Dossier : ONG : Petit guide méthodologique à destination des journalistes… … et des citoyens curieux

Depuis 1945, le nombre d’ONG n’a cessé de croître : on en compte plusieurs dizaines de milliers. Le concept même d’ONG est poreux. Né aux Nations Unies, il désignait à l’origine des organisations indépendantes des Etats, comme leur nom l’indique, destinées à être consultées sur des questions diverses. Sur Wikipédia, nous lisons qu’elles sont d’intérêt public, et ne relèvent ni de l’Etat ni des organisations internationales. Il est précisé que leurs principaux critères sont le but non lucratif de leur action, l’indépendance financière, l’indépendance politique, la notion d’intérêt public. C’est très flou. Qu’entend-on par indépendance financière ? Autofinancement ? Et par indépendance politique ? Qu’il n’y a aucun lien entre les membres de ces ONG et les institutions ? Aucun conflit d’intérêt ? Aucun membre du monde politique ou financier dans les ONG ? Quant à la notion d’intérêt public, que signifie-t-elle ? Tout ceci est vraiment très flou, pour ne pas dire opaque, ambigu et faux dans de nombreux cas.

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Le terme ONG reste encore à définir. Le site NGO.org en propose une : « Une ONG est tout groupe à but non-lucratif de citoyens volontaires qui est organisé à un niveau local, national ou international. Pragmatiques et dirigées par des personnes avec un intérêt commun, les ONG réalisent une diversité de services et de tâches humanitaires, rapportent les préoccupations citoyennes auprès des gouvernements, défendent et surveillent des politiques définies, et encouragent à la participation politique à travers la diffusion d’informations. Certaines sont organisées autour des droits de l’homme, de l’environnement ou de la santé. Elles fournissent des analyses et des expertises, servent de dispositifs d’alertes précoces [signaux faibles] et aident à surveiller et à instaurer les accords internationaux. Leur relation aux bureaux et agences du système des Nations Unies diffère selon leurs objectifs, le lieu et la mission d’un organisme. »[1] Mais il ne s’agit là, encore une fois, que d’une proposition parmi tant d’autres. Le Global Go To Think Tank Index 2015 comprend ainsi notamment des ONG (Transparency International, Open Society, mais pas Les Amis de la Terre ni Oxfam), ou des Fondations (Bertelsmann). Cet Index nous donne également un aperçu de la prédominance des Etats-Unis dans l’implication de la fameuse « société civile » : sur 6846 think tanks étudiés, 1931 (soit 28,2% du total) se trouvent en Amérique du Nord, contre 1770 pour l’ensemble de l’Europe. Et sur ces 1931 organismes, 1835 sont Américains (ce dernier chiffre a plus que doublé depuis 1980…), dont environ 400 rien qu’à Washington DC. La Chine, deuxième du classement, ne dispose « que » de 435 think tanks.[2]

Les sceptiques répondront que ce rapport est Américain et comprend donc logiquement plus de think tanks de ce pays que d’ailleurs. C’est vrai. Mais qui connaît – ne serait-ce que vaguement – la puissance américaine sait pertinemment que ce pays est à la pointe du développement du système des ONG. Les Etats-Unis ont en effet, parmi leurs indéniables qualités, l’aptitude à s’attirer d’incroyables forces vives.

  • Cela peut être de force : ainsi en fut-il de l’opération Paperclip, trop souvent occultée. A la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, l’Etat-major de l’armée américaine exfiltra près de mille cinq cents scientifiques nazis, qui avaient travaillé pour le complexe militaro-industriel allemand, afin d’en récupérer les connaissances et les armes. De nombreuses « avancées » en découlèrent : hégémonie dans le domaine spatial, connaissances poussées en neurosciences et en conditionnement comportemental avec les psychotropes qui trouvèrent leur aboutissement dans le projet – aujourd’hui déclassifié – MKULTRA, missiles balistiques. L’opération Paperclip devint publique en 1973.
  • Cela peut être de gré. Les conférences Macy (initialement nommées, en 1942, « Projet Homme-Machine ») sur la cybernétique, une science que le gouvernement américain avait tenté de classer secret-défense ; ce n’est d’ailleurs que depuis fin janvier 2016 que sont regroupés au sein du livre Cybernetics : The Macy Conferences 1946-1953. The Complete Transactions, les échanges entre les participants de ces rencontres scientifiques historiques. Les noms de quelques participants sont significatifs : John von Neumann, père de l’informatique moderne et l’un des concepteurs (avec Oppenheimer) de la bombe atomique au sein du Projet Manhattan ; Norbert Wiener, père de la cybernétique, science aujourd’hui omniprésente au quotidien tant dans la micro-informatique que dans tous les dispositifs dits « intelligents » ou la gestion de risques et le management au sein des entreprises ; Kurt Lewin, l’un des fondateurs de la psychologie sociale, père de la dynamique des groupes et de la conduite du changement ; Gregory Bateson, anthropologue à l’origine du « collège invisible » de Palo Alto dont la « nouvelle communication » et le constructivisme radical régissent toujours plus les rapports sociaux et la déconstruction de notre modèle éducatif ; etc. Les conférences Macy aboutirent à des avancées importantes et un écart avec les autres puissances dans les champs de la biologie, des neurosciences, de la compréhension des écosystèmes, de la psychanalyse, des mécanismes comportementaux, de la linguistique, et bien entendu de l’informatique (application technique de la théorie de l’information).

Les ONG, à l’instar de ces développements techniques et intellectuels, sont un outil de puissance. Leur développement et leur omniprésence ne sont pas anodins mais correspondent à une mutation des rapports de force héritée du droit international et de l’équilibre – notamment nucléaire – des puissances. Une grille de lecture qui s’appuie sur l’histoire et les approches de la guerre économique permet d’en cerner les enjeux et les arrière-pensées. Toutefois, les précautions d’usage et méthodologiques à l’égard des ONG semblent bel et bien absentes du champ journalistique, à quelques notables exceptions près – Pierre Péan en tête. Lorsqu’un homme politique ou un dirigeant d’entreprise est en conflit d’intérêts, abuse de sa position ou de son autorité, voire emploie des procédés malhonnêtes pour parvenir à ses fins, la presse le dénonce, à juste titre. Pourquoi n’en fait-elle pas de même avec les ONG ? Pour quel motif la parole de cette « société civile » autoproclamée n’est-elle jamais mise en doute ? Pourquoi des journalistes se contentent-ils bien souvent de souligner, sans précaution, que « le rapport de telle ONG dit que » tout en évitant de chercher plus loin ? Ces recherches mettraient-elles en difficulté de généreux mécènes ? Cela est-il attribuable à un manque de formation et / ou de méthode ? Nous n’avons pas la prétention d’apporter une vérité à ces questions, mais nous nous proposons de mettre en perspective quelques questionnements.

Six questions générales, dont découlent de nombreuses questions particulières, peuvent guider une étude : qui, quoi, où, quand, comment, et pourquoi. Les cinq premières sont factuelles. La dernière est à aborder avec précaution, la marge d’erreur et d’incertitude étant plus importante et découlant de l’interprétation. Voici quelques exemples pratiques pour y voir plus clair.

QUI

  • Qui a créé l’ONG ? Qui s’y trouve et à quel poste ? Depuis combien de temps s’y trouve-t-il ? Qui décide ? Qui pilote ? Qui finance, à hauteur de combien, depuis combien de temps et pour quel projet ou campagne ? Qui finance-t-elle ? (car des ONG financent d’autres ONG) Qui élit le bureau et le comité directeur ? Qui sont les partenaires de l’ONG et qu’est-ce que cela implique ? L’ONG appartient-elle à un réseau d’ONG ? Qui se trouve dans ce dernier ?

Prenons Global Witness. L’un de ses directeurs et co-fondateurs est Simon Taylor. Sa fiche signalétique[3] souligne qu’il lança, en 2002, l’initiative « Publiez ce que vous payez » avec George Soros, l’homme qui orchestra de nombreuses révolutions colorées, fit sauter la banque d’Angleterre en 1992 et spécula contre le franc en 1993. La fiche de Taylor précise également que l’initiative déboucha sur la création de l’EITI (Extractive Industries Transparency Initiative) par le gouvernement britannique. L’information, à défaut d’être inexacte, est incomplète. Le site de l’EITI précise que la campagne précédant le lancement de l’EITI fut menée par Global Witness, Human Rights Watch, Oxfam America et d’autres organisations, et que George Soros créa un programme, « Revenue Watch », via son ONG, l’Open Society. L’EITI demande à ce que les pays possédant des ressources naturelles de valeur aient l’obligation de transmettre leurs données disponibles, rien de moins ! Ceci pour la transparence et mettre fin à la corruption, bien entendu. Sait-on par ailleurs qu’Aryeh Neier, fondateur de Human Rights Watch en 1978, fut également le directeur de l’Open Society de 1993 à 2012 ?[4] Les journalistes ont-ils cherché du côté de la revue Africa Mining Intelligence pour se documenter sur les intérêts et les manœuvres de George Soros en Afrique depuis une douzaine d’années ? Ont-ils lu ce que la revue Œil d’Afrique déclare à son sujet ? En recoupant, nous voyons ici que George Soros est lié à l’EITI via Human Rights Watch (qu’il finance), Global Witness, « Publiez ce que vous payez », et le programme « Revenue Watch » de l’Open Society. Les liens entre Global Witness et l’Open Society ne s’arrêtent pas là : Fiona Napier fut directrice chez Global Witness et l’Open Society, et Mabel van Oranje est membre du Conseil d’administration des deux organisations.[5] Les deux femmes sont membres de Crisis Action, dont l’Open Society est l’un des « principaux partenaires philanthropiques finançant ses frais de fonctionnement depuis de nombreuses années ».[6]

Ces questions nous amènent à nous interroger sur deux articles publiés par la section Afrique du journal Le Monde. Le premier concerne Areva et date du 22 novembre 2013, titré « L’ONG Oxfam dénonce un partenariat déséquilibré entre Areva et le Niger ». Il est surprenant que Le Monde ne soit pas plus précis, le rapport précisant lui-même émaner d’Oxfam ainsi que du ROTAB (Réseau des organisations pour la transparence et l’analyse budgétaire), une initiative de « Publiez ce que vous payez » (Soros). Le questionnement autour du « qui » pousse également à s’interroger sur le parcours d’Anne-Sophie Simpere, l’un des deux rédacteurs du rapport (avec Ali Idrissa, du ROTAB) : actuelle membre d’Oxfam, ancienne des Amis de la Terre (cf. notre dossier), de la Fondation Samata (dont le site remercie la NED et l’Open Society pour leur soutien), ainsi que de CEE Bankwatch network, ONG tchèque qui reçut des financements de l’Open Society et du Revenue Watch Institute de Soros. Le Monde, reconnaissons-lui, publia la réponse d’Areva, dont 40% de l’activité d’extraction d’uranium est au Niger. Le second article, que nous avions déjà traité, est daté du 3 juin 2015 et consacré à un supposé commerce illégal de bois de la France et de la Chine avec le Congo. Le rapport provient de Global Witness. Pourquoi, dans aucun de ces deux articles, le journal n’a-t-il poussé l’investigation mais s’est-il contenté de rapporter les conclusions des ONG ? Manque d’intérêt ? Manque de formation ? Impératif de rentabilité ? (qui ne laisse pas assez de temps aux pigistes pour pousser leurs investigations) Ignorance quant à la réalité de la guerre économique ? Ou alors, une contradiction avec les engagements et avec la charte éthique de 2011 de la profession de journaliste, un silence gêné (et gênant) du fait qu’OSIWA (Open Society for West Africa) soit l’un des partenaires de la rubrique Afrique du Monde ? La même question peut être posée pour la bienveillance dont bénéficie Transparency International et son « Indice de perception de la corruption » annuel. Doit-on comprendre que le soutien de la Banque Mondiale à la même section Afrique a quelque chose à voir avec le fait que l’ONG fut créée par Peter Eigen, un ancien directeur de programmes à la Banque Mondiale ? Le même Peter Eigen préside désormais, depuis 2006, l’Extractive Industries Transparency Initiative. Rien qu’en effectuant ces quelques recoupements, nous voyons déjà des enjeux se dessiner. De plus, l’édition 2015 de l’Indice de perception de la corruption suscite l’interrogation : le Qatar est classé 22ème (la France est, comme les Emirats Arabes Unis, 23ème, donc serait moins transparente…), l’Arabie Saoudite 48ème ; les adversaires des Etats-Unis sont sans surprise classés bien plus bas : la Chine est 83ème, la Russie est 119ème, et le Venezuela 158ème[7] En appliquant une grille de lecture qui prend en compte l’interdépendance et la complémentarité d’enjeux politiques, économiques et sociétaux, et en gardant à l’esprit la réalité de la guerre économique, nous voyons se dessiner une nouvelle carte. Nous sommes pourtant partis, initialement, d’une seule question (« Qui a créé l’ONG ? »), qui en amène d’autres et révèle des liens que n’ont pas de mal à démêler les journalistes… lorsqu’ils concernent le monde politique !

Le 15 mars 2016, Angelina Jolie se rendit en Grèce pour soutenir les migrants. Plusieurs journaux rapportèrent l’information : Le Figaro, Europe 1, Paris Match, Le Point. Aucun ne précisa qu’elle est membre du Council on Foreign Relations[8], l’un des think tanks les plus puissants au monde, où l’on retrouve pêle-mêle George Soros et deux de ses fils, Henry Kissinger, Bill Clinton, cinq membres de la famille Rockefeller, Zbigniew Brzezinski, ou encore James Woolsey et David Petraeus, deux anciens directeurs de la CIA. Aucun journaliste ne s’est demandé si Angelina Jolie venait apporter son soutien en tant qu’actrice ou en tant que membre du CFR.

Prenons enfin l’exemple d’un réseau informel d’ONG avec un sujet d’actualité : les lanceurs d’alerte. La section française de Transparency International a rédigé un guide prodiguant des conseils à ces derniers. L’ONG renvoie vers plusieurs adresses, dont : Association Sherpa, Fondation Sciences Citoyennes, réseau Environnement Santé, Générations Futures, Sea Shepherd France, adéquations, Ingénieurs sans frontières, Amnesty International France, Ligue des Droits de l’Homme (LDH), Transparency International, Anticor, Fondation Charles Léopold Mayer, Fondations Sciences Citoyennes, la Quadrature du Net.[9] Un recoupement et quelques recherches permettent d’en identifier assez rapidement le centre névralgique, Sherpa. Une fois cet éclairage apporté, le journaliste pourra s’interroger sur la place de William Bourdon, président de Sherpa, membre de Human Rights Watch, ancien avocat de Transparency International et de Survie. Sherpa et Survie sont par ailleurs membres de « Publiez ce que vous payez » de George Soros.

Sherpa

QUOI

  • Que fait l’ONG ? Quel est son objet et s’y conforme-t-elle ? Est-elle vraiment ce qu’elle prétend être ?

Restons sur Transparency International et les lanceurs d’alerte pour questionner le « quoi » : que fait cette ONG ? En 2013, un rapport (en Anglais) de TI traitait des « Principes internationaux pour une législation sur les lanceurs d’alerte ». En la comparant avec la « Proposition de loi globale relative à la protection des lanceurs d’alerte » soumise par Yann Galut, député du Cher, il ressort que quatorze des seize points de cette dernière sont repris du rapport de Transparency International. Parmi les remerciés du rapport de 2013 de TI se trouvent la Fondation Batory (i. e. l’Open Society de Pologne) et l’Open Society Justice Initiative de Soros (l’Open Society finance TI depuis au moins 1999[10])…

Mais TI est-elle vraiment ce qu’elle prétend être ? L’analyse de son Indice de corruption dans les entreprises du secteur de la Défense pose la question. En principe, l’ONG analyse, à partir de sources ouvertes, la conformité d’entreprises au regard de plusieurs critères.[11] Une fois sa note obtenue, l’entreprise choisie peut voir son résultat rehaussé en fournissant des informations hors-site Internet afin de démontrer l’exemplarité de son comportement. Lorsqu’on sait que ce programme dépend de la section britannique de TI et est lourdement financé par le DFID britannique (le Département d’Etat britannique dévolu au développement à l’international), ne serait-il pas approprié de se poser des questions en conséquence ? Ne s’agit-il pas d’un outil d’influence pour obtenir des informations confidentielles ? Pour instiller des doutes ? De plus, la presse titra par la suite que les entreprises d’armement anglo-américaines étaient les plus transparentes et à la pointe de la lutte contre la corruption. Les spécialistes de ce marché ont pourtant quelques doutes… Cet indice est une arme, entre autres, d’attaque en réputation.

Les Etats-Unis créent l’USAID en 1961, dont l’objectif est d’apporter de l’aide aux pays en développement, à travers le monde, et lui permet ainsi de s’implanter sur le terrain au travers du financement de diverses ONG. Elle est pourtant initialement financée par le gouvernement américain et utilisée par la CIA pour déstabiliser des gouvernements latino-américains en délicatesse avec Washington. Le site Knowckers souligne que « l’USAID est aujourd’hui un bras armé de la politique étrangère. Ils récompensent les pays alliés des Etats-Unis, soutiennent les partis d’opposition dans les régimes ennemis et sanctionnent les Etats réfractaires au système démocratique américain. L’USAID travaille main dans la main avec la CIA et le Département d’Etat pour démultiplier l’effet d’influence et les canaux d’action. De nombreux agents de la CIA utilisent l’USAID comme couverture dans certains pays et les frontières semblent perméables entre les deux agences. L’ancien dirigeant de la CIA, James Woolsey préside par exemple l’ONG Freedom House – financée par l’USAID – qui a dispensé des formations de « soutien à la démocratie » dans les années 2000, en Serbie, en Ukraine et au Kirghizistan, avec pour objectif officieux de fomenter des révolutions dans ces pays hostiles aux Etats-Unis. Un objectif atteint avec brio par la Maison Blanche, et que l’on nomme aujourd’hui “Révolutions colorées”. »[12]

Greenpeace est une ONG internationale qui se présente comme protectrice de l’environnement. Elle attaque donc logiquement les acteurs qui représentent un danger pour la cause qu’elle défend. Encore aujourd’hui, elle affiche son action contre la plateforme pétrolière Brent Spar en 1995 comme l’un de ses hauts faits d’armes.[13] Pourtant, une enquête du bureau Véritas démonta les arguments de Greenpeace quant aux risques de pollution suite au coulage de la plateforme. Greenpeace dut ainsi s’excuser auprès de Shell, déstabilisé suite à cette opération, des stations d’essence ayant même été incendiées. En 2010, la même ONG avait lancé une guerre de l’information contre Asia Pulp & Paper (APP), grande société mondiale de papier et pâte de papier à Jakarta, en Indonésie. Cependant, « le cabinet australien ITS Global a analysé les 72 réclamations de Greenpeace contre APP qui comprenaient plus de 300 notes et environ 100 références. Dans sa polémique lancée contre APP, Greenpeace aurait utilisé des citations qui n’existent pas ou montré des cartes sur lesquelles figurent des concessions qui n’existent pas. Les allégations selon laquelle la firme APP aurait eu un plan secret d’expansion et de prospection forestière en Indonésie et qu’elle se livrait à de l’exploitation forestière illégale dans les tourbières, sont restées au stade des suppositions. L’absence de preuves appuyant la campagne n’a pas empêché Greenpeace d’appeler en direct les clients d’APP pour les inciter à stopper leurs relations avec cette firme. »[14] La réponse pertinente au « que fait Greenpeace ? » serait donc moins ici « Greenpeace défend l’écologie » que « Greenpeace livre une guerre informationnelle qui relève essentiellement de l’intox, ce qui a des conséquences sur l’économie et la réputation des entreprises attaquées ». Le journaliste, trop souvent enclin à accorder une légitimité et un statut de « parole d’Evangile » à Greenpeace, devrait être le premier à critiquer et à dénoncer cette grossière manipulation de l’opinion publique. Ce n’est pourtant jamais le cas, et le « quatrième pouvoir » se contente pratiquement toujours d’avaliser, privilégiant le psittacisme à l’analyse critique, les allégations de l’ONG. Pour une analyse comparative sur le « quoi », le journaliste pourrait relever (gain de temps pour lui, le site de référence Knowckers a déjà fait le travail) qu’en 2010, Greenpeace fit preuve de bien moins d’audace contre le désastre écologique de grande ampleur dû à l’accident pétrolier de British Petroleum (BP) dans le Golfe du Mexique, se contentant d’actions de communication minimes : mobilisation de quelques étudiants, banderole, réponses aux médias, etc.[15] Le « quoi » se complète donc logiquement par la double question « que fait Greenpeace mais que ne fait-elle pas ? », ou « contre qui agit-elle mais contre qui n’agit-elle pas (ou peu) ? »

Il sera enfin utile de se reporter aux rapport d’activité et bilan financier annuels d’une ONG pour obtenir davantage d’informations.

OÙ

  • Où agit l’ONG ? Où se situe son siège ? Où sont ses diverses antennes, tant nationales qu’internationales ?

Où agit, par exemple, le Pew Charitable Trusts ? L’ONG a fondé le projet Global Ocean Legacy, qu’elle mène avec plusieurs partenaires tant en Nouvelle-Calédonie, aux Chagos qu’en mer de Chine.[16] Doit-on se contenter « journalistiquement » de rapporter que « Pew est présent en Océanie » ? Ne doit-on pas se dire que, peut-être, la présence en mer de Chine du Sud d’un trust caritatif américain, qui vise à créer de vastes Aires Marines Protégées sans pêche, ne relève pas seulement d’une volonté de préserver l’écosystème marin et le renouvellement des bancs de poissons, mais est partie prenante d’une logique d’affrontement économique avec la plus grande rivale économique mondiale des Etats-Unis ? Le pivot maritime Asie Pacifique ne constitue-t-il pas plus qu’un lieu comme un autre, comme par exemple, pour les approches Est, « le cœur de chauffe de la production thonière mondiale et l’accès Est à la haute mer pour la Chine » ? (cf. infra, figure Bluelobby.eu de gauche)[17] Une présence en ces lieux ne peut-elle pas s’expliquer par des manœuvres de contre-influence américaine en s’appuyant sur le soft power et l’aura bienveillante dont bénéficient les ONG ? (cf. infra, figure Bluelobby.eu de droite) L’article d’investigation « Le pivot maritime Asie Pacifique » a décrypté, par une grille de lecture géostratégie / intelligence économique, les raisons probables de la présence de Pew en ces lieux. Mais combien de journaux « de référence » pousseraient la recherche jusqu’au bout pour expliquer ce « où » ? Et par voie de conséquence, combien de journalistes lieront le lieu à l’enjeu, notamment quand on sait que le même phénomène impacte les pêcheurs français de la côte Atlantique nord-est, comme le révèle le documentaire « Océans, la voix des invisibles » de Mathilde Jounot ?[18] Le journaliste est-il seulement familier du concept de smart power ?

Blue Lobby

Où trouve-t-on le siège de certaines ONG ? Comment se fait-il par exemple que la Fondation Bertelsmann (Bertelsmann Stiftung), qui détient par ailleurs un empire médiatique singulier (du groupe RTL à M6, de National Geographic au Financial Times), soit domiciliée à Bruxelles alors qu’elle est allemande ? Que fait à Bruxelles le puissant International Crisis Group, où l’on trouve George Soros et Jonas Gahr Støre (ancien ministre norvégien et président de l’ONG EEA Grants) ? Ce groupe fut créé par Morton Abramowitz, ancien président de la Carnegie (dont la branche Europe se trouve également à Bruxelles) et membre, comme Soros, du Council on Foreign Relations des Etats-Unis. Les fondations qui soutiennent l’ICG suffisent à adjoindre le « pourquoi ? » au « où ? » : Carnegie, Fondation MacArthur, Oak Foundation, Open Society, Fondation Hewlett, mais aussi le Rockefeller Brothers Fund ou encore British Petroleum.[19]

QUAND

  • Quand l’ONG a-t-elle été créée ? Depuis quand agit-elle dans telle ou telle zone ? Quand a-t-elle produit un rapport sur un sujet donné ? (mettre par exemple cela en corrélation avec les intérêts économiques d’une puissance particulière ou d’un acteur particulier) Quand a-t-elle lancé une opération d’influence (c’est-à-dire une guerre de l’information) ? Quand a-t-elle ciblé un acteur (Etat, individu, institution, entreprise) particulier ? Y a-t-il un lien avec l’apport de financements bien identifiés à ce moment ?

La concordance de calendrier en lien avec l’apport de financements est illustrée par notre dossier d’octobre 2015 sur Les Amis de la Terre. Nous avions souligné que cette ONG avait reçu 70 000 € en 2015 de la part de l’European Climate Foundation, afin de mettre fin aux subventions en faveur du charbon. Quelques mois plus tard, Oxfam et Les Amis de la Terre publiaient le rapport « Emissions d’Etat », à charge contre EDF et ENGIE. Quelques mois plus tard se tint la COP21. Or, l’European Climate Foundation, loin d’être neutre, est essentiellement financée par douze organisations, qui ont toutes des intérêts dans le domaine des énergies propres et renouvelables. Le journaliste curieux aurait par ailleurs pu s’étonner que trois des financeurs de cette « European » Climate Foundation soient américains (ClimateWorks Foundation, William and Flora Hewlett Foundation, Energy Foundation). Le « quand » aide ici à apporter des faisceaux d’indice sur le « pourquoi ».

En 2004, l’entreprise de BTP et d’exploitation pétrolière Halliburton, poids lourd du Nasdaq, essuya le feu des critiques. Dick Cheney, alors vice-président de George W. Bush, l’avait présidée de 1995 à 2000. En septembre 2004, le site Halliburton Watch rapporta que l’Iraq Revenue Institute, « financé par George Soros »[20] et que l’Open Society lança en 2003[21], venait de publier un rapport fort critique à l’encontre, entre autres, d’Halliburton. Il y était démontré qu’Halliburton avait gagné 60% des fonds pour la reconstruction de l’Irak. Ce rapport du Revenue Institute (n°7, septembre 2004), publié sous le logo et sur le site de l’Open Society, parlait dans son titre de « désordre, négligence et mauvaise gestion », avec des faits accablants.[22] Peut-on parler d’un hasard du « quand » lorsqu’on sait que Soros, hostile à Bush, avait dépensé vingt-quatre millions de dollars pour le camp Démocrate lors de la campagne présidentielle de 2004[23], que ce rapport est sorti en septembre de la même année, et que les élections présidentielles américaines avaient lieu le 2 novembre ? Comme avec Les Amis de la Terre et les mécènes de l’European Climate Foundation, un jeu trouble émerge… Qu’en pensent les journalistes, ces « inquiéteurs » de pouvoir ?

Restons sur M. Soros, qui demeure une source d’information et d’inspiration décidément inépuisable. En 2013 en Grèce, son Open Society créa Solidarity Now, une ONG d’aide aux migrants, par ailleurs partenaire d’autres organisations comparables telles que METAction, Arsis ou le Greek Council for Refugees. En 2014, l’Open Society finança PICUM, Plateforme pour la Coopération Internationale sur les Sans-Papiers (« Undocumented Migrants »), une ONG d’aide active aux migrants domiciliée à Bruxelles. Ses rapports financiers révèlent que depuis 2000, l’année 2014 est la première à recevoir des financements de l’Open Society.[24] En outre, le pied de page du site remercie quatre organismes : la Commission Européenne, le Sigrid Rausing Trust (plus gros donateur privé de l’ONG), le Projecten in Nederland, ainsi que l’Open Society. Un seul des quatre est toutefois mentionné en-dessous : « Soutenu par un don de la Fondation Open Society Institute en collaboration avec l’initiative Open Society pour l’Europe des Fondations Open Society ». Le 26 septembre 2015[25], George Soros proposait un plan de politique migratoire en six points pour l’Union Européenne. A défaut d’être formé au soft power ou à la guerre économique, il suffira à notre journaliste de connaître les bases du jeu d’échec pour comprendre que ces initiatives de George Soros n’ont pas fleuri successivement par hasard, qui plus est lorsqu’on sait que son plan préconise l’intervention d’entreprises, d’ONG, des investissements et une planification financière…

COMMENT

  • Comment l’ONG choisit-elle ses cibles ? Ses pays d’action ? Ses méthodes d’action ? Comment réussit-elle à se faire relayer ? (dit autrement : a-t-elle des relais d’influence voire de complaisance dans le monde médiatique, économique, politique, sociétal)

Rebondissons sur Les Amis de la Terre et leur « dossier de rentrée » publié en septembre 2015, peu avant la COP21. L’ONG y attaquait plusieurs entreprises françaises : EDF, ENGIE, BNP Paribas, la Société Générale, et le Crédit Agricole. Comment en est-elle venue à choisir ces entreprises en particulier ? Ne semble-t-il pas pertinent de s’interroger là-dessus, quand on a déjà vu que leur attaque contre EDF et ENGIE fut permise grâce à une subvention d’une Fondation elle-même financée par des acteurs du business énergétique ? (cf. supra)

Sous un angle plus large, comment les ONG décident-elles d’attaquer une entreprise plus qu’une autre ? Au mois de janvier 2016, Sigwatch, un organisme privé d’aide à la gestion de risques d’attaques en réputation de la part – notamment – des ONG, a publié son rapport « Les entreprises que les ONG ont aimé et détesté en 2015 » (« Corporations that NGOs loved and hated in 2015 »).[26] Il ressort que les multinationales sont ciblées de manière disproportionnée, parmi les près de six milles campagnes menées par les ONG en 2015 : dans tous les secteurs à l’exception de la finance, les dix plus grandes entreprises d’un domaine donné ont subi 50 à 70% des attaques des ONG, là où les entreprises de taille moyenne sont globalement ignorées. Les ONG privilégient les entreprises qui travaillent dans la consommation ou la finance, bien plus que l’industrie ou les industries extractives. Sigwatch souligne par ailleurs que « de nombreux établissements financiers changent leur politique pour convenir aux ONG, ce qui peut entraîner d’intéressantes répercussions pour leurs relations commerciales avec l’industrie, en particulier dans le domaine des énergies fossiles ». Enfin, ce ne sont pas spécialement les activités centrales des entreprises qui sont visées, mais plutôt leurs chaînes logistiques, « comme les impacts environnementaux », et non par exemple « la fin du forage dans une zone, ou la modification de la composition nutritionnelle d’un produit alimentaire ». Ceci ne rappelle-t-il pas les attaques du lobby bleu qui demande à interdire la pêche en eaux profondes et à créer des aires marines protégées, mais reste silencieux sur l’extraction d’énergies fossiles et de ressources marines si ces « aires » passent sous contrôle privé ? Comment – et pourquoi – les ONG en viennent-elles à cibler certaines externalités négatives plutôt que le cœur d’une activité ? Ces ONG, indépendamment de la bonne foi de la plupart de leurs militants, seraient-elles instrumentalisées à des fins de guerre économique sous prétexte humanitaire ou écologique ? Selon Thomas C. Heller, directeur exécutif de la Climate Policy Initiative de George Soros et aussi membre de son Natural Governance Resources Institute (ancien Revenue Watch Institute), « la finance climatique a connu une croissance de 18% pour atteindre 391 milliards de dollars » en 2014.[27] Ceci éclaire différemment les attaques massives en réputation contre EDF et ENGIE, géants français de l’énergie, l’année de la COP21.

POURQUOI

  • Pourquoi l’ONG attaque tel acteur mais ignore tel autre ? Quelles sont ses motivations profondes ?

La réponse potentielle que l’on peut donner du « pourquoi » découle des réponses aux cinq questions précédentes, qui permettent de dégager une vision plus globale des enjeux de guerre informationnelle que mènent des ONG. La mesure est de rigueur, car une affirmation trop définitive du « pourquoi » risque de discréditer une méthode de recherche, même si celle-ci se veut rigoureuse et avec une grille de lecture complexe. Mais en l’absence d’une approche qui prenne en compte la réalité de la guerre économique, située à des années-lumière de la formation des journalistes (même, parfois, de ceux de bonne foi), l’explication que l’on peut donner au soft power des organisations qualifiées parfois abusivement de « non »-gouvernementales, restera incomplète. On ne pourra alors que se contenter d’explications réductrices du type des « faibles ONG combattant le Goliath » que représentent les entreprises, qui ne viseraient qu’à maximiser leur profit en s’affranchissant de toute éthique et de toute valeur morale. La réalité, malheureusement, ne saurait se satisfaire d’explications aussi simplistes. Il appartient donc aux journalistes de prendre la mesure de la réalité de la guerre économique, afin de pouvoir incarner au mieux l’un des principes énoncés dans leur Charte éthique, datée de 2011 : le journaliste « tient l’esprit critique, la véracité, l’exactitude, l’intégrité, l’équité, l’impartialité, pour les piliers de l’action journalistique ».[28]

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Pour récapituler, on prendra un exemple d’actualité, les Panama Papers :

  • Qui finance l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) et l’International Consortium of Investigative Journalists (ICIJ) ? Pour le premier, il s’agit de l’USAID et de l’Open Society de George Soros. Pour le second, ce sont des fondations comme le Pew Charitable Trusts, Adessium, Ford ou, là encore, l’Open Society.
  • Que sont les Panama Papers ? Il s’agit d’une liste de près de onze millions de noms possédant des comptes offshore.
  • Où sont ces comptes ? Au Panama donc, paradis fiscal. D’autres existent, où les Américains seraient plus enclins à y domicilier leurs comptes, ce qui expliquerait le peu de noms de ce pays.[29] On attend avec impatience que l’OCCRP et l’ICIJ sortent les Netherland Antilles & Cayman Islands Papers, là où George Soros a domicilié son Quantum Fund, qu’il a fait passer de hedge fund à family office, se dispensant ainsi des obligations de transparence de la loi Dodd Frank de 2010.
  • Comment a-t-on eu accès à cette liste ? Une source anonyme en serait à l’origine.
  • Quand ce scandale a-t-il lieu ? En avril 2016, alors que comme le rappelle l’économiste Paul Jorion les paradis fiscaux et leurs mécanismes sont connus depuis des années et font l’objet d’une littérature abondante.[30]

Pourquoi les Panama Papers sortent-ils aujourd’hui ? On peut apporter plusieurs éléments de réponse, puisque cette opération n’est pas spontanée mais organisée. En Europe, une loi protectrice du secret des affaires sera prochainement votée au Parlement européen, tandis qu’en France la loi Sapin sur les lanceurs d’alerte traduit les injonctions du rapport de Transparency International de 2013 (soutenu par l’Open Society). A l’international, les rapports de force se recomposent et l’on glisse progressivement vers un monde multipolaire, au détriment des Etats-Unis qui tentent de maintenir leur hégémonie avec les Traités transpacifique et transatlantique (TAFTA). Plutôt que de croire sur parole les révélations des Panama Papers, on invitera tout un chacun à prendre la distance critique nécessaire grâce à une grille de lecture globale.

Notes :

[1] http://ngo.org/ngoinfo/define.html

[2] http://repository.upenn.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=1009&context=think_tanks

[3] https://www.globalwitness.org/fr/about-us/board-directors/

[4] https://www.opensocietyfoundations.org/people/aryeh-neier

[5] https://crisisaction.org/qui-sommes-nous/conseil-dadministration/

[6] https://crisisaction.org/ceux-avec-qui-nous-travaillons/nos-bailleurs-de-fonds/

[7] http://www.transparency.org/cpi2015#results-table

[8] http://www.cfr.org/content/publications/attachments/Membership_Roster.pdf

[9] http://www.agircontrelacorruption.fr/wp-content/uploads/2014/12/GP-a%CC%80-lusage-du-lanceur-dalerte-franc%CC%A7ais-v.5_pages.pdf

[10] http://www.transparency.org/files/content/ouraccountability/TIS_1999AuditedFinancials.pdf

[11] Cf. les articles de la Fondation Prometheus sur le sujet : « La transparence s’impose aux ONG » : http://www.fondation-prometheus.org/wsite/actualites/la-transparence-s%E2%80%99impose-aux-ong/ ; « Transparency International : une éthique à géométrie variable » : http://www.fondation-prometheus.org/wsite/publications/a-la-une/transparency-international-une-%C3%A9thique-%C3%A0-g%C3%A9om%C3%A9trie-variable/ ; « Réponse au président de Transparence Internationale France » : http://www.fondation-prometheus.org/wsite/publications/newsletter/2012122/r%C3%A9ponse-au-pr%C3%A9sident-de-transparence-internationale-france/

[12] http://www.knowckers.org/2015/02/l%E2%80%99usaid-une-ong-au-service-de-la-puissance-des-etats-unis-dans-le-monde/

[13] http://www.greenpeace.org/france/fr/connaitre-greenpeace/historique/plateforme-brent-spar/

[14] Harbulot (Christian), Fabricants d’intox. La guerre mondialisée des propagandes, 2016, pp.124-125.

[15] http://www.knowckers.org/wp-content/uploads/2015/08/dossieraout.pdf

[16] http://www.pewtrusts.org/en/multimedia/data-visualizations/2011/global-ocean-legacy-map

[17] http://atlas.bluelobby.eu/2014/06/le-pivot-maritime-asie-pacifique.html

[18] http://www.lemarin.fr/secteurs-activites/environnement/24778-oceans-la-voix-des-invisibles-un-film-edifiant

[19] http://philoscsoc.ulb.be/scpo/fr/liens-utiles/quelques-think-tanks-et-ong-bruxelles

[20] http://www.halliburtonwatch.org/news/iraq_revenue_watch.html

[21] https://www.opensocietyfoundations.org/press-releases/osi-launches-new-initiative-iraq-revenue-watch

[22] https://www.opensocietyfoundations.org/sites/default/files/irwreport_20041001.pdf

[23] http://foreignpolicy.com/2007/02/27/soros-buys-halliburton/

[24] http://picum.org/en/about-us/annual-reports/

[25] http://www.georgesoros.com/essays/rebuilding-the-asylum-system/

[26] http://www.sigwatch.com/fileadmin/Free_downloads/SIGWATCH_-_Corporations_NGOs_loved_and_hated_in_2015_FREE.pdf

[27] http://climatepolicyinitiative.org/2015/12/13/cop21-a-good-deal-for-climate-and-for-growth/

[28] http://www.snj.fr/content/charte-d%E2%80%99%C3%A9thique-professionnelle-des-journalistes

[29] http://www.lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/021818134554-pourquoi-les-panama-papers-epargnent-les-americains-1211715.php#xtor=CS2-5

[30] http://www.telerama.fr/idees/paul-jorion-economiste-les-fuites-des-panama-papers-ne-surviennent-pas-par-hasard,140605.php