La reprise aux États-Unis ?
Si oui, pour qui ?
Source Forum Monétaire de Genève
Le terrible attentat d’Ankara, avec que ce soir 97 morts, bilan qui devrait s’alourdir du fait du nombre des blessés graves, rappelle crûment ce qu’est la réalité du terrorisme, et renvoie au stade de l’indécence les excitations de notre gouvernement contre des faits décalés de cette industrie de la mort. Une pensée émue aussi pour le procureur de la République de Paris, avec ses démonstrations sur le terrorisme à propos d’un salarié qui a assassiné son employé son patron, dans un contexte de détresse psychologique.
Samedi à Ankara, il s’agissait d’une manifestation dans le centre-ville, une zone particulièrement sécurisée, à quelques centaines de mètres des grandes administrations et du siège des services de renseignements. L’un des lieux les plus sûrs du pays… Cette manifestation était organisée par des syndicats, des groupes politiques s’adressant la jeunesse et le HDP, ce parti démocrate pro-kurde qui, avec 13% des voix, a bloqué la victoire de l’AKP lors des dernières législatives. Alors, plutôt pour, plutôt contre… peu importe, c’était une manifestation paisible appelant à la liberté et à la paix. Les images filmées au moment de l’attentat montrent quel public était visé... Le message est clair : les terroristes font comprendre qu’ils peuvent frapper, là où ils veulent, quand ils veulent.
Ainsi, la donnée massive, c’est ce rappel brutal de ce qu’est le terrorisme dans la démocratie : créer la terreur en tuant des innocents.
Alors, qui est à la manœuvre ? À 24 heures, il n’y a pas eu de revendication, ce qui montre la volont de créer le doute, pour mieux pourrir le climat. Je ne lis pas le turc, et mes amis d’Istanbul ou d’Ankara disposent eux-mêmes de trop peu d’informations. Impossible de se prononcer sur les causes.
Ahmet Davutoglu, le premier ministre, a évoqué trois pistes : le PKK, l’extrême gauche ou DAECH. Attendons les informations, mais il est difficile d’envisager que le PKK tuant plus de cent de ses (même lointains) partisans, et s’il existe effectivement un activisme d’extrême-gauche violent, cet attentat par deux kamikazes dans une manifestation publique n’est pas dans ses méthodes. Alors DAECH ? Ou d’autres ? Espérons que l’enquête progresse, pour que ne s’installe pas la mortelle suspicion, qui est un des buts de cet attentat.
Impossible de se prononcer sur les causes, et il sera bien temps d’y revenir, mais cet attentat s’inscrit dans un contexte politique particulièrement lourd.
Dans trois semaines, le 1er novembre, sont organisées les élections législatives, les deuxièmes de l’année car celles du printemps avaient laissé l’AKP sans majorité absolue et n’avaient pas permis de faire une coalition.
Deux législatives en un an, ce n’est pas simple même si la constitution le prévoit, mais surtout, depuis le début de l’année 2015, les événements se sont précipités, avec la réouverture des hostilités entre le PKK et l’État, et l’implication complexe de la Turquie dans la coalition internationale contre DAECH.
Erdogan a connu un parcours politique exceptionnel, maire d’Istanbul métamorphosant cette ville, puis Premier ministre dynamisant la Turquie, ce à la tête d’un grand parti musulman, l’AKP, s’inscrivant pleinement dans la tradition laïque et démocratique de la Turquie.
Ne pouvant se représenter après deux mandats, du fait des statuts de l’AKP, Erdogan a été élu président de la République, affichant sa volonté d’obtenir une majorité des deux tiers à l’Assemblée, pour pouvoir changer la constitution et recentrer les pouvoirs sur la présidence. Le pari a été perdu : loin d’obtenir les deux tiers, l’AKP n’a pas eu la majorité. Il ne pourra y avoir de changement de constitution.
Alors, quelle va être le résultat de ces nouvelles élections ? L'AKP misait sur ce nouveau vote pour atteindre une majorité absolue, mais l’extrême tension des événements depuis quelques mois éloigne cette perspective. L’électorat de l’opposition traditionnelle étant stable, une majorité absolue de l’AKP supposait l’écroulement du HDP, et nous en sommes en loin, ou une migration du vote nationaliste, que l’on ne retrouve pas dans les sondages.
Il y a donc une attente particulièrement forte pour ce scrutin du 1er novembre, en souhaitant que la date puisse être maintenue.
S’il n’y a pas de majorité absolue, il faudra trouver une coalition. C’est plus complexe et moins efficace, mais l’obligation institutionnellement créée de travailler ensemble sera peut-être une chance.
Loin d’Istanbul ce soir, et disposant de si peu d’informations, le seul souhait à exprimer est que la société turque tienne, devant la violence dramatique des événements. Son histoire montre qu’elle en a toutes les capacités, mais j'ai ressenti de la part de mes amis une vraie inquiétude.
Le parlement turc
01:24 Publié dans Politique dans les pays étrangers | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : turquie, daech, terrorisme, élections
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1)Venezuela: La droite récidive dans ses plans violents à l'approche des élections du 6 décembre, un article d’AVN du 8 octobre 2015 traduit par Françoise Lopez.
2)Venezuela: 50% de la charge électrique rétablie dans l'usine de Tachira sabotée, un article d’AVN du 10 octobre 2015 traduit par Françoise Lopez.
3)Les Etats-Unis utilisent les réfugiés pour détruire l’Europe, un article d’AVN du 6 octobre 2015 traduit par Françoise Lopez.
Bonne lecture à tous,
Françoise Lopez
"L'influence américaine et son implication dans les affaires de la région traverse une période de déclin sans précédent depuis la Seconde guerre mondiale", estime l'ancien ambassadeur américain en Afghanistan, en Syrie, en Irak, au Liban, au Koweït et au Pakistan Ryan Crocker. D'après lui, le vide politique dans la région est rempli pas à pas par les forces que Washington tentait d'endiguer durant tout ce temps.
Bien que Washington conserve toujours sa puissance militaire dans le Proche Orient, ses alliés et ses adversaires ne croient plus que les Etats-Unis vont soutenir leurs amis, affirment les analyses.
"La région ne possède aucun groupe qui soutienne les Etats-Unis, et c'est frappant", fait remarquer Emile Hokayem, analyste à l’International Institute for Strategic Studies de Londres. Ainsi, d'après lui, les cercles libéraux sont persuadés que le président américain Barack Obama est de connivence avec les dirigeants autoritaires. Pourtant, les autocrates voient en les Etats-Unis un allié peu crédible.
Washington perd à jamais sa dominance dans le Proche Orient…
L'analyste estime que Washington a perdu à jamais sa position dominante dans le Proche Orient. "Celui qui viendra après M. Obama n'aura pas beaucoup de cartes à jouer. Je ne vois pas de stratégie même pour le président suivant. Nous y sommes trop loin", fait remarquer l'analyste.
Les alliés des Etats-Unis dans le Proche Orient sont inquiets et optent souvent pour un compromis avec la Russie, souligne le Wall Street Journal (WSJ). C'est notamment le cas d'Israël, qui a refusé de soutenir la résolution proposée par les Etats-Unis à l'Assemblée Générale de l'Onu, concernant la Crimée, et qui ne critique pas actuellement les frappes russes en Syries.
…Moscou prend le relais
Bien que la Maison Blanche essaye de contester le déclin de ses forces, les événements de ces dernières semaines, notamment le "gambit syrien" russe, font que la Russie est actuellement encore plus puissante dans le Proche Orient que dans les années 1970-1980.
"M. Poutine aspire à une sorte de dominance conjointe avec les Etats-Unis dans le Proche orient et il a presque réussi", estime Camille Grand, directeur de la Fondation pour la recherche stratégique à Paris.
Plusieurs forces dans la région, surtout l'Irak et les Kurdes, sont désenchantées par l'incapacité des Etats-Unis de contrer le groupe terroriste Etat islamique et saluent donc l'opération russe en Syrie
Quels sont les résultats de cette coalition américaine? La promotion de l'EI", souligne Hicham M. Jaber, président du Centre du Moyen-Orient pour les Etudes et Relations publiques à Beyrouth.
Une situation semblable a lieu en Asie centrale. Les pays qui avaient un jour rendu possible le déploiement des bases militaires occidentales sur leurs territoires rentrent sur l'orbite de Moscou.
"Ce qui se passe en Afghanistan pousse nos pays vers la Russie. Personne ne sait ce que feront demain les Etats-Unis. Personne ne leur fait confiance: ni l'élite, ni les gens ordinaires", conclut l'ex-vice premier ministre du Kirghizistan Tokon Mamytov.
Le 30 septembre, l'Armée de l'air russe a entamé une opération militaire contre l'EI en Syrie sur décision du président russe Vladimir Poutine et à la demande du président syrien Bachar el-Assad. Les frappes aériennes russes ciblent les sites militaires, les centres de communication, les transports, ainsi que les stocks d'armes, de munitions et de combustible appartenant à l'EI.Lors des dernières 24 heures, les avions russes ont effectués 64 sorties et ont frappé 55 positions de l'EI, dont 29 camps du groupe terroriste Etat islamique.
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Communiqué de presse |
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samedi 10 octobre 2015
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