• TRIBUNAL médiatique contre les cheminots pour justifier la casse de la SNCF !

    Publié le 3 mars 2018 par FSC

    Et les journalistes qui participent à cette opération ont le culot de se plaindre et de se présenter comme des garants de la démocratie et de la liberté d'expression !

    Et comme nous l'avons dit par ailleurs le service public radio et télévisuel n'est pas en reste dans cette offensive!

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    SOURCE : ACRIMED

    http://www.acrimed.org/Reforme-de-la-SNCF-2-debats-televises-ou-guets

    par Frédéric Lemaire, Pauline Perrenot, mercredi 28 février 2018

    Réforme de la SNCF (2) : débats télévisés ou guets-apens pour syndicalistes ?

    Dans le premier volet de notre série sur le traitement médiatique du projet de réforme de la SNCF, nous évoquions l’accueil pour le moins favorable accordé aux grandes lignes du projet de mise en concurrence du transport ferroviaire, actuellement en préparation par le gouvernement. Nous revenons ici sur le traitement de ce dossier dans les débats télévisés. L’accueil réservé à la parole des cheminots et des syndicalistes sur les plateaux médiatiques confirme le diagnostic que nous posions au moment des mobilisations contre la Loi Travail : au cours de ces « débats », qui s’avèrent de véritables « tribunaux médiatiques », chroniqueurs et animateurs sont « durs avec les faibles, et faibles avec les puissants ».

    Nous débutons cette revue des débats télévisés sur la réforme de la SNCF avec l’émission de débat emblématique de CNews, « L’heure des pros ». Le 20 février, Pascal Praud rassemble autour de la table Fabien Dumas, secrétaire fédéral Sud-Rail, Gérard Leclerc, éditorialiste politique CNews, Charlotte d’Ornellas, journaliste à Valeurs actuelles, Jean-Claude Dassier, présenté comme éditorialiste politique (!), nous y reviendrons, Jean-Louis Burgat, journaliste, et Clément Viktorovitch, docteur en science politique, spécialiste en rhétorique [1]. L’isolement de Fabien Dumas – qui ne pourra compter que sur le soutien ponctuel de Clément Viktorovitch – et l’hostilité avec laquelle il est accueilli se feront ressentir dès la présentation de l’émission par Pascal Praud :

    C’est la grande réforme de la SNCF. Vous êtes contre a priori le changement (sic). Est-ce que le 22 mars vous serez en grève par exemple ? [...] Le spectre d’une grande grève de 1995 commence à planer. Est-ce qu’il est possible d’arriver dans un mouvement dur : pas de train pendant un mois ? […] C’est un enjeu pour les syndicats hein ? Il faut montrer que vous existez toujours.

    Ou comment discréditer d’emblée, avant même que le sujet soit en « débat », le syndicaliste invité. Un ton que viendra confirmer la seconde entrée en matière de Pascal Praud :

    Bon on parle de la SNCF ! [ ...] Réforme de la SNCF qu’on annonce « révolutionnaire »… Alors moi j’ai retenu, vous allez me dire si je me trompe, trois choses qui ne me paraissent pas très révolutionnaires. La première, c’est le changement du statut de cheminot c’est ça qui est en cause [Fabien Dumas : La fin du statut.] La fin, bon… Vous avez, comment dire, l’emploi garanti à vie donc ça peut être remis en cause pourquoi pas. La deuxième chose, ça serait la fermeture des petites lignes non rentables. Et je citais l’exemple tout à l’heure de certaines lignes où il y a 30 voyageurs par semaine, donc là encore chacun pense ce qu’il en veut, mais 30 voyageurs par semaine, c’est vrai que ça pose question sur la ligne. Peut-être qu’il faut mettre un car ou autre chose qu’une ligne. Et la troisième chose, c’est l’ouverture à la concurrence. Nous sommes d’accord : c’est les trois choses sur lesquelles la réforme se met en place ? Ecoutez franchement ça ne me paraît pas très révolutionnaire votre affaire !

    « Chacun en pense ce qu’il veut », mais Pascal Praud prend tout de même grand soin de minimiser les différents points de désaccord – et ce au gré d’un exposé que nous qualifierons d’indigent – tout en disqualifiant par avance les positions du syndicaliste. Du grand art d’éditocrate ! Durant le « débat », les questions du présentateur, l’hostilité voire l’agressivité des autres chroniqueurs en plateau, et de Jean-Claude Dassier en particulier, ne feront que dégrader les conditions d’expression et perturber les prises de parole de Fabien Dumas [2]. Florilège vidéo :

     

    La morgue voire le mépris de classe (en particulier de Jean-Claude Dassier) rendent impossible toute expression, tant on a l’impression que « dézinguer un syndicaliste » est devenu un véritable jeu médiatique. Si Fabien Dumas peut en théorie s’exprimer, il le fait au péril d’interjections intempestives, d’interruptions constantes et de prises à partie agressives, qui perturbent constamment son expression dans ce qui n’a plus lieu de s’appeler « débat » : le syndicaliste s’exprime 7’53 sur 23’53 d’émission et il est interrompu/coupé 66 fois, soit en moyenne une fois toutes les 7 secondes.

    D’autres bénéficient en revanche de conditions d’expression optimales sur le plateau au moment de dérouler leurs éditos (tous favorables aux propositions Spinetta et manifestement hostiles aux positions syndicales). C’est notamment le cas de Charlotte d’Ornellas (voir la vidéo ci-dessus) ou de Gérard Leclerc, qui réussit à expliquer combien le statut de cheminot est un privilège durant une minute sans être interrompu une seule fois.

    Spécialistes de ce « jeu » médiatique, les chroniqueurs ont l’habitude des plateaux et de leurs codes, et sont invités en leur qualité de… chroniqueur multicartes. Ainsi de Charlotte d’Ornellas, s’exprimant régulièrement sur tout et n’importe quoi dans cette émission comme dans l’hebdomadaire Valeurs actuelles ; ou encore de Jean-Claude Dassier, revenant des hautes sphères médiatiques et des débâcles judiciaires, qui pérore en qualité d’« éditorialiste politique » n’ayant pourtant aucune qualification particulière pour s’exprimer sur la réforme de la SNCF [3]...

    Un « jeu » médiatique disions-nous donc, qui se double pour finir d’une suspicion constante envers le syndicaliste. Ainsi, et alors que ce dernier aborde le manque d’effectifs à la SNCF, notamment parmi les conducteurs de train, Pascal Praud n’en revient pas… et doute un peu :

    - « M. Dumas, je ne peux pas vérifier ce que vous avez dit : vous maintenez qu’il y a mille propositions de [postes] de conducteurs de train [non pourvus] ? »

    Et de reposer au prévenu la question un peu plus tard, le doigt levé :

    - « Alors c’est toujours intéressant de vous écouter (sic) parce que vous êtes sur le terrain. Vous disiez cette chose absolument incroyable : mille postes qui ne sont pas pourvus, ce qui fait quand même sens. Mille postes de conducteur hein ! Moi je ne peux pas vérifier ce que vous avez dit hein, mais je vous fais confiance... »

    Dommage que cette prudence n’ait pas « fait sens » très longtemps chez Pascal Praud. Si la mise à distance des propos est en soi une qualité journalistique à défendre, il serait bon que Pascal Praud en fasse usage à l’égard des affirmations de chacun de ses interlocuteurs. Car au moment où Jean-Claude Dassier affirme catégoriquement que la responsabilité de l’État à l’égard de la dette de la SNCF est « un prétexte des syndicats », on cherche encore l’intervention de l’animateur lui rétorquant qu’il « ne peut pas vérifier ce qu’il dit »… Tout à son autosatisfaction éditocratique, Pascal Praud n’est sans doute même pas conscient de cette pugnacité à géométrie très variable, comme il n’est pas conscient du déséquilibre abyssal des « échanges » qui ont cours sur son plateau, bien au contraire :

    La parole circule le matin, c’est ça qui est intéressant. D’un côté il y a toujours des théories qu’on peut avoir, de dire « plus de rentabilité », « société anonyme », et puis il y a vos témoignages, ce que vous vivez sur le terrain. Et il y a confrontation forcément de ces idées, et chacun se fait son opinion.

    Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes… !

     

     

    Mille et une merveilles du « modèle britannique » sur Arte

    Notre revue des débats télévisés se poursuit avec l’émission du 19 février de « 28 minutes » sur Arte. Elisabeth Quin et son équipe proposent un débat sur la réforme de la SNCF : « Peut-on tout changer sans dérailler ? » et là encore, la composition du plateau n’est pas équilibrée loin s’en faut : y figurent Jean-Marc Daniel, seul « expert » du plateau, farouche partisan de la privatisation (y compris dans l’Éducation nationale) ; Bruno Gazeau, président de la FNAUT (Fédération nationales des associations d’usagers des transports) et favorable à la mise en concurrence de la SCNF ; et enfin Charlotte Girard de la France Insoumise, opposée au rapport Spinetta.

    Déjà désavantagée par la composition du plateau, Charlotte Girard va être sévèrement mise en difficulté par les deux animatrices de l’émission. Après quelques échanges introductifs, la chroniqueuse Nadia Daam dresse en quelques minutes une présentation enchantée du « modèle britannique » de privatisation du rail, basée sur un article du Monde, lui-même beaucoup moins caricatural. La journaliste retient le seul constat dressé par un ancien directeur d’une société privée : le « modèle » britannique de privatisation du rail serait une « success story ». Les premiers errements de la privatisation auraient été « corrigés » et « aujourd’hui on peut le dire, c’est très clairement un succès » sur tous aspects : satisfaction des usagers, rentabilité, sécurité, etc. Bref, le paradis ferroviaire.

    Problème : ce constat est loin d’être largement partagé. Un article de La Tribune daté de janvier 2017 évoque ainsi le « déraillement » de la privatisation des chemins de fer au Royaume-Uni. Il relaie une étude selon laquelle près de deux Britanniques sur trois seraient favorables à une renationalisation du rail. Comme nous l’évoquions dans notre précédent article, d’autres émissions, comme C dans l’air sur France 5, n’ont quant à elles pas manqué d’évoquer le bilan catastrophique de la privatisation du rail en Grande-Bretagne : accidents multiples – plus de 70 morts entre 1995 et 2005 – retards fréquents, suppressions d’effectifs, coût exorbitant et particulièrement pour les passagers avec l’augmentation des prix (jusqu’à 300€ par mois pour un abonnement mensuel sur une ligne régionale contre 90€ auparavant).

    Mais de tout cela, il ne sera pas question dans la présentation de Nadia Daam qui conclut en prenant à partie la représentante de la France Insoumise avec une certaine malice : « Charlotte Girard du coup est-ce que c’est tant un épouvantail que ça, cet exemple britannique, quand on voit ce qui marche, et comment on peut s’en inspirer ? » Alors que son interlocutrice tente de se défendre, les deux animatrices en rajoutent : « L’ouverture à la concurrence a eu des effets bénéfiques sur la qualité du service », rappelle Nadia Daam. « Les usagers sont satisfaits en Grande-Bretagne. Alors qu’en France 42 % sont mécontents », ajoute Elisabeth Quin. À la surprise de Jean-Marc Daniel, qui n’a plus grand-chose à ajouter : ce soir les deux avocates de la privatisation du rail étaient les animatrices de l’émission !

     

    « Macron doit-il casser le service public ? »

    Autre plateau, même ambiance. Celui de « 24h Pujadas » sur LCI, animé le lundi 19 février par Marie-Aline Méliyi. On peut dire que la présentation de l’émission annonce la couleur :


     


    Les intervenants de l’émission sont, d’un côté, Dominique Bussereau, ancien ministre des Transports de Nicolas Sarkozy, Jean-Baptiste Djebbari, député LREM spécialiste des transports et Sophie Fay, du service économie de L’Obs, tous trois favorables à quelques nuances (ténues) près, à la libéralisation du rail ; de l’autre, Benjamin Amar de la CGT. Celui-ci va passer le temps de l’émission à se défendre (avec un certain panache) contre les trois autres invités, mais également face aux questions peu amènes de l’animatrice ainsi qu’aux charges des deux « témoins » invités dans l’émission. Excusez du peu…

    L’émission commence – grand classique – avec une présentation à charge du statut « avantageux » des cheminots, qui « date de plus d’un siècle […] et qu’on a tenté de réformer une bonne dizaine de fois sans succès » : emploi à vie, retraite à 52 ans, nombre imposant de jours de congés… Autant de « privilèges » qui mériteraient cependant d’être nuancés (comme le note cet article sur le site de France info). Et qui mériteraient surtout de ne pas être exagérés… Car lorsque la journaliste annonce, avec un sourire entendu, que les cheminots ont « plus de vacances que les autres Français » elle évoque, dans un calcul qui donne le tournis, le chiffre surprenant de 164 jours de congés. Un chiffre gonflé à l’envi, mais qui circule depuis longtemps sur les plateaux, si l’on en croit cette démonstration de Libération datée de 2016.


    Bref, le message est passé dès l’introduction : les cheminots sont des nantis [4]. Le débat démarre alors sur les chapeaux de roue avec une question à peine orientée de l’animatrice : « Sur le constat, est-ce que vous êtes tous d’accord pour dire que l’entreprise est au bord du gouffre, raison de plus pour tout transformer, ou au contraire est-ce qu’il ne faut rien changer ». La réforme (libérale) ou le néant, le refrain bien connu sera développé au fil de l’émission. Florilège des échanges de l’animatrice avec Benjamin Amar :

    - « Laissons parler la dette, est-ce que c’est une entreprise qu’il faut réformer ? »
    - « On pourrait vous rétorquer que le monde a changé, que les privilèges ne se justifient plus. »
    - « Mais est-ce qu’on peut continuer comme avant ? »
    - « Mais est-ce que vous pensez avoir le soutien de l’opinion publique ? »
    - « On sait qu’à chaque fois que les prédécesseurs d’Emmanuel Macron ont tenté de s’attaquer à une réforme de la SNCF, ils ont dû affronter des blocages, est-ce que la SNCF est une entreprise irréformable ? »
    - (à un sondeur) « Est-ce que ça veut dire que les Français sont mûrs pour la réforme envisagée par le gouvernement ? »


    Le déséquilibre du plateau étant encore vraisemblablement insuffisant, les « témoins » qui interviennent ponctuellement dans l’émission vont ajouter de nouvelles attaques contre Benjamin Amar. Le premier est un « représentant des usagers de la ligne Paris-Chartres » qui se lance dans une surprenante charge contre les petites lignes « peu rentables », défendues par Benjamin Amar, qui priveraient les lignes plus importantes des investissements nécessaires. Mais ce n’est rien à côté du second « témoin » qui verse carrément dans la caricature. Présenté comme entrepreneur, essayiste, et auteur d’un post de blog au titre évocateur : « Les cheminots CGT principaux ennemis de la sécurité sociale », le témoin s’en prend à la SNCF, à ses salariés, et même aux chibanis... On croit rêver.

    Enfin pour les téléspectateurs qui n’auraient pas saisi le propos de l’émission, les bandeaux donnent également le ton…

     

     

    Le retour des « prises d’otage »

    Le 26 février, soit une semaine plus tard, David Pujadas remet le couvert avec un plateau à l’image du premier… si ce n’est pire ! L’invité ? Louis Gallois, ayant « dirigé la SNCF pendant 10 ans », selon les mots de David Pujadas, ce qui inspire au présentateur le commentaire suivant : « sa parole est respectée ».

    En plateau, Bruno Poncet, secrétaire fédéral Sud-Rail, défendra seul un point de vue contre la réforme. Les trois autres invités (voir le détail en annexe) seront en effet unanimes : unanimes pour « réformer » coûte que coûte, unanimement pour les ordonnances, qui ne relèvent selon eux pas d’un passage en force et qui seront mises en place « si les gens ne prennent pas leurs responsabilités » (Emmanuelle Ducros), unanimes enfin contre les « privilèges » et les « avantages » des cheminots vénaux !

    Même type de débat, mêmes effets : le pluralisme est piétiné. Il l’est même doublement quand, en plus de l’unanimisme de trois invités sur quatre, David Pujadas choisit deux questions de téléspectateurs allant strictement dans le sens des trois invités défendant la réforme...


     


    On croit rêver… Et pourtant ce n’est pas terminé. François de Closets se livre à une longue tirade qui résume à elle seule l’ambiance sur le plateau :

    Lorsqu’une corporation a un avantage, c’est pas parce qu’elle est utile, c’est pas parce qu’elle est malheureuse, c’est parce qu’elle fait peur ! En France on ne rémunère que le pouvoir de nuisance. Et si les cheminots ont aujourd’hui ce statut, ce n’est pas parce qu’ils sont compétents ou dévoués, ce qu’ils sont, c’est parce qu’ils ont la possibilité grâce au monopole ferroviaire de bloquer le pays, et qu’ils font peur. C’est tout ! Tout le reste, c’est du pipeau ! Et aujourd’hui quand on est en train de parler du problème du statut, en arrière-plan, il y a la grève, la grève ! Et vraiment, si la France doit faire un mois de grève pour cette histoire de statut, c’est scandaleux pour qui aime la France. […] Quand je pense qu’on nous parle d’un mois de grève pour la France ! […] Voyez ce que sont ces rigidités ! […] Dans la mesure où ça bloque et ça interdit à la France d’entrer dans l’avenir, c’est terrible !

    Et de poursuivre sa tirade en fustigeant les syndicats qui menaceraient de « prendre en otage les Français » :

    Vous savez très bien que si vous, pardon les syndicats, menacent de nous prendre en otage dans des conditions scandaleuses, c’est uniquement pour défendre leur statut, et pas pour défendre le service public ! […] C’est scandaleux de même envisager de prendre dans ces conditions les Français en otage !

    On le sait, la « prise d’otage » est une accusation récurrente dans les grands médias pour dénoncer les mobilisations sociales. Cette fois-ci, son caractère outrancier tombe particulièrement mal, puisque Bruno Poncet a lui-même été victime d’une prise d’otage, comme il s’en explique :

    N’employez jamais le mot de preneur d’otages [Ah ! bah si, je le prends et je me sens pris en otage !] Non, non ! Moi j’ai été pris en otage pendant une heure et demie, je peux vous garantir, ça n’a rien à voir avec être bondé dans une voiture de voyageurs quand il y a une grève. Il y a des mots à employer surtout à votre âge et je pense que vous devriez faire attention aux mots que vous employez. Beaucoup de gens l’emploient, c’est pas si facile à entendre ! […] Moi j’étais au Bataclan donc moi aujourd’hui les discussions de preneurs d’otages et de terroristes, je sais ce que c’est. Autour de cette table où on parle du statut des cheminots, je trouve que c’est un peu déplacé [5].

     

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    En résumé, sur CNews, Arte ou LCI, on assiste aux biais classiques, exacerbés ici, des débats télévisés en période de mobilisations sociales, avec des mécanismes qui sont sensiblement les mêmes à chaque fois. Les représentants syndicaux ou leurs soutiens [6], simples cautions journalistiques servant à marquer le souci du terrain (dans le meilleur des cas), ou alibis pluralistes destiné à jouer le rôle de punching-ball (dans le pire des cas), évoluent dans des dispositifs particulièrement hostiles.

    Au programme : présentations des faits tronquées (qu’il s’agisse du modèle britannique ou du statut des cheminots), des plateaux déséquilibrés au niveau des invités (avec souvent le rôle « d’expert » réservé à des économistes à gages) et surtout un ton général d’hostilité à l’égard des trouble-fête de la « réforme » qui ont droit à l’irrévérence des journalistes, tandis que les membres de la majorité et leurs soutiens sont traités avec une grande complaisance.

    Les contraintes générales des formats « débat » empêchent une vraie circulation des propos et le développement d’une pensée critique, tant les animateurs ne jouent pas leur rôle de répartiteur de parole – quand ils n’endossent pas tout simplement celui d’éditocrate – et tant la présence en plateau de quatre, voire cinq invités parfois, réduit considérablement le temps des interventions, du reste sans cesse interrompues.

    Bref, ces plateaux télévisés se présentent comme des « débats », mais fonctionnent en réalité comme de véritables guet-apens. Ce constat s’ajoute à celui de notre précédent article sur la couverture favorable de la réforme de la SCNF par la presse et les JTs. Et ce n’est pas terminé ! Interviews en forme d’interrogatoires, experts à gages, nous poursuivrons notre série sur la réforme de la SNCF dans de prochains articles…


    Pauline Perrenot et Frédéric Lemaire (avec Kilian Sturm pour la vidéo)


    Post-scriptum : Jamais deux sans trois ! Au moment où nous finissions d’écrire ces lignes, David Pujadas consacrait une troisième émission à la réforme de la SNCF (le 27 février). Et ça monte en puissance :


     


    L’invité principal était Christophe Castaner [7]...


    Annexe : LCI le 26 février, un plateau encore bien équilibré

    En plus de Louis Gallois et de Bruno Poncet, trois autres invités de choix étaient présents sur le plateau de 24h Pujadas le 26 février. François de Closets d’abord, que Pujadas présente en ces termes :

    François de Closets, vous êtes journaliste et essayiste et auteur de ce livre dont voici l’édition originale, l’édition d’époque ! Toujours plus !, 1982, où vous dénonciez et listiez, François, ces petits ou grands privilèges, ces petits ou grands avantages, et où vous faisiez la liaison avec le pouvoir de nuisance de ceux qui en bénéficiaient , et où se trouvaient bien entendu les cheminots et leur statut si particulier.

    Toujours plus en effet… On ne saurait que trop conseiller à David Pujadas de penser à renouveler ses lectures ! Autre invité, François Ecalle que le présentateur introduit ainsi :

    François Ecalle, ancien magistrat de la Cour des comptes, spécialiste des finances publiques, fondateur du site Fipeco dédié aux finances publiques. Et on vous a invité parce qu’il y a une dizaine d’années, vous aviez rédigé, vous aviez supervisé un rapport sur la SNCF qui reprenait pour l’essentiel ce qui est dit aujourd’hui dans le rapport Spinetta qui inspire les arbitrages du gouvernement.

    Cerise sur le gâteau, c’est une journaliste de L’Opinion qui est invitée, Emmanuelle Ducros, très favorable au gouvernement et à la réforme. Un enthousiasme qu’elle a eu tout le loisir d’exprimer dans son article « En voiture ! À Édouard Philippe, la concurrence reconnaissante » (27 février) et débutant ainsi : « Les nouveaux entrants sur le marché du ferroviaire se réjouissent de voir le gouvernement prendre le dossier ferroviaire à bras-le-corps ».


  • Les traités européens interdisent toute espèce d'Europe sociale, voilà la réalité !

    Publié le 2 mars 2018 par FSC

    Il faut bien se rendre à l'évidence et pour les organisations syndicales comme les organisations politiques qui se réclament du monde du travail il  faut arrêter d'entretenir des illusions qui ne profitent qu'à l'oligarchie européenne et qui comme à présent dans le cas de la SNCF ne font que masquer la réalité de ce qui se passe et ce que sont les projets réels du pouvoir.

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    SOURCE : FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN -

    A l'occasion de la publication de son dernier livre, Antisocial, le politologue Thomas Guénolé détaille les motifs de sa critique de l'Union européenne. Selon lui, les traités actuels favorisent uniquement les grands intérêts privés et obligent les Etats-membres à mener une politique de «casse sociale».

     


    Thomas Guénolé est politologue, maître de conférences à Sciences Po et docteur en Science politique (CEVIPOF). Membre de La France Insoumise, il est coresponsable de l'école de formation politique du mouvement de Jean-Luc Mélenchon. Il vient de publier Antisocial, La guerre sociale est déclarée (Plon, mars 2018).


    FIGAROVOX.- Dans votre livre «Antisocial», vous écrivez que l'Union européenne organise la transformation systématique des services publics de la France en grands marchés privés. Sur quoi fondez-vous cette affirmation?

    La valeur de certains types de whisky a considérablement augmenté cette dernière décennie.

    Je découvre

    Thomas GUÉNOLÉ

    C'est dans le traité sur le fonctionnement de l'Union européenne: le TFUE. Il interdit aux États de laisser des entreprises en situation de monopole. Et il confie à la Commission européenne le soin de lancer les réformes pour casser ces monopoles. Ce sont les articles 101 à 110 du traité, c'est facilement vérifiable.

    Sur cette base, depuis les années 1990, on assiste à la répétition systématique du même engrenage contre nos services publics. D'abord, la Commission fait adopter à l'Union européenne un plan de transformation d'un service public en grand marché. Ensuite, en France, le service public étatique concerné est transformé en entreprise publique et les nouvelles recrues deviennent des salariés de droit privé. C'est présenté comme un simple «changement juridique», mais c'est le début de la fin. Car ensuite, au nom des règles européennes qui interdisent de laisser une entreprise en monopole, le service public est transformé en marché où des concurrents privés sont autorisés à s'installer. Et parallèlement, l'entreprise publique est souvent plus ou moins massivement privatisée, cette fois en invoquant le manque d'argent de l'État: on «vend l'argenterie».

    Problème: à chaque fois, les seuls qui aient les ressources suffisantes pour devenir acteurs privés sur ce nouveau marché, c'est une petite poignée de très grandes firmes. Sous prétexte d'«ouverture à la concurrence», on aboutit donc en réalité à un grand oligopole, où un tout petit nombre de grandes firmes se partagent une situation de rente sur le dos des consommateurs.

    Voyez ce qui s'est passé hier pour la téléphonie avec France Télécom, ou pour l'aviation civile avec Air France. Voyez ce qui est en train d'arriver à La Poste. Voyez ce qui se prépare pour la SNCF. Adoption de normes dictées par la Commission, puis transformation du service public en entreprise publique, puis transformation du secteur en marché, puis installation d'un oligopole entre grandes firmes en position de rente: l'engrenage est toujours le même.

    Vous soutenez également dans votre livre que l'Union européenne serait responsable du dumping fiscal et social en Europe. Mais les dirigeants européens ne bâtissent-ils pas une «Europe sociale» et une harmonisation fiscale?

    Thomas GUÉNOLÉ

    Objectivement, c'est de la poudre aux yeux. «L'Europe sociale» et l'harmonisation fiscale sont strictement incompatibles avec les traités européens actuels, car ces derniers les interdisent explicitement.

    Là encore, même si c'est rébarbatif, il faut examiner sérieusement ce que disent les traités. Prenez le dumping social. Ces traités imposent la circulation illimitée des travailleurs en Europe: article 3 § 2 du traité sur l'Union européenne - le «TUE» -, article 21 du TFUE, titres IV et V du TFUE, et article 45 de la Charte des droits fondamentaux de l'Union. Ces traités imposent la circulation illimitée des marchandises: articles 34 à 36 du TFUE. Ces traités imposent la libre installation des entreprises n'importe où dans l'Union: articles 49 à 55 du TFUE. Et ces traités autorisent à vendre un service en Europe depuis n'importe quel territoire de l'Union: articles 56 à 62 du TFUE.

    Or, dans le même temps, l'harmonisation fiscale n'est autorisée que si c'est pour faciliter la concurrence: articles 113 et 115 du TFUE. Quant à l'harmonisation sociale, elle est interdite dans tous les cas: article 153 du TFUE. Je répète ce point pour ceux qui croient, de bonne foi, que l'Union européenne peut bâtir une «Europe sociale»: les traités européens interdisent l'harmonisation sociale.

     

    D'un côté les traités européens imposent le droit pour une entreprise de s'installer n'importe où en Europe ; ainsi que la circulation illimitée des travailleurs, des marchandises et des services. De l'autre côté, ils interdisent l'harmonisation fiscale par le haut, et l'harmonisation sociale dans tous les cas. C'est donc bien une prise en tenaille antisociale. Car si l'on garde à l'esprit les écarts sociaux colossaux d'un point à l'autre de l'Europe, avec par exemple un salaire minimum de 1 445 euros mensuels en France contre 174 euros en Bulgarie, ce double ensemble de règles provoque à l'intérieur de l'Union européenne une gigantesque course au dumping fiscal et social via la possibilité, pour toute grande firme, de se domicilier là où la fiscalité est la plus basse ; d'exploiter de la main-d'œuvre là où les salaires sont les plus bas ; et de faire appel à des sous-traitants là où le droit du travail, le droit social, sont les plus croupions. CQFD: l'Union européenne est antisociale.

     

    Vous expliquez aussi que la politique de l'Union européenne envers les dettes publiques ne profite qu'aux grandes banques privées. Mais n'est-ce pas un cadre nécessaire pour que les États membres aient des finances publiques rigoureuses?

    Thomas GUÉNOLÉ

    Non. Les traités européens interdisent formellement à la Banque centrale européenne - la «BCE» - de financer elle-même la dette publique des pays membres: article 123 du TFUE. Par conséquent, seules les grandes banques privées et les grandes compagnies d'assurances en ont le droit: elles achètent pour ce faire des reconnaissances de dettes émises par les États, qu'on appelle aussi des bons du Trésor ou des obligations d'État.

    Pourquoi ce dispositif? L'argument habituel est ceci: financer la dette publique par la «planche à billets» de la BCE encouragerait les gouvernements au laxisme ; alors que les banques privées, en appliquant des taux d'intérêt de plus en plus punitifs, forcent au contraire les gouvernements à la discipline budgétaire. En réalité c'est faux, car rien n'empêcherait la BCE de financer directement les États endettés, et en échange, d'obtenir d'eux une discipline budgétaire. Accessoirement, le krach financier de 2007-2009, provoqué par les gigantesques montages financiers irresponsables des grandes banques privées, les disqualifie pour jouer le rôle de gardiens d'une bonne gestion.

    Autre argument habituel, le financement de la dette publique par la «planche à billets» de la BCE risquerait de provoquer dans l'économie européenne une dangereuse hyperinflation. Là encore c'est faux. La preuve: en 2017, la BCE crée déjà 720 milliards d'euros par an pour soutenir les grandes banques privées, et ça n'a pas provoqué d'hyperinflation. Si au lieu de faire ça, la BCE créait 960 milliards d'euros par an pour racheter et effacer les dettes publiques des États de la zone euro, ces dettes disparaîtraient intégralement en à peine 10 ans: sans politique d'austérité, ni augmentation d'impôts, ni hyperinflation. Objectivement, n'est-ce pas une voie plus raisonnable que les politiques d'austérité qui conduisent à assommer d'impôts les classes moyennes et les classes inférieures, tout en démantelant nos services publics?

    La politique de la BCE envers les dettes publiques de la zone euro est construite tout entière dans l'intérêt des grandes banques.

    Autrement dit, puisqu'aussi bien le risque de laxisme budgétaire que celui d'une hyperinflation sont des arguments fallacieux, il ne reste qu'un intérêt à ce que les grandes banques privées et les grandes compagnies d'assurances soient les seules à avoir le droit d'acheter les reconnaissances de dettes des États: leur intérêt propre. La dette publique des pays de la zone euro est un placement très sûr, car ce sont des pays développés, avec donc des garanties extrêmement fortes de remboursement. Et au pire, en cas de banqueroute, les mêmes grandes firmes pourront faire leur marché dans la vente à la découpe des services publics et du patrimoine public du pays, tout en voyant la BCE leur racheter une grosse partie des dettes de l'État défaillant: parce que là, elle a le droit! Voyez la Grèce.

    Bref, quand on examine les choses rigoureusement, la politique de la BCE envers les dettes publiques de la zone euro est construite tout entière dans l'intérêt des grandes banques et des grandes compagnies d'assurances.

     

    Vous dites enfin dans votre livre que l'Union européenne rend les politiques d'austérité obligatoires, quels que soient les choix des peuples aux élections. Pourquoi?

    Thomas GUÉNOLÉ

    Le traité budgétaire européen de 2012 fait obligation aux États membres de basculer dans des politiques d'austérité une fois qu'ils atteignent un certain niveau de déficit public et de dette publique. Ceci alors même que, bis repetita, la BCE pourrait régler le problème pour toute la zone euro en à peine 10 ans par la création monétaire, sans austérité, ni hausse d'impôts, ni hyperinflation. Or, puisque ce traité fixe le seuil déclencheur de l'austérité obligatoire à une dette publique de 60 % du PIB, en définitive il rend bien l'austérité obligatoire dans la quasi-totalité de l'Union européenne.

    Pensez-vous qu'une autre politique économique soit possible à l'intérieur des traités européens sous leur forme actuelle?

    Thomas GUÉNOLÉ

    À l'évidence, non. Les forces politiques, et plus largement les citoyens, qui pensent qu'on peut faire une autre politique dans les traités européens sous leur forme actuelle sont dans le déni de réalité. Ce que je vous dis là n'est pas une opinion: c'est un constat objectif, purement factuel, sur la base des articles des traités que je vous ai cités. Pour faire une autre politique, il faut donc soit une transformation de fond en comble des traités européens, soit bâtir une autre Europe avec les pays qui en sont d'accord.


  • Bonjour, voici la lettre d’information du site « CAPJPO - EuroPalestine » (http://www.europalestine.com)
    Si vous ne visualisez pas cet email lisez-le sur le site
    http://www.europalestine.com

    Publication CAPJPO - Europalestine
    •  
      Ci-dessous une courte vidéo montrant comment des parents palestiniens, portant leur bébé dans les bras, et ne participant à aucune manifestation, se font asperger de gaz lacrymogènes hyper toxiques par l’armée d’occupation palestinienne, près de Naplouse.
      L’association israélienne de défense des droits... (suite)
       
    •  
      Grâce à vos dons, nous avons pu faire parvenir une nouvelle tranche de 6.000 € aux travailleurs des hôpitaux de Gaza, qui ont été distribués jeudi.
      Cette somme a permis de distribuer quelque 25 € à un peu plus de 230 des employés chargés de l’entretien et du nettoyage de deux établissements de l’enclave... (suite)
     
       
     

     


  • Rattrapé par les affaires de corruption, Netanyahou va devoir dégager


    Selon les observateurs, les jours du premier ministre israélien Netanyahu au pouvoir sont comptés depuis que la police enquête sur deux nouvelles affaires de corruption.


    Par Jonathan Cook – Le 1er mars 2018 – Source Chronique de Palestine

    Tel Aviv – Manifestation contre la corruption – Photo : Capture vidéo

    L’étau juridique s’est fortement resserré autour du premier ministre israélien Benjamin Netanyahou que deux séries d’événements dramatiques ont plus que jamais fragilisé la semaine dernière.

    Il va être interrogé par la police dans le cadre de deux nouvelles affaires de corruption avant son départ pour les États-Unis, jeudi. La question n’est plus de savoir si Netanyahou sera obligé de quitter le pouvoir, mais de savoir quand, selon les analystes.

    Selon les médias israéliens, des personnalités importantes du Likoud de Netanyahou commencent à dire qu’il ne s’en sortira pas.

     

    Le gros problème de Netanyahou est la dislocation de ce qu’on appelle sa « boîte noire » – son cercle restreint de fidèles et d’assistants.

    Shlomo Filber, son ancien chef de bureau, a accepté la semaine dernière de devenir témoin à charge, ce qui a permis d’ouvrir une enquête sur de nouvelles  allégations de corruption encore plus graves : à savoir que le premier ministre aurait bloqué la régulation du géant israélien des télécommunications, Bezeq, en échange d’une bonne couverture médiatique pour lui-même et de sa famille. La police doit l’interroger là-dessus dans les prochains jours.

    Chute imminente

    Yaron Ezrahi, politologue à l’Université hébraïque de Jérusalem, a déclaré mardi dernier que l’accord de Filber avec la justice signifiait que les jours de Netanyahou au pouvoir étaient désormais comptés. « Il ne peut pas s’accrocher au pouvoir beaucoup plus longtemps, a dit Ezrahi. Sa chute est imminente – soit il devra démissionner, soit il sera renversé par son parti ou la coalition au pouvoir. »

    « Son autorité a été sérieusement sapée, et les gens qui le protégeaient n’ont plus peur de lui » a-t-il déclaré à Al Jazeera.

    Ce nouveau développement fait suite à la recommandation de la police, plus tôt dans le mois, d’inculper Netanyahou pour corruption dans deux autres cas. Il est soupçonné d’avoir aidé d’importants hommes d’affaires en échange de cadeaux somptueux et d’un soutien médiatique.

    De nombreux membres de l’entourage de Netanyahou font déjà l’objet de fortes pressions policières – plusieurs ont été arrêtés – et les activités du premier ministre sont minutieusement examinées dans le cadre de quatre enquêtes distinctes, et bientôt d’une cinquième.

    De son côté, la femme de Netanyahou, Sara, est accusée de fraude à cause de la façon dont elle a géré la résidence officielle de la famille.

    Le procureur sous les projecteurs

    Mais Netanyahou ne peut être inculpé que si le procureur général d’Israël, Avichai Mandelblit, approuve les conclusions de la police. La plupart des gens pensent que Mandelblit, qui a été nommé par Netanyahou, va traîner les pieds pour inculper le premier ministre.

    Mais Mandelblit fait également l’objet d’un examen approfondi de la police depuis qu’il est apparu que la nomination au poste de procureur général en 2015 avait peut-être été conditionnée au fait que le vainqueur laisserait tomber ce qui était alors une enquête préliminaire sur Sara Netanyahou.

    Selon Ezrahi, il sera beaucoup plus difficile à Mandelblit de faire traîner la procédure dans les circonstances actuelles. « Il ne lui reste plus beaucoup de moyens de retarder la mise en accusation. »

    Filber, l’ancien chef du bureau de Netanyahou, est le témoin-clé dont la police avait besoin pour confirmer les allégations selon lesquelles Netanyahou aurait aidé Bezeq en échange des faveurs de Shaul Elovitch, l’actionnaire majoritaire de Bezeq.

    Netanyahou est soupçonné d’avoir parachuté Filber à la tête du ministère des Communications pour entraver la réforme des lois sur la concurrence qui aurait gravement nui à la position commerciale de Bezeq.

    En échange, la police pense qu’Elovitch a offert de fournir au premier ministre une couverture médiatique favorable sur Walla, un important site Web d’information en ligne qu’il possédait également.

    Autres enquêtes

    L’enquête – baptisée Cas 4000 – fait écho à une autre enquête, Cas 2000, dans laquelle la police a déjà recommandé que Netanyahou soit inculpé de corruption.

    Dans ce dernier cas, Netanyahou a été filmé en train de conclure un accord avec Arnon Mozes, le propriétaire du grand groupe d’information israélien Yedioth Ahronoth. On entend le Premier ministre israélien suggérer un projet de loi visant à affaiblir un journal rival, Israel Hayom, en échange d’une couverture médiatique qui l’aiderait à rester au pouvoir.

    La police a également recommandé que M. Netanyahou soit inculpé dans le Cas 1000. Là, il est soupçonné d’avoir reçu près de 300 000 dollars en dons d’hommes d’affaires en échange de la réduction de leurs impôts et d’offres d’investissements.

    Une quatrième enquête, Cas 3000, concerne jusqu’ à présent un grand nombre d’assistants et d’anciens conseillers de Netanyahou, mais pas encore directement le Premier ministre. Ils sont soupçonnés d’avoir reçu des pots-de-vin pour un contrat de 2 milliards de dollars avec un fabricant allemand de sous-marins Dolphin capables de transporter des ogives nucléaires.

    Selon Ezrahi, la police pense que Netanyahou ne pouvait pas ignorer l’existence de ces commissions occultes, vu les conséquences d’un tel achat de sous-marins sur la sécurité nationale. Il doit être interrogé cette semaine sur son rôle dans l’affaire.

    Ben Caspit, qui est presque toujours le premier à  sortir de nouvelles informations sur les différentes enquêtes, a noté la semaine dernière que la coopération de Filber avec la police sur l’enquête télécom de Netanyahou pourrait « ouvrir une boîte de Pandore sans fond ».

    Couverture médiatique biaisée

    L’un des thèmes qui ressort de l’enquête est celui des efforts apparemment de plus en plus désespérés de Netanyahou pour faire pression sur les médias israéliens et garder le pouvoir.

    Yossi Alpher, qui a été conseiller d’Ehoud Barak, un ancien Premier ministre israélien, a noté après les élections générales de 2015 que Netanyahou s’était réservé le poste de ministre des communications. Dans le cadre d’un accord de coalition, il avait insisté pour que ses partenaires approuvent toutes les décisions qu’il prenait.

    « Il semble qu’il cherchait à contrôler presque totalement les médias israéliens et son image publique » a déclaré Alpher à Al Jazeera.

    En plus du fait qu’il aurait conclu des accords secrets avec des hommes d’affaires par l’intermédiaire de journaux et de sites Web de premier plan, Netanyahou a menacé de prendre des mesures punitives contre les deux plus grandes chaînes commerciales israéliennes, Channel 2 et 10.

    Il a également cherché à transférer le contrôle de la  populaire Army Radio au ministère de la Défense, pour faciliter l’ingérence du gouvernement dans sa couverture médiatique.

    La mégalomanie de Netanyahou

    Les déclarations de journalistes influents sur la manière dont ils ont été pressurés pour fournir une couverture non critique des Netanyahou ont renforcé les soupçons d’ingérence.

    On a appris, la semaine dernière, qu’Ilan Yeshua, le directeur général du site d’informations Walla, avait remis à la police des enregistrements d’Elovitch, l’actionnaire majoritaire de Bezeq, exigeant de lui une couverture télévisée biaisée pour aider Netanyahou.

    Un élément qui permet de se rendre compte de la manière dont les diverses enquêtes s’enchevêtrent, est le fait que Netanyahou aurait demandé le renvoi du rédacteur en chef de Walla, Aviram Elad, qui avait publié un article sur des irrégularités concernant une autre enquête – l’achat des sous-marins Dolphin.

    Selon Alpher, l’accumulation des affaires est le signe de l’immensité de la « mégalomanie » de Netanyahou.

    « C’est la conséquence évidente d’un mélange catastrophique d’ego, d’instinct de survie et de paranoïa politique » a déclaré Alpher.

    Victime de persécution policière

    Jusqu’ à présent, Netanyahou a réussi à se maintenir au pouvoir parce que ses principaux partisans ne se sont pas laissé impressionner par les preuves de plus en plus nombreuses qui s’accumulent contre lui.

    Un sondage réalisé après les révélations de la semaine dernière a montré que son parti continuerait à remporter la plus grande part des sièges s’il y avait de nouvelles élections législatives.

    Netanyahou dit qu’il est victime de persécution policière.

    La semaine dernière, les députés du Likoud ont tenté en vain de lancer une attaque directe contre Roni Alsheikh, le commandant de la police, qui est de droite, lors d’une audition d’une commission de l’Intérieur. Les députés ont accusé les forces d’Alsheikh de mener un « coup d’État » contre le premier ministre pour des raisons politiques.

    Selon Amos Harel, un analyste du journal Haaretz, cette attaque publique contre Alsheikh avait pour but d’avertir Mandelblit, le procureur général, de ce qui l’attendait s’il décidait d’inculper Netanyahou.

    Mais la pression sur le procureur général pour qu’il passe sérieusement à l’action, est maintenant encore plus forte car il est lui-même impliqué dans un nouveau scandale potentiel.

    On a appris la semaine dernière qu’en 2015, Hila Gerstl, une ancienne juge, a été approchée par Nir Hefetz, l’ancien conseiller en communication de Netanyahou, qui lui a offert le poste de procureur général si elle promettait de clore les poursuites judiciaires contre Sara Netanyahou.

    Cela fait planer une ombre menaçante sur Mandelblit, l’ancien secrétaire du cabinet de Netanyahou qui a obtenu le poste à sa place. Du coup, on se demande à quel point Netanyahou s’est ingéré dans cette nomination, et si Mandelblit s’est vu offrir – et a accepté – un accord similaire.

    Les médias israéliens se demandent si Mandelblit ne devrait pas faire lui-même l’objet d’une enquête et si, par conséquent, il ne devrait pas se récuser pour les enquêtes concernant Netanyahou.

    Dans une déclaration de la semaine dernière, Netanyahou a balayé les soupçons qui pèsent sur Hefetz, en déclarant que son conseiller « n’a jamais fait une offre aussi ridicule ».

    Crimes contre l’humanité

    Alpher, un ancien conseiller d’Ehoud Barak, a déclaré que Netanyahou n’avait pas d’autre choix que de présenter au public l’image d’un homme qui vaque à ses affaires comme d’habitude, mais qu’en fait il ne lui restait plus beaucoup d’options.

    Il pouvait démissionner, comme l’a fait son prédécesseur Ehoud Olmert, pour se concentrer sur sa défense ; conclure un accord avec la justice pour éviter la prison en échange de sa démission ; ou organiser de nouvelles élections pendant qu’il a encore le soutien de la population.

    « La dernière option serait risquée. Cela ne changerait probablement rien à son sort, si l’affaire est légalement aussi solide qu’elle en a l’air. Et il y a une chance que cela suscite de nouvelles révélations. »

    Jamal Zahalka, un membre palestinien de la Knesset sur la Liste arabe unie, a déclaré que l’inculpation de Netanyahou pour irrégularités financières faisait penser à la condamnation du gangster américain Al Capone pour évasion fiscale au début des années 1930.

    « Netanyahou a commis des crimes contre l’humanité et il est responsable de la mort d’innombrables Palestiniens pendant son mandat de premier ministre » a-t-il déclaré à Al Jazeera. « Il devrait être jugé pour ces crimes, pas pour son goût pour les cigares et le champagne. »

    Traduction : Dominique Muselet

    Liens

    Sur le sujet, on vous conseille l’analyse de dedefensa qui trouve quelques vertus à ce triste personnage. Qui l’eut-cru ? Bibi anti-système !

    Dedefensa : Éloge de Netanyaou ?


  • 2 Mars 2018

    Publié par El Diablo

    CUBA : Une histoire de lunettes... et bien plus !

    Un "expat", notre ami Philippe Adler, ancien Président fondateur de notre comité de Lille Métropole, nous fait partager l’expérience qu’il vit maintenant avec son épouse, originaire de l’Ile... Avec humour il nous conte le vécu quotidien d’un habitant de ce magnifique pays ! Tout n’est sans doute pas rose, les difficultés sont bien présentes, dans un pays sous blocus étasunien depuis plus d’un demi-siècle. Mais ce n’est pas l’enfer que certains voudraient voir s’installer...

     

    Comme les parisiens prennent le métro, les havanais (les cubains plus généralement dans toutes les provinces) prennent la guagua, (prononcez « wawa ») ce sont les autobus interurbains très déconseillés par les guides touristiques jusqu’il y a environ deux ans.  Depuis ces mêmes guides ce sont mis à jour et donnent même des renseignements aux voyageurs pour se déplacer par ce moyen. Il faut dire, et je le constate comme les cubains le  constatent,  que  les  transports  en  communs  se  sont  considérablement améliorés  ces  dernières  années  :  arrivées  massives  de  cars  neufs  en provenance  de  Chine  principalement,  modifications  des  trajets  et  des fréquences pour mieux les adapter aux besoins des voyageurs.....Je suis en train de partir hors sujet, mais sachez que dans ce pays on peut se rendre dans   n'importe   quel   endroit   grâce   aux   transports   en   commun   qui s'améliorent d'année en année. Alors que dans d'autres pays, suivez mon regard, on ferme les lignes non rentables de trains ou de bus, et le réseau s'étiole

     

    Mais j'en reviens à mon histoire de lunettes :

    Aux heures de pointe, comme à Paris (ou dans d'autres villes de France) on s’entasse dans le métro, ici on s’entasse aussi parfois comme on peut dans la guagua pour se déplacer dans la capitale. J'ai la mauvaise habitude d'accrocher par une branche mes lunettes dans l'échancrure de mon col de chemise et dans la sympathique bousculade, j’ai perdu mes lunettes OPTIQUE 2000 pour la deuxième fois, car j'avais déjà perdu ma deuxième paire gratuite à peu près dans les mêmes circonstances.

    En aparté, je n'ai appris que le 5 février 2018, en lisant le dernier numéro de notre revue "Cuba Coopération France" ....  Si, si…page 23, que Johnny nous a quitté en décembre dernier, cette info n'est parvenue jusqu'ici où il n'est pas connu, OPTIQUE 2000 non plus d'ailleurs. Je ne vais pas vous dire comme Pierre Desproges lorsqu'il a appris la mort de Tino Rossi, que j'ai repris deux fois des moules, car ici on ne trouve pas de moules dans le commerce (sauf en boite, beurk !) ni dans les restaurants. Alors j'ai levé mon verre à Johnny, ce qu'il faisait ne m’intéressait guère et son idolâtrie et présence médiatique m’ont souvent agacées, mais ce n’était pas un personnage dépourvu d'humour ni de talent loin de là, sinon il n'aurait pas mené une telle carrière.

     

    Bravo Johnny.... Mais je m'égare à nouveau et j'en reviens donc à mes lunettes...

    Le vendredi 12 janvier, je suis allé voir pour la première fois notre médecin de quartier, vers 9h du matin. Il m'a reçu de suite. Ici à Cuba, il faut savoir qu'il y a un médecin de famille pour 150 habitants en moyenne !  Comme j’ai plus de 60 ans, il m’a dit qu’il me fallait obligatoirement consulter un ophtalmologiste et m'a rédigé une ordonnance.  A 10h30 le même jour, je me suis rendu à la Polyclinique de mon quartier pour prendre rendez-vous avec l’ophtalmologiste : pas de rendez-vous, j'ai été reçu après une demi-heure d’attente et après une consultation que j’ai trouvé   très   pointue   et   très   sympathique   je   suis ressorti   avec   mon ordonnance pour l'opticien chez qui j'ai poursuivi mon chemin.

     

    Chez l’opticien, environ une demi-heure d’attente également et j'ai choisi la monture de mes futures lunettes.  J’ai payé 56 CUP (pesos cubanos), pour les verres et la monture, c’est-à-dire environ 2euros ! Oui vous avez bien lu deux euros !

    Je suis allé chercher mes lunettes le 2 février et je vous les présente :

     

    Je vous laisse le soin de faire les comparaisons avec les démarches, les délais et les prix en France, et de m’envoyer vos commentaires.

     

    Je vais anticiper un commentaire car je connais mes amis (es) et je pressens que l'un ou l'une d'entre vous ne vont pas le rater :

    Alors oui : « il est dommage que d’aussi belles lunettes soient portées par une tronche pareille ! »

     

    SOURCE: