• Les nuages de la guerre ne feront-ils que passer ou la tempête va-t-elle faire rage ?


    Une analyse d’Alastair Crooke


    Par Alastair Crooke – Le 3 mars 2018 – Source Conflict Forum

    La haine compulsive des élites occidentales envers le président Poutine surpasse tout ce que l’on a pu voir pendant la guerre froide.  En Syrie, en Ukraine, au Moyen-Orient, au Proche-Orient, en Eurasie ; et maintenant cette haine s’est infiltrée jusque dans le Conseil de sécurité, le laissant irrémédiablement polarisé – et paralysé. Cette hostilité s’est également propagée à tous les alliés de la Russie, les contaminant. Elle laisse entrevoir – presque inévitablement – d’autres sanctions contre la Russie (et ses amis) dans le cadre de la loi fourre-tout intitulée « Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act » [Résister aux adversaires de l’Amérique grâce aux sanctions]. Mais la vraie question est : cette hystérie collective risque-t-elle de provoquer une guerre ?

     

    Ed Curtis nous rappelle l’escalade quasi asymptotique des antagonismes au cours des dernières semaines :

    « Cela s’est produit alors que les revendications du Russiagate éclataient en morceaux… Dans tout les médias, des grands noms comme le New York Times, CNN, National Public Radio, The Washington Post, The Atlantic et Nation magazine, jusqu’aux publications ‘de gauche comme Mother Jones et Who What Why, la Russie voit les élections de mi-mandat comme une chance de semer la discorde :  ‘La Russie voit les élections de mi-mandat comme une chance de semer la discorde’ (NY Times, 13/2) ; L’homme fort russe [Poutine] a réussi l’un des plus grands actes de sabotage politique de l’histoire moderne (The Atlantic, Janvier 2018) ;  Les dernières mises en accusation de Mueller montrent que Trump a aidé à couvrir un crime (Mother Jones, 2/16/18) ;  Une visite guidée de la Russie pour les réalistes (whowhatwhy.com, 2/7/18) etc. ».

    En présentant l’ingérence de la Russie dans les élections présidentielles américaines comme « une attaque contre la démocratie américaine » et donc « un acte de guerre » l’ État profond américain dit implicitement que tout comme l’acte de guerre à Pearl Harbour a entraîné une guerre de représailles contre le Japon, les efforts de la Russie pour subvertir l’Amérique exigent des représailles similaires.

    Dans tout le Moyen-Orient – mais surtout en Syrie – il y a suffisamment de points de tension pour une conflagration, avec des conflits naissants ou existants entre la Turquie et les Kurdes ; entre l’armée turque et l’armée syrienne ; entre les forces turques et les forces américaines à Manbij ; entre les forces syriennes et les forces américaines ; entre les forces américaines et l’USAF d’un coté et les militaires russes et les forces aérospatiales russes de l’autre ; entre les forces américaines et les forces iraniennes, et enfin, et non des moindres, entre les forces américaines et les forces iraniennes.

    Cela fait un sacré tas de matières combustibles prêtes à s’embraser. Il est clair que tout incident au milieu d’une telle volatilité en phase de compression ne peut que s’aggraver dangereusement. Mais là n’est pas la question. Elle serait plutôt :  est-ce que toute cette hystérie anti russe implique que les États-Unis envisagent une guerre délibérée contre la Russie, ou est ce juste en support d’un réaménagement du Moyen-Orient au profit d’Israël et de l’Arabie saoudite ? Les États-Unis provoqueront-ils délibérément la Russie – en tuant des militaires russes, par exemple – pour trouver un prétexte à une action militaire du genre « poing dans la gueule » lancée contre la Russie elle-même – en réponse à la provocation américaine ?

    Une guerre par inadvertance est une forte possibilité, bien sûr : Israël et l’Arabie saoudite connaissent tous deux des crises de leadership national. Israël peut aller trop loin, et l’Amérique peut aussi aller trop loin dans son désir de soutenir Israël. En effet, la présentation constante du président américain comme étant une marionnette de Poutine est faite, bien sûr, pour pousser Trump à prouver le contraire – en autorisant certaines actions contre la Russie – à l’encontre de ses meilleurs instincts.

    Lors de la conférence de Munich sur la sécurité, le Premier ministre Netanyahou a déclaré :

    « Depuis un certain temps, je mets en garde contre ce développement [le prétendu plan de l’Iran pour former un axe chiite]. J’ai dit clairement, en paroles et en actes, qu’Israël a des lignes rouges qu’il fera respecter. Israël continuera d’empêcher l’Iran d’établir une présence militaire permanente en Syrie… Nous agirons sans hésiter pour nous défendre. Et nous agirons, si nécessaire, non seulement contre les mandataires de l’Iran qui nous attaquent, mais contre l’Iran lui-même. »

    Puis, pendant la même conférence, le conseiller à la sécurité nationale américain, H.R. McMaster, a mis en garde samedi contre les efforts accrus de l’Iran pour soutenir ses mandataires au Moyen-Orient, affirmant que le « temps est venu » d’agir contre Téhéran.

    Mais qu’est-ce que McMaster veut dire par « le temps est venu d’agir » ?  Encourage-t-il Israël à attaquer le Hezbollah ou les forces liées à l’Iran en Syrie ?  Cela conduirait presque certainement à une guerre à trois ou quatre fronts pour Israël ; pourtant, il y a de bonnes raisons de croire que l’establishment de sécurité israélien ne veut pas risquer une guerre sur trois fronts. McMaster pensait peut-être davantage à une guerre hybride à spectre complet, ou guerre COIN, mais pas à une guerre conventionnelle, d’autant plus qu’Israël ne peut plus, après l’abattage de son F16, être sûr de sa domination aérienne, sans laquelle il ne peut pas espérer l’emporter.

    Alors que de hauts responsables israéliens se plaignent de l’écart entre la rhétorique et l’action américaine, le général Josef Votel, commandant du Centcom, a déclaré explicitement, confirmant sa position divergente lors d’une audition au Congrès le 28 février, que « contrecarrer l’Iran n’est pas l’une des missions de la coalition en Syrie ».

    Revenons à l’hystérie russe.  Nous ne pensons pas que la Syrie soit un lieu pratique pour une guerre choisie, autant pour les États-Unis que pour la Russie.  Les deux sont circonscrits par les réalités de la Syrie. Les forces américaines ne sont pas nombreuses : elles sont isolées et dépendent d’alliés – les Kurdes – qui sont en minorité dans cette partie de la Syrie, qui sont divisés et qui ne sont pas appréciés par la population arabe. Et les forces russes se composent principalement d’un maximum de 37 avions, et un petit nombre de conseillers russes et les lignes de ravitaillement russes sont étirées donc vulnérables (dans le Bosphore).

    Non, l’objectif des États-Unis en Syrie se limite à nier tout succès politique aux présidents Poutine ou Assad. Ce n’est qu’un simple comportement de mauvais perdant. L’occupation américaine du nord-est de la Syrie consiste principalement à cracher au visage de l’Iran, c’est-à-dire à poursuivre une guerre COIN contre un vieil ennemi américain.

    Et en même temps, au niveau géostratégique, l’Amérique a précisément essayé de « désarmer » les défenses nucléaires russes et de prendre l’avantage en se retirant du traité antimissile balistique et en entourant délibérément les frontières russes avec des missiles anti-balistiques (le traité ABM prévoyait un seul site sur son propre territoire – pour chaque partie – qui serait protégé contre toute attaque de missiles). La stratégie américaine a effectivement laissé la Russie nue, au sens nucléaire. Et c’était clairement son intention. « Avec la mise en place du système mondial de missiles ABM étasunien, le nouveau Traité START (Traité sur la réduction des armements stratégiques) n’a plus de valeur et l’équilibre stratégique [a été] rompu », a déclaré hier le président russe Vladimir Poutine dans son discours sur l’état de la nation.

    Puis, alors que le « quatuor de généraux » (en fait, le général Petraeus fait partie du trio de généraux occupant la Maison Blanche) ayant usurpé la politique étrangère étasunienne à la prérogative du président et de son contrôle, la politique de défense américaine s’est métamorphosée en quelque chose qui va bien au-delà de la « guerre froide » en quelque chose de beaucoup plus agressif – et dangereux : un précurseur de la « guerre chaude ».

    Depuis le Strategic Statement [déclaration de stratégie] qui faisait de la Russie et de la Chine des « rivaux et concurrents » la Defense Posture Statement [Déclaration sur la posture de défense] a élevé ces derniers du statut de simples rivaux à celui de « puissances révisionnistes » c’est-à-dire des pays rebelles voulant renverser l’ordre mondial par la force militaire (la définition d’un pouvoir révisionniste). Cette Déclaration évalue que le danger posé par la concurrence de ces grandes puissances se situe au-dessus du danger du terrorisme, en faisant une menace primordiale pour l’Amérique, et laissant entendre qu’il fallait faire face à cette menace « révisionniste » pour l’ordre mondial dirigé par les Américains. Les généraux américains se sont plaints que leur ancienne domination mondiale incontestée du ciel et du terrain était érodée par la Russie qui agit comme un « incendiaire » [de la stabilité] tout en se présentant comme les « pompiers » [en Syrie].  La domination aérienne de l’Amérique doit être réaffirmée, a sous-entendu le général Votel.

    Mais en un surprenant bouleversement de cette stratégie d’encerclement par des missiles que l’Amérique cherche à imposer à la Russie, le président Poutine a annoncé hier :

    « Ceux qui, depuis 15 ans, alimentent la course aux armements, recherchent des avantages par rapport à la Russie, imposent des restrictions et des sanctions illégales du point de vue du droit international afin d’entraver le développement de notre pays, notamment dans le domaine de la défense, doivent entendre ceci : tout ce que vous avez essayé d’empêcher par cette politique a eu lieu. Vos tentatives de contenir la Russie ont échoué. »

    Le président russe a annoncé une série de nouvelles armes (y compris de nouveaux missiles à propulsion nucléaire invulnérables à toute défense antimissile, des armes hypersoniques et des drones sous-marins, entre autres)  qui ramènent remarquablement la situation au statu quo d’avant – une situation de destruction mutuelle assurée (MAD), si l’OTAN envisageait d’attaquer la Russie.

    Il a aussi déclaré qu’il avait averti à plusieurs reprises Washington de ne pas déployer de missiles ABM autour de la Russie – « Personne ne nous a écoutés : [mais] maintenant écoutez nous ! ».

    Il a ajouté : « Notre doctrine nucléaire dit que la Russie se réserve le droit d’utiliser des armes nucléaires uniquement en réponse à une attaque nucléaire ou à une attaque avec d’autres armes de destruction massive contre elle ou ses alliés, ou à une attaque conventionnelle contre nous qui menacerait l’existence même de l’État.

    Il est de mon devoir d’affirmer ceci : toute utilisation d’armes nucléaires contre la Russie ou ses alliés, qu’elle soit petite, moyenne ou autre, sera traitée comme une attaque nucléaire contre notre pays. La réponse sera instantanée − avec toutes les conséquences qui s’en suivront. »

    Le président Poutine a souligné qu’il ne menaçait pas l’Amérique et que la Russie n’avait pas non plus d’ambitions revanchardes. C’était plutôt que la Russie utilisait simplement la seule langue que Washington pouvait comprendre.

    Le discours de Poutine, accompagné d’images des nouveaux armements russes, explique au moins en partie ce qui se passe à Washington : la récente folie de dépenses qui touche l’Amérique. Le Pentagone doit avoir (un peu) eu vent des avancées de la Russie – d’où l’énorme augmentation du budget de la Défense prévu pour cette année, et encore 9% l’année prochaine, et un engagement non budgétisé pour financer une nouvelle flotte de sous-marins nucléaires, un remplacement du système de missiles Minuteman, et le développement de nouvelles armes nucléaires (tactiques) (coûts non spécifiés).

    La dépense sera énorme pour le gouvernement américain. Mais la Russie a déjà pris la tête, et l’a fait avec une dette publique qui n’est montée qu’à 12,6 % du PIB nominal, alors que la dette américaine est déjà de 105 % du PIB (avant que la modernisation des armes n’ait commencé). Le président Reagan est crédité d’avoir brisé l’URSS économiquement en l’obligeant à une course aux armements, mais c’est maintenant les États-Unis qui sont vulnérables face à une montagne de dettes − si les États-Unis veulent vraiment inverser la « surprise » de printemps de Poutine et (s’ils le peuvent) restaurer leur primauté conventionnelle et nucléaire sur le monde.

    L’Amérique fait donc face à ce choix : soit redéfinir sa relation avec la Russie (c’est-à-dire poursuivre la détente) soit risquer de faire face à un besoin d’emprunt qui entamera la crédibilité du dollar. Par culture, les États-Unis ont l’habitude d’agir militairement « où, quand et comment » ils décident de le faire.  Ils seront probablement culturellement incapables de s’abstenir de cette habitude bien ancrée. Par conséquent, la faiblesse du dollar et la hausse des coûts du service de la dette semblent inévitables. Les rôles semblent donc s’inverser par rapport à l’ère Reagan. À l’époque, c’est la Russie qui a dépassé ses propres limites financières en essayant de rattraper les États-Unis. Maintenant, il se pourrait que cela soit l’inverse.

    L’hystérique rhétorique anti-russe se poursuivra – car elle est si profondément enracinée qu’elle en est devenue un « acte de foi » il semble donc probable que l’Amérique devra reconsidérer sa position avant de provoquer davantage la Russie en Syrie. Mais si l’Amérique n’est plus disposée à « faire saigner le nez russe » à cause de l’escalade en Syrie, alors ses avant-postes militaires isolés et vulnérables dans l’est de la Syrie perdront une grande partie de leur utilité, ou commenceront à subir des pertes, ou les deux.

    Il reste maintenant à savoir ce que la tentative russe de « dire la vérité face au puissant » aura comme effet sur la politique américaine à l’égard de la Corée du Nord. Les « généraux » américains n’aimeront pas le message du président Poutine, mais il y a probablement peu de choses qu’ils peuvent faire à ce sujet. Mais la Corée du Nord est une autre affaire. Quand la Grande-Bretagne, au moment de sa faiblesse au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, voulait que le monde sache qu’elle restait forte (même si les signes de son affaiblissement étaient évidents pour tous) elle chercha à démontrer que son pouvoir valait encore quelque chose par le biais de la désastreuse campagne de Suez. Espérons que la Corée du Nord ne devienne pas le « moment Suez » de l’Amérique.

    Alastair Crooke

    Traduit par Wayan, relu par Cat pour le Saker Francophone.


  • La réaction de la Russie aux insultes de l’Occident est un suicide politique


    Russia’s Reaction to the Insults of the West is Political SuicidePar Peter Koenig – Le 17 mars 2018 – Source thesaker

    L’assaut de l’Occident contre la Russie ces derniers jours, depuis la prétendue attaque au poison avec un agent neurotoxique venant de l’ère soviétique, le Novichok (dont l’inventeur, d’ailleurs, vit aux États-Unis), contre un agent double russe, Sergueï Skripal et sa fille Ioulia, a été tout simplement épouvantable. Surtout de la part du Royaume-Uni. En commençant par le Premier ministre May, qui a carrément accusé la Russie d’utiliser des armes chimiques sur le territoire britannique, sans fournir de preuve. Curieusement, il n’y a aucune indication du lieu où Skripal et sa fille se trouvent, dans quel hôpital le couple est traité, aucune analyse du poison n’est publiée, on ne peut pas leur rendre visite ; il n’y a absolument aucune preuve de la substance avec laquelle ils auraient été empoisonnés – Sergueï et Ioulia existent-ils réellement ?

     

    En conséquence, Theresa May expulse 23 diplomates russes, qui doivent quitter le Royaume-Uni sous une semaine. Puis vient Boris Johnson, le clown ministre des Affaires étrangères, également un menteur abject. Il a dit, non il a hurlé, à ses collègues parlementaires, qu’il était « très vraisemblable que Poutine ait personnellement ordonné l’attaque contre l’espion ». Cette accusation, sortie de nulle part, contre le président russe est bien plus qu’une gravissime violation du comportement diplomatique, c’est une insulte honteuse – et aucune preuve n’est fournie. En fait, le porte-parole de Poutine, Dmitri Peskov, a déclaré que l’attaque personnelle de Johnson contre le président Poutine était « impardonnable ».

    Pour ne pas manquer de paraître dans le vaudeville du dénigrement, le secrétaire britannique à la Défense, Gavin Williamson, est devenu encore plus insolent, la Russie « devrait s’en aller et se taire ». En réponse à toute cette diabolisation de la Russie pour un crime fantaisiste, dont aucune preuve n’a été fournie, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a déclaré que ces commentaires non diplomatiques signifiaient que les autorités britanniques étaient nerveuses et avaient quelque chose à cacher. Lavrov a également fortement objecté, en demandant l’ouverture d’une enquête conjointe UK-Russie sur l’affaire – rêve-t-il ? – et a répondu à une question sur des représailles diplomatique : oui, la Russie expulsera également des diplomates britanniques « bientôt ».

    Il ne fait aucun doute que le Royaume-Uni a agi comme le caniche de Washington. Au cours de cette tirade anti-Russie, Trump a twitté qu’il soutenait pleinement la position du Royaume-Uni. En effet, les marionnettes européennes, Riri, Fifi et Loulou Macron, Merkel, et May ainsi que leur tonton chef, Donald, ont signé une déclaration commune accusant la Russie d’être l’auteure de l’attaque au gaz neurotoxique sur l’ancien agent double : « Il n’y a aucune autre explication plausible que la culpabilité de la Russie dans l’attaque. » Sic et bingo, ça dit tout. La presse le ramasse et l’envoie aux quatre coins du globe – et le troupeau de moutons occidentaux se fait de nouveau bourrer le crâne : c’est le Russe qui l’a fait.

    Bon ! Nous savons tout ça. Mais le vrai point que je veux faire valoir, c’est que la Russie réagit toujours à de telles fausses accusations insensées et carrément fausses ; la Russie répond toujours, rejette bien entendu les accusations, mais habituellement avec de longues explications, et avec des suggestions sur la façon d’arriver à la vérité – comme si le Royaume-Uni et l’Occident avaient quoique ce soit à foutre de la vérité – pourquoi font-ils cela ? Pourquoi vous, Russes,  prenez-vous même la peine de répondre ?

    C’est un signe stupide de faiblesse. Comme si la Russie croyait encore à la bonté de l’Occident, comme s’il avait juste besoin d’être réveillé. Ce que la Russie fait chaque fois, pas seulement dans cette affaire Skripal, mais dans chaque attaque insensée et impitoyable : accusations de cyber-piratage, invasion de l’Ukraine, annexion de la Crimée, sans parler de la saga interminable du Russia-Gate – l’interférence prétendue de la Russie pour pirater les élections présidentielles américaines de 2016, en favorisant Trump contre Hillary. Tout le monde, même avec un demi-cerveau sait que c’est une bouse totale. Même le FBI et la CIA ont dit qu’il n’y avait aucune preuve. Alors, pourquoi même répondre ? Pourquoi même essayer de défaire les mensonges, convaincre les menteurs qu’ils, les russes, ne sont pas coupables ?

    Chaque fois que l’Occident s’aperçoit que la Russie veut être un « bon voisin » – ce dont l’Occident ne se soucie pas vraiment – la Russie se rend plus vulnérable, plus encline à être accusée, attaquée et calomniée.

    Pourquoi la Russie ne se sépare-t-elle pas simplement de l’Ouest ? Au lieu d’essayer d’appartenir à l’Occident ? Acceptez de ne pas être bienvenus en Occident, que l’Occident veut seulement piller vos ressources, votre vaste territoire, et pour cela vous provoquer dans une guerre où il n’y aura pas de vainqueur, une guerre qui peut détruire toute la Terre Mère. Mais les gestionnaires anglosionistes de Washington, rêvent que leur élite survivra pour finalement prendre le contrôle de la belle et grande Russie. C’est ce qu’ils veulent. Le dénigrement est un moyen vers cette fin. Plus il y a de gens dans la combine, plus il est facile de lancer une guerre atroce.

    L’affaire Skripal est typique. L’intensité avec laquelle cette propagande mensongère a été lancée est exemplaire. Elle a amené tous les débiles mentaux européens – et il y en a beaucoup – dans le camp des russophobes haineux. Personne ne peut croire que May, Merkel, et Macron sont des menteurs si flagrants… C’est au-delà de ce qu’on leur a mis dans le crâne durant toute une vie gavée de mensonges. Même si quelque chose leur dit que ce n’est pas tout à fait correct, la facilité du confort auquel ils ne peuvent pas échapper, l’incapacité à remettre en question la vie qu’ils mènent sont si fortes qu’ils préfèrent hurler à la guerre, la guerre contre la Russie, la guerre contre l’éternel ennemi  de l’humanité. Je me rappelle avec tristesse que dans ma jeunesse, en Suisse neutre, l’ennemi est toujours, toujours venu de l’Est. Il se cachait derrière le « rideau de fer ».

    L’Ouest est en train de fabriquer un nouveau rideau de fer. Mais en faisant cela, il ne se rend pas compte qu’il se met, lui-même, une corde au cou. La Russie n’a pas besoin de l’Occident, mais l’Occident sera bientôt incapable de survivre sans l’Est, l’avenir est à l’Est – et la Russie fait partie intégrante de l’Est, de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) qui englobe la moitié de la population mondiale et contrôle un tiers de la production économique mondiale.

    Monsieur Poutine, vous n’avez pas besoin de répondre aux insultes venant de l’Ouest, parce que ce n’est que cela, des insultes abusives. La calomnie abjecte que Boris Johnson vous a lancée n’est qu’une insulte misérable. Vous n’avez pas besoin de répondre à ce comportement. Tirez vos conséquences.

    Cher Président Poutine, cher Monsieur Lavrov, laissez-les ! Laissez-les crier. Laissez-les pourrir dans leur folie. Répondez au Royaume-Uni, non plus avec des mots, mais avec des actes, avec des actions drastiques. Fermez leur ambassade. Donnez à tout son personnel une semaine pour quitter votre pays, puis abolissez et éviscérez l’ambassade de la même manière que les États-Unis ont aboli vos consulats à Washington et à San Francisco, il y a un peu plus d’un an. Vous n’avez sûrement pas oublié. Alors vous donnez généreusement à tous les Britanniques [présents en Russie] un mois pour faire leurs valises et quitter votre beau pays – cela peut être fait, c’est ce que Washington exige de ses vassaux du monde entier pour les travailleurs étrangers nord-coréens. Bloquez tout commerce avec le Royaume-Uni, ou avec tout l’Occident d’ailleurs, bloquez tous les actifs occidentaux en Russie, parce que c’est la première chose que feront les pillards occidentaux, en bloquant les avoirs russes à l’étranger. Ils ont le vol dans le sang.

    M. Poutine, vous n’avez pas besoin de répondre à leurs minables attaques abusives, aux calomnies et aux mensonges. Vous, et la Russie, êtes bien au-dessus du niveau de ce misérable ramassis occidental. Arrêtez toutes vos relations avec l’Ouest. Vous avez la Chine, l’OCS, l’Union économique eurasienne (UEE), la Russie fait partie de – l’initiative Route de la soie One Belt One Road du président Xi – un développement de plusieurs milliers de milliards qui prospère, émanant de Chine, reliant les continents – Asie, Afrique, Europe, Amérique du Sud – par les infrastructures, le commerce, la création de centaines de millions d’emplois décents, le développement et la promotion de la science et de la culture, apportant une vie convenable à des centaines de millions de personnes.

    Que feraient les Occidentaux si soudainement ils n’avaient plus d’ennemi  parce que celui-ci a décidé de les ignorer et de faire une sieste ? La Chine se joindra à vous. Tout le reste, répondre, justifier, expliquer, nier les mensonges les plus flagrants, essayer de les amener à la vérité n’est pas seulement une perte de temps frustrante, c’est un suicide politique. Vous ne gagnerez jamais. L’Occident se moque de la vérité – il l’a prouvé depuis deux mille ans ou plus. Et pendant tout ce temps, pas un iota de conscience n’est entré dans l’esprit collectif de l’Ouest. On ne peut pas faire confiance à l’Ouest. Point final.

    Peter Koenig

    Traduit par jj, relu par Cat pour le Saker Francophone


  • 25 Mars 2018

    Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

    Cette fois, ce dimanche, c'est le JDD qui prête ses pages à l'ancien président de la République afin qu'il plaide en public pour se défendre.

    Une fois de plus, un média de la pensée unique se fait le porte-parole d'un avocat d'affaires, président des riches et du patronat lorsqu'il fut à l'Elysée. Après TF 1 et RMC, Le Figaro et tutti quanti, voilà donc le JDD. En attendant un autre...

    Il ne vous a pas échappé que, par exemple, dans l'affaire de la chemise pour Air France ou du procès de Tarnac, les citoyens mis en examen n'ont pas eu la même presse pour expliquer leur défense. Tout comme les cheminots ou les fonctionnaires, ou bien des travailleurs en lutte pour sauvegarder leur emploi, n'auront jamais aucun écho dans les médias français dits libres et non faussés.

    En vertu de l'adage, selon que vous serez Nicolas ou gens d'en bas.

    CAPTURE D'ECRAN

    CAPTURE D'ECRAN


  • Ça n'empêche pas Nicolas

    Blog de Jean Lévy sur l'actualité politique au jour le jour.

     

     

    25 Mars 2018
    Ken Loach : « Je soutiens totalement la grève des cheminots »

    là-bas si j'y suis

    Alors que les vieux renégats de 68 reviennent rabâcher impuissance et renoncement, nous préférons vous offrir un bon coup de printemps au goût de lutte, de colère, de solidarité et d’espoir. Direction Londres pour une rencontre avec Ken Loach, un des réalisateurs les plus populaires au monde, 82 ans, 50 films, deux Palmes d’or et toujours le poing levé « pour le peuple contre les puissants ! »

    Alors qu’en France, Macron et sa bande s’apprêtent à démolir et privatiser la SNCF, en Grande-Bretagne, au contraire, une majorité de tous âges demande la nationalisation du rail, de l’éducation, de la santé. Alors que Macron fait du Margaret Thatcher à la française, nos voisins acclament Jeremy Corbyn et demandent le retour de l’État social.

    Comme souvent dans l’histoire politique occidentale, nos voisins d’outre-Manche ont une longueur d’avance. Colonisation, révolution industrielle, lutte des classes et rock ’n’ roll. En France, le néo-libéralisme est entré par la gauche, de façon plus sournoise. En Grande-Bretagne, Thatcher n’a pas pris de gants, la destruction sociale a été impitoyable et donc nos voisins ont compris plus vite et se battent plus clairement.

    C’est cette bataille que soutient Ken Loach et qu’il veut nous faire partager. En 2001, dans The Navigators, il racontait le désastre dramatique de la privatisation des chemins de fer.

    Ici, le combat ne fait que commencer.

    Un entretien de Daniel Mermet avec Ken Loach.

    POUR VISIONNER LA VIDEO
    CLIQUEZ CI-DESSOUS

    https://la-bas.org/la-bas-magazine/entretiens/ken-loach-je-soutiens-totalement-la-greve-des-cheminots

    ​​​​​​​

    Tag(s) : #Lutte de Classe, #Grande-Bretagne

  • Ça n'empêche pas Nicolas

    Blog de Jean Lévy sur l'actualité politique au jour le jour.

     

     

                                                                 

     

    25 Mars 2018
    VENEZUELA :  L’ARC MINIER APPORTE DE LA COHÉRENCE À UNE ACTIVITÉ MINIÈRE QUI DEVENAIT CHAOTIQUE »     par ANDRÉS ANTILLANO

    Venezuela infos

    Après plusieurs mois de recherche ethnographique dans l’Arc Minier, un scientifique vénézuélien renommé soutient que l’activité minière de l’Orénoque fait l’objet d’une stigmatisation intéressée, de la part du grand capital tout particulièrement. L’une de ses conclusions est qu’un « partenariat entre l’État et la petite exploitation minière est un moyen de conjurer la violence et de garantir un développement minier respectueux de l’environnement ».

    par Nerliny Caruci.

    « Des erreurs ont été commises dans le passé parce que la politique publique était une politique basée sur une mauvaise compréhension de l’activité minière, faite de répression et de non reconnaissance qui a mené à une situation favorable à l’émergence de groupes criminels, ceux-ci finissant par exploiter les mineurs ». C’est ainsi que le scientifique explique dans quel contexte est apparu le controversé Arc Minier de l’Orinoco et comment cette nouvelle politique rend sa dignité au monde des mineurs.

    Andrés Antillano est psychosociologue et enseignant à l’Université Centrale du Venezuela (UCV), spécialiste en criminologie et militant des Droits de l’Homme. Ce scientifique a fait des recherches sur le terrain, à l’intérieur même des mines de l’Etat de Bolivar, afin de comprendre la vie du peuple des mineurs dans sa quotidienneté, et pour aller plus loin, la manière dont les pratiques sociales associées à l’activité minière s’organisent. « L’Arc Minier nous permet de garantir un développement responsable de l’activité minière reposant, avant tout, sur ce qui représente la force motrice de cette transformation minière : la classe laborieuse des mineurs », souligne l’expert en référence à l’impact environnemental et social qu’aura l’Arc de Guayana.

    Selon l’opinion qu’il s’est forgée sur la base des dispositifs ethnographique de coproduction de l’information, le secteur minier exprime l’identité de la classe travailleuse vénézuélienne, malgré « la stigmatisation intéressée » que propagent à son sujet »le grand capital qui était à l’origine de l’activité minière ». La pression exercée contre l’Arc Minier augmente avec le temps. Il suffit de se rappeler comment il a été discrédité ces derniers jours dans l’opinion publique : « l’activité minière décrétée par Maduro cause des ravages », « l’Arc Minier dévore le Venezuela et personne ne dit rien » ou « L’Arc Minier ampute de 12% le territoire national », alors même que des scientifiques, le peuple des mineurs, des leaders indigènes et le gouvernement national ont démontré que l’Arc Minier de Guayana est une politique qui est venue mettre de l’ordre dans le chaos qui régnait dans une activité minière qui, selon les termes d’Antillano, « partait en vrille ».
    Selon ce chercheur universitaire, il y a un peu de tout dans ces critiques : des critiques malveillantes, des critiques justes et des jugements à l’emporte-pièce dues à l’incompréhension. Artillano a défini le partenariat entre l’Etat et la petite exploitation minière dans l’Arc Minier de l’Orinoco comme la voie incontournable à suivre, pouvant être un phare pour les mineurs du monde entier qui vivent dans des conditions d’exploitation relevant quasiment de l’esclavage et qui subissent des spoliations et des pillages sans fin ».

    Pourquoi mener une recherche scientifique sur le thème de l’activité minière?

    L’intérêt de cette recherche est de dénoncer la stigmatisation qui pèse sur les petits exploitants miniers et qui répond à certains intérêts, selon moi. Cette stigmatisation fait partie d’une stratégie de négation de notre peuple, de négation des petites gens qui sont pourtant ceux qui produisent nos richesses et qui font le pays. Il s’agit d’une stigmatisation historique des petits exploitants miniers qui cherche à les faire apparaître comme des groupes criminels, des fainéants et des prédateurs de l’environnement, alors que ce sont justement ces petits mineurs qui, j’insiste là-dessus, produisent la richesse, tout comme les pauvres et les travailleurs de ce pays.

    Donc, pour l’essentiel, cette recherche a tenté de connaître de près le monde de la mine. L’ethnographie consiste justement à faire partie intégrante de l’objet que l’on étudie : il ne s’agit pas de voir les choses de loin, mais de connaître de près la vie, les pratiques sociales, les formes d’organisation, les problèmes des mineurs, et bon, ç’était vraiment passionnant. Et je suis arrivé à la conclusion, Nerliny, Ministre, Maria, que si un secteur de la population est à même d’exprimer l’identité de la classe travailleuse de ce pays, c’est bien celui des mineurs. Dans notre imaginaire collectif, il y a un peu de cette représentation très coloniale d’El Dorado, l’idée que l’or se trouve facilement, qu’il est à portée de main.


    Quelle idée!

    Oui vraiment, quelle idée! Comme cette croyance aussi que lorsqu’il a plu à El Callao, apparaissent des « cochanitos » en or ; peut-être cela s’est-il passé un jour? Non, sérieusement, si l’or a une quelconque valeur, ce n’est pas le métal en lui-même qui la lui confère, mais le travail gigantesque fourni par le mineur.

    Andrés, pourquoi le public a-t-il une mauvaise image du mineur? Pourquoi cette image négative du mineur est-elle autant relayée par les médias?

    Parmi les mineurs, on trouve toutes sortes de personnes, mais les gens honnêtes et travailleurs prédominent, des gens qui s’efforcent de gagner leur vie par leur travail avec une détermination impressionnante. De plus, le mineur mène une vie très simple, très modeste ; il utilise l’or pour survivre, mais il ne s’agit pas du tout de fortunes colossales! Cette croyance est un autre grand mythe !

    Il peut y avoir beaucoup de raisons...
     

    POUR LIRE LA SUITE
    CLIQUEZ CI-DESSOUS 

    https://venezuelainfos.wordpress.com/2018/03/08/andres-antillano-larc-minier-apporte-de-la-coherence-a-une-activite-miniere-qui-devenait-chaotique/