ; deuxièmement remettre en œuvre le programme lancé en son temps par le sénateur Bill Bradley, qui a permis à des milliers de jeunes Russes de séjourner et d’étudier aux États-Unis ; troisièmement, faire de même avec le programme Nunn-Lugar pour garantir la sécurité des matériaux russes de destruction massive et enfin remplacer les Européens, qui ont échoué dans le processus de Minsk, par un groupe conjoint USA–Russie–Ukraine placé sous les auspices des Nations-Unies et chargé de négocier le règlement de la guerre civile et de la guerre par procuration qui sévit en Ukraine.

    Quels que soient les enjeux de cette nouvelle détente et son impérative nécessité, Cohen conclut qu’elle se heurtera à une très forte opposition et que la bagarre a déjà commencé.

    Stephen F. Cohen

    Traduit par JMB,  relu par nadine pour le Saker Francophone


  • « Tous ensemble, tous ensemble !! Pour sauver l’emploi de nos postiers et livreurs, flinguons les drones !! » L’édito de Charles SANNAT

    Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

    Non, non, je précise tout de suite que je n’appelle pas à la violence armée… Enfin, armée oui, mais pas de kalach ! Remballez donc votre quincaillerie et vos pétoires. Si je commence à inciter à l’armement des foules, je vais finir dans les geôles du gouvernement, et puis de vous à moi, sortir la mitraillette contre un drone Amazon c’est un peu démesuré, et cela manque d’élégance.

    Ayant grandi en regardant Thierry la Fronde en noir et blanc (je sais, cela ne nous rajeunit pas), mon imaginaire personnel sera plus stimulé par l’usage d’un lance-pierre que d’une arme à feu ! En plus, c’est nettement moins dangereux, et si on ne peut pas sortir son fusil n’importe où (ce qui est tout de même assez raisonnable), un petit lance-pierre fera l’affaire pour dézinguer les drones et mettre un joyeux bazar dans les lignes logistiques des grosses multinationales et ainsi préserver l’emploi de nos livreurs et autres postiers.

    Les drones de livraison ? Ce n’est pas pour demain

    Voici ce que raconte cet article de L’Express belge.

    « Vous avez probablement entendu dire que les drones de livraison allaient bientôt arriver dans votre voisinage, écrit Todd Frankel, du Washington Post.

    Amazon et Google ont publié des vidéos montrant leurs drones déposant “précisément et de manière fiable” des paquets dans les porches d’entrée de clients et ils affirment que leurs véhicules seront prêts à voler dès que les gouvernements auront défini les règles d’occupation de l’espace aérien. N’y croyez pas. Des “problèmes domestiques” vont obliger les drones à rester au sol durant quelques années.

    Les constructeurs avouent qu’ils ne possèdent aucune

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    TRUMP. Trump t’es là ? Whirlpool va délocaliser la fabrication de sèche-linge d’Amiens en Pologne…

    La fabrication de sèche-linge devrait cesser au 1er juin 2018 dans l’usine Whirlpool d’Amiens. Le fabricant cherche un repreneur pour le site, qui emploie 290 personnes…

    En clair, ce sont 300 personnes qui vont partir au chômage et leur boulot qui va aller s’installer en Pologne où le coût du travail est 4 fois inférieur au coût français, au sein même de l’Europe qui organise consciemment le dumping fiscal et social.

    Aux USA, Trump ferait un « tweet » et Whirlpool augmenterait même immédiatement le nombre d’ouvriers pour ne pas se faire virer du marché.

    Nous, on a Hollande, qui nous explique que le mondialisme c’est bien, que l’ennemi c’est le protectionnisme, qu’il faut encore plus de chômage et de chômeurs et d’usines qui ferment…

    Fascinant choc des différentes 

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    Vidéo Charles SANNAT sur les « trumpettes du souverainisme » pour la Pravda !

    Faire une interview pour la Pravda a toujours eu un petit goût d’ex-URSS qui n’est pas pour me déplaire… Au-delà de la boutade, voici la vidéo faite hier sur les derniers sujets d’actualité.

    Comme vous le savez, je me passionne complètement pour ce sujet que je nomme les « trumpettes du souverainisme » et ce virage politique que Trump amorce pour la première économie mondiale.

    Sujet où se mêle les aspects économiques, idéologiques, mais aussi le conflit sino-américain pour le leadership du monde.

    Bref, de quoi se triturer les méninges ensemble pour tenter de comprendre le monde qui nous entoure.

    Pas simple évidemment, mais tellement enthousiasmant intellectuellement parlant.

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    Bonne nouvelle ! 6 jeunes sur 10 veulent créer leur entreprise. Ils ont tout compris !!

    « Six jeunes sur dix veulent créer leur propre entreprise, selon une étude menée par OpinionWay pour l’Union des auto-entrepreneurs, à l’occasion du 24e Salon des Entrepreneurs de Paris. »

    J’ai toujours eu une certaine méfiance pour les études « OpinionWay » souvent un peu complaisantes avec le donneur d’ordre mais bon, « c’est le jeu ma pauvre Lucette » !

    « Les jeunes croient de moins en moins au CDI, mais ils sont de plus en plus nombreux à vouloir se lancer dans l’aventure de l’entreprise en créant leur propre affaire, la proportion, selon cette étude, est deux fois plus importante que la moyenne de la population. Et elle progresse : dans une précédente étude, en janvier 2016, l’étude relevait que 55 % des 18-24 ans et 56 % des 25-34 ans avaient envie de créer leur entreprise. »

    « Pour expliquer cet engouement vers l’aventure entrepreneuriale, plusieurs raisons positives ou optimistes, sont avancées : l’autonomie, la liberté dans le choix des méthodes de travail, le choix des missions ou encore l’épanouissement personnel. Mais il y a aussi des raisons implicites liées au marché du travail. Les jeunes ont pris conscience que le CDI est de plus en plus difficile à décrocher. Ils sont 81 % à le penser, et même 23 % à estimer que le sacro-saint contrat à durée indéterminée est « très difficile », pour eux, à atteindre. »

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    L’Inde va-t-elle bouleverser le marché de l’argent ?

     

    De nombreuses raisons justifient une hausse importante de l’argent dans les années à venir. En voici une nouvelle, qui échappe au radar de la plupart des investisseurs…

    Les Indiens achètent énormément d’or. La banque Macquarie estime que l’or représente environ 78 % de l’épargne des ménages indiens, plus que n’importe où dans le monde. Habitude positive ou négative, une telle épargne en or entrave la croissance car les réserves des banques nécessaires pour accorder des crédits diminuent.

    Comme vous le savez probablement, cela fait des années que le gouvernement indien tente de réduire la demande. Depuis que j’analyse les métaux précieux, le gouvernement a introduit trois plans de démonétisation de l’or : “déposez votre métal jaune à la banque et nous vous payerons des intérêts” propose l’offre.

    Le premier plan n’a pas vraiment marché, notamment parce que les taux offerts étaient bien trop bas. Mais le gouvernement indien n’a pas abandonné, si bien que leurs efforts plus récents ont commencé à jouer un rôle sur la demande d’or. Non seulement la tentative la plus récente a été plus efficace, notamment en raison de taux offerts plus élevés, mais la démonétisation de novembre des billets de 500 et de 1000 roupies a également joué un rôle.

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  • 25 Janvier 2017

    Publié par El Diablo

    photo d'illustration (source: lexpress.fr)

    photo d'illustration (source: lexpress.fr)

    par Etienne Girard [MARIANNE]

    Dans la campagne pour la primaire à gauche, Benoît Hamon entend incarner l'alternative à la « vieille politique ». Sauf que voilà près de vingt-cinq ans que le député des Yvelines, qui retrouve ce samedi 14 janvier 2017 à Paris ses lointains successeurs du MJS, est un as des manœuvres d'appareil au PS...

    Benoît Hamon projette-t-il de se faire parachuter sénateur en septembre 2017 ? Depuis que les investitures PS ont été gelées - en catimini - dans son fief des Yvelines, la rumeur enfle dans le microcosme. L'entourage du candidat à la primaire de la gauche jure qu'il n'y songe aucunement, et ce même s'il n'est pas élu président de la République puis qu'il perd son siège de député aux législatives. Mais plusieurs responsables socialistes du département imaginent déjà la manip'… « Ce serait bien son genre », note un poids lourd local. Même la première fédérale socialiste, Sandrine Grandgambe, proche de Benoît Hamon, n'écarte pas l'hypothèse : « C'est une option possible, parmi d'autres », explique à Marianne cette élue de Trappes, qui justifie le gel des investitures par une nécessité d' « attendre un contexte plus apaisé à gauche ».

    […]

    LIRE LA SUITE DE L’ARTICLE CI-DESSOUS SUR LE SITE DE MARIANNE :


  • La meilleure armée de la planète ?


    Saker USSaker US

    Par Le Saker – Le 18 janvier 2017 – Source The Saker

    Dans mon récent article, Les risques et les chances pour 2017, j’ai fait une déclaration qui a choqué de nombreux lecteurs. J’ai écrit :

    La Russie est maintenant le pays le plus puissant de la planète. [] l’Armée russe est probablement la plus puissante et la plus capable sur terre (bien qu’elle ne soit pas la plus grande) [] la Russie est le pays le plus puissant sur la terre pour deux raisons : elle rejette et dénonce ouvertement le système politique, économique et idéologique mondial, régnant dans le monde entier, que les États-Unis ont imposé à notre planète depuis la Seconde Guerre mondiale, et parce que Vladimir Poutine jouit d’un soutien solide comme le roc de quelques 80% de la population russe. La plus grande force de la Russie en 2017 est morale et politique ; c’est la force d’une civilisation qui refuse de jouer selon les règles que l’Occident a réussi à imposer au reste de l’humanité. Et maintenant que la Russie les a « rejetées » avec succès, d’autres suivront inévitablement (de nouveau, en particulier en Asie).  

    Si certains ont rejeté ceci comme une hyperbole assez ridicule, d’autres m’ont demandé d’expliquer pourquoi j’arrive à cette conclusion. Je dois admettre que ce paragraphe est quelque peu ambigu : d’abord j’affirme quelque chose de spécifique sur les capacités de l’Armée russe puis les « preuves » que je présente sont de nature morale et politique ! Pas étonnant que certains aient exprimé des réserves.

    Effectivement, ce qui figure ci-dessus est un bon exemple de l’une de mes pires faiblesses : j’ai tendance à supposer que j’écris pour des gens qui feront les mêmes hypothèses que moi, considéreront les problèmes de la même manière que moi et comprendront ce qui est implicite. C’est ma faute. Donc aujourd’hui, je vais tenter de préciser ce que je voulait dire et clarifier mon point de vue sur cette question. Pour cela, cependant, un certain nombre de prémisses doivent, je pense, être énoncées explicitement.

    Tout d’abord, comment mesure-t-on la qualité d’une armée et comment les armées de divers pays peuvent-elles être comparées ?

    La première chose à écarter immédiatement est la pratique totalement inutile connue sous le nom de « décompte des haricots » : compter le nombre de chars, de véhicules blindés pour le transport des troupes, des véhicules blindés de combat d’infanterie, de pièces d’artillerie, d’avions, d’hélicoptères et de navires pour le pays A et le pays B et en déduire lequel des deux est le plus « fort ». Cela n’a absolument aucun sens. Ensuite, deux autres mythes doivent être détruits : que la haute technologie gagne les guerres et que l’argent gagne les guerres. Comme j’ai analysé ces deux mythes en détail ailleurs (ici), je ne le répéterai pas.

    Ensuite, je soutiens que le but d’une armée est d’atteindre un objectif politique spécifique. Personne n’entre en guerre uniquement au nom de la guerre, et la « victoire » n’est pas un concept militaire, mais politique. Donc oui, la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens. Par exemple, réussir à dissuader un agresseur potentiel pourrait être compté comme une « victoire » ou, au moins, comme une réussite de votre armée si son but était la dissuasion. La définition de la « victoire » peut comprendre la destruction de l’armée de l’autre, bien sûr, mais ce n’est pas une obligation. Les Britanniques ont gagné la guerre des Malouines/Falklands même si les forces argentines étaient loin d’être détruites. Quelquefois, le but de la guerre est le génocide, et dans se cas se contenter de vaincre une armée ne suffit pas. Prenons un exemple récent : selon une déclaration officielle de Vladimir Poutine, les objectifs officiels des interventions de l’armée russe en Syrie étaient 1) stabiliser l’autorité légitime et 2) créer les conditions d’un compromis politique. Il est indéniable que les forces armées russes ont totalement atteint ces deux objectifs, mais elles l’ont fait sans que cela nécessite une « victoire » impliquant une destruction totale des forces ennemies. En fait, la Russie aurait pu utiliser des armes nucléaires et des tapis de bombes pour balayer Daech, mais cela aurait eu pour résultat une catastrophe politique pour la Russie. Est-ce que cela aurait été une « victoire militaire » ? Dites-le moi !

    Donc si le but de l’armée d’un pays est d’atteindre des objectifs politiques particuliers, cela implique directement qu’il est absurde de dire que l’armée d’un pays peut tout faire, partout et tout le temps. Vous ne pouvez pas avoir une armée indépendamment d’un ensemble de circonstances très spécifiques :

    1) Où : Espace/géographique.

    2) Quand : moment/durée.

    3) Quoi : objectif politique.

    Pourtant, ce que nous voyons, notamment aux États-Unis, est une approche diamétralement opposée. C’est quelque chose comme ça : nous avons l’armée la mieux formée, la mieux équipée et la mieux armée sur la terre ; aucun pays ne peut rivaliser avec nos bombardiers furtifs perfectionnés, nos sous-marins nucléaires, nos pilotes sont les mieux entraînés sur la planète, nous avons des capacités de guerre réseau-centrées sophistiquées, d’intervention globale, de reconnaissance et de renseignement basées dans l’espace, nous avons des porte-avions, notre Delta Force peut vaincre n’importe quelle force terroriste, nous dépensons plus d’argent que tout autre pays, nous avons plus de navires que toute autre nation, etc. etc. etc. Cela ne signifie absolument rien. La réalité est que l’armée étasunienne a joué un rôle secondaire dans la Seconde Guerre mondiale sur le théâtre européen et qu’après cela, les seules « sortes de victoire » que les États-Unis ont remportées sont extrêmement embarrassantes : Grenade (à peine), Panama (presque sans opposition. Je vous accorderai que l’armée étasunienne a réussi à dissuader une attaque soviétique, mais je soulignerai immédiatement que les Soviétiques ont ensuite également dissuadé une attaque étasunienne. Est-ce une victoire ? La vérité est que la Chine non plus n’a pas subi d’attaque soviétique ou américaine ; cela signifie-t-il qu’elle a réussi à dissuader les Soviétiques ou les Américains ? Si vous répondez « oui », alors vous devrez admettre qu’elle l’a fait pour une fraction des coûts américains ; donc quelle armée était la plus efficace – celles des États-Unis ou celle de la Chine ? Ensuite, observez toutes les autres interventions militaires étasuniennes, il y en a une liste convenable, et ce que ces opérations militaires ont réellement atteint. Si je devais choisir la « moins mauvaise », je choisirais à contrecœur Tempête du Désert qui a libéré le Koweït des Irakiens, mais à quel prix et avec quelles conséquences ?

    Dans la grande majorité des cas, lorsqu’on évalue la qualité de l’armée russe, c’est toujours par comparaison avec les forces armées étasuniennes. Mais cela a-t-il un sens de comparer l’armée russe à une armée qui a une longue histoire d’échec à atteindre les objectifs politiques spécifiques qu’elle s’était fixés ? Oui, les forces armées américaines sont énormes, boursouflées, ce sont les plus chères de la planète, les plus technologiques, et leurs performances effectives assez médiocres sont systématiquement occultées par la machine de propagande la plus puissante de la planète. Mais tout cela les rend-elles efficaces ? Je soutiens que loin d’être efficaces, elles sont fantastiquement gaspilleuses et extraordinairement inefficaces, au moins d’un point de vue militaire.

    Vous doutez encore ?

    Okay. Prenons le « meilleur du meilleur » : les forces spéciales américaines. Nommez-moi s’il vous plaît trois opérations réussies exécutées par les forces spéciales américaines. Non, les petites escarmouches contre des insurgés du Tiers Monde peu entraînés et pauvrement équipés, tués dans une attaque surprise, ne comptent pas. Quel serait l’équivalent américain de, disons, Operation Chtorm-333, ou la libération de l’ensemble de la péninsule de Crimée sans qu’une seule personne soit tuée ? En fait, c’est une des raisons pour lesquelles la plupart des blockbusters de Hollywood sur les forces spéciales américaines sont basés sur de terribles défaites comme La Chute du faucon noir ou 13 Hours.

    Quant à la haute technologie américaine, je ne pense pas avoir besoin de me pencher trop à fond sur les cauchemars du F-35 ou du destroyer de classe Zumwalt, ou expliquer comment des tactiques bâclées ont permis à la défense aérienne serbe d’abattre un F-117A super furtif et censément « invisible » en 1999, en utilisant un ancien missile S-125 datant de l’ère soviétique déployé pour la première fois en 1961 !

    Il n’y a aucune Schadenfreude pour moi à me rappeler tous ces faits. Ce que je cherche, c’est briser le réflexe mental qui conditionne tant de gens à considérer l’armée américaine comme une sorte de mètre étalon permettant de mesurer ce que réalisent les autres armées dans le monde. Ce réflexe est le résultat de la propagande et de l’ignorance, pas d’une raison rationnelle. Il en va de même, d’ailleurs, pour les autres armées faisant l’objet d’une hyper-propagande : les FDI israéliennes dont les troupes blindées, les pilotes et les fantassins sont toujours présentés comme extraordinairement bien entraînés et compétents. La réalité est bien sûr qu’en 2006, les FDI n’ont même pas pu sécuriser la petite ville de Bint Jbeil située à seulement 2 km de la frontière israélienne. Pendant 28 jours, les FDI ont tenté d’arracher le contrôle de Bint Jbeil aux forces de second plan du Hezbollah (celui-ci gardait ses meilleures forces au nord de la rivière Litani pour protéger Beyrouth) et ont totalement échoué, en dépit de leur immense supériorité numérique et technologique.

    J’ai personnellement parlé à des officiers étasuniens qui se sont formés avec les FDI et je peux vous dire qu’ils n’étaient pas du tout impressionnés. Exactement comme les guérilleros afghans sont totalement unanimes lorsqu’ils disent que le soldat soviétique est bien meilleur que le soldat américain.

    Parlons de l’Afghanistan

    Vous souvenez-vous que la 40e Armée soviétique, qui était chargée de combattre les « combattants de la liberté » afghans, était généralement sous-équipée, sous-entraînée et peu soutenue en termes logistiques ? Alors lisez cet effroyable rapport sur les conditions sanitaires de la 40e Armée et comparez-le avec les 20 milliards de dollars par an que les États-Unis dépensent en air conditionné en Afghanistan et en Irak ! Ensuite comparez les occupations étasunienne et soviétique en termes de performances : non seulement les Soviétiques contrôlaient la totalité du pays le jour (la nuit, les Afghans contrôlaient la plus grande partie des campagnes et les routes), mais ils contrôlaient aussi toutes les grandes villes 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. En revanche, les États-Unis tiennent difficilement Kaboul et des provinces entières sont aux mains des insurgés. Les Soviétiques ont construit des hôpitaux, des barrages, des ponts, etc., alors que les Américains n’ont absolument rien construit. Et comme je l’ai déjà dit, dans toutes les interviews que j’ai vues, les Afghans sont unanimes : les Soviétiques étaient des ennemis beaucoup plus coriaces que les Américains.

    Je pourrais continuer sur des pages et des pages, mais arrêtons-nous là et acceptons simplement que l’image de relations publiques de l’armée étasunienne (et israélienne) n’a rien à voir avec leurs capacités et leurs performances effectives. Il y a des choses que l’armée américaine fait très bien (déploiement à longue distance, guerre sous-marine en eaux tempérées, opérations de transport, etc.), mais son efficacité et son efficience sont assez faibles.

    Donc qu’est-ce qui rend l’armée russe si bonne ?

    D’une part, sa mission, défendre la Russie, est proportionnée aux ressources de la Fédération de Russie. Même si Poutine le voulait, la Russie n’a pas les capacités de construire dix porte-avions, de déployer des centaines de bases outre-mer ou de dépenser plus pour la « défense » que le reste de l’humanité. L’objectif politique spécifique confié à l’armée russe est très simple : dissuader ou repousser toute attaque contre la Russie.

    D’autre part, pour accomplir cette mission, l’armée russe doit être capable d’attaquer et de l’emporter à une distance maximale de 1 000 km, ou moins, de la frontières russe. La doctrine militaire russe officielle fixe les limites d’une opération offensive stratégique un peu plus loin et inclut la défaite totale des forces ennemies et l’occupation de leur territoire à une profondeur de 1 200 à 1 500 km (Война и Мир в Терминах и Определениях, Дмитрий Рогозин, Москва, Вече, 2011, p.155), mais en réalité cette distance serait beaucoup plus courte, en particulier dans le cas d’une contre-attaque défensive. Ne vous y trompez pas, cela reste une tâche redoutable à cause de l’immense longueur de la frontière russe (plus de 20 000 km), qui traverse presque tous les types de géographie, depuis les déserts et les montagnes arides jusqu’à la région du pôle Nord. Et c’est là l’extraordinaire : l’armée russe est actuellement capable de vaincre n’importe quel ennemi imaginable tout le long de ce périmètre. Poutine lui-même l’a dit récemment lorsqu’il a déclaré que « nous pouvons le dire avec certitude : nous sommes maintenant plus forts que tout agresseur potentiel, quel qu’il soit ! » Je réalise que pour la plus grande partie du public américain, cela sonne comme le baratin typique que tout officier ou politicien étasunien doit dire à chaque occasion publique, mais dans le contexte russe, c’est assez nouveau : Poutine n’avait jamais dit quelque chose de semblable auparavant. Les Russes préfèrent se plaindre de la supériorité qu’ils prêtent à leurs adversaires (eh bien, ils le sont, en nombre – ce que tout analyste militaire russe sait ne rien vouloir dire).

    Numériquement, les forces russes sont en effet beaucoup plus modestes que celles de l’OTAN et de la Chine. En fait, on pourrait dire que par rapport à la taille de la Fédération de Russie, son armée est assez petite. C’est vrai. Mais elle est redoutable, bien équilibrée en termes de capacités et fait un usage maximum des caractéristiques géographiques uniques de la Russie.

    Aparté
    La Russie est un pays bien plus « nordique » que, disons, le Canada ou la Norvège. Voyez où se situent la grande majorité des villes et des villages au Canada ou en Scandinavie. Puis regardez une carte de la Russie et les latitudes où sont situées les villes russes. La différence est assez frappante. Prenez par exemple Novosibirsk, qui est considérée en Russie comme une ville méridionale de Sibérie. Elle est presque à la même latitude qu’Edimbourg en Écosse, Grande Prairie en Alberta ou Malmö en Suède.

    C’est pourquoi tout l’équipement utilisé par les Forces armées russes doit être opérationnel à des températures allant de -50° à +50°. La plupart des engins occidentaux ne peuvent pas opérer à des températures aussi extrêmes. Bien sûr, il en va de même pour le soldat russe, qui est aussi formé pour agir dans cette gamme de températures.

    Je ne pense pas qu’il y ait une autre armée qui puisse prétendre posséder de telles capacités, et très certainement pas les forces armées américaines.

    Un autre mythe qu’il faut détruire est celui de la supériorité de la technologie occidentale. Alors qu’il est vrai que dans certains domaines spécifiques, les Soviétiques n’ont jamais été capables de rattraper l’Occident, les micro-puces par exemple, cela ne les a pas empêchés d’être les premiers à développer une grande liste de technologies militaires telles que les radars à réseau en phase sur des intercepteurs, des viseurs montés sur des casques pour les pilotes, des missiles sous-marins à sous-cavitation, des chargeurs automatiques sur les chars, des véhicules blindés déployables en parachute, des sous-marins d’attaque à double coque, des missiles balistiques mobiles, etc. En général, les systèmes d’armement occidentaux tendent à avoir plus de haute technologie, c’est vrai, mais ce n’est pas dû au manque de capacités des Russes, mais à une différence fondamentale dans la conception. En Occident, les systèmes d’armement sont conçus par des ingénieurs qui bricolent ensemble les dernières technologies puis conçoivent une mission autour d’elles. En Russie, l’armée définit une mission puis cherche les technologies les plus simples et les meilleur marché susceptibles d’être utilisées pour l’accomplir. C’est pourquoi le MiG-29 russe (1982) n’avait pas de « commande de vol électrique » comme le F-16 américain (1978) mais pratiquait de « vieux » contrôles mécaniques du vol. J’ajouterai qu’un fuselage plus sophistiqué et deux moteurs au lieu d’un pour le F-16 ont donné au MiG-29 un domaine de vol supérieur. En cas de besoin, cependant, les Russes ont utilisé des commandes de vol électrique, par exemple sur le Su-27 (1985).

    Enfin, les forces nucléaires russes sont actuellement plus modernes et beaucoup plus performantes que la triade nucléaire américaine, vieillissante en comparaison. Même les Américains l’admettent.

    Donc qu’est-ce que tout cela signifie ?

    Cela signifie qu’en dépit d’une tâche immensément difficile, l’emporter contre n’importe quel ennemi le long des 20 000 km de la frontière russe et jusqu’à une profondeur de 1 000 km, l’armée russe a constamment démontré qu’elle est capable de dissuader ou de vaincre un ennemi potentiel, que ce soit une insurrection wahhabite (que les experts occidentaux qualifiaient d’« imbattable »), une armée géorgienne entraînée et équipée par l’Occident (en dépit d’un nombre de combattants inférieur pendant les heures cruciales de la guerre avec d’importants problèmes et la faiblesse du commandement et du contrôle), le désarmement de plus de 25 000 soldats ukrainiens (prétendument des cracks) en Crimée sans tirer un seul coup de feu de colère et, bien sûr, l’intervention militaire russe dans la guerre en Syrie où une toute petite force russe a changé le cours de la guerre.

    Pour conclure, je veux revenir à ma déclaration sur la Russie comme étant le seul pays qui ose ouvertement rejeter le modèle de civilisation occidental et dont le dirigeant, Vladimir Poutine, jouit du soutien de plus de 80% de la population. Ces deux facteurs sont déterminants dans l’évaluation de l’armée russe. Pourquoi ? Parce qu’ils illustrent le fait que les soldats russes savent exactement pour quoi (ou contre quoi) ils combattent et que quand ils sont déployés quelque part, ils ne le sont pas comme des instruments de Gazprom, Norilsk Nickel, Sberbank ou toute autre entreprise russe : ils savent qu’ils combattent pour leur pays, leur peuple, pour leur liberté et leur sécurité. En outre, le soldat russe sait aussi que l’usage de la force armée n’est pas l’option première et préférée de son gouvernement, mais la dernière à laquelle celui-ci recourt lorsque toutes les autres ont été épuisées. Il sait que le Haut Commandement russe, le Kremlin et l’état-major général ne sont pas déterminés à trouver quelque petit pays à tabasser uniquement pour faire un exemple et faire peur aux autres. Enfin, le soldat russe est prêt à mourir pour son pays en exécutant tous les ordres. Les Russes sont très conscients de cela et c’est pourquoi l’image ci-dessous a récemment circulé sur le Runet [l’Internet russe, NdT] :

    Le texte sous les photos dit : « Soldat de l’armée US vs soldat de l’Armée russe, sous contrat, déployés dans une zone de combat. » Le texte central en dessous dit : « L’un des deux doit être nourri, vêtu, armé, payé, etc. À l’autre on doit seulement ordonner « Par là » et il remplira sa mission. À tout prix. »

    À la fin, le résultat de toute guerre est décidé par la volonté, je le crois fermement et je crois aussi que c’est le « simple » soldat d’infanterie qui est le facteur le plus important dans une guerre, non le superman super entraîné. En Russie, on les appelle parfois « makhra » – les jeunes gars de l’infanterie, qui ne sont pas beaux, pas particulièrement mâles, sans équipement ni formation spéciaux. Ce sont eux qui ont vaincu les wahhabites en Tchétchénie, à un coût élevé, mais ils l’ont fait. Ce sont eux qui fournissent un nombre impressionnant de héros, étonnant leurs camarades et leurs ennemis par leur ténacité et leur courage. Ils ne font pas bien dans les parades et ils sont souvent oubliés. Mais ce sont eux qui ont vaincu plus d’empires que quiconque et qui ont fait de la Russie le plus grand pays sur la terre.

    Donc oui, la Russie dispose aujourd’hui de l’armée la plus performante sur la planète. Il y a beaucoup de pays qui ont aussi d’excellentes armées. Mais ce qui rend celle de la Russie unique est la portée de ses capacités, qui vont des opérations anti-terroristes à la guerre nucléaire internationale, combinée avec la résilience et la volonté étonnantes du soldat russe. Il y a une masse de choses que l’armée russe ne peut pas faire, mais contrairement aux forces armées étasuniennes, l’armée russe n’a jamais été conçue pour faire tout, partout, tout le temps (c’est-à-dire « gagner deux guerres et demie » n’importe où sur la planète).

    Pour le moment, les Russes observent comment les États-Unis n’arrivent même pas à prendre une petite ville comme Mossoul, même s’ils ne font que renforcer les forces locales avec beaucoup de « soutien » étasunien et de l’OTAN, et ils ne sont pas impressionnés, c’est le moins qu’on puisse dire. Mais Hollywood fera sûrement un grand blockbuster de cet échec embarrassant et il y aura plus de médailles décernées que de militaires impliqués (c’est ce qui est arrivé après le désastre de Grenade). Et la foule de téléspectateurs sera rassurée que « bien que les Russes aient fait quelques progrès, leurs forces sont encore très loin de celles de leurs homologues occidentaux ». Qui s’en soucie ?

    The Saker

    Traduit par Diane, vérifié par Wayan, relu par Cat pour le Saker francophone