• Syrie – Afrin, Idlib et la Ghouta orientale


    Moon of AlabamaMoon of Alabama

    Par Moon of Alabama – Le 3 mars 2018

    Après un lent démarrage, l’attaque turque et djihadiste contre le canton d’Afrin dans le nord-ouest de la Syrie progresse. Malgré une connaissance intime du terrain et des années de préparation, les forces kurdes locales des YPK ont peu de chances de lui résister.

    Pour agrandir

     

    Les Kurdes sont écrasés par les avions de guerre et l’artillerie turcs qui soutiennent la force adverse qui les attaque. Les troupes terrestres que la Turquie utilise sont principalement des combattants de l’Armée syrienne libre islamiste dirigés par des officiers turcs. Il y a des forces spéciales turques sur le front pour organiser les attaques de l’artillerie et les frappes aériennes. Pas plus tard qu’hier, les forces aériennes turques ont effectué plus de 30 missions de bombardement sur un front relativement étroit. Aujourd’hui, quelque 36 combattants ont été tués par des frappes aériennes turques.

    La semaine dernière, d’autres forces kurdes et des paramilitaires du gouvernement syrien sont venus renforcer les forces kurdes locales. Des groupes kurdes ont quitté les Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les États-Unis dans l’est de la Syrie, traversé un territoire tenu par le gouvernement syrien, et rejoint Afrin. Des groupes kurdes de la ville d’Alep ont confié le contrôle de deux des trois districts qu’ils détenaient au gouvernement syrien pour rejoindre leurs frères à Afrin. Un contingent de 500 combattants paramilitaires syriens venant de deux villes chiites près d’Afrin s’est également joint au combat. L’armée turque a tenté d’empêcher les convois qui venaient renforcer Afrin de passer mais la plupart des combattants ont réussi à atteindre la ligne de front. La Croix-Rouge syrienne a envoyé un convoi d’aide humanitaire au million d’habitants du canton.

    Les forces kurdes des YPG qui contrôlent Afrin ont un choix douloureux à faire. Le gouvernement russe et le gouvernement syrien sont prêts à leur apporter un appui total à condition que les Kurdes acceptent de se remettre sous le contrôle du gouvernement syrien comme tous les autres citoyens syriens. S’ils l’acceptent, les avions turcs disparaîtront immédiatement du ciel d’Afrin. Mais les Kurdes veulent absolument garder leurs propres forces militaires et policières ainsi que leur administration locale non élue. S’ils continuent comme ça, les forces turques vont envahir le district et tout sera perdu. C’est l’un ou l’autre.

    Le gouvernorat et la ville d’Idlib sont tenus par divers groupes alignés sur la Turquie. Les plus grands de ces groupes sont al-Qaïda (alias Front al-Nusra ou HTS), Ahrar al-Sham et Zinki. Ce sont tous des extrémistes islamistes, mais seul Al-Qaïda/Nusra est sur la liste internationale des groupes terroristes. Un accord russo-turc fait d’Idlib une zone de désescalade que les forces gouvernementales syriennes se sont engagées à ne pas attaquer, à condition que la Turquie parvienne à contrôler les groupes qui s’y trouvent et à éliminer les terroristes d’al-Qaïda/HTS. Les troupes turques régulières ont mis en place quelques postes d’observation dans la région.

    Mais la Turquie soutient al-Qaïda/HTS depuis le début, et ce groupe, s’il est attaqué par les forces régulières turques, pourrait se livrer à des actions de représailles à l’intérieur même de la Turquie. À force d’insister, la Russie a fini par obtenir que la Turquie fasse enfin pression sur les autres groupes qu’elle contrôle pour évincer al-Qaïda/HTS des différentes villes que ce groupe contrôlait.

    L’opération a commencé il y a une semaine. Ahrar al-Sham et Zinki se sont unis avec quelques petits groupes sous le label commun de Jabhat Tahrir Souria (JTS). Ils ont attaqué les positions de HTS et ont réussi à leur en prendre immédiatement quelques-unes. HTS a simplement reculé. Pendant trois jours, il a semblé que l’opération ordonnée par la Turquie allait être couronnée de succès. Une trentaine de villes et villages sont tombés aux mains de JTS. Puis HTS a contre attaqué. Il a pris le principal dépôt d’armes d’Ahrar al-Sham, qui contenait plusieurs chars et canons d’artillerie. En attaquant JTS par l’arrière, il a repris les villes une à une. Une semaine seulement après le début de l’opération déclenchée contre lui, HTS est en meilleure posture que jamais.

    Pour agrandir

    HTS a gardé le contrôle de la ville d’Idlib. Le groupe contrôle désormais totalement la frontière avec la Turquie. Tous les postes d’observation turcs dans le gouvernorat d’Idlib sont maintenant encerclés par les forces de HTS. Les soldats turcs sont devenus des otages. Erdogan va-t-il être obligé de demander au gouvernement syrien de les sauver ?

    La vaste opération menée par le gouvernement syrien contre l’enclave de la Ghouta orientale dans la périphérie de Damas, la capitale, progresse bien. La région est tenue par divers groupes salafistes et wahhabites, dont un contingent d’Al-Qaïda de plusieurs centaines de combattants. Les lignes de défense de Jaish al-Islam, sur la frontière orientale de la zone de 10 kilomètres carrés, ont été enfoncées. Les larges fossés creusés pour empêcher les attaques de l’armée syrienne ont été franchis à l’aide de ponts militaires. La zone rurale est plate et peut être facilement prise par une force mécanisée. Un tiers de la Ghouta orientale est déjà entre les mains du gouvernement. La partie ouest de l’enclave est densément urbanisée et elle sera beaucoup plus difficile à prendre.

    Pour agrandir

    Dans l’est de la Syrie, au nord de l’Euphrate et le long de la frontière syro-irakienne, il y a encore une enclave importante de l’EI où se trouvent plusieurs milliers de combattants qui ne semblent pas intéresser les Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les États-Unis. Les gouvernements syrien et russe pensent que les États-Unis protègent ces terroristes pour pouvoir les utiliser un jour contre le gouvernement syrien. Selon le ministère russe de la défense, les États-Unis ont construit, au nord-est de la Syrie, une vingtaine de garnisons pouvant contenir plusieurs milliers de soldats.

    Un autre contingent américain tient le poste frontalier syro-irakien d’al-Tanf au sud-est de la Syrie. Il a récemment été renforcé par un contingent supplémentaire de soldats étasuniens. Tout près de là, il y a un grand camp de réfugiés contrôlé par des combattants alignés sur EI. Encore une fois, cela semble être une zone où les États-Unis bichonnent EI pour pouvoir ensuite le réutiliser comme force « rebelle » contre le gouvernement syrien.

    Traduction : Dominique Muselet


  • Bonjour, voici la lettre d’information du site « CAPJPO - EuroPalestine » (http://www.europalestine.com)
    Si vous ne visualisez pas cet email lisez-le sur le site
    http://www.europalestine.com

    Publication CAPJPO - Europalestine

     


  • Le changement de régime échoue – Et après ? Un coup d’État militaire ou une invasion du Venezuela ?


    Les États-Unis ont utilisé tous leurs outils de changement de régime au Venezuela et, bien qu’ils aient échoué jusqu’ici, il y a encore une chance qu’une attaque militaire leur reste en magasin, avertissent Kevin Zeese et Margaret Flowers.


    Par Kevin Zeese et Margaret Flowers – Le 14 février 2018 – Source ConsortiumNews

    Plusieurs signaux indiquent qu’il y aura une attaque armée contre le Venezuela, des hauts responsables et des politiciens influents disant clairement que c’est une possibilité réelle.

    S’exprimant dans son alma mater à l’Université du Texas, le 1er février dernier, le secrétaire d’État Tillerson a suggéré un éventuel coup d’État militaire dans le pays. Ensuite, Tillerson s’est rendu dans des pays d’Amérique latine alliés, préconisant vivement un changement de régime et davantage de sanctions contre le Venezuela. Tillerson envisagerait également d’interdire le traitement ou la vente de pétrole vénézuélien aux États-Unis et décourage d’autres pays d’en acheter. 

    Dans une série de tweets, le sénateur Marco Rubio, le Républicain de Floride où vivent de nombreux oligarques vénézuéliens, a ouvertement appelé à un coup d’État militaire au Venezuela. « Le monde soutiendrait les forces armées au #Venezuela si elles décident de protéger le peuple et de restaurer la démocratie en chassant un dictateur » a tweeté l’ancien candidat à la présidence.

    Quelle absurdité — chasser un président élu avec un coup d’État militaire pour restaurer la démocratie ? Peut-on dire ça sans rire ? Ce refrain de Rubio et Tillerson semble être la position publique insensée de la politique américaine.

    Depuis l’élection de Hugo Chavez en 1998, les États-Unis cherchent à provoquer un changement de régime au Venezuela. Trump s’est joint aux présidents Obama et Bush avant lui pour poursuivre les efforts en vue de changer son gouvernement et mettre en place un gouvernement d’oligarques favorable aux États-Unis.

    Ils ont été tout près d’y arriver en 2002, lorsqu’un coup d’État militaire a fait tomber Chavez. Le commandant en chef de l’armée vénézuélienne a annoncé que Chavez avait démissionné et Pedro Carmona, de la Chambre de commerce vénézuélienne, est devenu président par intérim. Carmona a dissous l’Assemblée nationale, la Cour suprême et a déclaré nulle la Constitution. Le peuple a encerclé le palais présidentiel et s’est emparé des stations de télévision, Carmona a démissionné et s’est enfui en Colombie. En moins de 47 heures, les civils et l’armée ont rétabli Chavez à la présidence. Le coup d’État a marqué un tournant décisif qui a renforcé la Révolution bolivarienne, a montré que le peuple pouvait vaincre un coup d’État et a démasqué les États-Unis et les oligarques.

    Les tactiques américaines de changement de régime ont échoué au Venezuela

    Les États-Unis et les oligarques poursuivent leurs efforts pour renverser la Révolution bolivarienne. Les États-Unis ont une longue histoire de changement de régime dans le monde entier et ont essayé tous leurs outils dans ce but au Venezuela. Jusqu’à présent, ils ont échoué.

    La guerre économique

    La destruction de l’économie vénézuélienne a été une campagne permanente des États-Unis et des oligarques. Elle rappelle le coup d’État au Chili, qui a mis fin à la présidence de Salvador Allende. Pour créer les conditions du coup d’État au Chili, le président Nixon a ordonné à la CIA de « faire hurler l’économie ».

    Henry Kissinger a conçu le coup, en soulignant qu’un investissement d’un million de dollars était en jeu. Il craignait aussi que « l’effet de modèle insidieux » qu’était l’exemple du Chili ne conduise d’autres pays à rompre avec les États-Unis et le capitalisme. Le principal adjoint de Kissinger au Conseil de sécurité nationale, Viron Vaky, s’est opposé au coup d’État en déclarant : « Ce que nous proposons est une violation flagrante de nos propres principes et de nos fondements politiques. (…) Si ces principes ont un sens, nous ne nous en écartons que pour faire face à la menace la plus grave… notre survie. »

    Ces objections se vérifient en ce qui concerne les récents coups d’État américains, notamment au Venezuela et au Honduras, en Ukraine et au Brésil, entre autres. Allende est mort lors du coup d’État et a adressé ses dernières paroles au peuple du Chili, en particulier aux ouvriers : « Vive le peuple ! Vive les travailleurs ! ». Il a été remplacé par Augusto Pinochet, un dictateur brutal et violent.

    Pendant des décennies, les États-Unis ont mené une guerre économique au Venezuela, « faisant hurler l’économie ». De riches Vénézuéliens ont pratiqué le sabotage économique, aidés par les États-Unis avec des sanctions et autres tactiques. Cela comprend le stockage de nourriture, de fournitures et autres produits de première nécessité dans des entrepôts ou en Colombie alors que les marchés vénézuéliens sont vides. La rareté est utilisée pour alimenter les manifestations, par exemple « la marche des pots vides » une copie carbone des marches au Chili avant le coup d’État du 11 septembre 1973. La guerre économique s’est durcie avec Obama et sous Trump, Tillerson appelant aujourd’hui à des sanctions économiques sur le pétrole.

    Le président Maduro a reconnu les difficultés économiques, mais il a également dit que les sanctions ouvrent la possibilité d’une nouvelle ère d’indépendance et « entament l’étape de la post-domination des États-Unis avec le Venezuela de nouveau au centre de cette bataille pour la dignité et la libération ». Le second du Parti socialiste, Diosdado Cabello, a déclaré : « [S’ils] appliquent des sanctions, nous appliquerons des élections. »

    Manifestations de l’opposition

    Un autre outil courant des Américains du changement de régime est le soutien aux manifestations de l’opposition. L’administration Trump a renouvelé les opérations de changement de régime au Venezuela, et les manifestations anti-Maduro, qui avaient commencé sous Obama, sont devenues plus violentes. Les manifestations de l’opposition comprenaient des barricades, des tireurs isolés et des assassins provoquant aussi beaucoup de blessés. Lorsque la police arrêtait ceux qui utilisaient la violence, les États-Unis prétendaient que le Venezuela s’opposait à la liberté d’expression et aux manifestations.

    L’opposition a tenté de mettre à profit la répression contre la violence pour appliquer la tactique américaine consistant à diviser l’armée. Les États-Unis et les médias occidentaux ont ignoré la violence de l’opposition et en ont accusé le gouvernement vénézuélien. La violence est devenue si extrême qu’il semblait que l’opposition poussait le Venezuela dans une guerre civile comme en Syrie. Au lieu de cela, la violence de l’opposition s’est retournée contre elle.

    Les manifestations violentes font partie du répertoire américain des changements de régime. Cela a été démontré dans le coup d’État américain en Ukraine, où les États-Unis ont dépensé 5 milliards de dollars pour organiser l’opposition au gouvernement, y compris le financement de manifestants violents par les États-Unis et l’Union européenne. Cette tactique avait été utilisée dans les premiers coups d’État américains comme celui de 1953 en Iran contre le Premier ministre Mossadegh. Les États-Unis ont admis avoir organisé ce coup qui a mis fin à la brève expérience de l’Iran en matière de démocratie. Comme pour le Venezuela, une raison essentielle pour ce coup d’État iranien était le contrôle du pétrole du pays.

    Financer l’opposition

    Les États-Unis ont massivement investi dans l’opposition au gouvernement vénézuélien. Des dizaines de millions de dollars ont ouvertement été dépensés au travers de l’USAID, du National Endowment for Democracy et d’autres officines étasuniennes de changement de régime. On ne sait pas combien la CIA a dépensé de son budget secret, mais elle a également été impliquée au Venezuela. Son actuel directeur, Mike Pompeo, a déclaré qu’il « espérait une transition au Venezuela ».

    Les États-Unis ont également formé les dirigeants des mouvements d’opposition, par exemple Leopoldo López, qui a suivi l’enseignement d’écoles privées aux États-Unis, y compris le Kenyon College, associé à la CIA. Il a été formé à la Harvard Kennedy School of Government et a effectué des visites répétées à l’agence pour le changement de régime, le National Republican Institute.

    Élections

    Alors que les États-Unis qualifient le Venezuela de dictature, c’est en fait une démocratie forte avec un excellent système électoral. Des observateurs surveillent chaque élection.

    En 2016, la crise économique a permis à l’opposition de remporter la majorité à l’Assemblée nationale. L’une de ses premières actions a été d’adopter une loi d’amnistie. La loi décrivait 17 années de crimes incluant des crimes violents et le terrorisme commis par l’opposition. C’était un aveu des crimes commis depuis le coup d’État de 2002 et jusqu’à 2016. La loi mettait en évidence une violente trahison contre le Venezuela. Un mois plus tard, la Cour suprême a déclaré la loi d’amnistie inconstitutionnelle. Les États-Unis, les médias, les partisans du changement de régime et les groupes de défense des droits de l’homme opposés au Venezuela ont attaqué la décision de la Cour suprême, révélant leur alliance avec les criminels avoués.

    Des années de manifestations violentes et de tentatives de changement de régime, pis l’admission de leurs crimes dans une loi d’amnistie, ont fait perdre le pouvoir à ceux qui s’opposaient à la Révolution bolivarienne et les ont rendus impopulaires. Le parti de Maduro a remporté trois élections récentes, aux niveaux régional et local et à l’Assemblée constituante.

    La commission électorale a annoncé que l’élection présidentielle aura lieu le 22 avril. Maduro se présentera à sa réélection avec le Parti socialiste uni. Des dirigeants de l’opposition comme Henry Ramos et Henri Falcon ont exprimé leur intérêt à se présenter, mais l’opposition n’a pas décidé si elle participerait. Henrique Capriles, qui avait perdu de justesse face à Maduro lors des dernières élections, s’est vu interdire de se présenter à cause d’irrégularités dans sa campagne, qui incluait des dons étrangers. Capriles a été un chef de file des manifestations violentes. Lorsque son interdiction a été annoncée, il a appelé à des manifestations pour chasser Maduro du pouvoir. Également interdit, Leopoldo Lopez, un autre chef de file des manifestations violentes, qui est assigné à résidence et purge une peine de 13 ans pour incitation à la violence.

    Maintenant, les États-Unis disent qu’ils ne reconnaîtront pas l’élection présidentielle et demandent instamment un coup d’État militaire. Pendant deux ans, l’opposition a réclamé des élections présidentielles, mais aujourd’hui on ne sait pas si elle y participera. Ils savent qu’ils sont impopulaires et Maduro sera probablement réélu.

    Bientôt la guerre contre le Venezuela ?

    Un coup d’État militaire devra relever des défis au Venezuela, car le peuple, y compris l’armée, sont bien informés sur l’impérialisme américain. Le fait que Tillerson appelle ouvertement à un coup d’État militaire rend celui-ci plus difficile.

    Le gouvernement et l’opposition ont récemment négocié un accord de paix intitulé « Accord de coexistence démocratique pour le Venezuela ». Ils se sont mis d’accord sur toutes les questions, y compris la fin des sanctions économiques, le calendrier des élections et plus encore. Ils se sont aussi mis d’accord sur la date de la prochaine élection présidentielle. Elle était à l’origine prévue en mars, mais dans une concession à l’opposition, elle a été déplacée à la fin du mois d’avril. Maduro a signé l’accord même si l’opposition n’a pas assisté à la cérémonie de signature. Ses représentants se sont retirés après que le président colombien Santos, qui rencontrait le secrétaire d’État Tillerson, les a appelés et leur a dit de ne pas signer. Maduro va maintenant faire de l’accord une question publique en permettant au peuple du Venezuela de le signer.

    Ne pas reconnaître les élections et encourager un coup d’État militaire est déjà assez grave, mais ce qui est encore plus déconcertant, c’est que l’amiral Kurt Tidd, le chef du Southcom, a tenu une réunion à huis clos en Colombie après la visite de Tillerson. Le thème en était la « déstabilisation régionale » et le Venezuela était au centre des débats.

    Une attaque militaire contre le Venezuela à partir de ses frontières avec la Colombie et le Brésil n’est pas irréaliste. En janvier, le New York Times posait la question : « L’armée américaine devrait-elle envahir le Venezuela ? ». Le président Trump a déclaré que les États-Unis envisageaient de recourir à la force armée contre le Venezuela. Son chef d’état-major, John Kelly, était auparavant le général responsable du Southcom. Tidd a affirmé que la crise, provoquée en grande partie par la guerre économique contre le Venezuela, nécessite une intervention militaire pour des raisons humanitaires.

    Les préparatifs de guerre sont déjà en cours en Colombie, qui joue le rôle d’Israël pour les États-Unis en Amérique latine. Le gouvernement du coup d’État au Brésil a augmenté son budget de 36% et a participé à Opération : Amérique unie, le plus grand exercice militaire commun de l’histoire en Amérique latine. C’était l’un des quatre exercices pratiqués par les États-Unis avec le Brésil, la Colombie et le Pérou en Amérique latine en 2017. Le Congrès étasunien a ordonné au Pentagone de développer des possibilités militaires pour le Venezuela dans la loi de finances sur le budget de défense nationale pour 2017.

    Alors qu’il y a une opposition aux bases militaires américaines, explique James Patrick Jordan dans notre émission de radio, les États-Unis en ont en Colombie et dans les Caraïbes, ainsi que des accords militaires avec des pays dans la région ; le Venezuela est donc déjà encerclé.

    Les États-Unis visent le Venezuela parce que la Révolution bolivarienne est un exemple de résistance à l’impérialisme américain. Une invasion du Venezuela deviendra un nouveau bourbier qui tuera des Vénézuéliens innocents, des soldats américains et d’autres pour le contrôle du pétrole. Les gens aux États-Unis qui soutiennent l’autodétermination des pays devraient manifester leur solidarité avec les Vénézuéliens, divulguer le programme des États-Unis et dénoncer publiquement le changement de régime. Nous devons éduquer les gens sur ce qui se passe vraiment au Venezuela pour dépasser la couverture médiatique mensongère.

    Kevin Zeese et Margaret Flowers codirigent Popular Resistance. [Cet article a paru à l’origine dans https://popularresistance.org, il est reproduit avec l’autorisation de l’auteur].

    Traduit par Diane, vérifié par Wayan, relu par Cat pour le Saker francophone


  • La Russie et le Pakistan se rapprochent dans les nouvelles conditions de la guerre froide


    Les États-Unis veulent une présence militaire à durée indéterminée dans la région pour tenter d’éloigner les « stans » d’Asie centrale de la Russie. Moscou contrecarre en engageant le Pakistan



    2015-03-19_14h09_03Par M. K. Bhadrakumar – Le 26 février 2018 – Source Russia Insider

    C’est sans doute l’Afghanistan qui a amené le ministre des Affaires étrangères pakistanais, Khawaja Asif  à Moscou pour une « visite de travail » le 20 février dernier. C’était la seconde rencontre avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov au cours des cinq derniers mois. Ils s’étaient rencontré à New York en marge de la session de l’assemblée générale des nations unies en septembre.

     

    Le ministère russe a eu du mal à mettre en relief la visite d’Asif. Une visite de travail coupe court aux fioritures du protocole et va droit au business. Pourtant, Moscou a fait une exception en procédant à un brillant lever de rideau pour saluer la venue de Asif. Elle devait avoir de bonnes raisons de le faire. La toile de fond régionale est en effet tumultueuse. La nouvelle guerre froide s’abat sur les steppes de l’Hindou Kouch et de l’Asie centrale et la géographie du Pakistan retrouve sa criticité en termes stratégiques, rappelant les années 1980.

    Les déclarations russes sont devenues très critiques à l’égard des stratégies régionales américaines dans la région Afghanistan-Pakistan. Moscou a conclu que les États-Unis étaient déterminés à maintenir une présence militaire illimitée dans la région. D’un autre côté, la Russie est tenue à distance du problème afghan. Au contraire, Washington sollicite directement les États d’Asie centrale, en contournant la Russie, y compris au niveau militaire. Clairement, Washington travaille dur pour miner le rôle de leadership de Moscou dans la région pour la lutte contre le terrorisme et pour défier le rôle de la Russie comme fournisseur de la sécurité des anciennes républiques soviétiques voisines de l’Afghanistan.

    Compte tenu de l’expérience en Syrie – où les États-Unis encouragent secrètement ISIS et ses affiliés à mener la vie dure à la Russie et à créer de nouveaux faits accomplis sur le terrain, affaiblissant l’unité syrienne – Moscou se montre de plus en plus lasse des intentions américaines vis-à-vis d’État islamique en Afghanistan. Sans aucun doute, la présence croissante de ce dernier dans les régions du nord et de l’est de l’Afghanistan faisant face à la région d’Asie centrale inquiète profondément la Russie. Moscou a laissé entendre à plusieurs reprises que les États-Unis pourraient faciliter le transfert des combattants d’État islamique de Syrie et d’Irak vers l’Afghanistan. Mais les Américains continuent leur chemin, ignorant les critiques russes. Le modèle de la Syrie se répète.

    Lavrov a soulevé le lien US-ISIS dans les discussions avec Asif. La partie russe a émis l’idée que la structure antiterroriste régionale de l’Organisation de coopération de Shanghai peut être utilisée « pour élaborer des mesures pratiques visant à réduire l’influence de ISIS en Afghanistan et à empêcher qu’elle ne se propage en Asie centrale ».

    À partir des remarques de Lavrov à la suite de ses pourparlers avec Asif, il semble que le sommet de l’OCS, qui doit se tenir à Qingdao (Chine) en juillet, pourrait prendre des mesures/initiatives sur le problème afghan. L’année dernière, la Russie a donné un nouveau souffle au groupe de contact SCO-Afghanistan. La Chine accueillera la prochaine réunion de ce groupe. Le fait est qu’avec l’admission du Pakistan et de l’Inde en tant que membres à part entière, le SCO représente maintenant tous les principaux voisins de l’Afghanistan.

    Lors de la conférence de presse après les pourparlers avec Asif, Lavrov a souligné que la Russie et le Pakistan ont des intérêts communs en ce qui concerne la situation en Afghanistan. L’exégèse du ministère pakistanais des Affaires étrangères a montré que les deux ministres « ont convenu de se coordonner étroitement dans tous les processus liés à l’Afghanistan pour une solution régionale du conflit afghan ».

    En effet, les protagonistes des deux côtés, concernant les pourparlers à Moscou  mardi, suggèrent que la Russie et le Pakistan ont l’intention de travailler en étroite collaboration pour coordonner leurs approches de la situation afghane. La Russie a promis de renforcer son soutien militaire aux opérations anti-terroristes du Pakistan. De manière significative, conformément à une décision prise plus tôt, une nouvelle commission sur la coopération militaro-technique entre les deux pays est en cours de mise en place. Bien sûr, cela se produit à un moment où l’armée pakistanaise se prépare à faire face à une interruption de l’aide militaire américaine.

    On peut être assuré que les pourparlers à Moscou ont eu lieu dans les nouvelles conditions de la guerre froide. La différence critique aujourd’hui, par rapport aux années quatre-vingt, serait, comme le ministre russe des Affaires étrangères l’a dit en lever de rideau :

    « Aujourd’hui, le Pakistan est devenu un partenaire important de la politique étrangère de la Russie. Les deux pays coopèrent de manière productive avec les organisations internationales, en particulier avec l’ONU et ses agences. La coopération entre Moscou et Islamabad repose sur des positions convergentes ou similaires sur la plupart des problèmes auxquels la communauté internationale est confrontée, y compris le terrorisme et l’extrémisme religieux. 

    Les opportunités de travail conjoint se sont considérablement élargies après que le Pakistan a rejoint l’OCS en tant que membre à part entière en juin 2017 (…)

    La lutte contre le terrorisme est un domaine clé de la coopération (…) La situation en Afghanistan suscite des préoccupations communes. Nous sommes particulièrement préoccupés par l’influence croissante du groupe terroriste État islamique en Afghanistan et par ses efforts pour consolider ses positions dans le nord et l’est du pays. Nous préconisons une approche régionale pour résoudre la situation en République islamique d’Afghanistan. Nous attendons des participants au format de consultation de Moscou sur la question afghane et au Groupe de contact du SCO-Afghanistan  qu’ils travaillent de manière productive. »

    On peut s’attendre à ce que la convergence annoncée concernant l’Afghanistan crée une synergie pour une expansion et un approfondissement complets des relations entre la Russie et le Pakistan. Lavrov a présenté un compte rendu optimiste de la relation telle qu’elle se présente aujourd’hui. L’intérêt de la Russie réside dans le renforcement du courage et de la capacité du Pakistan à résister aux pressions américaines. Fait intéressant, Lavrov et Asif ont également discuté de la Syrie, où les États-Unis ont récemment adopté un mode offensif contre la Russie. (Voir sur mon blog : La rivalité entre les États-Unis et la Russie augmente en Syrie.) Encore une fois, Asif a exprimé l’opposition du Pakistan aux sanctions contre la Russie.

    M.K. Bhadrakumar

    Traduit par jj, relu par Cat pour le Saker Francophone


  • Nouveaux sur notre site http://bolivarinfos.over-blog.com


    En page d’accueil:
    1)Venezuela : Les candidats à la présidence signent l'Accord sur les Garanties Electorales, un article du Courrier de l’Orénoque du 2 mars 2018 traduit par Françoise Lopez.
    2)Venezuela : Il n'est pas possible de réaliser une intervention militaire, un article du Courrier de l’Orénoque du 2 mars 2018 traduit par Françoise Lopez.
    3)Amérique Latine : Chomsky interviewé par Correa, un article de Cubadebate du 1° mars 2018 traduit par Françoise Lopez.
    4)Amérique Latine : Le défi stratégique de la gauche,un article de Rafael Correa  publié par Granma en français le 2 mars 2018. Très intéressant, à lire absolument. Une analyse très fine et pertinente.  5)Amérique Latine : Les peuples d'Amérique Latine et des Caraïbes ont rendez-vous à Lima, un article de Granma en français du 2 mars 2018.
    6)Venezuela : Nouvelles mesures de protection sociale, un article de RHC du 2 mars 2018.
    7)Cuba : Cuba signe un accord avec le fonds de l'OPEP pour le développement international,un article de RHC du 2 mars 2018.
    Bonne lecture à tous,
     Françoise Lopez