• Les médias n’hésitent pas à désinformer pour accuser la Russie de… désinformer


    Moon of AlabamaMoon of Alabama

    Par Moon of Alabama – Le 4 mai 2018

    Le Grauniad 1 s’enfonce de plus en plus dans la désinformation : « Révélation : Le Royaume-Uni veut renforcer l’alliance anti-Russie » est le titre d’une première page du journal qui ne nous révèle absolument rien. Aucun secret ne nous est dévoilé, et aucun journaliste n’a posé la moindre question embarrassante à qui que ce soit.

    Comme tant d’articles du même genre, cet article désinforme pour accuser la Russie de désinformer. 

    La principale « révélation » vient d’un haut-fonctionnaire du gouvernement britannique. On y a ajouté quelques citations des propagandistes anti-russes habituels. Les allégations douteuses ou fallacieuses des gouvernements « occidentaux » sont présentées comme la vérité. Le fait que la Russie les nie est la preuve de la rouerie russe et de sa « désinformation ».

    L’article commence ainsi :

    « Le Royaume-Uni profitera d’une série de sommets internationaux cette année pour appeler à une stratégie globale de lutte contre la désinformation russe et préconiser une remise en question du dialogue diplomatique traditionnel avec Moscou, à la suite de la campagne agressive du Kremlin pour nier l’emploi d’armes chimiques au Royaume-Uni et en Syrie.

    (…)

    ‘Le secrétaire d’État aux Affaires étrangères considère la réponse de la Russie à Douma et Salisbury comme un tournant et pense qu’il existe un soutien international pour aller plus loin’, a déclaré un officiel de Whitehall. ‘Les domaines dans lesquels le Royaume-Uni est le plus susceptible de s’engager sont la lutte contre la désinformation russe et la recherche d’un mécanisme pour obliger ceux qui utilisent des armes chimiques à rendre des comptes.’ »

    Il existe un mécanisme pour obliger ceux qui utilisent des armes chimiques à rendre des comptes. Il s’agit de la Convention sur les armes chimiques et de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC). C’est le gouvernement britannique qui a refusé d’appeler l’OIAC lors de l’incident de Skripal :

    « Au tout début, le gouvernement britannique s’est opposé à l’implication de l’OIAC, comme le demandait la Russie. Ce n’est que le 14 mars, dix jours après l’incident et deux jours après que le Premier ministre Theresa May a porté des accusations contre la Russie, que le gouvernement britannique a demandé à l’OIAC d’intervenir. Ce n’est que le 19 mars, 15 jours après l’incident, que l’équipe technique de l’OIAC est arrivée et a prélevé des échantillons de sang. »

    Revenons maintenant à la désinformation du Guardian :

    « Le Royaume-Uni a fait valoir aux différents ministères des affaires étrangères, que les dénégations russes au sujet de Salisbury et de Douma prouvent que cet État ne veut pas coopérer pour parvenir à une compréhension commune de la vérité, mais utilise au contraire les deux épisodes pour tenter systématiquement de diviser l’électorat occidental et semer le doute. »

    Une « compréhension commune de la vérité » est un terme intéressant. Quelle est la vérité ? Ce que prétend le gouvernement britannique ? Il a accusé la Russie d’avoir empoisonné les Skripal huit jours à peine après l’incident. Maintenant, deux mois plus tard, il admet qu’il ne sait pas qui est coupable :

    « À ce jour, la police et les services de renseignement n’ont pas réussi à identifier la ou les personnes qui ont perpétré l’attaque de l’agent innervant à Salisbury, a révélé le conseiller à la sécurité nationale du Royaume-Uni. »

    Les Britanniques savent-ils d’où vient le prétendu poison Novitchok ? À moins qu’ils ne l’aient produit eux-mêmes, ils n’en ont probablement aucune idée. La République tchèque vient d’admettre qu’elle a fabriqué de petites doses d’un agent innervant Novitchok pour des tests. D’autres acteurs en ont fait autant.

    Revenons au Guardian :

    « Les politiciens britanniques ne sont pas les seuls à prétendre que la propension au mensonge de la Russie n’est pas une caractéristique personnelle de Poutine, mais une stratégie gouvernementale qui rend la diplomatie traditionnelle inefficace.

    Angela Merkel, la chancelière allemande, a dit, en sortant d’un long entretien téléphonique avec Poutine – elle en a eu plus de 40 en un an – qu’il vivait dans un autre monde. »

    Non, Merkel n’a jamais dit ça. C’est l’administration Obama qui a fait écrire ça à ses laquais du New York Times :

    « La chancelière allemande Angela Merkel a dit à M. Obama au téléphone, dimanche, qu’après avoir parlé avec M. Poutine, elle se demandait s’il était en contact avec la réalité. Il est ‘dans un autre monde’, a-t-elle dit. »

    Lorsque nous avons lu ça en mars 2014, cela nous a tout de suite paru suspect :

    « C’est étrange, cela ne ressemble pas du tout à Merkel. Je doute qu’elle ait dit cela comme ‘les personnes à qui elle a parlé de sa conversation avec Poutine’ le font écrire au Times. Il s’agit plutôt d’une tentative pour discréditer Merkel et l’empêcher de s’entendre avec la Russie en dehors du contrôle américain. »

    Un jour plus tard, le gouvernement allemand a nié que Merkel ait jamais dit une pareille chose (ma traduction) :

    « La chancellerie est mécontente du rapport du New York Times. Merkel n’a absolument jamais voulu dire que Poutine ne se comportait pas rationnellement. En fait, elle a dit à Obama que Poutine avait un point de vue sur la Crimée différent [de celui d’Obama]. »

    Un journaliste de McClatchy a poursuivi l’enquête et il est arrivé à la même conclusion que moi. La « fuite » au New York Times était de la désinformation.

    Cette désinformation, diffusée par l’administration Obama et dont la fausseté a été immédiatement démontrée, est maintenant présentée par Patrick Wintour, le rédacteur diplomatique du Guardian, comme la preuve que la Russie fait de la désinformation et que Poutine est méchant.

    Le ministre britannique de la Défense Gavin Williamson veut que les journalistes entrent dans les forces de réserve britanniques pour aider à la production de propagande :

    « Il a dit que le recrutement de l’armée devrait se faire ‘en se tournant vers des personnes différentes, des journalistes, qui se demandent peut-être : Quelles sont mes compétences et en quoi peuvent-elles être utiles à l’armée ?’  »

    Patrick Wintour serait sûrement une bonne recrue.

    Il pourrait aussi aller à l’OTAN participer à la guerre de l’information que le Conseil de l’Atlantique veut intensifier afin de propager plus de désinformation sur ces satanés Russkofs :

    « Ce dont nous avons besoin maintenant, c’est d’une alliance de défense transfrontalière contre la désinformation − appelez cela OTAN-Communications. Une telle alliance est, en fait, presque aussi importante que l’alliance militaire. »

    Tout comme l’auteur de l’article du Guardian ci-dessus, un rédacteur du lobby de propagande de l’OTAN, le Conseil atlantique, fait de la désinformation contre les Russes qui ne résiste pas au plus petit examen :

    « En épinglant l’agent innervant Novitchok sur la Suède ou la République tchèque, ou en accusant le Royaume-Uni pour l’attaque au gaz innervant en Syrie, le Kremlin sème la confusion dans la population de nos pays et nous fait perdre confiance dans nos institutions. »

    La Russie n’a pas épinglé le Novitchok sur la Suède, ni la République tchèque. Elle a dit, à juste titre, que plusieurs pays produisaient du Novitchok. La Russie n’a pas accusé le Royaume-Uni pour l’« attaque au gaz innervant » en Syrie. La Russie a dit qu’il n’y a pas eu d’attaque chimique à Douma.

    Les accusations de désinformation russe que ces auteurs portent ne résistent pas à un examen sérieux. Qui plus est, leurs articles sont eux-mêmes pleins de mensonges, de déformations de la vérité, bref… de désinformation.

    L’objectif principal des intenses pressions opérées sur la plupart des organes d’information pour qu’ils fassent de la propagande anti-russe, est d’introduire un contrôle strict de l’information au sein des sociétés « occidentales ».

    Tout ce qui s’éloigne de la « vérité » telle que prescrite ci-dessus doit être recouvert de tonnes de mensonges supplémentaires ou, si cela ne marche pas, être discrédité en tant que désinformation « ennemie ».

    Ces techniques seront utilisées contre quiconque s’écartera de la norme imposée. Vous n’aimez pas ce pipeline dans votre jardin ? C’est que vous êtes complices des trolls russes, ou que vous êtes vous-même l’agent d’une puissance étrangère. La sécurité sociale ? Les Russes aiment ça. C’est de la désinformation. Laisse tomber !

    Traduction : Dominique Muselet

    Note

     
    1. Nom satirique donné autrefois au Guardian parce qu’il contenait beaucoup de coquilles ↩

  • 10/05/18

    28 avions israéliens ont tiré environ 60 roquettes sur des frappes de nuit contre la Syrie - MoD russe 10/5/2018

    Quelque 28 avions israéliens ont tiré une soixantaine de roquettes air-sol lors d'une attaque massive de nuit en Syrie, selon le ministère russe de la Défense. Les systèmes de défense aérienne syriens ont réussi à intercepter plus de la moitié des missiles.

    Un total de 70 projectiles, dont 60 roquettes air-sol et plus de 10 missiles surface-surface, ont atteint les cibles militaires iraniennes et les systèmes de défense aérienne syriens près de Damas et dans le sud du pays jeudi matin. militaire a déclaré dans un communiqué.

     
     

    "28 avions israéliens F-15 et F-16 ont été impliqués dans l'attaque" , a indiqué le ministère. "Les systèmes de défense aérienne syriens ont abattu plus de la moitié des roquettes en repoussant l'attaque israélienne".

    Les forces israéliennes ont bombardé le territoire syrien pendant deux heures entre 1h45 et 3h45 heure locale jeudi. L'attaque a été menée sous le prétexte d'allégations selon lesquelles les forces iraniennes avaient déjà frappé des cibles israéliennes sur les hauteurs du Golan.

    Les dégâts infligés aux infrastructures militaires iraniennes et civiles syriennes par les frappes aériennes sont en cours d'évaluation.

    Auparavant, les Forces de défense israéliennes (FDI) ont déclaré que tous leurs avions étaient rentrés en toute sécurité après l'une de leurs plus vastes attaques depuis des années. Tel-Aviv affirme qu'il a été mené en représailles à 20 roquettes lancées sur des cibles israéliennes dans les hauteurs du Golan par la Force Qods de la Garde révolutionnaire iranienne.

    "Quatre d'entre eux ont été interceptés par le Dôme de fer et le reste a atterri sur le territoire syrien" , a indiqué l'armée israélienne, selon Ynet, ajoutant que l'incident n'avait causé aucun dégât ni blessé.

    Les allégations ont été démenties par un membre de la commission du parlement iranien, Abolfazl Hassan Beigi, qui a accusé Israël de "mentir", car l'Iran n'a "aucune présence militaire" ou de bases en Syrie, rapporte Spoutnik.


    LIEN : https://www.rt.com/news/426328-israel-28-jets-syria/

     



     
    Posté par Jocegaly à -

  • SNCF : faisons le point

    Bernard GENSANE

    Pour les cheminots, la lutte continue. Ils se battent pour eux, et aussi pour nous, usagers – pardon : « clients » – de ce qui doit demeurer un service public, et pour nous citoyens face au capitalisme financier qui nous aliène et nous bouffe la vie. Il faut les aider matériellement. Pour ma part, c’est fait, et ce sera, si nécessaire, fait de nouveau.

    Quels sont les enjeux ?

    Au premier chef, empêcher la privatisation de cette société, voulue par Macron, après que d’autres – la droite, les faucialistes – ont privatisé La Poste, France Télecom, Air France et d’autres fleurons qui appartenaient à l’État, c’est-à-dire au peuple.

    Macron a choisi la méthode des ordonnances, dans le cadre d’un calendrier accéléré pour faire ratifier son projeeeet avant la fin juin. Il veut soumettre le rail à la concurrence, ce qui n’est en aucune manière une obligation de la réglementation européenne, quoiqu’en disent la Macronie et les médias à sa botte. Nous sommes ici dans un choix purement idéologique. Il veut changer le statut de la SNCF, qui deviendrait une société anonyme, l’État devenant un actionnaire parmi d’autres (comme pour Air France, EDF, GDF). Promesse sera faite que l’État restera majoritaire mais il ne se passera pas dix ans avant qu’il devienne minoritaire.

    Concomitamment, le projeeeet implique la suppression du statut des cheminots qui, dans la logique d’une société d’État, garantit la continuité du service public. Il implique également la suppression de milliers de kilomètres de lignes secondaires, non « rentables ». 200 gares, au moins 50 lignes sont condamnées. Il reviendra aux régions, si elles le peuvent et le souhaitent, de pallier les déficiences, l’absence de l’État.

    La SNCF compte 100 000 cheminots de moins qu’il y a trente ans. 25 000 suppressions d’emplois sont prévues dans les cinq ans à venir. Les médias à la botte ont fait courir divers mensonges sur les « privilèges » des cheminots :

    • les agents ne sont employés à vie que s’ils sont recrutés avant l’âge de 30 ans.
    • ils ne partent pas en retraite à l’âge de 50 ans mais entre 50 et 52 ans pour les conducteurs, 55 et 57 ans pour les autres employés. La durée de cotisation ayant été allongée depuis 2008,
    • ils subissent une décote telle qu’ils ont intérêt à partir vers 62 ans s’ils veulent bénéficier d’une retraite à peu près décente.

    Les salaires à la SNCF n’ont rien d’exorbitants : 60% des agents gagnent moins de 3 000 euros brut par mois. La prime « escarbille de charbon dans l’œil » a été supprimée au début des années 70. La prime pénibilité, après 25 ans en 3X8, est de 26 euros par mois. Ce qui se situe loin des émoluments de tel ou tel membre du gouvernement actuel ayant traîné ses bottes dans les instances dirigeantes de la Société. Les cheminots bénéficient de 28 jours de repos annuel et de 10 jours de RTT.

    Le statut des cheminots n’est pas un mille-feuilles d’avantages : il permet d’adapter les conditions de travail aux besoins du service public, 24 heures sur 24, 365 jours par an.

    La dette de la SNCF est de 53 milliards d’euros. Elle est due pour une bonne part aux investissements considérables exigés par l’État pour financer les lignes à grande vitesse. L’État français ne finance que 32% des besoins de l’entreprise, contre 50% pour l’État allemand et 90% pour l’État suédois. Chaque année, la SNCF paye 1 milliard 700 millions d’euros d’intérêt aux banques, par exemple à la banque Rothschild, chère à notre banquier national. Le déficit n’est nullement causé par le statut des cheminots.

    Perpétuellement endettée, la SNCF a recours à de la sous-traitance privée, dont les coûts, en particulier en RH, sont moindres. La SNCF a même dû entretenir des filiales qui sont en concurrence directe avec elle, comme Géodis pour le fret par camion (ancienne entreprise privée rachetée par la SNCF et qui a acquis en 2015 pour 800 millions de dollars l’entreprise étasunienne de logistique Ozburn-Hessey Logistics dont le chiffre d’affaires est de 1,2 milliard de dollars).

    Les projets de construction de l’entreprise se feront dans le cadre de partenariats publics privés (les PPP). La ligne à grande vitesse Tours-Bordeaux va coûter 8 milliards d’euros. Vinci assurera 10% du financement. Mais ses bénéfices seront garantis par l’État grâce à un droit de péage de chaque passager.

    Ouvrir à la concurrence transformera plus que jamais les employés en variables d’ajustement. Elle va faire grimper les tarifs, comme cela a été observé en Grande-Bretagne (30%). Les Britanniques dépensent six fois plus que les Français pour leurs transports ferroviaires (14% de leurs dépenses mensuelles). Á noter que, dans le sud de l’Angleterre, 80% des trains arrivent en retard.

    Les services publics ne sont pas des marchandises. Tout privatiser, c’est – à terme – nous priver de tout. « Nous » étant, pour commencer, les « clients » de la France profonde, où il n’y a déjà plus de médecine de proximité, de maternités, de crèches publiques, de bureaux de postes, de gendarmeries.

    La fin de la SNCF en tant que service public, c’est l’accroissement des inégalités entre les Français.

    C’est cela, le projeeeet « citoyen » du macronisme.

    Bernard Gensane

    URL de cet article 33347
    https://www.legrandsoir.info/sncf-faisons-le-point.html

  • 11/05/18

    Accord iranien: Poutine multiplie les contacts après le retrait américain

    sur Romandie

    Moscou - Vladimir Poutine multipliait vendredi les contacts, s'entretenant avec la chancelière allemande Angela Merkel après le président turc Recep Tayyip Erdogan, alors que Moscou se trouve au centre du jeu pour tenter de sauver l'accord sur le nucléaire iranien après le retrait des Etats-Unis.

    Lors d'un appel téléphonique, le président russe et la chancelière allemande Angela Merkel "ont discuté de la situation liée au Plan d'action conjoint (l'accord sur le programme nucléaire iranien, ndlr) à la suite du retrait unilatéral américain", a indiqué le Kremlin dans un communiqué.

    Ils "ont souligné l'importance essentielle du maintien du Plan d'action conjoint pour la sécurité internationale et régionale", a-t-il ajouté alors que Mme Merkel est attendue le 18 mai à Sotchi, dans le sud de la Russie, pour une rencontre avec Vladimir Poutine.

    Jeudi soir, le Kremlin a indiqué que M. Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan avaient également "confirmé leur détermination" à continuer à coopérer pour maintenir l'accord avec les autres pays signataires de l'accord, selon le Kremlin.

    Selon des sources présidentielles turques, MM. Erdogan et Poutine "ont convenu que la décision américaine au sujet de l'accord nucléaire était erronée et souligné que cet accord constituait un succès diplomatique qui doit être préservé".

    La Russie s'est imposée ces dernières années comme un acteur majeur au Proche-Orient, un rôle renforcé par son intervention militaire en Syrie lancée en 2015 en soutien à Bachar al-Assad. Elle entretient de bons rapports avec des pays aux intérêts divergents et parfois rivaux, de l'Iran à la Turquie en passant par Israël.

    Elle se situe de nouveau au centre du jeu depuis la décision de Donald Trump de se retirer de l'accord, dont elle avait contribué à la signature en 2015.

    - Zarif lundi à Moscou -

    Cette annonce fait de la préservation de l'accord un objectif commun à Moscou et aux Européens, événement rare vu les tensions de ces dernières années, alimentées par les dossiers syrien et ukrainien et récemment renforcées par l'empoisonnement de l'ex-espion Sergueï Skripal en Angleterre.

    Lundi, Moscou sera la deuxième étape d'une tournée du chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif, après Pékin dimanche et avant Bruxelles mardi où il rencontrera ses homologues français, allemand et britannique et Federica Mogherini, chef de la diplomatie de l'Union européenne.

    Lors d'une rencontre jeudi à Téhéran, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov et son homologue iranien Abbas Araghchi ont souligné leur "attachement à la sauvegarde de l'accord" signé en 2015, selon Moscou.

    L'accord a été conclu en juillet 2015 après des années d'âpres négociations entre l'Iran et le groupe 5+1 (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie). Aux termes de l'accord, Téhéran a accepté de geler son programme nucléaire jusqu'en 2025.

    Longtemps antagonistes, la Russie et l'Iran ont vu leurs relations s'améliorer avec la fin de la Guerre froide. Alors que Téhéran était au ban des nations, Moscou a accepté de reprendre au milieu de la décennie 1990 le contrat de construction de la centrale nucléaire de Bouchehr (sud de l'Iran), abandonné par l'Allemagne.

    Mercredi, Vladimir Poutine s'était dit "profondément inquiet" du retrait américain de cet accord, annoncé par le président américain Donald Trump mardi en dépit des appels de nombre de ses alliés.

    M. Trump a également annoncé le rétablissement des sanctions contre la République islamique qui avaient été levées en contrepartie de l'engagement pris par l'Iran de ne pas se doter de l'arme nucléaire.


    (©AFP / 11 mai 2018 12h44)

     
    Posté par Jocegaly à - -

  • 10/05/18

    L’Iran et Israël ont-ils déclaré une nouvelle guerre ? - par Thierry Meyssan

     

    Répondant aux États-Unis qui se sont retirés de l’accord nucléaire, plus encore qu’à Israël qui les avait bombardés, les Gardiens de la Révolution iraniens ont attaqué le Golan occupé depuis leurs bases syriennes. Se dirige-t-on vers une nouvelle guerre régionale ou s’agit-il d’une opération à usage intérieur iranien ?

    | Damas (Syrie) | 10 mai 2018
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    Le général Qassem Soleimani, commandant de la Force Al-Qods, est le combattant le plus respecté du Moyen-Orient élargi. Il a été vu sur tous les théâtres d’opération régionaux. Ses victoires ont fait de lui un mythe. Washington aurait autorisé Tel-Aviv à l’éliminer.

    Cet article fait suite à : « La Russie s’oppose à une guerre irano-israélienne », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 8 mai 2018.

    Le 8 mai 2018, Donald Trump annonçait, en avance sur la date prévue, le retrait de son pays de l’accord multilatéral sur le nucléaire iranien (JCPoA) et par voie de conséquence des clauses secrètes bilatérales signées avec Téhéran.

    Si personne ne connait le contenu exact de ces clauses, elles portent à l’évidence sur le partage du Proche-Orient. Durant toute la période de leur application, les forces US et iraniennes se sont croisées sur de nombreux champs de bataille à travers le Moyen-Orient élargi, sans jamais se confronter directement. Cette période est terminée.

    Téhéran avait le choix d’attaquer soit des soldats US, soit Israël. Le général Qassem Soleimani a choisi le Golan syrien occupé illégalement par Israël.

    Ce matin 10 mai 2018, vers 0h30, la Force al-Qods des Gardiens de la Révolution iraniens —l’élite militaire iranienne— a attaqué Israël depuis ses bases en Syrie. Israël, c’est l’arsenal du Pentagone dans la région (sites 51, 53, 55 et 56). L’État hébreu, choisissant l’escalade, a riposté de manière disproportionnée, tirant près de 70 missiles sur des objectifs iraniens en Syrie et tentant de détruire la défense anti-aérienne syrienne.

    Officiellement, l’opération iranienne était une réponse à l’attaque israélienne du 29-30 avril contre des bases des Gardiens de la Révolution. Cette nuit-là, la défense anti-aérienne syrienne était restée paralysée, privée qu’elle était des données des radars russes. Au contraire, cette fois-ci, elle a pu détruire de nombreux missiles israéliens.

    Durant plusieurs heures, missiles israéliens et contre-missiles syriens se sont affrontés. Alors que l’attaque iranienne a été stoppée par le Dôme de fer et n’a fait aucun dégât en Israël, il y a des pertes à la fois parmi les assaillants iraniens et dans le système de défense syrien.

    Cet épisode est intervenu juste après le rendez-vous de Benjamin Netanyahu à Moscou. Le Premier ministre israélien était venu dire à ses interlocuteurs russes que son pays ne se laisserait pas attaquer à la fois depuis Gaza, le Liban et la Syrie. Comme je l’ai expliqué dans un article précédent, la Russie considère que ce point de vue israélien est justifié.

    Damas et Moscou se trouvent piégés par leur alliance avec Téhéran. Si tous deux sont reconnaissants aux Gardiens de la Révolution pour avoir sauvé la République arabe syrienne au début de la guerre, ils sont aujourd’hui embarqués malgré eux dans un conflit qui n’est pas le leur : les deux pays reconnaissent Israël en tant qu’État, ce que refuse la République islamique d’Iran.

    Paradoxalement, cette situation avait été anticipée par la Maison-Blanche. Donald Trump, pour qui la paix régionale ne sera possible que si chacun accepte ses propres défaites, considère l’Iran comme un danger précisément parce qu’il refuse l’État d’Israël. C’est d’ailleurs pour pousser tous les acteurs à prendre la réalité telle qu’elle est qu’il a décidé de déménager son ambassade à Jérusalem.

    Ce matin, à la Conférence sur la sécurité d’Herzliya, le ministre moldavo-israélien de la Défense, Avigdor Liberman, pouvait à juste titre s’enorgueillir d’avoir défendu son pays et infligé des pertes à ses adversaires. Il n’a pas manqué de rappeler qu’Israël est un petit pays dont les dirigeants sont reçus régulièrement aussi bien au Kremlin qu’à la Maison-Blanche. Ce faisant, il se félicitait implicitement de la tournure des événements qui va contraindre les forces US à rester sur le territoire syrien et la Russie à en prendre acte.

    Israël tente de faire pression sur la Syrie pour qu’elle contrôle les troupes iraniennes sur son sol comme il a fait pression sur les gouvernements libanais pour qu’il contrôle le Hezbollah.

    Or, cette stratégie a échoué au Liban : le Hezbollah y est aujourd’hui à la fois la principale organisation militaire —bien plus puissante que l’armée nationale— et politique —comme on vient de le constater lors des élections législatives du 6 mai—. Certes la Syrie est encore un État au sens plein du terme, ce que le Liban n’est toujours pas. Et les Iraniens ne sont pas intégrés à la population arabe alors que le Hezbollah est issu du peuple libanais. Il convient donc de se méfier de ce parallèle.

    D’un point de vue russe, le déploiement des Gardiens de la Révolution auprès des populations chiites au Yémen, en Arabie saoudite, en Irak, en Syrie et au Liban est plus ou moins comparable à celui de soldats russes protégeant des citoyens russes vivant en Transnistrie, en Abkhazie, en Ossétie et en Ukraine. Mais leur présence à Gaza —où ils encadrent le Jihad islamique et une faction du Hamas— ne peut être identiquement justifiée, sans parler de leur infiltration en Afrique et en Amérique latine.

    En outre, si Moscou demandait à Téhéran de retirer ses forces de Syrie, il lui faudrait occuper leur place ou laisser Ankara y installer de nouvelles troupes. Le retrait iranien ne s’appliquerait pas seulement aux Gardiens de la Révolution, mais aussi à leurs supplétifs : les milices chiites afghanes et iraquiennes. Il contraindrait alors le Hezbollah à son tour à faire un choix.

    D’un point de vue syrien l’embarras est palpable. Nul ne songe ni à renvoyer ces alliés méritants, ni à les laisser déclencher un nouveau conflit avec Israël.

    La question se pose de comprendre pourquoi les Gardiens de la Révolution ont pris cette initiative, et s’ils en avaient référés auparavant au Guide Ali Khamenei. En d’autres termes, doit-on interpréter ces événements comme une menace réelle contre Tel-Aviv et Washington ou comme un jeu politique intérieur iranien ?

    En effet, dès le retrait états-unien, le président Hassan Rohani est intervenu à la télévision pour déclarer que le JCPoA était un accord multilatéral et ne pouvait pas être remis en cause par une seule partie. Il a surtout tenté de rassurer ses concitoyens en affirmant que le pays s’était préparé à cette situation et que leur niveau de vie n’en serait pas affecté. Il n’a pas été cru. En une journée la monnaie iranienne s’est effondrée et a perdu près du tiers de sa valeur.

    Intervenant à son tour, le Guide Ali Khamenei a maudit Donald Trump, donnant ainsi l’impression de confirmer qu’une catastrophe s’était abattue sur le pays. En outre, il a mis en doute la capacité des Européens à s’opposer aux États-Unis et en a conclu qu’ils quitteraient eux aussi l’accord.

    Pour le moment les sociétés européennes attendent pour se prononcer de connaître la position de leurs gouvernements. Cependant, toutes se préparent à perdre leurs investissements, comme cela avait été le cas lors des premières sanctions.

    En tous cas, alors que les États-Unis n’ont pas encore tirés de conclusions militaires de leur retrait du JCPoA, les Iraniens ont repris leur liberté de manœuvre. En attaquant Israël, ils ont répondu au président Trump. Il est probable qu’ils maintiendront la pression, en Syrie et ailleurs, jusqu’à ce que Washington revienne à la table des négociations.

    LIEN : http://www.voltairenet.org/article201105.html