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    Vendredi 21 octobre 2011 5 21 /10 /Oct /2011 00:20

     

     

    Le Parlement grec a adopté jeudi soir par articles, avec les seules voix de la majorité socialiste, la nouvelle loi d'austérité contestée par l'opposition et dans la rue par les syndicats

     

    Le Premier ministre, Georges Papandréou, a salué ce vote dans une lettre lue par le président du Parlement, et annoncé la radiation du parti de la seule députée socialiste, et ex-ministre du Travail, Louka Katseli, ayant marqué sa différence, en votant tous les articles sauf le 37, celui gelant les conventions collectives sectorielles.

     

    A la demande de l'opposition, un scrutin nominatif avait été organisé sur une vingtaine des articles de la loi les plus controversés, soit outre l'article 37, ceux prévoyant de nouvelles coupes salariales et le placement en chômage technique d'environ 30.000 personnes dans le secteur public.

     

    Tous les députés présents de l'opposition, 144 sur un total de 146, ont voté contre, au deuxième jour d'une grève générale organisée contre ces mesures par les syndicats, et de rassemblements massifs anti-austérité émaillés d'incidents.

     

    Le reste des articles a été adopté par une procédure simplifiée à la suite du vote nominatif, alors que la loi avait déjà adoptée "sur le principe" mercredi soir.

     

    Un nouveau vote formel "sur l'ensemble du texte" a été ajourné à une prochaine séance, a annoncé le président de séance. Le ministère des Finances avait indiqué plus tôt qu'il ne s'agissait que d'une formalité.

     

    L'adoption de cette loi, exigée par les créanciers du pays, Union européenne et Fonds monétaire international relevait "de la responsabilité nationale", afin que le pays "échappe à la faillite" en recevant une nouvelle tranche de prêts internationaux, a souligné M. Papandréou.

     

    Il a aussi jugé que le pays gagnait ainsi en force pour négocier au sein de l'UE et de la zone euro en vue d'un règlement du problème de son surendettement.

     

    France 24

     

    Sur Cri du Peuple 1871 : http://www.mleray.info/article-grece-86930893.html

     

  • Kadhafi mort avant d’être jugé? comme Ben Laden,Saddam Hussein, Slobodan Milosevic…

     

     

    Ca ressemble bien à Kadhafi mais méfions-nous des manipulations...

    Kadhafi est annoncé officieusement mortwww.lefigaro.fr aujourd’hui 20 octobre. Voilà une mort qui, si elle se confirme, tombe à pic pour les représentants de l’axe du bien et de la démocratie in the world. Au moins aussi bien que les morts opportunes d’autres figures emblématiques de l’axe du mal qui n’ont jamais été jugées avant d’être exécutées.
    On pense à Saddam Hussein pendu comme un chien par des irakiens après qu’il fut découvert caché dans une grotte.
    On pense à Slobodan Milosevic mort faute de soins avant d’être jugé par le TPI et mis ainsi sur le devant de la scène internationale.
    On pense bien évidemment dernièrement à l’attentat organisé par un commando américain contre le soi-disant Ben Laden pour le faire disparaître à tout jamais avant que lui aussi soit jugé.

     

    Pourquoi ces grands dictateurs ne sont jamais jugés? Et bien tout simplement pour éviter qu’ils racontent combien ils ont collaborer avec l’axe du bien avant que celui-ci ne les jette comme de vieilles chaussettes usagées. De rappeler combien ils ont fait le sale boulot comme une guerre contre l’Iran, ou l’attaque contre les musulmans dans son pays amenant à la disparition de la Yougoslavie, ou bien le terrorisme contre l’envahisseur russe à l’époque pour le compte de la CIA.

    Kadhafi serait mort, au conditionnel au moment où j’écris, alors qu’il aurait plein de choses intéressantes à raconter et notamment pourquoi les dirigeants européens lui mangeaient dans la main avant de le jeter sur l’injonction américaine. C’est Sarkozy qui doit être soulagé alors que Kadhafi disait détenir des documents compromettant sur le financement de sa campagne électorale en 2007. Car voyez-vous ces dictateurs que l’on montre du doigt aujourd’hui étaient nos alliés d’hier. Nos alliés pour empêcher leur peuple de se révolter contre la politique impérialiste de soumission aux marchés financiers et la soumission aux grosses transnationales chargés d’exploiter les richesses au détriment de l’enrichissement du peuple. Sauf en Irak ou en Libye notez bien où ces deux dictateurs sanguinaires avaient fait de leur peuple le mieux éduqué alors et de leur pays des exemples de développement laïcs…

    Leur soumission au modèle occidental n’ pas empêché leur destruction.
    A voir la vidéo de la mort de Kadhafi:


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    Jeudi 20 octobre 2011 4 20 /10 /Oct /2011 00:58

    Grèce, retour à l’esclavage antique ?


    grèce.jpg

    Pour obtenir les faveurs de la Troïka, le gouvernement « socialiste » grec s’attaque en priorité aux classes populaires.

    Depuis plusieurs mois, quand elle annonce de nouvelles casses, la presse titre sur les « mesures qui vont réduire le niveau de vie des travailleurs ». À vrai dire, il n’y aura bientôt plus grand chose à réduire : depuis début septembre, le gouvernement invente chaque semaine de nouveaux moyens de faire les poches des couches populaires, se gardant bien d’imposer à égalité les nantis. En outre, le gouvernement présidé par le chef de l’Internationale socialiste est devenu, comme le montrent férocement des dessins de presse, un simple exécuteur d’ordres du FMI, de l’Union européenne et de la Banque centrale européenne, la fameuse troïka dont des représentants contrôlent chaque jour davantage la gestion du pays. Exemple cette semaine : dimanche 2 octobre, le gouvernement annonce diverses mesures d’étranglement et, dès le lendemain, la troïka fait savoir qu’elle en veut plus et qu’il faudrait casser les références à des accords de branche. Tollé du gouvernement... qui deux jours plus tard indique que désormais, les accords d’entreprises (une très grande majorité ont moins de 50 salariés) seront recherchés, rendant ainsi quasi inutile l’existence d’une confédération syndicale, obligée elle de hausser le ton.

    Rafale de mesures assassines
    Le rythme infernal auquel elles tombent rend difficile une présentation détaillée des mesures imposées. Le but immédiat est de pouvoir montrer à la troïka une économie de 6 milliards d’euros, condition nécessaire du chantage au 6e versement du prêt, intervenu le 21 juillet. Cette semaine, en ligne de mire, les impôts, avec un seuil minimum de revenu imposable passant de 12 000 à 5 000 euros (avec effet rétro­actif au 1er janvier 2011) et des augmentations terrifiantes : pour un revenu annuel de 20 000 euros, l’impôt passe à 2 400 euros, augmentant de 740 euros, alors que pour un revenu de 200 000 euros, il passe à 77 400, augmentant de… 820 euros ! Pas besoin de dessin pour comprendre la politique de classe ! Et c’est bien là une véritable stratégie : dans le secteur public, les rémunérations connaissent une nouvelle baisse centrée sur les bas salaires : un employé avec dix-sept ans de service et un salaire de 1 800 euros va perdre 208 euros, alors qu’avec 2 000 euros, l’employé ne perd rien. Diviser dans la fonction publique en établissant une frontière symbolique de 1 900 euros au-dessous de laquelle Papandreou veut concentrer ses attaques, tel est l’un des objectifs, qui est de faire payer la crise par les plus pauvres et les classes moyennes, de nouvelles coupes de 4 à 20 % intervenant aussi pour les retraites. Ajoutons une taxe d’habitation qui devrait rapporter 2, 5 milliards d’euros et qui va être imposée même aux plus faibles revenus par l’intermédiaire de la facture d’électricité, rendant encore plus forts les risques de se voir couper le courant. Pendant ce temps, le responsable des contrôleurs du fisc explique que sur une liste de 3 000 fraudeurs, les banques n’ont accepté de montrer que 130 comptes...

    Autre mesure indice de la soumission aux diktats du capital : d’ici la fin de l’année, 30 000 fonctionnaires, puis 120 000 en 2012, vont se voir imposer une mise en inactivité, touchant 60 % de leur salaire avant d’être licenciés. Autant dire qu’à la misère va s’ajouter, si la mesure passe, un affaiblissement catastrophique des services publics. En même temps, les privatisations, censées rapporter des milliards, n’avancent pas, les investisseurs attendant l’effondrement des prix, et ce ne sont pas les projets de golf sur les îles avancés par le vice-chancelier allemand qui vont relancer la consommation populaire...

    Une seule solution, mobilisations !
    Ce qui impressionne, c’est que malgré les coups, la combativité reste forte : 50 000 manifestants à Athènes le 5 octobre pour la grosse grève du secteur public, occupations de ministères, dont celui des statistiques, où devait se rendre la troïka; grèves dans les transports. 600 lycées occupés contre le manque de profs et de moyens ; baisse de la mobilisation étudiante, mais blocage administratif de la réforme universitaire… Et cela sur fond de slogan : « Listès, listès, socialistès mazi me tous capitalistès ! » (« Voleurs, voleurs, socialistes vous êtes avec les capitalistes ! »).

    Mais on s’en doute, les mobilisations ne sont pas faciles : fatigue devant le rouleau compresseur, comme dans le secteur ultralibéral de la presse, politique de répression systématique (le 5 octobre, les flics ont même frappé des journalistes), division chaque jour plus insupportable quand on lit par exemple cette déclaration : « La nécessité, c’est de créer maintenant une alliance populaire de lutte des travailleurs dans les secteurs public et privé, pour un travail stable et garanti pour tous avec des droits modernes, pour s’opposer aux mesures barbares, pour que s’exprime massivement le refus de payer les mesures coups de massue, pour renverser la politique du gouvernement et de l’UE au service des monopoles et du capitalisme ». QuelLE militantE de gauche organisé (Antarsya, Syriza, KKE) ou simplement, comme des dizaines de milliers, en rupture avec le Pasok, ne souscrirait pas à un tel appel ? Le problème, c’est qu’un tel appel, en fait du KKE, se traduit concrètement par le refus d’un front commun dès lors qu’on n’est pas d’accord avec le KKE ! On pourrait trouver d’autres exemples similaires à gauche du gâchis face aux urgences sociales et politiques. Donc tout faire pour l’unité dans les luttes, mais cela implique aussi une dynamique de luttes à l’échelle européenne, qui redonne confiance ici et partout sur des solutions ouvrières impossibles si nos luttes restent isolées.

    Andreas Sartzekis

     

    Source : NPA


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    Plusieurs centaines de milliers de manifestants répondent à l'appel du PAME, syndicat de référence des communistes, pour une manifestation géante à Athènes au premier jour de la grève générale

    Communiqué du Parti communiste grec (KKE)

    Une marée humaine sans précédent de plusieurs centaines de milliers de personnes ont participé à la formidable manifestation de grève du PAME, envahissant la ville d'Athènes, une manifestation telle qu'on en a pas vu dans les dernières décennies, pour le premier jour de la grève générale nationale de 48 heures. Tous les axes du centre-ville d'Athènes ont été occupés par des foules immenses de travailleurs pendant plusieurs heures.

    Des rassemblements massifs inédits par leur ampleur et leur vigueur militante se sont produits dans des villes de toute la Grèce.

    Ces forces se sont réunies afin que le projet de loi prévoyant des mesures anti-populaires ne soit pas adopté avec comme ligne : A bas le gouvernement et les partis de la ploutocratie, organisation et alliance ouvrière-populaire partout, voilà la solution à la question du pouvoir. Le mot d'ordre que l'on entendait pendant le rassemblement était « Sans toi, travailleur, aucun rouage ne tourne, tu peux te débrouiller sans les patrons », « Désobéissance envers la ploutocratie, que le peuple fasse front face au pouvoir ».

    L'énorme succès de la grève a reposé sur la paralysie d'innombrables usines, de grandes unités de production et d'autres lieux de travail par les ouvriers et les employés qui vivent la pauvreté, la misère et l'impasse du chômage. Son ampleur considérable et sa vigueur militante ont reposé également sur la fermeture de nombreux petits commerces qui se trouvent désormais face au danger de fermer définitivement leurs portes. Nombreux furent les travailleurs qui ont participé pour la première fois à la grève apportant une dynamique toute particulière à la lutte contre la brutalité des mesures du gouvernement, de la ploutocratie, du FMI, de l'Union Européenne.

    Dès l'aube, les forces du PAME avec leurs piquets de grève ont soutenu de manière résolue les travailleurs dans les lieux de travail « ghettos » qui ont décidé de partir en grève pour la première fois, défiant l'intimidation patronale et même la mobilisation civile, que le gouvernement avait imposé contre la grève des éboueurs municipaux, ainsi que d'autres mécanismes de casse de la grève auquel a eu recours le gouvernement.

    Les groupes provocateurs sortis des rangs des confédérations syndicales de collaboration GSEE et ADEDY ont cherché encore une fois à créer des incidents mis en scène.

    Néanmoins, ils ne sont pas parvenus à occulter l'ampleur de la manifestation et ses revendications, la participation organisée et sécurisée des travailleurs aux manifestations du PAME où pas un seul incident ne fut à déplorer.

    Giorgos Perros, membre du secrétariat exécutif du PAME, a affirmé entre autres à la tribune : « il n'y a pas de PASOK pour le peuple. Il n'y a pas de gouvernement pour le peuple, qu'il porte l'étiquette de « centre-gauche » ou de « gauche », qui ne rentre pas en conflit avec les monopoles, dont le programme ne comprenne pas la rupture avec les monopoles ou en d'autres termes leur socialisation. Soit du côté du peuple, soit du côté des monopoles. Pouvoir populaire-ouvrier ou pouvoir des monopoles. Il n'y pas d'autre voie ! Ne perdons pas un seul instant. Ripostons tous ensemble ! Demain, jeudi, nous devons tous participer à l'encerclement du Parlement par le PAME, à partir de tous les côtés, de toutes les rues. »


    Processus en cours dans les partis bourgeois pour endiguer le torrent de colère populaire :

    L'énorme succès de ce premier jour de grève met la pression sur les partis de la ploutocratie et son gouvernement. Ainsi, en ce moment, il y a une intensification des processus de re-configuration du système politique de la part du PASOK et de la ND ainsi que d'autres partis bourgeois, avec des scénarios de « grande coalition PASOK-ND », ainsi que des efforts pour s'assurer d'un consensus afin de faire passer les mesures anti-populaires même contre le torrent de la grève qui a inondé Athènes et d'autres villes aujourd'hui.

    La secrétaire-générale du comité central du KKE, Aleka Papariga, a évoqué par rapport à ces processus, dans ses déclarations aux médias, la chose suivante : « Je ne pense pas que M.Papandreou attend de nous de la modération et un acquiescement. Peut-être pour des raisons qui ont à voir avec l'image que cela donne à l'étranger, il rencontre les partis afin de montrer qu'il bénéficie de leur soutien. Il ne recevra aucun soutien de notre part. Pas le moindre. Ce qu'il aura de notre part, c'est notre opposition radicale, totale, véritable et organisée. »

    A la fin de la rencontre qu'elle a eu avec le premier ministre, qui a organisé une série de rencontres avec tous les dirigeants de parti, la secrétaire-générale du Comité central du KKE a déclaré :

    « A partir de maintenant, les choses devront être bel et bien décidées par le peuple souverain et non par des négociations que le gouvernement mènera ou par des conseils et des réunions avec les autres partis ». Aleka Papariga a appelé le peuple à aller de l'avant sans crainte, sans illusions jusqu'à la victoire finale et elle a ajouté :« Il existe une seule solution : les richesses qui se trouve dans ce pays doivent devenir patrimoine du peuple. Nous devons briser les chaînes qui nous lient à l'UE et annuler unilatéralement la dette. Il n'existe pas de solution intermédiaire. »

    Il convient de noter que toutes les forces sur des positions de classe seront rassemblées pour la seconde journée de grève, jeudi, et pour l'encerclement du Parlement qui constituera un nouveau jalon dans la lutte contre les mesures anti-ouvrières, contre les monopoles et leur pouvoir.

    Source : « Solidarité Internationale PCF »

    Traduction JC

    Le titre  de cet article est inspiré de celui du quotidien  "L'ECHO de la  Haute-Vienne"  de ce jour

     

  • Jeudi 20 octobre 2011 4 20 /10 /Oct /2011 13:30

    Par Nicolas Errante
    18 octobre 

    « Milliardaires, la partie est finie !  » Les indignés américains qui campent devant Wall Street, le temple de la finance mondiale, vont sans doute un peu vite en affaire. Mais si on n’en a pas encore finit avec le capitalisme financier, il finira bien par y avoir un début de la fin. Et ce début commence par la remise en cause de la légitimité de ces dettes souveraines qui nous empoisonnent la vie. C’est en tout cas la thèse défendue par François Chesnais, économiste français, auteur du livre « Les dettes illégitimes » |1|, professeur à l’Université de Paris Nord et membre du conseil scientifique d’ATTAC (Association pour la Taxation des Transactions financière et l’Aide aux Citoyens). Invité par la Fondation Léon Lesoil, il a donné plusieurs conférences dans nos régionales FGTB, notamment Charleroi, Mons et La Louvière pour y expliquer ses thèses.

    Pour François Chesnais, l’injonction faite aux Etats de rembourser leur dette repose sur l’idée que si on ne rembourse pas, on lèse le créancier, c’est-à-dire l’épargnant qui a confié ses économies aux banques. La comparaison avec le budget des ménages vertueux renforce cette idée : on ne doit pas dépenser plus que ce que l’on gagne…

    Comparaison n’est pas raison

    Mais comparaison n’est pas raison, dit F. Chesnais : « l’Etat a les moyens de déterminer les conditions générales de l’activité économique. Le ménage par contre subit les conditions économiques et poussé par la publicité à consommer. »

    Soit. L’Etat est-il pour autant autorisé à dépenser sans compter et à ne pas rembourser ses dettes ? Il faut voir comment s’est constituée cette dette publique, dit l’économiste. Selon lui, il y a un parallélisme entre le gonflement de l’endettement et les allègements fiscaux consentis depuis les années 1980 par les Etats, généralement en faveur des revenus élevés (les fameuses niches fiscales en France), les revenus des entreprises et du capital.

    Illégitime une fois

    Ainsi, l’Etat aurait compensé par l’endettement la baisse de ses recettes fiscales en faveur des revenus élevés. Ces mêmes bénéficiaires des réformes fiscales sont ceux qui ont ensuite prêté à l’Etat qui les a ainsi favorisés deux fois : une fois à travers la fiscalité, une fois via le service de la dette. Avant même la crise des subprimes, la dette publique comporte donc déjà une part d’illégitimité à travers ce mécanisme de transfert de richesses des ménages vers les banques que Frédéric Lordon (autre économiste français) appelle « la pompe à phynance » par analogie avec le « croc à phynance » du Père Ubu…

    Illégitime deux fois

    Oui mais les banques, c’est notre épargne ! Non dit F. Chesnais. L’épargne des gens n’est qu’une infime partie des capitaux qui circulent. Les Hedge funds, ces fonds spéculatifs, n’ont par exemple pas besoin de votre épargne. Ils s’alimentent grâce aux systèmes de titrisation (transformation en titres mis sur le marché de créances éventuellement douteuses), de vente à découvert et l’effet de levier qui permettent d’empocher des bénéfices en achetant des titres avec de l’argent qu’on n’a pas ou de vendre des titres que l’on ne possède pas, ou que l’on a acheté avec de l’argent qu’on n’a pas. Comme on peut s’assurer sur les risques d’une dette souveraine (CDS) sans avoir rien prêté à ce débiteur et spéculer sur la hausse de ces CDS…

    Tout ce système opaque appelé « Shadow banking » (système bancaire fantôme) crée artificiellement de la richesse, c’est-à-dire des bulles financières qui tôt ou tard éclatent. Le supplément de dette publique lié au sauvetage des banques est le résultat de l’éclatement d’une de ces bulles. Les exigences de rentabilité des spéculateurs a conduit à une hypertrophie financière. Les prétentions de plus values dépassent la capacité de l’économie réelle de créer de la richesse, explique F. Chesnais.

    Est-il dès lors normal de demander aux citoyens, aux travailleurs, de payer avec le revenu de leur travail ou via l’austérité, la « réforme des retraites », les privatisations… ces dettes résultant d’opérations spéculatives virtuelles et opaques ? Voilà un deuxième motif d’illégitimité de la dette…

    Illégitime trois fois

    L’opacité elle-même en est un troisième motif. La théorie de la « dette odieuse » développée par le Russe Alexander Sack est aujourd’hui communément admise. Elle consiste à dire qu’une dette contractée par une dictature, c’est-à-dire en dehors d’un contrôle démocratique, à l’insu de la population et sans que celle-ci en ait profité, peut être révoquée parce qu’illégitime. Par analogie, une dette liée à une spéculation opaque à laquelle ni la population, pour ne pas parler des élus du peuple, ni les banquiers eux-mêmes, ne comprennent rien, est forcément entachée de cette illégitimité.

    Bien. La dette est au moins en partie illégitime. Peut-on pour autant la résilier ou la renégocier sans provoquer de catastrophe économique ? Le Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde soutient que c’est possible et en appelle pour appuyer sa thèse à l’exemple de certains pays d’Amérique latine - dont l’Equateur - qui ont suspendu le remboursement de leur dette et loin de s’effondrer faute de crédit, ont obtenu une restructuration de leur dette et des taux plus avantageux.

    C’est pourquoi le CADTM propose de procéder à un audit de la dette, officiel ou à défaut citoyen, pour faire le tri entre ce qui doit être remboursé et ce qui ne mérite pas de l’être.

    Halte au chantage

    Ne risque-t-on pas alors de provoquer l’effondrement du système bancaire et une nouvelle crise encore plus grave ? « On ne peut pas continuer à accepter le chantage : ‘l’austérité ou le cataclysme’, dit F. Chesnais.Si le système craque, il faut se saisir de l’occasion pour dire ‘une autre banque est possible’. Accepter de payer la dette, c’est donner quitus aux gouvernements pour leur gestion économique et financière. C’est accepter d’avoir les mains liées.  »

    Pour l’économiste, il faut saisir l’occasion pour réguler le marché, s’approprier collectivement les banques et en refaire des instruments au service des gens et de l’économie. Mais il faut aussi revoir la fiscalité qui a conduit à ces dérives. Il ne prône pas la révolution. « Il faut le faire à froid, de façon bien ordonnée ».

    A-t-on les moyens politiques de le faire dans un monde globalisé ? « Cela dépend de comment on perçoit la mondialisation. Si on la conçoit comme irréversible, si on accepte de rester sous la domination de la finance, si on a peur de s’unir pour construire une autre configuration du système bancaire, on ne fera rien. Mais il y a deux ans, la taxe Tobin paraissait inconcevable… Maintenant on l’envisage sérieusement. Séparer banques d’épargne et d’investissement n’est maintenant plus considéré comme impossible, même à Londres… Donc je pense qu’il faut aller au-delà de l’intoxication politique et de la stratégie de la peur  ».

     

    Sur le même thème, et avec la même analyse et les mêmes conclusions, on peut aussi lire l’ouvrage collectif d’ATTAC France : « Le piège de la dette publique – comment s’en sortir » aux éditions LLL – Les Liens qui Libèrent. 192 pages 9 euros.

    Notes

    |1| François Chesnais, « Les dettes illégitimes – Quand les banques font main basse sur les politiques publiques ». Ed. Raison d’agir. Paris. 2011pp. 153. 8 euros.

    Nicolas Errante
    Rédacteur en chef de Syndicats
    Service Presse FGTB

     

    Sources : http://www.cadtm.org/Et-si-on-refusait-de-payer